Bonjour tout le monde. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 25 février, le Comité reprend son étude sur la prestation de services aux anciens combattants. Après la réunion, j'aimerais que nous poursuivions à huis clos pour environ 5 à 10 minutes afin de régler certaines affaires du Comité.
Passons maintenant à l'étude sur la prestation de services aux anciens combattants. Nous accueillons aujourd'hui Robyn Hynes, directeur général des Opérations, et Gary Walbourne, ombudsman, du Bureau de l'Ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes. Nous allons commencer par une déclaration préliminaire de 10 minutes des témoins, puis nous passerons aux questions.
Bienvenue. Merci d'être là aujourd'hui.
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Merci de m'avoir invité aujourd'hui à donner mon point de vue sur la prestation des services aux anciens combattants.
L'ombudsman du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes est complètement indépendant des filières hiérarchiques militaires et civiles et relève directement du . En tant qu'organisation neutre s'appuyant sur des données probantes, nous ne favorisons aucun groupe précis. Cependant, nous prônons l'équité et veillons à ce que les politiques et les processus du ministère fassent en sorte que tous les membres militaires et civils soient traités équitablement.
Les anciens membres des Forces armées canadiennes sont l'un des groupes que nous représentons. Si leurs problèmes sont liés aux Forces armées canadiennes, ils se tournent vers les services offerts par mon bureau; si leurs problèmes concernent la réception de prestations ou de services d'Anciens Combattants, alors c'est l'ombudsman des vétérans qui s'en occupe.
Comme vous pouvez l'imaginer, vu le chevauchement de nos clientèles, nos bureaux entretiennent une collaboration efficace. En fait, plusieurs membres de mon bureau ont déjà travaillé pour l'ombudsman des vétérans. J'y ai moi-même passé trois ans en tant qu'adjoint à l'ombudsman.
Nous n'avons pas affaire à chacun des 200 000 anciens combattants clients d'Anciens Combattants, seulement à ceux qui sont tombés entre les mailles du filet. Une transition en douceur ne fait malheureusement pas encore partie de la réalité de la plupart des militaires malades ou blessés; c'est plutôt pour eux un parcours parsemé d'embûches.
Les efforts en vue de simplifier la prestation des services n'ont pas produit les résultats escomptés. Il existe encore beaucoup de chevauchements dans les programmes et les services, tandis que d'autres sont terriblement complexes et causent beaucoup de frustration. Par exemple, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes, Anciens Combattants Canada et le RARM, le fournisseur de services d'assurances, ont tous leurs propres gestionnaires de dossiers et leurs propres programmes de formation professionnelle et de réadaptation.
Il arrive que certains programmes soient inaccessibles simplement parce que les militaires sont mal renseignés ou ne connaissent pas les critères d'admissibilité. Il serait préférable de fournir aux militaires une personne-ressource compétente, qui les accompagnerait tout au long de leur parcours.
Nous sommes tous au courant de la quantité astronomique de formulaires à remplir et des longues périodes d'attente avant de recevoir les décisions d'arbitrage. Il faut encore s'acquitter d'une pléthore de formalités administratives, car il s'agit encore de la principale façon d'obtenir des indemnités et des services auprès d'Anciens Combattants. À l'heure actuelle, les dossiers passent d'abord du ministère de la Défense nationale à Anciens Combattants, et le militaire doit ensuite attendre la décision d'arbitrage. L'attente peut parfois être très longue si le dossier est complexe ou comporte des particularités. Pour ce qui est de l'arbitrage, selon moi, le délai de 16 semaines est inacceptable.
Pour ce qui est de déterminer si une blessure ou une maladie est attribuable au service, je crois que les Forces armées canadiennes disposent de toutes les données qu'il nous faut. En effet, avant de libérer un militaire, elles font un suivi auprès de ce dernier pendant une période qui est plus ou moins longue selon la nature de la maladie ou de la blessure. Nous savons où, quand et comment le soldat s'est blessé ou est tombé malade. À mon avis, tout devrait et peut être mis en place avant la libération du militaire.
La première chose à faire pour faciliter la vie des gens serait d'établir si les blessures ou les maladies sont attribuables ou non au service. Selon moi, il s'agit probablement du principal obstacle lorsqu'on parle du besoin de faciliter la transition et l'accès aux services.
Je crois fermement que les Forces armées canadiennes sont responsables des militaires pendant qu'ils portent l'uniforme. Je crois donc que, si le bureau du médecin-chef détermine que la blessure ou la maladie est attribuable au service, Anciens Combattants devrait pouvoir offrir ses programmes en fonction des besoins du client et en tenant compte de la maladie ou de la blessure et de l'impact sur la qualité de vie. Je pense aussi qu'il faudrait instaurer des services d'arbitrage au sein d'Anciens Combattants Canada, surtout pour les blessures de stress opérationnel qui, souvent, se manifestent plus tard dans la vie.
Vous savez, je demande souvent à mon équipe de me décrire ce à quoi devrait ressembler un modèle de prestation de services; je la mets au défi de me le dire. Vous voulez savoir pourquoi? Parce que, en tant que bureaucrates, nous avons tendance à chercher des solutions axées sur les processus plutôt que sur les besoins des anciens combattants. Par exemple, le problème dans le cadre du projet Vétérans 20/20, c'est que nous devenons si concentrés sur le projet lui-même que nous oublions d'en regarder les résultats.
Pour ce qui est de faciliter la transition, comme je viens de le mentionner, je sais que le ministère travaille en étroite collaboration avec Anciens Combattants Canada dans le cadre du projet Vétérans 20/20, qu'on appelle maintenant « Bienveillance, compassion, respect 20/20 ». Je sais que de nombreux groupes de travail ont été créés et que ceux-ci misent sur la participation des représentants des deux entités. Je crois réellement que les discussions de ce genre aideront, mais je crois aussi que nous devons réfléchir aux éléments de base, à notre façon de fonctionner. Un changement fondamental de notre modèle de prestation de services est requis.
On a beaucoup parlé de réouverture de bureaux et d'embauche d'employés supplémentaires, mais je crois que nous devons mettre autant, sinon plus, d'efforts dans le changement du modèle de prestation lui-même. Refaire sans cesse la même chose comme nous l'avons fait par le passé ne nous donnera pas de meilleurs résultats. Nous devons remettre en question nos méthodes de fonctionnement au sein des ministères.
Mon bureau s'est engagé à contribuer à cet effort et a déjà commencé à imaginer ce à quoi pourrait ressembler un nouveau modèle de prestation du point de vue des militaires en transition. Ce modèle pourrait être utile au Comité, et devrait être prêt au cours des 6 à 10 prochaines semaines.
Le dernier commentaire que j'aimerais formuler, monsieur le président, concerne les familles des militaires en transition. Je pense que nous pouvons et devrions en faire plus pour ces personnes, que ce soit l'accès aux soins de santé mentale, des soins de relève ou une forme d'aide financière afin d'aider ceux qui soutiennent nos militaires en transition. Je pense que ce sera un point à prendre en considération, peu importe ce que nous ferons à l'avenir.
Je suis à votre disposition si vous avez des questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être là. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Vous avez parlé dans votre déclaration préliminaire du besoin d'accélérer l'accès aux services. Le Comité a beaucoup parlé de la prestation des services et de la façon dont nous procédons. Nous constatons qu'il s'écoule beaucoup de temps avant l'accès aux services.
Avez-vous d'autres commentaires à nous faire sur les mesures que, selon vous, nous devrions prendre? Nous parlons du besoin de cerner dès le début les étapes par lesquelles le soldat doit passer et de lui expliquer le processus. En procédant ainsi, au bout du compte, le militaire connaît bien toute la situation et les services auxquels il a accès. Lorsque les militaires passent sous la gouverne d'Anciens Combattants, nous constatons parfois que des dossiers disparaissent. Nous perdons des choses.
Avez-vous quelque chose à dire sur une ou deux mesures que nous pourrions prendre pour accélérer les choses, de façon à ce que le processus ne dure pas 16 semaines, mais que nous puissions tout faire en 8 semaines?
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Je crois que nous pouvons le faire encore plus rapidement.
Par exemple, revenons à la question de la détermination des raisons médicales attribuables au service. Actuellement, lorsqu'un militaire est libéré pour cause de maladie ou de blessure, il bénéficie des soins du système médical des Forces armées canadiennes. Nous restons aux côtés du soldat jusqu'à ce qu'il se voie attribuer une catégorie médicale permanente et qu'il soit sur le point d'être libéré. À ce moment-là, nous savons quand, où et comment le soldat s'est blessé.
Le transfert de dossiers dont vous parlez concerne les dossiers médicaux que les Forces armées canadiennes doivent fournir au ministère des Anciens Combattants. Selon moi, si nous déterminons qu'un militaire est libéré pour des raisons médicales attribuables au service au sein des Forces armées canadiennes, son dossier n'a pas à être transféré. Nous allons simplement envoyer l'information selon laquelle ce soldat est blessé et que sa blessure est attribuable au service : voici ce qui s'est produit et voici la date de l'événement. À ce moment-là, Anciens Combattants Canada peut offrir les programmes qu'il doit offrir, notamment les services et les prestations dont le militaire a besoin à la lumière de sa maladie.
Je crois que nous pouvons accélérer le processus et tout faire en bien moins de huit semaines, mais je crois que la première étape doit être de déterminer que la libération est attribuable au service. Actuellement, les Forces armées canadiennes prennent cette décision pour les membres de la Force de réserve, pour que ceux-ci aient accès au programme d'assurance des employés du gouvernement. Nous le faisons déjà pour les réservistes, et je crois qu'il faudrait le faire pour tous les membres des forces armées qui sont libérés pour des raisons médicales.
Ainsi, on éviterait d'avoir à transférer les dossiers. Il n'y aurait plus d'examen. Lorsque Anciens Combattants prend le relais, on pourrait passer immédiatement à la prestation des programmes. Nous pouvons le faire, et nous pouvons le faire très rapidement. C'est quelque chose que nous faisons déjà pour les membres de la Force de réserve, et je crois qu'on pourrait le faire pour tous les membres des forces armées.
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Dans ma déclaration préliminaire, j'ai parlé rapidement du fait qu'il y a plusieurs intervenants en cause. Le RARM en est un autre.
C'est un régime d'assurance. Le chef d'état-major de la Défense est un souscripteur. Le régime offre un programme de réadaptation professionnelle, par exemple, mais il est assorti d'un plafond de 25 000 $. Le programme de réadaptation professionnelle offert par Anciens Combattants Canada est quant à lui assorti d'un plafond de 75 000 $. C'est toute une différence.
Les critères d'admissibilité pour participer au programme du RARM sont différents des critères utilisés dans le cadre de l'autre programme. Cette situation rend le système très complexe. Le RARM, en tant que premier payeur, ne donne pas aux militaires de possibilités ou d'options quant à savoir où ils devraient aller. Chaque organisation compte un gestionnaire de cas qui utilise des règles et des ordres différents. Les programmes offrent des niveaux différents de soutien financier et d'assistance.
Selon moi, le système ne fonctionne pas bien. Nous avons formulé plusieurs recommandations lorsque j'étais adjoint à l'ombudsman d'Anciens Combattants, et je remarque que l'ombudsman des vétérans est encore d'avis qu'il convient d'examiner ces programmes pour cerner ceux qui fonctionnent bien et ceux qui ne fonctionnent pas bien. Je crois savoir qu'une demande de propositions a été communiquée en ligne il y a deux ou trois semaines. On cherche une entité qui viendra examiner tous les programmes de réadaptation pour définir la meilleure marche à suivre. Selon moi, c'est une mesure positive, mais je crois que nous devons commencer à simplifier un peu le système.
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Nous en parlions l'autre jour. L'une des notions qui ont été soulevées, c'est celle d'un « service de conciergerie ». Ce dont le soldat a besoin, c'est d'un champion, d'un intervenant qui lui est attribué avant sa libération, pas seulement au moment de la libération.
Lorsque les militaires se blessent, on leur accorde une catégorie médicale temporaire en vertu de laquelle ils s'acquittent de tâches légères ou font différentes choses. Avant que les militaires n'obtiennent une catégorie permanente, si un intervenant est affecté à ce moment-là, qu'il parle à ces personnes de ce que leur réserve l'avenir, des possibilités qui s'offriront à eux, cela change tout, vraiment.
Selon ma vision des choses, la beauté de l'affaire, c'est qu'on le fait avant que le militaire enlève l'uniforme, parce qu'il y a des possibilités de recours pour lui et d'autres ressources sur lesquelles il peut s'appuyer qui ne sont pas accessibles une fois l'uniforme enlevé. Si nous en faisions plus à l'interne pour nous assurer que le militaire est le mieux préparé possible à sa libération, je crois que cela aiderait beaucoup. Le fait d'avoir un point de contact qui encadre le militaire durant tout le processus serait essentiel à ce que nous tentons de réaliser à l'avenir.
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Oui, tout à fait, et je comprends... Dans mon bureau, la première chose que j'ai dite à toutes les personnes avec qui j'ai parlé depuis que j'assume cette fonction, c'est que la collaboration est la meilleure façon d'aller de l'avant pour tout le monde, mais, à un moment donné, nous avons tous certaines responsabilités dans notre champ de compétence, et il faut les assumer.
Selon moi, il faudrait probablement que toutes les parties prennent un peu de recul et ne se précipitent pas dans le précipice comme des lemmings. Prenons un temps d'arrêt maintenant, réfléchissons à ce que nous faisons, et demandons-nous si nous faisons bien les choses.
Si nous voulons revenir sur la façon de bien faire les choses, Anciens Combattants est là pour fournir des prestations et des services aux vétérans. Je sais que le ministère s'occupe maintenant de l'arbitrage, mais, selon moi, cela ne fait que rendre les choses plus complexes. On accorde ainsi deux ensembles de responsabilités à une entité qui ne devait faire qu'une chose. Je crois que nous avons rendu les choses plus complexes au fil du temps, une couche à la fois. Selon moi, ce n'était pas dans l'intention de personne d'être rendu là où nous en sommes, mais nous y voilà, oui, c'est ce que je crois.
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Nous avons réalisé plusieurs examens de l'UISP au fil des ans. Je sais que quand le chef d'état-major de la Défense, le général Vance, est entré en fonction, il a déclaré qu'un de ses objectifs personnels était d'aller au fond des choses en ce qui a trait à l'UISP, pour tout mettre en place et s'assurer que l'unité est fonctionnelle et peut fournir ce service à tous les militaires qui en ont besoin.
Selon moi, le principal problème de l'UISP concerne les niveaux de dotation. Je suis en poste depuis un peu plus de deux ans et demi, et, depuis le début, j'entends dire qu'il n'y a pas assez d'employés sur le terrain. J'ai appris aujourd'hui qu'il manque encore 30 personnes pour atteindre des effectifs opérationnels complets. Le problème avec ce niveau d'effectif opérationnel complet, c'est qu'il a été établi avant qu'on sorte d'Afghanistan, alors je me demande si le nombre que nous avons pris pour cible — il s'agissait de 457, et je crois qu'on l'a augmenté à 474 — est approprié? S'il l'est, alors pourquoi n'en faisons-nous pas plus pour pourvoir les postes plus rapidement?
Je sais que des salaires compétitifs sont offerts partout au pays. C'est le genre de choses qu'il faut régler, mais ce n'est pas comme si nous venions de le découvrir aujourd'hui. Nous le savons depuis plusieurs années. Voilà ce qui me préoccupe au sujet de l'UISP.
Je sais que le général Vance a consacré beaucoup d'efforts à l'organisation et à sa structure. Certaines responsabilités seront dévolues aux chaînes de commandement locales. Selon moi, c'est probablement une bonne chose afin qu'il y ait une certaine souplesse sur le terrain et qu'il soit possible de s'adapter. Je me garde de formuler des commentaires finaux jusqu'à ce que j'aie vu le résultat final et jusqu'à ce que l'Unité compte sur un effectif complet et ait réalisé une analyse de l'environnement pour s'assurer de compter sur le bon ratio de responsables de la gestion de cas et que les gens puissent cheminer dans le système au rythme nécessaire.
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Je n'ai pas beaucoup d'information sur les chiffres. J'en sais autant que vous.
Si nous voulons parler du soutien à offrir aux vétérans, voici ce que je vous dirais : je ne sais pas si quiconque d'entre nous a une solution pour prévenir le suicide, mais je crois que nous avons la possibilité d'éliminer le plus d'obstacles environnementaux possible. Par exemple, je sais que c'est toujours délicat d'en parler, mais parlons d'argent. Lorsque les gens appellent à mon bureau, ce n'est pas pour dire qu'ils n'ont pas obtenu leur médicament la semaine dernière, c'est parce qu'ils ne savent pas comment ils pourront payer leur hypothèque le mois prochain ou comment payer les études de leurs enfants.
Si vous prenez une personne — surtout une personne qui souffre de blessures de stress opérationnel — et que vous ne lui fournissez pas un cadre solide avant de la libérer, je crois que vous n'aidez en rien la situation. Avant de libérer un militaire en raison de ce type de maladie, il faut s'assurer que tout ce dont il aura besoin est en place. Il doit savoir quand son allocation pour perte de revenu ou son chèque de pension sera déposé dans son compte. Il doit savoir qui sera son médecin, en quoi consisteront ses prestations de service.
Nous pouvons le faire. Nous avons la capacité de le faire. Il faudra un peu de leadership et le désir de changer les choses, mais je crois que notre travail consiste à éliminer le plus d'obstacles possible sur la route des militaires libérés afin que nous puissions réduire ces chiffres.
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Nous parlons des familles. Vous savez, pour moi, les familles font partie de ma clientèle. Tous les militaires et leur famille, tous les anciens militaires et tous les anciens cadets et leurs familles respectives représentent une grande partie de ma clientèle, et leur sort me préoccupe toujours.
Selon moi, le problème des familles, c'est qu'on entend toujours dire qu'il faut tout faire pour les soldats et leurs familles, mais que fait-on vraiment pour les familles?
Anciens Combattants Canada offre certains programmes qui, dans une certaine mesure, aident les familles, comme les soins de relève. Je crois que les familles ont droit à deux ou trois semaines de soins de relève. Cependant, ce que vous devez comprendre, c'est que, lorsqu'un membre est aux prises avec une blessure de stress opérationnel, nous sommes pour notre part confrontés à cette situation huit heures par jour, tandis que la famille vit avec le vétéran touché tout le reste de la journée. Si quelque chose de négatif ou de mauvais arrive au militaire en question, ce sont les gens chez lui qui le ressentiront en premier; alors pourquoi ne permettons-nous pas aux membres de la famille d'avoir accès aux cliniques afin qu'ils puissent parler à des conseillers? Leur donne-t-on suffisamment de renseignements? Sont-ils assez sensibilisés?
Nous avons essayé — par l'intermédiaire de notre petite entité — de publier le plus de renseignements possible sur notre site Web et de rendre cette information le plus accessible possible, mais je crois que nous pouvons en faire plus. Au sein d'Anciens Combattants, lorsqu'un soignant s'occupe d'un ancien combattant, il est payé. Si un membre de la famille le fait, c'est une tout autre histoire.
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C'est exactement le modèle vers lequel nous nous dirigeons. Selon nous, dès que le militaire se voit attribuer une catégorie médicale temporaire, il faut réaliser une évaluation pour déterminer s'il peut retourner au travail ou s'il doit être libéré.
Contrairement à ce qu'on peut entendre dans les médias, les Forces armées canadiennes — selon moi — font de l'excellent travail auprès des militaires blessés. Les responsables les épaulent durant tout le processus, et les militaires ne sont pas libérés tant qu'un plan qui décrit leurs soins médicaux futurs n'a pas été défini. Je tiens donc à féliciter les Forces armées canadiennes. C'est du bon travail, bien fait. Cependant, il faut comprendre que, à mesure qu'on passe d'un programme, d'une prestation et d'un service à un autre, les règles et la réglementation changent, et il faut apprendre de nouvelles choses.
Vous avez tout à fait raison : dans le cadre du processus, il faut absolument que les militaires aient un seul point de contact, et ce, du moment où la décision est prise jusqu'à la toute fin, lorsqu'ils sont libérés, qu'ils reçoivent des prestations et des services et que leur vie reprend son cours. Prenons l'exemple des blessures de stress opérationnel : elles peuvent se manifester de nombreuses façons. Le chaos et la confusion n'aident pas du tout quelqu'un qui souffre de ce type d'affection. Selon moi, il est absolument essentiel de bénéficier d'une certaine constance dans la vie lorsqu'on passe par là.
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Lorsque j'ai commencé à travailler pour le ministère en 2004 — je ne devrais pas le dire —, j'étais responsable de la section des dossiers, et nous parlions déjà à ce moment-là de numérisation. Nous en parlons encore 12 ans plus tard.
Dans ma déclaration préliminaire, j'ai parlé de l'évaluation permettant de déterminer si la maladie ou la blessure est attribuable au service. J'ai dit que, si cette décision était prise par les Forces armées canadiennes, le transfert du dossier devenait inutile. Que faut-il transférer? La décision est déjà prise.
Il y a un seul avis à transmettre à Anciens Combattants pour préciser, par exemple, que tel soldat s'est blessé à telle date en faisant telle ou telle chose et que son problème est lié à son service au Canada. Ça disparaît.
Je crois que c'est ce qu'il faut faire. Je sais que les efforts sont encore en cours, mais je ne crois pas que ce soit déjà fini.
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J'étais là quand M. Parent a affirmé qu'un ancien combattant est un ancien combattant. Je crois que, à un moment donné, il faudra commencer à dire qu'un soldat est un soldat, un marin, un marin, et un aviateur, un aviateur. Pourquoi avoir des catégories de soldats?
En 2006, le gouvernement australien a décidé d'opter pour la parité à l'échelle du système : tous les soldats — le gouvernement a même inclus les cadets — sont couverts. S'ils tombent malades ou se blessent durant leur service ou lorsqu'ils sont sous la responsabilité du pays, tous ces militaires — y compris les réservistes et les autres — bénéficient d'un accès total aux prestations et services. J'ai demandé à l'inspecteur général de l'Australian Defence Force des renseignements sur ce qui s'est produit du point de vue financier, et on m'a répondu que, essentiellement, rien n'avait changé, ni du côté administratif, ni du côté des programmes.
Je crois que nous allons probablement dans la même direction. Au sein des Forces armées canadiennes, il y a l'armée, la marine et la force aérienne, puis il y a des groupes spéciaux. La façon dont les réservistes sont utilisés, engagés, déployés et employés est différente d'un groupe à l'autre. Je crois qu'il faut assurer une certaine continuité à l'échelle des Forces armées et que nous en sommes rendus à un point où il faut commencer à simplifier le système, parce que la première chose qu'un réserviste doit faire... La question sera la suivante : quel genre de soldat êtes-vous : A, B, B-plus ou C? Une fois le type déterminé, certaines portes s'ouvrent, et certaines options s'offrent aux soldats. Si un soldat n'est pas du type B-plus, alors il n'a pas accès à certaines prestations ni à certains services.
Pourquoi parlons-nous encore en ces termes? Je crois qu'il faut commencer à dire qu'un soldat, c'est un soldat. Cette modification changera les règles du jeu. Le fait de simplifier le système permettra de s'attaquer au coeur des problèmes dont nous parlons, de tenir compte de ceux qui sont oubliés durant la transition et de ceux qui ne bénéficient pas du soutien dont ils ont besoin après leur libération. C'est ma réponse à cette question.
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Le document dont j'ai parlé et qui sera prêt dans six à dix semaines se penchera sur les systèmes de tous nos alliés et les services qu'ils offrent.
Dans un premier temps, comme tous les membres des Forces armées canadiennes ou tous les vétérans vous le diraient probablement, nous avons besoin d'une solution canadienne, mais je ne crois pas que cela nous empêche de regarder les pratiques exemplaires.
Nous avons examiné le cas de l'Australie... Je crois vraiment que la parité à l'échelle du système est une pratique exemplaire. Les Américains font certaines choses afin de s'assurer de ne pas libérer un soldat et de le garder en uniforme jusqu'à ce que tout soit en place. Par conséquent, il continue de mener sa vie et de recevoir son salaire; toutes ces choses sont maintenues jusqu'à ce qu'il ait une place où aller.
Nous examinons les pratiques exemplaires, et elles seront incluses dans le document que j'espère produire au cours des prochaines six à dix semaines.
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J'ai appris ici que la meilleure façon de manger un éléphant, c'est d'y aller une bouchée à la fois. Je crois que l'attribution au service est une mesure qui peut changer la donne sur le terrain. Je crois qu'on pourrait immédiatement soustraire de quatre à six semaines au processus.
La deuxième chose qu'il faut faire, c'est abandonner notre système de classement des soldats : A, B, B-plus, C, Force régulière, Force de réserve. Il faut arrêter.
Troisièmement, lorsque ces deux autres choses auront été faites, il faut s'engager auprès des soldats blessés ou malades qui souffrent. Il ne faut pas laisser partir ces soldats tant que nous n'avons pas tout mis en place. C'est ce que j'aimerais accomplir grâce au modèle de prestation. L'attribution au service revient aux Forces armées canadiennes. Anciens Combattants Canada prend les décisions sur la qualité de vie et fournit les prestations et les services. Puis, avant d'en arriver là, les Forces armées canadiennes doivent maintenir le militaire en poste jusqu'à ce que tout soit prêt.
Voilà pour les trois mesures que j'aimerais bien nous voir prendre. Je crois que nous devrons le faire de façon progressive. Nous devrions commencer par l'attribution au service. Puisque nous le faisons déjà pour les réservistes, pourquoi ne pas élargir cette structure? À l'avenir, je crois que les autres problèmes disparaîtront d'eux-mêmes : si nous éliminons les catégories de soldats, tout le monde obtient un traitement égal. La troisième recommandation, c'est cette idée qu'on ne laisse pas partir le soldat tant que tout ce qui est nécessaire n'a pas été mis en place. On éliminera ainsi la plupart des problèmes de transition.
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Je crois que vous soulevez là un excellent point et je suis tout à fait d'accord avec vous.
Nous avons les données. Quelqu'un m'a déjà dit qu'Anciens Combattants Canada possédait beaucoup de données, mais peu de connaissances. Je crois vraiment que le ministère a les données nécessaires. Grâce aux données recueillies au cours des 50 ou 60 dernières années, nous devrions être en mesure de prévoir les coûts associés au fait d'envoyer un soldat dans un théâtre d'opérations.
Nous pouvons utiliser la comptabilité d'exercice : si nous savons qu'il coûte 5 $ pour envoyer un soldat dans un théâtre d'opérations, mais qu'il en coûte cinq autres pour le soutenir à son retour au pays, alors il faudrait réserver ces fonds. Nous ne devrions plus avoir ces conversations, parce que, à chaque mission, à chaque affectation spéciale ou je ne sais quoi d'autre, nous revenons et nous recommençons ces mêmes conversations. L'ombudsman se présente devant des comités, et nous parlons aux parlementaires. Nous avons ces mêmes conversations. Si nous avons la capacité et les données, pourquoi n'exploitons-nous pas ces données pour dire à ceux qui prennent ces décisions qu'il en coûte 5 $ pour y aller, mais qu'il en coûte cinq autres au moment du retour au pays? Je crois que nous pourrions le faire. Je crois que nous avons suffisamment d'expertise et de technologie aujourd'hui pour faire des extrapolations et déterminer quels pourraient être ces coûts potentiels.
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D'entrée de jeu, les deux entités ont des responsabilités différentes — il va sans dire —, mais la première est-elle le prolongement de l'autre?
Permettez-moi de compliquer la situation; je vais probablement avoir beaucoup d'ennuis pour ce que je m'apprête à dire. Pourquoi y a-t-il deux ombudsmans? Je sers les anciens membres et les membres actuels des Forces armées canadiennes, et mon ami Guy Parent fait la même chose. Je comprends les complexités de chaque entité, mais nous le faisons nous-mêmes. Nous parlons de nous rencontrer — de nous rapprocher — et, pendant ce temps-là, nous faisons la même chose.
Je crois que les deux ministères pourraient être plus près l'un de l'autre. Ce concierge, ce coach de vie ou peu importe le nom qu'on lui donne, ne doit pas nécessairement être un employé du MDN. Ce pourrait être un employé d'Anciens Combattants Canada, ou peut-être un vétéran qu'on embauche à cette fin. Il y a de nombreuses possibilités.
Est-ce que les deux ministères pourraient être plus près l'un de l'autre? Oui, mais je vais rappeler un commentaire formulé par un de vos collègues ce matin au sujet des couloirs de nage. Les couloirs deviendront plus flous. Nous savons que les fonds destinés aux vétérans sont un financement prévu par la loi et ne seront pas touchés, c'est évident, mais de quelle façon administrerons-nous tout ça et à quoi ressemblerait une telle organisation?
Je regarde la situation actuelle et l'existence de deux ministères et je crois qu'on pourrait difficilement les réunir. Il y aura des problèmes, et ce sera difficile à faire, mais, selon moi, cela ne nous empêche pas de trouver de meilleures façons de travailler ensemble, comme en se disant : « Voici ta responsabilité. Fais telle ou telle chose, puis je ferai telle ou telle autre ». C'est ce que je tenterai de faire avant de dire : « Rapprochons les deux entités ».
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Passons à autre chose. Nous avons entendu des témoignages sur les blessures de stress opérationnel et le fait que ces problèmes sont amplifiés lorsqu'un vétéran vit du stress en raison de la transition et ce genre de choses.
Nous avons aussi entendu dire que, parfois, les problèmes commencent avant même que les militaires se retrouvent sur un théâtre d'opérations. Par exemple, nous avons essuyé certaines pertes au CMR de Kingston. Nous savons que, en raison du concept de l'universalité du service, des militaires actifs craignent de s'ouvrir et de dire qu'ils souffrent ou qu'ils ont certaines difficultés parce qu'ils ne veulent pas avoir quoi que ce soit dans leur dossier indiquant qu'ils ne sont pas aptes au service. C'est donc le problème de la poule et de l'oeuf. Les militaires ne veulent rien dire et ne veulent pas obtenir de l'aide parce qu'ils craignent de perdre leur emploi, mais s'ils n'obtiennent pas d'aide, il n'y aura rien dans leur dossier plus tard pour prouver que leurs problèmes sont attribuables au service.
Que pensez-vous du fait de s'assurer que les militaires actifs des Forces armées canadiennes, qu'il s'agisse de réservistes ou de personnes au CMR, aient accès à une tierce partie, à un type de programme d'assistance à l'intention des employés auquel le reste d'entre nous ont accès, afin qu'ils puissent obtenir l'aide dont ils ont besoin sans craindre que leur employeur en soit informé?
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Les familles doivent faire partie du processus plus tôt. Quand on soupçonne la présence de ce type de problème, les Forces armées canadiennes doivent mobiliser les membres de la famille beaucoup plus tôt. Ils doivent recevoir une formation les informant de ce à quoi ils doivent s'attendre à mesure que ces maladies se manifestent. Je crois que les familles devraient avoir la possibilité de communiquer par téléphone avec des personnes-ressources pour demander de l'aide et en recevoir rapidement.
Je ne sais pas si nous devons mettre sur pied une toute nouvelle structure, mais peut-être que nous devons étendre celle qui existe actuellement. En ce moment, le ministère des Anciens Combattants et le ministère de la Défense nationale, ainsi que les Forces armées canadiennes, ont étendu aux familles les services offerts par l'entremise des Centres de ressources pour les familles des militaires, les CRFM, pour quelques années après la date de retraite du militaire. Je crois que c'est une excellente idée. Cela assure une certaine continuité avant qu'ils puissent passer à la prochaine étape de leur vie. Je crois que la même chose pourrait être offerte en ce qui concerne la santé mentale.
Nous devons faire participer les membres de la famille, en particulier les conjoints, et les informer de ce à quoi ils peuvent s'attendre et des ressources dont ils disposent pour obtenir de l'aide, parce que les premiers symptômes de ces maladies apparaissent à la maison.
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Merci, monsieur le président.
Je disais à certains des autres députés quand j'ai commencé à siéger au Comité que j'en étais à ma 11e année au Parlement et que je n'avais jamais été membre du Comité permanent des anciens combattants. C'est nouveau pour moi. C'est un privilège d'être ici.
Quand vous commencez à siéger à un nouveau comité, ce qui est fâcheux, c'est d'avoir une compréhension peu approfondie des sujets. C'est comme une chaîne de prière : quand vous êtes à la toute fin, tous ceux qui vous ont précédé ont prié pour la même chose qui fera l'objet de vos prières. J'en suis rendu là. J'ai entendu les questions précédentes.
Si je m'apprêtais à prier pour les anciens combattants, une des choses que je demanderais serait que pendant leur transition... Nous avons effleuré le sujet, mais je souhaite poursuivre sur l'importance de l'intégration au marché du travail et sur ce que nous faisons comme gouvernement pour leur faciliter la tâche. Pouvons-nous améliorer certains aspects touchant ces questions?
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Merci. Il s'agit d'un de mes projets préférés.
L'an passé, la Chambre a adopté la Loi sur l'embauche des anciens combattants. J'ai témoigné devant le Comité et j'ai affirmé que j'étais d'avis que l'occasion qui se présentait permettait de donner au ministère de la Défense nationale le pouvoir de déterminer si la blessure ou la maladie était attribuable au service militaire. Si la raison est attribuable au service pour le pays, vous obtenez un droit de priorité statutaire sur la liste. Si vous êtes libéré pour des raisons médicales non attribuables au service, vous obtenez un droit de priorité réglementaire sur la liste. Il est absolument essentiel d'être inscrit rapidement sur la liste, parce que les emplois disparaissent aussi rapidement qu'ils y apparaissent.
Les rouages ont fait en sorte que le pouvoir décisionnel a été attribué au ministère des Anciens Combattants. Je vais vous expliquer ce qui se passe.
Quand le membre est libéré, pour des raisons réglementaires ou médicales, attribuables au service, le dossier est transmis au ministère des Anciens Combattants aux fins de prise de décisions. Il est possible de rendre une décision. Je ne sais pas quel est le délai. J'ai perdu de vue cet élément. Nous avons consenti beaucoup d'efforts pour obtenir ces renseignements, et c'est presque impossible d'y arriver. Voilà une chose.
Ensuite, quand l'agent dit : « oui, d'accord, la raison est attribuable au service, donc votre nom est placé sur la liste », devinez ce qui se passe? Si cet ancien combattant souhaite obtenir des prestations et des services, le dossier doit être soumis de nouveau à un examen aux fins de décision.
Nous faisons cela nous-mêmes. Nous continuons de rendre le processus plus complexe et d'ajouter des étapes qui ne devraient pas exister. Quand j'ai discuté avec le président par intérim de la Commission de la fonction publique, il m'a déclaré : « il nous importe peu qui nous donne le nom, en autant que la personne soit autorisée à le faire. »
Je crois qu'il s'agissait d'une occasion. Si nous l'avions saisie et avions conféré le pouvoir au ministère de la Défense nationale, il n'y aurait eu qu'un pas à franchir entre ce point et l'autre que j'ai soulevé, soit établir la raison attribuable au service en ce qui concerne l'accès aux services et aux prestations. Nous sommes la cause de beaucoup des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Je crois fermement qu'il s'agit d'une occasion ratée.
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En m'appuyant sur mon expérience acquise auprès du ministère des Anciens Combattants et dans les fonctions que j'occupe en ce moment, je crois que je peux affirmer que les entreprises canadiennes ont assez bien répondu à l'appel. Je crois que les efforts consentis par le ministère des Anciens Combattants et celui de la Défense nationale ont porté fruit, et que ces ministères ont maintenant de nombreux partenaires du monde des affaires.
La mise en garde que je ferais à propos de ces messages publicitaires et annonces est que, parfois, une trop grande visibilité peut effrayer un possible employeur. Nous parlons de blessures de stress opérationnel, et il s'agit d'un terme générique. Cela peut signifier autant de l'anxiété qu'un TSPT aigu ou n'importe quelle maladie dans l'éventail qu'il y a entre les deux.
Je crois que nous devons éduquer le public et expliquer que nous avons des militaires pour lesquels nous avons dépensé des millions de dollars en formation, qui ont appris ce qu'est la loyauté, un ordre, le respect, le dévouement et qui possèdent les qualités que recherche toute organisation, qu'elle soit privée ou publique. Je crois que c'est ce que nous devrions promouvoir. Les personnes qui ont des BSO sont pleinement en mesure d'accomplir des tâches quotidiennes; elles ont des maladies, mais elles ont appris à composer avec leur affection.
Le point sur lequel je crois il faut faire preuve de prudence c'est que ce ne sont pas tous les membres qui quittent les Forces armées canadiennes qui sont brisés. Il y a entre 5 000 et 6 000 membres qui sont libérés chaque année; de ce nombre, environ 1 400 sont libérés pour des raisons médicales — environ 600, pour des raisons attribuables au service, et 900, pour des raisons qui ne sont pas attribuables au service —, donc il y a des personnes possédant de nombreuses qualités et compétences qui quittent l'armée et qui pourraient travailler pour n'importe quelle entreprise. Voilà mes mises en garde à propos de ces sujets.
Je vous remercie de nouveau. J'ai deux courtes questions à poser.
Nous nous sommes penchés sur les anciens combattants et la préparation en vue de la transition du MDN à ACC. Nous savons également qu'il existe des blessures que les anciens combattants pourraient avoir subies sans en être au courant eux-mêmes; ces maladies apparaissent au fil du temps, peut-être au cours d'une période de 10 à 15 ans. Comment devrions-nous traiter les blessures dont la raison est attribuable au service si le MDN transmet les avis à ACC avant que les membres ne laissent leur uniforme?
Si j'en ai le temps, j'ai une deuxième question à poser. Il y a du personnel de soutien, des personnes qui ont travaillé pour le MDN, mais qui ne font pas partie des forces. Je pense, par exemple, à un interprète afghan qui, en guise de remerciements, a été ramené au Canada et s'est vu offrir l'occasion de parfaire son éducation. Il souffre de TSPT et il n'a pas la capacité de fonctionner. Toutes les possibilités qui lui sont offertes perdent leur sens parce qu'il n'a pas la capacité de fonctionner et qu'il ne peut obtenir de l'aide par l'entremise du MDN ou de la clinique pour traumatismes liés au stress opérationnel. Est-ce un problème? Personne ne semble s'en préoccuper. Est-ce que nous devrions nous en préoccuper?
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Ma prochaine question est d'un tout autre ordre.
En tant que groupe reconnu par une loi du Parlement, la Légion royale canadienne a une place prédominante dans l'univers des vétérans. Or beaucoup de groupes à Québec, où j'ai été élu, m'ont dit ne pas avoir accès aux installations de la base militaire de Valcartier — notamment le terrain de parade, les installations du gymnase ou le mess des officiers — pour tenir des événements.
Les gens de l'organisme Wounded Warriors, par exemple, m'ont demandé de leur écrire une lettre d'appui pour que le commandant de Valcartier leur permette d'utiliser les installations. Leur cas est le même que celui de la Légion royale canadienne.
Que pensez-vous de cette situation problématique?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Walbourne, madame Hynes, je vous souhaite la bienvenue. Je suis très heureuse que vous soyez ici parmi nous aujourd'hui.
M. Van Kesteren est député depuis 11 ans et il est ici pour la première fois. Quant à moi, je ne suis députée que depuis sept mois et c'est aussi la première fois que je siège à ce comité.
J'aimerais vous parler de la lettre de mandat du ministre de la Défense nationale. Dans cette lettre, on retrouve le passage suivant :
Travailler avec le ministre des Anciens Combattants et ministre associé à la Défense nationale en vue d’élaborer une stratégie de prévention du suicide à l’intention du personnel des Forces armées canadiennes et des anciens combattants.
Selon vous, quelles sont les actions prioritaires à entreprendre en matière de prévention du suicide chez le personnel des Forces armées canadiennes et chez les anciens combattants?
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La prévention et la réduction de ce problème passent par une approche à multiples volets. Je suis déterminé à avoir une plateforme solide à l'intention des membres qui sont libérés, comprenant des services financiers, des prestations et d'autres choses essentielles. Je crois que c'est prioritaire.
Ensuite, nous devons recommencer à parler de sensibilisation et d'occasion. Une tierce partie — peut-être que cela représenterait une occasion de participation pour certaines personnes. Si nous choisissons de conserver le principe d'universalité du service, nous allons devoir trouver des lieux et des façons pour que les membres puissent s'exprimer sans craindre de sacrifier leur carrière. Nous devrons nous adapter au fur et à mesure.
La lettre de mandat entre le ministre et le ministre des Anciens Combattants, qui est aussi notre ministre associé, visant à ce que les deux collaborent selon une vision d'ensemble, devrait donner de bons résultats, mais nous devons commencer à discuter de façon franche et honnête de la façon de créer une plateforme appropriée pour les membres qui s'apprêtent à quitter les forces armées. Tout le reste en découlera. Il faut leur offrir un solide point de départ, un tremplin vers leur nouvelle vie, et ensuite se pencher sur leur avenir.
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Je crois que nous pouvons faire de nombreuses choses. Je vais continuer à soutenir les mesures en ce sens afin de m'assurer que les membres qui quittent les forces ont tout ce qu'il leur faut pour avoir une bonne qualité de vie. Cela signifie couvrir les besoins de base, avoir assez d'argent pour manger, pour se chauffer et s'éclairer et avoir un toit. C'est le minimum. Ces choses doivent être en place avant tout.
Je suis d'avis que nous pouvons prendre de nombreuses mesures en ce qui concerne la transition.
Ce que je ne veux pas que l'on fasse, c'est que l'on devienne des dictateurs de la transition. Nous devons offrir des programmes et des services qui permettent aux membres en transition de se réaliser quelque peu, de prendre des décisions concernant le choix d'un programme de réadaptation professionnelle, et le choix des programmes et de la vie qu'ils souhaitent avoir.
Je crois que nous pouvons établir certains paramètres, mais le système doit être assez flexible pour que le membre puisse se réaliser. À quoi ressemble leur avenir? Les membres doivent faire partie de la solution. Si nous leur dictons ce qu'ils doivent faire, je ne crois pas que nous obtiendrons les résultats souhaités. Je suis d'avis qu'il faut établir un partenariat entre le membre qui quitte les forces et l'organisation.
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Le bureau de l'ombudsman a été créé en 1998 à la suite de la mission en Somalie, et si vous connaissez l'historique de cette mission et les problèmes qui sont survenus, il est possible d'affirmer que les agressions sexuelles, le harcèlement sexuel et les inconduites, entre autres, ont servi de catalyseur menant à la création du Bureau de l'ombudsman.
Je n'étais pas là au moment de la création du bureau, donc je ne suis pas tout à fait certain des pouvoirs qui ont été conférés à l'ombudsman à ce moment-là, mais nous avons traité, et continuons de traiter, les plaintes pour agression sexuelle et harcèlement sexuel à notre bureau. C'est un service que nous avons offert et que je continuerai d'offrir jusqu'à ce que j'aie l'assurance que le système en place est vraiment indépendant et inclusif.
Mon bureau offre des services non seulement aux militaires des Forces armées canadiennes, mais aussi aux employés. Cette équipe d'intervention en matière d'inconduite sexuelle n'offre pas de services au personnel civil. Ceux d'entre nous qui travaillons au sein du ministère depuis un certain temps savons que, en particulier dans les régions, des membres des forces dirigent des membres du personnel civil et des membres du personnel civil dirigent des militaires. Nous avons laissées pour compte entre 28 000 et 30 000 personnes. Je ne crois pas que ce soit équitable et j'adhère au principe d'équité. C'est mon rôle, donc, comme je l'ai mentionné, et je vais continuer à affirmer que mon bureau offre le service et continuera de le faire jusqu'à ce que je sois convaincu que nous avons en place un programme inclusif et équitable envers tous.
Pour ce qui est de l'équipe d'intervention en matière d'inconduite sexuelle... on la dit indépendante, mais elle relève du sous-ministre.
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Je pense qu'il y a deux problèmes.
Le premier, selon moi, serait probablement une augmentation des besoins en ressources par l'entremise du médecin-chef, mais je crois que tout argent investi à ce chapitre sera plus que récupéré à l'autre bout. On en revient à se demander s'il y a du leadership et le désir de le faire. Si on souhaite corriger une situation et qu'on y attribue le bon leadership, ça sera fait.
Je dois également tenir compte du fait que beaucoup d'événements ont lieu dans l'environnement. Il se passe beaucoup de choses. Nous intervenons sur plusieurs théâtres d'opérations. Les Forces armées canadiennes sont un groupe très occupé. C'est la seule marge que je leur donnerai.
Je crois que cela se résume probablement à un petit besoin en ressources et qu'il s'agit tout simplement qu'une personne prenne les choses en main à titre de champion et fasse bouger les choses.
Je crois que, si nous continuons de tenir des conversations au sujet de ce que nous faisons actuellement et que nous poursuivons dans la même voie, nous n'allons jamais changer. Nous devons examiner le modèle et dire : « Il ne fonctionne pas. Jetons-le et recommençons. »
Je ne parle pas de se débarrasser de ressources à l'intérieur d'Anciens Combattants Canada. Embauchez les gestionnaires de cas que vous allez embaucher. S'agit-il de gestionnaires de cas? Ils sont peut-être des coachs de vie, peut-être qu'ils sont autre chose. Ils enseignent peut-être aux gens comment rédiger un curriculum vitae et acquérir des compétences en matière d'entrevue, puisque, nous le savons, il y a des lacunes importantes à ce chapitre.
Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire, mais nous ne pouvons continuer de faire ce que nous faisons. Nous allons tenir cette conversation encore et encore. Comme vous l'avez dit, dans 12 mois, dans 2 ans, nous serons de retour pour reprendre la même conversation. Je pense que nous en sommes rendus là.
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Si nous regardons ce que nous demandons à Anciens Combattants Canada de faire, c'est-à-dire de fournir des services et de verser des prestations en fonction de l'incidence sur la qualité de vie de nos membres libérés, le ministère pourrait être n'importe où. Je pense que le sentiment d'urgence pourrait parfois se perdre en raison de la distance.
Grâce à la technologie dont nous disposons, aux capacités que nous possédons, au fait que le SM est ici, à Ottawa, je pense que cela peut fonctionner, mais on en revient à la conversation que nous tenons à la base de cette situation : cela peut fonctionner, mais nous allons devoir modifier légèrement le modèle.
Le monde a changé. Nous devons suivre son évolution. Je pense que le fait qu'Anciens Combattants soit situé à Charlottetown n'est pas un obstacle. Selon moi, les obstacles en question sont les structures dont nous disposons actuellement. Je pense que nous devons examiner ces structures.
Je ne vois aucun problème avec le fait qu'Anciens Combattants Canada soit situé à Charlottetown.
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À mon avis — je sais qu'il y a eu une petite absorption de ressources —, d'abord et avant tout, l'attribution au service devrait être déterminée par les Forces armées canadiennes. C'est absolument essentiel. Si nous faisions cela, je parierais ma réputation que nous pourrions retrancher d'emblée de 4 à 6 semaines aux 16 semaines d'attente.
Ensuite, je pense que nous devons nous engager à l'égard de ces soldats blessés et leur dire qu'ils ne retirent pas l'uniforme avant de nous avoir dit qu'ils sont prêts à le faire ou que nous ayons tout mis en place pour eux.
Voilà les deux éléments que j'examinerais pour l'instant.
Grâce à ces deux mesures seulement, on n'aurait plus de problème de transition. On prendrait bien soin du soldat, il porterait encore l'uniforme, il occuperait encore un emploi rémunéré, quel que puisse être le type de travail, mais il ne resterait pas là à attendre pendant 16 ou 18 semaines avant qu'on détermine si un chèque va être émis ou s'il va y avoir un avenir.
Si vous voulez faire quelque chose très rapidement, je pense qu'il s'agit là des deux mesures que nous devons prendre.
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Surtout lorsque je suis sur le terrain en train de visiter ces cliniques, nous prenons le temps de parler aux patients. Dans la plupart des cas, ce que j'entends dire, c'est qu'une fois qu'ils sont dans le système, le service est excellent. On prend soin d'eux. Ils ne parlent pas seulement de leurs besoins immédiats, mais les gens commencent aussi à parler de leurs besoins futurs. Encore une fois, je félicite les responsables, car je pense qu'ils font de l'excellent travail, compte tenu de ce dont ils disposent.
Selon moi, notre plus gros problème provient — comme l'a mentionné votre collègue — des personnes qui ne veulent pas demander de l'aide. Je pense qu'il s'agit de celles dont nous entendons parler. Ce sont celles qui me font peur. Elles sont chez elles à se soigner par elles-mêmes, ou quel que puisse être l'aspect de leur situation. Voilà ce qui me fait peur.
Je pense que le dernier obstacle au fait de demander de l'aide, c'est l'universalité des services. Je le crois vraiment. Selon moi, tant que nous n'aurons pas trouvé de moyen de contourner cette anomalie ou ce problème dans l'environnement, je pense que nous allons continuer de faire face à ce problème.
Je dois dire que, même si certaines des personnes qui assurent la prestation des services sur le terrain sont surchargées dans certaines régions, c'est presque comme si une camaraderie était établie avec les patients. C'est vraiment beau à voir. Les intervenants font du bon travail lorsqu'ils en ont la possibilité.
En fait, vous venez tout juste de mentionner quelque chose qui mène directement à ma prochaine question. C'est presque comme si nous avions planifié cet échange.
Vous avez mentionné les personnes qui restent chez elles et qui se soignent elles-mêmes. Je suis médecin, et une des choses que nous savons, tout d'abord, c'est que la toxicomanie, en soi, est un diagnostic, pas une absence de moralité. En outre, nous savons que la toxicomanie est souvent la première indication extérieure du fait qu'il y a un problème de santé mentale. Si une personne a tenté de se soigner par elle-même, elle n'a parlé à personne de ses problèmes de santé mentale. Le premier signe qui retient l'attention de quiconque, c'est quand la personne se fait prendre à conduire avec les facultés affaiblies ou quelque chose du genre.
Si des membres qui ont été dans le service ont fait l'objet de sanctions disciplinaires pour des problèmes liés à la toxicomanie, ou même seulement si des problèmes de toxicomanie ont été reconnus, est-ce que cette situation, en soi, semble dresser des obstacles quant à l'accès aux soins?
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Si vous m'aviez posé cette question il y a deux ou trois ans, j'aurais répondu par l'affirmative. Je pense que nous sommes en voie d'établir un domaine très solide de conseillers en toxicomanie. Toutefois, je crois savoir qu'au cours des 18 ou 24 derniers mois, le nombre de ces conseillers a été réduit.
Nous avons entendu des membres de l'UISP sur le terrain dire que le retrait de ces types de capacités de leur organisation a eu une incidence sur les gestionnaires de cas. Comme vous le savez, monsieur, les problèmes de toxicomanie, en soi, doivent faire l'objet d'un apprentissage, être compris et être gérés, alors si on les regroupe avec autre chose, on ne leur rend pas justice.
Nous sommes un peu préoccupés au sujet des postes qui ont été retirés de l'environnement. Encore une fois, il s'agit d'un autre programme dont nous faisons le suivi pour voir vers quoi nous allons nous diriger. Nous avons posé la question afin de savoir si les postes allaient être rétablis dans l'environnement. Cependant, il s'agissait d'une préoccupation qui avait été soulevée par certaines des cliniques sur le terrain.
Comme l'a affirmé M. Van Kesteren, souvent, lorsque nous avons deux ou trois séries d'interventions, ici, les gens posent les questions qu'on avait écrites. Je pense tout de même que Mme Romanado regarde par-dessus mon épaule, car elle pose toutes celles que j'ai sous les yeux.
En outre, je vous félicite pour vos réponses concises et instructives. Merci beaucoup.
Nous avons un peu abordé les familles, et c'est probablement pourquoi Mme Romanado et moi-même connaissons bien... Nous venons tous deux d'une famille militaire. Vous avez un peu mentionné les familles et le fait de leur fournir de l'information à l'avance. Je sais que vous avez répondu à cette question, et j'apprécie vos commentaires sur le fait de fournir cette éducation, de fournir l'information à l'employeur.
Pouvez-vous nous donner des renseignements sur les autres pays qui pourraient procéder de cette manière?
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On en revient toujours à l'accès, à l'accès et à l'accès. Ce n'est pas bien d'avoir un problème s'il n'y a pas d'accès à des services permettant de soulager ce problème.
Des numéros d'urgence-suicide sont accessibles dans pratiquement toutes les collectivités du pays. Si les circonstances l'exigent, nous avons la capacité d'intervenir dans des situations problématiques où nous estimons que le membre ou d'autres personnes pourraient subir un préjudice. Nous pouvons obtenir très rapidement l'attention de la chaîne de commandement. Je peux vous dire qu'une fois qu'un événement de cette ampleur est porté à son attention, elle se mobilise et elle le fait très rapidement et très fortement.
Le Bureau de l'ombudsman des vétérans est une autre possibilité. Si les circonstances l'exigent, ses responsables ont la capacité de faire appel à des ressources. Je pense que cela nous ramène au fait d'éduquer les gens. Quand j'ai parcouru le pays pour la première fois, j'ai été surpris par le nombre de personnes qui ne savaient pas qu'il y avait un ombudsman. Ce bureau existait depuis 15 ou 16 ans, et les gens ne savaient même pas qu'il y avait un ombudsman.
On en revient à l'éducation et au fait de rendre les choses facilement accessibles et de les mettre à la disposition des gens. Je pense que nous en sommes là.
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Eh bien, mon collègue, M. Parent, l'ombudsman des vétérans, est probablement mieux placé pour répondre à cette question.
Toutefois, je dirais que, s'il est question d'une norme unique, il devrait y avoir une voie d'accès unique. Il devrait y avoir une mobilisation unique. Il devrait y avoir un unique formulaire à remplir. Nous devons ramener le nombre à un. À Anciens Combattants Canada, il y a maintenant 15 formulaires différents pour 15 types de services et de prestations différents. Nous voulons ramener leur nombre à un.
Lorsque nous parlons d'un ancien combattant, il n'est pas seulement question de traiter tout le monde de façon équitable; il est question d'un accès unique. Comment les gens obtiennent-ils l'accès aux services et aux prestations? Je crois qu'on peut en faire beaucoup.
Tout d'abord, je crois qu'un soldat, c'est un soldat. Si nous commencions par là, nous n'aurions pas ces catégories et types d'anciens combattants lorsque nous arrivons à l'autre bout. On peut occuper un poste de classe B toute sa vie et ne jamais voir un théâtre d'opérations, mais tout de même être blessé en servant le pays. Il est probable que votre accès aux services et aux prestations sera un peu différent de celui d'un membre de la force régulière, même si la maladie était exactement la même.
Je m'arrêterai là, mais c'est une bonne question pour l'ombudsman des vétérans.
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Je vais répondre en donnant un avis mitigé. Je crois que nous avons besoin d'un concept comme celui de l'universalité des services. Le général Vance l'a affirmé clairement, et j'appuie ses propos, mais je crois également que l'universalité des services est un obstacle, surtout pour quiconque est atteint d'une blessure de stress opérationnel. Il y aura des gens qui ne demanderont pas d'aide.
Il ne s'agit pas que de la perte d'un emploi et d'un chèque de paie; quiconque a servi sait qu'il s'agit d'une carrière et d'un style de vie. On abandonne plus qu'un simple emploi. L'universalité des services est un obstacle, mais comment pouvons-nous le contourner? Je pense que nous devons réunir les bons experts dans une salle afin qu'ils tiennent une conversation. L'universalité des services peut-elle être maintenue dans un quartier, mais pas dans tous? C'est simplement une idée qui m'est venue à l'esprit.
Il y a beaucoup de façons différentes d'envisager ce problème. Que font nos alliés, et comment progressent-ils et procèdent-ils à la transition à cet égard?
Quelqu'un a dit que nous sommes en 2016. Eh bien, c'est vrai. Il est peut-être temps de porter un regard neuf sur la question. Je ne dis pas qu'il faut balancer l'universalité des services par la fenêtre — je ne pense pas qu'il s'agisse de la réponse pour la chaîne de commandement —, mais, si nous dressons des obstacles, nous devons soit trouver des façons de les surmonter, soit trouver des endroits où régler les problèmes auxquels nous allons être confrontés. Je crois que, si nous n'avons pas cette possibilité, nous pourrions être les artisans d'une partie de notre propre malheur.
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Merci infiniment. C'était très instructif.
J'ai vraiment apprécié ce que vous avez dit au sujet de réfléchir au coût total d'une mission. Vous avez tout à fait raison. Je pense que nous aimons tous notre armée. Quand des gens me demandent quelle est la meilleure partie de mon travail, je leur dis que c'est l'armée et les anciens combattants. C'est probablement ce qui me touche le plus et ce qui me tient le plus à cœur.
Dans ma circonscription de Chatham-Kent—Essex, ou Leamington, maintenant... Je dis cela parce que nous avons le commandement d'Essex et de Kent, à Windsor et à Chatham, et que ces hommes et ces femmes ont eu une incidence très importante sur notre vie à tous.
Quand nous parlons du coût total, avons-nous vraiment tenu compte des années ultérieures de nos soldats? En faisons-nous assez à cet égard? Tenons-nous compte de ce qui pourrait arriver 2, 5 ou peut-être 10 ans plus tard? Y a-t-il assez d'efforts ciblés sur cette partie de leur vie?
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Merci, monsieur le président.
De nombreux aspects intéressants ont été soulevés, mais celui qui ressort dans mon esprit, c'est le fait qu'on passe beaucoup de temps à sortir les civils des membres du personnel des Forces canadiennes. Leur culture est transformée en culture militaire. Cependant, quand vient le temps d'établir un nouveau lien avec la vie civile, on n'y consacre pas beaucoup de temps. Même si on parle beaucoup d'éduquer et de préparer les membres des Forces canadiennes et leur famille, il me semble qu'il y a beaucoup de confusion. Nous entendons des anciens combattants dire : « Eh bien, je ne connaissais pas l'existence de ces services », ou des conjoints déplorer : « Personne ne nous avait informés de l'existence de cette possibilité. »
Il me semble que c'est beaucoup d'information transmise aux gens tout en même temps et qu'ils ne la retiennent tout simplement pas, ou bien ils sont tellement blessés ou perturbés à l'idée de quitter l'armée qu'ils ne peuvent pas la retenir. Je me demande quelles suggestions vous feriez pour ce qui est de régler ce problème particulier.
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Je vais reprendre à mon compte certaines des choses que j'ai entendues dans l'environnement. Je vais essayer de ne pas m'en attribuer le mérite.
Les gens jasent. Vous savez, nous avons le camp d'entraînement, l'instruction de base pour les gens qui arrivent, et nous passons tout ce temps à former le type de soldats que nous voulons. Toutefois, à la sortie, nous obtenons un atelier du SPSC, un atelier concernant une seconde carrière, qui dure deux ou trois jours, ou peut-être une semaine. Je pense que nous pouvons en faire davantage à ce chapitre.
Nous allons retourner à l'endroit où je suis. Nous obtenons une catégorie médicale temporaire pour la personne avant qu'elle obtienne une catégorie médicale permanente. À ce moment-là, il reste au moins six ou huit mois avant qu'on laisse sortir le soldat. Pourquoi ne profite-t-on pas de cette période pour procéder à une certaine formation? C'est l'acclimatation civile, ou peu importe comment vous voulez appeler cela. Quelque chose d'aussi simple que la rédaction d'un curriculum vitae et le transfert de ses aptitudes et capacités vers le discours de la vie civile, c'est un travail considérable. C'est presque un peu comme un jeu, mais il faut savoir comment le faire.
Des colonels ont posé leur candidature à des postes à l'intérieur de mon organisation, mais, selon les règles, je ne peux voir que ce qui figure sur leur demande. Lorsqu'ils me disent qu'ils sont des commandants, je comprends. La personne s'est occupée de tout : les RH, les finances, l'approvisionnement, le stationnement, tout ce que vous voulez. Elle l'a fait. Je sais qu'elle possède toute l'expérience nécessaire, mais, si elle ne m'en fait pas la démonstration, je ne peux rien faire pour l'aider.
Je pense que les situations comme celles-là sont les petites choses que nous pourrions enseigner aux gens afin de les aider, puis faire intervenir les familles dans une partie de ce processus et commencer à aborder l'incidence que cette transition va avoir sur leur vie et les services qui sont offerts. Je pense que l'éducation compte pour une grande partie de la solution.
Actuellement, nous travaillons avec le ministère à l'établissement d'une plateforme de TI commune comportant tout et très semblable à celle qui a été adoptée à Anciens Combattants Canada : le navigateur des prestations... alors, nous travaillons là-dessus avec les responsables et tentons de mettre au point cette plateforme. Je pense qu'il s'agirait d'un formidable coup de pouce, surtout pour les conjoints et les membres de la famille, qui disposeraient d'un endroit où aller pour trouver ce qu'ils veulent. Grâce à une série de clics, ce qui est important ou pertinent pour vous s'afficherait, et tout le reste s'effacerait.
Nous travaillons à la réalisation de cette plateforme, et je suis très heureux de l'aide et de la contribution que nous recevons du ministère.
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J'ai quelques commentaires très rapides à formuler.
Premièrement, certaines choses ont été dites ici, aujourd'hui, lesquelles, selon moi, sont d'une importance clé. Je pense que l'attribution au service va de soi. Je crois vraiment que nous devons tenir une conversation adulte à ce sujet.
Deuxièmement, je dis qu'un soldat, c'est un soldat. Il devrait y avoir la parité pour nos réservistes. Les réservistes ont joué un rôle important en Afghanistan, un grand rôle dans ce pays.
Quand je parle de l'attribution au service et du fait de devoir éviter le processus d'arbitrage à Anciens Combattants Canada, je vous implore de ne pas quitter la salle en pensant que je veux dire que nous devrions retirer des ressources de l'environnement. Nous avons maintenant la possibilité, compte tenu des ressources supplémentaires qui s'en viennent et de la modification du modèle organisationnel, de bien faire les choses. Je pense que les gestionnaires de cas que nous embauchons à Anciens Combattants sont requis. Aurons-nous besoin qu'ils soient tous des gestionnaires de cas? Peut-être pas. Peut-être que certains pourront être des coachs de vie. Ne saisissons pas aujourd'hui l'occasion d'éliminer d'autres ressources; modifions plutôt le modèle de prestation et réaffectons les ressources.
Je vais maintenant communiquer mon message d'intérêt public.
Notre site Web, ombuds.ca, contient beaucoup d'information à ce sujet. Nous venons tout juste de commencer à traduire toutes nos vidéos et notre littérature en ASL. Ces éléments sont en ligne pour nos membres, alors nous faisons notre possible pour les éduquer. Je suggère à tout le monde de bien vouloir aller faire un tour. J'adore les statistiques.
La dernière chose que je dirai, c'est que les problèmes que nous abordons ici, aujourd'hui, font l'objet de discussions depuis des années. J'ai comparu devant ces comités. Je suis ravi de toutes les occasions qui me sont offertes... Je ferai inscrire cela dans le compte rendu... mais je dois m'assurer qu'il est temps que quelque chose se passe. Je me présente et je parle de leadership et de désir. Si vous souhaitez changer quelque chose assez fort et que vous voulez corriger la situation, affectez-y le leadership, et le changement aura lieu. Je pense que le temps est venu d'arrêter de se cacher derrière les cloisons de nos propres structures de pouvoir. Ouvrez les portes. Il est temps que les choses changent.
Ce que j'entends dire des membres — ceux qui servent et ceux qui sont libérés —, c'est que la frustration monte. Elle monte. Les gens sont frustrés. Le nombre d'appels que je reçois est près de 30 % supérieur à celui de l'an dernier. J'ai remarqué que le CEEGM, le Comité externe d'examen des griefs militaires, a publié son rapport. Le nombre de ses griefs a augmenté de façon fulgurante. Il se passe quelque chose, et, si nous n'en tenons pas compte et que nous ne réglons pas la situation, je répugne à le dire, mais nous allons encore être en train de tenir cette conversation dans 10 ou 12 mois.
Merci.