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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci au Comité de m'avoir invitée aujourd'hui. Je suis ravie de comparaître devant vous avec Al Sutherland, du BCP.
Je comparais devant vous aujourd'hui pour discuter de l'engagement de notre gouvernement à établir une commission indépendante chargée des débats des chefs. Nous sommes tous d'accord pour dire que les débats des chefs fournissent aux Canadiens l'occasion de comparer et de mettre en opposition les politiques, les positions et la moralité des chefs de parti.
Les Canadiens, qu'ils aient un accès limité aux chefs, qu'ils vivent en région rurale ou éloignée ou fassent partie d'une communauté de langue officielle en situation minoritaire, ont le droit d'accéder à de l'information essentielle sur le chef, le parti et le programme de leur choix.
[Français]
Depuis les années 1980, au moins deux débats dans chaque langue officielle ont été organisés lors des campagnes électorales fédérales. Ces débats sont normalement diffusés par les grands médias traditionnels canadiens. Nous savons tous que les débats des chefs jouent un rôle essentiel dans les élections fédérales canadiennes.
[Traduction]
Malheureusement, en 2015, cette tradition a été abandonnée, ce qui a donné lieu à un débat au sujet des débats. Lorsqu'un parti n'est pas arrivé à s'entendre avec le consortium de radiodiffusion, un débat important en anglais a été annulé.
[Français]
Malheureusement, aux dernières élections, ce processus a été pris en otage par les partis politiques et leurs intérêts partisans. Ce sont les Canadiens qui en ont fait les frais. Les discussions à huis clos et les ententes secrètes ont créé un environnement qui ne permettait pas de savoir s'il y aurait réellement un débat, ou qui y participerait.
Une commission indépendante chargée des débats des chefs veillera à ce que les intérêts des Canadiens soient au coeur du processus d'organisation et de diffusion des débats des chefs.
[Traduction]
En 2015, de nombreux Canadiens n'ont pas eu l'occasion d'entendre ceux qui voulaient être le prochain premier ministre, puisque les débats télévisés n'ont pas été rendus accessibles à tous. Grâce à la création de la commission chargée des débats des chefs, nous nous assurons que les débats des chefs demeurent un élément prévisible, fiable et stable des futures campagnes électorales, produit dans l'intérêt des Canadiens, et non pas dans celui des partis politiques.
Nous n'avons pas pris cette décision à la légère. Elle était guidée par un processus de consultation rigoureux, notamment des consultations en ligne auprès des Canadiens; une série de tables rondes réunissant plus de 60 spécialistes, radiodiffuseurs, universitaires et intervenants de partout au pays; et une étude réalisée par le Comité.
[Français]
Dans le cadre des consultations, cinq tables rondes ont été organisées conjointement par nos ministères et l'Institut de recherche en politiques publiques. Ces tables rondes ont eu lieu à Halifax, Toronto, Winnipeg, Vancouver et Montréal. À la suite de ces discussions, des recommandations ont été présentées, dont celle visant à créer un organisme indépendant chargé de superviser les débats des chefs pendant les campagnes électorales fédérales.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà dit, la création de la commission chargée des débats a aussi été éclairée par le rapport soumis par votre comité. Je tiens à remercier chacun d'entre vous de sa contribution à cette étude. Je me rappelle que bon nombre d'entre vous au Comité ont soutenu l'idée d'un organe indépendant chargé de superviser les débats fédéraux.
[Français]
Ce rapport ainsi que nos consultations et nos discussions ont contribué à la création d'un cadre guidé par des principes d'indépendance, d'impartialité, de crédibilité, de citoyenneté démocratique, d'éducation civique et d'inclusion. Le message que nous ont transmis les Canadiens était clair: les débats des chefs de parti doivent être accessibles à un plus grand nombre possible de Canadiens, et ce, sur diverses plateformes.
De plus, ils devraient être organisés d'abord et avant tout dans l'intérêt des Canadiens, et non en fonction d'un avantage partisan.
[Traduction]
Cela dit, nous annonçons la création d'une commission indépendante chargée des débats des chefs, qui sera dirigée par un commissaire et soutenue par un conseil consultatif composé de sept membres. Le commissaire sera chargé de produire deux débats importants, dont un dans chaque langue officielle. La diffusion de la production sera mise gratuitement à la disposition de ceux qui souhaitent la diffuser.
[Français]
Les intervenants nous ont également dit que cette décision ne devrait pas être prise à la hâte, qu'il serait prudent d'envisager l'élaboration d'un processus qui pourrait tenir compte des leçons apprises afin d'éviter d'être confiné à une structure inflexible.
[Traduction]
C'est pourquoi le commissaire proposé a été chargé de fournir au Parlement un rapport qui décrit les conclusions, les leçons tirées et les recommandations afin de guider la création possible dans une loi d'une commission chargée des débats et conçue pour durer.
[Français]
Le très honorable David Johnston a été choisi comme candidat du gouvernement au poste de premier commissaire chargé des débats des chefs du Canada.
[Traduction]
Il a servi à titre de gouverneur général du Canada de 2010 à 2017 et a connu une brillante carrière. Parmi ses titres de compétence dignes de mention, mentionnons ses postes de principal de l'Université McGill, de doyen de la faculté de droit à l'Université Western Ontario et de président de l'Université de Waterloo. Il a présidé aux échelons fédéral et provincial des commissions sur un vaste éventail de questions de politique publique, y compris l'environnement, l'apprentissage et l'accès à large bande.
[Français]
Il a également animé plusieurs débats des chefs, y compris dans le cadre des élections fédérales de 1979 et de 1984 ainsi que des élections provinciales de l'Ontario en 1987. Il a également été l'animateur d'émissions d'affaires publiques à CBC News-World et à PBS.
[Traduction]
Je n'ai aucun doute que le commissaire assumera son rôle de façon neutre, équitable et fondée sur des principes, et fait important, en ayant à coeur les intérêts des Canadiens.
[Français]
Le commissaire sera également chargé de collaborer avec les partis politiques pour négocier les conditions liées aux débats avec les médias pour assurer une diffusion élargie, et surtout avec les Canadiens pour les sensibiliser aux débats.
[Traduction]
Son mandat consistera à produire deux débats qui reflètent les plus hautes normes journalistiques. Puisqu'on confiera en sous-traitance le rôle de la création de contenu et le format à une entité de production, les thèmes, les sujets et les questions seront tous entre les mains des experts de la production, pas du commissaire.
Pour ce qui est de savoir qui peut participer à des débats des chefs télévisés nationaux, nous avons établi des critères clairs qui devront être respectés par les chefs des partis politiques. En 2019, les débats incluaient des chefs de partis politiques qui respectaient deux des trois critères suivants: le premier, avoir un député, élu en tant que membre de ce parti, à la Chambre des communes au moment du déclenchement des élections; le deuxième, avoir l'intention de présenter des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions électorales; et le troisième, avoir obtenu 4 % des votes lors d'une élection précédente ou avoir une chance légitime de remporter des sièges lors des prochaines élections.
[Français]
Ces critères de participation reflètent les paramètres généraux déjà utilisés par le consortium de radiodiffusion lors des élections précédentes. Ils tiennent compte de la rétroaction obtenue dans le cadre du processus de consultation. Le commissaire aura pour mandat de régler les derniers détails des critères de participation et de les appliquer en 2019 ainsi que de formuler des recommandations à l'égard des critères de participation pour de futurs débats.
[Traduction]
Les débats des chefs sont un exercice fondamental de la démocratie, et la commission indépendante fera des débats un élément plus prévisible, plus fiable et plus stable des campagnes électorales fédérales.
[Français]
Je crois fermement que la commission chargée des débats des chefs fera en sorte que tous les Canadiens auront accès à des débats télévisés durant la campagne électorale de 2019.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir invitée ici aujourd'hui et je suis impatiente de répondre à vos questions.
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Ils m'ont transmis leur droit d'ouvrir le bal. Si quelqu'un se demande d'où vient l'expression « la politique crée parfois de curieuses alliances », ce serait exactement ce scénario. Je remercie mes collègues du caucus conservateur de me fournir l'occasion d'aller tout en haut de l'ordre de priorité.
Tout d'abord, permettez-moi d'exprimer le respect personnel que j'ai pour vous, madame la ministre. Nous vivons dans des villes voisines, et pendant un certain temps, vous étiez notre ministre régionale et vous avez fait un travail remarquable à ce titre. J'aime beaucoup travailler avec vous, et tout ce que je dois dire concerne votre gouvernement dans vos fonctions de ministre, et non pas comme personne ou députée, car, sur ce plan, vous avez une réputation impeccable à mes yeux.
Cela dit, je dois vous dire que si les conservateurs avaient agi de la sorte, tout le pays serait enragé, mais d'une certaine façon, puisque ce sont les libéraux qui l'ont fait, ce n'est pas une chose aussi horrible. Je dois vous dire que c'est l'expression disgracieuse d'un manque de démocratie, encore une fois, dans le dossier de la réforme démocratique. N'oublions pas non plus qu'il y a un contexte. Il y a une histoire et un modèle.
Le présent gouvernement a dit que la dernière élection que nous avons tenue serait la dernière qui utilise le système uninominal majoritaire à un tour. Il a rompu cette promesse et mis cela de côté. Puis, il a apporté toute une série de changements draconiens à nos règlements de la Chambre, des décisions auxquelles Stephen Harper n'aurait jamais même rêvé, et il a dû se rétracter en raison des réactions.
En ce qui concerne le projet de loi , le présent Comité était en plein milieu d'un examen intensif important des recommandations du directeur général des élections. Ce rapport était censé aider à conseiller le gouvernement, parce qu'il avait promis que les comités allaient compter à partir de ce moment. Nous allions recommencer à respecter l'indépendance des comités et leur permettre de faire leur bon travail parlementaire. Cela a été réduit à néant par le projet de loi C-33, le projet de loi majeur des libéraux sur la réforme des lois électorales, qui s'est retrouvé sur le parquet du Parlement pendant que nous procédions encore à l'examen du rapport. Pour résultat, une certaine personne a fait de l'obstruction, ce qui nous a entravés pendant Dieu sait combien de temps, jusqu'à ce que nous réussissions à nettoyer ce gâchis causé par le gouvernement.
Nous nous réunissons encore une fois relativement à une question majeure, et je ne suis pas en désaccord avec son importance, comme l'a souligné la ministre ainsi que mon amie, Mme May, mais le processus est important. Nous sommes en démocratie. Nous avons passé beaucoup de temps à travailler fort sur ce rapport, et deux des choses principales, les plus grands obstacles qui nous ont donné le plus de mal, c'était comment choisir le commissaire et quels critères s'appliqueraient à ceux qui participent aux débats.
Aucun d'entre nous à l'échelle du Comité — et je vais inclure mes collègues du caucus libéral pour cette partie — n'a senti que cette décision pouvait revenir à un comité composé de députés de tous les partis. Le présent gouvernement est arrivé, et voici son raisonnement. J'affirme que la raison pour laquelle il a dû faire cela, c'est qu'il a tellement mal géré ce dossier qu'il n'a pas laissé assez de temps. En fait, nous venons à peine de faire adopter le dernier grand projet de loi, encore une fois, en raison de l'incurie du gouvernement. Dans son propre document d'information, pour justifier ce pourquoi il n'a pas tenu compte du Comité et qu'il a foulé aux pieds la démocratie, il expose le raisonnement suivant:
En vue de gagner du temps et à titre de point de départ pour les débats de 2019 [...]
C'est comme si personne n'en avait encore parlé, comme si personne ne prêtait attention, et le gouvernement s'est dit: « Oh, attendez une minute. Nous devrions faire quelque chose, et il n'y a pas vraiment assez de temps pour le faire, donc nous allons juste prendre cette décision. »
C'est d'une extrême importance, et je suis profondément déçu que le gouvernement ait adopté une approche si peu démocratique et si unilatérale.
Je crois que ma seule question serait, à ce moment-ci, comment diable les libéraux — oubliez le gouvernement — peuvent-ils croire qu'ils sont tout-puissants et s'arroger le droit de nommer unilatéralement le commissaire et de choisir unilatéralement qui participe aux débats et qui n'y participe pas?
Comment les libéraux peuvent-ils croire qu'ils ont le droit de prendre cette décision lorsque nous, collectivement, à l'échelle du Comité, que le gouvernement était censé respecter, avons dit que nous devons l'inscrire dans un processus qui est équitable? Comment les libéraux justifient-ils le fait de dire non, ils savent mieux que les autres ce qui est bon et vont juste faire fi de ce que le Comité a dit?
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Merci, monsieur le président.
La motion proposée par M. Christopherson était la suivante: « Que le Comité entame immédiatement l'examen de la commission chargée des débats des chefs annoncé par le gouvernement et qu'il fasse les recommandations nécessaires dans un rapport à présenter au Parlement dans les meilleurs délais ».
Monsieur le président, c'est une motion que je soutiens. Je la soutiens parce que nous avons maintenant l'occasion d'effectuer l'une des tâches fondamentales qui reviennent aux comités parlementaires — et au nôtre en particulier —, soit d'examiner les propositions du gouvernement et de proposer les changements nécessaires.
Dans le cas de cette commission chargée des débats, un tel examen me semble tout à fait approprié, et ce, tout simplement parce que, même si, d'un point de vue structurel, cette commission ressemble un peu à ce qui avait été proposé par le Comité dans son rapport majoritaire — rapport avec lequel mon parti n'était pas d'accord, mais qui avait tout de même obtenu l'approbation de la majorité des membres du Comité —, un examen plus attentif révèle que, en fait, elle est différente de ce qui avait été proposé. Par exemple, il ne s'agit pas d'une commission pleinement indépendante. Le commissaire n'est presque assurément pas une personne totalement indépendante — loin de là — lorsqu'on examine la nature de la nomination. Mon collègue, M. Nater, vous parlera de cet aspect de la question, lorsqu'il aura la parole.
Je pense qu'il est d'une importance fondamentale de souligner que la structure de cet organisme et son pouvoir décisionnel font en sorte qu'il possède un important pouvoir discrétionnaire, quelque chose à quoi s'est opposé précisément le directeur général des élections du Canada, qui a affirmé qu'il était essentiel que cet organisme — tant le commissaire que la commission — soit mis en place de façon à ce qu'une contestation en vertu de la Charte soit possible, possibilité qui a été niée puisque tout ça est établi par décret. Cela signifie que la commission pourrait rendre des décisions qui bafouent un ou plusieurs droits protégés par la Charte.
De mon point de vue, la violation la plus évidente pourrait être liée au troisième article, le droit des citoyens de voter, qui, s'il est interprété de façon globale et intentionnelle, c'est-à-dire de la façon dont la Cour suprême recommande habituellement d'interpréter les dispositions de la Charte — en lui donnant ce qu'on appelait autrefois une interprétation large et libérale, « large et libéral » étant synonyme d'une interprétation téléologique —, inclut le droit de voter dans un environnement où le parti au pouvoir n'établit pas les règles, ne se privilégie pas lui-même et ne dépouille pas les autres de leurs pouvoirs.
Je souligne que, à la lumière des critères établis ici, le parti que j'ai joint en 1990, le Parti réformiste, n'aurait pas eu le droit de participer aux débats des chefs, puisqu'il ne respectait pas tous les critères.
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Je comprends. Nous n'aurions pas respecté deux des trois critères.
À l'époque, le parti se demandait s'il allait présenter des candidats à l'échelle du pays. En 1993, c'est ce qui a été décidé. Le parti a vu un de ses membres élus dans le cadre d'une élection partielle, mais, si Deborah Grey n'avait pas contesté avec succès cette élection partielle quatre ans avant les élections générales durant lesquelles je me suis présenté, le parti se serait buté à un problème.
C'est là quelque chose qui semble suivre une tendance que j'ai observée ici depuis l'époque où j'étais membre du personnel, dans les années 1990. En effet, à cette époque, les réformistes disaient: « libéraux, conservateurs, c'est du pareil au même ». Ce sont les efforts déployés par les partis en place pour essayer d'exclure leurs concurrents, les nouveaux partis qui leur livrent concurrence.
Nous avons tous été confrontés aux défis rencontrés par les nouveaux partis. Le NPD est un rejeton de la FCC, mais la FCC était un parti insurgé qui a vu le jour. Dans le cas du Parti réformiste, devenu ensuite l'Alliance canadienne — la bannière sous laquelle j'ai été élu —, c'est une histoire similaire, comme pour le Bloc québécois.
Je note que, selon les critères énoncés ici, même si le Bloc québécois peut participer aux débats des chefs jusqu'à la fin des temps — tant qu'il fait élire au moins un député —, il n'aurait pas pu contester quoi que ce soit ni participer aux débats des chefs de 1993 — élection durant laquelle le Bloc est devenu l'opposition officielle — parce que personne n'avait été élu sous sa bannière durant les élections précédentes.
Il y avait eu une élection partielle. Un député, Gilles Duceppe, avait été élu en tant qu'indépendant et donc pas sous la bannière du parti. Par conséquent, même si quelqu'un réussit à se faire élire pour ce parti, il n'aurait tout de même pas été admissible parce qu'il ne respectait pas le critère quant au nombre de sièges et qu'il n'avait pas fait élire un de ses membres durant les élections précédentes. Le parti n'aurait pas respecté deux des trois critères et il est tout de même devenu l'opposition officielle obtenant, dans le cadre des élections, 13,5 % des votes. Il en a maintenant 4,6 %, tandis que Mme May est descendue à 3,7 %, mais ces deux partis participeront pour l'éternité aux débats des chefs.
C'est manifestement très problématique, et la situation mérite d'être examinée par le Comité, dont les recommandations n'ont pas été adoptées, même si le gouvernement a tenté, pour la forme, de donner l'impression qu'il en avait tenu compte. Les gestes posés par le gouvernement à cet égard sont décevants et, franchement, intéressés. Ce n'est peut-être pas surprenant.
De toute façon, pour ces raisons, il y a de solides arguments pour le faire. Je souligne que, dans sa motion, M. Christopherson a dit qu'il faudrait présenter un rapport au Parlement dans les meilleurs délais. Je suis tout à fait d'accord avec sa demande. Selon moi, il faudrait présenter notre rapport à la Chambre des communes avant Noël. C'est raisonnable. Les données probantes sont maintenant devant nous, et nous pouvons agir rapidement. On pourrait ainsi le faire sans interdire la création d'une commission qui respecterait plus fidèlement les recommandations formulées par le Comité. Bien sûr, mon parti n'était pas d'accord, mais M. Christopherson était d'accord avec ces recommandations, tout comme son parti. Tout ça semble au moins un peu plus consensuel que ce qui a été fait par décret ici.
Je vais m'arrêter ici et vous remercier de la générosité dont vous avez fait preuve en acceptant le débat alors qu'on avait prévu autre chose.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je soutiens moi aussi la motion. Je crois qu'il y a trop de questions sans réponse concernant la façon dont on s'est retrouvé avec cette commission et le poste de commissaire aux débats. Selon moi, c'est quelque chose que nous avons pu constater dans une certaine mesure ce matin durant le témoignage de la ministre. J'ai certainement mis en lumière certains de ces problèmes, qui incluent le manque de transparence quant au processus de nomination du commissaire.
Je crois que nous reconnaissons tous bien sûr que M. Johnston est effectivement un candidat très solide, et ce, non seulement en raison de ses antécédents professionnels et de son expérience en tant que fonctionnaire de l'État. Je crois qu'il serait très difficile pour nous, en tant que conservateurs, de trouver quoi que ce soit à redire quant à son expérience et ses antécédents, d'autant plus qu'il a été nommé par notre ancien chef et premier ministre.
C'est plutôt que nous avions l'impression d'être... Vous savez, nous ne sommes pas les seuls à nous sentir ainsi. Des collègues d'autres partis ont aussi indiqué ne pas avoir eu l'occasion de présenter des candidats. Je ne l'ai pas fait. En fait, on n'a même pas pris en considération mon avis, parce qu'on ne me l'a pas demandé. Nous n'avons pas non plus reçu une courte liste afin de réaliser une analyse comparative et de déterminer si un candidat avait peut-être certaines qualités particulières, des qualités à même de mieux servir le public canadien en tant que commissaire aux débats.
Ce rôle exige une personne spéciale qui a des talents particuliers. Il est très important que nous prenions le temps de les évaluer — dans ce cas-ci, une analyse comparative serait même de mise —, comme je l'ai dit, mais on ne nous a pas offert une telle occasion. Nous n'avons eu aucune occasion du tout. En fait, c'est un matin, pas aussi froid qu'aujourd'hui, mais un matin tout de même que j'ai reçu un appel de la ministre. Je regardais Ottawa par la fenêtre en me disant: « Quelle belle journée ». Elle m'a appelée pour me dire que la candidature de M. Johnston avait été retenue.
Encore une fois, j'ai été agréablement surprise d'apprendre qu'il s'agissait de M. Johnston. Comme je l'ai mentionné, nous n'avons aucun problème, pour ainsi dire, avec la nomination de M. Johnston. Encore une fois, c'est la façon dont la décision a été prise qui est préoccupante. En fait, nous ne savons même pas de quelle façon elle l'a été. Nous ne connaîtrons jamais les autres candidats envisagés par le gouvernement. Nous ne connaîtrons probablement jamais leur identité, les candidatures éliminées, rejetées ou renvoyées. Il est très probable que la façon dont on en est arrivé à ce seul candidat restera toujours pour nous un mystère.
J'ai été très soulagée de voir la ministre exprimer des regrets quant au fait qu'on n'a pas envisagé d'autres personnes, qui occupent d'autres postes, pour faire ce travail.
Le deuxième point que j'ai soulevé à l'intention de la ministre, c'est que la nomination n'avait pas passé par la Chambre des communes, ce qui aurait permis un débat adéquat et un vote. Je peux vous dire que nous tous ici, dans l'opposition, avons l'habitude de voir les débats se clore. Bon nombre de mes journées, bon nombre de mes matins — pour parler encore une fois des matins — ont été complètement ruinés par la façon dont le temps est attribué. Toutes les choses que j'avais prévues et que je voulais accomplir n'ont jamais pu l'être en raison des votes sur l'attribution du temps.
Voilà une autre situation où un débat approfondi à la Chambre n'a pas eu lieu. Peu importe qu'il y ait un vote, même un débat, mais un vote aussi, parce que n'est-ce pas justement la raison pour laquelle nous sommes tous ici, pour voter et exprimer la volonté de nos électeurs et des Canadiens?
C'est certainement une chose dont la ministre a beaucoup parlé ce matin, le fait de réaliser tout ça pour les Canadiens. Exprimons-nous vraiment la volonté des Canadiens si nous tous — nous sommes leurs représentants — n'avons pas eu l'occasion de voter en leur nom, pas même sur une liste de candidats? Ça ne s'est pas produit.
Pour ce qui est du débat, mon Dieu, il y avait tellement de choses à débattre, dans ce cas-ci au sujet du processus: la composition de la commission, le nombre de débats, la langue des débats et les renseignements concernant la diffusion. Je crois que nous aurions pu passer littéralement des centaines d'heures à débattre, ou assurément des dizaines d'heures. C'est quelque chose qui a vraiment une incidence directe sur les Canadiens et qui est lourde de conséquences.
Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, le format des débats définit la façon dont les Canadiens apprennent à connaître la personne qui dirigera le pays. C'en est une composante intégrante. Ils vont bien sûr lire des articles en ligne et verront peut-être des extraits à la télévision. En outre, durant les élections, les chefs seront un peu partout pour promouvoir leur programme dans toutes les régions du pays. Ils tenteront de rencontrer les gens et de vendre leurs idées, mais le format de ces débats est essentiel pour permettre aux Canadiens de prendre des décisions. Qu'est-ce qui pourrait être plus important que ça?
Le fait que nous n'ayons pas pu en débattre devant la Chambre et de conclure le tout par un vote est tout simplement très malheureux et, vraiment, à mon humble avis, ce n'est pas un processus qu'on peut appeler démocratique.
Nous avons parlé d'une « commission indépendante ». Vous savez, la notion de commission indépendante n'est pas en tant que tel un paradoxe, mais si je parle de commission indépendante « gouvernementale », là, c'est paradoxal. Ce sont deux mots qu'on ne peut tout simplement pas juxtaposer: commission « gouvernementale indépendante »... J'imagine qu'il faut inverser les deux mots pour le dire de façon plus appropriée.
Comme je l'ai indiqué ce matin, de quelle façon la commission peut-elle être indépendante alors que, en fait, elle est financée par le gouvernement libéral?
La ministre m'a fait réfléchir un peu lorsqu'elle a souligné qu'on pourrait dire la même chose de toutes les entités. Oui, j'imagine que c'est possible, mais, hier, par exemple, lorsque le gouvernement a présenté l'Énoncé économique de l'automne, c'est un document qui est clairement produit par le gouvernement. C'est l'Énoncé économique de l'automne du gouvernement, alors que, dans ce cas-ci, on affirme que la commission est indépendante. Ce sont deux choses qui, en fait, sont très différentes.
Comme je l'ai dit, c'est une création du gouvernement fédéral. Les jeux que je préfère, ce sont ceux où je peux dicter les règles. J'aime vraiment beaucoup ces jeux. On parle d'une structure créée par le gouvernement fédéral, et les critères, on l'a vu, et mon collègue M. Reid l'a montré, sont en fait contradictoires. La structure est contradictoire en elle-même et telle qu'elle a été présentée, comme on peut le voir à la lumière des différences entre le décret et ce qui figure sur le site Web. Nous ne pouvons même pas savoir avec certitude les critères que le gouvernement voulait mettre en place, et encore moins la façon dont ces critères sont interprétés. Nous sommes un peu perdus dans ces deux sens, ce qui justifie assurément le besoin d'un examen plus approfondi; c'est évident.
Surtout dans le cas du troisième, lorsqu'il est question de déterminer la réussite dans le cadre des prochaines élections. Bon Dieu, qu'utilisera-t-on? Une boule de billard magique? Une boule de cristal? Qui sait? Quelles données permettent de prédire...? J'imagine que nous pouvons regarder les données antérieures afin de prédire l'avenir, mais ce n'est jamais vraiment parfait, non? En fait, je crois que nous avons vu dans les sondages —, et ce, de plus en plus ces dernières années — que les résultats des élections peuvent parfois être très surprenants. Comme je l'indiquais, les critères ne sont pas clairs.
J'ai été très troublée d'apprendre qu'un des postes au sein du comité consultatif — d'après ce que j'ai compris — sera confié à un membre du BCP. Si ce n'est pas la preuve criante d'un « manque d'indépendance », je ne sais pas vraiment ce à quoi ça pourrait ressembler. Peut-être que si le était membre... Est-ce que ce serait indépendant? Probablement pas. C'est un peu là où on en vient, cependant, si un membre du BCP est membre d'office de ce comité consultatif.
J'ai indiqué à la ministre que bon nombre des principaux participants de l'industrie, les grands journalistes... J'ai mentionné Chantal Hébert, Marie Vastel et Andrew Coyne... J'aime vraiment Andrew Coyne. Il tombe toujours juste. Il y a Chris Selley et Colby Cosh. J'ai l'impression d'avoir grandi avec cet homme. Lorsque je lis sa chronique, il me semble que nous avons toujours été sur la même longueur d'onde.
Ce que je veux dire, c'est que tous ces grands journalistes affirment être contre cette idée de commission des débats, ce qui montre bien le besoin de réaliser une étude. Vraiment, oui, c'est censé être pour les Canadiens, comme la ministre l'a indiqué. Cependant, qui est mieux placé pour nous aider à savoir quels sont les renseignements que les Canadiens veulent et que les Canadiens ont besoin de savoir — une expression qu'on entend souvent au sein de notre société — afin de prendre une décision, peut-être l'une des décisions les plus importantes qu'ils peuvent prendre?
Tous ces grands journalistes et toutes ces personnes de haut calibre dans leur domaine respectif se sont opposés à cette idée. La situation mérite vraiment d'être examinée, alors que tous ceux qui ont toujours joué ce rôle disent que c'est une mauvaise idée. Il faudrait voir ça comme une lumière rouge qui clignote, ou, au moins, comme une lumière jaune — ce serait le minimum — qui nous fait dire: « Holà, il faut ralentir. Il faut réévaluer tout ça, question de voir ce que nous faisons vraiment, ici ». Ce sont toutes des choses très importantes à prendre en considération.
Malheureusement, ce commissaire aux débats arrive à une époque où l'on remet en question le caractère démocratique de certaines des mesures prises par le gouvernement actuel. Bon nombre des idées dans le projet de loi ont fait l'objet de longues discussions, des discussions interminables, y compris notre point de vue sur les limites de dépenses, un dossier très préoccupant. Il y a aussi le fait que cinq tiers partis pourraient dépenser plus qu'un parti enregistré. C'est très préoccupant.
Nous avons constaté beaucoup de préoccupations au sujet des cartes d'électeur et du besoin d'assurer la légitimité de l'électorat. C'est très important. Les exigences non résidentielles sont très préoccupantes.
En ce qui concerne l'ingérence étrangère, on nous a dit dans ce projet de loi que c'est mal et qu'il ne faut pas le faire. Cependant, des mécanismes ont-ils été prévus dans la loi pour interdire de telles choses? Non, il n'y en a pas. Par conséquent, c'est toujours une possibilité. Puis, bien sûr, il y a la question de l'influence étrangère, enjeu que le projet de loi n'aborde pas du tout. Au fil du temps, je vois là de plus en plus aussi un enjeu lié à la défense, pas seulement un enjeu lié aux institutions démocratiques. Il est évident que tout ça a un effet sur nos institutions démocratiques lorsque certains s'adonnent à ce type d'activités, alors il faut être prêt.
Je me suis rendue à Silicon Valley en fin de semaine. J'ai eu l'occasion incroyable de regarder une discussion avec le vice-président des communications de Facebook, M. Elliot Schrage. En fait, il composait avec une grave atteinte externe qui s'était produite la veille. Ça ne prend qu'un exemple comme celui-là pour qu'on voie à quel point ce type d'activités peut avoir une incidence importante. C'est l'une de ces choses dont on dit qu'elles ne nous arriveront jamais, et, tout d'un coup, ça arrive. Nous ne pouvons plus jouer à l'autruche et prétendre que ça ne se produira pas. Il faut prendre de réelles mesures pour s'assurer hors de tout doute qu'une telle menace ne se concrétisera pas.
J'ai été vraiment chanceuse. À Silicon Valley, j'ai appris vraiment beaucoup de choses sur ces types d'atteintes à la sécurité, des choses qui pourraient faire partie de notre examen, puisque c'est ce que nous envisageons de faire. Je vais en mentionner quelques-uns que j'ai trouvés extrêmement fascinants: Saudi Aramco, créé par le gouvernement iranien, DarkSeoul, par la Corée du Nord, Sands Casino, encore une fois, par l'Iran. Et cet exemple-ci est très intéressant: Sony Pictures, encore une fois par la Corée du Nord. C'était le 24 novembre 2014. Bon Dieu, la possibilité de faire le mal est tout simplement infinie. Ils nous ont donné un exemple — même si, évidemment, ce n'est pas un exemple lié aux élections —, un exemple donc selon lequel un acteur étranger pourrait pénétrer, par exemple, dans une base de données militaires pour y modifier tous les types sanguins, ce qui mettrait vraiment nos forces de défense dans le pétrin advenant, Dieu nous en préserve, que quelque chose arrive.
Ce que je veux dire, encore une fois, c'est que ce sont des choses qui n'ont peut-être pas fait l'objet d'une évaluation appropriée dans le cadre du processus du projet de loi , malgré tous nos amendements et tous les amendements qui nous ont été imposés. C'est vraiment incroyable la vitesse à laquelle quelque chose comme ça peut se produire.
C'est quelque chose que nous avions là. Lorsque nous évaluons le projet de loi , en plus de cette commission des débats... ça nous pousse vraiment, malheureusement, à commencer à nous poser une question quant aux objectifs du gouvernement actuel et de ces mesures. « Nous, le peuple »: c'est quelque chose qu'on a entendu au fil du temps. « Pour le peuple »: c'est quelque chose qu'on entend beaucoup plus souvent ces derniers temps. À quoi les gens pensent-ils vraiment lorsqu'ils entendent « nous, le peuple » ou « pour le peuple »? Et même « pour le peuple »... De quelle façon les gens interprétaient-ils cette expression il y a un an comparativement à maintenant? Je soutiens que le contexte est vraiment différent de celui d'il y a un an.
Ce que je veux dire, c'est que le gouvernement peut dire qu'il agit dans l'intérêt des Canadiens, mais la seule façon de vraiment savoir si c'est vrai, c'est d'évaluer les mesures prises et de déterminer si c'est vraiment ce qui se produit. Si nous évaluons les politiques, les propositions et les mesures, et si nous constatons qu'elles ne servent pas vraiment le peuple, mais qu'elles servent l'entité — dans ce cas-ci, le gouvernement lui-même —, alors, malheureusement, on peut difficilement avoir confiance. C'est une raison de plus de réaliser cet examen.
Je suis sûr que le gouvernement aimerait qu'on vérifie et remette en question le caractère démocratique de tout ça parce que, s'il a vraiment confiance en leur capacité en tant qu'instruments démocratiques, il n'hésitera pas du tout à soumettre toutes ces choses différentes à des examens individuels.
J'ose dire que certaines des choses que vous lisez dans les médias au sujet des accusations portées relativement aux tiers partis sont assez intenses. En fait, nous, les conservateurs, avons proposé des amendements pour éliminer la possibilité que bon nombre de ces problèmes se concrétisent. Les amendements ont été rejetés à maintes reprises. En fait, à 194 reprises, pour être précise. Cent quatre-vingt-quatorze... Je dois dire que c'est beaucoup.
Nous avons le projet de loi , puis nous avons cette commission des débats, et les processus incertains quant aux candidats, le fait que tout ça n'a pas été soumis à la Chambre — encore une fois — et on essaie à toute force de prouver l'indépendance du processus et on remet en question les journalistes qui se sont prononcés contre... Puis, hier, qu'a-t-on vu dans l'Énoncé économique de l'automne? Une annonce de 595 millions de dollars pour les médias.
C'est vraiment fou de voir ce genre d'argent investi dans ce qui est censé être des médias indépendants. En fait, maintenant que j'évalue tout ça, je ne sais pas vraiment ce que vous obtenez en échange de ces 595 millions de dollars... Avec Facebook, vous pourriez...
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Merci, monsieur le président. J'imagine que je ne fais que parler des raisons pour lesquelles l'examen est nécessaire, et il y en a beaucoup, comme je le constate de plus en plus.
Les 595 millions de dollars sont très préoccupants du point de vue de l'indépendance des médias. J'ai de la difficulté à comprendre, et, en fait, je ne comprends pas encore... Ce n'était peut-être pas clair dans l'Énoncé économique de l'automne, et je devrai faire un suivi plus poussé sur la question de la répartition des fonds et du financement. Assurément, il doit y avoir un lien avec le commissaire aux débats, d'une façon ou d'une autre ou dans un rôle quelconque. J'imagine qu'une partie des 595 millions de dollars ira à des membres du comité consultatif qui ferait partie de cette commission des débats, et, par conséquent, ces gens seraient-ils compromis? C'est une question tout à fait légitime tandis que nous examinons les 595 millions de dollars pour les médias qui ont été annoncés hier.
C'est la même chose: commission indépendante, médias indépendants. Vous savez quoi? Je ne sais pas ce qu'ils disent, mais j'aimerais bien entendre les commentaires des journalistes qui réagissent à tout ça. En fait, ils doivent être très déchirés dans la mesure où ils veulent les fonds, mais ils ne veulent pas composer avec les conditions qui s'y rattachent. Il semble qu'il y a toujours des conditions.
Je me tournerais vers les personnes qui ont formulé des commentaires sur la commission des débats — Marie Vastel, Chantal Hébert, Andrew Coyne, Chris Selley et Colby Cosh — pour voir s'ils ont écrit des articles sur le financement des médias aussi. Mais, en fait, ils sont peut-être restés silencieux. C'est un conflit qui se produit lorsqu'on reçoit de l'argent. On peut difficilement parler en mal de quelqu'un qui nous donne quelque chose. En fait, ils doivent se sentir vraiment déchirés. Comme je l'ai dit, cela a une incidence sur la commission des débats, éventuellement, parce qu'ils pourraient être des membres de ce groupe consultatif.
Encore une fois, pourraient-ils être compromis? Si nous savions, par exemple, que le salaire d'un de leurs membres a été payé directement grâce à ces 595 millions de dollars du gouvernement fédéral, pourrions-nous dire qu'ils sont vraiment indépendants au moment de prodiguer les conseils sur les règles? Probablement pas.
Je suppose que cela soulève également une question au sujet de la commission des débats. Nous avons parlé du fait que les débats seront gratuits. On pourrait dire que nous venons de payer 595 millions de dollars pour ces débats, alors ils ne sont peut-être pas si gratuits que ça. J'ai toujours été assez bonne en mathématiques. C'est près de 300 millions de dollars par débat. C'est cher payé du débat. Assurément, c'est beaucoup d'argent pour un débat, si on voit les choses dans cette optique. Il est évident qu'il y a des raisons d'examiner cette annonce, pour toutes les raisons que j'ai mentionnées.
Je pensais tantôt au mandat des gens. La ministre a beaucoup parlé de la recherche qui a été réalisée. Elle a parlé de ce qui s'est fait en ligne et elle a parlé des consultations à l'échelle du pays. J'imagine que c'est réconfortant.
Je n'ai jamais vraiment lu le résumé des consultations. Je me demande si c'est quelque chose qui a été bien reçu et intégré comme notre...
Merci, monsieur le président.
Je serai très bref, car il ne s'agit pas d'obstruction. Nous n'avions pas l'intention d'en faire. J'espère que mes collègues comprendront que mes observations sont beaucoup plus empreintes de tristesse que de colère. Je suis tout simplement très bouleversé que quelque chose d'aussi important, comme M. Nater vient de l'exprimer, ait été terni. C'est une honte, et ce n'était pas nécessaire.
Encore une fois, le ministère de la réforme démocratique est devenu un dossier d'enfer. C'était l'une des pièces maîtresses du gouvernement, et c'est le dossier — l'un des dossiers — où le gouvernement a échoué de la façon la plus lamentable et, malheureusement, de façons importantes. C'est de là que vient ma tristesse. Ce n'était pas nécessaire.
J'ai fait part au gouvernement, à la ministre — je n'ai pas mâché mes mots — de ma volonté, de la volonté de mon caucus, de procéder à une réforme en profondeur, surtout pour réparer les torts causés par le projet de loi du gouvernement précédent. Nous leur avons donné toutes les occasions politiques possibles. La plupart des gouvernements saliveraient en voyant ce qu'on lui a offert en tant que couverture politique découlant du fait que deux des trois partis acceptaient de participer à la réforme démocratique.
Auparavant, il fallait que ça soit unanime. C'est quelque chose que nous semblons avoir perdu. Le mieux que nous puissions obtenir maintenant, c'est au moins la majorité des partis reconnus de la Chambre, et je sais que Mme May n'aime pas ça, mais c'est ainsi que les choses fonctionnent. Au moins une majorité, deux des trois partis. Je l'ai toujours dit au gouvernement pour qu'il sache que, s'il fait ce qui s'impose, il aura le soutien politique du NPD, ce qui lui donnera la légitimité nécessaire pour apporter des changements, puisqu'il fallait s'attendre à ce que les auteurs des modifications apportées dans le projet de loi les défendent à l'avenir, ce qu'ils ont fait.
Entre parenthèses — et nous nous apprêtons bientôt à partir —, je tiens à remercier les députés du gouvernement précédent dans ce dossier. Ils auraient facilement pu faire en sorte que chaque changement soit ardu du point de vue politique et justifier le tout aux yeux de leurs partisans. Je tiens à souligner qu'ils ne l'ont pas fait. Lorsque certains d'entre nous les attaquaient — des attaques méritées, évidemment, selon moi, en grande partie — ils ont tout simplement absorbé le coup, parce que, durant les dernières élections, les Canadiens leur ont fait comprendre qu'ils n'avaient pas aimé certaines choses. J'aime à penser que certaines de ces choses étaient les mesures antidémocratiques. Je tiens à dire que j'ai été impressionné par l'attitude mature des députés conservateurs, par la façon dont ils se sont comportés lorsqu'il s'agissait de leur legs. Ils l'ont fait de façon très élégante, et cela a été très utile, et les Canadiens doivent le savoir.
Je terminerai en disant que ma motion n'est pas du tout une tentative de prendre qui que ce soit en défaut, et c'est la raison pour laquelle je l'ai formulée ainsi. Vous pouvez voir qu'il n'y a aucun piège, ici. Très sincèrement, monsieur le président, je crois vraiment que ma motivation... Et j'entends les conservateurs dire que c'est aussi leur approche... Encore une fois, je leur rends justice: ils ont rejeté ce qui avait été proposé, et, malgré tout, lorsque nous avons travaillé sur tout cela, ils ont tout de même participé dans beaucoup de domaines pour nous aider à présenter le meilleur rapport possible. Encore une fois, mes collègues conservateurs sur ce dossier, vu nos antécédents, ont été très productifs, et c'est digne de mention. Je tiens à les en remercier.
Le but de la motion, c'est d'essayer de donner une certaine légitimité, parce que je ne sais pas où tout cela va aboutir. Je ne sais pas si un parti évoquera le manque de légitimité comme raison de ne pas participer, auquel cas, il faudra remercier les libéraux de s'être complètement fourvoyés dans un dossier important alors que ça n'avait pas à arriver. C'est ce qui m'inquiète vraiment, c'est la mauvaise gestion de ce dossier, l'incurie de ce ministère. Je ne crois pas que c'est la faute des deux ministres qui ont occupé ces postes. Ce sont des décisions qui ont été prises d'en haut — c'est très clair — et il est aussi très clair que ces décisions étaient mauvaises, tout comme ces directives.
Dans un effort sincère, monsieur le président, pour donner une certaine légitimité à tout cela, pour faire en sorte qu'il soit plus difficile pour quiconque de ne pas participer, essayons au moins de donner une certaine légitimité — grâce au Comité — au processus, parce que le gouvernement, lui, n'en a aucune, de sorte que, par extension, pour reprendre encore une fois l'expression de M. Nater, la réputation de la commission est ternie. Ce n'est pas une bonne façon de déclencher des élections, et ce n'est pas nécessaire.
Étant donné que nous n'avons pas pris ces décisions, que nous connaissons le dossier et que nous l'avons déjà examiné, reprenons les rênes et faisons de notre mieux pour donner une certaine légitimité à cette importante composante de notre précieux système électoral.
Merci, monsieur le président.