Nous voulons être justes envers les deux groupes. Si nous nous en occupons après le premier groupe, je devrai couper le temps de ce groupe de 10 minutes; c'est la réalité des choses, il faut que chaque groupe dispose du même temps. Je veux m'assurer que tout le monde le comprend. Donc, nous commencerons avec le premier groupe, ensuite nous réglerons la question de privilège, et enfin, nous passerons au deuxième groupe.
Nous avons avec nous un certain nombre de témoins: Diane Urquhart, analyste financière indépendante; Gary Logan, sergent-détective à la retraite, qui a travaillé à l'escouade des fraudes de la police de Toronto à la retraite; et enfin, Ken Cunningham, président des United Senior Citizens of Ontario.
Vous avez tous les trois reçu des informations sur la façon de procéder. Chacun de vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé et nous passerons ensuite aux questions des membres du comité.
Qui aimerait commencer? Madame Urquhart.
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D'accord. La raison pour laquelle nous n'avons pas de version française, c'est que nous avons reçu l'invitation seulement jeudi de la semaine dernière. Malheureusement, nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour nous préparer. Autrement, j'aurais aimé fournir une version en français.
Le vendredi 20 novembre 2009, PricewaterhouseCoopers a rendu publique son enquête mondiale sur le crime économique et a révélé que sur 54 pays, le Canada se situe au quatrième rang des pays où il y a le plus de cas de fraude. Les pays où il y a plus de fraude que le Canada sont la Russie, l'Afrique du Sud et le Kenya. Le Mexique et l'Ukraine se trouvent juste après nous dans le palmarès. Les résultats de cette nouvelle enquête sont très inquiétants, même s'ils ne surprennent pas ceux d'entre nous qui ont oeuvré dans le secteur des investissements et qui ont travaillé avec un grand nombre de victimes de crimes économiques au Canada.
En ce moment, je travaille avec les personnes aux prises avec une invalidité de longue durée, les pensionnés et les travailleurs mis à pied de Nortel. Comme beaucoup d'entre vous le savent, la situation de Nortel a été causée par des allégations de fraude et par le fait que les dirigeants se sont employés avant tout à manipuler les registres et ensuite à les corriger et qu'ils ont perdu leur objectif de vue dans ce secteur d'activité qui change rapidement. Les victimes des criminels à cravate ne sont donc pas seulement les investisseurs, il y a aussi les actionnaires et les créanciers des compagnies ainsi que des aînés qui se sont fait escroquer par des conseillers non agréés. Les victimes de fraude peuvent également être les employés d'entreprises incapables de se remettre sur pied après avoir été victimes de fraude.
Le 15 septembre, Hugh Urquhart et moi, les United Senior Citizens of Ontario Inc. et la Fédération nationale des retraités et des citoyens âgés avons assisté à une conférence de presse dans la salle Charles-Lynch à Ottawa, où l'on demandait que des mesures énergiques soient prises contre les criminels à cravate. Les neuf groupes de victimes qui ont participé à la conférence étaient le comité des commerçants du PCAA, le Nortel Bankruptcy Justice Committee ainsi que les comités de victimes de Norshield, de Earl Jones, de Shire, de Norbourg, de Progressive Management et de Mount Rea. Tous ces groupes sont venus à Ottawa afin de réclamer des peines plus sévères pour les criminels à cravate. De plus, ils ont plaidé en faveur d'une peine minimale de deux ans et ont demandé que soit allongée la période au terme de laquelle les criminels à cravate peuvent faire une demande de libération conditionnelle. Actuellement, ils peuvent le faire au sixième de la peine.
Essentiellement, au moment où l'intention de déposer le projet de loi C-52 avait été annoncée, ces groupes de victimes s'étaient dits en faveur des dispositions générales du projet de loi.
Personnellement, en tant qu'analyste financière indépendante qui a travaillé dans le secteur des investissements et qui a beaucoup travaillé avec des groupes de victimes de crime économique, autant en salle d'audience qu'à l'extérieur, je suis d'accord avec l'objectif général du projet de loi.
J'approuve les peines minimales de deux ans pour les infractions qui, ensemble, dépassent un million de dollars. Je crois que Kevin vous parlera dans un instant d'une certaine confusion: cela s'applique-t-il à une seule personne qui fraude pour une valeur d'un million de dollars, ou bien est-ce applicable de façon cumulative à toutes les infractions et à toutes les personnes ou compagnies touchées? Je crois que l'intention de la loi est la bonne. C'est l'accumulation des pertes assumées par toutes les parties qui sont victimes du crime économique.
Nous aimons en particulier la disposition sur les circonstances atténuantes menant un juge à donner une peine plus sévère si les victimes sont dans une situation personnelle qui permettait à des gens de profiter d'elles en raison de leur âge, de leur santé et de leur situation financière.
Je suis d'accord qu'il est important de tenir compte du fait que le conseiller malhonnête possède une autorisation ou non. Toutefois, comme je fais carrière dans le secteur des investissements et comme je suis spécialisée dans les fraudes généralisées dans des produits distribués par les conseillers financiers agréés du Canada, j'affirme qu'on ne devrait pas supposer que parce qu'une personne est non autorisée, elle respecte vraisemblablement moins le Code criminel qu'une personne autorisée. Je peux certainement dire que, grâce à mon expérience de travail avec le papier commercial adossé à des actifs, et comme nous l'avons vu avec le marché des prêts hypothécaires à risque des États-Unis et le marché des contrats d'échange sur défaillance, il y a des fraudes généralisées dans le secteur financier autorisé aussi.
Le durcissement des peines prévues dans le Code criminel n'est pas la seule solution, mais il constitue une mesure dissuasive importante, car les personnes qui travaillent dans le secteur des investissements sont habituellement des membres importants de leur collectivité. Donc, il ne fait aucun doute qu'une peine minimale d'emprisonnement est plus dissuasive que des travaux communautaires ou une simple probation. La peine minimale de deux ans est pour moi une peine très dissuasive pour les personnes qui commettent des crimes économiques.
Je veux maintenant parler du besoin de restructurer en profondeur les organismes d'application de la loi au Canada. En plus de la Commission nationale des valeurs mobilières qui est proposée par le gouvernement fédéral, nous pensons qu'il est important de restructurer la police des crimes liés aux valeurs mobilières au Canada. Je crois que nous devons faire des changements et adopter un système où les Équipes intégrées de la police des marchés financiers de la Gendarmerie royale du Canada ne seraient pas les seules à appliquer le Code criminel dans les cas de fraude financière.
Nous croyons qu'une restructuration est nécessaire. Mon collègue Gary Logan vous expliquera la nature de la restructuration requise pour améliorer l'efficacité de la police des crimes liés aux valeurs mobilières au Canada, de façon qu'il y ait plus d'enquêtes et plus de poursuites qui donnent lieu à des condamnations et que le Code criminel puisse être utilisé davantage à des fins de dissuasion. Mais la peine, comme vous le savez sûrement, n'est pas la solution en tant que telle. Les poursuites doivent mener à des condamnations dans la salle d'audience.
Je vais faire une dernière remarque concernant la GRC, qui je crois prendra la parole après nous. À mon avis, la GRC ne devrait pas aller de l'avant avec l'intégration de ses mécanismes d'application de la loi, qui devriendraient une division de la Commission nationale des valeurs mobilières.
J'ai participé à une activité la semaine dernière et il a déjà été dit publiquement que l'Association canadienne du commerce des valeurs mobilières et la Coalition canadienne pour une saine gestion des entreprises demandent que la police criminelle devienne une division de la nouvelle Commission nationale des valeurs mobilières, et je me suis fortement prononcée contre un tel modèle. Même dans la GRC, dans les activités policières d'aujourd'hui concernant la fraude financière... Nous avons une lettre du dirigeant de la GRC qui indique qu'aucun chef de service de la GRC ne peut ouvrir une enquête sur une possible fraude financière qui a eu lieu dans le secteur des investissements tant qu'un comité mixte de consultation ne lui en a pas donné l'autorisation. Le comité est composé des organismes d'autoréglementation du secteur des courtiers et de l'Association canadienne des courtiers de fonds mutuels. Je tiens à vous dire qu'à mon avis, aucun autre pays démocratique n'aurait une fonction d'application de la loi pour les cas de fraude financière. Pour ouvrir une enquête criminelle, il faut l'autorisation des organismes d'autoréglementation du secteur dans lequel il y a enquête.
Je recommande donc fortement qu'on mette un terme immédiatement à la pratique actuelle qui consiste à demander aux organismes d'autoréglementation d'autoriser les enquêtes sur les fraudes financières menées par la GRC. Nous recommandons également de ne pas donner à la Commission nationale des valeurs mobilières, en vertu de la nouvelle loi sur les valeurs mobilières, ou de n'importe quelle autre disposition, le pouvoir d'agir en qualité d'organisme d'application de la loi qui fait appliquer le Code criminel du Canada.
Merci.
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Premièrement, j'ai lu le projet de loi et je suis enchanté par ce que j'y ai vu parce qu'au cours des années où j'enquêtais sur les fraudes d'entreprise au sein du service de police de Toronto, j'ai été témoin de nombreux changements dans la façon de traiter ces affaires. Je suis particulièrement content des sentences parce que, peu importe ce que les gens vont dire, si quelqu'un est, au bout du compte, condamné et que la perspective d'être emprisonné existe vraiment — et je pense que nous avons tous entendu des commentaires ou vu dans les journaux quelqu'un quitter le Canada ou tenter d'y revenir — l'emprisonnement fonctionne vraiment et est un moyen de dissuasion efficace. J'ai entendu cela de la part de personnes qui avaient affaire à ceux qui avaient commis ces crimes.
Il y a une chose qui m'inquiète — pas inquiet, je n'ai peut-être pas choisi le bon mot — la restitution. J'ai constaté, au cours des années où je m'occupais de ces dossiers, que les ordonnances de restitution émises par les tribunaux sont en réalité en vigueur pendant la période de probation seulement. Que fait la victime si, après la probation, la restitution n'est pas faite? Le volet exécutoire de la restitution et de la période de probation est rarement appliqué après la période de probation.
La cour est aussi autorisée à émettre ce qu'on appelle une ordonnance d'indemnisation, qui peut être appliquée en cour par l'intermédiaire de la Couronne à condition que la victime soit présente. Le juge peut à ce moment là, en se basant sur les faits et les circonstances, émettre ce qu'on appelle une ordonnance d'indemnisation. À mon avis, cela est toujours la meilleure option. J'ai toujours été méfiant envers la restitution parce qu'elle est applicable seulement pendant la période de probation et que personne ne s'assure que les victimes reçoivent une compensation adéquate. Au bout du compte, la période de probation se termine sans qu'il y ait restitution, et les victimes retournent à la case départ.
Voilà donc une option que vous pourriez envisager ou, à tout le moins, examiner. À l'exception de ce point, je suis très satisfait des changements qui seront apportés au projet de loi.
L'autre point que je voudrais soulever aujourd'hui et que Diane a brièvement abordé, est le crime lié aux valeurs mobilières. Pendant 16 ou 17 ans, je me suis essentiellement occupé d'enquêter sur la fraude d'entreprise et, pendant plusieurs de ces années, je me suis concentré sur le secteur des valeurs mobilières, qui est un secteur touché par les fraudes et les allégations de fraude.
Par le passé, il y avait un procédé de mise en action pour tous les crimes relatifs aux fraudes. Les victimes étaient présentes ou, à tout le moins, étaient en contact avec la police. C'est à cette étape que se déroulait le procédé de mise en action, l'évaluation ou le triage des évènements qui s'étaient produits. La police décidait, en fonction des faits et des preuves qui étaient aisément disponibles, s'il fallait aller de l'avant et instituer une enquête. Cela fonctionnait très bien pour les crimes en tous genres, en particulier pour les fraudes.
Depuis 2003 environ, un changement a été apporté à cette procédure et cela concerne sur qui repose la responsabilité des enquêtes pour les crimes commis dans le secteur des valeurs mobilières. À partir de ce moment-là, de mon point de vue et d'après tout ce dont j'ai été témoin, tout ce que cela a fait, à mon avis, a été de créer davantage de confusion chez les victimes et les policiers. Ce que je veux dire, c'est que l'incertitude règne au sujet de qui va réellement être responsable des enquêtes. Il y a incertitude sur l'endroit où les victimes peuvent déposer leurs plaintes pour qu'elles entrent dans le milieu policier. Dans l'état actuel des choses, la première personne que les victimes rencontrent au poste de police ne sera pas celle qui s'en occupera, la plupart du temps... et ce n'est pas la faute des policiers. Les policiers ont de la difficulté à comprendre les fraudes. C'est pourquoi il est important de placer au sein des corps policiers des personnes qualifiées qui comprennent tous les aspects des fraudes et des lois qui s'y rattachent.
Je propose donc la mise sur pied d'une unité de lutte contre les crimes liés aux valeurs mobilières qui serait composée de 22 policiers et d'un adjoint exécutif. Le Québec a récemment affecté 22 policiers et trois procureurs spéciaux pour s'attaquer au problème de la fraude. Le budget est de six millions de dollars. J'ai étudié la question et, en fonction de la moyenne nationale, nous pouvons avoir une unité de 22 policiers plus un adjoint exécutif pour cinq millions de dollars.
C'est un système très efficace, une unité très efficace. Cela fonctionne parce qu'il s'agit de policiers très compétents et très motivés capables de comprendre et de déterminer s'il s'agit de fraude ou non. Ils sont en mesure de comprendre, de gérer et de vérifier les preuves. Ils peuvent rencontrer les victimes et comprendre la nature exacte de leurs plaintes. Ils peuvent rapidement déterminer ce qui est de la fraude, ce qui n'en est pas et ce qui est sujet à enquête. Ils peuvent très rapidement déterminer qui détient l'autorité juridictionnelle et quel corps policier est habilité à enquêter sur l'acte criminel présumé. Plusieurs services policiers peuvent être mis à profit.
Une fois qu'il est établi qu'un crime a eu lieu, l'unité de lutte contre les crimes liés aux valeurs mobilières prépare un fichier dont la base est la documentation fournie par la victime. On s'assure que le fichier est fourni dans un format qui peut être reçu par tout service de police du Canada, au niveau préliminaire, sur la base qu'un acte criminel a été commis. Une fois que cela est fait, on affecte un enquêteur et l'enquête commence.
Il y a toujours un lien entre l'unité de lutte contre les crimes liés aux valeurs mobilières et le service de police engagé dans l'enquête, et ils travaillent toujours avec le public. Ce qu'il y a de bien dans tout cela, c'est que c'est une opération autonome.
Quelque chose qui a toujours été critiqué et qui créé beaucoup de problèmes et de zones grises survient quand un policier est engagé dans une relation trop étroite — de par sa nature ou selon la perception qu'on en a — avec un organisme de réglementation, une personne ou un groupe qui, en vertu d'un loi précise, dispose de pouvoirs spécifiques: certaines choses peuvent être détournées pour des motifs criminels par cette autorité en vertu d'une loi provinciale et utilisées pour faire progresser une enquête. Que cela se produise réellement ou non, le risque qu'une cause soit rejetée est toujours présent quand de telles choses se retrouvent dans un environnement criminel, en raison des doutes concernant l'intégrité, le déplacement et la mutation des autorités et des preuves.
Cette perception s'est produite maintes fois. Dans certains cas, des documents sont passés d'un côté à l'autre et cela a nui à des enquêtes criminelles relativement bonnes, à un point tel qu'elles ont dû être abandonnées.
Cette unité est totalement autonome. Il y a une hiérarchie qui est perceptible seulement lorsque vous êtes dans l'unité. Tout ordre de gouvernement a l'obligation de rendre des comptes au public. Un ministre chapeaute le tout. L'unité relève de la Commission des services policiers et doit faire rapport au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Donc, l'unité est totalement ouverte et transparente, et peut se rapporter à tous les ordres de gouvernement qui se trouvent au-dessus d'elle.
L'unité collabore aussi avec tous les services de police. De nos jours, je ne sais pas pourquoi nous n'engageons pas toutes les ressources disponibles. La plupart des services de police ont leur propre unité de lutte contre la fraude. Je sais pertinemment que ce sont de très bons enquêteurs à la fois compétents et qualifiés. J'ai travaillé avec nombre d'entre eux. J'en connais certains depuis des années et je connais leurs capacités. Je peux vous affirmer que les enquêteurs spécialisés dans la lutte contre la fraude de ce pays comptent probablement parmi les meilleurs enquêteurs du continent. Alors quand j'entends des histoires de gens qui disent que la police ne connaît rien des crimes sophistiqués de ce genre, je n'y crois pas une minute.
Nous devons être capables de sortir des sentiers battus. L'unité de lutte contre les crimes liés aux valeurs mobilières va engager toutes les ressources de tous les services de police — incluant la GRC — et les mettre activement à profit dans les enquêtes sur les fraudes qui se produisent dans leurs champs de compétence respectifs.
L'unité est en mesure de travailler avec tous les services policiers: provinciaux, régionaux, municipaux, et fédéraux. Si on se fie là-dessus, c'est un bon système, et il fonctionne. Il a été utilisé, pendant un certain nombre d'années, par des services de police et de maintien de l'ordre de différents niveaux pour les évaluations initiales fondamentales et les enquêtes sur les crimes. Je ne fais qu'examiner le tout à plus grande échelle afin d'attribuer des fonctions plus précises à ceux qui acceptent ce rôle, pour les aider dans leur capacité à travailler auprès du public, à préparer la documentation, à s'adresser à la police et à travailler avec la police, de façon à aller de l'avant.
Quand un plaignant se présente à la police de nos jours, la confusion règne, neuf fois sur dix, au sujet de la responsabilité de l'enquête. Depuis 2003, malheureusement, on croit, dans le milieu policier, que lorsqu'une affaire concerne les valeurs mobilières, la victime doit être automatiquement référée à l'EIPMF. Cela a créé beaucoup de frustration au sein du public par rapport à la façon dont ces dossiers sont gérés.
Je vais conclure là-dessus. Voilà essentiellement ce que je propose et ce que j'ai préparé.
Merci.
J'aimerais d'abord vous remercier de nous permettre de vous présenter le point de vue des personnes âgées sur le sujet.
Nous appuyons pleinement les modifications proposées dans le projet de loi C-52. Or, il semble manquer deux ou trois choses, à mon sens.
La première chose qui manque a trait au dédommagement. Les personnes ne reçoivent pas automatiquement un dédommagement; elles doivent en faire la demande. Les victimes doivent signaler qu'elles veulent un dédommagement. Or, un grand nombre d'entre elles sont des personnes âgées qui n'ont ni les compétences ni la culture informatique requises pour ce faire. Beaucoup ne possèdent même pas d'ordinateur; elles ont encore moins la culture informatique nécessaire pour obtenir les renseignements dont elles ont besoin. Pour cette raison, à mon avis, lorsqu'une personne est accusée et trouvée coupable de fraude, le dédommagement devrait se faire automatiquement. En outre, j'ai entendu dire plus tôt que cela durait seulement le temps de la peine; je pense donc qu'il faudrait rétablir ce fait: que la dette dure jusqu'à ce qu'elle soit remboursée, même si cela prend toute une vie.
Les personnes âgées sont probablement les personnes les plus vulnérables, car nombre d'entre nous ont grandi à l'époque où la réputation était liée au nom et où on concluait des affaires en se serrant la main. Les biens passaient d'un propriétaire à un autre sans qu'il y ait de paperasse, car deux personnes s'entendaient sur le fait qu'une vende un bien à l'autre, et elles convenaient du prix en se serrant la main. Lorsque ces personnes reçoivent des offres qui leur semblent presque trop belles pour être vraies, elles n'ont pas les compétences pertinentes parce qu'elles n'ont jamais été placées dans une telle situation. La société a changé, et on ne peut plus faire des affaires de cette façon. Les gens doivent être plus vigilants, et, à mon avis, le projet de loi C-52 est un pas dans la bonne direction.
Une autre chose que j'ai remarquée dans le projet de loi C-52, c'est que l'auteur du crime porte toute la responsabilité. La plupart des personnes accusées jusqu'à maintenant travaillaient pour de grandes entreprises du secteur des investissements; toutefois, rien n'indique que l'entreprise doit assumer une partie de la responsabilité. Pourtant, partout où j'ai travaillé, un superviseur vérifiait ce que je faisais, et il en est probablement de même dans ces cas-là; or, il est évident que les superviseurs ne vérifient pas ce que ces personnes font pour qu'elles arrivent à poser de tels gestes. Selon moi, l'entreprise est aussi responsable.
Nous appuyons aussi l'unité des crimes proposée par M. Logan, en raison du fait que lorsque les personnes âgées se présentent au poste de police pour signaler un crime, les policiers leur disent que ce n'est pas vraiment ce qu'ils font, qu'ils ont d'autres priorités, comme des vols ou des agressions ou des choses du genre. Grâce à l'unité des crimes, elles auront un endroit où aller pour que leur cas soit examiné et que des mesures soient prises.
Nous appuyons certainement le projet de loi dans sa forme actuelle et nous espérons qu'il permettra d'aller encore plus loin.
Merci.
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Pour répondre à la première question, je serais d'accord avec cela dans tous les cas où une personne est incarcérée parce qu'elle a commis un crime lié à la fraude. Je ne suis pas partisan de la détention à domicile; les gens devraient être dans un établissement. Or, ces infractions devraient bel et bien être incluses, elles aussi. La raison pour laquelle je pense qu'il devrait y avoir un minimum dans les cas de fraude, c'est que, comme toutes les personnes qui sont ici le savent, les produits de la criminalité s'infiltrent dans d'autres activités criminelles, si on leur permet de le faire. Selon moi, il serait certainement avantageux de les arrêter à la source. Je suis donc d'accord qu'il devrait aussi en être ainsi dans ces cas-là.
Pour répondre à la deuxième question, les ressources viendraient des policiers qui ont les compétences et la formation pertinentes, et qui ont une bonne compréhension du Code criminel relativement à la preuve criminelle et à la gestion de la preuve; elles seraient aussi puisées de partout au Canada dans le but de former une unité nationale des crimes liés aux valeurs mobilières indépendante et distincte. Ainsi, dans chaque région, une unité serait créée pour travailler avec les ressources policières et les services policiers existants; cependant, l'unité travaillerait directement avec les victimes de tels crimes aux fins de l'évaluation, de l'examen, de la préparation des documents et de l'introduction dans les services policiers qui ont la compétence de mener l'enquête.
Prenez Toronto, par exemple. Deux personnes travaillaient au service d'accueil actuel — à l'élaboration duquel j'ai grandement contribué —; au cours d'une période d'un an, elles évaluaient probablement environ 1 000 rapports. Cela signifie que ces deux personnes devaient évaluer chacun de ces rapports avant qu'ils soient présentés.
D'un point de vue réaliste, s'agit-il donc d'un projet réalisable? Oui, mais tout dépend des ressources que possèdent les personnes sélectionnées pour faire le travail, et je sais qu'il y a des gens qui ont ce qu'il faut pour y arriver.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Logan et monsieur Cunningham.
Je vous ai déjà rencontré, monsieur Cunningham. Je le mentionne pour que l'on puisse savoir pourquoi je vais vous poser des questions.
J'aimerais savoir une chose, surtout de votre part, monsieur Logan. J'ai lu votre mémoire et je vous ai écouté avec attention. Je vous ai déjà rencontré lors de l'étude d'autres dossiers, et j'ai suivi ce que vous aviez dit par rapport à ce que l'on appelle le système d'intervention policière.
Au Québec, vous savez ce qui s'est passé. Norbourg avait des permis du gouvernement. L'objet vendu à Norbourg venait de la Caisse de dépôt et placement du Québec, donc d'un autre organisme du gouvernement. Parmi les personnes censées enquêter, il y avait un dénommé Éric Asselin qui était enquêteur de l'AMF, l'Autorité des marchés financiers — l'ancienne Commission des valeurs mobilières — et qui travaillait comme vice-président chez Norbourg.
Ensuite, il y a eu le cas d'Earl Jones. Il travaillait sans permis, mais il transférait de l'argent et les banques ouvraient des comptes en fiducie, par exemple.
La question de M. Cunningham est pertinente. Voyez-vous une possibilité dans la loi, quand on parle de restitution? Vous parlez de trouver une façon de permettre de rendre l'argent. Parmi les compagnies qui employaient ces gens, il y avait Norbourg, la Caisse de dépôt et placement. Ce sont de grosses compagnies. Certaines ont été indemnisées, parce qu'elles avaient des assurances ou des permis. D'autres ne l'ont pas été. D'autres ont fait faillite et se sont libérées de toutes les dettes.
Comment voyez-vous le projet de loi par rapport aux personnes âgées qui perdent leur argent? Vous semblez dire qu'il y a des éléments dissuasifs comme les peines minimales obligatoires, mais j'aimerais vous entendre un peu plus précisément.
Je vous ai donné l'exemple d'un cas où le gouvernement est impliqué de A à Z. Comment fait-on pour régler le problème? On ne parle plus de M. Tout-le-Monde. Au Québec, tout venait du gouvernement, de l'intérieur jusqu'aux dernières personnes.
Comment voulez-vous qu'on agisse? Voulez-vous d'un organisme qui dépende du provincial? Je vous jure qu'il ne sera pas fort. Vous voulez qu'il relève du fédéral? Il y aurait peut-être une possibilité de ce côté. Comment voyez-vous cela?
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Si c'est le cas, je crois que nous parlons de deux fonctions distinctes. La police intervient en vertu du Code criminel. Les policiers doivent suivre un ensemble particulier de lignes directrices et de règlements — la preuve liée aux infractions criminelles et la poursuite criminelle. Il faut qu'il y ait des éléments de preuve d'une sorte ou d'une autre qui indiquent que tout autre membre de l'organisation a eu connaissance d'une activité criminelle ou y a participé de quelque façon que ce soit. Compte tenu de ces preuves, la police serait alors en mesure d'utiliser son autorité pour procéder à une arrestation. Au bout du compte, la restitution ou l'indemnisation suivrait en fonction de leur rôle et des pertes occasionnées par la partie de l'activité à laquelle ils ont pris part.
Il faut envisager l'unité de répression des crimes liés aux valeurs mobilières strictement d'un point de vue criminel... et la seule chose dont elle s'occuperait serait l'aspect criminel. Cela n'a rien à voir avec des poursuites civiles... il n'y a aucun recouvrement à ce stade. Cette étape sert uniquement à évaluer l'affaire et à l'attribuer au service de police compétent. Il n'y a vraiment aucune différence entre ce système et le système de maintien de l'ordre qui est actuellement en vigueur pour les cas de fraude.
Cependant, une fois la poursuite criminelle terminée, rien n'empêche une victime d'intenter des poursuites au civil afin de recouvrer son argent, parce que les critères pour prouver la culpabilité ou l'innocence sont moins rigides que ceux qui s'appliquent aux poursuites criminelles.
Selon mon expérience, si des poursuites criminelles et civiles sont intentées simultanément — une poursuite criminelle et une procédure d'enquête suivies d'une action au civil —, la partie civile sera remise indéfiniment. En d'autres termes, lorsque la poursuite au criminel est terminée, compte tenu de la décision, de la participation de l'accusé et de la preuve, ils auront des arguments plus solides pour recouvrer quoi que ce soit au civil. Pour le moment, on ne peut pas mélanger les deux pour tenter de récupérer de l'argent. J'aimerais bien que cela soit le cas. Ce serait formidable. Mais, si nous fonctionnions ainsi, nous nous rapprocherions beaucoup trop d'un État police.
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Merci, monsieur le président.
Il s'agit d'une question de privilège. J'insiste pour qu'on la règle parce que le Règlement exige que toute question de privilège soit soulevée à la première occasion.
Monsieur le président, cela concerne des renseignements que moi et M. Lemay avons préparés. Donc, cette question de privilège n'est pas uniquement la mienne. C'est à tout le moins la sienne et, si on est réaliste, c'est également celle de tout le comité.
Nous cherchions tous les deux à obtenir des renseignements précis auprès de M. Don Head — il dirige le Service correctionnel du Canada — quand il a comparu devant nous le 4 novembre. Nous avions tous les deux des questions précises à poser et nous avions besoin de certaines données. À la fin de la séance, M. Head a indiqué très clairement — et j'ai une copie des bleus avec moi au cas où quelqu'un voudrait que je les lise — qu'il s'engageait — ce sont les mots qu'il a utilisés — à les fournir au comité. Il a dit qu'il allait les fournir et qu'il avait besoin d'une à deux semaines pour le faire. Cela nous donnait assez de temps pour les recevoir et les utiliser au cours de notre étude article par article du projet de loi . En fait, nous ne les avions toujours pas reçues au moment où nous avons procédé à l'étude article par article, il y a de cela une semaine.
La greffière du comité et M. Lukiwski, le leader parlementaire adjoint du Parti conservateur, m'ont laissé entendre qu'il les avait données au . M. Lukiwski m'a confirmé plus tôt cet après-midi qu'en fait, le ministre les avait en sa possession, qu'il les avait reçues depuis au moins la semaine dernière, lundi dernier pour être précis, qu'il ne les avait pas encore examinées et qu'il allait le faire et nous les fournir dans une semaine.
Monsieur le président, je pense que vous êtes ici depuis assez longtemps, comme la plupart des gens assis dans cette pièce aujourd'hui, pour savoir que ce n'est pas la façon de faire. En fait, cette façon de procéder va à l'encontre du travail que nous sommes censés accomplir en tant que comité. Cela va à l'encontre du droit de recevoir promptement des renseignements de la part de la fonction publique qu'on nous a laissé croire que nous avions.
Je veux que le comité élabore un rapport et, en fait, je l'ai déjà préparé. Il est court puisqu'il compte seulement quatre paragraphes. Il décrit essentiellement ce qui s'est passé. Le nom de M. Lukiwski n'y est pas mentionné parce que je l'ai rédigé avant d'avoir eu l'occasion de lui parler ou, plutôt, avant qu'il ait eu l'occasion de me parler. Mais le rapport présente les faits que je viens de vous relater, à savoir que le ministre s'est mêlé directement d'une situation à laquelle il n'aurait dû prendre aucune part. C'est pourquoi le comité a été dans l'impossibilité de se servir de ces données, qu'il avait demandées à M. Head et au Service correctionnel du Canada, au cours de ses discussions sur le projet de loi , tant en comité, dans le cadre de l'étude article par article, qu'à la Chambre, lorsque nous en avons parlé aujourd'hui à l'étape du rapport et de la troisième lecture.
Donc, ce que je demande au comité, c'est un rapport qui sera remis à la Chambre pendant la nuit afin qu'il soit disponible à la première heure demain. Ainsi, je pourrai soulever ma question de privilège devant le président de la Chambre demain matin lorsque je parlerai du projet de loi .
Monsieur le président, afin d'éliminer toute ambiguïté, je tiens à préciser que le président ne peut pas recevoir ma motion relative à un privilège sans un rapport du comité. Le Règlement est très clair à ce sujet; le comité est hors de sa portée, il ne peut pas savoir ce qui s'y est passé. Nous devons l'en informer, et c'est le but de ma motion aujourd'hui, à savoir de lui communiquer ces renseignements au moyen d'un rapport du comité acheminé pendant la nuit afin qu'il soit devant lui demain matin lorsque je proposerai ma motion relative à un privilège.
Je pense que cela résume essentiellement les faits, et je souhaiterais donc aller de l'avant compte tenu de cela. Comme je l'ai dit, j'ai déjà formulé le rapport. Je peux vous le lire de nouveau en entier si vous le voulez. J'ai des copies supplémentaires. Je n'ai pas eu le temps de le traduire, mais j'ai d'autres copies du rapport étant donné que je voudrais le mettre aux voix ici ce soir et le présenter à la Chambre demain matin.
Merci.
Si je comprends bien, en appuyant cette motion, nous alléguons que le ministre n’avait pas d’excuse raisonnable pour ne pas divulguer les renseignements, nous alléguons que le ministre a, intentionnellement ou autrement, entravé les travaux du comité.
Avant de formuler ma prochaine remarque, je veux dire que j’éprouve un véritable respect pour ; par conséquent, je ne cherche nullement à mettre en doute ce qu’il a dit. Cependant, je serais très peu enclin à appuyer une motion qui allègue que le ministre a entravé les travaux du comité et qu’il n’avait pas d’excuse raisonnable pour agir ainsi, avant d’avoir obtenu du ministre une indication quant à son rôle dans cette affaire. Je présume, puisque je n’ai aucun document devant moi, que M. Comartin n’a reçu aucune réponse écrite de la part du ministre à ce sujet. En règle générale, avant d’associer mon nom à une accusation de méfait ou d’action fautive, je préfère entendre d’abord la partie qui fait l’objet de l’accusation.
À moins d’avoir dit quelque chose d’incorrect ou d’ignorer d’autres renseignements pertinents, il m’est difficile d’appuyer cette motion.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Mes remarques ressemblent à celles de M. Woodworth. Cette motion me pose également des problèmes. Je m’excuse de ne pas être revenu dans la salle aussi rapidement que les autres membres du comité après le vote, et il s’ensuit que j’ai peut-être manqué une partie de l’exposé de M. Comartin.
J’ai une question et une observation à formuler. Ma question à l’intention de l’auteur de la motion est la suivante: vous a-t-on refusé ces renseignements, ou soutenez-vous simplement qu’ils mettent plus de temps à vous parvenir que vous ne le souhaiteriez? Si c’est le deuxième cas, je ferais observer au comité, par l’entremise du président, que cette motion est irrecevable parce qu’elle est prématurée. Si la motion est fondée sur le fait que le privilège d’un membre a été entravé parce que des renseignements pertinents à l’étude du projet de loi C-36, qui, si je comprends bien, constituent l’essence de la plainte… S’il s’agit simplement d’une question de rapidité, je vous ferais observer, monsieur le président, que cette motion est irrecevable. Je n’ai pas entendu dire que Don Head, le commissaire du Service correctionnel du Canada, ou qui que ce soit d’autre avait refusé à M. Comartin de lui fournir des renseignements.
Mon autre remarque est la suivante: j’admets ne pas siéger à cette table ou à toute autre table de la Cité parlementaire depuis aussi longtemps que l’auteur de cette motion mais, sur le plan de la procédure, je ne comprends pas du tout pourquoi cette question est soulevée de cette manière, qu’il s’agisse ou non d’une question de privilège… et je soutiens que ce n’en est pas une, parce que je n’ai pas entendu dire qu’on avait refusé de fournir des renseignements. Même si c’était une question de privilège, je ne comprends pas pourquoi on la réglerait à la Chambre. Dans les autres comités où j’ai siégé, le président s’occupait en premier lieu des questions de privilège et, s’il constatait qu’on avait porté atteinte à un privilège, il le signalait au président. Ce dernier donnait alors suite à la question et la réglait, si cela s’avérait nécessaire.
Je lui demande de répondre à ma question. Cela me permettra de décider de la direction que prendra le reste de mon argument, s’il y a lieu.
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Je comprends la raison pour laquelle M. Comartin a présenté cette motion invitant le comité à signaler à la Chambre qu'il pourrait y avoir eu atteinte au privilège parlementaire, et je crois qu'elle devrait susciter l'intérêt de tous les membres du comité, car le commissaire Head s'est effectivement engagé à nous fournir l'information suffisamment à l'avance pour que nous l'examinions avant de procéder à l'étude article par article du projet de loi.
Il est possible que le ministre ait eu un empêchement et qu'il n'ait pas été en mesure d'examiner l'information pour qu'elle soit transmise au comité avant que nous ne procédions à l'étude article par article. Or, étant donné qu'il savait que nous avions demandé expressément de la recevoir avant cette étape, il aurait été approprié que le ministre, par l'entremise de son secrétaire parlementaire, nous informe qu'il était, malheureusement, dans l'impossibilité d'examiner les renseignements que lui avait fournis le commissaire Head et de les transmettre au comité avant l'étude article par article.
J'ai déjà été la secrétaire parlementaire d'un premier ministre et de deux ministres. Il est arrivé que je reçoive des demandes d'information de députés du parti ministériel ou de députés de l'opposition, qui voulaient que cette information soit transmise aux membres du comité avant qu'ils ne procèdent à l'étude article par article du projet de loi. Dans certains cas, le ministre n'était pas en mesure d'examiner l'information pour en autoriser la divulgation au comité, et à ce moment-là, je devais en informer le comité avant l'étude article par article. Il appartenait ensuite à ses membres de décider s'ils voulaient repousser l'étude article par article jusqu'à ce qu'ils aient reçu l'information ou s'ils voulaient tout de même aller de l'avant. En fait, on nous a informés que les renseignements avaient été envoyés à nos bureaux.
J'ai présumé qu'une erreur s'était produite à mon bureau et que c'était la raison pour laquelle je n'avais pas reçu l'information, et c'est bien possible que mes collègues aient cru cela eux aussi. Ce n'est qu'après l'étude article par article que nous avons su que les renseignements avaient en fait été envoyés au ministre, mais que ce dernier ne les avait pas examinés pour en approuver la divulgation.
Par conséquent, je crois qu'il y a peut-être une atteinte au privilège parlementaire qui fait obstacle à mon travail de député et à celui de mes collègues, et j'ai donc l'intention d'appuyer la motion de M. Comartin. J'aimerais que mes collègues en fassent autant, afin que nous puissions signaler au Président de la Chambre une entorse possible à la procédure parlementaire. Le Président de la Chambre pourra ensuite poursuivre le processus, comme le lui permettent la procédure et les règles de la Chambre des communes.
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Merci, monsieur le président.
Je veux formuler deux observations à ce sujet. D'abord, si le commissaire avait promis de nous fournir cette information et que nous en avions besoin pour l'étude article par article, alors nous aurions dû, à mon avis, nous opposer à l'étude article par article et procéder à un vote. Je ne sais pas si cela a été fait. Peut-être que je dormais. Au lieu de chercher à jeter le blâme sur quelqu'un, j'aurais préféré que nous attendions tout simplement d'avoir reçu l'information nécessaire pour effectuer l'étude article par article. À mon avis, c'est à ce moment que s'est présentée la première occasion de le signaler.
Cela dit, j'aimerais passer un commentaire à propos du principe selon lequel le comité devrait prendre une décision en fonction des possibilités. Si nous devons commencer à attaquer la crédibilité des gens en nous fondant sur des présomptions, nous pourrions alors attendre que soit absent pour soulever une question de privilège en rapport avec quelque chose qu'il aurait pu faire. Il n'aurait pas la possibilité de répondre. Nous pourrions alors adopter une motion indiquant qu'il est possible que M. Comartin ait fait quelque chose de méprisable et que nous aimerions que la Chambre examine cette possibilité.
Bien franchement, étant donné que nous sommes responsables de questions juridiques, je suis surpris que nous puissions envisager de négliger ce principe fondamental de justice naturelle, en ne permettant pas au ministre d'être entendu sur cette question avant de prendre une décision. Ce serait beaucoup plus équitable, même si nous ne procédons pas nécessairement toujours de façon équitable. Si nous devons faire quelque chose qui attaque ou risque d'attaquer la crédibilité du ministre, il serait juste de lui donner la possibilité de réagir.
La disposition prévoit que la situation doit être signalée à la première occasion, et comme c'est ce qu'a fait M. Comartin aujourd'hui, je ne crois pas qu'on pourra lui reprocher d'avoir manqué à sa tâche si nous reportons l'examen de cette question à une date ultérieure, afin de permettre au ministre de réagir. Je ne suis pas vraiment au fait des procédures parlementaires, monsieur le président, mais si vous êtes d'accord, je propose que nous reportions l'étude de la motion de M. Comartin.
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Merci, monsieur le président.
Je ne suis peut-être pas aussi érudit que mon ami M. Comartin en ce qui concerne les règles de droit parlementaire et la procédure, mais je connais très bien le concept des engagements entourant l'interrogatoire préalable.
J'ai écouté attentivement les propos de Mme Jennings et je suis sûr qu'elle se trompe lorsqu'elle raconte ce qui s'est passé le jour où M. Head a témoigné devant le comité. Ce qu'il a déclaré, si je me rappelle bien — et j'aimerais bien savoir ce qu'en pensent les autres députés —, c'est qu'il nous fournirait l'information. Je doute qu'une échéance ait été donnée. Mme Jennings a indiqué qu'il fournirait l'information à temps pour que le comité procède à l'étude article par article du projet de loi. Si ma mémoire est bonne, il n'a jamais dit cela.
Un engagement, en tout cas sur le plan juridique — et il y a beaucoup d'avocats dans cette pièce — se limite à ce qui a été promis. On ne peut ajouter des critères après qu'un engagement a été pris. Contrairement à ce qu'affirme Mme Jennings, le commissaire n'a pas dit qu'il fournirait l'information à temps pour que le comité l'examine avant de procéder à l'étude article par article; il a simplement dit qu'il fournirait l'information au comité.
Je n'ai pas encore entendu M. Comartin affirmer qu'on avait refusé de lui donner cette information. À mon avis, c'est simplement une question de temps. Pour présenter une motion sur un cas d'outrage, à première vue, ou sur une question qui touche au privilège, pour reprendre les mots de l'éminent greffier O'Brien, je devrais faire valoir au comité qu'il y a au moins l'ombre d'un doute que le témoin ne pourra tenir ses promesses.
Si je me souviens bien, le témoin, M. Head, le commissaire du Service correctionnel du Canada, a dit qu'il fournirait certains renseignements au comité. Aucun délai n'a été fixé. Il est faux de dire qu'il n'a pas respecté ce qu'il avait promis de faire. Par conséquent, je vous demande, monsieur le président, de déclarer la motion de M. Comartin irrecevable. Elle est prématurée. Ce n'est pas que l'engagement n'a pas été respecté, c'est qu'un délai n'avait pas été fixé.
Une voix: Italiano — no problemo.
M. Brian Jean: En italien? C'est ça. Je suis désolé.
Le privilège parlementaire s'applique plutôt aux droits et immunités jugés nécessaires pour permettre à la Chambre des communes, en tant qu'institution, et à ses députés, en tant que représentants de l'électorat, d'exercer leurs fonctions.
Plus loin dans le même paragraphe, on indique:
... et s'acquitter efficacement de ses principales fonctions, à savoir légiférer, délibérer et demander des comptes au gouvernement.
On donne également, à la page 60, une définition du privilège parlementaire:
On trouve dans Erskine May's Treatise on the Law, Privileges, Proceedings and Usage of Parliament la définition classique du privilège parlementaire:
Le privilège parlementaire est la somme des droits particuliers à chaque chambre, collectivement... et aux membres de chaque chambre individuellement, faute desquels il leur serait impossible de s'acquitter de leurs fonctions.
— est-ce une obligation positive ou négative? Il s'agit de mes commentaires —
Ces droits dépassent ceux dont sont investis d'autres organismes ou particuliers. On est donc fondé à affirmer que, bien qu'il s'insère dans l'ensemble des lois, le privilège n'en constitue pas moins, en quelque sorte, une dérogation au droit commun.
On peut répartir en deux catégories les « droits particuliers » en question: ceux accordés aux parlementaires individuellement et ceux dont jouit la Chambre à titre collectif.
On arrive ensuite à la partie qui me semble être cruciale. Chaque catégorie peut à son tour être subdivisée:
On regroupe habituellement sous les rubriques suivantes les droits et immunités accordés aux parlementaires à titre individuel:
Les points sont ensuite mentionnés.
Le premier est la liberté de parole, qui de toute évidence, ne concerne pas cette question. Les points suivants sont l'immunité d'arrestation dans les affaires civiles, l'exemption du devoir de juré, l'exemption de l'obligation de comparaître comme témoin devant un tribunal, et la protection contre l'obstruction, l'ingérence, l'intimidation et la brutalité. Nous pourrions revenir sur ce dernier point. Il pourrait se rapporter à la question soulevée par Mme Jennings et M. Comartin.
En réalité, on n'impose pas une obligation positive au ministre. On veut simplement s'assurer qu'il ne fait pas d'obstruction, d'ingérence, d'intimidation ou de brutalité. Je dirais, d'après les témoignages que j'ai entendus, que ce n'est pas du tout le cas. On dit également:
Quant aux droits et pouvoirs de la Chambre en tant que collectivité, on peut les répartir ainsi:
Le premier est le droit exclusif de réglementer ses affaires internes, y compris ses débats, ses travaux et ses installations. De toute évidence...