Je tiens à rappeler que notre séance est télévisée. Bienvenue à tous. Nous poursuivons aujourd'hui notre étude sur le projet de loi .
Je voudrais remercier nos invités d'aujourd'hui. Nous recevons Meinhard Doelle de la Schulich School of Law, de l'Université Dalhousie; Brock Carlton, chef de la direction, et Matt Gemmel, gestionnaire par intérim des politiques et de la recherche, tous deux de la Fédération canadienne des municipalités; Matt DeMille, gestionnaire, Services des pêches et de la faune, Fédération des pêcheurs et chasseurs de l'Ontario; Karine Péloffy, directrice générale, Centre québécois du droit de l'environnement; enfin, Sheila Risbud, directrice, Affaires gouvernementales, et Mark Freberg, directeur, Permis et planification de la fermeture, Teck Resources Limited.
Merci beaucoup à vous tous d'être ici aujourd'hui.
Vous avez chacun 10 minutes, après quoi nous passerons aux questions. Nous allons entendre vos exposés, suivis d'une période de questions. Qui aimerait commencer?
Monsieur Doelle, allez-y.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à m'exprimer sur la partie relative à l'évaluation d'impact du projet de loi . Pour utiliser mon temps de façon efficace, je vais lire un texte préparé à l'avance.
Très brièvement, mon expérience en matière d'évaluation environnementale remonte au travail que j'ai accompli sur la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, ou LCEE, en 1992, à titre de conseiller en politiques auprès de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. Depuis, j'ai donné des conseils juridiques à des promoteurs, des membres de commissions et des intervenants participant à des évaluations environnementales. De plus, j'ai été membre de la Commission d'examen conjoint du projet de la partie inférieure du fleuve Churchill, en plus de concevoir et de partager des évaluations stratégiques sur l'énergie marémotrice et l'aquaculture en Nouvelle-Écosse.
Il m'est, bien entendu, impossible d'aborder en 10 minutes toutes les questions que soulève le projet de loi sur l'évaluation d'impact. Par nature, les lois sur l'évaluation des répercussions sont complexes, et le projet de loi ne fait pas exception. Pour gagner du temps, je vous renvoie à mon mémoire et à plusieurs entrées de blogue que j'ai publiées avec des collègues, certaines avant la publication du projet de loi et d'autres après. J'ai d'ailleurs ajouté récemment quelques propositions précises d'amendements sur mon blogue. Vous trouverez un lien dans mon mémoire. Dans le temps qui m'est imparti, j'aimerais mettre l'accent sur certaines questions clés et inviter les membres du Comité à y donner suite pendant la période des questions et réponses.
Lorsque la LCEE a été rédigée dans les années 1990, notre expérience en la matière était limitée. C'est pourquoi il n'est pas surprenant que la loi originale ait été en grande partie habilitante, conférant un large pouvoir discrétionnaire en ce qui concerne les décisions sur les principaux aspects du processus, allant de la portée du projet à son suivi, en passant par la portée de l'évaluation, la participation du public, les options de processus et les décisions définitives du projet. Après 25 ans de processus fédéral légiféré en matière d'évaluation environnementale, il est temps de s'appuyer sur cette expérience et d'en tirer des leçons pour les appliquer dans la nouvelle loi.
Quels enseignements en avons-nous retenu? Premièrement, nous avons appris qu'un large pouvoir discrétionnaire sans orientation juridique finit par mener à de mauvaises décisions. En effet, les bonnes intentions au moment de l'adoption de la loi ne suffisent pas. Ceci s'explique, du moins en partie, par le fait que le processus d'évaluation vise à sortir les décideurs de leur zone de confort, pour qu'ils aillent au-delà des avantages évidents à court terme des projets proposés et envisagent tout l'éventail possible des incidences, avantages, risques et incertitudes à long terme. C'est loin d'être facile. Or, plus le processus est discrétionnaire, plus grand est le risque de voir les avantages évidents à court terme l'emporter sur les répercussions à long terme.
Deuxièmement, nous avons appris qu'en nous fondant sur nos 25 années d'expérience, nous pouvons proposer une orientation législative et réglementaire solide aux personnes chargées de prendre des décisions clés dans le processus d'évaluation afin de mieux guider leurs décisions. Si nous tirons pleinement parti de notre expérience, nous pouvons établir un ensemble adéquat de critères réglementaires et législatifs qui orienteront l'exercice du pouvoir discrétionnaire comme il se doit, tout en conservant ce pouvoir discrétionnaire là où il est nécessaire.
De plus, nous devons habilement déterminer quand les décisions doivent être prises par des ministres, par le Cabinet, par l'Agence et par un tribunal indépendant ou une cour. Nous devons intégrer au processus la possibilité d'améliorer l'orientation législative et réglementaire au fil du temps. Un processus d'appel devant un tribunal spécialisé, chargé d'examiner les principales décisions à tout moment du processus d'évaluation, pourrait garantir la qualité des décisions. Le tribunal pourrait également recommander des améliorations à l'orientation réglementaire au fil des ans.
Permettez-moi de faire d'abord une observation générale au sujet du projet de loi . Dans l'ensemble, j'estime que le projet de loi confère les pouvoirs nécessaires à la mise en oeuvre d'un processus d'évaluation convenable, mais que trop de pouvoir est laissé à la discrétion des décideurs, sans qu'il soit accompagné de directives adéquates. Le projet de loi a besoin d'être globalement repensé: en effet, au lieu de simplement habiliter les décideurs, il doit leur fournir suffisamment de directives pour qu'ils parviennent à un processus et des résultats efficaces, optimisés et équitables. Le processus doit éclairer les décisions de façon tangible et adéquate, au lieu de simplement justifier des décisions qui ont déjà été prises.
Pour ce faire, des critères généraux de prise de décisions doivent être énoncés dans la loi elle-même. À cet égard, les articles 22 et 63 sont un pas dans la bonne direction, mais ils doivent être renforcés, et ce, de deux façons précises: par substitution, aux mots « prend en compte », des mots « se fonde sur » et par l'exigence que ces dispositions soient complétées par des règlements. Autrement dit, les critères doivent être précisés par voie réglementaire.
Des critères réglementaires similaires sont également justifiés dans d'autres domaines, comme le déclenchement, les décisions relatives aux principaux processus et le suivi. Au-delà des critères généraux devant être prévus par la loi, il faut énoncer de manière plus détaillée des principes, des critères et des directives dans les règlements, qui devront être modifiés au fil du temps, et c'est justement pourquoi ils doivent figurer dans les règlements.
Ces critères doivent être prévus dans la loi, mais établis dans des règlements. Ainsi, nous bénéficierons à la fois de la force des critères prévus et de la souplesse des règlements, qui sont modifiables au besoin. Voici les principales étapes du processus d'évaluation qui sont largement laissées à un pouvoir discrétionnaire et qui nécessitent ce type d'orientation: lorsqu'on doit réaliser des évaluations fédérales, stratégiques ou régionales; lorsqu'on détermine la portée du projet ou de la proposition à évaluer; lorsqu'on détermine la portée de l'évaluation; lors des décisions relatives au processus; lors des décisions relatives au projet; et lors des décisions de suivi.
Je tiens à être très clair: il ne suffit pas d'avoir le pouvoir d'adopter des règlements dans ces domaines. Ces règlements doivent être exigés par la loi. À cet égard, je vous demande de faire trois choses dans le cadre de l'étude article par article du projet de loi. Premièrement, il faut déterminer toutes les dispositions attribuant des pouvoirs discrétionnaires dans le projet de loi et ajouter des critères réglementaires généraux, dans la mesure du possible. Deuxièmement, il faut énoncer explicitement, là où la loi accorde un pouvoir discrétionnaire, que ce pouvoir discrétionnaire doit être exercé conformément aux directives énoncées dans un règlement. Troisièmement, il faut ordonner explicitement — je dirais à l'article 112 proposé — l'élaboration de règlements orientant l'exercice du pouvoir discrétionnaire dans chacun de ces domaines.
Enfin, dans le temps qu'il me reste, permettez-moi de m'exprimer brièvement sur les trois sujets que j'ai abordés plus particulièrement dans mon mémoire, à commencer par les examens par une commission. Selon moi, au moment de concevoir le processus d'examen par une commission aux termes de la nouvelle loi, nous devons garder à l'esprit qu'il s'agit du plus haut niveau d'évaluation et qu'il est réservé aux grands projets. En général, ces projets représentent des milliards de dollars en investissements, et les Canadiens devront en subir les conséquences pendant des décennies. Je serai heureux de parler, à titre d'exemple, de l'évaluation de la partie inférieure du fleuve Churchill. Quels que soient les compromis consentis pour d'autres options de processus, aucun compromis n'est possible sur la qualité de l'évaluation en ce qui concerne les examens par une commission. Je propose donc cinq mesures précises à cet égard.
Premièrement, nous devrions remplacer le délai général de 600 jours prévu par l'exigence d'établissement d'un échéancier propre au projet à la fin de l'étape préparatoire. Dans certains cas, ce délai pourrait être plus court et, dans d'autres cas, plus long. Deuxièmement, nous devons faire en sorte que les commissions soient nommées plus tôt et qu'elles participent aux décisions relatives à la portée et à la collecte de renseignements. Troisièmement, nous devons veiller à ce que les commissions disposent du budget et des autorisations nécessaires pour embaucher des experts et des analystes. C'est particulièrement important maintenant que la portée est élargie. Quatrièmement, nous devons voir à ce que les rapports de la commission comprennent des conclusions et des recommandations qui éclairent adéquatement les décisions prises en vertu de l'article 63 proposé et les conclusions relatives à l'intérêt public. Ils ne devraient pas simplement résumer les conclusions portant sur les facteurs prévus à l'article 22 proposé. Enfin, nous devons garantir la transparence et la responsabilisation en ce qui concerne les décisions de ne pas suivre les recommandations des commissions d'examen. Cette discrétion devrait certes exister, à mon avis, mais il faut une transparence et une responsabilisation lorsque les recommandations ne sont pas suivies.
Le deuxième domaine est celui du suivi. Comme le temps presse, je me contenterai de dire que le suivi fait partie des éléments les plus négligés du processus d'évaluation depuis 25 ans, et je pense que nous en payons le prix. Nous avons besoin d'un processus transparent à l'étape du suivi, et nous devons nous assurer de recueillir les renseignements nécessaires pour en tirer des leçons afin de garantir la conformité, d'adapter les conditions d'approbation et d'acquérir des connaissances pour les évaluations futures. Encore une fois, je serai heureux d'en reparler davantage.
Le dernier point que j'aimerais faire valoir concerne les évaluations stratégiques et les évaluations régionales. Depuis au moins 15 ans — c'est-à-dire depuis l'examen de 2003 —, tous les principaux intervenants non gouvernementaux s'entendent pour dire que les évaluations stratégiques et régionales sont essentielles à l'amélioration de l'efficacité, de l'efficience et de l'équité des évaluations fédérales de projets. Malgré cela, il ne semble pas que nous prenions de mesures significatives dans ce sens. Je crois que la loi, telle qu'elle est actuellement proposée, doit prévoir plus précisément les circonstances dans lesquelles ces évaluations de haut niveau seront nécessaires, le processus connexe et la façon dont les résultats seront utilisés.
Je vais m'arrêter ici. Je vous remercie beaucoup et j'attends vos questions avec impatience.
:
Bonjour, madame la présidente.
Je voudrais remercier le Comité de l'invitation. C'est pour moi un honneur de témoigner au nom du Centre québécois du droit de l'environnement, le CQDE.
Ce projet de loi touche un énorme territoire et trois océans. C'est un moment extrêmement important de l'histoire. En matière de climat et de biodiversité, l'urgence d'agir n'a jamais été aussi criante.
Le CQDE est le seul organisme indépendant qui offre son expertise en droit de l'environnement au Québec, et ce, depuis 1989. Au cours des dernières années, nous avons eu plusieurs litiges concernant le régime juridique démantelé de l'ère de Stephen Harper, notamment ceux entourant le projet de pipeline Énergie Est, la protection du béluga à Cacouna, la protection des droits des francophones dans le processus d'évaluation de l'Office national de l'énergie ainsi que l'application du droit de la province aux projets et, plus précisément, à ses processus de participation publique. Ces litiges annoncent la teneur de nos recommandations.
De plus, depuis 2016, je suis membre du Comité consultatif multilatéral de la , chargé entre autres de se pencher sur la réforme de l'évaluation environnementale. Je suis donc activement ce processus. J'ai écouté la plupart des témoignages des groupes environnementaux du Canada anglais, ainsi que ceux des groupes autochtones. Le CQDE appuie globalement leurs propositions, incluant celles de M. Doelle.
Je vais concentrer mon allocution sur les aspects spécifiques du Québec, et ce, pour certaines raisons.
Premièrement, le Québec a une expérience unique. Il a commencé à tenir des consultations publiques pour évaluer les projets environnementaux selon trois dimensions — écologique, sociale et économique — en 1978, soit une bonne dizaine d'années avant que le fédéral n'ait une loi sur l'évaluation environnementale.
Deuxièmement, le cadre général de la protection de l'environnement au Québec a subi une énorme modernisation dans la dernière année, en plus de faire plusieurs avancées quant à plusieurs enjeux fondamentaux dont traite le projet de loi et qu'il pourrait être utile d'examiner lors de cette étude.
Troisièmement, la structure du projet de loi ressemble beaucoup à la structure du régime québécois, par contre nous avons des inquiétudes assez importantes. Le document que je vous ai fourni résume les éléments fondamentaux qui ont permis au régime québécois de connaître un certain succès. Si certains de ceux-ci ne se retrouvent pas dans son pendant fédéral, celui-ci risque de ne pas fonctionner. Je parle notamment de la participation publique et de l'indépendance des commissions qui vont faire l'examen des projets.
Je vais souvent faire référence au modèle du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement du Québec, le BAPE, qui célèbre cette année son 40e anniversaire. Il offre des garanties minimales quant à la participation du public, qui lui fait confiance et qui a participé activement, depuis 40 ans, à l'étude de près de 350 projets.
Je semble être la seule représentante du Québec à témoigner devant ce comité fédéral, à l'exception des représentants cris, algonquins et inuits, alors que le Québec représente 22 % de la population canadienne et que les Québécois ont été très impliqués dans la critique des évaluations de projets controversés issues du régime fédéral démantelé de 2012. De plus, chez nous, nous avons une multitude d'experts qui auraient pu venir éclairer le Comité sur des enjeux fondamentaux et, de manière plus importante, apporter des solutions concrètes sur la base de ce qui fonctionne au Québec. Je déplore l'absence de ces experts devant le Comité, et je vous invite encore une fois à les inviter à comparaître devant vous.
Je vais présenter la position du CQDE. Vous avez un résumé bilingue, au cas où notre mémoire plus complet n'aurait pas encore été traduit. Des amendements détaillés suivront d'ici à lundi prochain. Je vais aussi faire référence au mémoire que Louis-Gilles Francoeur, ancien vice-président du BAPE, a déposé devant le Comité, notamment en ce qui concerne la procédure du BAPE.
[Traduction]
Ensuite, je présenterai brièvement les recommandations collectives formulées par des avocats et des universitaires sur les questions liées aux changements climatiques dans le cadre des deux lois. Sachez aussi que je me ferai un plaisir de répondre aux questions en anglais.
[Français]
Tout d'abord, il est très important de respecter le droit des provinces et des instances autochtones, y inclus le droit d'évaluer et d'approuver les projets sur leur territoire. Lorsque ces projets doivent aussi être évalués par le gouvernement fédéral, le processus à privilégier à tous coups sera la collaboration. En ce sens, le paragraphe 39(2) proposé de la Loi sur l'évaluation d'impact, qui empêche la collaboration avec les provinces et instances autochtones pour ce qui est des projets de pipeline, d'énergie nucléaire et de pétrole et gaz extracôtiers, doit être retiré du projet de loi. Le deuxième processus à privilégier, après la collaboration, sera la duplication. Cela est constitutionnellement valide, mais c'est inefficace et cela ne mène pas aux meilleures décisions. En dernier lieu, on pourrait avoir recours à la substitution, mais si on en arrivait là, cela devrait être fait selon les normes les plus hautes, conformément aux recommandations du comité d'experts à cet effet, et, surtout, selon des critères objectifs. Je vais anticiper une question ici et préciser que l'existence d'un plafond d'émissions dans une province n'est pas un critère objectif justifiant d'être exempté d'une évaluation fédérale.
Le deuxième point très important est la participation considérable aux évaluations. C'est vraiment le coeur du succès du régime québécois. L'organisme qui fait les évaluations au Québec s'appelle le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement; c'est donc la participation du public qui est à la base de l'exercice, plutôt qu'un sondage d'opinion publique pour tenter d'avoir une soi-disant acceptabilité sociale.
Selon Louis-Gilles Francoeur, les audiences publiques résultent d'un processus évolutif de civilisation. Le modèle du BAPE est inspiré des mécanismes de participation directe qui sont nés après la révolution américaine. L'idée était que, en forçant les élites économiques et technocratiques à venir s'expliquer devant ces instances de démocratie directe, les audiences publiques permettraient, selon Alexis de Tocqueville, de neutraliser ces forces sociales qui ont les mêmes schèmes de référence, les mêmes cultures et parfois des intérêts similaires, mais qui ont rarement à rendre des comptes.
Ce qui fait vraiment la force de la procédure du BAPE, c'est sa première partie, qui est la collecte d'information. Je vais la décrire un peu. Il s'agit d'un modèle inquisitoire, où la commission et le citoyen jouent le rôle de procureurs, plutôt que d'un modèle accusatoire quasi judiciaire, lequel semble être en vigueur dans le reste du Canada.
Dans la première phase, le public adresse ses questions directement au promoteur. C'est le public qui agit littéralement comme procureur de la commission d'examen. La commission reprend ensuite les questions du public et les pose au promoteur. Ensuite, ces questions ont toute la force des questions d'une commission, et le promoteur est tenu et contraint d'y répondre. Il s'agit d'une sorte de symbiose entre le travail de la commission et la participation du public.
En plus d'y participer activement, le public peut voir le dossier s'étoffer devant lui. C'est un mode collectif d'apprentissage et d'appropriation du dossier qui fait la garantie des mémoires, qui, eux, garantissent la qualité, le pouvoir politique et la crédibilité du rapport qui sera émis à la fin. Au Québec, nous pensons humblement que c'est ce mode de participation publique qu'il faudrait favoriser, car il éclaire mieux le public, et ce, sans les contraintes rigides d'un processus quasi judiciaire.
Ce pouvoir de contraindre tous les acteurs clés à fournir des réponses et des documents, y inclus le promoteur et d'autres parties, est vraiment central aux commissions du BAPE, au Québec. J'ai certaines inquiétudes au sujet du projet de loi actuel, plus précisément en ce qui a trait au paragraphe 53(6), où le pouvoir de contrainte prévu n'est pas assez fort. On verra cela dans les amendements détaillés, mais, en gros, s'il faut aller devant un tribunal pour faire appliquer une ordonnance de la commission, on vient d'anéantir complètement le pouvoir de cette dernière.
Il y a un autre point important: les commissions d'évaluation et la régie de l'énergie doivent être véritablement indépendantes de l'industrie et du gouvernement. Le projet de loi maintient une participation minimale d'individus nommés par les organismes de réglementation en matière d'énergie nucléaire, de pipelines et de pétrole et gaz extracôtiers, ce qui, selon nous, est inacceptable. Afin de rétablir la confiance du public, il faut qu'il y ait une nouvelle institution indépendante chargée de faire l'évaluation de tous les projets, toutes industries confondues.
Personnellement, je n'ai absolument rien contre les organismes de réglementation, mais ils ne sont pas impartiaux sur le plan institutionnel, car ils ont du travail dans la mesure où ils peuvent continuer à réglementer une industrie. Cela implique qu'ils seront toujours d'accord pour que les projets aillent de l'avant. C'est l'une des raisons pour lesquelles on ne peut pas leur faire confiance. Ces individus n'ont pas leur place dans une commission, mais ils peuvent jouer un rôle d'experts.
Étant donné qu'il me reste très peu de temps, je vais aborder rapidement le mode de nomination des commissaires. Il faut absolument dépolitiser ce processus, que ce soit en créant une liste des commissaires aptes à agir comme tels ou en désignant des commissaires précis à une commission d'examen. Ce n'est pas la ministre qui devrait faire cela. Il devrait y avoir un processus plus indépendant. Il pourrait s'agir d'un comité composé aux deux tiers de parlementaires, d'un comité multipartite, du vérificateur général ou du commissaire à l'environnement.
[Traduction]
Est-ce qu'il me reste du temps?
:
Bonjour, madame la présidente, distingués membres du Comité, mesdames et messieurs les témoins.
[Français]
C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui pour présenter les recommandations de Teck à propos du projet de loi .
[Traduction]
Je m'appelle Sheila Risbud, et je suis directrice des affaires gouvernementales pour Teck Resources. Auparavant, j'ai travaillé pour l'Agence canadienne d'évaluation environnementale, ainsi que pour Environnement et Changement climatique Canada, où j'ai participé directement à des activités d'évaluation environnementale du gouvernement fédéral. Je suis accompagnée de mon collègue, Mark Freberg, qui possède également une vaste expérience dans le domaine des évaluations environnementales au Canada et au Chili. Nous serons heureux de répondre à vos questions après notre exposé.
Fièrement canadienne, Teck est une société d'exploitation diversifiée de ressources naturelles.
[Français]
Teck est fière d'employer plus de 8 000 personnes au Canada.
[Traduction]
Au Canada, nous avons six installations de minage de charbon métallurgique, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert au pays ainsi qu'un complexe de fonderie de zinc et de plomb, et nous participons à plusieurs projets de développement minier et de sable bitumineux. Nous comptons également à notre actif des mines au Chili, au Pérou et aux États-Unis. Partout où nous menons des activités, nous nous efforçons de nouer des relations solides avec les collectivités, les peuples autochtones et d'autres intervenants.
Par ailleurs, nous avons conclu d'importantes ententes commerciales avec des clients et des investisseurs chinois. Depuis notre siège social, à Vancouver, nous livrons concurrence à bon nombre des grandes sociétés minières au monde. Beaucoup de ces activités requièrent des évaluations environnementales et, en tant que société promotrice de projets au Canada, nous croyons que la conception et l'application de ce projet de loi sont essentielles pour assurer la protection continue de l'environnement, de même que la compétitivité à long terme de notre entreprise et le maintien des emplois qui dépendent de notre réussite.
Nous appuyons l'effort déployé par le gouvernement en vue de renforcer la confiance du public à l'égard des processus d'évaluation environnementale et de rehausser la participation et le pouvoir décisionnel des peuples autochtones. Selon nous, les intentions énoncées dans le projet de loi du gouvernement sont en harmonie avec les valeurs essentielles de notre entreprise. Dans bien des cas, elles décrivent notre approche actuelle pour ce qui est de gérer notre relation avec l'environnement et la collectivité en général.
L'établissement de nouvelles règles qui rehaussent la confiance de la population à l'égard des protections environnementales permettra de favoriser et d'attirer des investissements au pays. Toutefois, à notre avis, cela représente une partie de l'enjeu. Les promoteurs de projets doivent avoir la certitude que les processus d'approbation seront non seulement rigoureux, mais aussi fiables et propices à des décisions claires et rapides. Nous trouvons encourageants bien des aspects du projet de loi , mais nous aimerions que l'accent soit davantage mis sur un processus prévisible qui restaure la certitude de toutes les parties en ce qui a trait à la réglementation.
[Français]
L'enjeu est particulièrement important maintenant, alors que le Canada connaît une réduction importante de sa part mondiale d'investissement en exploitation minière.
[Traduction]
Prendre les mesures qui s'imposent pourra aider à redresser la situation.
Teck appuie les amendements que l'Association minière du Canada a soulignés lors de son témoignage devant le Comité, le 29 mars dernier. Aujourd'hui nous aimerions parler brièvement des aspects du projet de loi qui nécessitent plus de clarté. Je m'attarderai sur l'étape préparatoire proposée, le rehaussement de la participation et du pouvoir décisionnel des peuples autochtones, ainsi que la compétitivité des structures de recouvrement des coûts.
Tout d'abord, permettez-moi de dire que nous appuyons l'inclusion d'une étape préparatoire tôt dans le processus. Cela correspond à l'approche actuelle de Teck, qui consiste à consulter les intervenants et les peuples autochtones tôt dans le processus, et nous croyons que cette mesure devrait être considérée comme une pratique exemplaire à l'échelle internationale. Cependant, nous sommes préoccupés par le fait que le projet de loi, dans sa forme actuelle, n'établit pas clairement les diverses étapes dans la période de 180 jours.
Définir des étapes, assorties d'échéances claires, apporterait certitude et transparence à tous les participants aux évaluations. Les promoteurs ont besoin de comprendre ce qui est attendu d'eux pour respecter les exigences de l'étape préparatoire précoce. À défaut d'une telle clarté, l'étape préparatoire précoce pourrait se poursuivre indéfiniment.
Par exemple, nous recommandons que des échéances soient établies pour que l'Agence produise son sommaire. Il s'agit là d'un document qui décrit les questions que l'Agence a entendues à ce jour et la décision quant à la nécessité d'une évaluation d'impact. Nous recommandons également que l'étape préparatoire précoce contienne un mécanisme permettant d'intégrer les renseignements déjà recueillis par un promoteur ou une autre autorité avant la période de 180 jours.
L'intégration des renseignements existants pourrait considérablement simplifier le processus et encourager les promoteurs à commencer à consulter les collectivités potentiellement touchées et les peuples autochtones encore plus tôt.
Je recommande également que l'éventuelle Agence canadienne d'évaluation d'impacts possède les ressources nécessaires pour gérer cette phase de l'état préparatoire, notamment en s'assurant qu'elle a la capacité de remplir ses nouvelles obligations de consultation et d'examiner adéquatement les données scientifiques et les connaissances des peuples autochtones.
[Français]
En résumé, bien que Teck Resources soit favorable à une étape préparatoire, des étapes claires et prévisibles ainsi que des ressources suffisantes sont nécessaires pour atteindre avec succès les objectifs de transparence et de prévisibilité de cette étape.
[Traduction]
Un autre aspect de ce projet de loi que nous appuyons est la consultation et la participation inclusives des peuples autochtones tôt dans le processus d'évaluation environnementale. La consultation des peuples autochtones tôt dans le processus a été très bénéfique pour Teck, et la politique générale de Teck sur les relations avec les peuples autochtones intègre déjà un dialogue inclusif tôt dans le processus. Nous croyons que cette approche contribue à la réconciliation tout en appuyant les avantages partagés du développement des ressources.
Cependant, ces dispositions doivent se traduire par des pratiques claires et uniformes auxquelles les gouvernements, peuples autochtones et promoteurs pourront se fier. Nous espérons que vous conviendrez que depuis trop longtemps nous tenons des discussions positives sur la nécessité de faire mieux, mais que peu a été fait pour bien définir comment procéder.
Teck appuie l'engagement du gouvernement à adopter et à appliquer les dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones. Toutefois, la façon dont le projet de loi sera coordonné avec les plans du gouvernement d'appliquer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones n'est pas claire, notamment en ce qui concerne le consentement libre, préalable et éclairé. Nous recommandons au gouvernement de collaborer avec les intervenants de l'industrie et le gouvernement des provinces, territoires et peuples autochtones pour définir comment cela sera fait, en mettant l'accent sur la clarté parfaite de ce à quoi l'on s'attend lorsqu'il est question de consentement libre, préalable et éclairé.
Teck est également heureux de voir que la consultation de la Couronne commence plus tôt dans le processus d'évaluation d'impact. Pour que ce processus soit une réussite, nous recommandons que la portée de la consultation et la répartition ou la coordination des efforts de consultation entre la Couronne et les promoteurs soient clarifiées.
[Français]
Encore une fois, nous appuyons l'intention du gouvernement d'impliquer de manière importante les peuples autochtones dans l'évaluation d'impacts, mais nous souhaiterions obtenir des clarifications sur la façon dont cela sera réalisé.
[Traduction]
Nous recommandons que des critères soient clairement établis afin de définir quand et comment le ministre déléguera les responsabilités d'évaluation d'impact environnementale.
Le dernier aspect du projet de loi au sujet duquel nous aimerions faire une recommandation est la structure de recouvrement de coûts des articles 76 à 80 du projet de loi. Nous reconnaissons qu'un recouvrement raisonnable des coûts est une pratique courante dans les processus reliés à la réglementation et aux permis et nous avons de l'expérience avec les régimes de recouvrement de coûts. Nous croyons que les calculs fédéraux de coûts devraient tenir compte des frais provinciaux reliés au même projet. Cela serait conforme à l'engagement du gouvernement fédéral quant à la coordination avec les provinces pour soutenir le principe « un projet, une évaluation ».
Nous croyons également que la structure de recouvrement des coûts du gouvernement fédéral devrait tenir compte de tous autres frais considérés dans d'autres lois fédérales, comme la Loi sur les pêches, pour les projets d'exploitation minière. Cela éliminerait des coûts redondants et contribuerait à soutenir la capacité concurrentielle au Canada. Le plan de coordination d'évaluation d'impact est l'un des moyens de coordonner ce processus.
[Français]
Nous recommandons donc que l'Agence soit responsable de coordonner le recouvrement des coûts avec les autres autorités et les autres ministères fédéraux si des frais sont prévus par d'autres lois.
[Traduction]
En terminant, nous tenons à réitérer que de façon générale, Teck appuie l'intention du gouvernement actuel d'améliorer les processus environnementaux et réglementaires.
[Français]
Nous appuyons les efforts du gouvernement à cet égard. Nous sommes heureux de voir que certaines de nos recommandations ont été considérées dans ce projet de loi.
[Traduction]
Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de présenter d'autres recommandations qui, selon nous, permettent de clarifier le projet de loi . Nous voulons que le Canada prospère et devienne une destination de prédilection pour les investisseurs du secteur de l'exploitation minière de partout dans le monde et un chef de file en développement responsable de projets, tout en protégeant l'environnement, en favorisant la réconciliation avec les peuples autochtones et en rehaussant les perspectives économiques de tous les Canadiens.
[Français]
Je vous remercie. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui.
[Traduction]
Je regarde autour de moi et je vois des amis et collègues avec qui j'ai travaillé pendant de nombreuses années. Je suis heureux de vous voir et de participer à cette discussion. Elle est très importante.
La FCM est heureuse d'avoir l'occasion de s'exprimer au nom des municipalités canadiennes dans le cadre de cet examen du projet de loi . En tant que chefs de file en matière d'environnement et d'économie, les municipalités comprennent et appuient les efforts du gouvernement fédéral pour améliorer les processus d'évaluation environnementale. Les municipalités sont particulièrement touchées par ces processus, parfois en tant que promoteurs, parfois en tant que participantes intéressées, mais toujours en souhaitant protéger les intérêts de leurs communautés.
Les municipalités participent régulièrement aux évaluations environnementales dont les résultats ont un impact local sur les secteurs de responsabilité municipale, comme la durabilité environnementale, la planification des interventions d'urgence et de l'utilisation des terres, ainsi que la construction et l'entretien des infrastructures municipales.
Parallèlement, de nombreux projets, y compris ceux du secteur de mise en valeur des ressources, sont importants pour la prospérité économique et la qualité de vie des communautés locales. De plus, en tant que participantes et promotrices de projets, les administrations municipales sont également directement touchées par les évaluations environnementales fédérales lorsque des projets d'infrastructure municipale doivent être approuvés par le fédéral.
Tous les rapports de groupes d'experts et de comités permanents de la Chambre, qui influent sur les changements proposés au projet de loi , soulignent le rôle particulier et grandissant des municipalités dans les processus d'évaluation environnementale.
Au cours de la dernière année, la FCM a fait neuf présentations accompagnées de recommandations pour améliorer les processus d'examen environnemental et réglementaire. Nos recommandations tiennent compte des points de vue de plus de 2 000 municipalités représentant plus de 90 % de la population canadienne. Responsables de 60 % des infrastructures publiques au pays, les municipalités aident à stimuler la prospérité économique du pays et la durabilité de l'environnement et à favoriser la qualité de vie des citoyens.
Pour parler du projet de loi , j'aimerais passer en revue avec vous chacune des lois qui sera modifiée, en commençant par la Loi sur la protection de la navigation. La FCM recommande sans cesse d'harmoniser les mesures législatives aux demandes actuelles en matière de transport, qui dépendent davantage des travaux de construction de ponts et de routes que de l'expansion de la navigation sur l'eau. Grâce à la participation de la FCM, la portée de la Loi sur la protection des eaux navigables a été enrichie, en 2009, pour prévoir une exemption dans le cas de travaux mineurs et de plans d'eau secondaires qui ont peu d'incidence sur la navigation. Plusieurs modifications apportées en 2012 ont permis d'adapter certains aspects de la Loi aux réalités modernes du Canada. Ces changements ont donné suite aux inquiétudes manifestées par les municipalités au sujet des projets retardés et des dépenses occasionnées par les examens du gouvernement fédéral déclenchés par des projets à petite échelle.
La FCM reconnaît et partage les inquiétudes qui ont été soulevées relativement au nombre élevé de lacs et de rivières qui ne sont plus soumis à un mécanisme de surveillance relevant de la Loi sur la protection de la navigation. Toutefois, la loi canadienne proposée sur les eaux navigables inclut des changements que la FCM n'a pas demandés et qui auront des répercussions importantes sur les municipalités. Cela inclut une nouvelle exigence selon laquelle les promoteurs de projets doivent publier un avis et mener des consultations sur les travaux proposés sur toutes les voies navigables, y compris les plans d'eau répertoriés et non répertoriés, ainsi qu'un nouveau processus de résolution qui permettrait au ministère des Transports d'examiner toute préoccupation relative à la navigation sur des plans d'eau non répertoriés.
La FCM prévoit que ces changements feront en sorte que beaucoup plus de projets d'infrastructure municipale feront l'objet d'un examen fédéral. Nous nous inquiétons de l'élargissement de la portée de la mesure législative visant à inclure une nouvelle catégorie de travaux qui s'ajoutera aux catégories actuelles de travaux mineurs et de travaux majeurs. Les travaux qui feront partie de cette nouvelle catégorie risquent d'inclure des projets d'infrastructure municipale essentiels à la sécurité publique, au transport et au commerce, comme des ponts, des structures de contrôle de l'eau et des structures pour l'atténuation des inondations. Nous ne recommandons pas que tous les ponts, structures de contrôle de l'eau et autres structures soient exemptés. Toutefois, nous croyons que la portée d'un projet et la taille de la voie navigable doivent être prises en considération.
Ainsi, nous recommandons, premièrement, que Transports Canada effectue un examen de la catégorie actuelle de travaux mineurs afin de voir si d'autres types de travaux peuvent y être ajoutés. Deuxièmement, nous recommandons que Transports Canada crée un mécanisme uniformisé pour permettre aux promoteurs de projets d'informer le public de façon à satisfaire les nouvelles exigences prévues par la loi. Troisièmement, nous soulignons l'importance de faire respecter les délais relatifs à la notification et à la consultation du public soulignés dans les paragraphes 10(3), 10.1(1) et 10.1(3) afin de réduire les retards inopportuns. Nous recommandons que ces délais fassent l'objet d'un examen et soient modifiés conformément au règlement s'ils sont jugés inefficaces.
La deuxième partie du projet de loi sur lequel la FCM aimerait se concentrer concerne les changements à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. La FCM appuie l'approche proposée selon laquelle des projets désignés seraient conjointement examinés par l'Agence canadienne d'évaluation d'impact proposée et l'organisme pertinent de réglementation du cycle de vie. Nous appuyons également l'élargissement de la portée des évaluations de façon à inclure les impacts économiques, sociaux et sur la santé, ainsi que l'objectif d'un examen par projet que tente d'atteindre le projet de loi C-69.
Nous croyons tout de même que le projet de loi ne va pas assez loin pour reconnaître l'importance du rôle que jouent les municipalités par rapport aux projets désignés. C'est la raison pour laquelle nous proposons les modifications suivantes: que l'article 11 de la Loi sur l'évaluation d'impact soit élargi de façon à inclure explicitement la consultation des administrations municipales; que la phrase « les commentaires de l'administration municipale touchée par le projet désigné » soient ajoutés aux facteurs que doit prendre en considération l'Agence canadienne d'évaluation d'impact en vertu du paragraphe 22(1) proposé de la Loi sur l'évaluation d'impact; et qu'en raison des modifications susmentionnées, « la consultation des municipalités » soit ajoutée au préambule de la Loi sur l'évaluation d'impact afin d'indiquer clairement qu'il s'agit d'un objectif de la mesure législative.
La FCM croit fermement que la participation précoce des municipalités mène à de meilleurs résultats. Par conséquent, nous demandons à ce que la description initiale d'un projet précise que la consultation des municipalités est nécessaire, description que les promoteurs devront faire parvenir à l'Agence canadienne d'évaluation d'impact.
Finalement, j'aimerais discuter de la Loi sur l'Office national de l'énergie. Les municipalités interagissent quotidiennement avec le réseau actuel des pipelines réglementés par l'ONE et les lignes de transport d'énergie. Des communautés de toute taille profitent de l'activité économique associée aux infrastructures de mise en valeur des ressources et de transport d'énergie. Les pipelines ont un impact direct sur la planification des interventions d'urgence, la planification de l'utilisation des terres et les projets de construction des administrations municipales. Le gouvernement propose plusieurs changements qui s'harmonisent aux recommandations de la FCM, mais j'aimerais parler de certaines des recommandations de la FCM auxquelles on n'a pas vraiment souscrit. La FCM demande notamment à ce que la Loi sur l'Office national de l'énergie soit modifiée afin de reconnaître les règlements municipaux et exiger que les compagnies de pipeline et l'ONE respectent ces règlements, tout en restant dans les limites de la Constitution. Nous avons également souligné que la Loi sur l'Office national de l'énergie devrait être modifiée de façon à ce que les municipalités puissent jouer un rôle direct dans la décision relative aux trajets pour les projets de pipeline.
Bien que les changements proposés aident grandement à améliorer le processus de consultation publique, ils ne vont pas assez loin. Le fait de codifier dans la mesure législative l'exigence selon laquelle les municipalités doivent être consultées aidera davantage à calmer les inquiétudes des municipalités qu'ont soulevées les dernières audiences de l'ONE.
De plus, la FCM recommande d'accorder une plus grande souplesse à l'Agence canadienne d'évaluation d'impact et à la Régie canadienne de l'énergie pour fixer les délais maximums pour effectuer une évaluation d'impact des pipelines proposés. Bien que la FCM appuie les délais fixés pour les examens environnementaux et réglementaires, nous recommandons que ces délais soient fixés en fonction de chaque projet.
En terminant, nous tenons à souligner qu'il sera nécessaire pour le gouvernement fédéral de consulter les administrations municipales et de solliciter leur participation active à la rédaction des règlements de ces lois. En tant que chefs de file en matière d'environnement et d'économie, les municipalités comprennent la nécessité de trouver un équilibre entre l'activité économique et la protection de l'environnement à titre de priorités complémentaires. Nous croyons que nos recommandations aident à établir cet équilibre.
Encore une fois, merci. Nous sommes impatients de répondre à vos questions.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Au nom de l'Ontario Federation of Anglers and Hunters, de nos 100 000 membres, abonnés et supporteurs, et de nos 740 clubs membres partout dans la province, nous vous remercions de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui pour parler des éléments du projet de loi essentiellement importants pour notre organisation.
Ce qui nous intéresse principalement dans ce projet de loi, c'est la Loi sur les eaux navigables canadiennes. Même si notre organisation a un intérêt marqué pour les facteurs environnementaux des projets exécutés dans l'eau et autour des plans d'eau, nos connaissances et expériences en Ontario concernent principalement la Loi sur les pêches et les lois et processus réglementaires provinciaux, comme la Loi sur l'évaluation environnementale de l'Ontario. Par conséquent, je vais concentrer mes commentaires sur le point de vue des chasseurs, pêcheurs et trappeurs relativement à la protection de la navigation.
Depuis la traite des fourrures, et bien avant pour les peuples autochtones, les voies navigables ont joué un rôle essentiel dans l'accès aux ressources au pays. La navigation des plans d'eau demeure une partie intégrante du tissu culturel et de l'identité sociale de bon nombre de Canadiens, autochtones et non-autochtones. Environ le quart des Canadiens pratiquent la pêche, la chasse et le trappage et ces activités contribuent chaque année 15,2 milliards de dollars à l'économie canadienne. La pêche, la chasse et le trappage demeurent très importants au Canada et le droit à la navigation est important pour tous les Canadiens qui pratiquent ces activités.
L'idée d'un droit public à la navigation est presque aussi vieux que le pays lui-même, puisque la première mesure législative sur la navigation a été adoptée vers la fin des années 1800. Même si la demande de la société pour le transport sur les plans d'eau a changé radicalement au fil des ans, la demande relative à des eaux navigables sécuritaires et accessibles demeure. Pour cela, le gouvernement fédéral doit effectuer une surveillance législative rigoureuse.
Nous devons d'abord savoir ce que signifie la navigabilité pour les Canadiens. Que tentons-nous de protéger? Certains Canadiens traceront un lien évident entre la navigabilité et les navires de charge sur les Grands Lacs ou les bateaux-caravanes sur le canal Rideau ou la voie navigable Trent-Severn — de gros plans d'eau et de gros navires.
Toutefois, la dernière chose que souhaitent nos membres relativement à la navigabilité, c'est une circulation élevée sur les voies navigables. Ils s'intéressent davantage aux voies navigables en régions sauvages. Les petites rivières, ruisseaux, criques, marais et autres petits cours d'eau sont des points d'entrée importants pour la pêche, la chasse et le trappage. La définition d'eaux navigables que propose la Loi sur les eaux navigables canadiennes a été modifiée. Elle est maintenant plus détaillée et reconnaît l'utilisation récréative. Il s'agit d'une modification positive qui reflète davantage notre idée de ce qu'est la navigabilité.
À notre avis, la législation sur la navigation ne se veut pas une législation environnementale. Est-ce possible que la protection de la navigation puisse offrir un point de contrôle de façon à assurer que la législation environnementale et les processus réglementaires soient respectés? Absolument. Les projets exécutés dans l'eau et autour des plans d'eau devraient être examinés à la fois du point de vue de la navigation et de l'environnement. Toutefois, si nous nous fions à cette loi — dans sa forme passée, présente ou future — pour agir à titre de ligne de défense importante pour la protection environnementale, nous devons alors remettre en question l'efficacité de nos principales lois environnementales, comme la Loi sur les pêches et la Loi sur l'évaluation d'impact.
Selon nous, ce n'est pas en augmentant le fardeau administratif des promoteurs ou en nuisant au développement que nous protégerons la navigabilité. Les projets à grande échelle proposés par des promoteurs font déjà l'objet d'examens minutieux en vertu d'autres lois et auxquelles participent plusieurs compétences. Ces projets doivent absolument être assujettis à la législation sur la navigation, mais le processus réglementaire doit être entrepris conjointement avec d'autres processus fédéraux d'approbation de façon à ce que cela soit le plus profitable possible pour les promoteurs et agences. Les modifications proposées faisant en sorte que l'interdiction s'applique également aux travaux majeurs effectués dans n'importe quelle voie navigable sont un pas dans la bonne direction, mais j'y reviendrai.
Ce qui nous inquiète, c'est que les processus réglementaires ont tendance à être utilisés pour les projets à petite et grande échelles proposés par des promoteurs pour lesquels des interdictions et exigences relatives aux permis et approbations sont déjà bien établies dans le cycle de développement. Ce sont les petits obstacles qui ne sont pas assujettis à la même relation promoteur-agence, car il est plus probable que la partie responsable soit un propriétaire privé qui ne souhaite pas annoncer son intention d'installer une clôture, un câble, une corde ou tout autre obstacle sur une voie navigable. Dans la plupart des cas, l'individu en question ignore qu'il enfreint la loi ou même qu'il existe une législation sur la navigation. Ces obstacles ne seront pas signalés, mais ils nuiront à la navigation publique et soulèveront des préoccupations importantes en matière de sécurité.
En ce qui a trait aux obstacles — et il est important de faire la différence entre obstacles et travaux ou projets —, l'adoption d'un dissuasif légal et l'ajout d'un recours que le gouvernement peut utiliser contre les contrevenants peut être tout aussi efficace pour protéger la navigabilité que le processus réglementaire et d'émissions de permis pour les projets traditionnels proposés par des promoteurs. Nous souhaitons autant que possible empêcher l'érection d'obstacles à la navigabilité, car le Canadien moyen n'intentera pas de poursuites en justice et n'a pas les moyens d'intenter de telles poursuites. Lorsque des préoccupations sont soulevées relativement à la navigabilité, les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement fédéral protège la navigabilité et se fient sur lui pour agir. C'est la raison pour laquelle nous sommes heureux de voir que les modifications proposées interdisent l'installation d'obstacles sur toute voie navigable. À notre avis, il s'agit d'un changement très important.
Outre les mesures législatives, la protection de la navigation nécessite beaucoup d'éducation et de sensibilisation auprès du public canadien. Cette formation et cette sensibilisation devraient s'accompagner de la mise en oeuvre de la Loi sur les eaux navigables canadiennes, notamment en ce qui a trait aux obstacles qui soulèvent de sérieuses préoccupations en matière de navigabilité et de sécurité publique.
Pour maintenir la sûreté et l’accessibilité des eaux canadiennes, nous avons besoin d’une mesure législative solide dotée de dispositions exhaustives et claires qui soulignent où, quand et comment le gouvernement protégera la navigation. Voici quelques commentaires plus précis à propos de la modification de la législation sur la navigation proposée dans le projet de loi .
Les modifications apportées en 2009 et en 2012 à la législation sur la navigation ont suscité de nombreuses discussions. La plupart des commentaires que j’ai lus jusqu’à maintenant étaient négatifs, mais ce n’est pas entièrement juste. Le fait que la portée de la mesure législative a été limitée par une liste annexée d’étendues d’eau a été considéré comme un recul majeur. Cependant, les amendements de 2009 ont jeté les fondements d’une classification des différents ouvrages ou projets, et ce concept a été conservé dans la Loi sur les eaux navigables canadiennes et même élargi grâce à l’inclusion des ouvrages majeurs.
Nous estimons qu’il est nécessaire de disposer d’un système de classification qui permet d’établir la priorité des projets examinés à des fins de protection de la navigation. Premièrement, différents types de projets requièrent différents niveaux d’examen. Pensez à la différence entre un quai et un barrage. Dans un monde parfait, nous aimerions que tous les ouvrages, peu importe leur type, soient évalués et autorisés par l’organisme de réglementation. Cela aurait peut-être été possible compte tenu de la nature générale de la Loi sur la protection des eaux navigables avant 2009. Toutefois, nous devons reconnaître la réalité financière du Programme de protection de la navigation et le fait que le fardeau administratif lié à l’examen de tous les ouvrages mineurs n'est peut-être pas justifié compte tenu de la valeur ajoutée que cet examen apporte à la protection de la navigation. Maintenant, les organismes ont fréquemment recours à un triage dans le cadre de la mise en oeuvre des programmes de réglementation.
Comme toujours, ce sont les détails qui posent problème, et la mesure législative modifiée raconte seulement une partie de l’histoire. Nous pouvons probablement émettre des hypothèses relativement justes quant aux ouvrages qui seront jugés mineurs, grâce à l’arrêté sur les ouvrages secondaires prévu par la Loi sur la protection de la navigation, mais nous ignorons quels types de projets feront partie des ouvrages majeurs. Pour exécuter un ordre d’ouvrages majeurs complet et efficace, le ministre devra établir un processus de consultation publique transparent. Ce n’est que lorsque nous saurons quels types de projets sont jugés mineurs et majeurs que nous comprendrons ce qui reste, autrement dit quels projets ne seront pas assujettis à la Loi sur la protection de la navigation dans les eaux canadiennes non répertoriées, ou dans 99 % des eaux canadiennes.
Nous ne sommes toujours pas convaincus qu’une classification particulière des eaux dans une annexe est nécessaire ou appropriée. Si le gouvernement parvient à classer les ouvrages correctement, la classification des eaux ne devrait pas être nécessaire.
J’espère que nous avons été en mesure d’illustrer un point de vue différent en ce qui concerne les modifications proposées de la législation sur la navigation et que nous avons offert au Comité des commentaires à valeur ajoutée qui contribuent à votre étude et qui, en fin de compte, permettront d’apporter des changements significatifs au projet de loi et à sa mise en oeuvre.
Madame la présidente, chers membres du Comité, je vous remercie infiniment de votre invitation et de votre attention aujourd’hui. Je me réjouis à la perspective de répondre à vos questions.
:
J’estime que la participation du public est un bon exemple des genres de problèmes dont je parlais d’une façon plus générale, comme la question de savoir comment on peut commencer par donner aux décideurs le pouvoir de faire ce qui s’impose, puis guider adéquatement leur prise de décisions. En bref, la réponse est qu’à mon avis, une définition d’une participation significative du public serait un premier pas dans la bonne direction, mais j’estime qu’ensuite, il faudra passer la loi en revue et distinguer des directives appropriées du point de vue législatif et réglementaire pour veiller à ce que de bonnes décisions puissent être prises dans les années à venir à propos de la participation du public.
Selon moi, un bon point de départ à cet égard consisterait à envisager d’établir un comité consultatif pour l’étape de la planification et à commencer à réfléchir, et probablement à inscrire dans le Règlement, les personnes qui devraient faire partie des comités consultatifs de ce genre. Si vous prenez de bonnes décisions très tôt au cours de l’étape de la planification, et que vous obtenez que tous les principaux intéressés participent à la conception du processus, à la définition de la portée et à la détermination de l’information dont vous avez besoin pour prendre de bonnes décisions au bout du compte, je pense que bon nombre des problèmes pourront être surmontés dès le début.
Toutefois, je crois que vous devez aussi penser à la façon de prendre de bonnes décisions à mesure que vous avancez. Par exemple, comme je l’ai indiqué au cours de mon exposé, nous estimons souvent, avec raison, que l’examen par une commission est le niveau d’évaluation final ou le plus élevé qui soit mais, même dans ce contexte, d’autres mécanismes sont parfois plus efficaces. La tenue d’une audience traditionnelle n’est pas toujours le mécanisme le plus efficace. Pendant longtemps, des dispositions nous permettaient d’avoir recours à la médiation, aux règlements extrajudiciaires des différends, et nous n’avons jamais fait appel à ces mécanismes. Il est donc essentiel de réfléchir soigneusement à la façon de nous assurer qu’un large éventail d’outils est utilisé efficacement pour obtenir de bons résultats, parce que souvent lorsqu’on réunit des gens… Je peux parler longuement de ce que nous avons fait en Nouvelle-Écosse à l’aide d’évaluations stratégiques pour cerner des enjeux très controversés comme l’aquaculture, alors que nous avions rassemblé des gens ayant des points de vue divergents. Au début, les gens disaient que seul un moratoire fonctionnerait, mais nous sommes parvenus à mettre au point une conception, à trouver une solution que tous ont saluée.
Il est essentiel d’avoir des processus satisfaisants et efficaces de participation du public qui fonctionnent dans le contexte. Selon les Premières Nations ou les collectivités autochtones concernées, il est crucial d’avoir des processus de participation du public qui leur conviennent si vous souhaitez les faire participer adéquatement. Si vous voulez inclure ceux qui seront touchés, éviter une vague d’opposition et obtenir un processus qui aboutit finalement à une vision commune, il est essentiel que le public participe et que la loi et le Règlement fournissent des directives appropriées.
Si nous créons une loi, aussi bien la définir aussi clairement que nous le pouvons. Le tribunal d'appel — appelons-le ainsi — est effectivement une option, mais nous essayons de l'utiliser le moins possible. Les règles et les lois doivent être très claires.
Je vais maintenant m'adresser à Mme Péloffy.
Je n'ai pas de question à vous poser, madame Péloffy, mais j'avoue être très déçu d'un de vos commentaires. Vous êtes la seule à avoir parlé du gouvernement Harper. Tous les gens qui sont ici, autour de la table, y sont pour construire l'avenir. Nous regardons vers l'avant. Je suis obligé de vous faire remarquer que des choses ont été réalisées par le passé. J'ai aimé le commentaire de M. Doelle, à savoir que l'établissement de la loi, il y a 25 ans, était un pas vers l'avant. Le temps est venu pour nous de faire d'autres pas. Je remercie l'ensemble des parlementaires qui travaillent dans ce sens. Je n'ai pas aimé votre commentaire. Je veux simplement vous dire, concernant les actions de M. Harper, qu'il ne s'agit pas d'une page blanche; en fait, elles ne sauraient être énumérées sur une seule page. J'aimerais que vous le preniez comme un message.
Pour ce qui est de la représentation, sachez que tous les gens ici représentent l'ensemble du Canada. Je suis très fier d'être Québécois et d'être Canadien. La Fédération canadienne des municipalités représente une partie des municipalités du Québec. D'autres associations en ont fait de même tout au long des témoignages.
Par ailleurs, je dois vous rappeler que c'est le gouvernement Harper — que vous vous plaisez à mentionner — qui, avec les scientifiques, a fait la recherche ayant mené aux cibles de GES que le gouvernement actuel applique. Le travail a vraisemblablement été bien fait, puisque les libéraux l'utilisent.
Merci beaucoup, madame Péloffy. C'était un plaisir pour moi de vous faire part de ce commentaire.
Ma troisième question s'adresse à Mme Risbud.
Le processus actuel respecte-t-il les principes et les objectifs de la loi?
Monsieur Carlton, je vous remercie d'avoir formulé des observations sur la Loi sur la protection des eaux navigables. Ma circonscription compte 36 municipalités.
J'ai une brève anecdote à raconter ici. Les crues printanières ont emporté un ponceau situé dans un ravin qui contient de l'eau peut-être un mois par année. Eh bien, les bureaucrates ont indiqué à la municipalité qu'elle devait construire un pont par-dessus ce ruisselet, car il est considéré comme une eau navigable. C'est manifestement ridicule, d'autant plus que le coût du pont est évalué à 750 000 $, alors que le budget total de la municipalité est de 1 million de dollars. Nous avons donc modifié cette loi aberrante aux effets stupides, comme je l'ai indiqué. Je défendrais n'importe quand les modifications apportées à la Loi sur la protection des eaux navigables. C'est entièrement une question de définition d'eau navigable.
De plus, en ce qui concerne les municipalités qui défendent le développement économique et la mise en valeur des ressources, nous sommes trois ici à penser que c'est une bonne chose. Poursuivez donc le bon travail à cet égard.
Je poserai mes prochaines questions à Teck Resources. Pierre Gratton, qui est à la tête de l'association minière, a témoigné devant nous il y a quelque temps et a fait remarquer que même si les prix des marchandises augmentent dans le monde, les investissements dans le secteur de l'exploitation minière et de la mise en valeur des ressources naturelles diminuent au pays. On investit de moins en moins au Canada.
Vous avez fait allusion au phénomène, madame Risbud, mais je pense que vos propos étaient bien trop modérés. L'Association canadienne des producteurs pétroliers a fait valoir que le Canada perd des investissements et considère que le projet de loi contient bien peu de dispositions qui contribueraient à améliorer la situation. Chris Bloomer, de l'Association canadienne de pipelines d'énergie, a indiqué que l'environnement réglementaire est toxique au Canada. Employant le mot « toxique » dans son témoignage, il a affirmé que si on avait l'intention de sonner le glas de la production pétrolière et gazière et des pipelines, c'est exactement ce que faisait ce projet de loi. J'ai remarqué, sur votre site Web... Je sais que vous ne travaillez pas dans le domaine des pipelines. Vous oeuvrez toutefois dans celui de la production d'acier et de charbon, et quand il ne se construit pas de pipelines, cela a des répercussions directes sur votre entreprise et vos employés.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi les investissements diminuent au Canada? On parle ici de milliards de dollars, d'un pourcentage de 56 %, alors que les prix des marchandises augmentent à l'échelle mondiale.