:
Tout d'abord, merci de l'occasion qui nous est ici donnée de faire au comité un petit topo sur le secteur canadien de la biotechnologie.
J'aimerais me présenter brièvement à vous. J'ai passé le gros de ma vie active dans le domaine de la biotechnologie, sous une forme ou une autre, depuis mon travail universitaire jusqu'à celui de responsable de la réglementation pour le gouvernement, et cela fait maintenant plus de 19 ans que je travaille dans le secteur privé.
Je dirige ici à Ottawa une nouvelle petite entreprise en démarrage appelée Eulytica Biologics. Elle commence tout juste à s'établir. J'ai vendu une société auparavant. Je suis membre du conseil d'administration de BIOTECanada depuis plusieurs années et j'en ai tout récemment été le président, pendant trois ans.
BIOTECanada est l'organisation nationale représentant le secteur de la biotechnologie ici au Canada. C'est ainsi qu'elle représente les intérêts de plus de 250 membres qui recouvrent toute l'industrie de la biotechnologie, depuis la recherche jusqu'à la vente. Elle compte parmi ses membres des représentants de l'industrie ainsi que d'organismes publics.
Lorsque je parle de biotechnologie, je représente en vérité le secteur industriel canadien qui est largement axé sur les bioproduits; en d'autres termes, elle fait de la R et D et élabore des produits pour lesquels la biologie est la plate-forme technologique. C'est elle qui est la colle qui lie ensemble les différents volets de l'industrie. En fait, dans ce sens-là, l'industrie est semblable, de par son envergure, à d'autres gros secteurs industriels, comme le secteur automobile, l'industrie aérospatiale et l'industrie des technologiques de l'information.
Nous savons que l'on vous raconte des histoires inquiétantes sur différentes industries vivant des circonstances éprouvantes dans de nombreux secteurs de notre économie, et le secteur de la biotechnologie est lui aussi très sérieusement touché par la conjoncture économique que l'on sait. Ce que j'aimerais faire c'est vous donner un bref aperçu du scénario de ce secteur et l'inscrire dans le contexte de l'économie nationale actuelle et future du Canada en fonction des contributions que pourrait y faire l'industrie de la biotechnologie. Suite à mes brefs commentaires, Peter vous fournira des détails et vous entretiendra de ce que BIOTECanada envisage à titre de projets d'action.
Nous savons de première main de nos membres que cette crise financière a eu une profonde incidence sur nos sociétés de biotechnologie et, conséquemment, sur l'effort d'innovation en biotechnologie et, ce qui est plus important encore, sur la contribution de valeur par cette industrie à l'économie canadienne dans son ensemble.
En tant que secteur, l'industrie de la biotechnologie du Canada est définitivement entrepreneuriale. Les entreprises, qui sont toutes petites à leurs débuts, se lancent sur la base d'innovations charnières. Ce peut être dans le domaine de la santé, dans celui des biocarburants, dans celui de nouveaux matériaux — dans quantité de domaines — et les entreprises vivent typiquement une croissance graduelle au fil des ans, sur deux à trois ans, jusqu'à une décennie ou plus, selon le secteur. Dans le secteur de la santé, il faut compter beaucoup plus longtemps avant qu'un produit ne soit offert sur le marché.
Pendant ces années de croissance, ces entreprises recrutent, dépensent de l'argent en R et D, et cet investissement dans la R et D provient d'investissements en capitaux ou de subventions. Ces entreprises ont en fait tendance à réinvestir leurs fonds de R et D au Canada.
Comme je l'ai dit, elles peuvent financer de la recherche et du développement pendant plus d'une décennie avant de retirer quelque revenu que ce soit de ventes. Pour le Canada, cela est important, car la biotechnologie est une industrie nouvelle et émergente au Canada. Ces entreprises en sont donc à ce stade intérimaire.
Elles utilisent pour la plupart des capitaux d'investissement à caractère participatif pour financer leurs activités. Elles sont extrêmement dépendantes de marchés financiers qui fonctionnent bien et, comme nous le savons, elles sont tout particulièrement vulnérables aux crises de marché. Il en est en fait de même pour les sociétés de biotechnologie extérieures au Canada, qui tendent elles aussi vers une économie profitable et durable fondée sur le savoir. Cette concurrence étrangère est réelle et vient en définitive valider la valeur fondamentale de la biotechnologie comme composante d'une économie fondée sur le savoir dans n'importe quel pays.
Alors quel est le problème? Premièrement, comme je l'ai dit, très peu de sociétés de biotechnologie au Canada sont des entreprises productives bien établies. De manière générale, elles sont en cours d'élaboration de produits et sont en train de faire la transition vers la commercialisation et la vente de produits. C'est le cas, que la société de biotechnologie soit en train de mettre au point un remède pour la sclérose en plaques ou le cancer du sein ou ait des approches et des produits liés à de nouvelles méthodes de capture du carbone, à la salubrité des aliments ou à des biocarburants. Le secteur est en ce sens très vaste.
Lorsque les marchés du crédit ont saisi comme cela a été le cas l'automne dernier, il y avait certainement moins de capitaux que les investisseurs en actions étaient prêts à risquer.
Nous avons constaté que le capital qui est risqué — par les SRC, par exemple, les sociétés de capital-risque — sert principalement à des opérations à court terme et à faible risque offrant des rendements plus rapides. En fait, les SRC qui investissaient dans la biotechnologie s'intéressent maintenant à l'immobilier. C'est un scénario très différent, du point de vue investissement.
Les perspectives pour la biotechnologie reposent sur le fait que la biotechnologie est intrinsèquement un investissement à plus haut risque. Le risque est élevé, mais les récompenses sont elles aussi plus élevées, bien que celles-ci se fassent à l'occasion plus rares. Voilà ce qui a coloré le scénario d'ensemble en matière d'investissement au Canada. La réalité d'aujourd'hui est qu'il y a au Canada un plus grand nombre de sociétés technologiques émergentes que jamais auparavant, franchement, qui tournent avec moins de six mois de fonds de roulement. Il s'agit là d'un fait dégrisant que BIOTECanada s'est solidement attaché à fouiller. La majorité des sociétés petites et émergentes disposent de moins d'une année d'encaisse pour survivre.
La conséquence en est que des entreprises sont en train de fermer des programmes d'élaboration de produits et à geler leurs opérations. Si vous regardez les données des deux derniers mois, vous constaterez que l'emploi dans le secteur de la biotechnologie a diminué d'environ 8 p. 100. Nous croyons que si la tendance se maintient, des milliers d'emplois directs et indirects vont disparaître dans le secteur. C'est ainsi que se trouve menacé le scénario prometteur d'une saine croissance future du secteur de la biotechnologie, de ses chiffres d'emploi et de sa production de valeur.
Cette question de financement à court terme a également mis en péril l'investissement historique en R et D au Canada. Le Canada est un pays dont les gouvernements fédéral et provinciaux ont beaucoup investi dans la R et D. De nombreuses innovations ont ainsi vu le jour et ont vu naître des produits novateurs qui aboutissent dans nos registres de médicaments, dans nos assiettes et dans nos véhicules. Les conséquences pour le secteur sont telles que nous vivons un scénario de risque et que des mesures s'imposent pour que soient maintenues au Canada cette innovation, cette commercialisation et cette production de valeur.
J'aimerais maintenant céder la parole à Peter, pour qu'il vous livre quelques précisions encore.
Comme l'a dit Rainer, je travaille chez BIOTECanada. Je m'appelle Peter Brenders et je suis président et chef de la direction de BIOTECanada.
Nous avons, au nom de nos membres, écrit aux ministres Clement et Flaherty en décembre, lorsque la crise commençait, leur suggérant un plan à trois volets pouvant être mis en place pour soutenir la recherche et le développement au Canada, stimuler de nouveaux investissements et de nouveaux apports de financement, et appuyer l'emploi ici au Canada — trois éléments qui serviront généralement les intérêts du secteur de la biotechnologie, mais qui serviront également l'ensemble des intérêts en science et en technologie du pays.
La première recommandation est d'aider les entreprises à monétiser les pertes fiscales. Comme l'a souligné M. Engelhardt, les entreprises investissent massivement dans la R et D, beaucoup plus que leurs revenus. Bien des fois, pendant les phases de développement initiales, elles accumulent des pertes fiscales considérables. Elles attendent avec impatience le jour où elles pourront bénéficier de ces pertes fiscales. Mais le défi pour nous est de résister jusque-là.
Notre recommandation vise le consentement de prêts contre ces pertes fiscales; il s'agirait en un sens d'utiliser ces pertes fiscales comme nantissement. Nous pourrions utiliser la BDC comme pipeline pour verser des capitaux aux entreprises dans le court terme afin que celles-ci puissent les consacrer à du travail de R et D. Il serait possible d'établir des limites. Nous recommandons que ce soit limité aux entreprises de R et D qui sont à leurs débuts et qui dépensent plus sur la R et D qu'elles ne gagnent, ou aux entreprises affichant des revenus de moins de 10 millions de dollars. L'important serait de cibler les sociétés émergentes, et l'on pourrait créer des limites quant au montant total d'argent qu'elles pourraient demander à emprunter. L'idée serait de consentir des prêts sans paiement et sans intérêt pendant deux ans, pour ensuite les amortir sur cinq ans. Ce serait un moyen de mettre des capitaux aux mains des entreprises et de maintenir les emplois; que l'on stoppe les mises à pied dans ce secteur.
Nous avons discuté du deuxième volet, relativement à de nouvelles sources de financement et avons suggéré la mise en oeuvre d'une exemption pour gains en capital pour les investissements directs dans les entreprises effectuant de la R et D. Il n'y a aucun coût immédiat pour le gouvernement au départ, il y a un coût de renonciation potentiel ultérieur une fois les initiatives réussies, mais, encore une fois, cela met de l'argent à la disposition des entreprises et procure un avantage concurrentiel à une industrie axée sur la science.
La troisième recommandation est que l'on soutienne la R et D au Canada. Que l'on maintienne le bilan de rentabilité que nous avons pour la R et D canadienne. Nous avons à l'heure actuelle un programme de crédits d'impôt pour la R et D, le programme de RS et DE. Je suis certain que vous le connaissez. Les crédits remboursables sont plafonnés. Les crédits remboursables sont un programme formidable, mais ils sont limités aux sociétés privées contrôlées par des Canadiens. Celles-ci représentent un très petit sous-groupe de nos emplois en R et D. Le programme était tout à fait approprié lors de son instauration en 1985, avant le libre-échange et avec toute l'ambiance politique de l'époque. Or, il n'a plus sa place aujourd'hui. La question n'est pas celle de la propriété d'une entreprise, mais du maintien d'emplois canadiens. Notre recommandation vise simplement la suppression de cette restriction, limitant ce programme aux SPCC, ou sociétés privées sous contrôle canadien. Que l'on autorise toutes les entreprises qui investissent dans la R et D avec des emplois canadiens à bénéficier sur un pied d'égalité de ce programme.
Nous vous soumettons ces recommandations avec deux choses en tête. Premièrement, nous avons un problème urgent. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser l'industrie se faire décimer par la crise du crédit. Trop d'éléments ont été intégrés à ces opérations pour les convertir à un cycle de commercialisation. Deuxièmement, et je concluerai là-dessus, nous jouons sur un terrain de jeu mondial. Ces emplois sont très portables.
Nous avons inséré dans notre dossier de présentation ce petit dessin humoristique, paru la semaine dernière dans le Globe and Mail, qui présente les Canadiens dans leur image classique de bûcherons et de porteurs d'eau. Dans le monde de la R et D, nous courons le risque de tout simplement exporter notre propriété intellectuelle comme nous avons, par le passé, exporté nos ressources naturelles brutes. Notre objectif est de veiller à créer un environnement tel que nous puissions saisir cette valeur au Canada.
Nous voyons des pays comme la Chine annoncer cette semaine 9 milliards de dollars pour les technologies émergentes; le Royaume-Uni créant un bassin d'investissement de 1,3 milliard de dollars pour les technologies émergentes; les États-Unis consacrant 3 p. 100 de leur PIB à la croissance et à l'innovation; l'Union européenne promettant plus de 47 milliards de dollars pour les SME; Taïwan réservant à son secteur de la biotechnologie 2,18 milliards de dollars en capital-risque... et la liste continue de s'allonger, au fur et à mesure que des pays partout dans le monde investissent, et vu que l'idée est incroyablement séduisante pour les créateurs de technologies émergentes ici de tout simplement plier bagage et s'en aller ailleurs. Ce n'est pas là ce que nous souhaitons pour le Canada.
Nous allons conclure là-dessus. Nous estimons que le Canada jouit d'un avantage concurrentiel. Nous pouvons être concurrentiels dans ce secteur à l'échelle mondiale. Il nous faut tout simplement les outils pour asseoir notre compétitivité mondiale.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Mon nom est Bernard Courtois. Je suis le président de l'Association canadienne des technologies de l'information. Il me fera plaisir de répondre à vos questions et de discuter avec vous, en français ou en anglais. Je vais faire quelques commentaires d'introduction et vous présenter les deux collègues qui m'accompagnent.
[Traduction]
Je vais commencer par dire quelques mots au sujet de l'ACTI. Nous sommes l'Association nationale de l'industrie canadienne des technologies de l'information et des communications, englobant le matériel, les logiciels et les services en technologie de l'information et des communications, tout ce qui fait fonctionner Internet, les cybercommerces, et ainsi de suite.
Notre industrie est importante. Elle emploie environ 600 000 Canadiens, ce qui est proportionnellement supérieur à la main-d'oeuvre de l'agriculture et de la foresterie. Nous employons directement 20 p. 100 de personnes de plus que le secteur automobile à son apogée. Notre secteur compte pour 38 p. 100 de la R et D menée dans le secteur des affaires au Canada, ce qui est sans doute plus que le double du niveau de n'importe quel autre secteur.
Outre le rôle que nous jouons directement, je tiens à souligner que nous croissons à un rythme supérieur à celui de l'économie depuis 10 à 15 ans. Bien que nous ayons connu une bulle et un effondrement au début du nouveau millénaire, notre croissance s'est maintenue à un rythme régulier. La bulle a été une exagération à la hausse et l'effondrement une exagération à la baisse, mais, de manière générale, nous avons été un moteur de croissance pour l'économie.
Mais nous avons un rôle tout à fait unique en ce qu'en plus des 600 000 personnes qui sont employées directement dans notre industrie, il y a 500 000 professionnels des technologies de l'information qui travaillent ailleurs dans l'économie. Voilà qui illustre le degré auquel notre industrie joue un rôle unique en tant que facilitateur, faisant tourner le reste de l'économie et alimentant la productivité. En effet, selon un nombre croissant d'études, la productivité dans une économie moderne est dépendante du degré d'adoption des TIC, et il existe entre les deux une très forte corrélation.
Notre industrie est très mondiale et elle est également porteuse. Du fait que notre technologie facilite le déplacement du travail de par le monde et que nos entreprises fonctionnent dans ce mode, notre industrie est vraiment sur la ligne de front de ce qui est en train de se passer dans l'économie, non pas seulement dans notre secteur, mais dans tous les secteurs, partout sur la planète.
Nous avons été touchés par la récession, et différents secteurs sont touchés différemment. Bien sûr, nos clients sont en ce moment en train de souffrir et ils ne dépensent bien évidemment pas autant que si l'économie était en plein essor. Cela cause une récession dans notre industrie également. Il y a eu certaines mises à pied, mais il me faut dire que ce qui est surtout en train de s'opérer au sein de notre industrie c'est un resserrement de ceinture, mais il y a également de ceux qui sont en train de passer leurs opérations au peigne fin de manière à être, au sortir de la récession, plus forts et plus concurrentiels.
Notre situation, donc, est telle que nous continuerons d'être un moteur de croissance pour l'économie. Plus important encore, nous continuerons d'offrir au reste de l'économie canadienne ce dont elle a besoin pour être concurrentielle dans un environnement moderne.
Cependant, tout comme pour le secteur de la biotechnologie, il y a en ce moment un côté dans l'ombre, et c'est la pénurie de capital-risque. Nous traversons bien sûr une crise financière, une crise qui émane du secteur financier, et la pénurie de capital-risque est donc plus grave que jamais auparavant. Le problème n'est pas unique au Canada. Il s'agit d'un problème mondial. Au fur et à mesure que les gouvernements s'efforcent partout dans le monde de résoudre le problème des secteurs bancaire et financier, il importe de savoir qu'il y a tout un pan de croissance de notre économie qui dépend davantage du capital-risque que du financement bancaire. Il s'agit d'une situation que tout le monde cherche en ce moment à résoudre.
Au Canada, le problème est aggravé encore par le fait que notre base de capital-risque est très mince et pas très large pour commencer. Nous avions donc déjà un défi en la matière. La crise économique ne fait qu'accuser encore le problème.
À notre avis, donc, il nous faudra, pour avancer, trouver le moyen de faire mettre rapidement du capital-risque à la disposition de ces sociétés. Il y a un certain nombre de choses que nous devrions faire à long terme. Nous pouvons essayer d'améliorer la situation grâce à des crédits d'impôt pour R et D. Nous savons que nous avons un très bon programme, mais nous savons également qu'il comporte certaines lacunes.
Lorsque ce programme fonctionne pour une compagnie donnée, il fonctionne très bien, mais dans le cas d'un grand nombre d'entreprises, il ne leur fournit pas les rentrées de fonds nécessaires. Elles atteignent très vite la taille limite, etc., mais le problème est à très court terme et c'est pourquoi nous ne pouvons selon nous pas régler ce problème à très court terme avec des programmes refondus. La refonte d'un programme demande une année ou deux. Il faut attendre longtemps avant que l'argent ne commence à couler. Il nous faut trouver des moyens de faire en sorte que l'argent circule plus rapidement.
Je tiens cependant à dire que nous comptons nous sortir à l'avenir de cette récession en tant que pays et faire en quelque sorte le nécessaire pour faire contre mauvaise fortune bon coeur et mettre à profit nos avantages en tant que pays pour trouver des solutions qui nous permettent de nous démarquer des autres concurrents, de renforcer notre position concurrentielle et d'asseoir notre position de croissance.
Deux rapports sortis la semaine dernière — l'un du Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation et l'autre du Conseil des académies canadiennes — traitent tous deux des secteurs de l'innovation et de la R et D. Ces rapports confirment l'opinion que nous épousons et constatons dans le monde: au Canada, nous avons une économie développée et relativement prospère et donc à coût supérieur. Notre économie est petite comparativement à celle de nombreux autres pays du monde. Sa croissance inhérente n'est pas aussi rapide que celle des économies en développement. Mais nous avons les avantages d'une population bien instruite, d'une qualité de vie élevée, de la proximité du plus riche marché au monde, d'une capacité technologique avancée et de solides assises financières dans le pays.
Tout cela milite en faveur de la théorie voulant que nous sommes obligés de réussir à l'avenir en nous appuyant sur l'innovation. Nous en sommes convaincus, non seulement pour notre propre secteur, car nous sommes bien sûr en quelque sorte l'enfant-vedette d'affiche pour l'innovation, mais pour l'ensemble de l'économie canadienne qui devrait, selon nous, envisager son avenir de ce point de vue-là.
Lorsque vous discutez avec des gens d'autres secteurs, et ceux-ci vous parleront de la façon dont ils vont se tirer d'affaire, nous croyons — nous avons eu des discussions au sein de notre industrie, mais nous pensons que nos constats s'appliquent aux autres secteurs également — qu'il nous faut, au Canada, commencer à cibler nos efforts, et nous sommes un pays suffisamment petit pour pouvoir le faire, sur le leadership dans l'utilisation et l'élaboration de technologies, quel que soit le secteur concerné.
Vous vous entretenez avec des parties prenantes dans d'autres secteurs. Je peux comprendre que l'exploitation des sables bitumineux est une activité qui est très dépendante de la technologie. Et vous pouvez relever quantité de secteurs dans notre économie dont on ne penserait pas que la technologie serait un moteur dans leur avenir, mais où elle en est justement un pour ce qui est de leur compétitivité et de leur croissance.
Lorsque le comité rédigera son rapport, nous estimons qu'il est important qu'il y reprenne les propos du Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation et du Conseil des académies canadiennes, et les opinions de secteurs comme le nôtre, qui envisage l'économie comme ayant des dimensions mondiales, et souligne l'innovation et la nécessité de favoriser le leadership, l'innovation et la technologie à l'avenir.
Il s'agit là d'une pratique exemplaire chez nos clients qui, déjà aujourd'hui, investissent de manière à être plus forts au sortir de la récession. Nous constatons la même chose chez les pouvoirs publics. Ceux-ci ont en ce moment la possibilité extraordinaire de devenir plus efficients afin de faire ce qu'ils disent aux entreprises qu'elles devraient faire, soit investir dans la technologie pour améliorer leurs opérations. Dans le court terme, c'est une proposition gagnante pour tout le monde, car ces personnes que nous mettons en chômage technique auront des emplois à long terme, seront absorbées par cela, et le résultat, lorsque nous réussirons à nous débarrasser de notre situation déficitaire, sera une situation beaucoup plus forte.
Je vais maintenant céder rapidement la parole à Terry et Hicham, afin qu'ils puissent se présenter à vous et étayer quelques bases aux fins de nos discussions avec vous.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Merci beaucoup. Je suis très reconnaissant de l'occasion de comparaître devant vous. Comme l'a dit Bernard, Hicham et moi allons faire quelques commentaires seulement, après quoi nous envisagerons avec plaisir de répondre à vos questions.
Je travaille pour Cisco. Nous sommes le chef de file mondiale en réseautique. Notre vision est en train de changer la façon dont le monde travaille, vit, apprend et joue. Je vous dirais qu'à l'époque où nous vivons ce changement est plus profond que jamais auparavant. Alors que nous examinons ce qui se passe dans le monde, le programme mondial de stimulation économique est, selon nos estimations... En passant, je siège au groupe consultatif mondial de Cisco. Nous avons déterminé que jusqu'ici quelque 2 billions de dollars ont en quelque sorte été réservés à ce dessein de stimulation économique.
Lorsque nous regardons ces 2 billions de dollars et commençons à creuser la question, ce que nous constatons est une plus vaste discussion qui n'est pas, si vous voulez, un dialogue traditionnel sur l'infrastructure. Il est question d'un message tout à fait différent, soit la notion d'une reprise au moyen de l'innovation. Je pense, ce qui cadre parfaitement avec ce que vous avez déjà entendu ce matin au sujet de mesures à prendre pour entamer un redressement, que l'important est la manière dont nous nous plaçons pour le redémarrage, qui sera inévitable. Ce faisant, il nous faut comprendre que nous allons livrer concurrence dans le monde avec un ensemble très différent d'intervenants très bien financés et un nombre énorme de leaders très décidés de par le monde et qui sont en train de dire que c'est leur chance de modifier la dynamique.
En ce qui nous concerne, pour ce qui est de l'avenir, nous estimons que la technologie est l'infrastructure porteuse de notre époque. En fait, elle est si importante pour notre avenir qu'elle aura une forte incidence sur notre agilité et notre capacité d'adaptation économique ainsi qu'un effet profond et durable sur notre société. De notre point de vue, en tant qu'entreprise, nous voyons très nettement se dessiner pour l'industrie de la technologie une occasion énorme d'être un joueur à valeur ajoutée dans cette discussion et de pouvoir y collaborer beaucoup plus.
Cela étant, comme vous l'avez déjà entendu dire par nos collègues, l'idée de collaboration inter-organisationnelle pour appuyer l'innovation est une chose qu'il nous faut embrasser. Ce que je veux dire par là est que le secteur privé, le secteur public et le secteur sans but lucratif doivent réunir leurs efforts et collaborer de manière différente dans l'intérêt de l'innovation. Nous sommes d'avis que le leadership en la matière doit venir de vous, c'est-à-dire du gouvernement.
Voilà les brefs commentaires que j'avais à faire. J'attends avec impatience vos questions.
Je cède maintenant le micro à mon collègue Hicham.
Je vous remercie de l'occasion qui m'est ici donnée de vous dire quelques mots aujourd'hui.
[Français]
C'est un honneur et je vous en remercie.
[Traduction]
Je travaille chez CGI, et ce depuis 22 ans. J'ai eu le privilège d'être témoin de la croissance de CGI et de participer à sa transformation en une société qui compte aujourd'hui un effectif de plus 25 000 personnes. C'est une entreprise qui a été fondée par deux entrepreneurs ici au Canada, au Québec. Elle compte aujourd'hui plus de 16 000 employés au Canada, sur un total de plus de 25 000 dans le monde.
L'une des choses que nous constatons est que d'autres pays sont en train d'appliquer la technologie comme pratique exemplaire, comme usagers pilotes et comme clients pilotes. J'aimerais prendre quelques minutes pour vous entretenir de cela. Bernard a évoqué la chose. Les gouvernements ont, bien sûr, un important rôle à jouer en tant que décideurs pour veiller à ce que nous créions les meilleures politiques pour établir le meilleur environnement pour l'innovation et la technologie. J'estime par ailleurs qu'un deuxième rôle important pour les gouvernements est d'être des usagers modèles de la technologie.
Les pouvoirs publics occupent une place importante et, dans un pays comme le Canada, une place plus importante encore, proportionnellement. En chiffres absolus, les gouvernements dépensent des milliards de dollars sur la technologie. Les gouvernements consacrent plus de 7 milliards de dollars sur la technologie. L'échelle est importante. Cela est également important pour les petites et grosses entreprises, en ce sens que les gouvernements servent de clients modèles et de références que les entreprises peuvent utiliser, exporter, répercuter et utiliser pour rapporter davantage d'activité et davantage de valeur économique au Canada. J'estime que le rôle du gouvernement comme usager modèle est important.
Les questions pour moi sont les suivantes: Voulons-nous être le chef de file? Le sommes-nous aujourd'hui? Dans quels domaines sommes-nous les chefs de file? Comment faire pour maintenir cette position de leader? Comment faire pour créer d'autres positions de leader? Nous sommes les chefs de file mondiaux pour ce qui est de l'adoption et de l'utilisation de technologies. Ceci nous a procuré un effet de levier permettant non seulement d'aider les entreprises mais également de nous aider nous-mêmes, le gouvernement devenant plus efficient, l'objectif étant de sortir de cette crise dans une position de leader encore plus solide.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions que vous voudrez me poser. Merci de m'avoir écouté.
:
C'est exactement cela. Du côté du crédit, le programme de crédit d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental ou RS et DE est un bon programme. C'est un très bon programme pour les compagnies privées et émergentes qui sont des sociétés privées sous contrôle canadien ou SPCC. La raison pour laquelle cela est très bon pour elles est qu'elles obtiennent un crédit remboursable de 35 p. 100 de leurs dépenses: elles touchent de l'argent comptant, ce qui vient alimenter la roue.
Le problème avec ce programme est que seules les SPCC peuvent en bénéficier. De nombreuses compagnies ont recouru à des investissements directs étrangers et ont donc perdu leur statut de SPCC. Elles se sont peut-être transformées en société ouverte et ont fait un premier appel public à l'épargne, un PAPE d'un ou deux millions de dollars; c'est ainsi qu'elles perdent ce crédit. En échange, lorsqu'elles le perdent, elles ne bénéficient que d'un crédit d'impôt futur de 20 p. 100. Or, ces compagnies ne paient pas d'impôt; elles veulent justement franchir ce cap.
Dans nos recommandations, donc, nous proposons que cela soit modifié de façon à ce que cet argent soit remboursable à toutes les compagnies au même stade, quelle qu'en soit la propriété. Vous ne bénéficiez de ce crédit que si vous faites le travail au Canada, et ce sont donc des emplois canadiens qui sont ciblés. Cela incite à faire du travail au Canada.
Ce serait un joli changement. Il faudra attendre un petit peu plus longtemps pour que l'argent retourne dans la poche des compagnies, mais elles peuvent s'en servir comme garantie pour obtenir des prêts, car elles savent que l'argent va venir et elles peuvent toucher une avance. Cela aide.
La deuxième recommandation que nous avions concerne le consentement aux sociétés... Traditionnellement, comme l'a mentionné Bernard, les sociétés ne s'adressent pas aux banques pour obtenir des prêts; elles comptent sur les marchés de capital-risque. Ce que nous disons est qu'elles sont assises sur d'importantes pertes fiscales, alors au lieu qu'une multinationale les achète pour récupérer ces pertes fiscales et que le gouvernement paye pour rien, pourquoi ne pas leur consentir une avance, un prêt contre ces pertes fiscales, qui servirait de garantie? Ainsi, l'argent retournerait rapidement, dès aujourd'hui, dans les poches des sociétés. Elles pourraient ainsi continuer à le dépenser — il s'agirait de leur imposer comme condition qu'elles le consacrent à de la R et D — et cela leur permettrait de survivre en attendant que se résorbe la crise du crédit que nous vivons et de bénéficier plus tard d'autres crédits de R et D.
Cela pourrait se faire très rapidement, car toutes les compagnies doivent fournir des états financiers vérifiés. L'ARC, l'Agence du revenu du Canada, connaît les pertes fiscales accumulées de tout le monde. Vous pouvez plus ou moins déterminer le montant du prêt auquel une compagnie serait admissible. Il existe un moyen de faire en sorte que ce soit administrativement très rapide de verser de l'argent. Il serait difficile de trouver un mécanisme plus « immédiat » pour stimuler l'économie, car les emplois dont il est question existent toujours; nous voulons simplement les conserver.
:
Si vous permettez que j'ajoute quelque chose à cela, je conviens que nous avons dans ce pays beaucoup d'avantages et nous avons, dans bien des cas, le leadership nécessaire. Je pense que nous avons probablement tendance à promettre moins mais à livrer plus, en tant qu'industrie et comme société canadienne active dans le monde. Mais il s'agit d'une course sans ligne d'arrivée, alors si vous n'avancez pas chaque jour, vous finirez par perdre; nous finirons par prendre du retard.
Nous constatons donc certaines différences dans la façon dont d'autres gouvernements ou pays adoptent la technologie, prennent des risques, ainsi que dans la façon dont la technologie alimente la productivité. Si vous prenez d'autres secteurs aux États-Unis, par exemple — secteur manufacturier, services financiers et tous les secteurs de l'économie —, l'on y recourt davantage à la technologie. Ce n'est donc pas par hasard que les États-Unis affichent une plus forte productivité, ce qui vient améliorer et renforcer l'économie et la pousse plus loin.
Nous avons véritablement un énorme potentiel. Il s'agit d'une industrie qui repose sur la matière grise. Ce n'est pas une industrie polluante, à proprement parler. C'est là notre force: c'est une question d'éducation, de gens et de talent. Une occasion énorme se présente à nous, mais j'estime que nous sommes en train de passer à côté de cette occasion d'être un véritable leader.
L'occasion pour nous, je pense, en tant que pays, est de dire que nous avons une politique énonçant que nous allons être le meneur dans ce domaine. Nous allons avoir une stratégie en matière de TIC qui sera nationale et qui dira, ce secteur est un secteur important pour nous, et c'est notre stratégie pour asseoir et maintenir notre leadership dans ce domaine. Nous aurons une politique qui dira qu'en tant que gouvernement nous allons être les leaders dans l'adoption de technologies pour alimenter notre propre transformation, nos propres gains d'efficience, pour veiller à ce que nous devenions efficaces et à ce que dans les services que nous livrons à nos citoyens et à nos entreprises — gouvernement à citoyen et gouvernement à entreprise — nous soyons des leaders en matière d'innovation.
Le Canada a été reconnu comme étant un leader en matière de gouvernance, mais maintenons-nous cet avantage? Sommes-nous en train de continuer d'investir de manière à demeurer un chef de file?
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui. Il est vraiment intéressant d'entendre ce que vous avez à dire.
La toute dernière partie de la discussion a été particulièrement intéressante. En tant que gouvernements, nous avons des choix à faire, tout comme c'est le cas de vos membres pour ce qui est des investissements qu'ils font, ce dont l'un d'entre vous a, je pense, parlé dans sa déclaration liminaire.
Le gouvernement en place doit se concentrer sur différentes choses, pas seulement les industries et les dossiers que vous représentez, mais l'économie dans son ensemble. Nous avons consenti d'importants investissements dans la science et la technologie. Nos avons la stratégie en matière de science et de technologie. Nous avons le Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation qui, je pense, est un important pas en avant. Le CSTI a publié son rapport, auquel l'un d'entre vous s'est reporté. Des montants d'argent considérables vont, dans le cadre du programme d'infrastructure, être consacrés à l'infrastructure universitaire ainsi qu'aux chaires d'excellence en recherche du Canada, aux bourses d'études supérieures du Canada Vanier, et à d'autres programmes du genre.
En même temps, nous avons dans ce pays une situation financière qui fait réellement l'envie de la plupart des pays industrialisés du monde. Nous sommes le seul pays du G8 qui ait affiché un surplus chaque année depuis trois ans; tous les autres pays du G8 ont chacun, pour ces mêmes trois années, enregistré un déficit.
L'on fait beaucoup état de la situation américaine. Je ne suis pas certain que ce chiffre soit encore valable, mais il me semble que le chiffre du déficit américain que j'ai entendu est de 1,75 billion de dollars. Si vous transposiez cela dans le contexte canadien au prorata de la population, nous afficherions cette année un déficit de 175 milliards de dollars. Notre déficit est bien sûr sensiblement inférieur à cela; il me semble que 34 milliards de dollars est le chiffre dont nous parlons relativement à nos programmes ici.
Ces genres de choses ont amené une certaine stabilité à long terme, je pense, pour ce qui est du Canada de demain, au fur et à mesure que nous avançons dans une situation que ne connaissent pas d'autres pays. Nous avons par exemple pu prendre l'initiative de ramener le taux d'imposition des sociétés à 15 p. 100. Nous parlons d'essayer de ramener le taux d'imposition d'ensemble à l'échelle du pays à 25 p. 100, ce qui nous placerait dans une bien meilleure position pour ce qui est des avantages à long terme du Canada et de sa capacité d'accueillir des entreprises qui réussissent et qui croissent, avec tous les emplois bien rémunérés que celles-ci peuvent offrir, ce en vue de quoi nous sommes bien mieux placés du fait des nombreuses mesures dont nous parlons.
Vous pourriez peut-être dire encore quelques mots au sujet de l'importance de cette stabilité à long terme. Nous avons parlé des changements structuraux par opposition aux changements cycliques, et les deux industries que vous représentez sont des industries que je caractériserais de solides sur le plan structurel. Pour ce qui est de l'avenir, il y aura de merveilleuses possibilités dans les deux industries dont vous parlez.
Quelle est l'importance de cette stabilité ici au Canada? Quelle est l'importance d'un régime fiscal favorable, contenant l'impôt et créant un environnement concurrentiel? Et quelle est l'importance pour votre organisation des changements que nous avons apportés aux lois en matière d'investissement étranger et de concurrence?
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Ce sont là des éléments qui situent bien le Canada pour qu'il élabore une stratégie pour améliorer son jeu, améliorer sa position au fur et à mesure que le monde s'efforce de ressortir de cette récession.
Comme vous l'avez souligné, les États-Unis vont être confrontés à de très sérieux défis financiers qui vont avoir une incidence sur sa marge de manoeuvre en matière d'impôt sur l'investissement et d'impôt sur le revenu des particuliers, ce qui aura à son tour des conséquences sur sa capacité de dépenser comme il se doit pour renforcer son économie.
Nous aimons la stratégie Avantage Canada du gouvernement. Nous aimons la notion même de mettre l'accent sur les avantages. Il nous faut nous attacher très sérieusement à mettre à profit nos avantages et à les poursuivre de manière énergique afin qu'il soit possible dès cette année d'apporter des changements fondamentaux. Le moment est bien choisi pour demander, avec ces nouvelles circonstances, comment nous pourrions faire pour établir un lien entre toutes les choses que nous faisons.
Nous investissons dans la science et la technologie. Nous avons une bonne capacité du côté de la technologie. Nous réduisons sensiblement l'impôt sur l'investissement, au niveau tant fédéral que provincial. Nous sommes maintenant en la matière beaucoup plus concurrentiels. Notre position financière constitue un avantage fondamental, tout comme c'est le cas de la stabilité de notre société, de l'attrait de notre qualité de vie, de la stabilité et de la qualité de notre système juridique et réglementaire, ce en dépit du fait qu'il nous faille le repenser à nouveau. Le monde change tellement. Une part importante de notre régime de réglementation est fondée sur l'ère pré-Internet, et ainsi de suite.
Ce que nous avons c'est ceci: quantité de très bonnes choses que nous faisons, et une occasion extraordinaire d'examiner tout cela en cette période de vastes changements. Comment faire pour réunir tout cela dans un tout qui reflète la relance future, fondée sur l'innovation, qui permettra réellement...? Tirons profit de cela, utilisons cette crise pour nous rehausser dans le monde.
Nous savons, par exemple, que les gens disent parfois que le Canada n'est pas très bien connu en ce qui concerne l'innovation et la technologie. Eh bien, il suffit de brandir nos BlackBerry pour savoir ce qu'il en est. Et il existe de nombreux autres exemples. Notre réputation dans le monde en matière de gouvernement électronique est faite. Cela s'étiole un petit peu, car nous n'en avons pas fait un objectif explicite de notre gouvernement. Il y a quantité de choses que nous pourrions faire maintenant pour réunir tous ces éléments à l'intérieur d'une stratégie. C'est pourquoi nous avons insisté sur la question d'une stratégie pour les TIC, qui ne concerne pas tant notre industrie mais plutôt l'utilisation de la technologie et de l'innovation pour amener la réussite future du Canada.
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Si vous permettez, j'aimerais me faire l'écho des observations de Bernard.
Lundi de cette semaine, nous avons lancé un document le Plan canadien: Au-delà des lacs et des montagnes. Nous avons choisi ce titre car nous en avons assez que les gens ne voient pas le travail d'innovation du Canada. Nous en avons assez que les gens ne voient pas la technologie et l'empreinte que nous contribuons. Nous sommes plus gros que cela, et ce que nous faisons est plus vaste encore. Dans le cadre des travaux du conseil d'administration et des consultations que nous avons menées l'année dernière avec l'industrie, nous avons non seulement déterminé que le Canada pourrait être vendu comme étant plus que cela, mais que le Canada pourrait être un chef de file en matière de bio-économie. La biotechnologie compte sans doute aujourd'hui pour environ 6,4 p. 100 du PIB du Canada, si vous songez aux industries qui en dépendent, qui l'utilisent, qui l'élaborent, et ainsi de suite. C'est un petit peu plus de 8,5 p. 100 aux États-Unis, mais nous nous débrouillons mieux que certains pays, et moins bien que d'autres.
Nous croyons que si nous nous fixons un objectif — un gros, grand et audacieux objectif, si vous voulez —, le Canada pourra être la plus grosse économie fondée sur la biotechnologie au monde. Nous avons la science, nous avons la recherche, nous avons les entreprises et nous avons la biomasse. Ce qui fait en quelque sorte défaut c'est l'expression du désir de devenir cela, de dire que, qu'il s'agisse de science fondamentale ou de technologie, en tant que pays, nous allons laisser notre marque. En tant qu'industrie, nous pensons pouvoir y parvenir.
Que faut-il alors? Le bon régime fiscal, le bon environnement. Nous pensons qu'il faut trois choses. Peu importe quel secteur vous choisissez dans ce contexte, il lui faut être concurrentiel à l'échelle mondiale. Il faut les marchés financiers — il faut le bon régime fiscal pour vouloir s'établir, mais il faut l'environnement pour générer de nouveaux capitaux, de nouveaux investissements. Sommes-nous les plus concurrentiels au monde en la matière? Ce sont là des choses que nous pouvons changer. Cela va nous prendre du temps, mais si nous nous fixons comme objectif d'y parvenir, nous gagnerons.
Le deuxième aspect, ce sont les gens. Avons-nous les meilleurs talents? Nous avons certains bons éléments, mais nous voyons des gens partir. En attirons-nous d'autres? Comment faire pour avoir le milieu le plus concurrentiel dans le monde pour attirer et retenir des gens de talent, sans parler de ce qu'il faudrait faire pour le construire? Sommes-nous en train de modifier nos programmes scolaires de manière à être novateurs? Nous avons un bon bagout, mais sommes-nous vraiment convaincus et souhaitons-nous réellement changer les choses?
Le troisième élément est l'environnement opérationnel. Nous avons de bonnes structures de réglementation que nous avons mises en place pour diverses raisons, mais sont-elles favorables à l'innovation, ou bien s'agit-il davantage d'obstacles? Il y a des changements que nous pouvons apporter si nous voulons réellement être une société novatrice. Ce n'est pas juste le régime fiscal; c'est le régime fiscal, mais c'est également le contexte d'exploitation et les gens qu'il y a derrière.
Il nous faut aligner le tout et maintenir en tout temps le cap, et poser la question, cela favorise-t-il l'innovation? Si la réponse est non, alors pourquoi faisons-nous ce que nous faisons?
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J'aimerais revenir à ma série de questions initiale.
Nous avons entendu beaucoup de bonnes idées. Beaucoup de bonnes idées ont été mises sur la table tout au long de notre étude ici, et dans d'autres secteurs de l'économie dans son sens plus large, dans le contexte des défis auxquels nous nous trouvons confrontés. Bien sûr, il y a toujours des choses que les gouvernements pourraient mieux faire, mais les gouvernements ne peuvent pas faire tout ce qu'on leur demande.
Nous avons littéralement vu mises sur la table des idées d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars, et avec chacune d'entre elles est venue la promesse que cela nous sortirait de la situation mondiale que nous connaissons. Il y a eu beaucoup de demandes relativement à l'assurance-emploi, par exemple, à des conversions en matière d'AE qui amèneraient des charges sociales beaucoup plus élevées dont auraient, bien sûr, à subir le fardeau les entreprises qui réussissent bien. Si nous devions mettre en oeuvre nombre des choses dont il a été question, il pourrait s'ensuivre de plus lourds impôts pour les entreprises, et ce seraient les entreprises qui réussissent et qui s'agrandissent qui en subiraient le plus les conséquences.
D'après ce que je sais du secteur de la biotechnologie, et cela vaut sans doute pour les deux industries, dans votre domaine, comme dans tous les autres, les sociétés plus importantes et qui réussissent le mieux ont tendance à réinvestir une part importante de leurs profits dans la R et D.
Il me semble que les investissements que font ces genres d'entreprises figureraient sans doute parmi les investissements les plus sûrs, d'une certaine manière. Il s'agirait des investissements les plus rentables, sur le plan réussite, pouvant bénéficier à long terme à l'ensemble des Canadiens, les types mêmes d'investissements que nous vouloir voir consentis dans le cadre de notre stratégie pour la science et la technologie à l'intérieur de notre programme Avantage Canada.
Vous pourriez peut-être dire quelques mots là-dessus. Auriez-vous quelque commentaire à faire sur les types d'investissements qui sont en train d'être faits par les entreprises plus grosses, qui réussissent mieux, qui sont en pleine croissance, les entreprises qui payent véritablement des impôts?
Tout récemment, nous avons vu des chiffres sur l'emploi — les nouveaux emplois nets — qui étaient quelque peu surprenants. Je pense qu'il était question de 36 000 nouveaux emplois nets, dont bon nombre correspondaient à du travail autonome. J'ai trouvé cela quelque peu intéressant. J'ai trouvé intéressant que, sur le plan politique, nous ayons été quelque peu critiqués par l'opposition, qui semblait presque ne pas donner trop d'importance au volet travailleurs autonomes. J'ai été frappé par ce qui s'est passé, jusqu'à un certain point.
Je songeais à l'effondrement du secteur de la technologie et de toutes les circonstances l'entourant. Il me semble, sur la base de ce que j'ai entendu, et vous me corrigerez si j'ai tort, qu'à l'époque on avait beaucoup insisté sur l'effondrement ou l'éclatement de la bulle, pour ainsi dire. Mais l'une des choses sur lesquelles on n'a pas beaucoup insisté à l'époque était le sort réservé aux personnes qui avaient perdu leur emploi. Nombre d'entre elles ont lancé de petites entreprises indépendantes, au début, mais celles-ci sont vite en train de devenir de solides entreprises dans le secteur des TI.
Je vois dans ces chiffres sur les emplois qui ont été annoncés récemment se dessiner quelque chose de semblable, peut-être sur une échelle plus grande que tout simplement les TI. Il y a certainement dans vos deux secteurs un élément de cela, en tout cas. C'est également ce que nous constatons, en un sens, lorsque des entreprises dans le domaine de la biotechnologie, par exemple, sont vendues, et le fondateur original de l'entreprise vendue se lance dans une toute nouvelle aventure qui réussit elle aussi. Parmi tous les nuages que fait planer sur nous la crise économique mondiale, il me semble que c'est là une lueur d'espoir à saisir. Il se dessine là quelques possibilités. Peut-être qu'il en sortira quelque chose de positif si les gens prennent l'initiative pour se lancer eux-mêmes.
Il y a manifestement des défis. Nous avons parlé du capital-risque. Il va s'agir d'un défi pour certains, mais nous avons des programmes gouvernementaux par le biais de la BDC, et pas seulement du côté du capital-risque. Il a également des consultants qui sont là pour guider la personne à travers le processus, si la personne connaît bien les TI ou la science mais pas tant les affaires, pour naviguer vers d'autres organismes subventionnaires. Nous avons des incubateurs d'entreprises et autres choses du genre pour aider les gens dans ce processus.
Vous pourriez peut-être nous entretenir un petit peu des possibilités qui découleront peut-être de ce qui se passe, puis de ce que vous envisagez comme étant le rôle du gouvernement pour favoriser la chose dans un équilibre avec le rôle qui revient en la matière à l'industrie.
La courte réponse est oui. Mais dans le cas que vous nous soumettez, il ne s'agit pas simplement d'agir. Il s'agit également d'avoir une vision collective — de l'industrie, du gouvernement, du public, de tout le monde — voulant que, vous savez quoi? Le Canada sera cette économie du savoir. C'est là notre vision. C'est notre coup du type « envoi d'un homme sur la lune ». C'est là que nous voulons aller. Nous allons aligner nos programmes derrière cela.
Nous pouvons redonner vie aux industries traditionnelles. Nous pouvons être cette prospérité pour notre industrie nouvelle. Il y a littéralement des centaines de milliers d'emplois qui vont être créés si nous choisissons d'accepter la chose et d'aller au-delà du message « Oh, nous sommes le Canada; nous sommes un bon endroit où passer des vacances; nous nous débrouillerons; nous creuserons, nous vendrons, nous exploiterons des mines ».
Non, il nous faut le vouloir. Il nous faut commencer à nous aligner et à poser cette question dans tout ce que nous faisons: cela favorise-t-il l'innovation?
Nous croyons que la bioéconomie offre un avantage concurrentiel au Canada. Les TIC sont concurrentiels. Il y en a d'autres sur le terrain, mais, en bout de ligne, va-t-il s'agir des mêmes caractéristiques fondamentales sous-jacentes, comme vous l'avez souligné? Disposons-nous d'un environnement qui dit, oui, nous allons mettre l'accent sur l'innovation, qui dit que nous n'allons pas être comme les Américains, que nous allons être meilleurs?
Vous savez, est-ce une si mauvaise chose que de vouloir la médaille d'or?
L'Association minière du Canada est la voix nationale de l'industrie minière. Nous avons trois ou quatre douzaines de membres à part entière, qui sont les plus grosses sociétés minières que vous connaissez, et de 30 à 40 membres associés, comprenant quelques cabinets d'ingénierie, quelques sociétés financières et quelques cabinets de conseil environnemental.
Comme vous pouvez le voir dans ce premier tableau, c'est une industrie d'assez grande envergure, contribuant quelque 42 milliards de dollars au PIB du Canada. Ce sont les chiffres de 2007, soit les plus récents disponibles. Nous produisons un document intitulé Faits et chiffres, que vous avez en main, je crois. Sinon, nous en avons quelques copies ici en français et en anglais qui contiennent un certain nombre de ces éléments d'information.
Permettez-moi de passer en revue très rapidement quelques-uns de ces points.
L'industrie paie aux alentours de 10 milliards de dollars en impôts et redevances aux pouvoirs publics canadiens. Elle engage des dépenses de prospection, dont mon collègue, M. Baird, parlera plus en détail, à hauteur d'environ 2,5 à 3 milliards de dollars par an. Le secteur contribue près de 19 p. 100 aux exportations de biens. Il emploie quelque 360 000 personnes. Il alimente également un important réseau de fournisseurs: environ 3 000 sociétés fournissent des biens et des services à l'industrie minière canadienne. Par exemple, dans le secteur ferroviaire, elle entre pour 55 p. 100 des recettes de transport ferroviaire de marchandises du Canada. Et le nombre des mines en exploitation est considérable, bien évidemment.
Il est intéressant de noter que ce secteur a une forte présence dans toutes les régions du Canada, depuis la côte Est jusqu'à la Colombie-Britannique en passant par le Québec, l'Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l'Alberta, et le nord du Canada. Chaque région possède d'importantes exploitations minières dont nous pourrons vous parler plus en détail.
Le secteur minier est également fortement présent à la Bourse de Toronto. Les sociétés minières internationales, tant les grosses que d'autres tendent à s'adresser à la Bourse de Toronto pour leur financement: La TSX, en effet, contribue très fortement à la levée de capitaux par les petites et moyennes entreprises minières.
Passant à la diapositive suivante, je passerai en revue rapidement certains des enjeux auxquels l'industrie est confrontée, en particulier le cours des minéraux et la récession mondiale.
L'industrie minière est également très importante pour les collectivités autochtones. Elle est le plus gros employeur privé de Canadiens autochtones. Cette relation tend à très bien marcher. Par exemple, notre association industrielle, il y a un mois environ, a signé un protocole d'entente avec l'Assemblée des Premières nations, lequel est assorti d'un plan de travail. C'est un volet important. Il y a sans doute possibilité de faire encore plus à l'avenir sur le plan de l'emploi et de la formation de Canadiens autochtones.
Cela m'amène au point suivant. Il va y avoir une pénurie de ressources humaines dans ce secteur, comme dans beaucoup d'autres du Canada. Près de 65 p. 100 de nos géoscientifiques vont dépasser l'âge de 65 ans au cours des 10 prochaines années, et il sera nécessaire de les remplacer. Au total, le conseil des ressources humaines du secteur estime qu'il aura besoin d'ici 2017 de 60 000 à 90 000 nouveaux travailleurs. Je pense que ces chiffres ont été rajustés en fonction des événements du dernier semestre.
Les réserves de minéraux sont un problème pour cette industrie. Les réserves prouvées et probables de métaux de base et de certains autres minéraux ont diminué au Canada au cours du dernier quart de siècle. Il faut donc inverser cette tendance et faire remonter ces chiffres. Nous pourrons en parler plus en détail.
L'offre mondiale de minéraux se heurte à un certain nombre d'obstacles. Il y a la possibilité, réelle, de flambées de prix dans les années à venir si certains de ces obstacles à l'approvisionnement ne sont pas levés. Je pourrais en parler davantage au cours de la période des questions et réponses, mais cela concerne les barrières réglementaires, au Canada et à l'étranger.
Il y a des besoins infrastructurels. Certains des projets réalisés dans le monde exigent 600 kilomètres de voie ferrée, etc., pour acheminer la production. Ainsi donc, dans une certaine mesure, les sociétés minières sont également des constructrices d'infrastructure, surtout à l'étranger. Cela introduit certains défis et des obstacles qui empêchent l'entrée en production rapide de ces mines.
Je vais passer en revue la diapositive suivante pour vous indiquer ce qui s'est passé du point de vue des cours des minéraux. Ce tableau indique les prix de six minéraux et métaux différents, et met en lumière trois tendances.
Il montre la forte croissance des prix intervenus entre 2000 et 2007 pour tous les produits. Cette hausse était évidemment largement alimentée par la construction infrastructurelle et manufacturière en Chine. Cette croissance s'est poursuivie de façon générale jusqu'au milieu de l'année 2008.
La deuxième tendance mise en évidence par ce tableau est l'effondrement considérable des cours intervenu entre l'automne dernier et le début de 2009. Le prix du cuivre a chuté d'environ les deux tiers, le zinc des deux tiers, le nickel de plus des deux tiers, etc. L'or règne dans un monde à part, dans une certaine mesure, et suit sa propre trajectoire. Le prix de l'or reste très soutenu.
Une troisième tendance intéressante est la légère remontée des prix des minéraux intervenus ces derniers mois, à quelques exceptions près. Pour l'aluminium, l'équilibre entre l'offre et la demande n'est pas encore de nature à faire remonter les prix, mais une hausse est intervenue dans le cas des autres métaux de base. Cela nous rend relativement optimistes pour l'avenir.
En ce qui concerne la situation actuelle, les sociétés minières s'adaptent aux prix. L'un de leurs rôles fondamentaux est d'ajuster l'exploitation en fonction de l'évolution des prix des minéraux. Ces prix sont généralement des cours mondiaux, fixés par les bourses internationales. Les compagnies minières ont donc ajusté leur offre. Certaines, en particulier, ont géré leur endettement, s'efforçant de le maîtriser de manière à assurer leur prospérité future.
Ressources naturelles Canada a créé un module chargé de compiler les réductions de production intervenues. Il a relevé quelque 23 coupures annoncées au cours des six derniers mois. Il s'agit là de sociétés renommées. Vale Inco, à Sudbury, va ralentir sa production cet été pendant quelques mois. ArcelorMittal, sur la côte Nord du Québec, va opérer le même type de réduction dans le courant de l'été. Quelques mines de diamant vont elles aussi ralentir la production. Tout cela vise réellement à rééquilibrer l'offre et la demande.
L'activité dans les sables bitumineux s'est ralentie et d'aucuns pourraient trouver cela positif. Ce segment avait certainement été marqué par un développement frénétique au cours des dernières années, et le rythme est maintenant devenu plus modéré. L'impression est que cela fait baisser les coûts, ce qui crée une bonne base pour la croissance future.
Comme je l'ai mentionné, les dépenses de prospection ont totalisé environ 3 milliards de dollars l'an dernier. On prévoit que ce chiffre ne sera que de la moitié cette année, avec un marché d'actions accréditives presque inexistant au cours du premier trimestre de 2009. Le secteur de la prospection a été très durement touché.
Je vais réserver la dernière diapositive pour la période des questions, et donc la dernière dont je vais traiter ici sera celle sur les perspectives mondiales.
Comme je l'ai mentionné, les reports d'équipement et les délais d'attente se rapprochent de l'équilibre. Paradoxalement, ce sont là quelques-uns des avantages d'une récession. Nous étions dans une situation, il y a un an, où des sociétés devaient attendre jusqu'à un an ou plus la livraison de pièces telles que des pneus. On se rapproche aujourd'hui davantage de l'équilibre.
Les coûts d'intrants reculent également. On pense que les dépenses de stimulation effectuées au Canada, en Chine, aux États-Unis et ailleurs contribueront à raffermir les prix des minéraux et métaux. Comme je l'ai mentionné, on a assisté à un raffermissement des prix de quelques métaux de base ces derniers mois.
Nous sommes très optimistes pour le long terme. Les débouchés potentiels dans des pays comme la Chine sont renversants. On compte environ 95 voitures pour 100 habitants aux États-Unis, et la Chine n'en a qu'environ 2 pour 100 habitants. Cet écart ne va sans doute jamais être comblé, mais il va rétrécir. Il existe d'autres indicateurs similaires; par exemple, on compte 20 fois plus d'ordinateurs personnels per capita au Canada qu'en Chine. Ces équipements contiennent beaucoup de métaux et de minéraux. Les écarts entre ces indicateurs vont diminuer dans les prochaines décennies. Nous avons l'impression que ces marchés marquent actuellement une pause, plutôt que de connaître une récession. Nous marquons une pause dans un cycle qui va se poursuivre et va connaître une très forte croissance pendant de nombreuses décennies.
Le point vignette suivant concerne la Chine et l'Inde. Il n'y aura pas que les métaux de base. Ces pays passent à un régime alimentaire à plus forte teneur en protéines, ce qui exige des fourrages, lesquels exigent de la potasse. Le Canada en est le premier producteur.
Sur le plan de l'énergie nucléaire, on investit beaucoup dans des réacteurs nucléaires en Chine et ailleurs, lesquels exigent de l'uranium. Le Canada est le premier fournisseur d'uranium. La construction infrastructurelle et la croissance manufacturière gonfleront la demande de métaux de base, et la croissance des classes moyennes s'accompagnera d'une plus forte demande de diamants et d'or et autres articles consommés par les classes moyennes.
Comme je l'ai mentionné, il y a une certaine viscosité de l'offre au Canada et surtout ailleurs dans le monde. Cela pourrait contribuer à de fortes majorations des prix des minéraux dans les années à venir. Le prix de l'or reste très ferme. Les producteurs d'or possèdent beaucoup de liquidités et lèvent des capitaux et vont probablement se lancer dans une course aux fusions et acquisitions au cours des prochaines années.
Je vais laisser de côté la dernière diapositive. Elle traite de certains des remèdes et mesures par lesquels le gouvernement pourrait soutenir la reprise de l'activité. Je laisserai cela pour la période des questions.
Merci beaucoup.
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Je l'étais, mais ensuite ils l'ont vendu.
Je suis ravi de représenter ici deux organisations. Je gère l'Association canadienne des exportateurs d'équipements et services miniers, connue sous le sigle CAMESE. Elle regroupe 300 sociétés qui toutes vendent à l'industrie minière et qui visent particulièrement à accroître leurs ventes à l'exportation. Je fais ce travail maintenant depuis 15 ans.
En même temps, je suis le président de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs, qui est une vaste association groupant environ 6 000 particuliers et 1 000 sociétés. Je siège évidemment à son conseil d'administration. C'est un travail bénévole, non mon emploi à temps plein, mais je représente ici également cette association.
J'aimerais commencer par parler de prospection et passer ensuite au volet fournitures minières de mon exposé.
Les deux parties de l'industrie minière que je représente ici en sont réellement indissociables, jouant un rôle extrêmement important sur le plan de la productivité, de l'hygiène et de la sécurité, et de la performance environnementale de l'industrie minière. Et pourtant, ces parties sont différentes et se distinguent aussi entre elles. J'espère pouvoir mettre cela en évidence dans mon exposé. Paul à mes côtés vous a déjà parlé de la partie extraction et traitement de l'industrie minière, celle qu'il représente.
Pour vous situer rapidement le contexte de la prospection, on dénombre entre 8 000 et 10 000 projets de prospection et d'extraction canadiens dans le monde, dont seulement la moitié au Canada. L'autre moitié est distribuée entre 100 pays. Deuxièmement, les peuples autochtones jouent un rôle extrêmement important dans cette industrie, au Canada mais aussi à l'étranger, car nous tendons à prospecter dans des lieux isolés.
La prospection est un gros fournisseur d'emplois aux Autochtones. Ce sont des emplois qui se situent près de leurs collectivités et ce sont des emplois pour lesquels, très souvent, il n'est pas nécessaire de posséder une formation très poussée.
La prospection minière est singulière en ce sens qu'elle a besoin de grandes superficies pour aboutir, simplement parce que notre activité consiste à chercher des aiguilles dans des meules de foin. Nul ne peut savoir où ces aiguilles vont surgir, si bien que nous avons besoin de vastes territoires ouverts à la prospection minière.
Passant maintenant au volet commercial, on compte 1 474 sociétés classées comme minières cotées à la Bourse de Toronto ou à la Bourse de croissance TSX. De fait, si l'on considère l'ensemble de l'industrie minière canadienne globalement, soit les investisseurs, les prospecteurs et les fournisseurs, aucun autre secteur canadien n'est aussi prédominant dans le monde. Nous sommes le visage du Canada dans 100 pays du monde.
La conjoncture dans l'industrie de la prospection, bien entendu, et comme Paul l'a expliqué, est marquée par la chute des prix des matières premières, ce qui est pour nous un événement cyclique. En sus, nous sommes confrontés à un très fort resserrement du crédit, une perte de capitaux-risques pour la prospection minière. L'année 2008 a été une année record, avec quelque 12 milliards de dollar US investis dans la prospection minière dans le monde, dont 20 p. 100 au Canada. Cela faisait donc 2,5 milliards de dollars pour nous, qui étaient souvent de l'argent d'autrui, et que nous utilisions pour chercher des richesses minières chez nous. L'an dernier a été une grosse année.
Le sommet précédent — je vous l'ai dit, c'est une activité cyclique — était en 1997, année où le monde a dépensé 5 milliards de dollars pour prospecter. Cela représente un taux d'inflation énorme dans ce secteur sur 10 ans, mais le volume de l'activité a plus que doublé. Nous ne découvrons pas assez vite de ressources pour le monde. La prochaine fois, lorsque viendra la reprise, inévitablement... Ceci est le quatrième fléchissement que je vis au cours de ma carrière dans cette industrie, et une chose est sûr: l'activité va repartir, tout le monde en est convaincu. Nous n'avons pas peur du tout. Nous souffrons, nous sommes blessés, mais nous nous sortirons de là. Lorsque l'activité va repartir, comme elle le fait chaque fois, les choses iront mieux, et nous voulons être là pour en profiter.
Considérant le financement, les financements accréditifs annoncés — je suppose que vous connaissez le système canadien des actions accréditives — ont totalisé plus de 1 milliard de dollars en 2007. En 2008, le chiffre est tombé aux trois quarts de ce montant, mais sur la base du premier trimestre de l'année, il va probablement tomber à un quart de milliard de dollars.
Ce sont là les capitaux dont dépendent les petites sociétés minières. Par définition, les juniors n'ont pas de revenu de production; elles dépendent des marchés des capitaux pour lever des fonds, qu'elles utilisent pour la prospection. Ce recul est extrêmement grave pour elles car elles sont tributaires du financement accréditif à un moment où toutes les autres options financières leur sont fermées.
Voici quelques défis, tels que je les vois, pour la partie prospection de l'industrie. Il y a le financement, bien sûr. Les sociétés sont obligées d'arrêter les projets et de licencier des employés, et fusionnent. Le financement est un gros problème.
Vient ensuite ce que j'appellerais la « survie ». Pour dire les choses un peu plus poliment, parlons de « maintien de la capacité ». Lors des cycles antérieurs similaires, 50 p. 100 de ces sociétés ont disparu. Cela ne veut pas dire que toutes ont déclaré faillite, mais beaucoup ont fermé leurs portes — se sont poliment retirées, si vous voulez — on bien ont fusionné avec d'autres sociétés et ainsi de suite.
Si la situation actuelle dure encore deux ou trois ans, nous aurons probablement 50 p. 100 de compagnies en moins pour prospecter au Canada, mais aussi maintenir la prédominance canadienne en matière de prospection dans le monde.
Un troisième défi consiste à attirer des nouveaux employés. Comme Paul l'a signalé, toute l'industrie minière connaît un problème démographique. Ce dernier est probablement causé par les cycles de l'industrie. Les jeunes ne se lancent pas dans des études en rapport avec l'industrie minière pendant un marasme; ils le font lorsque la conjoncture est bonne. Mais lorsque ils sortent avec leur diplôme en poche, il n'y a pas d'emplois pour eux, et c'est précisément ce qui se passe cet été, et je vais proposer quelques solutions à cela.
Un autre défi, bien sûr, pour le Canada est la mondialisation. Comme tout autre secteur, si nous voulons préserver notre prépondérance, nous devons prendre certaines mesures.
Un défi supplémentaire tourne autour de toute la question de la responsabilité sociale des entreprises. Vous êtes peut-être au courant des tables rondes et ainsi de suite tenues il y a deux ou trois ans. Je peux vous donner des renseignements à leur sujet, si vous le souhaitez. L'industrie agit dans ce domaine. L'Association minière du Canada a un programme intitulé « Vers le développement minier durable » et l'Association canadienne des exportateurs d'équipements et services miniers est dotée d'un programme nouvellement élargi appelé e3Plus. Si vous le souhaitez, je peux vous en dire plus sur les lignes directrices et le cadre d'excellence.
Enfin, un dernier défi pour le secteur de la prospection, comme je l'ai déjà mentionné, consiste à maximiser le territoire explorable et assurer les droits miniers et l'accès aux terrains. Ce qui se passe en Ontario cette année est réellement crucial. Le gouvernement a annoncé trois changements très importants. L'un est la refonte de la Loi sur les mines, et les deux autres intéressent les droits des Autochtones et l'utilisation des terres dans le nord de l'Ontario, une vaste question. Si ces changements ne sont pas menés de manière appropriée, n'importe lequel des trois causera probablement un problème continu à travers le Canada.
Que peuvent faire les pouvoirs publics dans le secteur de la prospection? La cartographique géologique est certainement de leur ressort. Les géosciences, si vous voulez, sont déterminantes pour la réussite des prospecteurs canadiens. Il y a quelques années, un budget de 100 millions de dollars sur cinq ans a été alloué à ce que l'on appelle le programme GEM et je pense qu'il y aurait lieu d'accroître ce montant ou bien d'accélérer les dépenses à l'intérieur de la période quinquennale.
Une autre chose que le gouvernement pourrait faire concerne le crédit d'impôt pour l'exploration minière, le CIEM. Il a été prolongé d'un an dans le budget le plus récent, mais il pourrait être accru. Il devrait certainement être rendu permanent. Il est un atout extrêmement important si l'on veut attirer ces investissements à risque au Canada.
Un autre sujet sur lequel le gouvernement travaille, c'est la question d'un organisme unique de réglementation des valeurs mobilières au Canada. Nous sommes le seul grand pays développé — le seul pays développé, je crois — ayant cette multiplicité d'organismes de réglementation des valeurs mobilières et cela engendre beaucoup de frais supplémentaires, de duplication, de chevauchement et de laxisme.
Je sais que le mot à la mode en ce moment, c'est « infrastructure ». Pourquoi ne pas construire des routes pour rendre accessibles les ressources? Pourquoi ne pas améliorer les aéroports et les ports maritimes dans le nord et ainsi de suite? Cela ouvrirait de grandes richesses non seulement pour les habitants du Nord mais pour tous les Canadiens.
Le gouvernement devrait balayer le projet de loi C-300. Le projet de loi C-300, un projet de loi d'initiative parlementaire introduit avant la réponse du gouvernement sur la question de la RSE et avant l'action entreprise par l'industrie à ce sujet, est devenu un anachronisme et ne devrait plus figurer au programme législatif du Parlement. Il risque de politiser les enjeux de la RSE sans offrir de mécanisme clair pour les régler. Il ne ferait que lier les mains des Canadiens dans le monde et je pense que c'est une mesure à écarter.
Enfin, le gouvernement peut soutenir l'innovation. Il était intéressant d'entendre ces deux autres secteurs parler d'innovation; je peux vous donner beaucoup plus de détails, si vous le souhaitez. Dans le secteur minier, nous avons formé ces dernières années un organe appelé Conseil canadien de l'innovation minière...
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous deux de votre présence aujourd'hui. Vos exposés, comme tous ceux que nous avons entendus au long de cette étude, sont très intéressants et nous en apprennent beaucoup sur ce qui se passe dans l'industrie minière.
Je suis frappé par la singularité de l'industrie minière, comparée à d'autres.
Monsieur Baird, vous avez comparé l'extraction minière à la découverte d'aiguilles dans une meule de foin, et bien sûr le Canada est probablement la plus grande meule de foin du monde. Il y a donc là de réelles possibilités, et sur le plan de la concurrence avec d'autres pays, l'une des choses dont vous n'avez pas à vous inquiéter, c'est de les concurrencer sur le plan de la quantité de minéraux que nous avons dans le sol. Nous en avons. Ils resteront sous terre jusqu'à ce que nous les extrayions. La question est de savoir comment maximiser cette extraction.
Il semble que vous allez avoir de réels problèmes de main-d'oeuvre. Je veux commencer par parler de la main-d'oeuvre, si vous le permettez, car nous sommes dans une situation particulière en ce sens que la crise mondiale vous amène à revoir vos plans à court terme. Certaines de ces révisions peuvent vous amener à licencier des travailleurs, des travailleurs dont vous aurez besoin à la sortie de cette crise.
Le gouvernement fédéral a un programme de partage du travail qui me semble conçu presque parfaitement pour votre genre de situation. Au lieu de licencier des travailleurs qui vont aller trouver un emploi ailleurs — des travailleurs dont vous aurez besoin plus tard — vous pouvez en quelque sorte partager le fardeau entre toute la main-d'oeuvre, en faisant travailler vos employés 80 p. 100 du temps, avec l'AE comblant en partie la différence, de façon à pouvoir conserver vos effectifs. Lorsque viendra le temps de la reprise, vous aurez cette main-d'oeuvre à disposition.
Est-ce que l'un ou l'autre d'entre vous peut me dire si le programme de partage du travail est utilisé, si votre organisation promeut activement le partage du travail par vos membres?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Sachez, et mes collègues pourront le confirmer, que je mentionne l'industrie minière en toutes occasions. J'arrive toujours à la caser, d'une façon ou d'une autre. Je le fais parce que je ne crois pas que beaucoup de Canadiens aient conscience de l'importance de l'exploitation minière. L'une des choses que j'ai faites depuis mon élection a été de faire connaître l'importance de l'industrie minière pour notre pays.
Si vous revenez à la toute première diapositive que vous avez présentée, on y voit que l'industrie minière verse 10 milliards de dollars aux pouvoirs publics. Donc, elle finance les administrations et les emplois, et on pourrait dresser une liste interminable, depuis des décennies, voire des siècles.
J'ai été très heureux d'entendre que, dans le secteur minier, on ne considérait pas la conjoncture actuelle comme nécessairement une crise, mais plutôt comme une pause. Je suis ravi de l'entendre parce que, dans ma ville de Sudbury, on parle de mort à petit feu. Alors que nous avons vu de grosses pertes d'emplois dans des sociétés comme Xstrata, avec 686 disparitions permanentes d'emplois, la fermeture de quelques mines contenant du nickel et d'autres minéraux à faible teneur, la fermeture, comme vous l'avez mentionné, de Vale Inco pendant quelques mois, et chez FNX Mining, First Nickel Inc. et tous ces autres lieux durement touchés par cette récession, nous attendons que le pendule reparte dans l'autre sens.
Pendant que nous attendons, nous espérons quelques mesures importantes de la part du gouvernement. Je sais qu'il a donné un soutien positif dans le budget avec le CIFM, le crédit d'impôt pour frais médicaux. Cela a été salué haut et fort par maintes organisations de ma ville. Mais pendant que nous sommes sur pause et attendons d'appuyer sur le bouton marche, que pouvons-nous faire d'autre pour aider le secteur minier? La question s'adresse à vous deux.
Je vais vous soumettre cela, car vous êtes de Sudbury, qui est totalement intégrée... C'est l'une des quatre cités-États de l'extraction de métaux dans le monde. Je vais vous dire quelles sont les autres, si vous voulez.
Il y a l'extraction à grande échelle et la fourniture de biens et services miniers à grande échelle. L'Ontario Mining Association a réalisé une étude, publiée il y a moins de 12 mois, où l'on a modélisé une mine de Sudbury produisant du nickel et du cuivre. Le revenu de cette mine était de 270 millions de dollars par an et elle créait 480 emplois directs. Elle créait aussi 1 103 emplois chez les fournisseurs dans la chaîne d'approvisionnement amont, et encore 697 emplois dans la collectivité environnante dans laquelle les travailleurs de la mine dépensent leur argent disponible.
Donc, cette mine dans votre collectivité — ce n'est pas une mine énorme et toutes les hypothèses étaient très conservatrices — emploie réellement 2 280 personnes. Voilà ce qui se passe lorsque nous trouvons un nouveau gisement. Voilà la retombée.
Vous demandez ce que le gouvernement peut faire. Tout d'abord, il faut veiller à ce que le Canada reste un lieu où les gens veulent investir dans la prospection et l'extraction minière. C'est une vaste question, qui met en jeu le rôle et du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux.
Deuxièmement, l'innovation est primordiale si l'on veut maintenir la productivité et la performance de l'industrie sur le plan de l'hygiène et de la sécurité et de l'environnement. Comme je l'ai dit dans mon introduction, les fournisseurs des mines jouent un grand rôle à cet égard, notamment ceux de votre ville.
En sus de cela, nous pouvons aussi avoir la cerise sur le gâteau, car ces fournisseurs de votre ville peuvent également exporter leurs biens et services, lesquels ont été mis au point grâce à cette merveilleuse grappe industrielle de Sudbury. Ils peuvent exporter dans le reste du Canada et ils peuvent exporter dans le reste du monde. Mais la plupart d'entre eux sont des petites et moyennes entreprises. Il est très difficile pour elles de s'attaquer au marché chinois et à d'autres marchés étrangers. Elles ont besoin d'aide, qui provient d'approches collectives, qui manquent chez nous. Ce n'est pas une question d'argent.
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J'ajouterais juste quelques mots à cela. Nous avons déjà parlé brièvement de la géoscience et de la nécessité d'investir dans ce domaine, et nous avons évoqué brièvement l'innovation et le fait que nous allons demander des fonds au Conseil canadien de l'innovation minière.
Je pense que sur le plan général de la fiscalité, notre industrie est plutôt bien positionnée à l'échelle internationale. Nous avons évoqué le mécanisme des actions accréditives, soit la possibilité de déduire au fur et à mesure les frais de réalisation d'un projet. Certaines améliorations restent cependant possibles. Nous avons un dialogue continu en ce moment avec Ressources naturelles Canada et, espérons-nous dans l'avenir proche, avec le ministère des Finances, pour voir si quelques améliorations peuvent être apportées.
Elles intéressent des aspects très techniques telles que la règle des cinq ans et l'amortissement accéléré des travaux de modernisation d'installations, par exemple. Ce ne sera pas facile, mais si le gouvernement pouvait mettre en place un stimulant fiscal pour les sociétés, pas seulement de notre secteur, à investir dans la modernisation de leurs installations et relier cela d'une façon ou d'une autre à une réduction de l'intensité de gaz à effet de serre ou quelque chose du genre, ce serait évidemment très bien reçu et stimulerait l'investissement dans la modernisation des installations. Beaucoup de secteurs à part le nôtre en seraient très heureux.
Mais, de façon générale, le régime fiscal est raisonnablement compétitif. Nous avons fait état dans le passé de l'opportunité d'améliorer les mécanismes réglementaires. Il faut toujours trop longtemps dans ce pays pour faire suivre à un projet toutes les étapes d'agrément réglementaire. Cela ne signifie pas que nous voulons que les autorités de réglementation nous donnent nécessairement le feu vert, mais cela signifie que nous aimerions quelques réponses et quelques indications sans devoir attendre quatre ou cinq ans.
On a donc créé un Bureau de gestion de grands projets. Il est un peu trop tôt pour savoir s'il sera efficace ou non. Il compte quelques fonctionnaires dévoués mais il est trop tôt pour dire s'il sera en mesure de s'imposer et d'introduire plus de discipline dans tout ce processus. Mais c'est certainement un aspect à ne pas perdre de vue.
Enfin, sur le plan de l'infrastructure, nous avons proposé trois projets particuliers au gouvernement, dont l'un dans le nord du Québec. Nous apprécions le fait qu'il va effectivement être réalisé. Le gouvernement du Québec a également apporté son soutien dans son budget le plus récent. Il reste encore les projets au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest qui méritent d'être soutenus, à notre avis. Nous y travaillons encore. Ces trois projets aideraient les sociétés à accéder à des territoires que nous pensons très prometteurs, tant pour la prospection qu'ultérieurement pour l'acheminement de la production jusqu'au marché. Nous avons donc là quelques propositions sur le plan de l'infrastructure.
Il y aurait encore quelques autres mesures, mais je vais m'arrêter là.
Il s'agit d'une question importante, surtout pour une industrie comme la nôtre, pour laquelle il y a beaucoup de commerce international et beaucoup d'investissement international.
Un volet auquel nous prêtons attention, bien qu'il soit moins visible que les accords de libre-échange, est celui des APIE, ou accords sur la protection des investissements étrangers. Ces instruments sont utiles même si l'on ne s'en sert pas beaucoup. Ils donnent certains paramètres aux pays étrangers et fournissent des assurances aux entreprises qui y investissent. En cas de différend, il y aura un arbitre indépendant ou des règles indépendantes grâce auxquelles résoudre le différend.
Nous serions favorables à une multiplication des APIE. Le Canada devrait en avoir davantage. Je pense que d'autres pays en ont un plus grand nombre. D'autres pays les appellent traités bilatéraux d'investissement. Je sais qu'il y en a un en jeu avec la Chine et qui traîne depuis quelque temps. Il y en a un qui a été signé avec le Pérou, et qui a fini par se transformer en accord de libre-échange. Nous serions certainement favorables à toute initiative gouvernementale en vue de la négociation de tels APIE. Si l'entente avec la Chine pouvait progresser, ce serait une bonne chose également.
Il y a également Exportation et développement Canada, ou EDC. J'y ai travaillé pendant plusieurs années et je connais bien l'organisation. Elle est importante. Elle commence à attirer un peu plus l'attention et son mandat national a été quelque peu augmenté. Son principal mandat demeure international, visant l'appui au commerce extérieur et à l'investissement étranger.
Notre impression, sur la base des discussions que nous avons pu avoir avec certains de nos membres, est qu'EDC pourrait prendre de plus gros risques. Cette société a un très solide bilan. Elle a son propre trésor. Elle est très saine comme organisation. Elle a les moyens d'assumer davantage de risque dans son travail auprès d'entreprises; sa situation est un petit peu trop complaisante.
L'une de nos entreprises lui a en fait reproché de s'adonner trop souvent à de la réorganisation; son personnel a tendance à bouger. Si donc vous rencontrez une équipe un jour, l'année suivante, il s'agira peut-être de personnes différentes. Je ne sais pas s'il n'y aurait pas moyen d'apporter un peu plus de transparence dans son organigramme.
Vous ne pouvez par exemple pas y accéder, par le biais du site Web gc.ca, pour voir sa structure organisationnelle et savoir qui travaille dans quel secteur. Il vous est impossible de voir quels éléments font partie de quelles équipes sectorielles. C'est une suggestion plutôt simple, mais il serait peut-être intéressant d'essayer d'apporter un peu plus d'ouverture à EDC, afin que les gens comprennent mieux son organisation et l'identité des personnes travaillant dans les différents secteurs.
Voilà quelques commentaires. Il s'agit d'un secteur important, et plus on consacrera d'efforts aux APIE et plus on peut encourager EDC à prendre davantage de risques, plus notre industrie sera heureuse. Ce sont là deux recommandations que nous ferions.
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Merci, monsieur le président.
Il a été question un petit peu plus tôt de cette stratégie de responsabilité sociale d'entreprise que le gouvernement a lancée en mars. Pour que les choses soient bien claires, cette stratégie comporte de nombreuses facettes, mais l'une d'entre elles a été la création d'un nouveau Bureau du conseiller en matière de responsabilité sociale d'entreprise de l'industrie extractive. Le titre est bien long. Ce n'est peut-être pas le titre que M. McKay vouloir voir inscrit dans son projet de loi, mais le rôle de ce bureau sera de favoriser la résolution des questions sociales et environnementales concernant les entreprises canadiennes en activité à l'étranger. Il a bien sûr également été instauré un nouveau centre d'excellence qui fera office de guichet unique pour les ONG, les entreprises, et ainsi de suite.
Dans cette veine, je songe aux pratiques minières responsables. Je pense que le monde réclame des preuves et des interventions en matière de responsabilité à l'égard de l'environnement, et cela ne se limite pas aux seuls gaz à effet de serre. Je serais curieux de savoir ce que fait votre organisation — cette question s'adresse sans doute davantage à M. Stothart — en vue de protéger la réputation du Canada dans ce contexte, sur le plan tant des mesures prises, ce qui est le gros morceau, que de la communication de ces initiatives.
Nous avons récemment vu dans le National Geographic un article sur les sables bitumineux, comportant un portrait avant et après de l'utilisation faite des terres, tout cela dans le contexte des sables bitumineux. Mais ce que les auteurs de l'article n'ont pas montré, c'était l'après, la bonification des terres. Et lorsque vous circulez dans ces régions où les sables bitumineux ont été exploités, vous avez l'impression qu'il n'y a pas eu de mise en valeur, mais qu'il devrait y en avoir. Ce que vous ignorez est qu'il y a déjà eu mise en valeur, bonification, et les terres ont repris l'allure qu'elles avaient avant les activités d'exploitation. Cela n'a pas été montré dans l'article; or, j'estime que c'est important.
En plus des mesures requises, dont j'aimerais entendre parler, j'aimerais en savoir davantage sur le plan de communication de ces mesures, afin que nous puissions être certains que ce ne sont pas de faux renseignements qui sont en train de circuler.
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Notre industrie et notre association se sont attaquées de front à ces questions très tôt, il y a de cela cinq, six ou sept ans. Il était survenu plusieurs accidents et ainsi de suite à l'échelle internationale, ce qui faisait mauvaise impression en ce qui concerne l'industrie.
Nous avons à l'époque introduit une initiative intitulée Vers le développement minier durable, et nous avons certainement beaucoup d'information, que nous incluons dans notre rapport annuel, et que nous pourrions vous fournir en la matière.
Cette initiative en matière de développement minier durable est une exigence obligatoire pour nos membres. Il leur faut adhérer aux principes qui y sont énoncés et fournir chaque année des renseignements correspondant aux différents critères y correspondant. Depuis l'an dernier, il leur faut également subir une vérification indépendante des renseignements fournis. Cette vérification indépendante est typiquement effectuée par des cabinets comptables, des sociétés d'ingénierie, et ainsi de suite. Comptent parmi les critères l'énergie, la gestion des gaz à effet de serre, la gestion des résidus et la préparation aux situations d'urgence. Il s'agit d'une initiative vivante. Nous oeuvrons présentement à l'élaboration de nouveaux protocoles dans des domaines liés à la fermeture de mines et à la consultation communautaire. Il s'agit donc de volets importants, et les entreprises doivent en rendre compte chaque année.
Comme je l'ai mentionné, nous nous efforçons de faire connaître cette initiative à l'échelle mondiale dans les discussions que nous avons, par exemple, avec le Conseil International des Mines et Métaux, qui est l'équivalent mondial de notre association. Nous nous efforçons donc d'encourager ces organisations à examiner le développement minier durable et à voir dans quelle mesure cela pourrait être appliqué à l'échelle mondiale. Au cours des mois à venir, il nous faudra, au sein de notre conseil, réfléchir à la question de savoir dans quelle mesure le développement miner durable devrait s'appliquer aux activités internationales des entreprises et en discuter.
Il me faudrait préciser que nous avons un groupe consultatif des communautés d'intérêts qui offre des conseils sur l'initiative DVMD. Ce groupe compte des représentants de groupes autochtones, de groupes environnementaux, du Sierra Club, et ainsi de suite, ainsi que des porte-parole du secteur minier. Il s'agit d'un mécanisme de vérification externe des intérêts communautaires.
Il s'agit là de notre principale initiative en vue du développement minier durable, et celle-ci est assortie d'un important plan de communication. Il n'est jamais facile de livrer ce genre de message. Je pense qu'il y a toujours une préférence pour les histoires plus négatives, mais nous-mêmes et nos sociétés membres déployons énormément d'efforts en vue de marquer des progrès en la matière.
Cette initiative s'appelle Vers le développement minier durable car nous n'y sommes pas encore. Il y a toujours place à l'amélioration. Il y a toujours moyen de tendre davantage vers des pratiques durables. Et ce sont certes là les principes qui sont énoncés dans le cadre de cette stratégie de développement minier durable.
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Monsieur Lake, lorsque vous parlez d'écologisation, je veux vous dire que vous êtes le bienvenu à Sudbury pour y constater de visu l'innovation à son meilleur. Nous sommes passés d'une ville qui a autrefois accueilli la NASA, qui a voulu y vérifier comment on pourrait se promener sur la lune, à une conversion au vert.
Vous savez, du fait d'avoir joué dans les mines, l'une des premières choses que j'ai constatées, la première fois que je suis allé dans l'Ouest, était que toutes les roches n'étaient pas noires. C'est ce que nous voyions, nous autres qui grandissions dans des communautés minières. Tout cela est en train de changer.
Cela étant dit, je vais m'attarder un petit peu sur l'innovation. Nous avons des services miniers et d'équipements. La SAMSSA est la Sudbury Area Mining Supply and Service Association. Il s'agit, comme nous nous plaisons à l'appeler, de la Silicon Valley du monde minier. Des centaines et des centaines de sociétés formidables à Sudbury possèdent l'expertise: des sociétés formidables comme Herold Supply, Fuller Industrial et Cast Resource, qui me viennent tout de suite à l'esprit.
Et l'une des inquiétudes que nous avons du fait que Vale Inco et Xstrata appartiennent à des étrangers est que nous avons tout juste entendu dire, oui, qu'elles ont embauché plus de personnel, mais que nous sommes en ce moment en train de perdre certains de leurs emplois, du fait du pouvoir d'achat, et que ces emplois se déplacent au Brésil. Quelle incidence cela va-t-il avoir sur le secteur des services miniers et d'équipements à Sudbury et ailleurs au pays?
Toujours dans ce contexte, j'ai déjà mentionné Greg Baiden, de la Penguin Automated Systems. Il est en train de créer de la technologie qui ne fera pas qu'aider le secteur pétrolier et gazier; il est en train de créer de la technologie qui nous permettra d'exploiter des mines sur la lune. Le Ottawa Citizen a tout récemment publié un article — et j'encouragerais tout le monde à le lire — au sujet de la technologie que M. Baiden a créée pour des commandes à distance utilisant un système de traitement numérique de la lumière. Cela dépasse mon entendement, mais c'est formidable à voir.
Je pense que c'est cela qu'il importe que nous comprenions relativement à l'exploitation minière. L'innovation ne fera que faire avancer les choses. L'innovation favorisera le virage vert.
Vous parlez du changement climatique et de l'innovation dans votre rapport. Des sociétés comme Vale Inco et Xstrata et les organisations SAMSSA reconnaissent l'importance de l'innovation, et Xstrata et Vale en sont si convaincues qu'elles ont chacune investi 5 millions de dollars dans le Centre for Excellence in Mining Innovation, le CEMI, à Sudbury. Le gouvernement de l'Ontario y a également investi, à hauteur du même montant. Malheureusement, nous n'avons pas encore réussi à convaincre le gouvernement fédéral d'investir dans le CEMI ou d'autres organisations du même genre — je pense que vous avez le SMIC, si j'ai bien saisi l'acronyme.