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Bonjour, monsieur le président, bonjour mesdames et messieurs. Je m'appelle Ivan Fecan. Je suis président et chef de la direction de CTVglobemedia et chef de la direction de CTV.
Merci de l'invitation à discuter d'un sujet qui est essentiel au tissu social du Canada: l'avenir de la télévision locale. À mes côtés se trouve M. Paul Sparkes, vice-président exécutif des Affaires corporatives de CTVglobemedia.
Nous avons remarqué que vous avez aussi invité plusieurs de nos directeurs de station. Je crois que c'est une excellente initiative de votre part, parce que ces gens sont en première ligne de la télévision locale de petits marchés. Peggy Hebden est directrice générale de CKVR à Barrie et Don Mumford est directeur général de nos stations de London, Wingham et Windsor. Ils sont avec leur station depuis des années et peuvent offrir un témoignage de première main sur les sujets que vous explorez. Nous sommes également accompagnés d'Elaine Ali, qui est notre première vice-présidente responsable de toutes nos stations locales, soit CTV et A. Elle peut partager sa connaissance directe de la façon dont les enjeux qui menacent les petits marchés mettent aussi à risque les stations des grands marchés. Je vous demande instamment de leur poser des questions directement.
J'ai de brèves remarques d'ouverture, mais d'entrée de jeu, je veux simplement établir que nous ne demandons pas de renflouement ni de remède à court terme, si bien intentionnés qu'ils puissent être. Ce qui nous intéresse, c'est un plan pour bâtir un avenir viable pour la télévision conventionnelle au Canada.
Comment en sommes-nous donc arrivés là?
Eh bien, il y a plusieurs décennies, la télévision locale prospérait dans un milieu où il n'y avait que quelques chaînes disponibles dans chaque foyer. Au cours de ces décennies, la télévision a connu une croissance rapide au point que des centaines de chaînes se font maintenant concurrence pour obtenir l'attention de l'auditoire. La concurrence est aussi venue des magnétoscopes et d'Internet. Par conséquent, l'indice d'écoute des stations locales a diminué.
Mais ce n'est là qu'une partie de l'histoire. Le bassin publicitaire qui appuie la télévision locale a aussi diminué. Au début, les annonceurs ne pouvaient atteindre l'auditoire local à Sudbury que par les deux stations de télévision locales de Sudbury. Avec le temps, les annonceurs ont pu atteindre les téléspectateurs de Sudbury par les chaînes régionales, puis par les chaînes spécialisées et maintenant par Internet.
Cette érosion de l'audience et du bassin publicitaire se poursuit depuis des années et elle a enfin atteint le point de basculement. Voilà, en un mot, le problème structurel. Tous les radiodiffuseurs en direct qui sont soutenus par la publicité font face au même problème dans le monde entier. La récession que nous traversons en ce moment n'a pas créé ce problème, mais elle en a accéléré les effets. Je n'ai pas de boule de cristal et je ne peux prédire quand ni comment la récession prendra fin. Verrons-nous une reprise véritable ou si la situation actuelle est simplement la nouvelle norme? Ce dont je suis certain, c'est qu'au terme de la récession, nous ne retrouverons pas la télévision d'il y a 40 ans ni même d'avant la récession. Les dégâts sont en cours et progressifs.
La solution au problème structurel qui se dessine aux États-Unis réside dans un tarif de distribution, autrement appelé consentement de retransmission. Les distributeurs là-bas semblent comprendre qu'ils ont profité de la situation durant plusieurs décennies, que leurs clients apprécient leurs stations de télévision locales et qu'il est temps de payer. Ce qui rend ce modèle viable aux États-Unis, c'est que les réseaux de câble ont besoin du consentement d'une station de télévision locale pour pouvoir afficher cette station sur leur réseau. Par exemple, si le réseau de câble de Philadelphie ne peut conclure une entente pour distribuer la station ABC de Philadelphie, il ne peut simplement pas importer le signal d'une autre station ABC située à l'extérieur de Philadelphie. Autrement dit, pas d'ABC Philadelphie, pas de Beautés désespérées à Philadelphie, point. Dans notre industrie, cela s'appelle la protection des droits d'émission et elle fait partie intégrante du consentement de retransmission.
Voici un autre exemple. Rochester se trouve à 118 kilomètres de Buffalo. Les habitants de Rochester ne peuvent regarder les stations de télévision de Buffalo sur le câble de Rochester, parce que ça empiéterait sur les droits d'émission appartenant aux stations de Rochester. En revanche, Toronto n'est qu'à 160 kilomètres de Buffalo et nous importons allègrement tous les signaux de télévision de Buffalo sur nos réseaux de câble. Nos collègues d'outre-frontière secouent la tête, parce qu'ils n'arrivent pas à comprendre pourquoi, comme pays, nous minons de la sorte nos stations locales. Pourquoi l'a-t-on fait? Pour bâtir les entreprises de câblodistribution.
La Loi sur la radiodiffusion établit clairement que les distributeurs doivent donner la priorité de distribution aux stations locales situées sur leur territoire. Pourtant, lorsque le satellite a été lancé, ils ont été autorisés à ignorer cette disposition. Cela a défrancisé des dizaines de stations locales, dont la nôtre à Timmins. On a donné comme raison que le satellite ne disposait pas de la capacité nécessaire. Depuis, on a lancé de nombreux satellites et on a trouvé de la place pour des centaines de nouvelles chaînes.
Aujourd'hui, la pénétration de la distribution par satellite atteint 44 p. 100 dans la région de Timmins, mais il n'y a toujours pas de place pour la seule station de Timmins. Pourquoi a-t-on fait cela? Pour bâtir l'entreprise du satellite.
Ce ne sont là que deux exemples de la façon dont l'organisme de réglementation a systématiquement compromis les bases de la télévision locale au fil des ans, pour aider les distributeurs. En outre, lorsque la télévision conventionnelle faisait beaucoup d'argent, l'organisme de réglementation a imposé beaucoup d'obligations pour le privilège de posséder des stations conventionnelles. Ces obligations allaient de la quantité de nouvelles locales qu'une station devait produire jusqu'au nombre de dramatiques canadiennes qu'elle devait commander aux producteurs indépendants. Lorsque la situation financière des stations conventionnelles s'est détériorée, les obligations sont restées les mêmes dans l'ensemble. Cela n'a pas de sens.
Ce que nous demandons maintenant à l'organisme de réglementation, c'est de bien vouloir nous donner de nouvelles sources de revenus ou de diminuer nos obligations, ou un peu des deux. Sinon, nous ne croyons pas qu'il y aura des possibilités d'affaires de ce côté dans l'avenir. Notre préférence, et je tiens à être bien clair, c'est de régler le problème par de nouvelles sources de revenus, comme les tarifs de distribution, au lieu de diminuer le service. En tant que télédiffuseur privé, nous existons pour faire un profit sur la base des services que nous offrons. Si nous ne voyons pas de moyen de faire de l'argent, nous cessons d'exister ou nous cessons d'offrir nos services.
Certains disent que nous devrions subventionner les pertes de la télévision conventionnelle à même les profits que nous retirons de la télévision spécialisée. Il y a deux choses qui clochent dans cette prémisse. D'abord, nos canaux spécialisés les plus prospères — TSN, RDS et Discovery — ont des actionnaires qui ne sont pas actionnaires de nos stations locales. Comment disons-nous à un actionnaire que son argent sert à payer une entreprise dans laquelle il n'a aucun intérêt?
Ensuite, nos concurrents en télévision spécialisée — Astral et Chorus — n'ont pas d'intérêt important en télévision conventionnelle. Ils n'ont rien à subventionner. Il serait injuste de nous demander de faire une chose que nos concurrents ne sont pas tenus de faire.
D'autres disent que nous avons un problème financier à cause de ce que nous avons payé pour CHUM il y a quelques années. Franchement, cet argument me rend un peu perplexe. Nous avons acheté CHUM pour ses services spécialisés en radio. La seule télévision conventionnelle que nous avons acquise avec CHUM, ce sont les stations A, qui comptaient collectivement pour moins de 2 p. 100 de la valeur de la transaction. L'acquisition de CHUM et, en 2000, de NetStar, propriétaire de TSN, de RDS et de Discovery, a signalé le passage de notre entreprise de la télévision purement conventionnelle à la télévision spécialisée. L'achat de chaînes spécialisées a été notre bouée de sauvetage.
D'autres encore disent que le problème vient du fait que nous payons trop cher pour les émissions américaines. La vérité, c'est qu'en général l'argent que nous faisons avec les émissions américaines éponge les pertes que nous encaissons avec les émissions canadiennes. Comprenez s'il vous plaît qu'il ne s'agit pas d'une critique des émissions canadiennes; c'est la réalité de la taille de notre marché et de nos frais de production. En raison des questions structurelles que j'ai exposées plus tôt, nous faisons moins d'argent qu'auparavant avec les émissions américaines, et maintenant, les obligations liées à nos licences locales coûtent plus cher que l'argent que nous faisons.
Il y a quelques mois, nous avons annoncé que nous n'allions pas demander le renouvellement des licences de plusieurs stations, parce que nous avons établi que nous ne pourrions jamais les rentabiliser. Nous avons aussi offert de vendre ces stations pour la somme nominale de 1 $. Beaucoup de gens ont protesté. Personne n'a vraiment offert d'acheter ces stations locales et de poursuivre leurs activités. Cela en dit long. Pourtant, il vaut la peine de se battre pour la télévision locale. En fait, nous croyons que la radiotélévision locale constitue le fondement de notre système de radiotélévision, et que si nous coupons ces racines, nous perdrons quelque chose d'inestimable comme nation. La télévision locale est la zone de confort de nos auditoires. La télévision locale est la colle qui soude. Elle est là où habitent les gens. Il peut y avoir plusieurs formes de communautés, mais la plus forte est la communauté locale. La télévision locale ne se borne pas aux nouvelles. Elle est fait des messages communautaires diffusés tout au long de la journée de diffusion. Elle fait place à l'interaction des personnalités en ondes et des événements locaux.
Le Canada est l'un des pays les plus diversifiés au monde. Notre pays est si vaste qu'une collection de voix d'un point central ne peut parler pour tout le Canada. La télévision locale est la meilleure chance pour nos citoyens de se voir à l'écran et de contribuer au débat national. La télévision locale fait aussi place au débat local sur des questions qui ne peuvent soutenir l'attention nationale. La télévision locale donne aux entreprises locales la chance de communiquer avec la clientèle locale et de concurrencer les entreprises nationales et multinationales. La télévision locale est aussi ce que les téléspectateurs canadiens nous disent apprécier au plus haut point. Nous croyons que la télévision locale devrait être la priorité de la télévision conventionnelle.
La deuxième priorité devrait être les émissions d'intérêt national, en particulier celles qui renforcent notre identité nationale. Elles comprennent le téléjournal national et les émissions d'affaires publiques comme W-FIVE. Elles comprennent aussi des émissions comme Corner Gas, les JUNO Awards, les Giller Awards, Degrassi, Flashpoint, les concours nationaux de jeunes talents comme So You Think You Can Dance Canada, de même que des événements de sports professionnels et les prochains Jeux olympiques de Vancouver. Mais il est très difficile d'arriver à ce genre d'émissions nationales à succès sans des racines locales.
L'identité locale et l'identité nationale sont très importantes en démocratie et l'une et l'autre méritent un soutien structurel. Je le répète: nous ne demandons pas de renflouement ni de remède à court terme, si bien intentionnés qu'ils puissent être. Ce qui nous intéresse, c'est un plan pour bâtir un avenir viable pour la télévision conventionnelle au Canada.
Puisque le temps presse, le gouvernement doit procéder rapidement à une série de réformes structurelles qui assureront un cadre viable pour la télévision locale. Cette proposition de viabilité comprend premièrement les tarifs de distribution. Pour mettre les choses au clair, ces tarifs n'ont pas à avoir des incidences sur le consommateur et ne causeront pas de tort excessif à l'industrie du câble et du satellite. Il n'y a pas de raison pour que les Canadiens aient à payer davantage pour les services qu'ils paient déjà. C'est une affaire d'industrie à industrie, et nous avons besoin d'un régime équitable pour négocier la valeur de nos signaux. En fait, il n'existe pas de données empiriques démontrant un tort fait au consommateur à la lumière de l'expérience des États-Unis, qui ont changé leur politique en 1992 pour permettre aux radiodiffuseurs locaux de négocier des droits de distribution.
Le câble et le satellite sont parmi les secteurs les plus profitables de l'économie canadienne, et les acteurs de ce secteur devraient payer pour ce qu'ils utilisent dans leurs entreprises. De 2003 à 2007, l'abonnement au service de base du câble a augmenté de près de 36 p. 100, soit presque de quatre fois le taux d'inflation. Nous estimons que la marge de profit du service de base du câble dépasse 75 p. 100.
Deuxièmement, sur le plan de la distribution des stations de télévision locale par satellite, nous aimerions simplement que le CRTC fasse respecter la volonté nettement exprimée par le Parlement dans la Loi sur la radiodiffusion, soit de donner la priorité à la distribution des stations de télévision locale. Le satellite n'est plus une industrie naissante. Il semble avoir une capacité amplement suffisante pour une foule de services américains, de chaînes de divertissement pour adultes et de chaînes de musique, mais il ne peut faire place aux stations locales comme Windsor.
Troisièmement, pour ce qui est du passage au numérique, le passage obligatoire en 2011 n'a été réclamé ni par les consommateurs ni par l'industrie; il résulte d'une entente bilatérale entre les États-Unis et le Canada, où les gouvernements veulent mettre aux enchères le spectre de la télévision conventionnelle pour des milliards de dollars. Il ne s'agit pas de diffusion HD; nous investissons déjà en HD pour répondre à la demande des consommateurs. Ce qui est en jeu, c'est la façon dont le signal est distribué aux Canadiens.
Plus de 90 p. 100 des Canadiens ont choisi de recevoir leurs signaux de télévision locale par câble ou par satellite. Nous ne pouvons pas justifier un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars pour une part de 9 p. 100 du marché, surtout quand cet investissement ne produit aucun revenu supplémentaire dans une entreprise déjà chancelante.
Nous proposerons au CRTC une solution hybride qui renfermera un élément en direct dans les grands marchés et une solution par câble ou par satellite dans les marchés plus petits.
En conclusion, nous sommes passionnés de télévision. Nous l'avons démontré non seulement par nos discours, mais par une somme constante d'émissions canadiennes de haut niveau, inégalée par aucun autre radiodiffuseur au Canada anglais. Pour continuer ce succès auprès de l'audience, nous avons besoin de votre aide. Nous avons fait trois suggestions immédiates, qui peuvent toutes être mises en oeuvre sans modifier la Loi sur la radiodiffusion.
Merci de cette occasion de comparaître devant vous. Nous avons très hâte de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup. Nous sommes très heureux d'être ici aujourd'hui. Voici Ken Stein, notre premier vice-président, Affaires générales et de réglementation; Jean Brazeau, notre premier vice-président, Affaires réglementaires; et Alex Park, vice-président, Services de programmations et éducatifs.
Nous souhaitons engager un dialogue ouvert et constructif sur l'état du système canadien de radiodiffusion, l'importance de desservir les collectivités locales, les contributions de Shaw au système et la priorité accordée à nos 3,4 millions de clients, vos électeurs.
Nous vous félicitons pour l'étude importante que vous réalisez. Nous savons que vous avez lu notre mémoire très attentivement et que vous l'étudierez à fond dans vos délibérations. Puisque nous avons peu de temps et que nous savons que vous avez hâte de poser des questions, nous traiterons rapidement des principaux points compte tenu des thèmes d'étude suggérés par le comité.
Premièrement, nous ferons partie de la solution, en continuant d'établir et de maintenir un système solide de radiodiffusion au Canada. Nous croyons au système et nous croyons que la télévision a un avenir excitant. Shaw et ses 10 000 employés apportent déjà des contributions considérables et continueront de le faire.
Deuxièmement, les demandes concernant le tarif de distribution doivent être refusées. Les torts causés aux clients, à tout le système de radiodiffusion et à l'économie canadienne l'emportent de loin sur tous les avantages perçus dont seuls les radiodiffuseurs jouieraient.
Finalement, nous formulerons des recommandations précises sur la manière dont le gouvernement et le CRTC peuvent contribuer à maintenir la force et la pertinence de la radiodiffusion locale en mettant l'accent sur la clientèle et l'investissement.
La contribution la plus importante des EDR, entreprises de distribution de radiodiffusion, est l'établissement du réseau et de l'infrastructure qui offrent le choix aux Canadiens et permettent la prestation de centaines de services de programmation. Shaw a investi à lui seul plus de 5 milliards de dollars et, grâce à ces investissements, l'entreprise a établi un réseau de très large bande de renommée mondiale dans des petites et grandes collectivités de l'Ouest canadien. Ces réseaux sont passés d'analogiques à numériques. Le nombre d'abonnés à notre service par satellite entièrement numérique, Shaw Direct, est passé de zéro à environ 900 000, ce qui comprend des abonnés dans les régions rurales et éloignées du Canada. Grâce à ses services de radiodiffusion, Shaw fournit des services de programmation par satellite concurrentiels à plus de 2 000 petits systèmes canadiens de télédistribution. Ces systèmes dépendent des services de radiodiffusion de Shaw pour desservir des millions de clients dans de petites collectivités.
Nous augmenterons les investissements dans l'infrastructure à large bande et par satellite. Ces dépenses sont essentielles pour plusieurs raisons. Nous offrons aux Canadiens un choix énorme, notamment un service de base intéressant et abordable, des centaines de services facultatifs numériques, 50 canaux haute-définition par Shaw et par satellite, ainsi que des applications interactives comme la télévision à la carte et la vidéo sur demande. Nous fournissons des services conventionnels et spécialisés transmis par des signaux de haute qualité, ce qui permet d'attirer des milliards de dollars en recettes publicitaires. Nos activités se déroulent sur un marché où la concurrence est très forte dans chacun des secteurs de notre entreprise, soit la distribution de radiodiffusion, Internet et la téléphonie. Dans ce contexte, nous prenons des décisions d'affaires chaque jour et nos clients nous demandent de rendre des comptes. Nous investissons pour remplacer les câbles par des fibres optiques dans les petites collectivités. L'investissement dans la large bande sera un des éléments clés de la relance économique et favorisera l'économie du savoir au Canada.
Shaw a également beaucoup apporté au système et aux collectivités locales grâce à ses canaux communautaires populaires, qui offrent une programmation 100 p. 100 locale et 100 p. 100 canadienne tous les jours de la semaine. Chaque année, nous produisons plus de 9 000 heures d'émissions politiques locales originales, d'activités communautaires spéciales, de sports locaux, de nouvelles locales et de télémagazines.
Parlons de quelques-unes de nos réalisations: nous réunissons environ 4 millions de dollars chaque année pour les associations communautaires locales de l'Ouest canadien et du nord de l'Ontario; tous les ans, nous produisons plus de 1 000 heures d'émissions portant sur des questions politiques fédérales d'un point de vue local; chaque semaine, nous produisons la couverture de plus de 50 réunions locales de conseils municipaux, de commissions scolaires et de comités; nous couvrons en direct, 24 heures par jour, sept jours par semaine, la surveillance des innondations dans les collectivités locales de Winnipeg; nous offrons deux canaux multiculturels à Vancouver et à Calgary en raison de la diversité des communautés ethniques locales; et nous produisons plus de 120 reportages communautaires chaque jour dans l'Ouest canadien et le nord de l'Ontario.
En plus de ces contributions, la câblodistribution a également investi plus de 50 millions de dollars dans la CPAC pour offrir sans frais aux Canadiens une fenêtre sans pause publicitaire sur le Parlement et les affaires publiques nationales. Depuis 1997, nous avons aussi versé une contribution de plus de 400 millions de dollars au Fonds canadien de télévision et à des fonds privés.
Nous sommes convaincus que la création du Fonds des médias du Canada par le ministre Moore permettra enfin d'assurer que le financement reçu soit un investissement qui vise à répondre aux besoins de nos auditoires plutôt que des subventions qui visent à répondre aux besoins des producteurs et des radiodiffuseurs.
Ces investissements montrent que nous sommes dévoués aux clients et que nous sommes très enthousiastes par rapport à l'avenir de la radiodiffusion au Canada.
Les radiodiffuseurs ont aussi démontré qu'ils croyaient en la création d'un service spécialisé pour la télévision canadienne lorsqu'ils ont dépensé un total de 3,7 milliards de dollars pour acquérir plusieurs chaînes spécialisées en vue d'obtenir davantage de parts de marché, d'augmenter leur pouvoir de négociation et de diversifier leur contenu. Nous savons que de nombreux obstacles se dresseront sur notre route, mais nous aurons aussi des occasions exceptionnelles de profiter pleinement des synergies et des nouvelles technologies.
Plusieurs parties prétendent qu'il y a un problème généralisé qui nécessite une solution globale. Ce problème concerne le régime de réglementation actuel, qui est fondé sur des garanties et des subventions. C'est un modèle qui n'est pas viable dans le contexte des communications numériques mondiales où la concurrence varie sans cesse.
La solution ne consiste pas à ajouter des règlements et les taxes, ou encore à entreprendre une opération de sauvetage des radiodiffuseurs. Les radiodiffuseurs décident de dépenser plus de 700 millions de dollars par année pour des émissions américaines. Dans un cas, ils ont contracté une dette de 4 milliards de dollars après avoir acheté des stations de télévision étrangères et des biens relatifs à la publication. Ils doivent assumer la responsabilité de leurs décisions.
Parlons maintenant des fausses hypothèses qui viennent appuyer les demandes des radiodiffuseurs relativement au tarif de distribution. On n'injectera pas plus d'argent dans la radiodiffusion locale ni dans la programmation locale dans l'espoir de la raviver. Pour nous aider à expliquer les véritables motifs des radiodiffuseurs, prenons l'exemple de la proposition du CRTC visant à mettre en place un fonds pour l'amélioration de la programmation locale. Ce fonds a été instauré en octobre dernier seulement et déjà, les radiodiffuseurs exigent davantage parce que selon eux, 1 p. 100 du chiffre d'affaires n'est pas suffisant; de plus, ils essaient déjà de se soustraire à leurs engagements pour ne pas dépenser ces sommes dans la programmation locale.
Le tarif de distribution ne tient absolument pas compte des avantages des radiodiffuseurs en matière de réglementation ni de la place privilégiée qu'ils occupent dans le système de radiodiffusion. La longue liste de garanties dont jouissent actuellement les radiodiffuseurs se trouve dans notre mémoire. Elle comprend notamment la distribution obligatoire et prioritaire pour le service de base, la distribution gratuite par câble et par satellite des signaux de radiodiffusion locaux, le très utile spectre gratuit et la substitution simultanée.
La distribution gratuite par câble et par satellite deviendra encore plus importante tandis que nous entreprenons la transition au numérique, car les radiodiffuseurs nous disent qu'ils ne construiront pas d'installations de transmission numérique en direct pour la plupart des marchés. Dans toutes les collectivités qui se trouvent à l'extérieur des principaux centres urbains, les Canadiens pourront capter leurs stations locales par câble et par satellite uniquement.
Pour terminer, le tarif de distribution ne constitue pas une solution axée sur le marché. À la différence des États-Unis, où le régime exige des radiodiffuseurs qu'ils choisissent entre l'obligation de diffusion et le consentement de retransmission, les radiodiffuseurs canadiens veulent les deux. Il n'y aurait donc pas de véritable négociation avec les distributeurs de radiodiffusion. Il n'y aurait pas non plus de choix pour les clients. Ils devraient accepter ces services et les payer. Au bout du compte, on aurait un transfert de la richesse: l'argent de la population canadienne passerait aux mains des radiodiffuseurs privés. Autrement dit, il s'agirait d'une taxe perçue sur 10 millions de ménages canadiens qui profiterait à deux ou trois entreprises privées.
Il est clair que le tarif de distribution n'est pas la solution. Cependant, nous aimerions faire les recommandations suivantes, qui permettront un allègement à court terme et, à long terme, qui contribueront au développement d'un système de radiodiffusion canadien fort et concurrentiel.
Pour la transition au numérique, Shaw veillera à ce qu'une solution abordable de diffusion virtuelle par câble et par satellite soit offerte, de façon à ce que les radiodiffuseurs puissent continuer à desservir les collectivités locales tout en économisant des centaines de millions de dollars sur le coût des investissements nécessaires pour la nouvelle technique de transmission numérique.
Comme l'a proposé le président du CRTC, les droits de licence de la partie II devraient être éliminés. L'élimination des restrictions applicables à la publicité et la réduction des obligations découlant de la réglementation devraient entraîner un allègement.
Si les radiodiffuseurs considèrent que la programmation locale est un fardeau sur le plan de la réglementation, ils ont toujours la possibilité de renoncer à leur licence. Le CRTC devrait chercher à obtenir de nouvelles demandes de la part d'entreprises qui croient qu'il est rentable de desservir des collectivités locales.
Le gouvernement et le CRTC doivent accepter pleinement le potentiel des chaînes communautaires, qui permettent de faire entendre des points de vue diversifiés par l'entremise des émissions et des bulletins de nouvelles locaux qui sont diffusés dans diverses communautés géographiques, culturelles et linguistiques.
Pour finir, on devrait confier au CRTC le mandat de mener un examen exhaustif de l'ensemble du système. Un tel examen pourrait donner lieu à des recommandations fondées sur les intérêts des Canadiens en tant que téléspectateurs et consommateurs.
En conclusion, Shaw est très heureux d'avoir l'occasion de comparaître devant votre comité, car nous avons nous aussi comme objectif de bâtir un système de radiodiffusion solide et de desservir la population canadienne et les collectivités locales. Nous sommes une entreprise prospère parce que chaque jour, nous nouons le dialogue avec nos 3,4 millions de clients et nous les écoutons. Nous demandons au comité de faire la même chose en mettant l'accent sur les intérêts des Canadiens. Si on permet que l'innovation, l'investissement et les nouvelles technologies soient le moteur de ce marché, les consommateurs et téléspectateurs canadiens en sortiront gagnants.
Shaw fait déjà partie de la solution. Nous avons établi un lien avec les Canadiens grâce à nos dépenses en capital importantes et continues qui visent à offrir un service de classe mondiale à des collectivités de petite et de grande taille. Nous fournissons des centaines de services de programmation canadienne. Sur le plan financier, nous contribuons de manière significative à des fonds privés et au Fonds des médias du Canada, et nous fournissons des émissions exceptionnelles par le biais de nos chaînes communautaires.
Toutefois, nous ne pouvons pas participer aux solutions qui sont fondées sur de nouvelles subventions, de nouvelles taxes imposées à nos clients ou des opérations de sauvetage des radiodiffuseurs. Nous croyons que la pierre angulaire du système doit être les consommateurs canadiens. Le système doit être au service des besoins et des intérêts des consommateurs, comme il est stipulé dans la Loi sur la radiodiffusion.
Merci. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. J'ai une seule question, mais un long préambule.
Les producteurs qui ont témoigné nous ont dit, de façon générale, que s'ils ne généraient pas plus de revenus, ils allaient devoir couper certains services offerts présentement à la population. Les distributeurs, dont Rogers et vous-mêmes, nous disent qu'en fin de compte, il n'y a pas de problème, que si l'on considère ces compagnies de façon globale, on constate qu'elles peuvent très bien perdre de l'argent dans des secteurs précis, mais que dans l'ensemble, leurs activités sont extrêmement profitables. Grosso modo, c'est ce qui semble ressortir au fur et à mesure qu'on reçoit des gens ici.
Vous nous avez apporté un livre. Comme l'ont fait les gens de Rogers, vous citez énormément de faits qui tendent à confirmer de façon très rationnelle ce que vous dites. C'est très bien écrit. On y dit que ces gens investissent de moins en mois dans des productions canadiennes et de plus en plus dans des productions étrangères, surtout américaines. Ces gens prétendent perdre de l'argent, mais il s'agit souvent de produits qu'ils ont achetés à l'étranger et qui n'ont rien à voir avec la distribution locale.
J'avoue avoir, à l'égard de votre point de vue, un préjugé favorable, mais ça ne veut pas dire qu'il est immuable. Il me semble logique. Cependant — et c'est à ce propos que j'ai des réserves —, je ne suis pas anglophone; je regarde de temps à autre la télévision en anglais, mais je la regarde davantage en français. Or une chose m'apparaît évidente. La plupart des émissions en anglais que je vois me semblent américaines, d'une façon ou d'une autre, qu'il s'agisse d'importations, de feuilletons ou d'acteurs qui, de toute évidence, sont américains.
En revanche, quand je regarde la télévision en français, je ne vois jamais ou pratiquement jamais ce genre de chose. Les nouvelles sont vraiment conçues au Québec pour les Québécois. Les séries télévisées sont faites de A à Z pour les Québécois par des Québécois. Il y a très peu d'émissions américaines traduites. Les émissions de variétés — et on parle ici de Quebecor — comme Star Académie ou d'autres encore sont produites au Québec par des Québécois. C'est même le cas de la publicité. On a essayé pendant longtemps d'utiliser de la publicité conçue à Toronto pour vendre des produits ici, mais on a dû arrêter parce que rien ne se vendait. Il faut que la publicité soit produite au Québec pour que les produits se vendent.
La compagnie de M. Péladeau, Quebecor, semble être aux prises avec des problèmes totalement différents de ceux des autres. Vous dites que la vérité, c'est que les entreprises n'ont rien fait pour favoriser les émissions canadiennes. Or ce n'est pas le cas de M. Péladeau. Toutes ses émissions sont fabriquées au Québec, mais il en paie le prix. Il fait de l'argent, du moins je l'espère, et j'espère aussi qu'il va continuer à en faire comme les autres. Quoi qu'il en soit, ses problèmes sont totalement différents de ceux des autres producteurs d'émissions de télévision. J'en arrive à ma question.
À supposer qu'en tant que parlementaire, j'en arrive à la conclusion que vos observations sont fondées, du côté canadien; que des producteurs comme CTV et Canwest n'ont pas réellement de problèmes parce qu'ils produisent de moins en moins d'émissions canadiennes, mais que ce n'est pas le cas pour Quebecor, aurais-je le droit de dire, selon vous, qu'une solution différente doit être appliquée à Quebecor, peut-être même en ce qui concerne les tarifs de diffusion?
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Nous ne sommes aucunement d'accord avec l'application du tarif de distribution, parce que celui-ci ne se justifie pas. Nous sommes un vecteur, et je suis convaincu que la situation au Québec est la même qu'ailleurs au Canada. La nature des politiques de câblodistribution et la façon dont elles ont été structurées au cours des 40 dernières années font essentiellement en sorte de reconnaître la nécessité d'offrir aux Canadiens un accès à toute une diversité de services. Nous avons donc travaillé fort.
Si vous prenez par exemple les années 1980, lorsque nous avons commencé à offrir des services spécialisés et payants, un certain nombre de services francophones et anglophones ont été voués à l'échec. Donc au cours des années 1990, nous avons élaboré des solutions afin de garantir essentiellement la distribution, d'offrir des services de différents niveaux, de le faire de la manière la plus conviviale possible pour nos clients — en intégrant certaines chaînes à la programmation de base, en offrant différentes possibilités à d'autres niveaux, en donnant des choix aux gens, en regroupant des services, en tentant de créer un équilibre pour tous. Au bout du compte, nous avons accompli de très grandes choses, qu'il nous faut reconnaître.
La première, c'est d'avoir maintenant des centaines de services canadiens. Si vous voulez du contenu canadien et des histoires intéressantes, vous pouvez en trouver. Ce ne sont peut-être pas Urgences ni CSI — dont le concept, en passant, a été imaginé au Canada —, mais c'est un fait. On ne peut pas nier l'influence dominante d'Hollywood dans le Canada anglais, au cinéma comme à la télévision.
Donc ce que nous avons fait tout au long des années 1990 et de la présente décennie, c'est de nous demander, compte tenu de la situation, ce que nous pouvons faire pour s'assurer de répondre aux besoins des Canadiens en tant que Canadiens, qu'on parle de nouvelles, de sports... Je deviens fébrile lorsque je me rends aux compétitions de ski au Québec et que RDS en assure la couverture. Cela ne se produisait pas il y a 10 ou 15 ans. Donc les athlètes canadiens professionnels et amateurs profitent d'une plus grande reconnaissance aujourd'hui qu'il y a 10 ou 15 ans. Ce sont de gros avantages.
Deuxièmement, pour ce qui est des services par satellite, peu importe où vivent les gens au Canada — mis à part Windsor, où certains problèmes persistent —, ils peuvent obtenir le même service, ou parfois mieux encore, que s'ils habitaient à Toronto. Aucun autre pays ne peut se permettre une telle affirmation.
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Bon après-midi, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité. Notre allocution sera brève et précise.
Nous sommes la quatrième entreprise de câblodistribution en importance au Canada. Notre zone de desserte comprend de nombreuses collectivités locales au Québec et en Ontario. Nous offrons une large gamme de services de distribution de radiodiffusion et de télécommunications, ainsi que des services locaux de programmation communautaire, grâce à notre réseau à large bande de fibre optique et câble coaxial qui s'étend de Windsor à l'extrémité de la péninsule gaspésienne.
[Français]
Nous oeuvrons dans l'industrie de la radiodiffusion depuis plus d'un demi-siècle, et dans l'industrie de la câblodistribution, depuis plus de 35 ans. Il va sans dire que nous avons vécu d'incroyables changements sur le plan de nos activités. Nous avons pu réussir en nous adaptant aux changements et en réinvestissant pour l'avenir. Vous pouvez vérifier ce que nous faisons à chaque trimestre, et jusqu'à quel point nous le faisons bien puisque nos titres sont inscrits à la Bourse de Toronto.
[Traduction]
Les thèmes d'étude que vous proposez soulèvent plusieurs questions fondamentales de politique sur la radiodiffusion et les communications électroniques. Il faudrait beaucoup plus qu'une allocution de cinq minutes pour en traiter à fond.
Voici donc nos messages principaux aujourd'hui. Souhaitons qu'ils vous soient utiles dans vos délibérations.
Premièrement, la télédiffusion locale traditionnelle subit manifestement la pression d'une combinaison de changements: croissance des coûts, déclin de la publicité et déclin des auditoires. Ces changements résultent tous en bonne partie du changement technologique. Conséquemment, la manière de faire de la radiodiffusion locale doit également changer. En somme, il faut accueillir les changements technologiques, la structure des coûts doit être allégée, la publicité doit être plus ciblée et performante, les plates-formes multiples doivent être exploitées et la participation de l'auditoire doit être encouragée.
Deuxièmement, le tarif de distribution des signaux de télévision hertzienne n'est pas une panacée. Cela n'amènerait pas les changements que nous venons d'évoquer. Au contraire, cela les retarderait et empirerait la situation en bout de piste. Ce serait comme verser de l'eau dans un baril dont le robinet est grand ouvert, puisque les télédiffuseurs sont libres de dépenser à l'excès sur l'achat d'émissions américaines et de lésiner sur la production d'émissions locales.
Troisièmement, l'expectative que notre système de télédiffusion hertzienne analogique, qui a été bâti sur une période de plus de 60 ans, soit entièrement converti de l'analogique au numérique d'ici le 31 août 2011 est tout simplement un projet qui repose sur de l'air. Notre gouvernement fédéral a décidé de récupérer le spectre de fréquences analogiques pour le vendre à des fins de communications mobiles, comme aux États-Unis, mais il a laissé tous les problèmes techniques et financiers à l'industrie de la radiodiffusion. Mais voilà, il y a un hic: l'industrie de la radiodiffusion n'a ni les ressources techniques ni le capital disponible pour se transformer au tout numérique. Même si elle les avait, il n'y a pas de plan d'affaires viable pour justifier l'investissement requis.
Quatrièmement, quelle aide le gouvernement fédéral peut-il apporter? Soyons francs: un bon point de départ serait de cesser de nuire à l'industrie. Le gouvernement fédéral a prélevé à des fins de recettes fiscales générales près de 800 millions de dollars de 1998 à 2006 à même les revenus de l'industrie, au moyen de droits de licences spéciaux calculés en pourcentage de tous les produits de la radiodiffusion. La question de savoir si ces droits constituent une taxe inappropriée fait présentement l'objet d'un débat devant la Cour suprême du Canada, mais le gouvernement a toute la liberté voulue pour mettre fin à cette taxe spéciale et retourner à l'industrie une partie des prélèvements déjà effectués.
[Français]
Ces droits de licence spéciaux sont en sus des droits de licence de base, de l'impôt sur le revenu des entreprises, de la TPS et des contributions obligatoires au financement de la programmation canadienne, qui comprend maintenant le Fonds pour l'amélioration de la production locale, connu sous le nom de FAPL. Le gouvernement ne perçoit aucun de ces droits ou taxes sur les signaux et services de télévision piratés au Canada, pourtant le gouvernement ne dépense pratiquement rien pour faire respecter ses propres lois sur la radiodiffusion et la radiocommunication.
Le gouvernement fédéral s'apprête maintenant à percevoir des milliards de dollars supplémentaires par la mise aux enchères des fréquences analogiques utilisées par les télédiffuseurs depuis plus de 60 ans, et tout cela, alors que l'environnement actuel pose les plus grands défis de toute l'histoire de l'industrie.
[Traduction]
Cinquièmement, quelle aide peut apporter notre entreprise au plan de la programmation locale? Nous avons développé un modèle il y a sept ans à North Bay. Lorsque l'affilié local du réseau CTV à North Bay a décidé de couper ses nouvelles locales, TV Cogeco a pris les devants et a commencé à fournir la couverture des nouvelles locales sur notre canal communautaire local. Nous avons une émission de nouvelles quotidienne d'une demi-heure du lundi au vendredi à 17 h 30, avec reprises à 18 heures, 23 heures et 23 h 30 de même qu'à 6 h et 6 h 30 le lendemain matin. En tout, TV Cogeco produit en moyenne 8,6 heures d'émissions locales originales par semaine à longueur d'année à North Bay. Nous entendons également faire la diffusion Web de North Bay News dès le début de l'an prochain.
Est-ce bénéfique pour la radiodiffusion locale et la diversité des voix? Nos téléspectateurs, nos groupes communautaires et nos représentants locaux sont bien de cet avis. Nous pourrions faire plus si nous avions accès à cette fin à nos propres ressources locales. Étrangement, notre publicité locale est limitée par règlement. En fait, la réglementation empêche encore la plupart des activités publicitaires sur la programmation communautaire, les émissions sur demande et les occasions publicitaires sur les signaux de programmation par câble ou satellite.
Nous allons commencer à verser au Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, le FAPL, 1 p. 100 de tous nos revenus de radiodiffusion par câble dès l'automne prochain mais nous ne serons pas admissibles pour recevoir des fonds du FAPL à moins que les critères du CRTC ne changent d'ici là. Nous comptons soulever cette question au CRTC dans le cadre des audiences publiques la semaine prochaine.
Compte tenu de notre expérience à North Bay, il existe des solutions bien réelles de programmation locale lorsque les télédiffuseurs estiment qu'ils n'ont plus de plan d'entreprise viable pour la programmation locale faite sur mesure pour répondre aux besoins particuliers des diverses collectivités locales que nous desservons. Il nous faut tout simplement penser et agir en dehors du moule traditionnel. Et il nous faut juste un soupçon de compréhension de la part du gouvernement fédéral et de l'autorité de réglementation pour déployer ces solutions le plus largement possible.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bon après-midi. Merci de nous avoir invités à présenter notre point de vue sur la situation de la télévision locale au Canada.
Mon nom est Peter Viner, je suis président-directeur général de Canwest Television.
Je suis accompagné aujourd'hui de Charlotte Bell, notre première vice-présidente, Affaires réglementaires.
Nos observations porteront sur la situation financière de la télévision locale, sur les défis que notre industrie doit relever et sur ce que nous croyons être les bonnes solutions.
Vous nous avez demandé de commenter le bien-fondé d'un tarif de distribution pour les stations locales, je vais donc commencer par là.
À notre avis, les télédiffuseurs locaux doivent être rétribués pour l'utilisation de leur signal lorsque celui-ci fait partie d'un forfait de distribution par câble ou par satellite, de la même façon que sont rétribués les services spécialisés canadiens tels que TSN, Food Network et TÉLÉTOON, et les canaux américains du câble tels que CNN, A&E et Spike TV.
Dans le contexte d'une réforme de la réglementation, beaucoup d'autres choses pourraient et devraient être faites, mais selon nous, un tarif de distribution bien pensé peut donner aux radiodiffuseurs locaux canadiens une assise solide et contribuer d'importante façon à redresser un secteur qui décline.
Je vais parler maintenant de la situation de la télévision locale au Canada. Il y a véritablement crise. Le modèle d'affaires de la télévision traditionnelle ne fonctionne plus et la panne n'est pas d'aujourd'hui. Certains prétendent que le déclin des revenus de publicité est passager et que les revenus vont rebondir en même temps que l'économie. Les faits suggèrent le contraire, et la faiblesse de l'économie n'a fait qu'accélérer une tendance amorcée depuis des années.
Les télédiffuseurs locaux signalent depuis longtemps au CRTC que la crise est inévitable. Dommage qu'il ait fallu une crise économique pour confirmer leurs inquiétudes. Plus d'un millier de personnes ont perdu leur emploi, et nous en sommes au point où l'existence même de plusieurs stations locales de télévision est en péril. Il n'était pas nécessaire d'en arriver là.
À tout point de vue, le déclin était déjà manifeste. Depuis trois ans, nos revenus de publicité stagnaient ou diminuaient. La rentabilité du secteur a baissé en-deçà des deux chiffres jusqu'à ce qu'elle plonge l'année dernière, pour la première fois dans l'histoire, sous la barre du 1 p. 100. Et tout cela au sein d'une économie florissante. L'explication est simple: alors que nous avons commencé à desservir l'ensemble des Canadiens avec quelques stations, ce sont aujourd'hui des centaines de stations qui rejoignent les Canadiens. Autrement dit, le montant d'argent disponible pour la publicité est maintenant distribué à un nombre beaucoup plus grand de stations. Et c'est sans parler de la portion croissante du marché des annonces qui se déplace actuellement vers l'Internet.
D'aucuns suggèrent que la dette entraînée par les fusions chez les radiodiffuseurs serait à blâmer pour la crise. Mais la dette n'explique pas que la télévision locale connaisse depuis trois ans la pire performance de son histoire, et elle n'explique pas non plus la piètre rentabilité qu'elle affichait avant même que l'économie se mette à chuter. Ce n'est pas la dette qui a réduit de 75 p. 100 la valeur d'exploitation de la télévision locale chez CTV l'an dernier, ou qui a amené Canwest à inscrire une dépréciation d'un milliard de dollars pour ses stations locales. La dette n'a pas non plus poussé Rogers a déclaré une perte de 294 millions de dollars pour ses stations locales environ 18 mois après en avoir fait l'acquisition.
Le modèle d'affaires de la télévision traditionnelle ne fonctionne plus. Les fusions étaient nécessaires pour répondre à la fragmentation entraînée par le nombre excessif de licences attribuées et de signaux étrangers autorisés au Canada, pendant des années. Les fusions n'ont pas causé la panne du modèle d'affaires de la télévision locale; en fait, les fusions n'ont fait que retarder la conclusion inévitable.
La crise était prévisible et elle a été bien documentée. Déjà en 1993, les radiodiffuseurs, les économistes et d'autres avaient prévu que la télévision locale courait de grands risques si l'on ne trouvait pas moyen de régler les déséquilibres fondamentaux dans le système. Pour reprendre la formule consacrée, l'heure de vérité a finalement sonné.
Charlotte.
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Pour la télévision locale, la concurrence n'est pas équitable. Pendant que les Canadiens jouissent de l'accès à des centaines de chaînes télévisées et à un système de radiodiffusion parmi les plus diversifiés au monde, le marché canadien de la télévision est l'un des plus complexes, des plus compétitifs et des plus réglementés qui existent, mais la diversité a un prix.
La lutte pour s'approprier les auditoires et les revenus de publicité s'intensifie depuis le début des années 1990. Aujourd'hui, pas moins de 170 services canadiens spécialisés se font concurrence auprès des mêmes téléspectateurs et des mêmes annonceurs. Et pour les stations locales, la publicité s'avère l'unique source de revenus. Les Canadiens reçoivent aussi par câble des dizaines de chaînes américaines dans tous les créneaux imaginables.
[Traduction]
Et voici où le bât blesse: les chaînes américaines de télévision par câble, tout comme les chaînes spécialisées canadiennes, perçoivent des centaines de millions de dollars en tarif d'abonnement chaque année. En fait, au cours des neuf dernières années, des chaînes américaines du câble comme CNN, A&E et Spike TV ont récolté près de deux milliards de dollars auprès des entreprises canadiennes de distribution par câble et par satellite. Pendant ce temps, nos stations de télévision locales ne reçoivent pas un sou.
Il est temps de passer à l'action. Le tarif de distribution est une simple question de justice, reconnue comme telle depuis au moins 1971, au moment où le CRTC énonçait sa première politique à l'égard de la câblodistribution. Le Conseil avait alors déclaré qu'il était normal de payer ce que paie une entreprise pour fonctionner. Autrement dit, le tarif de distribution était vu comme une pratique d'affaires justifiée et constituait l'une des mesures recommandées par le CRTC pour faire contrepoids à l'envahissement de la technologie du câble et à l'importation de signaux étrangers additionnels sur le marché. Cependant, il n'a jamais été adopté, comme vous le savez.
Voilà pourquoi aujourd'hui, pendant que de nouveaux venus comme les chaînes spécialisées et les chaînes étrangères du câble ont droit à une portion des factures du câble et du satellite, les stations locales ne perçoivent toujours pas un sou. L'ironie du sort, c'est que les Canadiens ont l'impression qu'une partie de leurs factures du câble ou du satellite est effectivement acheminée à leurs stations locales. Dans deux sondages différents commandés par nous depuis 2006, les abonnés affirment par une écrasante majorité que leur station locale est le service de programmation qu'ils apprécient le plus. Plus de 65 p. 100 des abonnés sont convaincus d'assumer le coût de leurs stations locales en acquittant leurs factures. Après avoir appris qu'en fait, les stations locales ne perçoivent rien sur leur tarif d'abonnement, près de 80 p. 100 des abonnés ont opté pour que les stations locales aient droit à une portion de leur tarif de base. La plupart des répondants se disent prêts à payer jusqu'à 5 $ de plus par mois pour continuer à recevoir leurs stations locales.
Cela n'empêche pas les entreprises du câble et du satellite de prétendre que les consommateurs vont se révolter si leur facture augmente, et nous savons que c'est aussi l'une de vos préoccupations. Au cours de l'examen de politique du CRTC, les dirigeants de Rogers et de Shaw ont menacé de refiler la facture aux consommateurs advenant l'imposition d'un tarif de distribution pour les stations locales. Un dirigeant de Rogers a même affirmé que la majorité des consommateurs canadiens n'étaient pas prêts à payer un tarif s'il n'y avait aucune valeur ajoutée liée à ce tarif. Toujours selon ce même dirigeant, le consommateur serait forcé de payer 5 $ à 10 $ de plus par mois pour son abonnement au câble ou au satellite, mais n'aurait droit à rien de nouveau pour son argent. Pourtant, au tarif de 50 ¢ par station et par abonné, il n'y a pas de raison pour que l'augmentation dépasse 2,40 $ dans la plupart des marchés, beaucoup moins ailleurs.
Mais l'ironie de la situation, c'est qu'en mars dernier les abonnés de Rogers ont vu leur facture augmenter de 6 $ par mois, sans l'ajout du moindre service, et sans aucune révolte. En fait, d'après ce que l'on peut voir, malgré les augmentations successives, le nombre des abonnés du câble et du satellite ne cesse d'augmenter. Les faits ne confirment donc pas leurs arguments.
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Le 5 février de cette année, les employés de CHCH-TV d'Hamilton ont été convoqués à une réunion d'urgence où on leur a annoncé que la station et ses stations soeurs du réseau E! étaient en vente. Notre société mère, Canwest Global, nous a avisés qu'il faudrait trouver un acheteur d'ici huit à dix semaines, sinon le pire des scénarios pourrait se réaliser. Après 54 ans, la première station de télévision indépendante au Canada, CHCH-TV, pourrait disparaître.
Je m'appelle Donna Skelly et je représente un groupe d'employés qui tente de sauver CHCH-TV. Peu de temps après cette annonce consternante, nous nous sommes rassemblés pour mettre au point un plan en vue d'empêcher la disparition de CHCH-TV. La priorité de notre groupe d'employés diffère fondamentalement de celle des acteurs actuels de la crise dans le domaine de la radiodiffusion. Nous ne voulons pas avoir à rendre des comptes à des actionnaires qui exigent que leurs investissements aient un rendement élevé. Nous ne cherchons pas à étendre nos activités à d'autres industries ni à acquérir d'autres propriétés. Nous croyons tout simplement que les habitants d'Hamilton, d'Halton et de Niagara ont le droit d'avoir une station de télévision qui répond à leurs besoins et que ce droit est fondamental. Nous voulons prouver à la commission de réglementation du Canada, à vous, nos députés, et aux autres dirigeants des collectivités que la station CHCH-TV est bien plus qu'un moyen de rapporter de l'argent aux actionnaires. Cette station, la seule qui dessert un marché de plus d'un million de personnes, est devenue un service essentiel qui doit être protégé et préservé.
Nous savons que le modèle d'affaires de la télévision traditionnelle ne fonctionne plus. Mais est-ce qu'une autre personne ou un autre groupe vous en a proposé un nouveau pour les nouvelles locales? Voici ce qui se passe: les réseaux demandent maintenant un assouplissement des exigences relatives aux licences et des subventions pour pouvoir poursuivre leurs activités selon le même modèle dépassé.
Nous proposons une approche nouvelle et radicale pour les nouvelles locales. Il s'agit d'un modèle qui non seulement, à notre avis, protégera la télévision locale d'Hamilton, d'Halton et de Niagara, mais qui sera aussi utile à des stations et à des collectivités similaires au pays. Mais aujourd'hui, nous nous concentrons sur CHCH-TV.
Nous proposons que ce soit la collectivité qui détienne cette licence essentielle de radiodiffusion en direct. CHCH-TV serait donc contrôlée par la collectivité et dirigée par un conseil d'administration composé de dirigeants et de gens qui comprennent les collectivités où ils habitent. Le mandat serait axé sur la diffusion de nouvelles et d'informations importantes pour la population de ces collectivités. Le type d'émissions présentées aux heures de grande écoute, que l'on retrouve facilement sur les autres chaînes, ne feraient pas partie de la programmation.
Nous avons ciblé des sources peu communes de revenus qui permettront de financer notre modèle. La publicité habituelle sera cruciale; cependant, contrairement aux réseaux, nous solliciterions activement des fonds en échange de publicité auprès de nos entreprises locales, qui sont une source inexploitée et profitable de revenus. À l'heure actuelle, bien des entreprises locales n'ont tout simplement pas les moyens de faire de la publicité pendant les heures de grande écoute. C'est tout simplement trop cher. À notre avis, les diffuseurs dépendent trop de la publicité de portée nationale et n'offrent pas suffisamment de possibilités aux entreprises locales. J'ai été moi-même approchée par des propriétaires d'entreprises locales qui achèteraient volontiers du temps de diffusion pour faire la promotion de leurs produits si c'était abordable.
Le Fonds d'amélioration de la programmation locale sera aussi essentiel au financement et à l'amélioration d'un service de nouvelles et d'informations locales. Même si nous ne savons pas encore quels groupes pourront bénéficier de ce fonds, nous croyons que nul ne le mérite plus qu'une chaîne de télévision indépendante CHCH dans les collectivités qu'elle a pour mandat de servir. En fait, nous demanderions au CRTC et au comité d'inclure des critères d'admissibilité qui donneraient la priorité aux collectivités desservies par un radiodiffuseur qui offre un service local de télévision traditionnelle.
Le troisième élément de cette démarche de financement consiste à mettre au point une méthode de réglementation des fonds octroyés par la collectivité aux services locaux de télévision. Des résidants nous ont dit qu'ils souhaitaient continuer d'être desservis par une station locale et qu'ils voulaient que CHCH conserve un mandat axé sur le service local. Nous croyons que pour y arriver, il faut imposer par voie réglementaire des tarifs de distribution, qui apporteront un soutien financier à la télévision locale des collectivités visées par la licence de CHCH. Nous proposons que tous les distributeurs d'une zone de couverture donnée qui distribuent CHCH soient obligés d'ajouter un tarif déterminé pour la distribution du signal de la station. Ces distributeurs devraient donc continuer de distribuer CHCH.
Jusqu'à ce jour, les discussions concernant la crise que traverse l'industrie de la radiodiffusion au Canada ont principalement porté sur les moyens d'aider les réseaux en difficulté. Mais on ne s'est pas penché sur les conséquences de cette crise sur les personnes qui sont véritablement concernées, c'est-à-dire les contribuables canadiens. Lorsque Canwest Global a obtenu la licence d'exploitation de CHCH-TV en 2000, l'entreprise avait promis de produire 37,5 heures de programmation locale. Dans quelques semaines, Canwest comparaîtra de nouveau devant le CRTC pour lui demander l'autorisation de diffuser cinq heures de nouvelles locales par semaine, ce qui constituerait une réduction de la programmation locale de plus de 80 p. 100.
La programmation définitive n'a pas été dévoilée; toutefois, si cette réduction devait avoir lieu, les téléspectateurs d'Hamilton, d'Halton et de Niagara pourraient perdre leur émission du matin de trois heures, leur émission quotidienne du midi, leurs émissions d'actualités quotidiennes, tous leurs téléjournaux de fin de semaine, leurs nouvelles du sport locales et leurs émissions locales axées sur le mode de vie. Il resterait donc des émissions comme Snoop Dogg's Father Hood, Keeping Up with the Kardashians et Dr. 90210. Demandez aux habitants d'Hamilton, d'Halton et de Niagara les émissions qu'ils auraient retirées; je peux vous assurer qu'ils n'auraient pas choisi les nouvelles locales.
Les téléspectateurs canadiens perdent non seulement leurs nouvelles locales, mais aussi l'accès à des nouvelles de qualité. En raison de la réduction de l'effectif et des ressources, les nouvelles dignes de ce nom ont pour ainsi dire disparu des téléjournaux locaux. Bien des salles de nouvelles locales ne couvrent pas les événements qui nécessitent des ressources spécialisées et des journalistes expérimentés. La couverture des procès criminels locaux, des affaires municipales et des enquêtes demande beaucoup de temps et d'argent, et c'est désormais une denrée rare dans les téléjournaux locaux.
Nous croyons fermement qu'il faut obliger tout bénéficiaire de fonds publics alloués pour la production de nouvelles télévisées à consacrer une bonne partie de ces fonds à des nouvelles sérieuses. L'infodivertissement ne saurait se substituer véritablement aux nouvelles. Les radiodiffuseurs allègueront peut-être que ces fonds ne devraient pas faire l'objet d'une microgestion. Nous sommes d'avis que la santé de l'industrie en dépend.
Le 11 mars 2009, votre comité a consenti à se pencher sur l'avenir de la télévision au pays. Tout au long de votre étude, on vous a dit que l'industrie était en pleine crise. Je ne suis pas d'accord. Nous avons plutôt la chance d'apporter des changements radicaux au modèle d'affaires, de demander avec insistance le renforcement des exigences réglementaires applicables au renouvellement des licences, d'exiger que la diffusion de nouvelles sérieuses soit une priorité, de préciser dans les licences qui visent les marchés comme Hamilton, Halton et Niagara que les nouvelles locales sont des services essentiels, et de protéger ces licences dans l'intérêt des personnes qui sont véritablement concernées, à savoir les Canadiens, qui ont un droit fondamental, celui d'avoir des nouvelles locales.
Merci.
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Oui, je peux certes vous confirmer que, dans le cas de Cogeco Câble, nous serions dans l'obligation de passer les frais additionnels, les nouvelles redevances, qui devraient être payés aux télédiffuseurs conventionnels.
La raison est très simple. Nous sommes une entreprise à capital ouvert. Nous avons des actionnaires. Nous devons faire en sorte que leurs intérêts soient également représentés dans l'équation. Il ne s'agit pas uniquement des intérêts du système de radiodiffusion, de certains radiodiffuseurs, de nos consommateurs, mais aussi de nos actionnaires.
Pour reprendre l'objet de votre question, monsieur Rodriguez, disons que le problème ne peut être entièrement résolu avec un fonds d'aide pour la programmation locale. Nous sommes d'accord sur ce point.
Nous acceptons, contrairement à d'autres, qu'il y ait ce nouveau fonds. C'est déjà beaucoup mieux que s'il n'y en avait pas, mais ce n'est pas une panacée non plus, tout comme les redevances d'ailleurs.
Pourquoi ces redevances ne sont-elles pas une panacée? Parce que, comme je vous le disais dans ma présentation, les frais d'acquisition d'émissions américaines sont beaucoup trop élevés. On l'a dit au CRTC l'an dernier.
Les chiffres étaient dans le rapport de 2007. Les radiodiffuseurs privés canadiens ont dépensé environ 722 millions de dollars dans la programmation étrangère, soit 4,9 p. 100 de plus qu'en 2006, alors que les dépenses pour leur programmation canadienne ont diminué de 1,2 p. 100, soit à 616 millions.
C'étaient les chiffres du CRTC, monsieur Rodriguez. Cette année, ils varient un peu. Tant mieux si M. Viner a réussi à diminuer un peu l'augmentation des coûts pour la programmation américaine.
Cependant, le problème fondamental, c'est qu'il n'y a pas de règles. Ils peuvent dépenser ce qu'ils veulent pour acheter de la programmation américaine et affecter ce qu'ils veulent à la programmation canadienne.
Je dois confirmer, au soutien de M. Konrad von Finckenstein, que j'étais à l'audience publique du CRTC, à peu près à ce temps-ci en 2008, et j'attendais un engagement clair et précis d'un réinvestissement dollar pour dollar, d'un fee for carriage, dans la programmation canadienne, et ce n'est pas arrivé.
On a beau dire que c'était une audience de politique, mais la politique de radiodiffusion s'applique à tous les volets.