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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
Je vais commencer par mes quatre raisons pour lesquelles vous devriez rejeter ce projet de loi. Ces raisons m'apparaissent claires et j'espère que le comité les prendra en compte.
Tout d'abord, la Chambre des communes a déjà adopté à deux reprises un projet de loi identique que j'ai présenté, le projet de loi . Il a été adopté à l'unanimité; il jouissait du soutien de tous les partis. C'était le fruit d'un très grand compromis. Les députés se souviennent sans doute qu'à cette époque, il était très difficile d'amener les tenants de la protection des animaux et ceux qui utilisent des animaux à discuter de la question pour dégager un consensus. Nous sommes arrivés si près du but que tous les partis se sont entendus pour adopter mon projet de loi à la Chambre des communes. Ce texte législatif, qui est pratiquement identique à celui dont vous êtes saisis aujourd'hui, a été renvoyé deux fois au Sénat.
En quoi cela touche-t-il ce projet de loi? Le Sénat nous dit aujourd'hui ce qui est possible dans ce projet de loi. Il rejette ce que la Chambre des communes lui a renvoyé deux fois et nous présente des dispositions législatives totalement inefficaces.
Cela m'amène à mon deuxième point: il est insensé d'adopter une loi sur la cruauté envers les animaux à laquelle s'opposent tous les principaux groupes de protection des animaux. Cela n'a pas de sens que de vouloir adopter un projet de loi contre lequel s'élèvent toutes les principales organisations de protection des animaux. Je ne vois pas comment nous pourrions expliquer cela à nos électeurs. Je ne parle pas ici des animalistes, mais bien de ceux qui défendent en première ligne les animaux contre les mauvais traitements. Je parle des sociétés pour la protection des animaux et des vétérinaires qui, jour après jour, voient des animaux ayant subi de graves sévices et qui veulent que cela cesse. Ils savent qu'il ne sert à rien de tout simplement alourdir les peines si on ne peut obtenir de condamnations.
Voilà où le bât blesse: on n'arrive pas à faire condamner les coupables. Seulement un quart de un pour cent de toutes les plaintes de sévice contre des animaux se soldent par une condamnation. Il y a quelques semaines, vous avez entendu un représentant de la SPCA vous dire qu'il était impossible d'appliquer les dispositions législatives existantes.
Il y a un autre élément tragique à ce dossier: non seulement les animaux sont victimes de sévices terribles, mais ces derniers mènent souvent à des sévices à l'endroit d'êtres humains, à des actes de violence contre des êtres humains. Voilà notamment pourquoi, comme on l'a expliqué à votre comité, la Floride a lancé une campagne pour encourager les gens à signaler la cruauté envers les animaux le plus tôt possible, car cela peut servir à prévenir la violence conjugale ou familiale. N'oublions pas qu'il y a un lien — même si le sort des animaux nous laisse indifférent, ce qui n'est certainement pas le cas de nous tous ici — entre la cruauté envers les animaux et la violence envers les personnes. Nul doute que nous voulons tous saisir cette occasion de mettre fin à cette violence le plus tôt possible.
Troisièmement, je vous rappelle les remarques que le sénateur Bryden a faites devant votre comité et ailleurs, voulant qu'il n'appuierait pas le projet de loi . Si ce n'était qu'une étape sur la voie qui nous mènera à l'atteinte de notre objectif, même si la Chambre a déjà affirmé que nous avons une loi efficace contre la cruauté envers les animaux, on pourrait s'attendre à ce que le Sénat soit prêt à accepter ce que la Chambre a adopté deux fois, après qu'on y aura apporté quelques petits changements, peut-être. Je sais que le gouvernement juge cette attitude inacceptable en ce qui concerne le projet de loi dont il réclame l'adoption immédiate par le Sénat. La criminalité est un enjeu extrêmement important et il faut lutter contre le crime sans tarder. Le Sénat ne devrait pas dire à la Chambre des communes ce qu'elle devrait faire, mais devrait plutôt régler cette question sans délai. Pourtant, en ce qui concerne la cruauté envers les animaux, on applique une toute autre norme. Même si nous avons renvoyé le projet de loi deux fois au Sénat, nous laissons le Sénat imposer sa volonté et nous dire ce qui est possible et ce qui devrait être fait.
Quatrièmement, je voudrais souligner l'énorme vague de soutien des Canadiens. J'ai devant moi des milliers de signatures que j'ai reçues seulement au cours du dernier mois et que je présenterai sous peu à la Chambre. La semaine dernière, un député conservateur m'a apporté 2 300 signatures provenant de gens de sa circonscription qui s'opposent au projet de loi S-203 et qui appuient le projet de loi . Il y a plus de 130 000 signatures sous une forme tout à fait officielle de gens réclamant le rejet du projet de loi du Sénat et l'adoption d'une loi efficace sur la cruauté envers les animaux telle que le projet de loi que la Chambre des communes a déjà adopté et qui y a été déposé de nouveau. Sur Facebook, des milliers de gens de partout réclament à grand cri une mesure toute simple, soit des dispositions législatives actualisées pour lutter contre la cruauté envers les animaux.
L'adoption de cette mesure législative, qui ne traite que des peines, ne mettra pas fin à l'embarras dans lequel se trouve le Canada sur la scène internationale au chapitre des lois contre la cruauté envers les animaux. À l'heure actuelle, nous venons après les Philippines. Nous sommes un pays du tiers monde en matière de lois sur la cruauté envers les animaux et ce projet de loi n'y changera rien.
Je demande donc aux membres du comité d'avoir le courage de défendre ce que la Chambre a déjà appuyé, de défendre le projet de loi que les élus de la Chambre des communes ont déjà adopté et de dire au Sénat que ça suffit et que le temps est venu d'adopter enfin une loi efficace pour lutter contre la cruauté envers les animaux.
Merci, monsieur le président.
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Je remercie le président ainsi que les membres du comité de me permettre de parler d'une question de la plus grande importance pour la Société mondiale pour la protection des animaux (SMPA) et les Canadiens.
La SMPA est la plus grande alliance internationale d'organismes de protection des animaux dans le monde. Nous avons établi des partenariats avec plus de 850 organismes répartis dans 170 pays. Nos partenaires dans le monde comprennent la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals, l'American Humane Association, l'American, la SPCA américaine et de nombreux autres encore. La SMPA détient un statut consultatif au sein des Nations Unies et un statut d'observateur auprès du Conseil de l'Europe. Notre objectif est d'améliorer les normes de protection des animaux partout dans le monde par le biais du travail sur le terrain et de la défense des droits.
La SMPA-Canada est un organisme de bienfaisance enregistré dont les bureaux sont à Toronto et qui compte plus de 30 000 partisans au pays et des centaines de milliers d'autres dans le monde. Si l'on inclut dans ce total les partisans de nos sociétés membres au Canada, nous représentons plus de 200 000 Canadiens et Canadiennes.
La SMPA se joint à ses sociétés membres, à la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux (CFHS), ainsi qu'à la SPCA de l'Ontario et à d'autres organismes internationaux comme le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) pour s'opposer au . On prétend que ce projet de loi a été suggéré pour assurer la protection des animaux et pourtant, aucun groupe de protection des animaux au pays ne lui donne son soutien. Nous nous opposons à ce projet de loi parce que nous ne croyons pas que c'est une amélioration tangible des dispositions actuelles du Code criminel sur la cruauté envers les animaux, qui n'ont pas fait l'objet de modifications significatives depuis qu'elles ont été promulguées en 1892. Cette loi désuète ne tient pas compte des lacunes dans la réglementation actuelle qui permet aux personnes infligeant des mauvais traitements aux animaux de s'en tirer sans aucune forme de punition.
Comme vous le savez, la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux (CFHS) a comparu devant votre comité et vous a appris qu'elle a calculé que moins de 1 p. 100 des plaintes concernant les mauvais traitements faits aux animaux au pays finissent par une condamnation. Le prolonge la durée de la peine et c'est tout ce qu'il fait. Nous n'appuyons pas ce projet de loi parce que nous ne croyons pas qu'il est très utile si les responsables de la mise en application de la loi ne peuvent poursuivre les gens qui infligent des mauvais traitements aux animaux dans la majorité des cas. Quelle différence y a-t-il à prolonger les peines s'il est impossible de poursuivre les contrevenants?
Le exige que le tribunal puisse prouver qu'une personne a volontairement négligé un animal. Nous avons entendu de la part des sociétés protectrices de partout au pays que le fardeau de la preuve est trop grand, et c'est une des raisons principales du peu de plaintes concernant les abus envers les animaux qui se traduisent par des condamnations en vertu du Code criminel. Les poursuivants ne réussissent pas à faire condamner les gens qui ne nourrissent pas leurs animaux parce qu'ils ne peuvent prouver que les propriétaires voulaient causer un préjudice, même si n'importe quelle personne responsable sait que les animaux, tout comme nous, ont besoin de manger tous les jours et souffrent lorsqu'ils ont faim. Le corps maigre d'un animal prouve qu'on ne l'a pas nourri depuis longtemps. Les actions ou l'inaction du contrevenant devraient être suffisantes pour le faire condamner.
Nous croyons que la formulation du explique clairement ce délit et que, par conséquent, cela fera augmenter le taux de condamnations.
Le considère que ce n'est pas un délit que d'élever, d'entraîner ou de vendre des animaux pour qu'ils se battent jusqu'à la mort en autant que la personne n'est pas présente au moment du combat. Vous serez d'accord avec moi pour dire que les sports illégaux font rarement l'objet de publicité. Les combats de chiens devraient être aussi clairement interdits que les combats de coqs dans le projet de loi. Nous sommes d'avis qu'entraîner des chiens à se battre et être en possession d'équipement de combat pour les chiens devraient être interdits aussi. Nous croyons que c'est nécessaire pour empêcher les gens de participer à ce sport brutal et de l'encourager. La Animal Welfare Act de Grande-Bretagne va même plus loin puisqu'elle criminalise le profit, la publicité et la promotion de tout combat entre animaux.
Tout comme la loi désuète actuellement en vigueur, le assure moins de protection pour les animaux qui n'ont pas de propriétaire, même si les animaux égarés, ensauvagés et sauvages risquent de souffrir de la même façon. Il n'est pas interdit de tuer, de mutiler, d'empoisonner ou de blesser des animaux sans propriétaire sans raison ou excuse légitime. Donc, tout comme c'est le cas actuellement, il continuerait d'être acceptable de battre un chien égaré avec un bâton de baseball en autant que le chien meurt rapidement. La SMPA est fortement convaincue que tous les animaux doués de sensations devraient être protégés contre le risque d'être tués, mutilés, empoisonnés et blessés et qu'ils devraient être protégés contre la souffrance et la négligence.
Si le gouvernement a vraiment l'intention de s'attaquer au crime afin d'avoir des collectivités plus fortes et sécuritaires au Canada, il ne faudrait pas oublier la relation étroite entre les crimes contre les animaux et les crimes contre la personne. Les recherches montrent que les gens qui maltraitent les animaux sont souvent plus susceptibles de commettre des actes de violence contre d'autres personnes par la suite. Certains des tueurs en série les plus notoires ont maltraité des animaux avant de tuer des gens. Leurs premiers crimes contre les animaux auraient dû servir d'avertissement en ce qui concerne leur prédisposition à porter atteinte à des personnes.
Le gouvernement a la possibilité d'adopter une loi qui non seulement règle la question des abus envers les animaux, mais peut aussi arrêter un cycle de violence dans la collectivité. Si l'on apprend aux gens à respecter la vie des animaux, ils respecteront par le fait même la vie des êtres humains.
J'ai résumé les points principaux concernant ce projet de loi, mais il existe bien d'autres problèmes sur lesquels je ne donnerai pas trop de détails, y compris le fait que le projet de loi garde la classification illogique des animaux et la définition étrange du bétail qui figure actuellement au Code criminel. Le considère toujours que les animaux sont un bien et classe les délits contre les animaux dans la catégorie des infractions contre les biens. Contrairement aux objets inanimés, les animaux ont la capacité de ressentir la douleur et la souffrance. Puisque leur capacité de ressentir des sensations est la raison pour laquelle nous avons une loi pour les protéger, cet élément de base devrait se refléter dans la loi ainsi que dans la façon dont les infractions sont nommées et dans la façon dont les contrevenants sont punis.
Votre comité a entendu beaucoup de points de vue non fondés et hystériques concernant les modifications qu'appuient les groupes de protection des animaux, comme celles qui figurent dans le , et la façon dont elles viendront changer la façon de chasser, de trapper et de pêcher. Certains intervenants ont accusé les opposants au projet de loi d'avoir un motif secret pour ce qui est des principes de la protection des animaux. Ce genre de commentaires est absurde.
Comme bien d'autres groupes qui soutiennent le , la SMPA désire simplement l'adoption d'une loi qui protège efficacement les animaux contre des gestes horribles de cruauté, d'abus et de négligence. Les modifications proposées dans le projet de loi C-373 arrivent à trouver un juste milieu entre la condamnation et la punition efficaces des gens qui infligent des mauvais traitements aux animaux et la protection de ceux qui utilisent les animaux de façon légale.
Dans sa déclaration devant votre comité, le sénateur John Bryden a dit que le projet de loi ne réglait qu'une partie du problème, mais que des modifications ultérieures devraient être faites. On demande donc au comité d'adopter une loi déficiente sous prétexte que certains intervenants ne se sentent pas à l'aise avec les changements demandés par d'autres intervenants. Ne devrions-nous pas plutôt nous demander si leurs préoccupations sont fondées? Si ces intervenants pensent que leur droit d'utiliser les animaux n'est pas protégé adéquatement, la solution ne consiste pas à laisser des failles dans la loi, mais plutôt à préciser les droits de ces groupes.
La SMPA accorderait sans hésiter son soutien à ce projet de loi si l'on pouvait le modifier pour qu'il ressemble au projet de loi C-373 qui est essentiellement le même que les projets de loi précédents, les , C-15b, et , qui ont été adoptés deux fois par la Chambre des communes. Ces projets de loi sont basés sur près de 10 années de consultations; ils ont reçu un soutien à grande échelle des groupes de l'industrie, des groupes de protection des animaux, de tous les partis politiques et du public.
Le projet de loi est manifestement inefficace si les gens qui font mourir les animaux de faim, ceux qui battent les chiens égarés avec des bâtons de baseball et entraînent des chiens à se battre peuvent continuer à agir de la sorte sans être condamnés. Ce projet de loi n'élimine pas les failles actuelles, la terminologie archaïque ni les insuffisances de la loi originale. Plutôt, il les garde.
Le ne donne pas aux Canadiens ce qu'ils exigent de leur gouvernement. Les Canadiens ne considèrent plus les animaux de la même façon qu'on le faisait à l'époque victorienne. Ils veulent une loi moderne, efficace et assortie de moyens d'en assurer l'application, une loi qui protège les animaux contre les actes malicieux et cruels. Nous attendons depuis longtemps d'avoir des lois plus sévères afin de protéger les animaux, mais la proposition que doit étudier le comité n'en vaut pas la peine.
Au nom de la SMPA, je vous demande de vous opposer au . Il a fallu attendre plus de 100 ans pour apporter des changements à la loi sur la cruauté envers les animaux. Nous devons donc nous assurer que la loi vaille ces longues années d'attente.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Notre rôle est de mettre à jour une loi qui a été adoptée en 1892, au XIXe siècle, pour l'adapter au XXIe siècle. D'ailleurs, le ministre de la Justice, témoignant devant le Sénat il y a deux semaines a présenté exactement les mêmes arguments, comme quoi il faut moderniser une loi qui a plus d'un siècle. Je pense que ses arguments se rapportant particulièrement à l'âge du consentement aux relations sexuelles étaient tout à fait valables. C'est une partie du projet de loi que j'appuie toujours fermement, comme quand nous l'avons étudié.
Pour la même raison, le même sentiment s'applique au projet de loi S-203, et en particulier les amendements que je propose. Nous nous écartons de l'ancienne mentalité qu'avait notre société, et de la façon dont nous traitions les animaux à l'époque, pour passer à de nouvelles façons de faire et à de nouvelles attentes par rapport aux traitements que nos concitoyens réserveront désormais aux animaux.
Monsieur le président, je sais que le temps file. L'amendement porte sur la définition du terme « animal »... Actuellement, au sens des articles 444 à 447, les animaux sont un bien. Nous changeons cette attitude, pour les considérer comme des êtres sensibles. Nous commençons donc par modifier la définition du terme « animal », pour que ce soit: « Tout vertébré, à l'exception de l'être humain ». C'est ce qui est répété ailleurs dans les amendements.
Monsieur le président, nous nous efforçons ainsi de ne plus percevoir les animaux comme des biens, mais comme des êtres sensibles. Vous avez encore aujourd'hui entendu des témoins parler de l'importance de cette attitude, pour le traitement de personnes qui ont des problèmes psychiatriques, émotifs, ou psychologiques graves et qui usent de violence contre les animaux en leur infligeant des sévices ou en les tuant. En modifiant cette définition pour faire passer les animaux du statut de propriété au statut d'êtres sensibles, nous agissons à titre de société et de législateurs notamment pour régler ce problème. Je pense qu'il vaut la peine d'en parler et d'insister là-dessus. C'est ce que nous proposons à l'article 444.
Au sujet de l'article 445 que nous proposons, nous avons entendu aujourd'hui la Société mondiale pour la protection des animaux dire qu'il était impossible d'accuser des contrevenants qui infligent des sévices aux animaux, faute de pouvoir prouver une intention coupable claire, ou presqu'absolue. En droit criminel le concept mens rea est très clair. Malheureusement, le libellé actuel des articles du Code criminel et surtout, monsieur le président, l'interprétation qui en a été faite rend nécessaire l'introduction d'une notion plus large. Il faudra que ces infractions soient non seulement le produit d'une intention mais aussi de négligence.
Cela me rappelle des dossiers que j'ai traités comme avocat de la défense, où des animaux avaient été laissés sans nourriture, sans que quiconque soit condamné, même s'il était évident que les animaux étaient victimes de négligence, plutôt que de sévices physiques pour lesquels on se serait servi d'instruments de torture. Dans l'article 445 que nous proposons, l'intention n'a pas à être absolue et il peut ne s'agir que de négligence téméraire. Je veux dire au comité qu'il ne s'agit pas de la notion de simple négligence mais d'une norme de preuves supérieure, pour la négligence téméraire ou l'insouciance, mais tout de même en deça de l'aspect délibéré de la norme actuelle.
Monsieur le président, passons à l'article qui porte sur une liste d'actes qui deviendraient des infractions. Je présume que les membres du comité l'ont lu. Je pense que l'élargissement de l'article sur l'empoisonnement est important. Il s'agit de l'alinéa 445(1)d). Encore une fois, il s'agit d'élargir la portée du code.
Je pense que la condamnation récente de M. Vick aux États-Unis nous a tous sensibilisés à la question des combats d'animaux. L'alinéa 445(1)e) élargit la portée de l'infraction pour inclure l'encouragement, la promotion et l'organisation de combat, la présence au combat et l'acceptation d'argent pour le combat ou le harcèlement des animaux. Cela englobe, que nous sachions, tous les aspects possibles de cette activité, pour en faire très clairement un acte criminel.
À l'article suivant, ou plutôt à l'alinéa f), nous parlons plus précisément des combats de coqs. Dans la disposition actuelle du code, il y a bien des dispositions relatives aux arènes de combats de coqs, mais leur portée est trop étroite. Nous avons donc gardé le terme « arène de combats de coqs » mais nous y avons ajouté « ou d'autres animaux ».
Divers groupes de défense des animaux m'ont dit qu'actuellement, les combats de coqs ont souvent lieu dans des arènes temporaires aménagées dans des stationnements souterrains, ce qui ne constitue pas une infraction aux dispositions actuelles du Code criminel. Cette modification nous permet de lutter contre ces activités, tenues dans ce genre d'arène, la plus commune, du moins d'après ce que nous disent les défenseurs des droits des animaux. Maintenant, il s'agit clairement d'une infraction.
La disposition suivante s'explique d'elle-même. C'est la suite de ce qui précède, pour englober toutes les activités de ce genre.
Passons au paragraphe 445(2), actuellement dans le projet de loi S-203. Il remplacerait cette disposition. Nous venons d'en discuter, en réponse à une question de M. Bagnell sur les infractions punissables par déclaration sommaire de culpabilité qui deviennent des infractions mixtes, ce qui donne le choix entre les deux procédures, en fonction de la gravité des actes posés. En outre, on pourra recourir à la mise en accusation plus souvent, dans les cas de récidive, à la discrétion du procureur.
Dans l'article 446, on s'attarde davantage à la négligence, soit la négligence causant des souffrances inutiles. Encore là, la norme de preuve est inférieure. Nous ciblons principalement les propriétaires d'animaux, ou ceux qu'ils ont délégués ou désignés pour en avoir la garde ou le contrôle. Nous ajoutons un nouveau critère intégrant le concept de négligence.
J'hésite à faire cette analogie, mais cela rappelle les dispositions actuelles du régime visant à lutter contre les sévices infligés aux enfants: lorsque l'agression a été commise par le parent qui a la garde de l'enfant ou un autre intervenant, il y a une infraction distincte pour négligence. Ce concept est maintenant intégré à l'article 446.
Au paragraphe 446(2), nous donnons la définition de « par négligence ». C'est une préoccupation pour les agriculteurs, les trappeurs, les pêcheurs et les chasseurs. « Par négligence » est catégorisé de manière assez claire. Rappelons les négociations que nous avons eues dans le cadre de l'étude du projet de loi C-50 et de son précurseur, le — c'est le projet de loi qui a été rejeté par le Sénat — il y a eu beaucoup de négociations sur la norme de preuve, puisque c'était une préoccupation très sincère de la part des groupes d'éleveurs, de chasseurs et de pêcheurs.
Donc, « par négligence » qualifie « tout comportement qui s'écarte d'une façon marquée du comportement normal qu'une personne prudente adopterait ».
C'est une norme bien établie dans chacun de ces secteurs, qu'il s'agisse d'agriculture, de pêche ou de chasse. Si votre comportement s'écarte de façon marquée de cette norme, vous pourriez être reconnu coupable d'avoir, par négligence, causé un préjudice à un animal ou sa mort.
Une partie des déclarations alarmistes qui ont été faites au sujet de ce projet de loi évoque la perspective qu'un animaliste typique invoque l'article 446 pour que soient déposées les accusations contre des agriculteurs, des pêcheurs, des chasseurs et des chercheurs qui utilisent des animaux. Or, dans chacun de ces secteurs de l'économie, il existe des normes de longue date en la matière. Il suffit donc de déterminer que ces normes ont été respectées.
Il importe de comprendre que cela n'entraînera pas une mer d'accusations. Je ne veux pas donner raison aux alarmistes à ce sujet. Dans toutes les régions du pays, depuis que le Code criminel a été modifié, les poursuites privées sont très rares. Elles doivent être approuvées par le substitut du procureur général local et sont assujetties à des restrictions et contrôles importants. Quand une poursuite privée est présentée, le procureur ne l' autorise que si la conduite qu'elle vise s'écarte de la norme établie. Sinon, la poursuite ne sera pas autorisée.
Notre système de justice pénale comprend donc un mécanisme très précis — la définition, les normes qui ont été établies dans les divers secteurs et la capacité qu'ont les substituts du procureur général d'empêcher les poursuites frivoles abusives de se rendre jusqu'au tribunal.
C'est une préoccupation légitime. Au fil des ans, j'ai eu des clients qui ont dû se défendre contre des poursuites intentées par le gouvernement et qui n'avaient qu'une chance raisonnable de mener à des accusations. Honnêtement, ce ne sont pas les poursuivants privés mais les organismes gouvernementaux qui présentent le plus grand risque à ce chapitre. Quoi qu'il en soit, je crois que les mesures les plus serrées ont été imposées et qu'aucune vague de poursuites ne déferlera sur nous.
Il en va de même pour le paragraphe 446(3). Ces infractions seraient considérées comme des infractions punissables sur déclaration sommaire de culpabilité ou comme des actes criminels, selon la décision du procureur.
L'article 447 accroît le pouvoir d'imposer des peines outre l'incarcération et une amende. Celles-ci sont déjà prévues dans le projet de loi S-203, mais j'en ai ajouté quelques-unes. Essentiellement, il s'agit de conférer au procureur, et, bien sûr, à la cour, le pouvoir d'interdire au condamné d'avoir le contrôle d'un animal. La cour peut aussi ordonner, comme le prévoit déjà le projet de loi S-203, que le condamné défraie l'organisme qui a pris soin des animaux de ses frais. Ce sont là les deux éléments de cette disposition.
L'article 447.1 porte sur les moyens de défense. Ce sont des moyens découlant de la common law qui ne sont nullement touchés et qu'on pourrait donc continuer d'invoquer.
Je me souviens que, pendant ma première année d'études de droit, dans mon cours de droit criminel, on nous a donné l'exemple d'une personne accusée d'avoir tiré des coups de feu sur un chevreuil en période interdite. Pendant le procès, on a appris que le chevreuil voulait attaquer l'homme qu'on accusait de l'avoir tué. La défense a donc invoqué la légitime défense, un moyen de défense issu de la common law — cela ne figurait pas dans la loi qui, en l'occurence, est une loi provinciale. L'accusé a évidemment été acquitté. Ce sont là les moyens de défense qui figurent au paragraphe 429(2) et qui continueront d'exister. Les dispositions sur la négligence et l'insouciance n'auront aucune incidence sur ces moyens de défense, qui pourront être invoquées.
Quand le Sénat nous avait renvoyé le projet de loi , il nous avait justement reproché de ne pas avoir prévu une disposition de non-dérogation.
À l'époque, monsieur le président, il est intéressant de noter... je me fais l'effet d'un historien quand je vous raconte ces histoires. À l'époque, on commençait à peine à inclure de façon plus systématique une disposition de non-dérogation dans les lois. Toutes sortes de mesures législatives en matière environnementale ont été déposées et étudiées à cette époque, et c'est alors qu'on a jugé bon d'inclure une disposition de non-dérogation, ce que nous n'avions toutefois pas fait pour le projet de loi avant qu'il ne soit adopté par les Communes.
Quoi qu'il en soit, c'est un des motifs que le Sénat a invoqué pour ne pas adopter le projet de loi à l'époque. Il avait prétendu que ce n'était pas parce qu'il s'opposait au projet de loi. Nous avons maintenant une disposition de non-dérogation. Il y en avait une dans le projet de loi et dans mon amendement.
À l'article 447.3, par souci de clarté, nous prévoyons des dispositions spéciales. Monsieur le président, les représentants des services de police du pays nous ont dit craindre que leurs animaux soient ciblés. Ils nous ont dit que les animaux qu'ils emploient, les chevaux et les chiens, sont régulièrement la cible des malfaiteurs. Ainsi, dans des bâtiments servant à la culture de drogue, il est arrivé qu'on installe des pièges, notamment du poison, devant servir à tuer un animal, un chien, et non pas un être humain. C'est ce qu'on nous a dit. On nous a aussi dit que les chevaux qu'emploient la police pour contrôler les foules lors de manifestations sont parfois la cible des manifestants.
Nous avons donc prévu un article à ce sujet. Nous avons voulu répondre aux préoccupations des policiers du pays.
La dernière disposition proposée, le paragraphe 447.3 (4), comme d'autres articles semblables, fait en sorte qu'on puisse ordonner à l'auteur du crime, une fois qu'il a été condamné, de rembourser le coût des soins à l'animal.
Merci, monsieur le président.
Je n'interviendrai qu'une fois aujourd'hui, car je ne voudrais pas répéter la même chose sur tous les amendements.
Ce que dit M. Comartin sur les autres membres du comité n'est pas tout à fait vrai, car il ne peut pas dire ce à quoi les autres membres du comité accordent leur appui. Nous ne débattons même pas de ce projet de loi.
Je vais vous donner les motifs pour lesquels je ne vote en faveur d'aucun de ces amendements aujourd'hui. Certains d'entre eux sont excellents, et en fait, normalement, je les appuierais en théorie. Je veux dire que tout ce qui concerne les combats de coqs et de chiens est insupportable. Dans le cadre de la législation actuelle, il y a des organisateurs de combat qui s'en sortent en toute impunité et qui ne devraient pas s'en sortir ainsi. Plusieurs excellents amendements concernant des projets de loi antérieurs devraient se retrouver ici. La réalité, c'est que des dizaines de milliers de Canadiens ont demandé des peines plus sévères et des mesures concrètes.
Dans la situation politique où nous nous trouvons, il pourrait y avoir des élections très prochainement. Évidemment, ce projet de loi ne répond pas à toutes mes aspirations ni à celles des autres membres du comité, quelles que soient leurs affiliations politiques. Nos délibérations auraient certainement eu un résultat bien différent si elles s'étaient tenues à une autre date.
Ce projet de loi comporte certaines mesures, et je pense que le fonctionnaire du ministère de la Justice qui a comparu parmi nos témoins a bien indiqué qu'il y avait eu des centaines de condamnations au Canada, mais lors de ces condamnations, le choix des peines à imposer était très limité.
Lorsque les projets de loi antérieurs, comme le projet de loi C-50 et ses prédécesseurs, nous ont été présentés par le ministère de la Justice, les fonctionnaires nous ont dit qu'ils avaient notamment pour objectif d'alourdir les peines imposées. Le projet de loi à l'étude impose dans certains cas des peines dix fois plus lourdes. L'un des témoins nous a montré des tableaux indiquant la situation du Canada par rapport au reste du monde. De ce point de vue, dans le cadre du projet de loi, le Canada passerait de l'une des pires positions à l'une des meilleures au classement mondial.
Le deuxième intérêt du projet de loi concerne l'ajout des infractions hybrides punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire. L'expert du ministère de la Justice a dit que c'était là un changement majeur.
Troisièmement, on trouve dans le projet de loi cette notion de dédommagement que j'aurais souhaité trouver dans tous les projets de loi précédents. Les sociétés de défense des animaux ne sont pas bien riches. Elles doivent prendre en charge les animaux victimes de sévices. Elles auraient la possibilité de se faire rembourser par l'auteur des infractions.
Évidemment, le projet de loi ne fait pas tout ce que nous aurions voulu qu'il fasse, mais nous nous trouvons dans une situation politique où le gouvernement avance toutes sortes de motifs pour présenter des motions de confiance susceptibles de déclencher des élections. Nous allons avoir un budget dans quatre jours ouvrables, je crois, et le NPD a déjà dit qu'il allait voter contre. Il se pourrait fort bien que des élections soient déclenchées. Comme chacun sait, en cas d'élections, tous les travaux en cours sont abandonnés. Si nous décidons d'apporter certains de ces bons amendements au projet de loi, celui-ci devra ensuite passer au Sénat qui ne se contentera certainement pas de quatre jours. Je ne sais pas exactement comment les sénateurs procèdent.
Étant donné les dizaines de milliers de Canadiens qui souhaitent des sanctions plus lourdes, je ne pourrais pas, face à un projet de loi... Comme je l'ai toujours dit depuis que nous débattons de cette question, je voterais pour toute mesure susceptible de lutter contre la cruauté envers les animaux. Il y a sans doute encore d'autres mesures à prendre, mais je ne pourrai pas voter contre des mesures qui réduiraient la cruauté si nous en avons la possibilité.
Dans la situation politique où nous nous trouvons, il faut se demander concrètement si nous allons pouvoir faire aboutir le projet de loi. Si nous y apportons des amendements, nous allons ralentir sa progression et nous aurons beaucoup moins de chance d'atteindre notre but; nous allons rester dans la situation qui prévaut depuis le XIXe siècle.
Merci, monsieur le président.