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D'accord, je vous remercie.
M. Kabuya et moi témoignons aujourd'hui parce que nous voulons prêter notre voix à ceux qui n'en ont pas au Congo.
Nous vivons au Canada, un pays où les droits de la personne sont très importants et très valorisés. Par contre, au Congo, il se passe quelque chose de vraiment inhabituel.
Selon plusieurs d'entre nous, les droits de la personne n'existent pas au Congo, et cela fait déjà quelques années. En ce moment, on compte plus de 12 millions de morts au Congo. Au moment où l'on se parle, il y a toujours des guerres. Il y a toujours des enfants, des hommes et surtout des femmes qui sont tués dans des conditions incroyables. Des enfants sont en train d'être utilisés dans les guerres, dans les mines et pour toutes sortes de choses cruelles qu'on peut imaginer.
Si nous témoignons ici, c'est parce que nous voulons que le Comité puisse faire entendre la voix du peuple congolais. Toutes ces choses sont connues, mais personne ne fait quoi que ce soit, personne n'en parle et personne ne manifeste le désir de voir ce problème se résoudre au Congo.
Il y a quelques années, des génocides ont été commis dans des pays voisins du Congo et il y a eu quelques morts. Chez nous, plus de choses se sont produites qu'il n'y en a eu lors du génocide au Rwanda, mais personne n'en parle ou n'en parle pas assez pour que cela puisse s'arrêter.
Des contingents de la MONUSCO sont présents au Congo, mais cela n'empêche absolument rien. Le gouvernement continue à maltraiter le peuple partout au Congo. Il continue à maltraiter l'opposition. Toute personne qui s'élève contre le gouvernement va donc subir un sort atroce, si l'on peut dire ainsi.
Aujourd'hui, mon souhait est que ce comité aille au fond de ce problème et cherche des solutions efficaces pouvant aider le peuple congolais.
Je parle au nom de mon peuple, qui meurt tous les jours, qui souffre et qui n'a même pas le minimum de ce que nous pouvons avoir ici. J'entends, par simple minimum de vie, l'eau, les écoles, le droit à la santé, le droit à la vie sociale et le droit à la paix. Au Congo, rien de tout cela n'existe. Même si le gouvernement cherche bien à montrer quelque chose de différent, nous savons tous que, dans la vie de tous les jours, ces choses n'existent pas au Congo.
Récemment, il y a encore eu plusieurs morts dans des petites villes partout au Congo, mais personne n'en parle, pas même le gouvernement central. Je vous dis cela pour vous montrer où nous en sommes relativement à notre gouvernement.
Nous aimerions obtenir le soutien du gouvernement canadien et de tous les gouvernements de ce monde pour le bien-être du peuple congolais. C'est la raison pour laquelle je me suis présentée devant vous aujourd'hui.
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Monsieur le président, je vous remercie de votre invitation.
C'est vraiment un honneur pour nous d'être ici aujourd'hui pour témoigner au sujet d'une situation que vous connaissez très bien. Comme vous le savez, je suis conseiller auprès de la Communauté congolaise de la grande région de Toronto, la COCOT, une organisation à but non lucratif située à Toronto qui se concerte avec les Congolais et qui soutiennent leur intégration ici, au Canada.
Nous sommes venu témoigner sur les violations massives des droits de la personne au Congo. Ces violations sont commises au quotidien. Lorsque je dis « au quotidien », je veux vraiment dire chaque jour.
Vous n'êtes pas sans savoir que, au Kasaï, il y a eu encore d'autres tueries, ce matin. Ces violations sont commises par les forces de l'ordre, qui sont instrumentalisées par M. Joseph Kabila. Comme vous le savez sans doute, la fin du mandat de M. Joseph Kabila était prévue pour le 19 décembre 2016. Cependant, M. Kabila ne veut pas démissionner, et il a pris le pays en otage. Non seulement il ne veut pas démissionner, mais il ne veut pas non plus organiser les élections qui auraient déjà dû avoir eu lieu à partir du 19 décembre 2016.
M. Kabila instrumentalise les forces de l'ordre, qui commettent au quotidien des crimes de tous genres. Ces crimes sont commis, entre autres, au moyen de la violence et du viol des enfants, des femmes et des personnes âgées, pour la plupart faisant partie des personnes les plus vulnérables de notre société.
Vous savez sans doute, puisque vous formez le Sous-comité des droits internationaux de la personne, que le 10 décembre 1948, les 58 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, ou de l'Assemblée générale des Nations unies, ont adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cela s'est passé à Paris. J'ai pris le soin de récupérer quelques éléments qui ont été convenus, c'est-à-dire que toutes les nations ont signés.
La Déclaration parle de « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables », qui constituent le fondement même de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. La Déclaration mentionne également que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » Par là, vous comprenez que tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne.
Malheureusement, en dépit de cette définition, à laquelle le Congo adhère au même titre que le Canada et que les autres pays membres de l'ONU, le Congo vit une tragédie sans précédent. L'année 1997 a été marquée par l'entrée de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, ou l'AFDL, qui a été accueillie à l'époque comme une force, une alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo. Or l'AFDL se révèle aujourd'hui être une force d'occupation.
Je parle de « force d'occupation » parce que nous avons vu, en 1997, M. Laurent-Désiré Kabila arriver au Congo avec des forces militaires du Rwanda et de l'Ouganda. Comme il y avait eu un génocide au Rwanda, ils prétextaient que les personnes criminelles qui avaient commis le génocide du Rwanda se cachaient au Congo. Cependant, aujourd'hui on en sait autre chose. Depuis 1997, date marquant l'entrée de l'AFDL avec les forces armées rwandaises et ougandaises, on comptabilise aujourd'hui plus de 12 millions de morts: des civils, des innocents, des enfants, bref, les personnes les plus vulnérables de notre société, comme je le disais tout à l'heure.
Toutefois, ce qui étonne les Congolais du Canada et les autres défenseurs des droits de la personne, c'est que la plupart des organisations, dont l'ONU, par l'entremise de son Conseil de sécurité, Amnistie internationale, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Human Rights Watch, l'Observatoire national des droits de l'homme, les réseaux d'organisation des droits de l'homme, les ministères des Affaires étrangères des pays, dont le Département d'État des États-Unis, les Country Reports on Human Rights, Global Witness, et j'en passe et de meilleurs, ont produit des rapports de manière régulière.
Chaque année, un rapport annuel porte sur le Congo. Dans ces rapports, on retrouve non seulement les atrocités commises au Congo, mais on retrouve surtout les noms des personnes derrière ces crimes. Dans le rapport du Conseil de sécurité de l'ONU et dans le rapport de mapping de l'ONU de 2003, on retrouve une liste de compagnies minières, dont certaines compagnies canadiennes, qui sont accusées d'instrumentaliser les violations des droits de la personne au Congo.
On retrouve malheureusement aussi le nom de certains leaders politiques et économiques du Canada et d'autres pays occidentaux, qui ferment les yeux sur les violations des droits de la personne qu'ils financent dans les lieux où les compagnies minières exploitent les matières premières stratégiques.
Ce que nous essayons de dire, c'est qu'en 1994, certes, il y a eu un génocide qui, nous le savons tous, a été instrumentalisé par Paul Kagame et ses forces, qui étaient venues pour la libération et la récupération du pouvoir au Rwanda. Cette action a eu pour effet la mort de 800 000 personnes et aussitôt que cette action ignoble, inacceptable a été commise, toute la communauté internationale ainsi que l'ONU ont appelé cela un « génocide ». D'un côté, ils avaient raison, c'était réellement un génocide.
Le Congo, lui, a perdu 12 millions de personnes. Je parle bien de 12 millions de personnes, soit l'équivalent du tiers de la population du Canada. La communauté internationale tergiverse et tarde à appeler ces crimes par leur vrai nom. Le vrai nom de ces crimes qui se passent au Congo aujourd'hui n'est autre que « génocide ».
Aujourd'hui, en nous présentant devant vous, nous demandons ce que vous pouvez faire pour que la justice soit établie.
Nous croyons que le peuple congolais a souffert et va continuer de souffrir, parce que non seulement ceux qui sont derrière les crimes qui sont commis de manière quotidienne au Congo sont au pouvoir, mais ils ont la volonté d'y rester et de s'y maintenir aussi longtemps que ce sera possible, bien entendu par la force des armes.
Vous ne serez pas étonnés d'apprendre encore demain qu'il y aura eu d'autres commissions de crimes, comme nous l'entendons, au Kasaï, au Kivu, à Tshikapa, à Ituri et, maintenant, dans la capitale, Kinshasa.
Notre souhait aujourd'hui serait que le Canada mette tout son poids dans la balance. Le Canada est un pays respecté dans le monde, un pays respecté au sein de l'Organisation des Nations Unies. Nous souhaitons que le Canada puisse plaider pour la mise en oeuvre effective de la démocratie en République démocratique du Congo.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de votre question.
Le Kasaï n'est qu'une région, qui se trouve au centre de la République démocratique du Congo. La particularité du Kasaï est qu'elle regorge de personnes qui sont, pour la plupart, des partisans de l'Union pour la démocratie et le progrès social, l'UDPS, qui est le parti opposé au pouvoir d'occupation au Congo.
Votre question touche la proportion et la responsabilité.
Au Congo, lorsque les des coups de feu sont tirés, l'ordre ne provient que d'un seul homme, Joseph Kabila. Aujourd'hui, Joseph Kabila a confisqué tout l'espace politique au Congo. Ce sont ses ministres de l'Intérieur, soit Évariste Boshab et, aujourd'hui, Emmanuel Ramazani Shadari, qui ont intimé l'ordre.
Heureusement pour nous, grâce aux médias sociaux, nous avons obtenu des images. Nous pourrons vous fournir ces images, si vous le souhaitez. Ce sont des images des forces de l'ordre qui ont reçu des instructions directement des ministres de l'Intérieur pour ouvrir le feu contre les civils. Pour la plupart, ces civils étaient des enfants qui n'avaient rien d'autre qu'un bout de bois et autres objets du genre comme moyens de défense.
Ce qu'on ne dit pas de ces conflits, c'est qu'il y a des viols, il y a des des fausses communes qu'on a retrouvées par centaines.
J'aimerais souligner rapidement qu'une entente a été signée le 31 décembre 2016, qu'on appelle l'Accord de la Saint-Sylvestre. Cet accord a été facilité par l'Église catholique. Selon une de ses clauses, l'opposition devait offrir un premier ministre chargé de constituer un gouvernement de transition pour une période de 12 mois, afin que ce dernier puisse organiser des élections.
Malheureusement, une fois de plus, M. Joseph Kabila a préféré débaucher certains membres de l'opposition. Il s'est désigné un opposant qu'il estimait être celui qui devait conduire le gouvernement de la transition. C'est alors qu'on a vu arriver Samy Badibanga et Bruno Tshibala. L'Église catholique, garante de ces accords, a voulu rappeler aux différents signataires qu'ils devaient respecter l'Accord de la Saint-Sylvestre, et le Conseil de sécurité a penché dans ce sens.
Maintenant, pour revenir à votre question concernant la MONUSCO, je dirais qu'elle est la mission la plus importante à avoir été menée dans le monde. Elle est présente au Congo, particulièrement dans les zones de conflit. Il s'agit d'une mission de force d'intervention contre les différents groupes armés. En dépit de la présence de la MONUSCO dans ces territoires, nous continuons à compter les morts, les victimes et les guerres. Nous ne voyons pas vraiment l'intervention de cette mission pour faire cesser les tirs comme tels.
Certes, la mission coûte cher et il peut y avoir des propositions de compressions. Nous avons d'ailleurs soulevé cette question à la télévision. Compressions ou pas, nous ne voyons pas tellement dans quelle logique cela s'inscrit dans la crise au Congo, qui est économique d'un côté et politique de l'autre.
La crise est économique parce que les multinationales veulent avoir accès aux matières premières stratégiques qui se trouvent au Congo. Ces multinationales sont prêtes à soutenir les dictateurs qui commettent des crimes et des violations de tout genre pour se maintenir en place et favoriser l'extraction de ces matières premières.
L'Union africaine, par l'entremise de la Communauté de développement de l'Afrique australe, la SADC, a organisé deux rencontres. L'autre rencontre, si ma mémoire est bonne, remonte à deux mois et a eu lieu en Zambie. On a encore rappelé à Joseph Kabila que le fait de se maintenir au pouvoir par la force des armes ne faisait que contribuer aux tensions qui existent entre les différents groupes armés. Cela contribue aussi à maintenir la tension entre l'opposition et ceux qui sont au pouvoir.
L'objectif ultime visé, et ce que toute la communauté internationale demande, est la tenue d'élections libres et transparentes le 31 décembre, comme promis dans l'Accord de la Saint-Sylvestre tel qu'il a été signé. Voilà pourquoi on sent ces tensions entre l'opposition et le gouvernement.
Madame Kalambay, avez-vous quelque chose à ajouter?
Le Canada peut faire beaucoup. Je disais, tout à l'heure, que le Canada a une crédibilité aux yeux de la communauté internationale. L'une des premières choses que le Canada peut faire est d'insister pour que les machines à voter soient éliminées. Elles sont vues d'un mauvais oeil par tout le monde, c'est-à-dire l'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne, la SADC, et même les partis de l'opposition qui sont appelés à participer aux élections. Tous demandent qu'il y ait un bulletin de vote en papier. Nous demandons que soient écartées les machines à voter, parce que nous soupçonnons qu'avec ces machines, il y aura tricherie. Le Canada peut faire pression dans ce sens auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, auprès des partenaires du Congo de l'Union européenne et auprès des ambassades diplomatiques pour exiger l'impression d'un bulletin de vote.
La diaspora congolaise au Canada, spécifiquement la diaspora francophone, est dynamique. Grâce à des organisations comme la COCOT, nous offrons des séances de formation et d'orientation dans le cadre de différents programmes pour favoriser une meilleure intégration des Congolais à la population canadienne, puisqu'ils deviennent des citoyens canadiens par la suite. Nous avons notamment des programmes sur la compréhension de la bonne gouvernance et un programme pour l'intégration professionnelle et économique des Congolais au Canada.
Vous n'êtes sans doute pas sans savoir, madame, que si les Congolais parviennent encore aujourd'hui à survivre sur le terrain, c'est parce qu'ils ont des membres de leur famille ici — nous tous — qui envoient régulièrement de l'argent au Congo pour leur venir en aide. Nous croyons que nous, les Congolais canadiens, disposons de structures qui nous permettent de travailler directement avec le gouvernement du Canada pour venir en aide à notre population au Congo par le biais d'organisations que nous connaissons et qui marchent bien, qui sont crédibles et qui comprennent les politiques de bonne gouvernance, comme s'y attend le Canada.
Je pense que si la diaspora pouvait intervenir de connivence avec le gouvernement du Canada, ce serait par le biais d'organisations comme la COCOT, qui est la communauté congolaise de Toronto. Nous avons aussi d'autres organisations partout au pays qui représentent les intérêts des Congolais.
Passons maintenant aux maladies et à l'Organisation mondiale de la Santé. Vous avez entendu parler des cas actuels d'Ebola. Aujourd'hui, j'ai reçu de l'information sur un cas constaté à l'hôpital Mama Yemo. Pour votre gouverne, cet hôpital est le principal établissement du genre à Kinshasa, et où convergent les malades. À l'origine, la petite ville de Kinshasa avait été conçue pour abriter 800 000 personnes, mais elle en accueille maintenant 12 millions. Il suffirait que ces cas d'Ebola se propagent dans la ville pour que nous soyons en présence d'une épidémie.
Nous trouvons donc vraiment important de demander au gouvernement du Canada de travailler une fois de plus avec nos organisations canadiennes. Ces organisations comprennent l'importance de la bonne gouvernance, elles comprennent l'importance de ne pas se livrer à la corruption ni aux détournements de fonds et de collaborer avec les organismes sur le terrain pour réussir à augmenter le nombre de personnes travaillant auprès des malades. Il y a plusieurs maladies. Aujourd'hui, on parle de tuberculose dans la ville de Kinshasa. La tuberculose est tout aussi dangereuse que l'Ebola ou que les dizaines d'autres maladies que nous comptons au Congo.
Nous croyons que cela pourrait se faire en collaboration directe avec les organisations congolaises établies au Canada, et avec la mission diplomatique canadienne au Congo. J'étais au Congo il n'y a pas longtemps et je suis passé à l'ambassade du Canada. Cette mission diplomatique comprend un attaché culturel. Si nous travaillons de concert, je suis sûr que nous pourrons trouver les moyens d'apporter les solutions directement à la population concernée.
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Je vous remercie de votre question.
Lors de mon introduction, j'ai soulevé ce qui suit: la crise congolaise est humanitaire, mais elle est avant tout économique. La plupart des zones de conflits sont des zones où il y a justement du coltan, du cuivre, du cobalt et de l'or, et elles sont principalement situées dans l'Est, comme au Katanga, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, au Maniema, et ainsi de suite.
Aujourd'hui, si l'industrie automobile développe des véhicules électriques et si les batteries pour cellulaires peuvent durer toute la journée, c'est sans doute grâce à l'apport des matières stratégiques telles que le cuivre, le cobalt ainsi que le coltan. Nous en retrouvons dans les appareils que nous utilisons.
Vous avez parlé de malédiction, mais je n'y crois pas. Je pense plutôt qu'il faut parler de la bonne gouvernance. Le Canada a des matières premières. Pourtant, on n'a jamais vu de zones de conflits là où on extrait les matières premières au Canada, aux États-Unis ou ailleurs. Pourquoi y a-t-il toujours des zones de conflits en Afrique? C'est parce qu'on veut extraire des matières premières. Le Canada est un pays mondialement reconnu comme étant un pays de mines.
Par exemple, le Canada peut user de son influence pour imposer un code de bonne conduite lors des travaux d'extraction des matières premières entrepris par les compagnies canadiennes. Les mines qui sont présentées comme des mines dangereuses peuvent alors jouer un rôle positif, celui de changer la situation économique des personnes qui vivent dans les zones exploitées. Cela pourrait, une fois de plus, augmenter la performance des compagnies canadiennes, pour ne parler que de ces compagnies, lors de l'extraction et de l'utilisation des matières premières.
Je pense que nous avons tout à gagner en faisant la promotion de la bonne gouvernance, des valeurs démocratiques et de toutes les règles de droit qui sont établies en la matière. Ainsi, à défaut de gérer des conflits, on va pouvoir gérer des effets économiques bénéfiques pour tout le monde, soit pour le Canada, pour le Congo et pour le reste du monde.
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Si vous lisez le rapport de la Western Union, chaque année, une somme équivalente à 10 milliards de dollars constitue le fonds que la diaspora congolaise envoie aux membres des familles. Je peux même vous dire que, si les Congolais n'existaient pas dans la diaspora, la situation que nous connaissons au Congo de nos jours serait bien pire, et de loin, parce que le gouvernement du Congo ne favorise rien.
Je suis allé au Congo à deux reprises, l'année dernière. Je peux vous dire que les hôpitaux manquent de tout. Il n'y a pas de ressources dans les hôpitaux. Pour recevoir ne serait-ce qu'un comprimé pour un mal de tête, une personne doit payer. Souvent, lorsque les Congolais sur le terrain sont confrontés à différents problèmes, que ce soit des problèmes d'ordre social, humanitaire, économique ou autre, c'est la diaspora qui intervient pour fournir les fonds.
Pour parler de l'unité de la diaspora, je suis contraint de vous dire que les Congolais quittent indépendamment et individuellement le Congo pour chercher une meilleure vie ici, au Canada, et un peu partout dans le monde. Nous venons donc avec des objectifs divergents, certes, mais nous parvenons à nous organiser. Vous savez, le travail communautaire est un domaine assez complexe. J'ai oeuvré moi-même dans la communauté francophone, ici, en Ontario, à l'AFO, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, à l'ACFO, l'Association canadienne-française de l'Ontario, et à l'UP-MREF, l'Union provinciale des minorités raciales ethnoculturelles francophone. Vous ne pourrez pas trouver une seule voix convergente, pour la simple raison que les gens ont différentes façons de voir les choses et différents points de vue.
Pour revenir à la communauté congolaise, nous avons créé au niveau fédéral une table de concertation appelée la Table de concertation des présidents de la communauté congolaise du Canada. Par l'entremise de cette table de concertation, nous partageons des idées convergentes pour voir dans quelle mesure nous pouvons pousser les élans vers des projets pouvant aider les Congolais à se mettre ensemble et à travailler encore davantage pour apporter de l'aide. Il faut d'abord contribuer à l'effort du Canada, puisque nous sommes au Canada, et aussi créer un dynamisme par lequel nous allons permettre au Canada de profiter aussi de l'apport des Congolais. De nos jours, dans la communauté congolaise, vous avez des médecins, des ingénieurs, des économistes, et j'en passe et des meilleurs.
Nous travaillons à un projet ambitieux, la création d'une maison de la communauté congolaise justement pour intégrer tous les projets pouvant amener à ce que vous demandez, qui est l'unité.
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Je vais vous donner un exemple tiré de ma vie personnelle.
En 2014, 2015 et 2016, j'ai passé beaucoup de temps au Congo. Une des raisons pour lesquelles nous sommes allés au Congo, c'était justement pour établir là-bas des organisations qui répondent aux attentes de structuration telles que le Canada le souhaite. Par exemple, nous avons créé un centre d'entrepreneuriat visant à assister les jeunes afin qu'ils comprennent ce qu'implique le fait d'avoir une entreprise, comment la gérer et quelle politique de bonne gouvernance devrait être mise en oeuvre pour que l'entreprise soit florissante, entre autres. Ce centre enseigne aussi le rapport qu'ils peuvent avoir avec les gouvernements en ce qui a trait aux réformes mises en oeuvre.
Je crois que le Canada a beaucoup à gagner à travailler avec les Congolais d'origine qui oeuvrent au Canada dans le domaine communautaire. Je vais vous confier un secret: je suis moi-même candidat à la députation nationale. Une des raisons pour lesquelles nous commençons à vouloir intégrer la politique congolaise, c'est que nous avons acquis une culture démocratique. Nous avons compris comment un gouvernement doit fonctionner. Nous comprenons que le gouvernement est redevable à la population et nous comprenons le rôle que les élus du gouvernement doivent jouer auprès des électeurs.
Je crois que le Canada a plus à gagner à travailler avec les ressortissants congolais ou autres qui ont acquis la nationalité canadienne et qui ont compris la politique de gestion du Canada. Grâce à celle-ci, le Canada peut intervenir directement auprès des populations congolaises. La Belgique a créé la Maison Schengen, et elle gère tous les processus qui ont trait aux demandes de visas, aux demandes d'études et ainsi de suite.
Selon moi, le Canada peut lui emboîter le pas et travailler avec nous. La COCOT, par exemple, est très bien structurée, c'est-à-dire qu'elle est structurée selon les politiques de bonne gouvernance. Elle a des statuts et des règlements et elle tient des élections chaque année pour mettre en place ses leaders. Nous ne travaillons pas seulement pour aider les Congolais du Canada, mais aussi pour faciliter leur travail de manière à ce qu'ils n'aient pas une lourde charge. Cette lourde charge n'est autre que le fait d'envoyer de manière récurrente le peu d'argent que nous gagnons ici. À ce moment-là, nous ne profitons plus tellement du Canada en tant que tel.
Le gouvernement a beaucoup de projets liés aux ministères de coopération et d'immigration, entre autres. Si vous le souhaitez, nous pourrons vous soumettre nos programmes, afin d'évaluer avec vous dans quelle mesure vous pourrez collaborer avec nous. On sait ce que le Canada souhaite accomplir au moyen de ces missions humanitaires. Tous les Congolais vivant au Canada ou ailleurs savent comment cela pourrait être mis en oeuvre. Je pense que nous sommes bien ouverts.
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Je veux revenir sur la question qui a été posée tout à l'heure.
C'est vrai que le Canada a déjà beaucoup aidé le Congo, mais nous sommes sûrs et certains qu'il peut lui offrir encore plus d'aide. Nous, les Canadiens que nous sommes, si nous sommes aujourd'hui en mesure de nous lever et de faire entendre notre voix pour dénoncer ce qui se passe au Congo, comme le disait mon frère tout à l'heure, c'est parce que nous avons appris les bonnes manières de faire. Nous avons vu ce qui se passe dans notre pays d'accueil, le Canada.
C'est tout à fait possible pour le Canada, en passant par la diaspora congolaise ici présente, d'aider davantage le Congolais à se structurer, et ainsi aider le peuple congolais qui est resté au Congo. La raison pour laquelle nous sommes ici, en fait, c'est pour obtenir de l'aide pour la population congolaise qui est restée là-bas, de manière à ce qu'elle puisse se retrouver, que ce soit sur les plans politique, social, humanitaire ou économique. Nous avons tous appris ces choses du Canada.
C'est pour cela que nous sollicitons l'aide du Canada. Nous savons que le Canada l'a fait auparavant et qu'il peut le refaire de façon beaucoup plus importante.