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Bonjour. Je m'appelle Hans Kristensen. Je suis un éleveur de porcs et de poulets du Nouveau-Brunswick. Je suis aussi 1er vice-président du Conseil canadien du porc. J'aimerais d'abord remercier les membres du Comité de m'avoir invité à venir discuter de l'étude sur les changements climatiques et sur les problèmes de conservation de l'eau et des sols.
Comme tous les Canadiens, les éleveurs de porcs s'inquiètent des conséquences des changements climatiques et de l'incidence que nous, les producteurs alimentaires, avons sur les sols et sur les ressources en eau dont nous dépendons. Les changements climatiques ne sont pas pour nous un défi théorique. Ils ont des répercussions sur les cultures que nous produisons, les installations que nous utilisons pour protéger nos animaux et les maladies végétales et animales auxquelles nous devons faire face chaque jour. Souvent, nos familles vivent sur nos fermes, et, la plupart du temps, notre réussite dépend de notre capacité de transférer nos fermes de génération en génération.
À ces considérations générales s'ajoute la réalité concrète de devoir soutenir jour après jour la concurrence sur le marché mondial. Les éleveurs de porcs canadiens exportent près de 70 % de leur production. Nous évoluons dans un environnement hautement concurrentiel, et l'un de nos principaux avantages est notre accès à des sols de grande qualité et à un approvisionnement constant en eau.
Nous sommes bien conscients de l'importance de ces ressources, et c'est pourquoi nous nous efforçons d'en assurer la disponibilité à long terme. La nécessité d'être concurrentiel à l'échelle mondiale signifie que nous devons sans cesse nous employer à produire davantage de porcs en utilisant, simultanément, moins de terre, d'eau et d'énergie. De plus, les éleveurs de porcs sont pleinement conscients de l'importance de préserver la confiance des Canadiens, et je parle ici de tous les Canadiens, pas seulement ceux qui consomment notre porc. Notre approbation sociale est très importante pour nous.
Cela signifie que les producteurs subissent des pressions énormes non seulement pour être des intendants de leur propre environnement, mais aussi pour être des gardiens de l'environnement en général. Nous acceptons ce défi et avons commencé à suivre de près nos progrès. Les éleveurs québécois, par exemple, surveillent régulièrement leurs améliorations. En seulement quatre ans, ils ont réduit de près de 2 % la quantité d'eau nécessaire pour produire un kilo de porc. Ils se sont également comparés aux éleveurs mondiaux et ont constaté que leur empreinte de carbone était de 31 % inférieure à la moyenne mondiale.
Des recherches menées aux États-Unis montrent que les éleveurs de porcs américains, qui utilisent des systèmes de production similaires à ceux utilisés au Canada, ont, au cours des cinquante dernières années, réduit de 50 % les ressources naturelles consommées par les porcs pour chaque kilo de porc produit. Les agriculteurs utilisent 40 % moins d'eau, 33 % moins de nourriture et jusqu'à 59 % moins de terre.
À l'échelle nationale, la Table ronde sur la chaîne de valeur du porc s'appuiera sur les travaux menés à l'échelle provinciale pour entreprendre une analyse du cycle de vie de l'industrie du porc au Canada. Au fil des ans, nous avons adopté différentes initiatives, souvent en partenariat avec les gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi qu'avec des administrations municipales.
L'adoption de plans agroenvironnementaux est un des premiers exemples. Le plan environnemental de la ferme est une évaluation menée par les éleveurs en vue de cerner et d'atténuer les risques environnementaux éventuels sur la ferme. Ces plans, combinés aux mesures d'incitations techniques et financières visant à s'attaquer aux problèmes décelés, ont permis non seulement d'attirer l'attention sur les problèmes à la ferme, mais également de mettre en oeuvre des mesures pour y remédier. C'est là un exemple typique de pensée globale et d'action locale.
La gestion du lisier de porcs est un domaine dans lequel notre industrie s'est grandement investie pour mettre en oeuvre des pratiques à caractère scientifique visant à réduire notre incidence sur les sols et l'eau. L'épandage de lisier de porcs sur les terres agricoles est un moyen économique et durable sur le plan de l'environnement d'augmenter le rendement des récoltes par l'apport de substances nutritives et de matières organiques. Les nutriments présents dans le lisier de porcs peuvent remplacer les fertilisants chimiques et réduire les émissions de gaz à effet de serre associés à leur production. Cependant, la valeur du lisier ne se limite pas à la valeur cumulée des différents nutriments. Le lisier de porcs est un excellent engrais qui améliore la qualité du sol en en augmentant le contenu organique.
Afin d'optimiser la valeur du lisier de porcs, les éleveurs du Canada élaborent des plans de gestion des éléments nutritifs. Ces plans, élaborés avec l'aide de spécialistes des sols et de l'eau, permettent de veiller à ce que la capacité de stockage du fumier soit adéquate et que l'épandage soit effectué le plus avantageusement possible pour la terre. Dans plusieurs régions du Canada, les éleveurs utilisent un procédé d'épandage du fumier par injection. Une telle injection directe dans le sol assure une utilisation maximale des nutriments disponibles par la culture.
Le soutien financier du gouvernement, souvent lié aux plans agroenvironnementaux, s'est révélé d'une grande efficacité au moment de mettre en oeuvre des mesures visant à mieux gérer le stockage et l'épandage du fumier. Les éleveurs travaillent aussi en étroite collaboration avec le gouvernement afin de trouver des solutions à l'échelle des bassins hydrographiques et de gérer la qualité de l'eau. Par exemple, les éleveurs ontariens travaillent activement en collaboration avec des fonctionnaires du gouvernement ontarien et d'autres intervenants de l'industrie agricole dans le cadre du Plan d'action national pour le bassin des Grands Lacs.
Cependant, il reste du travail à faire. Pour cette raison, les éleveurs créent des partenariats avec les gouvernements et investissent massivement dans la recherche et le développement.
Par exemple, près de la moitié de l'empreinte carbone associée à l'élevage du porc est attribuable à la production de récoltes destinées à l'alimentation des porcs. L'amélioration de l'indice de conversion offre une excellente occasion de réduire l'effet global de la production porcine et le nombre d'acres nécessaire à l'alimentation des porcs. Des projets de recherche en cours étudient pratiquement tous les aspects de la question, du recensement d'animaux génétiquement supérieurs à l'utilisation de probiotiques qui contribuent à améliorer la disponibilité des nutriments consommés par les porcs. Des efforts sont également déployés pour cerner des méthodes pratiques qui mèneront à de plus grandes économies en matière d'aliments, d'eau et d'énergie.
Vu l'importance de l'innovation, nous sommes ravis de la priorité que lui accorde le gouvernement du Canada. Les éleveurs de porcs canadiens attendent avec intérêt le lancement du nouveau Partenariat canadien pour l'agriculture. Grâce au programme Agri-science, les éleveurs de porcs pourront poursuivre leur partenariat à long terme avec Agriculture et Agroalimentaire Canada afin d'exploiter la recherche pour relever les défis fondamentaux de notre industrie.
En ce qui concerne le porc, nos travaux de recherche sont dirigés par Swine Innovation Porc, qui a son siège social à Québec et qui favorise les activités de recherche dans le secteur porcin canadien. Son principal objectif consiste à accroître la rentabilité et le développement durable au sein de l'industrie canadienne du porc en appuyant la mise au point de technologies les plus novatrices possible qui profiteront à l'ensemble de la chaîne de valeurs du porc.
Bien que le secteur du porc ait grandement tiré profit de l'initiative des grappes agroscientifiques, les ressources que nous pouvons mettre à contribution sont limitées. En 2016, le Conseil canadien du porc a mené à terme le processus public de création d'un office de promotion et de recherche. Un tel office offrirait aux éleveurs une nouvelle source de fonds de l'industrie qui pourrait servir à élargir notre programme d'innovation et est absolument critique à nos améliorations futures. Nous attendons avec intérêt que le gouvernement du Canada termine son examen de notre demande et prenne les mesures nécessaires pour créer un tel office.
D'importants progrès ont été réalisés dans la lutte contre les changements climatiques. En effet, nous améliorons sans cesse l'efficacité et la durabilité environnementale de notre production, en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre par l'adoption de pratiques novatrices en matière de santé et d'élevage, par l'adoption d'outils à l'appui d'une production durable et respectueuse de l'environnement et par l'utilisation de moins de ressources. De telles initiatives réduisent l'incidence de la production du porc sur l'environnement tout en en maximisant la contribution à l'économie.
Je vous remercie encore une fois de l'occasion qui m'est offerte de comparaître devant le Comité aujourd'hui et de traiter de cet important sujet. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup. Je regrette de ne pas pouvoir être là en personne avec mes collègues du Nouveau-Brunswick. En fait, c'est dans l'industrie du porc que j'ai commencé ma carrière dans le domaine agricole. Je travaillais sur la question des changements climatiques au sein de l'industrie porcine, et c'est donc intéressant d'y revenir.
Je suis à Abou Dhabi cette semaine. Nous faisons la promotion de l'exportation de plantes fourragères canadiennes un peu partout dans le monde, ce dont je vais parler un peu plus tard.
Je tiens à me faire l'écho des commentaires de Hans et à remercier le Comité de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui. Je ne crois pas que vous ayez sous les yeux mes notes d'allocution, mais elles ont été soumises.
Je veux vous donner un bref aperçu de l'importance du secteur des plantes fourragères canadien. Nous cultivons environ 70 millions d'acres au Canada. Environ 34 millions d'acres sont utilisés pour faire pousser du foin cultivé, des cultures de pâture et pour produire des semences de plantes fourragères. Les 36 autres millions d'acres sont constitués de grands pâturages naturels, et on les trouve principalement dans l'Ouest canadien.
Pour ce qui est des comparaisons avec le secteur des grandes cultures, en 2017, selon la publication Perspectives des principales grandes cultures au Canada d'Agriculture et Agroalimentaire Canada de 2017, il y avait environ 65 millions d'acres de cultures annuelles au Canada. En fait, le secteur des plantes fourragères compte, dans l'ensemble, 5 millions d'acres de plus que l'ensemble du secteur des cultures annuelles. Nous occupons une place assez importante dans le paysage agricole canadien.
Les utilisations qu'on fait de nos plantes fourragères sont de toute évidence étroitement liées aux industries d'élevage du bétail. Au Canada, il s'agit principalement du boeuf, de vaches laitières, des moutons, des chèvres, du bison et, dans une moindre mesure, des chevaux qui, fait surprenant, consomment beaucoup de plantes fourragères au Canada. C'est surprenant quand on y pense bien. Je sais que, au Nouveau-Brunswick, il y a autant de chevaux qu'il y a de vaches laitières et de vaches de boucherie. C'est une industrie importante qui consomme beaucoup de plantes fourragères canadiennes.
Une part d'environ 5 % de la production canadienne est exportée dans différentes destinations aux États-Unis, au Japon, en Corée, en Chine et au Moyen-Orient. Nous sommes ici cette semaine pour représenter l'industrie. Les principales plantes fourragères exportées ici sont le foin de phléole et la luzerne, production qui est principalement destinée au secteur laitier, dans la majorité des cas, mais il convient aussi de souligner l'importante utilisation faite par les éleveurs de chevaux, de chèvres, de brebis et, en fait, de chameaux. Je n'ai jamais visité un élevage de chameaux, mais, demain, je me rends dans le désert pour en voir un. J'ai bien hâte.
Pour ce qui est de la valeur économique du secteur fourrager, à la lumière des données du Recensement de l'agriculture de 2011, l'industrie vaut environ 5,09 milliards de dollars, ce qui la place au troisième rang des plus importantes cultures, après le blé et le canola. Par conséquent, c'est une industrie qui a une importante incidence directe dans le domaine agricole canadien. De plus, puisqu'il s'agit d'une culture de base pour les industries laitières et bovines canadiennes, nous soutenons une industrie de 11 milliards de dollars, qui, quant à elle, appuie des activités économiques annuelles à l'échelle de la chaîne de valeur de 50 milliards de dollars au Canada. Encore une fois, en plus d'être très présent dans le paysage agricole, notre secteur contribue aussi de façon importante à l'économie.
La contribution à l'environnement dont nous parlons aujourd'hui est elle aussi assez impressionnante. Lorsque nous parlons de contribution à l'environnement, nous parlons principalement des biens et services écologiques, ce qui inclut, entre autres, la lutte contre l'érosion, la lutte contre les inondations, l'amélioration de la qualité de l'eau de surface, les habitats fauniques, les services de pollinisation et la séquestration de carbone dans le sol, choses sur lesquelles nous avons beaucoup mis l'accent au cours des deux ou trois dernières années. Je vais décrire un important projet que nous réalisons actuellement dans quelques instants.
En 2012, Doug Yungblut a réalisé une étude sur la valeur économique globale de l'industrie et la valeur des biens et services écologiques. Son rapport laisse entendre que, seulement en Saskatchewan, la valeur des biens et services écologiques oscillait entre 895 millions et 1,9 milliard de dollars. En Alberta, on parlait d'une fourchette de 390 millions à 1,3 milliard de dollars.
L'estimation élevée pour l'Alberta et la Saskatchewan seulement est de plus de 3 milliards de dollars de biens et services écologiques par année. On parle ici d'une contribution importante.
Un de nos défis, c'est que nous n'avons pas un procédé de marché complet nous permettant de monétiser ne serait-ce qu'une portion de la valeur des biens et services écologiques fournis par les producteurs fourragers canadiens au grand public du Canada, ce qui a une incidence sur la prévalence des cultures fourragères à l'échelle du territoire. On constate de toute évidence une réduction progressive du nombre d'acres consacrées aux plantes fourragères, ce qui découle en grande partie du déclin de la production dans le secteur bovin. Comme vous le savez, cette industrie affiche une baisse, d'année en année, et ce, depuis quelques années. Cependant, il y a un certain nombre de programmes régionaux qui visent à promouvoir l'inclusion de plantes fourragères dans la rotation des cultures. J'en parlerai aussi dans quelques instants.
Je veux parler rapidement de certains des défis auxquels nous sommes confrontés, particulièrement en tant qu'industrie nationale. Encore une fois, nous représentons 70 millions d'acres et nous sommes très diversifiés. Comme je viens moi-même de l'Est canadien, et puisque je travaille principalement au Québec et en Ontario, la prévalence des systèmes d'alimentation en parc signifie que la plupart de nos plantes fourragères sont récoltées, entreposées, puis fournies dans des installations d'engraissement en parc. L'industrie bovine utilise encore la méthode du pâturage durant l'été. Cela signifie qu'on intègre parfois des cultures de plantes fourragères dans la rotation des cultures annuelles. Du point de vue de la durabilité, c'est très important pour nous de porter une attention particulière à la conservation des sols et aux pratiques de gestion du fumier animal afin de nous assurer de maintenir la santé à long terme des sols et de veiller à une gestion efficace et responsable des matières nutritives du fumier.
Hans a lui aussi mentionné dans sa déclaration l'importance de la santé des sols et de la gestion responsable de l'utilisation du fumier. Je suis tout à fait d'accord avec lui à ce sujet.
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C'est la question parfaite: de quoi ai-je besoin? J'adore répondre à cette question.
Nous avons réalisé d'importants progrès au cours des dernières années, et je tiens à remercier le gouvernement fédéral à ce sujet, parce que beaucoup des avancées n'auraient pas été possibles sans le partenariat financier que nous avons avec Swine Innovation Porc à Québec. C'est une initiative financée conjointement par les éleveurs et le gouvernement fédéral, et nous espérons vraiment que le niveau de financement sera maintenu.
Lorsqu'on réfléchit à ce dont on aura besoin à l'avenir, selon moi, ce n'est pas compliqué. J'ai mentionné dans mon exposé que le Conseil canadien du porc a terminé son processus public lié à l'établissement d'un organisme de promotion et de recherche. Essentiellement, il s'agit d'une demande qui ne coûte rien au gouvernement. On bénéficiera tout simplement d'une contribution sur le porc importé au pays. Soyons clairs: tous les éleveurs de porcs au Canada paient une contribution, et ces fonds sont destinés à la recherche, afin de nous aider à assurer la durabilité environnementale et à promouvoir l'efficience globale au sein de notre industrie. Ce que nous demandons, c'est qu'on traite le porc importé de la même façon, et qu'une contribution similaire soit exigée sur le porc importé.
C'est exactement la même chose qu'aux États-Unis. Lorsque j'exporte des animaux vivants ou du porc aux États-Unis, je paie une contribution nationale là-bas. Nous ne faisons qu'uniformiser les règles du jeu. C'est simplement une mesure que nous demandons au gouvernement de prendre. Le processus est en place. Tout est entre les mains du gouvernement. Nous demandons simplement au gouvernement d'y mettre la dernière main, parce que ce processus nous fournira une source de revenus supplémentaires pour poursuivre nos recherches et nous permettre de passer au niveau supérieur.
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Merci beaucoup, monsieur Berthold, de me donner une partie de votre temps.
Monsieur le président, je veux présenter la motion dont j'ai donné un préavis lundi. J'aimerais la présenter et en discuter maintenant, si vous me le permettez, s'il vous plaît.
La motion que je veux présenter se lit comme suit:
Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire entreprenne une étude sur le Guide alimentaire canadien et entende spécifiquement des intervenants de l'agriculture et de l'agroalimentaire; et que le Comité présente ses conclusions à la Chambre avant la publication de la Partie 1 du nouveau rapport sur la politique d'orientation alimentaire.
J'aimerais prendre quelques instants, si vous me le permettez, monsieur le président et collègues du Comité, pour parler de la motion. Je m'excuse auprès de nos témoins, mais je crois que c'est quelque chose de très important, et c'est assurément important pour eux. C'est pertinent d'en parler, justement, alors qu'ils sont parmi nous aujourd'hui.
Je suis pas mal sûr que mes collègues des deux côtés de la salle et de tous les partis ont entendu haut et fort les préoccupations de leurs électeurs sur l'orientation prise dans le Guide alimentaire canadien et la politique alimentaire nationale. Assurément, c'est une évidence pour ceux d'entre nous qui ont participé au déjeuner, hier, lorsque le Dr Samis a parlé des préoccupations qu'il soulevait, notamment — et c'est ce que pensent plusieurs médecins à qui nous avons parlé — que non seulement on ne va pas dans la bonne direction, mais que, en fait, tout cela pourrait être contre-productif vu ce qu'on tente d'accomplir.
La partie du guide alimentaire dont il faut se préoccuper, c'est celle où on encourage les gens à arrêter de manger ce que des médecins, des nutritionnistes, des diététistes et nos intervenants estiment être des protéines animales saines et des produits laitiers sains.
Monsieur le président, notre travail, ici, au sein du comité de l'agriculture, c'est de représenter nos intervenants de tous les secteurs agricoles: nos agriculteurs, nos éleveurs, les intervenants du domaine agroalimentaire, nos transformateurs et toutes les entreprises qui comptent sur eux. J'ai été absolument atterré lorsque le comité de la santé s'est saisi du dossier et a consacré seulement deux réunions au guide alimentaire, sans inviter un seul agriculteur, éleveur, transformateur, représentant du secteur agroalimentaire, professionnel de la santé, nutritionniste, diététiste ou médecin, qui aurait pu présenter un point de vue différent et soumettre des études et des données scientifiques différentes, qu'on aurait pu intégrer dans ce rapport.
Il est vraiment de notre devoir, au sein du Comité, de soulever cette question et de l'étudier. Il faut le faire pour nous assurer que nos intervenants estiment s'être fait entendre dans le cadre du processus, ce qui n'est pas le cas actuellement. Comme je l'ai dit, je sais que vous vous êtes fait dire la même chose que nous, de ce côté-ci de la table. Les intervenants sont extrêmement frustrés de ne pas avoir eu leur mot à dire dans l'orientation donnée à un document qui aura une incidence sur eux plus que sur tout autre secteur de l'économie.
Non seulement tout cela aura une incidence sur eux — et leur gagne-pain en tant que familles et entreprises agricoles — et sur l'économie, mais en plus, je suis préoccupé par le message plus général qu'on communique de la sorte. Nous disons qu'il faut protéger notre secteur agricole, nos entreprises agricoles et notre cadre de gestion de l'offre à l'échelle internationale. Nous sommes au beau milieu de négociations liées à l'ALENA. Je suis très heureux de voir que le Partenariat transpacifique — le PTPGP — sera signé, je l'espère, au cours des prochains mois. Ce sont là de merveilleuses occasions.
Cependant, de quelle façon nos intervenants — nos agriculteurs, éleveurs et producteurs — peuvent-ils croire en notre capacité de protéger leurs intérêts à l'échelle internationale alors que nous ne les protégeons même pas ici, au pays, dans un document national sur lequel le gouvernement a plein contrôle? Comment peut-on dire à nos intervenants: « Oui, absolument, nous nous assurerons que ces accords commerciaux... Vous aurez accès à ces marchés, mais nous ne vous fournirons pas le même soutien, ici, au pays. »
Nous parlons d'obstacles non tarifaires et de ce qui se passe en Italie et en Inde actuellement. De quelle façon pouvons-nous affirmer que nos produits alimentaires sont les plus sécuritaires au monde et qu'ils sont transformés conformément à la réglementation la plus stricte? Comment pouvons-nous affirmer une telle chose à l'échelle internationale tandis que nous disons à nos propres consommateurs canadiens de manger moins de ces produits parce qu'ils ne sont pas bons pour eux? C'est contradictoire non seulement dans nos marchés potentiels à l'échelle internationale, mais assurément aux yeux de nos intervenants, ici, au pays.
Je suis vraiment préoccupé par tout cela, surtout lorsque notre première tâche, ici, selon moi, c'est de représenter le secteur agricole de partout au pays, et je crois qu'aucun d'entre nous peut contester le fait qu'il est très clair que Santé Canada se lance dans une direction qui nuit aux intervenants de notre secteur agricole et aux transformateurs alimentaires ainsi qu'aux producteurs, sur le terrain.
J'ai fait une déclaration lundi après avoir présenté la motion et j'ai très rapidement reçu une pile de lettres de soutien d'intervenants qui nous demandent de nous pencher sur cette question. Et je veux insister sur quelque chose: ces lettres ne viennent pas seulement d'intervenants du secteur de l'élevage et du secteur laitier. Ce sont des lettres qui viennent d'associations de producteurs de céréales et d'horticulteurs. Aucun d'entre eux ne veut que le gouvernement choisisse des gagnants et des perdants dans le guide alimentaire. Ils veulent que tous réussissent. Selon eux, le Guide alimentaire canadien et certains des éléments de la politique alimentaire lorsqu'il est question d'étiquetage sur le devant de l'emballage... Encore une fois, on en revient à cette question: de quelle façon pouvons-nous parler de salubrité des aliments lorsque nous disons aux Canadiens que les aliments que nous produisons ici, dans nos fermes, sont mauvais pour la santé?
Ils veulent s'assurer que nous avons du succès et que nous défendons notre secteur agricole. Je crois vraiment que l'orientation adoptée par Santé Canada dans le guide alimentaire est fondée sur un genre de militantisme et une certaine idéologie et non sur de bonnes données scientifiques. Encore une fois, je crois qu'il est de notre devoir de nous assurer qu'on utilise une approche équilibrée dans le guide alimentaire et que tous les intervenants ont leur mot à dire, pas seulement l'industrie. Il faudrait nous assurer d'inviter des professionnels de la santé qui nous fourniront un point de vue équilibré sur ce que devrait être le contenu du guide alimentaire, ce qu'il faudrait inclure et ce qui est le mieux pour les Canadiens.
De ce que j'ai vu dans la première ébauche du guide alimentaire, et assurément ce que j'ai constaté à la lumière de la rétroaction de nos intervenants, l'orientation prise dans le guide alimentaire est extrêmement unilatérale. Le guide n'est pas équilibré. Encore une fois, je crois qu'il est de notre devoir de nous assurer de défendre nos intervenants, de défendre nos agriculteurs, nos éleveurs et nos transformateurs alimentaires. Je vous demande de soutenir ma motion.
J'aimerais ajouter, si vous me le permettez — et je m'excuse encore une fois de prendre un peu de temps, mais je crois vraiment que c'est un enjeu important — que le ... Je ne dirais jamais que le ministre doit nous dicter ce que nous devons faire. Nous sommes un organisme indépendant, et je crois que c'est très important. Le ministre de l'Agriculture, dans une réunion avec les Producteurs laitiers du Canada, ce matin, a dit qu'il ne s'opposerait pas à ce que le comité de l'agriculture se penche sur cette question. Je crois que c'est un bon signe: nous avons un certain soutien du ministre si nous décidons d'entreprendre une telle étude.
Encore une fois, j'espère obtenir votre soutien sur cette question. Je crois que c'est extrêmement important. Si nous ne nous entendons pas pour réaliser cette étude et bien faire les choses, eh bien la question que je vous pose et que je pose à mes collègues au sein du Comité est la suivante: pourquoi sommes-nous ici? Pourquoi sommes-nous ici si nous ne saisissons pas l'occasion de défendre nos intervenants et de les représenter dans ce processus? Peu importe quels seront les résultats de l'étude, je crois qu'il est de notre devoir de veiller à ce qu'on adopte une approche équilibrée. Ce rapport est donné au , qui pourra ensuite travailler en collaboration avec les autres membres du Cabinet, avec la , pour s'assurer qu'on adopte une vision beaucoup plus globale sur l'orientation que doit prendre le guide alimentaire.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir accordé ce temps de parole et je remercie à nouveau nos témoins qui sont là aujourd'hui. Je crois vraiment que tout cela est extrêmement important. Le temps presse. Nous avons peu de temps pour communiquer notre message, le message de notre milieu agricole.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je comprends, en me basant sur la décision prise par mes collègues d'en face, que la motion que nous avons présentée en vue d'étudier ici le Guide alimentaire canadien...
Ce temps m'est alloué et je peux en faire exactement ce que je veux, monsieur Breton. Je dispose d'une minute et trente secondes pour m'exprimer. Je peux donc continuer à parler autant que je le souhaite.
Je vois qu'avec cette tactique, les libéraux refusent que le Comité étudie ici le Guide alimentaire canadien, et ce, malgré le fait que nous ayons reçu je ne sais combien de lettres de la part de gens de notre secteur, à savoir des agriculteurs et des agricultrices, qui sont vraiment très inquiets.
Je parle ici notamment de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, du Conseil canadien de l'horticulture ainsi que des Produits alimentaires et de consommation du Canada. C'est à tous ces gens que les libéraux viennent de dire non aujourd'hui.
Il y a aussi l’Association nationale des engraisseurs de bovins, les Producteurs d'œufs du Canada, les Producteurs de poulet du Canada et les Producteurs laitiers du Canada.
Je n'arrive absolument pas à comprendre cette décision, d'autant plus que le lui-même s'est dit aujourd'hui favorable à l'idée que le Comité étudie le Guide alimentaire canadien. En effet, il a compris, lui, que le Guide alimentaire pouvait avoir un impact majeur sur les fermières et fermiers canadiens.
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Excusez-moi, mais je veux ajouter rapidement quelque chose. Notre industrie compte actuellement neuf membres provinciaux qui possèdent leurs propres organisations, et chacune est habilitée à percevoir un prélèvement. Il existe donc un certain niveau de coopération que l'on pourrait renforcer grâce à l'établissement de l'office, un peu comme cela se fait actuellement avec Swine Innovation Porc, sans oublier la fonction de promotion et de recherche de l'office.
L'objectif est d'augmenter l'efficience quant à l'utilisation des fonds utilisés au Canada. Pour être honnête, il y a des problèmes en Alberta, disons, qui sont très similaires à ceux que l'on voit au Nouveau-Brunswick ou au Québec. Dans le cas présent, il est question d'environnement; ça a de l'importance. Il y a des fonds pour les éleveurs canadiens qui vont être utilisés pour soutenir des initiatives que Hans a décrites: la recherche, la promotion et tout le reste.
Le fait demeure que l'industrie porcine importe énormément de porc de l'étranger; pas seulement des États-Unis, mais également de la Pologne, des pays de l'Union européenne, et j'en passe. Les Canadiens adorent les côtes levées, mais notre production est insuffisante, et c'est pourquoi nous en importons la majorité. Ce qui est malheureux, c'est que les exportateurs étrangers peuvent jouir sans frais ou à frais minimes des fruits du travail de l'industrie canadienne, mais lorsque c'est nous qui exportons nos produits — vers les États-Unis dans ce cas précis —, nous versons des fonds destinés au programme américain. C'est pourquoi nous voulons créer quelque chose d'équivalent au Canada.
Il n'y a rien de nouveau dans tout cela. L'office de l'industrie bovine existe depuis trois ans maintenant pour ainsi dire, et c'est un modèle semblable à celui-là dont nous nous inspirons. L'office prélève une contribution sur les produits canadiens ainsi que sur les produits importés. Ce que nous voulons, c'est être traités équitablement en comparaison de nos homologues dans l'industrie du boeuf canadien. Nous voulons que le marché canadien du porc soit juste et équitable.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, je veux vous souhaiter le bonjour et vous remercier de m'avoir invité à la séance d'aujourd'hui. Pendant que j'ai la parole, je vais en profiter pour remercier tous les membres du Comité de soutenir haut et fort l'industrie canadienne des produits biologiques. Votre intérêt et votre engagement envers les produits biologiques se sont concrétisés dans le financement récemment annoncé par l' relativement aux normes pour les produits biologiques canadiens. Nous vous remercions des efforts que vous déployez à ce chapitre. Merci de faire valoir que le Canada est et doit continuer d'être un chef de file mondial en matière d'alimentation et d'agriculture biologiques. Merci de reconnaître que les normes sur les produits biologiques jouent un rôle de premier plan dans l'atteinte de cet objectif.
C'est un plaisir pour moi de m'adresser à vous aujourd'hui en ma qualité d'agronome spécialisé en agriculture biologique pour vous parler des pratiques en vigueur dans ce domaine. Il s'agit de pratiques qui consomment peu d'énergie et qui tiennent compte des changements climatiques; elles visent à atténuer les changements climatiques, à favoriser la santé des sols et à protéger les ressources hydriques.
L'agriculture biologique combine tradition, innovation et science pour aider l'environnement et notre économie. Une caractéristique clé de ces techniques tient au fait qu'elles permettent aux agriculteurs d'améliorer la santé et la fertilité de leurs sols et de retenir le carbone dans le sol sans avoir besoin d'utiliser un produit tiers comme de l'engrais azoté, lequel contribue, comme nous le savons, à plus de 70 % des émissions d'oxyde nitreux, un gaz à effet de serre. La matière biologique du sol est le plus important site terrestre de séquestration de carbone au monde. De fait, il existe une protéine produite par un champignon mycorhizien, la glomaline, qui joue un rôle essentiel dans la capture du carbone biologique du sol.
Des études ont démontré que les pratiques biologiques, entre autres la prolongation de la rotation des cultures et l'utilisation de légumineuses fourragères et d'engrais vert, augmentent la quantité de matières biologiques dans le sol et favorisent en conséquence la séquestration de carbone, un facteur important dans l'atténuation des changements climatiques. L'augmentation de matières biologiques améliore également la santé du sol. Ainsi, les systèmes biologiques ont un excellent rendement dans des conditions de stress environnemental. Par exemple, les systèmes biologiques permettent d'obtenir un rendement stable en périodes de sécheresse en réduisant l'érosion du sol et en améliorant la rétention de l'eau et la capacité hydrique des sols.
Je pourrais parler beaucoup plus longuement des avantages de l'agriculture biologique, mais ce que je veux surtout mettre en relief, c'est que les pratiques agronomiques employées par les agriculteurs biologiques permettent d'augmenter la matière organique du sol, ce qui améliore la séquestration de carbone, de même que la santé du sol et la conservation de l'eau. Ces éléments sont les composantes principales des stratégies agricoles respectueuses de l'environnement. Ces stratégies sont promues à l'échelle mondiale, parce qu'elles aident à atténuer les changements climatiques et permettent d'établir des systèmes agricoles très résilients aux phénomènes météorologiques extrêmes.
Partant, au nom de Cultivons biologique Canada, je recommande fortement au gouvernement du Canada de poursuivre ses investissements stratégiques dans les études sur le carbone dans le sol, les outils de mesure, les études biologiques, le transfert des connaissances et la gestion de normes afin de continuer de promouvoir l'adoption de pratiques agricoles biologiques tenant compte du climat au Canada.
Je vais maintenant céder la parole à Mme Cornish, qui vous parlera davantage de la séquestration du carbone.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous souhaite le bonjour.
Je vous remercie chaleureusement de m'avoir invitée à témoigner devant vous de cette initiative importante pour les agriculteurs et les éleveurs canadiens, car elle a le potentiel de révolutionner le secteur.
Je suis la directrice de la Food Water Wellness Foundation, située à Olds, en Alberta.
Le Canada dispose de 159 millions d'acres de terres agricoles. Ces terres pourraient être un outil puissant dans la lutte contre les changements climatiques, mais nous n'exploitons pas leur plein potentiel. La terre où nous faisons pousser notre nourriture peut également, grâce à la photosynthèse et aux systèmes biologiques, capturer le dioxyde de carbone — ce qu'on appelle le CO2 —dans l'atmosphère et l'emprisonner dans le sol grâce à un processus de séquestration. Une fois dans le sol, le CO2 est converti en carbone organique du sol — ou COS —, un élément crucial à la fertilité et à la santé du sol.
Malheureusement, les agriculteurs canadiens qui déploient des efforts afin d'augmenter le carbone organique du sol n'obtiennent guère de reconnaissance ou de soutien, malgré le fait qu'ils contribuent à réduire les émissions de carbone. Présentement, les crédits compensatoires en agriculture dans le système albertain, par exemple, sont établis en fonction des pratiques de culture classiques et figées. Les agriculteurs qui veulent améliorer leurs terres et séquestrer le carbone sont exclus, s'ils ne se conforment pas aux pratiques décrites dans les protocoles. En outre, les 70 millions d'acres de pâturage au Canada sont exclus des protocoles, ce qui restreint grandement les crédits compensatoires potentiels pour le développement durable dans l'industrie canadienne.
C'est à ce chapitre que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle de première importance, en créant un cadre régissant les crédits compensatoires du carbone afin d'encourager l'ensemble des agriculteurs à séquestrer le carbone dans leurs terres. Cela aiderait énormément les agriculteurs canadiens qui peinent à être rentables. En outre, pour tous les Canadiens, cela ne présente que des avantages. Comme M. Singh l'a mentionné, un sol riche en carbone absorbe et retient davantage l'eau, ce qui permet d'atténuer les phénomènes météorologiques extrêmes comme les sécheresses, les inondations et les feux de friches. Le rétablissement du COS permet de redonner sa santé au sol et d'améliorer la sécurité alimentaire, puisqu'un sol en santé a un rendement plus important et a moins besoin d'intrants agricoles très efficaces et très coûteux.
Le problème, c'est qu'un grand nombre de pratiques agricoles conventionnelles ne favorisent pas la séquestration du carbone, parce qu'elles sont à l'opposé des systèmes biologiques cruciaux au processus. Les pratiques agricoles biologiques et régénératrices qui favorisent la biologie du sol, comme celles évoquées précédemment par M. Singh, ainsi que la préparation soigneuse du pâturage, la préservation des cultures et les cultures de soutien accroissent la capacité naturelle du sol à séquestrer le carbone. Ces pratiques et beaucoup d'autres ont le potentiel d'augmenter le carbone organique du sol de trois milliards de tonnes ou plus annuellement dans le monde entier.
Nous pourrions stabiliser le climat si suffisamment de terres, y compris les gigantesques parcelles qui se trouvent au Canada, étaient utilisées pour séquestrer le carbone. Ce serait possible de réduire le CO2 dans l'atmosphère de 50 parties par million pour atteindre, d'ici 2100, 350 parties par million. C'est pourquoi nous vous demandons de soutenir les initiatives de surveillance de la biodiversité ainsi que les études sur place à grande échelle sur les sols. Nous avons besoin de ces études pour mesurer le carbone du sol dans tous les types de terrains agricoles, en fonction de la vaste gamme de pratiques de gestion, afin de voir, après coup, la quantité de CO2 séquestrée dans le sol.
Les études serviront aussi à cerner les pratiques novatrices utilisées par les agriculteurs. Nous voulons créer des outils de gestion axés sur les données et permettre aux agriculteurs d'échanger entre eux de l'information. Ce que nous voulons, dans le meilleur des cas, c'est que l'ensemble des 159 millions d'acres soient utilisés pour séquestrer activement le carbone.
Je vous demanderais donc de bien vouloir soutenir les provinces et les territoires qui veulent élargir leurs programmes agricoles de crédit compensatoires du carbone de façon à intégrer ces efforts d'apprentissage et à élaborer des protocoles de rendement axés sur la séquestration du carbone dans le sol. Nous devons absolument prendre dès maintenant des mesures pour aider les agriculteurs à améliorer la qualité de leurs terres et à tirer parti des crédits compensatoires du carbone, afin de les aider à composer avec les augmentations prévues de la tarification du carbone et une faible rentabilité. En outre, la création de crédits compensatoires aidera l'industrie à se conformer aux cibles canadiennes prévues dans l'Accord de Paris relativement aux émissions de gaz carbonique. En prenant des mesures, vous favoriserez la planète, l'industrie et les agriculteurs.
Je vous remercie énormément de nous avoir invités à témoigner devant vous aujourd'hui.
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Bonjour, mesdames et messieurs. Merci de m'avoir invitée à parler de l'occasion, pour les systèmes biologiques, d'accroître la résilience agricole devant les changements climatiques et de promouvoir la santé du sol.
Puisque la réussite ou l'échec de l'agriculture est largement tributaire de la météo, les changements climatiques devraient présenter, pour les agriculteurs, des défis agronomiques importants.
Les hausses prévues des températures, des changements dans les modèles des précipitations et des augmentations de la fréquence et de la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes, comme la sécheresse et les inondations, devraient réduire la productivité agricole.
Des climats plus chauds et plus humides et des augmentations des niveaux de dioxyde de carbone favorisent également la présence d'un grand nombre de mauvaises herbes agricoles, de parasites et de pathogènes. La portée géographique des mauvaises herbes envahissantes et des populations d'insectes ravageurs devrait changer et s'élargir, puisque la hausse des températures leur permet de survivre à l'hiver.
Les recherches démontrent aussi que l'augmentation des niveaux de dioxyde de carbone devrait avoir un effet positif sur l'établissement et la persistance des espèces de mauvaises herbes envahissantes et que les herbicides couramment utilisés, comme le glyphosate, présentent une efficacité réduite dans des contextes où les niveaux de dioxyde de carbone sont élevés. La propagation accrue des pesticides, des pathogènes et des mauvaises herbes pourrait aussi avoir de nombreuses conséquences sur l'environnement et la santé humaine si on estime que l'augmentation de la toxicité des pesticides et de la fréquence de leur application est la solution primaire à ces défis.
L'agriculture biologique repose sur les principes de la santé du sol et de la conservation des ressources et adopte une approche pansystémique à l'égard de la gestion, utilisant un vaste éventail de pratiques agricoles qui protègent l'environnement et font la promotion de services écosystémiques. Par exemple, les fermes biologiques utilisent des techniques qui permettent de réduire l'érosion du sol et la pollution attribuable à l'écoulement des nutriments et soutiennent une diversité d'espèces sauvages, y compris les pollinisateurs et les insectes bénéfiques. En retour, la ferme profite d'une amélioration de la pollinisation des cultures, de la qualité de l'eau, du contrôle des parasites et de la santé des sols.
Nombreux sont ceux qui considèrent la santé du sol comme le fondement des systèmes biologiques, ce qui les rend particulièrement bien placés pour s'adapter à bon nombre des défis associés aux changements climatiques. Les agriculteurs biologiques ont tendance à recourir à des cultures de couverture et à la rotation des cultures plutôt qu'aux monocultures, et ils utilisent en plus le compost, les légumineuses et le fumier plutôt que des engrais synthétiques. Ces techniques de gestion permettent non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'accroître l'efficacité énergétique, mais aussi d'augmenter la matière organique des sols, soit le fondement de sols sains.
La matière organique des sols a un effet positif sur les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol. Elle procure au sol une stabilité structurelle, réduit l'érosion, offre une protection contre le compactage des sols et améliore l'aération, l'infiltration d'eau et la capacité de rétention d'eau du sol, caractéristiques clés qui seront particulièrement importantes en temps de sécheresse ou d'inondation. La matière organique des sols sert aussi de réserve pour les nutriments essentiels à la croissance des plantes, y compris l'azote, le phosphore et le soufre, et elle forme la base du réseau trophique du sol, constituant une base pour toute la vie du sol.
Un nombre croissant de travaux de recherche menés partout dans le monde démontre que les fermes biologiques ont souvent des degrés plus élevés de matière organique dans le sol, une biodiversité du sol plus bénéfique et une santé du sol globalement améliorée par rapport aux fermes conventionnelles. Une des études les plus récentes portant sur l'examen de la matière organique des sols entre les fermes biologiques et conventionnelles a comparé plus de 1 000 échantillons de sol de l'ensemble des États-Unis. Elle a conclu que, en moyenne, les sols de fermes biologiques renferment 14 % plus de matière organique que ceux des fermes conventionnelles.
Les résultats de la qualité du sol tirés de l'expérience de la Long-Term Agroecological Research effectuée en Iowa, qui compare des parcelles faisant l'objet d'une gestion biologique et conventionnelle, ont conclu que, après 15 ans, les sols biologiques étaient beaucoup plus en santé que les sols conventionnels, selon une combinaison de mesures chimiques, biologiques et physiques de la santé du sol.
Les résultats de cette étude donnent aussi à penser que des améliorations de la santé du sol, au moyen de l'emploi de techniques d'agriculture biologique, peuvent procurer des avantages exceptionnels aux agriculteurs durant des phénomènes météorologiques extrêmes. En 2012, malgré des conditions de sécheresse graves durant la saison de croissance, la gestion biologique a permis d'améliorer la résilience agrosystémique et de maintenir la capacité d'approvisionner les cultures en nutriments.
En plus de promouvoir la santé des sols, les systèmes biologiques utilisent aussi la gestion intégrée des parasites, des mauvaises herbes et des maladies. En omettant les engrais synthétiques et la plupart des pesticides synthétiques, les agriculteurs biologiques sont en mesure de maintenir des niveaux supérieurs de micro-biodiversité et de macro-biodiversité dans le sol et les champs.
De nombreuses études ont démontré que, en soutenant la biodiversité bénéfique, les fermes peuvent réduire de façon importante les effets négatifs des parasites et des pathogènes. Ainsi, plutôt que de s'appuyer uniquement sur les pesticides, l'agriculture biologique prévoit de multiples lignes de défense pour réagir aux nouveaux défis que posent les parasites.
Les agriculteurs biologiques sont novateurs. De nombreuses pratiques qui ont été des principes de longue date de la production biologique sont maintenant reconnues comme des techniques de gestion clés pour l'établissement de la résilience au climat et de la santé du sol dans l'ensemble de l'agriculture. Ce qui est nécessaire, ce sont d'autres investissements en recherche pour continuer de faire avancer l'élaboration de pratiques biologiques durables.
Je vais maintenant céder la parole à Tia, qui fournira des recommandations sur ce qui est nécessaire, selon l'industrie, pour exploiter le potentiel de l'agriculture biologique afin de favoriser la santé des sols et de contribuer à l'adaptation aux changements climatiques au Canada.
Les méthodes et les normes de production biologique cadrent parfaitement avec le pilier de la politique alimentaire nationale qui consiste à conserver notre sol, notre eau et notre air. Afin de s'assurer que l'agriculture biologique peut prospérer, prêtant son modèle efficace à la création d'un sol sain et luttant contre les changements climatiques — au moyen de l'adaptation et de l'atténuation — l'approche des gouvernements fédéral et provinciaux à l'égard de l'agriculture doit, dans un premier temps, tenir davantage compte de l'ensemble des secteurs, des échelles, des méthodes de production et des canaux de distribution.
Pour être inclusif, le prochain cadre stratégique pour l'agriculture doit comprendre un examen du partage des coûts des programmes de l'industrie, du processus de demande, des critères d'admissibilité au financement et des domaines qui devraient être couverts par le gouvernement — et non par l'industrie — afin de défendre l'intégrité du logo « Biologique Canada », qui est la propriété du gouvernement canadien.
La deuxième recommandation est d'investir dans la recherche et l'innovation biologiques. Des recherches continues dans l'agriculture biologique sont requises pour stimuler davantage l'innovation dans des technologies et des techniques qui entraîneront une plus grande productivité, une utilisation plus efficace des ressources et l'amélioration de la durabilité des écosystèmes agricoles. Il faut des recherches qui sont conçues pour répondre aux besoins particuliers des systèmes agricoles canadiens afin de réagir à ces divers défis. Nous recommandons que plus de dispositions soient prises concernant les recherches à long terme, soit supérieures à cinq ans, et que l'on tienne compte de la nature des recherches effectuées — propriété intellectuelle commerciale ou bien public — lorsqu'il y a un besoin de fonds de contrepartie de l'industrie.
La troisième recommandation consiste à adapter les programmes de gestion des risques de l'entreprise de manière à ce qu'ils incluent davantage les producteurs de tous les niveaux, types de production et défis liés au marché. Les programmes de GRE devraient être adaptés de manière à servir tous les types d'agriculture, y compris les fermes à faibles intrants et les fermes diversifiées. On doit aussi élargir la série de programmes Agri-protection de manière à ce qu'elle renferme une assurance-production qui convient aux producteurs biologiques et à ceux qui font la transition dans l'ensemble des provinces et qui protègent les primes aux produits biologiques sur les marchés d'exportation vers des pays à tolérance zéro comme ceux qui font partie de l'UE.
La quatrième recommandation est d'encourager et de récompenser les meilleures pratiques environnementales et celles qui sont résilientes au changement climatique. Les programmes devraient comprendre l'incitation à l'utilisation de techniques qui vont favoriser la santé du sol, comme la culture d'un plus grand nombre de légumineuses et de cultures vivaces, la santé du sol et la conservation des bassins hydrographiques, la rotation des cultures à long terme et les cultures intercalaires, la biodiversité et la création d'habitats, le pâturage tournant et l'utilisation de semences biologiques adaptées localement.
Merci beaucoup d'avoir entendu nos recommandations. Nous espérons que vous en tiendrez compte.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Depuis que j'ai eu l'occasion d'accéder à cette magnifique responsabilité de porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture et d'agroalimentaire, j'ai découvert un monde extraordinaire. J'ai eu l'occasion de rencontrer certains d'entre vous. Je suis surpris, quand je parle à d'autres personnes, de constater à quel point le secteur biologique n'est pas toujours considéré comme un secteur agricole. C'est comme s'il constituait un secteur à part à cause du côté vert, écologique et biologique. Pourtant, le besoin existe. Il y a des consommateurs qui veulent des produits agricoles biologiques.
Je pense donc que vous jouez un rôle important dans notre chaîne de production et que vous pouvez, vous aussi, contribuer à l'atteinte des objectifs d'exportation du Canada, exportations que l'on veut voir augmenter. Ce rôle est évident à une échelle moindre parce que les échelles en matière de production ne sont pas les mêmes. Toutefois, je suis très heureux que vous soyez ici aujourd'hui pour nous parler de la conservation de l'eau et des sols.
Ma première question peut sembler vraiment directe, et j'aimerais que vous y répondiez à tour de rôle.
On voit davantage les répercussions des changements climatiques sur les grandes productions, mais moins sur les petites. Au cours des dernières années, avez-vous remarqué des changements importants chez vos producteurs dans leur manière de faire?
Monsieur Singh, voulez-vous répondre le premier?
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Merci, monsieur le président.
J'aime le commentaire qui a été formulé, soit qu'il n'y a pas assez de champions pour aider les agriculteurs à changer. Je comprends que, pour ceux qui font de l'agriculture biologique, ils nagent vraiment à contre-courant. Il existe un paradigme. L'agriculture s'est faite d'une certaine façon depuis un si grand nombre de décennies. Elle a habituellement supposé l'utilisation de beaucoup d'engrais et l'utilisation intensive de monocultures massives. Comme nous l'avons vu, cette technique agricole n'a pas été très bonne pour notre sol et notre eau, et je pense que les agriculteurs commencent à s'en rendre compte.
Lundi, nous avons reçu un représentant de Fertilisants Canada. J'ai commencé en disant que si nous sommes pour examiner des façons de réduire notre empreinte environnementale, il semble que notre utilisation d'engrais soit un bon point de départ. Cela exige la création de combustibles fossiles, leur transport et leur application, et, bien sûr, cela crée des zones mortes en raison d'un ruissellement trop important.
On a pris quelques mesures pour cibler davantage l'utilisation de l'engrais, mais on soutient qu'on ne peut simplement pas obtenir le même rendement sans utiliser des engrais synthétiques avec ces types d'intrants. Je sais que beaucoup d'agriculteurs biologiques remettent en question ce paradigme. Je me demande, si nous examinons les recherches sur les économies d'échelle où l'agriculture biologique peut servir à... Nous avons utilisé l'Afrique, par exemple, et l'agriculteur qui a de deux à trois acres. Il disait que, sans engrais, il ne peut tout simplement pas faire de profit.
Pourriez-vous nous montrer des exemples particuliers qui remettent en question cette façon de penser existante et nous permettent de dire: « Non, en réalité, nous pouvons le faire »? Je pose la question à quiconque veut commencer.
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Merci à tous d'être ici aujourd'hui. J'ai une très bonne question pour vous, et vous allez peut-être pouvoir m'éclairer.
Je suis pharmacien de profession, et, dans ma pharmacie, j'ai notamment élargi ma pratique. Il n'y avait pas seulement des produits pharmaceutiques; nous proposions des aliments sans gluten, des produits biologiques et certains produits... Nous nous sommes rendu compte que, au lieu d'être allergiques à certains aliments, beaucoup de gens souffraient d'une intolérance à certains aliments.
Au moment d'acheter certains produits, ce que j'ai remarqué, c'est l'étiquetage. Certaines étiquettes indiquent que le produit est sans gluten et qu'il est certifié sans gluten. Ce que je trouvais difficile en raison des sources d'approvisionnement ou par manque de clarté, c'était de savoir si un produit était biologique ou non.
Je sais qu'il existe une organisation des normes biologiques, mais quels pouvoirs a-t-elle au juste? Je veux en savoir davantage sur le bien-fondé des tests ou de la certification. On peut dire que quelque chose est biologique, mais comment monsieur et madame tout le monde peuvent-ils être certains de se faire proposer des produits biologiques? Comme vous le savez déjà, le prix varie d'un produit à l'autre. Nous savons que certains producteurs d'aliments sans gluten ont une certification quelconque. Cependant, lorsque je m'approvisionnais en produits biologiques, j'étais très souvent incertain de la certification ou de la viabilité des produits. Pouvez-vous nous expliquer brièvement le processus de certification?
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C'était la dernière intervention.
Juste pour ajouter mon grain de sel, en tant qu'agriculteur biologique certifié et agriculteur conventionnel, je sais que les deux ont à apprendre l'un de l'autre. J'ai touché aux deux. L'agriculture biologique de mon arrière-grand-père a beaucoup profité de l'agriculture conventionnelle, mais je vous dirais que l'agriculture conventionnelle est également régie par un système rigoureux. En réponse à M. Saini, lorsque le jour de l'inspection arrive, c'est très stressant.
Monsieur Singh, madame Cornish, madame Loftsgard et madame Misiewicz, nous vous remercions d'avoir témoigné devant nous aujourd'hui.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, vous obtiendrez une copie de l'ébauche vendredi, je crois. Nos analystes travaillent d'arrache-pied. Nous tenons à les remercier. Lundi, nous recevrons les instructions à fournir aux analystes à propos du processus d'ébauche. Le sous-comité du programme et de la procédure se réunira également pendant deux heures, s'il y a... D'accord.
Merci à tous, et passez une excellente journée.
La séance est levée.