Monsieur le président, merci beaucoup. C'est tout un cadeau d'être là. Je suis ravi d'être parmi vous. Je suis heureux de vous revoir dans votre nouveau rôle. Je me souviens que vous occupiez précédemment le fauteuil du Comité sur la sécurité publique.
[Français]
Bonjour à tous.
[Traduction]
Je suis très heureux d'avoir l'occasion d'être ici avec le ministre Hussen pour discuter de la question de la migration irrégulière.
[Français]
Je remercie le Comité et ses membres de leur examen exhaustif et rigoureux de ce dossier d'importance nationale.
Le Canada est un pays ouvert, accueillant et généreux, mais il s'agit également d'un État de droit, et le gouvernement du Canada prend très au sérieux ses lois et l'intégrité de ses frontières.
[Traduction]
Certaines personnes, vu la situation, cette année, semblent avoir été induites en erreur et croire que traverser la frontière pour entrer au Canada de façon irrégulière est en quelque sorte un billet d'entrée gratuit pour le Canada, mais ce n'est assurément pas le cas. C'est ce que nous avons répété à de nombreuses reprises devant le Parlement, dans les médias, dans la sphère publique et aux États-Unis depuis l'arrivée massive de demandeurs d'asile qui a commencé plus tôt cette année.
Nous voulons que les gens sachent que traverser la frontière pour entrer au Canada entre les points d'entrée désignés est illégal. Nous voulons aussi avertir les gens que ce peut être dangereux. C'est la raison pour laquelle il y a des règles rigoureuses en matière d'immigration et de douane qu'il faut respecter.
Soyons clairs: nous appliquons ces règles par l'intermédiaire de l'ASFC, de la GRC, d'IRCC et d'autres organismes qui protègent notre frontière et nos collectivités, tout en veillant au respect de toutes les obligations internationales du Canada, y compris celles prévues à l'article 133 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Tous ceux qui veulent entrer au Canada doivent prouver qu'ils respectent les exigences pour entrer et/ou rester ici. C'est une question de faits, de preuves et de données probantes. Ce n'est pas négociable. Ces exigences s'appliquent, peu importe l'endroit où une personne entre au Canada et la façon dont elle s'y prend.
Ceux qui entrent au Canada à l'extérieur des points d'entrée font l'objet d'un examen particulièrement poussé. Ils sont arrêtés par un agent de la GRC ou un service de police local au titre de la Loi sur les douanes. La GRC mène ensuite une évaluation préliminaire du risque pour déterminer si la personne a participé à une activité illégale ou est un risque pour la sûreté ou la sécurité.
Cette évaluation inclut un interrogatoire détaillé, des fouilles, l'examen de documents et ainsi de suite. Aux termes de l'évaluation, la personne peut rester sous la garde de la GRC pour une enquête plus poussée, si une telle mesure est jugée nécessaire, ou elle peut être transférée à un autre service de police, s'il est approprié de le faire, bien sûr. Ou encore, la personne peut être remise à un agent de l'Agence des services frontaliers du Canada à un point d'entrée ou dans un bureau intérieur de l'ASFC ou d'IRCC.
Après qu'ils passent cette vérification préliminaire des services de police et liée à la sécurité une fois qu'ils sont entrés irrégulièrement au pays, les demandeurs d'asile font ensuite l'objet d'un processus minutieux visant à déterminer s'ils sont admissibles et s'ils peuvent présenter une demande d'asile conformément au droit canadien et au droit international. Il n'y a pas de raccourci, pas d'exception et pas de traitement spécial. Il n'y a pas non plus de garantie qu'un demandeur d'asile pourra rester au Canada. Cette décision revient à la CISR. Ce ne sont pas tous les demandeurs d'asile qui seront acceptés, et ce ne sont pas toutes les personnes qui ont même le droit de présenter une demande d'asile. Les règles sont très clairement précisées dans la LIPR, la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Vérifier l'identité d'un demandeur d'asile est, évidemment, fondamental et essentiel. On le fait dans tous les cas, à chaque fois, à l'aide des renseignements biographiques et biométriques. Cette évaluation inclut une entrevue, la prise des empreintes et de photos et des vérifications médicales, de sécurité et liées au casier judiciaire. Le processus vise à s'assurer que tous ceux qui veulent venir au Canada n'ont pas commis de crime grave et ne constituent pas un risque pour la santé ou la sécurité des Canadiens.
Le dossier d'un demandeur d'asile est examiné à la lumière des préoccupations liées à l'immigration, à la criminalité ou à la sécurité nationale, et on procède à des vérifications dans les bases de données canadiennes, et internationales ainsi que dans d'autres bases de données, y compris celles d'Interpol. Personne ne quitte le point d'entrée sans qu'une telle évaluation initiale de la sécurité ait été réalisée de façon très professionnelle, dans un premier temps, par la GRC, puis par l'ASFC.
En cas de doute, les personnes peuvent être détenues et le seront. Si un demandeur d'asile est admissible, son dossier sera transféré à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qui l'étudiera de façon appropriée. La personne sera autorisée à rester au Canada en attendant l'audience de la CISR, dans le cadre de laquelle chaque demande d'asile est évaluée au cas par cas.
N'oubliez pas que, en raison de la nature même de leur demande, les migrants demandent l'asile au Canada parce qu'ils ont besoin de la protection du Canada pour les maintenir en vie ou assurer leur sécurité. Si la CISR détermine que les personnes n'ont pas besoin de la protection du Canada, elles seront renvoyées du pays. Au titre de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, les mesures de renvoi doivent être appliquées le plus rapidement possible. L'Agence des services frontaliers du Canada est fermement déterminée à le faire. Parfois, vous remarquerez qu'on critique l'Agence pour sa rapidité, mais c'est son devoir au titre de la loi de procéder aux renvois le plus rapidement possible.
Beaucoup de personnes travaillent très dur pour s'assurer que le processus que j'ai décrit est géré de façon efficace et efficiente et de la manière la plus ordonnée possible. Cela inclut la réaffectation de ressources là où elles sont les plus nécessaires au sein de la GRC, de l'ASFC et d'IRCC. Pour réagir au nombre accru de demandeurs d'asile, cette année, il a fallu un effort vraiment pangouvernemental. En plus des deux ou trois ministères dont la participation est évidente, de nombreux autres ministères ont participé à la réaction coordonnée, intervention qui est organisée et coordonnée par le Centre des opérations du gouvernement, lequel relève de mon ministère, celui de la Sécurité publique. Le leadership dont ont fait preuve tous les organismes a permis une intervention efficiente et efficace dans le cadre d'une situation très fluide.
La capacité de traitement accru à Lacolle et dans les bureaux intérieurs de Montréal et de Cornwall a permis de réduire de façon importante le nombre de personnes qui attendaient leur traitement initial et le processus de détermination de la recevabilité de leur demande. Dans certains cas, nous avons pu réaliser l'entrevue initiale et l'enquête ainsi que l'entrevue secondaire à l'étape de l'admissibilité à Lacolle, ce qui a permis de réduire les pressions plus tard dans le cadre du processus.
Comme les membres du Comité le savent, le groupe de travail intergouvernemental spécial sur la migration irrégulière, dont le ministre Hussen et moi sommes membres, a récemment été créé. Il inclut non seulement les organismes fédéraux, mais aussi un certain nombre d'organismes provinciaux, et l'objectif est de travailler sur des enjeux liés à l'arrivée des demandeurs d'asile qui entrent au Canada depuis les États-Unis. La collaboration à ce niveau a été très bonne. Le groupe de travail s'est réuni quatre fois jusqu'à présent, la dernière fois remontant à il y a une semaine aujourd'hui.
Les autorités canadiennes font diligence pour protéger l'intégrité de notre frontière et la sécurité de notre pays tout en appliquant les règles et procédures pour fournir l'asile à ceux qui ont besoin de notre protection conformément au droit canadien et au droit international. Le gouvernement continuera de gérer les cas de migration irrégulière conformément à ces lois et conformément à nos valeurs en tant que pays ouvert et accueillant.
Merci de votre intérêt; je suis maintenant heureux de céder la parole au ministre Hussen.
:
Merci beaucoup, monsieur le ministre Goodale.
Monsieur le président, pour commencer, joyeux anniversaire.
Le président: Ce n'est pas mon anniversaire, c'est le sien.
L'hon. Ahmed Hussen: Ce n'est pas le vôtre. D'accord, je pensais que ce l'était. Quelqu'un m'a dit que c'était votre anniversaire.
Je suis heureux de me présenter de nouveau devant le Comité. Je serai heureux de répondre aux questions des membres sur ce sujet important et opportun.
[Français]
D'abord, je vais formuler quelques commentaires.
[Traduction]
Je sais qu'au cours des deux dernières réunions, vous avez entendu des représentants de mon ministère décrire certaines des mesures que nous avons prises pour remédier à la récente augmentation du nombre de demandeurs d'asile qui entrent au Canada depuis les États-Unis à l'extérieur des points d'entrée désignés.
J'aimerais faire un suivi de ces commentaires en insistant sur le fait qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada travaille en étroite collaboration avec d'autres ministères et organismes, de même qu'avec d'autres ordres de gouvernement, afin d'assurer notre capacité de gérer cette situation et d'accélérer le traitement des demandes reçues, tout en maintenant l'intégrité du système d'asile. Je souligne également que, pendant que les demandeurs d'asile attendent une décision à l'égard de leur dossier, l'aide sociale qu'ils reçoivent est financée et fournie par nos partenaires provinciaux. Alors que nous prenons ces mesures, nous demeurons fermement déterminés à assurer une immigration ordonnée et, avant tout, à assurer la sécurité de tous les Canadiens.
Monsieur le président, les Canadiens peuvent avoir la certitude que nous surveillons la situation depuis bien des mois et que nous avons mis en place les plans nécessaires. Bien qu'il s'agisse d'une situation hors de l'ordinaire, nous la gérons de façon responsable, efficace et professionnelle. J'aimerais aussi profiter de l'occasion pour remercier les fonctionnaires de mon ministère et de tous les organismes participants qui ont su relever le défi et réagir avec un professionnalisme, une capacité d'adaptation, une rapidité et une ingéniosité sans pareils.
Je souhaite donner quelques exemples de situations où les fonctionnaires ont su relever le défi. Quand nous avons constaté que le nombre de migrants irréguliers commençait à augmenter au passage frontalier de Lacolle, nous nous sommes mobilisés rapidement afin de réaffecter le personnel et de mettre en place des espaces de bureau supplémentaires de façon à pouvoir gérer le volume croissant de personnes et traiter rapidement les cas de demandeurs d'asile en vue de leur enquête. En fait, ces efforts nous ont permis de réduire le temps nécessaire pour réaliser le processus d'établissement de la recevabilité, qui est passé de cinq à sept mois à de cinq à sept jours.
Nous avons trouvé un moyen d'accélérer le traitement des demandes de permis de travail des demandeurs d'asile de partout au Canada afin d'atténuer la pression sur le budget d'aide sociale des gouvernements provinciaux. C'est un problème qui avait été soulevé par le gouvernement du Québec, et nous avons agi rapidement pour mettre en vigueur une nouvelle norme de service de 30 jours pour le traitement des demandes de permis de travail des demandeurs d'asile afin que ceux-ci puissent subvenir à leurs besoins et être autosuffisants en attendant de connaître la décision relative à leur dossier. Cela réduit au minimum l'impact sur les programmes provinciaux d'aide sociale.
Dans un même ordre d'idées, nous avons prévu des demandes d'accommodement pour veiller à ce que les demandeurs d'asile soient couverts par le Programme fédéral de santé intérimaire immédiatement après la vérification des antécédents, pendant qu'ils attendent leur première audience. Cette réalisation est importante pour garantir la protection de la santé publique et l'accès des demandeurs d'asile à des soins de base, et pour s'assurer de ne pas créer de fardeau excessif pour les salles d'urgence des hôpitaux et les budgets provinciaux consacrés aux soins de santé.
Monsieur le président, ce sont tous d'excellents exemples de la façon dont nous sommes intervenus efficacement dans une situation hors du commun. En même temps, nous nous efforçons de rectifier l'information erronée qui a incité de nombreuses personnes à traverser notre frontière. Nous savons que la situation actuelle découle en grande partie des faux renseignements qui circulent sur différents médias sociaux et par d'autres moyens de communication selon lesquels certains groupes recevront un traitement préférentiel ou se verront octroyer un statut au Canada. Bien entendu, cela est faux: tous les demandeurs d'asile ont été et continuent d'être traités conformément aux lois en vigueur.
Nous avons pris un certain nombre de mesures pour démentir les faux renseignements et informer les personnes au Canada et aux États-Unis des faits concernant le processus d'octroi de l'asile au Canada. Au cours des dernières semaines, deux de nos collègues, députés multilingues, se sont rendus aux États-Unis pour aider à rectifier les renseignements qui circulent parmi les différentes diasporas.
Ils ont rencontré des politiciens et des dirigeants communautaires et ont participé à des séances avec les médias locaux et multiculturels, ainsi qu'avec les médias canadiens et les autres médias américains. J'ai également eu l'occasion de mener une discussion en table ronde très efficace sur cet enjeu même en compagnie de groupes qui oeuvrent auprès des communautés d'immigrants des États-Unis, à New York. En fait, j'ai même pu recevoir des appels de personnes qui appelaient pour poser des questions au sujet du système de demandes d'asile au Canada. Parmi les participants à la table ronde se trouvaient les plus importants fournisseurs de services aux immigrants de l'État de New York, des représentants du bureau du maire de la Ville de New York et des fournisseurs de services juridiques pour les immigrants. Ces groupes seront maintenant en mesure de transmettre les bons renseignements aux milliers de personnes auxquels ils offrent de l'aide chaque mois et chaque semaine.
L'une des choses qui sont devenues claires grâce à ces réunions, c'est le fait que bon nombre de groupes différents aux États-Unis reçoivent de faux renseignements au sujet du processus d'octroi de l'asile au Canada. Par l'entremise de nos missions et consulats aux États-Unis, nous coordonnons des approches de sensibilisation ciblant chacune de ces communautés. Parallèlement, nous communiquons avec des intervenants qui sont ici, au Canada, au moyen de courriels ciblés à l'intention d'organisations d'intervenants clés, de messages vidéo et audio publiés sur notre site Web, de campagnes de sensibilisation auprès des médias et de messages dans les médias sociaux. Tous ces produits sont en cours de traduction vers les langues des diasporas que nous essayons de joindre. Nous avons aussi commencé à suivre les médias en langue espagnole aux États-Unis et leur avons transmis nos produits de sensibilisation.
Des efforts sont également déployés pour recueillir des renseignements auprès des personnes qui sont déjà au pays, afin de déterminer leur provenance et les sources d'information sur lesquelles elles se sont fiées lorsqu'elles ont décidé d'entreprendre le voyage vers le Canada.
Monsieur le président, nous intensifions nos efforts de sensibilisation et notre collecte de renseignements; nous avons la situation bien en main. Je me réjouis de poursuivre notre collaboration avec nos partenaires clés, y compris les provinces et les territoires, et la planification d'urgence pour gérer les fluctuations futures. Dans le cadre du processus actuel, dès que les provinces nous informent de points de pression, nous travaillons en collaboration avec elles pour assurer la coordination des solutions à ces problèmes.
Les Canadiens ne doivent pas douter que nos dirigeants continuent de gérer cette situation hors du commun de façon professionnelle et efficace.
Je tiens à vous remercier beaucoup et je serai heureux de répondre à vos questions. Merci beaucoup.
:
Absolument. L'entente sur les tiers pays sûrs est un accord entre le Canada et les États-Unis. L'accord est essentiellement fondé sur un principe. Ce principe, soutenu par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, prévoit qu'un demandeur d'asile ne doit pas magasiner son pays d'asile. Il doit présenter sa demande d'asile dans le premier pays sûr où il arrive. Essentiellement, si un demandeur d'asile arrivait au Canada, il ne devrait pas demander l'asile aux États-Unis. L'opposé est aussi vrai. Si la personne arrive en premier aux États-Unis, elle ne doit pas venir demander l'asile au Canada.
À la lumière de ce principe, le Canada et les États-Unis ont conclu un accord en 2004. L'accord prévoit que nous appliquerons ce principe. Au moment où l'accord a été négocié, essentiellement, l'accord devait concerner les points d'entrée où les représentants canadiens et américains peuvent voir les demandeurs d'asile arriver. L'entente, telle qu'elle était prévue lorsqu'elle a été signée, couvrait la situation où des gens se présentent d'eux-mêmes à un point d'entrée et demandent l'asile. L'entente est toujours en place. Lorsque, par exemple, un demandeur d'asile arrive des États-Unis et se présente dans un point d'entrée canadien, l'Entente sur les tiers pays sûrs s'applique. On demande à la personne de retourner aux États-Unis pour présenter sa demande d'asile là-bas.
Il y a des exceptions à cette Entente sur les tiers pays sûrs. Par exemple, si une personne a un lien de sang ou s'il s'agit d'un mineur non accompagné, alors on peut quand même présenter une demande au Canada. Essentiellement, toutefois, le principe général, c'est que si on se présente à un point d'entrée canadien ou américain, en provenance soit du Canada, soit des États-Unis, on est censés présenter la demande d'asile dans le pays d'où on arrive.
:
J'aimerais moi aussi souhaiter joyeux anniversaire au ministre. C'est peut-être un peu déplacé pour moi de souligner qu'il a quelques années de plus que mon père.
Mais, sérieusement, je crois que nous tous, ici, peu importe nos allégeances politiques, reconnaissons qu'assurer un contrôle rigoureux des frontières canadiennes aide à accroître le niveau de confiance à l'égard du système d'immigration. Je crois que cela aide aussi à prévenir la montée de la rhétorique nationaliste, comme ce que nous avons vu au sud de la frontière. Je vais poser mes questions dans ce contexte.
Nous avons entendu cette semaine que la CISR affiche un arriéré de 40 000 cas, ce qui est incroyable. Évidemment, il faut faire tout en notre pouvoir pour nous assurer qu'on respecte l'esprit de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Il a été souligné que, lorsque cette entente a été négociée, en 2002, plusieurs échappatoires ont été permises. Franchement, elles ont été utilisées pour contourner l'esprit de l'entente, par les gens qui entrent au Canada illégalement en provenance des États-Unis et qui présentent ensuite des demandes d'asile ici.
Comme un autre de mes collègues et ancien ministre de l'Immigration l'a déclaré, il avait demandé à répétition à l'administration Obama de modifier l'ETPS afin d'éliminer les échappatoires. Il a aussi déclaré que l'administration a catégoriquement refusé d'envisager tout changement.
Hier, j'ai remarqué qu'il a émis l'hypothèse que c'était parce que le gouvernement américain estime qu'il est dans son intérêt qu'un certain nombre de clandestins « s'auto-expulse » au Canada, afin que les États-Unis n'aient pas à s'inquiéter d'en faire le suivi, de les détenir ou de les expulser.
Je vous demande non pas de commenter ces propos, mais plutôt de répondre à la question qui suit. Est-ce que le gouvernement a abordé le sujet de modifier l'Entente sur les tiers pays sûrs pour inclure les demandes d'asile présentées par des gens qui entrent au Canada par des points d'entrée non officiels avec la nouvelle administration américaine, surtout dans le cadre de la renégociation de l'ALENA? Je crois qu'on pourrait dire qu'il serait hypocrite pour les Américains de demander au Canada d'améliorer la sécurité à la frontière s'ils ne sont pas prêts à faire de même.
Ou le gouvernement est-il plutôt heureux de donner à la nouvelle administration l'option plus facile d'encourager les gens à s'auto-expulser dans notre pays en utilisant un minimum de ressources américaines pour y arriver?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, chers ministres et représentants. Merci de votre exposé.
J'aimerais parler un peu de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Je sais que le point de vue du gouvernement et celui du ministre est que nous devrions garder en place l'Entente sur les tiers pays sûrs.
Toutefois, le ministre doit savoir que, dans un cas, un demandeur d'asile, M. Seidu Mohammed, est arrivé en plein coeur de l'hiver. Il a traversé la frontière et nous a en fait avisés que sa demande présentée aux États-Unis avait été rejetée. Il a cité les centres de détention de l'immigration et le manque d'accès à un conseiller juridique comme des facteurs importants expliquant pourquoi sa demande a été rejetée aux États-Unis. Il est venu au Canada, a perdu des doigts en plein coeur de l'hiver, a présenté une demande, qui a été accueillie. Le Canada a conclu qu'il était un demandeur d'asile valide et lui a accordé le statut lui permettant de demeurer au Canada.
C'est un cas qui montre que l'Entente sur les tiers pays sûrs ne fonctionne pas... du moins pas pour M. Mohammed.
L'autre situation qui a été portée à notre attention par la CISR, c'est le fait que quelque 300 demandes ont maintenant été traitées. Un peu plus de 50 % des 300 demandes ont débouché sur une demande d'asile accueillie, ici, au Canada, et je suggérerais donc que le ministre examine cela de façon attentive et intensive. Le Canada a l'obligation juridique, sur la scène internationale, de jouer son rôle en ce qui concerne les demandeurs d'asile. En toute franchise, de nombreuses personnes, y compris des experts, disent que l'Entente sur les tiers pays sûrs ne fonctionne pas.
Je vais laisser cela entre les mains du ministre. J'aimerais obtenir une réponse rapide de sa part, particulièrement en ce qui concerne le cas de M. Mohammed. Comment pouvez-vous dire que l'Entente sur les tiers pays sûrs fonctionne pour les gens, quand, dans les faits, elle n'a pas fonctionné, du moins pas pour lui?
Le ministre a dit qu'il a l'impression que tout est bien géré. Cela ne concerne pas le personnel sur le terrain. Je dois dire — et c'est les commentaires que je reçois du personnel de l'ASFC et, en réalité, à chaque échelon — que l'ensemble du personnel fait un travail exemplaire, ainsi que la collectivité, dans une situation très difficile.
Toutefois, pour répondre à la question d'un membre du Comité, il est intéressant de noter qu'IRCC indique qu'il n'a commencé à faire le suivi des traversées illicites qu'au début avril 2017. Par conséquent, on ne peut faire état des demandes présentées par les personnes qui sont entrées depuis le début de 2017. Il y a donc une lacune.
Si le gouvernement avait surveillé la situation dès le départ, prévoyant les répercussions qu'entraînerait l'administration Trump... Il y a une énorme lacune, n'est-ce pas? Les traversées illicites ont commencé avant avril 2017; pourquoi le gouvernement n'a-t-il donc pas mis cela en branle dès le départ? Et qu'en est-il du Manitoba? On fournit des ressources au Québec, ce qui est fantastique, mais qu'en est-il du Manitoba? Je sais que le Manitoba a demandé des ressources supplémentaires, particulièrement au chapitre des services de réinstallation. La Colombie-Britannique est aussi confrontée à des pressions énormes de la part des ONG. Elle en a parlé directement au ministre, et celui-ci a fait fi de cette demande, et rien ne s'est passé à cet égard.
Comment le ministre peut-il donc dire que vous avez géré cela de façon efficace?
:
Il ne fait aucun doute pour moi que les chiffres que nous examinions cet été étaient inhabituels en ce qui concerne le volume des arrivées quotidiennes. Nous avions au départ une moyenne quotidienne oscillant entre 20 et 30, puis ce chiffre est passé à 50 et il a enfin grimpé jusqu'à 200 à 300 par jour.
Ce qu'il est important de noter ici, c'est qu'il y a eu de la planification. Le bureau satellite de la GRC situé à Lacolle, que j'ai été en mesure de visiter, avait été mobilisé avant que l'afflux augmente. L'ASFC a été en mesure d'élargir rapidement ses activités et de redéployer du personnel.
J'ai pu constater directement le professionnalisme dont on a fait preuve et la façon humaine avec laquelle on a traité les gens. Il n'y a eu absolument aucune détérioration de nos processus de filtrage rigoureux permettant de nous assurer qu'on s'occupait de façon professionnelle de chaque demandeur d'asile qui était traité dans cet établissement.
En ce qui concerne IRCC, nous avons rapidement augmenté notre capacité à Montréal pour être en mesure de passer de 32 audiences d'admissibilité par jour à environ 200 par jour, grâce à l'obtention de plus d'espace et au redéploiement du personnel d'autres régions du Québec et du Canada, parce que nous avons reconnu qu'il s'agissait d'un point faible et nous l'avons traité en conséquence.
Mon impression par rapport à toute la situation, c'est qu'il s'agissait d'un afflux inhabituel. C'était une augmentation qui n'était pas semblable aux volumes précédents, mais le fait que nous ayons par la suite été en mesure de travailler en étroite collaboration avec le Québec et l'Ontario nous a permis de corriger les points faibles et d'augmenter la capacité au sein de notre propre ministère et d'autres ministères, de façon à réagir à la situation avec professionnalisme. Ce n'était pas une crise.
:
Merci, messieurs les ministres.
Merci, monsieur Tabbara.
Voilà qui conclut notre période avec vous.
Puisque c'est la prérogative du président, je veux prendre une minute pour remercier les représentants et les ministres non seulement de leur temps, mais aussi de leur travail sur cet enjeu.
La semaine dernière, j'ai eu l'occasion de me rendre au Manitoba, et j'ai rencontré 11 des demandeurs d'asile qui avaient traversé la frontière à Emerson, y compris celui que Mme Kwan a mentionné aujourd'hui. J'étais incroyablement fier d'être Canadien.
Je leur ai demandé de me raconter leur histoire au sujet du passage de la frontière et du respect dont les membres de la GRC avaient fait preuve à leur égard, notamment en s'assurant qu'ils reçoivent un traitement médical et de quoi manger. Un agent a offert un manteau lors d'une journée très froide de janvier. Les agents des services frontaliers m'ont raconté l'histoire, et, en tant que Canadien, j'ai éprouvé un sentiment exceptionnellement positif en entendant parler du respect dont on avait fait preuve et de l'application régulière de la loi à l'égard des réfugiés, de la part d'IRCC également, bien entendu. Deux d'entre eux avaient déjà eu leur audience devant la CISR et ils avaient réussi à établir qu'ils avaient besoin de protection au Canada, et neuf réfugiés sont en attente d'une audience reportée.
Nous allons continuer d'exercer des pressions sur vous relativement à la CISR et afin d'obtenir des ressources.
Non pas en tant que député, mais en tant que Canadien, j'étais exceptionnellement fier de vos forces et de vos responsables ainsi que du travail que vous faites, alors je vous remercie.
Nous allons suspendre la séance pendant que nous changeons de témoins.
:
Merci, monsieur le président.
Voici pourquoi j'invoque le Règlement.
Comme nous venons tout juste d'entendre les représentants d'IRCC l'affirmer en réponse à une question que j'avais posée, plus particulièrement en ce qui a trait aux passages irréguliers qui font l'objet d'un suivi par IRCC, une réponse écrite qui nous a été fournie énonce que les passages irréguliers ont commencé à faire l'objet d'un suivi dans les systèmes d'IRCC seulement au début d'avril 2017. Par conséquent, il est impossible de faire état des demandes d'asile présentées par les personnes qui sont entrées depuis le début de 2017.
J'ai posé cette question au sujet des renseignements de l'an dernier qui doivent nous être fournis, car les passages irréguliers ont commencé en plein hiver. Ces renseignements, demandés en réponse à la question posée par un membre du Comité, n'ont pas été fournis, et les représentants ont affirmé qu'ils n'avaient pas cette information.
Nous venons tout juste d'entendre — quand j'ai posé cette question au ministre, qui l'a renvoyée à son représentant — qu'ils possédaient ces renseignements.
Comment est-il possible que nous ayons reçu une réponse écrite qui est contradictoire? Nous n'obtenons pas de renseignements exacts, et, à mes yeux, c'est extrêmement troublant. Monsieur le président, je soulève donc cette question et la porte à votre attention. J'espère que nous n'aurons pas à parcourir ces genres de documents contenant des renseignements inexacts, qui nous ont été présentés, et je vous demande de faire le suivi auprès du représentant officiel à cet égard.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je m'appelle Niall Cronin, et je suis le directeur de la division d'Affaires mondiales Canada responsable de la coordination des activités de défense des intérêts et d'engagement menées aux États-Unis et au Mexique au nom du gouvernement du Canada.
Nous travaillons en étroite collaboration avec IRCC, l'ASFC, les provinces et d'autres intervenants depuis l'été sur la question que nous allons aborder aujourd'hui. À la demande d'IRCC et dans le but de fournir des renseignements exacts et de recueillir des réflexions sur le terrain, l'ambassade du Canada à Washington et notre réseau de 12 consulats généraux aux États-Unis mènent actuellement des activités de sensibilisation sur cet enjeu. Nous nous concentrons sur la détection et la correction des renseignements inexacts, en ce qui concerne le processus d'octroi de l'asile du Canada, qui circulent dans certaines collectivités des États-Unis. Plus particulièrement, notre ambassade et nos consulats généraux travaillent à l'établissement de liens avec des représentants locaux, les médias locaux et des organismes communautaires des États-Unis qui peuvent contribuer à corriger toute information erronée qui pourrait circuler au sujet des processus d'immigration du Canada. Nous travaillons également à la collecte de renseignements et de réflexions auprès de représentants et d'organismes communautaires au sujet de tout mouvement ou modèle de migration possibles. Enfin, nous appuyons la sensibilisation par les députés et les ministres, y compris le ministre Hussen et les députés et Dubourg.
Depuis la fête du Travail, nos représentants ont communiqué avec près de 25 décideurs des États-Unis, y compris des membres du Congrès, des gouverneurs et des lieutenants-gouverneurs, et ont rencontré de nombreux représentants diplomatiques, dirigeants communautaires et représentants d'organisations non gouvernementales, et d’administrations municipales, de comté ou d’État de partout aux États-Unis. Ces renseignements sont recueillis, puis transmis à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Je devrais également de souligner que les activités de défense des intérêts menées en personne aux États-Unis sont appuyées par les outils de mobilisation numérique. En effet, les médias sociaux permettent de communiquer les messages du gouvernement du Canada en anglais, en français, en espagnol et en créole afin de corriger tout renseignement erroné sur le système d’immigration canadien.
Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion d’informer le Comité sur le sujet. J’ai hâte de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président et membres du Comité, bonjour.
Je suis la brigadière-générale Lise Bourgon, directrice générale des opérations de l'État-major interarmées stratégique au sein des Forces armées canadiennes.
[Traduction]
L'opération Element est une contribution des FAC à la réaction pangouvernementale à l'affluence de demandeurs d'asile traversant la frontière jusqu'au Québec à partir des États-Unis. Au pire de la crise, les Forces armées canadiennes ont été chargées de fournir des logements temporaires et de les rendre accessibles à nos partenaires fédéraux et civils afin qu'ils puissent les utiliser.
En conséquence, les Forces armées canadiennes ont construit des tentes pouvant accueillir jusqu'à 1 200 membres du personnel, à Lacolle, au Québec, et 500 membres du personnel au Centre NAV Canada, à Cornwall. Les FAC ont également préparé nos camps de cadets de Valcartier, de Trenton et de Gagetown, au cas où les capacités de logement provisoire du Québec ne pourraient pas répondre à la demande.
Tout au long de cette opération, les FAC ont joué un rôle de soutien pour l'ASFC et IRCC, et le centre des opérations de Sécurité publique du gouvernement du Canada tenait lieu d'organisation de coordination générale.
Voilà tout ce que j'avais à dire aujourd'hui. Je vous remercie de m'avoir appelée à comparaître. Je répondrai à toutes vos questions.