Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous reprenons notre étude sur la violence faite aux femmes autochtones. Nous accueillons, du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Aideen Nabigon, directrice générale, Convention de règlement politiques et partenariats; et Alia Butt, directrice, Politique et réconciliation. Du ministère de la Santé, nous entendrons Kathy Langlois, directrice générale, Direction des programmes communautaires, Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits; et Eric Costen, Division de la santé mentale et des toxicomanies, Direction des programmes communautaires.
Tout d'abord, je vous remercie d'être là. Bienvenue. Nous vous accorderons 10 minutes pour faire vos présentations. Je crois que ce n'est probablement pas votre première présence à un comité; vous connaissez la procédure.
Commençons par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Qui fera l'exposé?
Merci, Aideen.
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour discuter de l’engagement du gouvernement en matière de santé mentale et de soutien affectif pour les Autochtones, en vertu de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. Le gouvernement du Canada s'engage à accomplir un règlement équitable et durable des séquelles des pensionnats indiens et reconnaît que le règlement des séquelles est au coeur de la réconciliation et du renouvellement des relations entre les anciens élèves, leur famille et leur collectivité, et tous les Canadiens. Cet engagement se trouve dans la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens.
La mise en oeuvre de la Convention de règlement a commencé le 19 septembre 2007, à la suite du consensus auquel sont parvenus le conseiller juridique des anciens élèves, le conseiller juridique des Églises, l'Assemblée des Premières Nations, les organismes inuits et le gouvernement du Canada.
Le gouvernement du Canada remplit son obligation juridique continue, à savoir la prestation de services de santé mentale et de soutien affectif aux anciens élèves des pensionnats indiens et aux membres de leur famille qui sont visés par la Convention de règlement, dont l'initiative de Paiement d'expérience commune, le Processus d'évaluation indépendant et les activités de la Commission de témoignage et réconciliation. Le Canada fournira ces services de soutien pendant toute la durée de la Convention de règlement.
La convention inclut deux mécanismes principaux de soutien en matière de santé: le financement de la Fondation autochtone de guérison et le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens de Santé Canada. Le gouvernement a fourni une dotation de 125 millions de dollars à la Fondation autochtone de guérison pour les services communautaires de guérison, ce qui a servi à financer 134 projets ainsi que 12 centres de guérison. Outre la somme de 125 millions de dollars versée dans le cadre de la Convention de règlement, le gouvernement du Canada a doté la Fondation autochtone de guérison de 350 millions de dollars, en 1998, et d'un montant supplémentaire de 40 millions, en 2005, pour un total de 515 millions de dollars. La dernière dotation de 125 millions de dollars prolonge le mandat de la Fondation jusqu'en 2012, comme il est décrit dans son plan directeur publié en décembre 2009.
La Fondation autochtone de guérison met actuellement en oeuvre une stratégie de réduction progressive de ses activités tel qu'il est décrit dans son plan directeur. Dans le cadre de cette stratégie, 12 centres de guérison continueront à fournir des services jusqu'en mars 2012. Au cours des trois prochaines années, la fondation remplira le reste de son mandat, à savoir la publication de rapports annuels, de plans directeurs et de bulletins, et la réalisation de cinq grands projets de recherche; elle remplira toutes ses exigences organisationnelles.
Le gouvernement du Canada salue le travail positif que la Fondation autochtone de guérison a réalisé au cours des 12 dernières années.
Il est important de noter que les fonds du budget 2010 attribués à Santé Canada n'ont pas été réaffectés à partir des fonds auparavant destinés à la Fondation autochtone de guérison.
Des services de santé mentale et de soutien affectif continuent d'être offerts aux anciens élèves et aux membres de leur famille par l'entremise du Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens de Santé Canada. Ma collègue de Santé Canada sera en mesure de vous en parler davantage.
Le budget de 2010 prévoit des ressources supplémentaires de 66 millions de dollars pour le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens pour les exercices financiers 2010-2011 et 2011-2012. Les fonds supplémentaires serviront à s'assurer de combler les besoins en services de programme découlant de l'augmentation du volume des demandes et des audiences du Processus d'évaluation indépendant, ainsi que la tenue d'événements à venir de la Commission de témoignage et réconciliation.
Le budget de 2010 a également consacré un montant supplémentaire de 133 millions de dollars à AINC. Ce financement est nécessaire pour couvrir les coûts plus élevés que prévu de l'administration du Paiement d'expérience commune, du Processus d'évaluation indépendant et du soutien à la Commission de témoignage et réconciliation. Jusqu'à présent, nos projections initiales restent valables en ce qui concerne le nombre de demandes de Paiement d'expérience commune reçues et d'indemnités payées. Toutefois, des problèmes techniques et les processus ajoutés par les tribunaux ont alourdi considérablement la charge de travail requise pour administrer le PEC, jusqu'à dépasser les prévisions initiales.
Pour ce qui est du Processus d'évaluation indépendant, le nombre de demandes a dépassé les attentes initiales. En 2006, nous avions prévu 12 500 réclamations. Nous avons actuellement reçu près de 19 000 réclamations et nous prévoyons maintenant en recevoir au total 25 000 pour toute la durée de la Convention de règlement qui prendra fin en septembre 2012.
D'autres initiatives d'aide aux survivants sont offertes, dont la ligne d'écoute nationale pour les anciens élèves des pensionnats indiens, dont le coût s'élève à 4 millions de dollars par année, et les indemnités pour soins futurs versées par l'entremise du Processus d'évaluation indépendant. Dans le cadre de la Convention de règlement des pensionnats indiens, les demandeurs visés par le Processus d'évaluation indépendant peuvent recevoir des indemnités pour soins futurs pour des traitements ou des services de consultation jusqu'à concurrence de 10 000 $ pour des soins généraux et jusqu'à 15 000 $ si un traitement psychiatrique est nécessaire. À ce jour, la moyenne des indemnités du Processus d'évaluation indépendant s'élève à 122 810 $ et la moyenne des indemnités pour soins futurs s'élève à 8 340 $.
Un autre élément clé de la Convention de règlement est la Commission de témoignage et réconciliation. En juin dernier, à Winnipeg, la Commission a tenu le premier de sept événements nationaux prévus à son mandat. Le gouvernement fédéral y a tenu un rôle important, en installant une tente d'accueil, en tenant des stands d'information au sujet du Paiement d'expérience commune et du Processus d'évaluation indépendant et en offrant des services de santé mentale et de soutien affectif par l'entremise du Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens de Santé Canada. L'ancien ministre du MAlNC a pris part à la cérémonie du calumet et au cercle de partage et il a ajouté un élément au programme gouvernemental en matière de réconciliation en annonçant l'intention du gouvernement d'abroger les articles de la Loi sur les Indiens relatifs aux pensionnats indiens. Le gouvernement du Canada entend continuer à assurer une présence importante au cours des autres événements nationaux de la Commission. En outre, nous continuerons de collaborer avec la Commission dans le cadre du programme de commémoration, d'un coût de 20 millions de dollars, qui fait partie de la Convention de règlement.
En mettant en oeuvre la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, nous espérons contribuer à guérir les séquelles des pensionnats indiens grâce à une meilleure compréhension et à une meilleure relation entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones, ainsi qu'entre les Autochtones et les non-Autochtones en général.
Je tiens à vous remercier. Je serai ravie de répondre à toutes les questions, que ce soit maintenant ou après l'exposé de ma collègue de Santé Canada.
:
Merci, madame la présidente de l'invitation à me présenter aujourd'hui devant vous.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous et de répondre aux questions que les membres du comité pourraient avoir.
Pour compléter l’exposé de ma collègue, je vous décrirai le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens de Santé Canada et les mesures que nous avons prises pour venir en aide aux anciens élèves des pensionnats indiens et aux membres de leur famille, y compris les efforts qui ont été déployés pour joindre les clients des programmes de la Fondation autochtone de guérison.
Aux termes de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, le gouvernement du Canada est chargé de fournir des services de santé mentale et de soutien affectif aux anciens élèves des pensionnats indiens et aux membres de leur famille, alors qu'ils participent au Processus de paiement d'expérience commune, au Processus d'évaluation indépendant, aux événements de la Commission de témoignage et réconciliation, ainsi qu'à des activités de commémoration. Santé Canada fournit ces types de soutien dans le cadre du Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens. Ce programme offre aux anciens élèves admissibles et aux membres de leur famille tout un éventail de services qui respectent leur culture dans le but de résoudre les questions liées aux pensionnats indiens et de rendre possible la divulgation des mauvais traitements tout au long du processus relatif à la Convention de règlement.
Le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens comporte quatre volets: les services de soutien culturel, les services de soutien affectif, les services de counselling individuel et familial, de même que de l'aide financière pour le transport.
La prestation des services de soutien culturel est assurée par les organismes autochtones communautaires, par l'entremise desquels des aînés ou des guérisseurs traditionnels peuvent venir en aide aux anciens élèves et à leur famille. La nature exacte de ces services, qui peuvent prendre la forme de dialogues, de cérémonies, de prières ou de techniques de guérison traditionnelle, varie selon les besoins de chacun.
La prestation des services de soutien affectif est également assurée par les organismes autochtones communautaires. Par leur entremise, un travailleur communautaire autochtone, qui est formé et expérimenté dans le domaine de l'intervention auprès des anciens élèves des pensionnats indiens, rencontre les anciens élèves et les membres de leur famille, les écoute, leur parle et leur apporte du soutien tout au long du processus relatif à la Convention de règlement. Les travailleurs communautaires qui exercent ces fonctions sont de descendance autochtone, et bon nombre parlent des langues autochtones.
Des services de counseling professionnel sont également offerts. Ces services sont fournis par des psychologues et par d'autres professionnels de la santé mentale, comme des travailleurs sociaux, qui doivent être inscrits auprès de Santé Canada et avoir de l'expérience de travail auprès des Autochtones. Les conseillers professionnels écoutent les anciens élèves, leur parlent et les aident à trouver des façons de guérir les séquelles laissées par les pensionnats indiens.
Enfin, les personnes admissibles peuvent bénéficier d'une aide financière pour le transport, afin qu'elles puissent avoir recours aux services de conseillers professionnels ou de guérisseurs traditionnels lorsque ces services ne sont pas offerts dans leur collectivité. Grâce à ce programme, Santé Canada permet aux personnes admissibles d'avoir accès à plus de 1 700 fournisseurs de services, dont des conseillers professionnels, des aînés, des travailleurs communautaires autochtones et des guérisseurs traditionnels répartis dans l'ensemble des provinces et des territoires du pays.
Au cours des dernières années, l'augmentation du nombre de demandes de paiement d'expérience commune et du nombre d'audiences dans le cadre du Processus d'évaluation indépendant s'est traduite par une hausse considérable de la demande à l'égard du programme. Comme nous offrons des services à de plus en plus de personnes, les dépenses liées au programme, qui totalisaient 5,1 millions de dollars en 2006-2007, ont augmenté de façon constante pour atteindre quelque 37 millions de dollars en 2009-2010.
Dans le budget de 2010, 65,9 millions de dollars sur deux ans ont été annoncés pour le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens. Si nous additionnons ces nouveaux fonds et ceux du budget existant du programme, nous obtenons un budget total de 47,6 millions de dollars pour 2010-2011 et de 46,8 millions de dollars pour 2011-2012. Cela nous permettra de répondre à la demande de services dans le cadre de la Convention de règlement, y compris les nouvelles demandes qui découlent de l'inauguration des événements de la Commission de témoignage et réconciliation.
Le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens fait partie des différents programmes de santé mentale et de lutte contre les toxicomanies qui sont financés par le gouvernement fédéral et qui offrent d'importants services communautaires aux familles inuites et des Premières nations. Santé Canada investit plus de 200 millions de dollars dans les services de santé mentale et de lutte contre les toxicomanies qui sont fournis aux communautés inuites et aux Premières nations par l'entremise de divers programmes. Parmi ces programmes, on compte le Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones et le Programme national de lutte contre l'abus de solvants chez les jeunes, qui permettent d'offrir des services de traitement en établissement dans plus de 58 centres, ainsi que des programmes de prévention communautaires dans plus de 550 collectivités. Il y a aussi les programmes Grandir ensemble et Pour des communautés en bonne santé qui ont trait à la promotion du mieux-être mental et à l’intervention en situation de crise, et qui financent directement plus de 600 collectivités, afin de les aider à atteindre leurs priorités en matière de santé mentale. La Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones vient en aide à quelque 200 collectivités en ce qui concerne les stratégies de promotion de la santé mentale et de prévention du suicide chez les jeunes. Le Programme des services de santé non assurés finance la prestation de services de counseling et d'intervention d'urgence en santé mentale aux Inuits et aux membres des Premières nations de partout au Canada.
Santé Canada reconnaît aussi l'importance des travaux que la Fondation autochtone de guérison a financés au cours des 12 dernières années. Depuis la fin des 134 programmes de la fondation, Santé Canada s'assure que tous les anciens élèves admissibles et les membres de leur famille qui, dans le passé, ont reçu des services dans le cadre des programmes de la fondation sont informés de l'existence des services de soutien en santé du ministère et peuvent y accéder.
Santé Canada agit de façon proactive pour répondre aux besoins des anciens élèves des pensionnats indiens et des membres de leur famille. Le ministère s'efforce de mieux faire connaître le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens et d'assurer l'accès à celui-ci. Par exemple, avant que les programmes de la Fondation autochtone de guérison ne prennent fin le 31 mars 2010, les directeurs régionaux du ministère ont écrit aux gestionnaires de ces programmes ou ont communiqué directement avec eux, afin de les informer de la marche à suivre pour orienter leurs clients vers les services offerts par le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens.
Ce n'est là qu'une des mesures que Santé Canada a prises pour mieux faire connaître le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens. Depuis 2007, plus de 420 000 brochures portant sur le programme ont été envoyées directement à d'anciens élèves, à des bureaux de conseils de bande, à des centres de santé communautaire, à des centres d'amitié, à des postes infirmiers, à des centres de traitement et à bien d'autres lieux de rencontre à l'échelle nationale.
Santé Canada travaille également à accroître l'accès aux collectivités qui bénéficiaient auparavant des programmes de la Fondation autochtone de guérison. Pour ce faire, le ministère détermine les collectivités dans lesquelles le nombre d'anciens élèves admissibles est élevé et la demande à l'égard du programme est faible; puis il négocie de nouvelles ententes de services visant à fournir des services de santé, conformément aux critères du programme. Dans certains cas, nous collaborons avec les organismes qui s'occupaient des programmes de la Fondation autochtone de guérison, de façon à pouvoir tirer parti des connaissances et de l'expertise communautaire acquise par ces organismes et leur personnel.
Prenons le Nunavut, par exemple. Les représentants de Santé Canada ont rencontré les responsables d'organismes qui étaient auparavant financés par la Fondation autochtone de guérison, soit le Centre d'amitié Pulaarvik Kablu et le Kivalliq Outreach Program, à Rankin Inlet, pour discuter de l'importance d'assurer la continuité des services de soutien en santé. Grâce à cette rencontre, un million de dollars additionnels ont été consentis pour assurer les services du Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens dans la région de Kivalliq, au Nunavut.
En Ontario, cinq nouvelles ententes ont été conclues avec des fournisseurs de services, et deux ententes existantes ont été modifiées en vue de répondre à la demande croissante de services de soutien en santé. Par conséquent, 30 nouveaux travailleurs de la santé communautaire offriront des services de santé mentale et de soutien affectif.
Ce ne sont là que quelques exemples des mesures prises par Santé Canada depuis la fin des programmes de la Fondation autochtone de guérison. En tout, les bureaux régionaux de Santé Canada ont conclu ou bonifié 55 accords de contribution avec des organismes communautaires autochtones de partout au pays pour garantir l'accès aux services du programme.
Toutes les mesures dont il vient d'être question témoignent de la volonté du gouvernement du Canada de s'assurer que les anciens élèves des pensionnats indiens sont au courant des services de soutien affectif et de santé mentale et y ont accès. Le gouvernement reste déterminé à venir en aide aux anciens élèves et à leur famille qui prennent part aux processus dans le cadre de la Convention de règlement.
Je vous remercie de m'avoir permis de m'adresser à vous aujourd'hui.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir accordé votre attention.
:
Merci, madame la présidente, et merci à tous nos témoins de leur présence ici ce matin.
Comme vous le savez évidemment, notre comité mène une étude sur la violence faite aux femmes autochtones. J'ai quelques questions.
Notre comité a également mené une étude sur la Fondation autochtone de guérison. Je m'inquiète précisément de la manière dont vos programmes s'occupent des enjeux associés à la violence faite aux femmes. Vous nous avez donné un point de vue, vous avez parlé longuement du financement et des fonds alloués aux programmes, des augmentations, des réductions, des réaffectations, un peu de tout. Cependant, nous savons qu'avec la Fondation autochtone de guérison... le Foyer pour femmes autochtones de Montréal a dû fermer ses portes. Nous savons que le — j'espère bien le prononcer — Minwaashin Lodge, en Ontario, a dû cesser ses activités. Nous savons que Tamara's House, en Saskatchewan, a dû fermer ses portes. Nous savons également qu'il y avait d'autres programmes financés qui abordaient de front la question de la violence faite aux femmes.
J'aimerais savoir les mesures précises prises pour s'attaquer aux problèmes associés à la violence faite aux femmes. Nous savons que les séquelles des pensionnats indiens sont profondes et touchent beaucoup de personnes, mais notre étude porte sur la violence faite aux femmes autochtones. J'aimerais vous entendre à ce sujet.
J'aimerais vous poser une autre question, qui a été rédigée par l'analyste. Nous savons qu'il a été recommandé de financer la Fondation autochtone de guérison, de reconduire le financement, parce que l'évaluation de l'organisme était positive.
Avez-vous des informations auxquelles les évaluateurs n’ont pas accès qui ont contribué au non-renouvellement des fonds contrairement à ce qui a été recommandé? Pouvez-vous communiquer ces informations au comité?
:
Merci, madame la présidente.
Merci aux témoins d'être ici aujourd'hui.
J'ai beaucoup de questions à vous poser. Cette situation m'inquiète beaucoup. Effectivement, les personnes les plus vulnérables sont les femmes autochtones, et plus particulièrement les jeunes femmes autochtones. Celles-ci sont encore plus vulnérables, car leurs mères ne peuvent pas leur fournir le soutien affectif dont elles ont besoin, elles-mêmes étant très carencées de par ce qu'elles ont vécu. Cet été, j'ai entendu des témoignages très touchants de femmes qui ont vécu dans des pensionnats autochtones. Ces témoignages m'ont bouleversée. J'étais dans mon auto, j'écoutais ces femmes, et je ne pouvais croire qu'il soit possible de vivre cela.
Je me demande si nous pouvons faire ce qu'ont fait les gens de la Fondation autochtone de guérison. Ces derniers ont tous les outils nécessaires pour faire ce travail, et ils connaissent bien le terrain. La fondation a développé des outils adéquats pour que les Autochtones se guérissent eux-mêmes. Aujourd'hui, on tente de faire ce qu'ils faisaient, avec des outils qu'on croit adéquats, mais qui ne le sont peut-être pas.
Madame Langlois, vous dites qu'on offre une aide financière pour le transport des personnes admissibles, afin qu'elles puissent avoir recours à des services de conseillers professionnels. Leur fournit-on également l'hébergement et la nourriture quand elles doivent se déplacer très loin? Par exemple, je pense au Nunavut. Parfois, il faut aller loin.
:
Je vous remercie de votre question. La convention de règlement s'articule autour de cinq grands éléments, le premier étant le paiement d'expérience commune, auquel a été affecté un fonds en fiducie de 1,9 milliards devant servir à payer les anciens élèves qui en faisaient la demande et dont l'expérience dans un pensionnat était jugée admissible.
Au départ, nous avions estimé à 80 000 le nombre d'anciens élèves encore vivants. Jusqu'à maintenant, nous avons versé un paiement dans le cadre de plus de 76 000 demandes. Nous croyons donc avoir vu juste et estimé correctement le nombre d'anciens élèves encore vivants.
En ce qui concerne le processus d'évaluation indépendant, force est d'admettre que nous avons sous-estimé le nombre de gens qui présenteraient une demande ainsi que le nombre d'audiences. À l'origine, nous pensions recevoir 12 500 demandes. Il y en a eu près de 19 000, ce qui représente l'équivalent de 848 millions de dollars en indemnisations et 7 500 audiences.
La Commission de vérité et de réconciliation, comme je le disais dans mon exposé préliminaire, a tenu sa première séance nationale à Winnipeg. La deuxième aura lieu l'an prochain, à Inuvik. Nous travaillons activement, en collaboration avec les responsables concernés, à l'organisation du quatrième élément de la convention de règlement, c'est-à-dire la commémoration. À l'heure actuelle, nous avons 20 millions de dollars en réserve pour aider financièrement les communautés à commémorer et à se remémorer les événements survenus dans les pensionnats.
Les services de santé et de soutien constituent le cinquième et dernier élément de la convention de règlement et sont eux aussi fournis par Santé Canada.
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Merci, madame la présidente.
Bienvenue, mesdames.
Sauf erreur, je constate que la fondation a été un outil des plus importants. Elle a contribué à faire avancer la cause des personnes qui ont vécu dans ces pensionnats et qui en ont subi, ainsi que leur famille, des séquelles. Comme vous le mentionnez dans vos documents, vous liez la famille à ça.
On dit, d'une part, qu'il y a une entente qui règle des choses, mais que les séquelles resteront toujours. On a visité plusieurs de ces communautés, comme ma collègue l'a mentionné, tout à l'heure. Ainsi, on sait pertinemment que les séquelles sont toujours là. Il y en aura toujours tant et aussi longtemps qu'on n'abordera pas ces problèmes.
Vous dites qu'on tasse tout ce qui existait jusqu'à maintenant et qu'on revient à des programmes traditionnels, à des programmes — je ne sais pas si je peux utiliser le terme — de Blancs. On va les appliquer aux réserves autochtones, de votre façon, en fonction de budgets existants, plutôt qu'en fonction de budgets alloués précisément pour traiter ce problème spécifique.
Comment allez-vous faire pour résoudre les problèmes de l'avenir?
La violence faite aux femmes est encore plus évidente que jamais. On sait que c'est lié à toute cette période. Comment va-t-on faire pour régler ces problèmes en se donnant des outils complètement différents de ce qui existait dans le passé?
Madame Langlois, vous avez souligné les hausses importantes et les besoins en matière de santé. Quel est le budget spécifique accordé pour contrer la violence faite aux femmes à l'intérieur de cela? À part des 412 000 dépliants que vous avez envoyés — qui ont sûrement coûté une fortune incroyable —, y a-t-il quelque chose qui va vraiment assurer la continuité après 2012?
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Merci, madame la présidente.
Je veux remercier les témoins d’être venus nous rencontrer aujourd'hui.
Cette étude porte sur la violence contre les femmes autochtones, c'est donc là-dessus que porteront mes questions. Je reviens aux répercussions de la Fondation autochtone de guérison et aux questions de ma collègue, Mme Neville, quant aux conséquences, pour les femmes, de la fermeture de refuges et de la disparition de programmes conçus précisément pour elles.
Je veux citer un bulletin de l’Assemblée des Premières nations, daté du 29 mars 2010, dans lequel on lit ceci:
Affaires indiennes et du Nord Canada a publié son évaluation des répercussions de la Fondation autochtone de guérison ce mois-ci — le lendemain de la publication du budget fédéral. L’évaluation révèle que les besoins existent toujours, en matière de guérison. Le rapport présente un plan d'intervention de l'administration et un plan de travail. Selon les conclusions, la Fondation a été efficace et efficiente dans sa prestation des programmes.
Ce fut le cas parce qu'il s’agissait d’un programme intégré et aussi parce que les collectivités ont aimé le concept. Il me semble que nous compartimentons le financement et que Santé Canada reçoit beaucoup d'argent pour la réalisation de programmes qui n’atteindront peut-être pas leur cible s'ils ne plaisent pas aux premiers intéressés.
C'est à vous tous que je pose cette question. Ne serait-il pas mieux d’utiliser le financement de Santé Canada pour prolonger l’existence de la Fondation autochtone de guérison au moins jusqu’en 2013, comme l’espérait clairement l’Association des Premières nations? Comme ce sont les Premières nations qui utilisent ses services, ne risque-t-on pas d'avoir l’impression que nous ne faisons pas ce qu'il faut?
:
J'ai une dernière petite question à l'intention de madame Langlois.
Il y a plus de 25 ans, j'étais infirmière dans une collectivité autochtone. J'étais jeune et originaire d'une grande ville. Dès ma première semaine, trois personnes se sont suicidées. Aujourd'hui, forte de 25 années d'expérience, je me rends compte avec le recul à quel point j'étais mal préparée pour être travailleuse communautaire et pour comprendre ce que vous viviez.
Je pense que les professionnels de la santé jouent un rôle absolument essentiel. Je sais qu'il y a plus d'infirmières autochtones, bien entendu, qui sont probablement beaucoup plus compétentes et beaucoup plus expérimentées que je ne l'ai jamais été après avoir été parachutée dans ce milieu.
Vous n'avez probablement pas cette information avec vous en ce moment, mais, à un moment donné ou l'autre, pourriez-vous faire part au comité de ce que vous faites pour aider et préparer les travailleurs de première ligne dans ces collectivités à devenir les intervenants de premiers recours, qui connaissent les programmes et les services et qui savent comment s'y prendre?
Je n'ai plus de temps. J'ai dépassé mon temps de parole. Je vais m'en tenir à cela.
Je donne la parole à madame Demers.
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Merci de votre question.
Premièrement, le Programme de soutien en santé — résolution des questions des pensionnats indiens ne vise pas à remplacer les projets de la Fondation autochtone de guérison. Cela est clair. Cependant, nous avons le mandat d'accompagner les anciens élèves et les membres de leurs familles dans le cadre des processus de la Convention de règlement et de leur offrir des services de santé mentale et de soutien affectif. Si on regarde certains projets de la Fondation autochtone de guérison, on peut constater que les services de la fondation vont au-delà de la portée de notre programme, par exemple, pour ce qui est des programmes touchant les revendications territoriales ou les programmes communautaires. Notre programme s'adresse aux anciens élèves et aux membres de leurs familles. Je crois que cela montre la différence entre les deux programmes.
Pour ce qui est de la communication, nos directeurs régionaux ont envoyé des lettres à chacun des anciens gestionnaires de projets de la Fondation autochtone de guérison, et, selon une analyse que nous avons réalisée, 300 anciens élèves se trouvent dans la zone visée par ce projet de la fondation; ce sont là des chiffres que nous avons pu obtenir d'AINC. Nous croyons qu'il s'agit d'une zone de desserte où nous devrions offrir des services. Si nous ne le faisions pas — et que nous saurions où se situent nos clients —, nous ferions davantage d'efforts pour communiquer avec les gestionnaires de projets de la fondation et les renseigner au sujet des services que nous avons à offrir afin de garantir qu'il n'y ait aucune interruption dans les types de services de counselling en santé mentale que les clients reçoivent et que ceux-ci soient aiguillés vers notre programme.
Comme je l'ai mentionné dans mes observations, dans certains cas, nous avons rencontré certains signataires des ententes de contribution dans le cadre des projets de la fondation, puis avons conclu avec eux nos propres ententes de contribution. Dans 55 cas, nous avons soit signé de nouvelles ententes, soit bonifié les ententes existantes afin d'offrir nos services aux clients auparavant desservis par la Fondation autochtone de guérison dans le cadre de ses projets. Le fait que nous avons distribué des brochures n'a rien à y voir.
Nous avons mis en place un processus très solide afin que les gens connaissent notre programme. Dans les cas où le nombre d'anciens élèves desservis par la Fondation autochtone de guérison dans le cadre d'un de ses projets était important, nous avons signé des ententes de contribution.