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Bienvenue à tout le monde après la relâche parlementaire.
Nous poursuivons notre étude du secteur des services au Canada. C'est la 14e réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous effectuons un examen du secteur des services au Canada.
Nous recevons aujourd'hui cinq organismes. Le premier organisme, le Conseil canadien des chefs d'entreprise, est représenté par David Stewart-Patterson vice-président exécutif, et par Sam Boutziouvis, vice-président pour l'économie et le commerce international.
Le second organisme, la Canadian Co-operative Association, est représenté par Carol Hunter, sa directrice exécutive, et par John Anderson, directeur des relations gouvernementales et de la politique publique.
Le troisième, la Coalition canadienne de services, est représenté par l'honorable Sergio Marchi, son président. Soyez le bienvenu.
Le quatrième, le Conseil canadien de la coopération, est représenté par Brigitte Gagné, sa directrice générale.
Le dernier, enfin, la Toronto Association of Business Improvement Areas, est représenté par Michael Comstock, son vice-président.
Vu le nombre de témoins présents aujourd'hui, nous limitons à cinq minutes les remarques liminaires de chaque organisme. Nous allons entendre les témoins dans l'ordre où je les ai présentés, si bien que nous commencerons avec M. Stewart-Patterson.
Pour pouvez commencer votre exposé. Vous avez cinq minutes pour le faire.
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Merci, monsieur le président, je me réjouis de pouvoir comparaître ce matin.
Le secteur des services englobe un vaste éventail d'emplois, soit les trois quarts des emplois de notre économie. Si vous le permettez, je concentrerai ce matin mes propos sur deux domaines dans lesquels nous avons effectué des recherches spécifiques pour voir ce qu'il faut pour occuper ces emplois très qualifiés et bien rémunérés du secteur des services: ceux des sièges sociaux et ceux en recherche et innovation?
Le sujet des sièges sociaux est venu sur le tapis l'an dernier, suite à la prise de contrôle de plusieurs grandes entreprises canadiennes résultant d'acquisitions par des investisseurs étrangers. Ces transactions ont ravivé dans certains milieux la crainte d'un « évidement » des sièges sociaux canadiens. Vu que nous sommes une association de chefs d'entreprise, ce qui touche les sièges nous importe particulièrement, ainsi d'ailleurs que le bien-être de tous les Canadiens et c'est pourquoi nous avons décidé de creuser davantage la question des emplois de siège social.
La première observation que j'aimerais faire c'est que le lieu où vivent les actionnaires d'une société ne détermine pas nécessairement celui où elle décide d'implanter ses centres de prise de décision de haut niveau. Beaucoup des succursales canadiennes de multinationales étrangères fonctionnent comme des centres de leadership exerçant des responsabilités nord-américaines, voire mondiales. De même, les sociétés canadiennes tendent à élargir leur gamme d'emplois de direction à l'étranger lorsqu'elles pénètrent des marchés internationaux et recrutent du talent à l'échelle mondiale. En d'autres termes, le Canada doit concurrencer pour être un endroit de prédilection pour les emplois de siège social, tant chez les firmes canadiennes qu'étrangères.
L'an dernier, nous avons effectué un sondage détaillé de nos chefs d'entreprise membres sur la façon dont les sociétés décident où implanter des activités de leur siège social. Les réponses ont indiqué deux motivations dominantes.
La première est la politique fiscale. En ce qui concerne les impôts sur les sociétés, les données économiques sont claires depuis longtemps: dans une économie mondialisée, les impôts élevés sur les sociétés ne payent pas. C'est une question cruciale pour toutes les entreprises du secteur des services, parce que la structure fiscale canadienne actuelle est fortement défavorable aux sociétés de services. Étant donné la crise manufacturière actuelle, la volonté des décideurs de s'efforcer à court terme de retenir les emplois dans ce secteur est compréhensible. Mais le Canada dépendra des services pour fournir le gros de la croissance des emplois à l'avenir, alors que son système fiscal décourage activement les investissements dans ce secteur.
L'Institut C.D. Howe a observé que, dans le secteur des services, le Canada possède le deuxième taux effectif marginal d'imposition sur les investissements des sociétés dans le secteur des services, ne le cédant qu'aux États-Unis. Même des pays à fort taux d'imposition comme la Suède comprennent l'importance de cet élément. Malgré un fardeau fiscal global plus élevé que celui du Canada, la Suède a un taux d'imposition effectif sur les investissements des entreprises inférieur de 42 p. 100 au nôtre et son taux effectif d'imposition sur les investissements dans le secteur des services est moins de la moitié du nôtre.
Lorsqu'il est question d'attirer des emplois de siège social, le taux d'imposition des particuliers entre également en ligne de compte. Il est vrai que, lorsqu'on réfléchit à l'endroit où l'on veut habiter avec sa famille, on tient compte de toute une série de facteurs. Mais il est indéniable que ceux qui sont très qualifiés et peuvent avoir un revenu élevé n'importe où dans le monde insistent d'abord et avant tout sur ce qu'ils peuvent acheter avec leurs gains après impôt.
Comme l'a indiqué l'Institut C.D. Howe dans son exposé au Groupe d'études sur les politiques en matière de concurrence, « Les politiques qui permettent aux sociétés de payer des revenus bruts élevés et les impôts sur le revenu individuels qui laissent une grande part de ces revenus bruts dans les poches de ceux qui les gagnent sont une source clé d'avantage concurrentiel pour une compétence cherchant à attirer des activités d'entreprises de grande valeur. »
Il y a un second point, très différent, qui a aussi une énorme incidence sur les décisions d'implantation d'emplois de sièges sociaux: le fait que les cadres supérieurs de grandes sociétés doivent beaucoup voyager. Ils doivent gérer l'exploitation, établir des rapports avec les clients et répondre aux investisseurs. Pour les entreprises canadiennes en croissance, la réalité est que beaucoup de ces employés, clients et investisseurs ne résident pas au Canada mais aux États-Unis, voire plus loin, et que le temps de déplacement joue un rôle majeur dans le choix du lieu où un cadre souhaitera habiter.
D'un certain point de vue, cela milite en faveur d'une infrastructure de base fiable, comme des aéroports efficaces. Mais la question plus large que cela soulève pour le Canada, c'est celle de l'efficacité de sa frontière avec les États-Unis. Depuis les attaques terroristes du 11 septembre 2001, notre pays travaille fort pour faire en sorte que le souci de sécurité compréhensible de notre voisin n'entrave pas la circulation légitime des gens et des biens à travers la frontière. Et notre organisation oeuvre au sein du Conseil nord-américain de la compétitivité pour essayer d'amoindrir l'obstacle que constitue la frontière.
Nous sommes préoccupés par le fait que, plus cela va, plus la frontière semble difficile à franchir. Prenez l'Initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental, qui doit inclure l'obligation de produire un passeport aux postes frontaliers terrestres d'ici à 2009. Elle semble susceptible d'aggraver les délais à la frontière.
Une frontière canado-américaine qui retarde régulièrement les voyages d'affaires constitue pour les cadres supérieurs un puissant incitatif à résider du même côté de celle-ci que le gros de leurs exploitations, clients et investisseurs. Pour les sociétés canadiennes en expansion en quête d'un lieu où s'installer en Amérique du Nord, la tentation est forte d'installer les fonctions clés d'un siège au sud de la frontière plutôt qu'au nord.
Avant de conclure, monsieur le président, permettez-moi de traiter des autres sources de travail à grande valeur ajoutée que j'ai mentionnées au début: la recherche et l'innovation.
Nous savons que l'investissement des sociétés dans l'innovation est un élément fondamental d'une économie plus compétitive et prospère, mais, en ce qui concerne au moins un indicateur clé, les dépenses des entreprises en recherche-développement, la fiche du Canada est, au mieux, médiocre. L'an dernier, notre Conseil a donc convenu de lancer un projet en participation avec Industrie Canada. La première phase de ce projet a consisté en une enquête auprès des chefs d'entreprise visant à déterminer quels facteurs les encouragent à investir autant qu'elles le font en innovation et ce qui les empêche d'en faire davantage. On a aussi demandé quels facteurs importent le plus lorsque les compagnies décident si elles investiront dans l'innovation au Canada ou ailleurs et comment le Canada se classe suivant ces critères.
L'enquête a confirmé que l'intensité de la concurrence est le moteur le plus important de l'innovation, mais son évaluation des forces et des faiblesses du Canada a de quoi faire réfléchir. Les chefs d'entreprise applaudissent le grand bassin d'individus talentueux et la qualité de vie élevée du Canada mais déclarent que ses deux plus grandes faiblesses sont l'environnement réglementaire et le traitement qu'il réserve à la propriété intellectuelle, la véritable devise de l'économie du savoir. Ils ont aussi indiqué que ces deux facteurs sont ceux qui importent le plus lorsque les compagnies décident si elles vont investir ici ou dans d'autres pays.
Le constat est sévère: lorsqu'on leur a demandé les intention de leurs sociétés pour les trois années à venir, la plupart des chefs d'entreprise ont dit que leurs investissements en innovation au Canada demeureraient probablement stagnants et la plupart de celles qui prévoient d'accroître considérablement leurs dépenses sur ce plan ont indiqué qu'elles le feront à l'extérieur du Canada.
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Pour débuter, j'aimerais vous remercier de nous avoir offert cette occasion de présenter un exposé devant le comité.
La Canadian Co-operative Association est une des deux organisations qui chapeautent et représentent des coopératives, y compris des caisses de crédit, au Canada. Notre organisation soeur francophone est le Conseil canadien de la coopération, qui présentera un exposé ici aujourd'hui.
Le secteur des coopératives au Canada aujourd'hui est composé de plus de 9 000 coopératives, du domaine de la finance et autre. Le secteur emploie plus de 170 000 personnes et possède des actifs de plus de 260 milliards de dollars. Le secteur a 18 millions d'adhésions, représentant au moins 13 millions de Canadiens. Cela signifie que quatre Canadiens sur dix sont membres d'une coopérative.
Le modèle coopératif consiste en une démocratie économique. Chaque coopérative appartient à ses membres et est gouvernée par le principe un membre un vote. La Canadian Co-operative Association représente 34 organisations membres, y compris les centrales provinciales de caisses de crédit, le secteur des coopératives d'assurance, le secteur des coopératives de consommateurs, de même que les secteurs des coopératives agricoles, de logement, de santé, et de travailleurs. En 2009, nous célébrerons notre centenaire.
Il est particulièrement pertinent pour nous d'être présents aujourd'hui puisque plus de 9 millions des adhésions aux coopératives représentées par la CCA se trouvent dans le secteur des services. Bien qu'il y ait environ 10,8 millions d'adhésions aux caisses de crédit au Canada, plus de 5 millions font partie du réseau des caisses de crédit représentées par les centrales provinciales de caisses de crédit et la Credit Union Central of Canada. Les actifs de ces caisses de crédit se sont accrus de 10,8 p. 100, d'une année à l'autre, et ont atteint 102,4 milliards de dollars au troisième trimestre de 2007. Un autre de nos membres, le Co-operators Group, est la plus grande compagnie d'assurance multiproduits de propriété canadienne, avec des actifs de plus de 7 milliards de dollars et plus de 4 100 employés.
Nous avons de nombreux membres dans le secteur des coopératives de consommateurs, y compris Co-op Atlantic, la United Farmers of Alberta, et GROWMARK. Notre membre le plus important, Federated Co-operatives Limited, est la propriété de 275 coopératives et ses ventes en 2007 se sont chiffrées à 5,8 milliards de dollars. Mountain Equipment Co-op, avec ses quelque 2,7 millions de membres, est maintenant la quatrième plus grande politie, c'est-à-dire l'entité démocratique avec vote, au pays après le Canada, l'Ontario et le Québec.
La Fédération canadienne des coopératives de logement représente environ 2 200 coopératives de logement et 250 000 personnes qui vivent dans des coopératives de logement au Canada. Il y a plus de 500 garderies coopératives dirigées par environ 35 000 parents. En Saskatchewan, les cliniques coopératives de santé communautaire existent depuis les années 60, et elles offrent des services médicaux administrés par la collectivité plutôt que par l'État ou le secteur privé.
Dans le secteur des services, le modèle coopératif offre déjà des occasions d'emplois et de solutions d'affaires à de nombreuses collectivités canadiennes. Nous croyons que le lancement et le soutien aux nouvelles coopératives afin de régler nombre de nos problèmes économiques et sociaux est un outil politique qui est sous-utilisé par le gouvernement fédéral et par de nombreux gouvernements provinciaux.
Lors de notre campagne afin de renouveler notre programme de partenariat majeur avec le gouvernement fédéral, l'initiative de développement coopératif, nous avons décrit huit domaines possibles où le modèle coopératif pourrait aider le gouvernement fédéral à résoudre des problèmes de politique, allant du développement économique dans des collectivités faisant face à des obstacles jusqu'à l'intégration des immigrants dans la société canadienne. Nous croyons également, comme nous l'avons dit dans deux exposés l'an passé au Comité sénatorial sur la pauvreté urbaine et rurale, que le modèle coopératif est un excellent outil pour mettre fin à la pauvreté dans notre pays si riche.
Ces dernières années, il y a eu une augmentation de prises de contrôle étrangères importantes d'icônes économiques nationales. Les coopératives disposent d'un avantage significatif dans une telle situation parce qu'elles sont la propriété directe des résidents des collectivités. Dans de nombreuses grandes villes, et aussi dans les collectivités rurales, les magasins coopératifs sont toujours ouverts alors que d'autres supermarchés ont disparus. Les caisses de crédit sont maintenant les seules institutions financières dans plus de 900 collectivités au Canada.
La propriété coopérative nous donne l'assurance que les profits sont retournés directement aux membres sous la forme de ristourne. Cette année, les coopératives fédérées paieront plus de 450 millions de dollars en ristournes aux membres locaux des coopératives de détail.
Un des principes coopératifs, l'appui à la collectivité, signifie que les coopératives appuient leurs collectivités dans d'autres investissements. Les caisses de crédit ont offert environ 34,7 millions de dollars en 2006 sous forme de dons et de contributions au développement économique des collectivités; le Co-operators Group a alloué 3,5 millions de dollars en 2006 pour des projets communautaires; et Mountain Equipment Co-op donne 1 p. 100 de ses ventes, c'est-à-dire 2,4 millions de dollars, à des projets sur le changement climatique au Canada.
Une étude du gouvernement du Québec a démontré que les entreprises coopératives tendent à survivre plus longtemps que les entreprises du secteur privé. Plus de six coopératives sur dix survivent plus de cinq ans alors que seulement quatre entreprises sur dix survivent pour une telle durée dans le secteur privé. Près de 100 000 personnes participent à la gestion bénévole des coopératives en y siégeant comme membres de conseils et de comités.
Pour terminer les coopératives ont particulièrement besoin de l'aide gouvernementale dans deux secteurs. Le premier est l'appui lors du lancement. Une fois qu'elles ont démarré, les coopératives peuvent se défendre et n'ont pas besoin d'appui régulier et continu du gouvernement. Un petit geste, comme le renouvellement et l'élargissement de l'initiative de développement coopératif, dont j'ai déjà parlé et qui est un programme de cinq ans se terminant le 31 mars 2008, constituerait une aide importante.
Le deuxième besoin concerne le capital. Comme les coopératives ont souvent plus de difficulté à amasser le capital nécessaire lors des phases initiales de développement comparativement aux entreprises qui sont la propriété d'investisseurs, nous aimerions que le gouvernement fédéral présente un plan d'investissement coopératif, tel qu'il en existe un au Québec, qui offre des crédits d'impôt aux membres qui investissent dans une coopérative agricole ou de travailleurs.
Ces deux programmes peuvent aider le modèle coopératif à jouer un rôle encore plus important dans la prestation de services aux Canadiens.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie, monsieur le président.
La Coalition canadienne de services tient à vous remercier, ainsi que tous les membres du comité, de l'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui. Comme vous l'avez déjà signalé, je suis accompagné aujourd'hui de Mme Shirley-Ann George, directrice générale de la coalition.
Nous félicitons le comité de ses efforts et du leadership qu'il exerce en faisant ressortir l'importance vitale du secteur des services pour l'économie canadienne. Nous sommes convaincus que vous produirez un rapport très approfondi qui fera époque comme cela a été le cas de votre rapport sur le secteur manufacturier canadien.
La coalition est une organisation constituée de membres relativement nouvelle dont le mandat est de défendre avec énergie et cohérence les intérêts de l'industrie canadienne des services. Notre mission est de promouvoir la libéralisation des marchés de services dans le monde entier ainsi que l'élimination des obstacles au commerce et aux investissements au Canada même.
Comme le comité le sait pertinemment, l'économie canadienne est actuellement en pleine période de transition. Autrefois dominée par la production et la fabrication, elle évolue actuellement vers une structure axée de plus en plus grande sur les services et les idées. La fabrication continuera assurément de jouer un rôle très important dans notre économie nationale, mais nous devons tenir compte des tendances récentes à se manifester non seulement au pays même, mais dans le monde entier.
À cet égard, les quelques statistiques suivantes sont éloquentes. Les services représentent près de 70 p. 100 du PIB national. En janvier, 76 p. 100 de tous les emplois au Canada appartenaient au secteur des services. Depuis à peu près 15 ans, près de 80 p. 100 de tous les nouveaux emplois ont été créés dans ce secteur. Par ailleurs, les services ne représentent que 13 p. 100 des exportations canadiennes, 60 p. 100 de celles-ci étant en direction des États-Unis.
Comme la transformation de l'économie va se poursuivre, il importe que le gouvernement du Canada élabore une stratégie de promotion du secteur des services. L'ampleur du secteur — ce dont nous avons déjà parlé — la meilleure approche pour le gouvernement constituerait à adopter une stratégie à plusieurs volets.
Une stratégie cohérente de promotion du secteur des services devrait notamment viser les objectifs suivants: constituer une main-d'oeuvre spécialisée; ouvrir les marchés des investissements et des services; élaborer des politiques innovatrices pour l'économie des services; promouvoir l'entrepreunariat; adopter des lois souples en matière de main-d'oeuvre; et créer un environnement fiscal propice au développement du secteur des services.
Compte tenu de la diversité de l'industrie des services, bon nombre de ces retombées positives sont difficiles à quantifier et à évaluer. De nombreux services produisent cependant un ensemble de retombées non tangibles qu'il est souvent difficile à évaluer au moyen des outils statistiques types. À titre d'exemple, les télécommunications assurent une diffusion efficace et économique de l'information et du savoir; les transports, eux, assurent une distribution efficace des biens; et les entreprises de services comme les services comptables et juridiques, pour leur part, permettent de réduire le coût des transactions.
Notons également que la compétitivité du secteur manufacturier repose sur les services. L'an dernier, l'OCDE l'a d'ailleurs confirmé dans un rapport qui concluait que la disponibilité et la qualité des services à la production, soit les services qui, au sein des entreprises manufacturières, sont considérées comme appartenant aux fonctions de production et de coûts, peuvent produire des avantages concurrentiels dans les secteurs manufacturiers à forte concentration de services et aider ces secteurs à progresser dans la chaîne de la valeur ajoutée.
Il est bien évident qu'au Canada, les services jouent un rôle de plus en plus important au sein de l'économie. Ils sont à la fois le reflet de la compétitivité de notre économie et un facteur qui y contribue. À mon avis, le secteur des services a aussi une incidence directe sur la qualité de vie des citoyens non seulement au Canada mais aussi dans le reste du monde.
Dans notre mémoire, nous formulons sept recommandations que nous soumettons à l'examen du comité. Faute de temps, je me contenterai de traiter de trois de ces recommandations seulement.
Nous recommandons d'abord d'éliminer les obstacles au développement de l'industrie des services. En un mot, pour favoriser la croissance des exportations canadiennes de services, il faut nous assurer d'offrir au monde entier les meilleurs services possibles, et cela grâce à une concurrence ouverte et juste. En aidant les nouvelles économies de marché à éliminer les obstacles au commerce et services, les fournisseurs de services canadiens se créeront de nouveaux marchés. Par conséquent, le gouvernement du Canada, dans le cadre des négociations multilatérales et bilatérales, devrait s'efforcer d'obtenir l'élimination des obstacles non tarifaires au commerce qui freinent actuellement le commerce des services et cela pour accroître les possibilités d'échanges et pour faire en sorte aussi que tous les pays puissent tirer parti des avantages attribués aux services.
Cette recommandation s'applique également aux barrières commerciales internes entre les provinces. Nous espérons, monsieur le président, que le gouvernement poursuivra et redoublera même ses efforts pour éliminer les obstacles qui nuisent à l'activité économique au Canada.
Notre deuxième recommandation vise la collecte de statistiques. Il va sans dire qu'il est plus difficile d'établir des statistiques sur les services que sur les marchandises. On ne peut pas comparer un camion rempli de machins qui franchit la frontière Windsor-Detroit à des services juridiques qui font la même chose. Nous espérons que votre comité encouragera Statistique Canada à recueillir et à diffuser de meilleures données sur les services pour que le gouvernement dispose d'une information voulue pour élaborer des politiques futures et des stratégies pour les négociations commerciales.
Notre homologue aux États-Unis, par exemple, a publié un rapport — que nous avons fourni au président — donnant une ventilation par État et par district du Congrès du commerce des services par société, par secteur et comme composante du PIB. Il s'agit d'un outil qui peut être très utile au gouvernement.
Je vois que mon temps est presque écoulé, monsieur le président.
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J'aimerais d'abord remercier les membres du comité d'avoir invité le Conseil canadien de la coopération à venir présenter l'impact des coopératives francophones dans le secteur des services au Canada.
Le Conseil canadien de la coopération est une organisation nationale de quatrième niveau de représentation des coopératives. Il représente particulièrement les coopératives francophones au Canada depuis 62 ans. Il s'appuie sur huit membres réguliers qui sont des conseils provinciaux et qui représentent 3 500 coopératives et mutuelles francophones, compilant 19 milliards de dollars de chiffre d'affaires, regroupant 8 860 000 membres individuels et créant plus de 100 000 emplois partout au Canada.
Soulignons que les coopératives sont des entreprises appartenant à leurs membres, ce qui stimule et protège une économie locale et canadienne. En fait, une personne sur trois au Canada est membre d'une coopérative. Le modèle coopératif est présent dans l'ensemble des secteurs économiques au Canada.
Concrètement, quel est l'impact des coopératives dans le secteur des services sur l'économie canadienne? J'ai essayé de trouver des exemples pour être en mesure d'en apporter une vision plus concrète.
Desjardins, par exemple, est le plus grand groupe financier coopératif au Canada. Il regroupe plus de 5,8 millions de membres propriétaires; il a 40 000 employés; il est le premier employeur privé au Québec et l'un des 20 plus importants au Canada; il détient un actif de 147 milliards de dollars à ce jour et des excédents, avant ristournes, de 988 millions de dollars. En 2006, Desjardins a redonné en ristournes à ses membres plus de 547 millions de dollars.
Dans les services de santé, nous comptons plus de 90 coopératives francophones au Canada, ce qui est un tout nouveau créneau de développement. Elles se spécialisent surtout en prévention, c'est-à-dire dans le domaine des services à domicile et dans la prestation de services. De ce nombre, 21 coopératives offrent des services de médecine traditionnelle ou alternative. Prenons l'exemple de la Coopérative de santé d'Aylmer à Gatineau, tout près de nous, qui a vu le jour en 2001. À ce jour, plus de 8 500 personnes de Gatineau en sont membres.
Les services de garde sont aussi un secteur en plein essor. Nous comptons plus de 500 coopératives francophones desservant plus de 140 000 membres au Québec seulement.
Dans les services funéraires, une trentaine de coopératives funéraires possèdent une centaine de points de service et offrent de l'aide aux familles en deuil, peu importe leur budget. Il est important de noter que là où le service est disponible, les coopératives funéraires traitent plus de 90 p. 100 des décès. Elles possèdent une part de marché de 13,7 p. 100 et un actif de plus de 125 millions de dollars.
Dans les coopératives d'habitation, ce sont environ 250 000 personnes qui habitent 2 100 coopératives d'habitation, occupant 91 266 logements coopératifs à travers le pays. Les coopératives d'habitation offrent des services de logement dans un environnement communautaire et démocratique.
Les forces du secteur sont d'abord la collaboration avec notre pendant anglophone, la CCA, avec qui nous collaborons sur plusieurs dossiers — je ne répéterai donc pas les demandes qui ont été faites ce matin —, mais aussi l'appartenance à ses membres, aux citoyens canadiens. Elles ne peuvent être vendues à des capitaux étrangers comme nos grandes entreprises l'ont été dernièrement; pensons à Alcan et à la Compagnie de la Baie d'Hudson.
Les coopératives sont un outil de prise en charge des communautés pour trouver des solutions à leurs problèmes, qu'ils soient reliés au développement économique, à l'environnement, à tous les services de santé, aux nouveaux arrivants, aux peuples autochtones. C'est un outil viable, résilient, flexible et surtout adaptable aux diversités présentes dans les communautés qu'elles desservent.
Le secteur coopératif fait face à plusieurs défis dont la coordination et le renforcement du travail coopératif. Soulignons l'importance de la compilation de statistiques pour un secteur donné pour une population donnée, qui est un défi de taille pour le secteur coopératif. On pense que Statistique Canada pourrait grandement aider, à ce moment-ci.
Il y d'autres défis, dont les changements démographiques, la relève d'entreprise et la jeunesse. La coopérative est souvent présentée comme une formule de relève dans les entreprises en difficulté, mais elle est aussi un outil important pour les jeunes afin de leur permettre de bâtir un avenir qui leur ressemble. Le développement d'un sentiment d'appartenance des membres à l'organisation, la recherche de solutions aux besoins liés au vieillissement de la population, des avenues créatrices qui invitent à s'ouvrir à la différence, voilà tout un défi de sensibilisation.
Le développement des capacités et l'identité de la coopération est un autre défi. Le développement des capacités est un défi au quotidien: essayer de renforcer les connaissances et les expériences du milieu pour faire face aux défis et à la mondialisation.
De plus, pour le CCC, l'identité du secteur coopératif francophone est au coeur de ses préoccupations. Les coopératives ont été traditionnellement des institutions qui ont permis et qui permettent encore aujourd'hui à plusieurs communautés francophones en situation minoritaire de vivre et de travailler dans leur langue maternelle. Le manque de support et de soutien à ces coopératives a de sérieux impacts sur le déclin des communautés francophones hors Québec.
La capitalisation des coopératives est aussi un grand défi. Dans un marché où la compétition se fait internationale, c'est un outil essentiel spécialement pour les coopératives de travail et les petites coopératives de producteurs. Un fonds de développement de coopératives aiderait à les capitaliser.
De plus, un régime d'investissement coopératif comme celui qui existe au Québec offrant des crédits d'impôt pour les travailleurs qui investissent dans leurs coopératives est une autre forme d'aide. Depuis 1984, 393 millions de dollars ont ainsi été investis dans les coopératives au Québec. Nous évaluons à environ 20 millions de dollars le coût d'une telle mesure sur le plan national.
La recherche et l'innovation sont aussi, bien sûr, des défis pour les coopératives, de même que la concertation et le partenariat.
Je vais passer immédiatement à ce qu'on attend ou à ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour être en mesure d'aider les coopératives. Je ne reviendrai pas sur les demandes qui ont été faites par Carol tout à l'heure. J'ajouterais que le gouvernement doit reconnaître explicitement l'importance du mouvement coopératif dans le développement économique des collectivités, en l'associant à ses travaux, en cumulant de nouvelles statistiques sur l'impact du secteur coopératif et en déménageant la responsabilité des coopératives du ministère de l'Agriculture à un autre ministère qui pourrait représenter plus adéquatement la grande diversité des intérêts coopératifs.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Étant le seul organisme non national à comparaître devant le comité aujourd'hui, la Toronto Association of Business Improvement Areas est heureuse de vous faire part de son point de vue. TABIA représente 25 000 petites entreprises, des entreprises familiales notamment, réparties dans 63 quartiers et zones d'amélioration commerciale (ZAI) à Toronto. Nous voulons attirer votre attention sur trois sujets : l'évolution du commerce de détail à l'échelle locale; les très petits commerces et les McEmplois; et l'aide dont les villes ont besoin.
Toronto est une ville qui compte de nombreux quartiers. La vitalité des commerces de détail locaux est fonction de la vitalité des rues résidentielles avoisinantes. Le marchand de quartier est une solution écologique aux grands centres commerciaux offrant un stationnement gratuit. De nombreux commerces de quartier sont florissants parce qu'ils ont de la résistance, qu'ils sont frugaux et créateurs. Les zones d'amélioration commerciale essaient d'attirer dans les quartiers certains types de commerce de détail offrant la diversité voulue pour protéger leur marché et les petits détaillants adoptent rapidement les technologies environnementales et éconergétiques.
Les quartiers où le commerce de détail se porte bien comportent des commerces offrant des articles semblables comme les boutiques et les commerces d'artisanat ou d'articles spécialisés; des services professionnels qui autrefois se trouvaient à l'étage, mais qui maintenant occupent des locaux au rez-de-chaussée; et des restaurants familiaux et des cafés locaux. J'espère que vous vivez près d'une rue commerçante comme celle que je viens de décrire.
Je suis certain que vous comprenez tous le phénomène Wal-Mart et l'énorme impact qu'il a eu sur l'industrie du commerce de détail. Avec d'autres résidents du centre-ville, je me suis opposé en 1999 à la construction dans le secteur riverain d'un magasin grande surface, ce qui m'a permis de comprendre de quelle façon ces magasins avaient changé le paysage de notre ville. À l'heure actuelle, 75 p. 100 des achats au détail s'effectuent dans les grandes surfaces, dans les centres commerciaux et dans les chaînes de magasins.
Les magasins familiaux et les boutiques de quartier font face à d'énormes pressions. L'évolution dans le monde du commerce de détail explique l'excédent de bâtiments commerciaux démodés que l'on constate maintenant dans de nombreuses villes. Ces bâtiments commerciaux ne sont pas adaptés aux exigences du commerce de détail actuel qui reposent sur de petites marges bénéficiaires.
Si certaines rues commerçantes sont florissantes, nous nous retrouvons aussi avec de nombreux bâtiments commerciaux qui ne répondent plus à nos besoins. Nous aimerions que le gouvernement fédéral se penche sur cette question. Cette évolution ne semble pas prise en compte. Il n'existe en effet aucun plan directeur urbain ni programme pour permettre la consolidation des biens fonciers ou pour accorder certains allégements fiscaux aux petits commerces. Si un propriétaire de commerce survit assez longtemps pour pouvoir vendre son commerce — le capital de retraite de rêve de tout marchand — le produit de la vente est imposé de façon excessive. Nous comprenons que la situation soit différente des fermes familiales. Or, si un commerçant dépose son bilan, il n'a pas droit à l'assurance-emploi. Il perd tout simplement son investissement. Je ne connais cependant aucun programme de recyclage destiné aux marchands indépendants.
À Toronto, les impôts qui frappent les petits commerces sont excessifs. Un petit commerce évalué à 300 000 $ — c'est un commerce de moins de 900 pieds carrés — doit payer 14 000 $ en taxes municipales annuelles. Je vous assure qu'il faut vendre beaucoup de sushi pour payer ces taxes. À notre avis, la ville cause elle-même le rétrécissement de son assiette fiscale en privilégiant un certain type de commerce. Nous avons l'impression que les nouveaux commerces paient des taxes municipales moins élevées par pied carré, emploient moins de personne par dollar de vente et s'intéressent rarement aux questions sociales locales ou aux campagnes de marketing.
Les très petits commerces et les McEmplois sont des conséquences peu plaisantes de ce phénomène. Dans les rues commerçantes qui connaissent moins de succès, on trouve beaucoup de magasins vacants, des chaînes de magasins et de très petits commerces. De nombreux magasins valent davantage s'ils sont utilisés comme des résidences que comme des commerces. Les très petits commerces ne donnent de l'emploi qu'à quelques personnes et sont très vulnérables.
Dans de nombreux cas, les très petits commerces appartiennent à des chaînes et leur propriétaire ne gagne que quelques dollars de plus que leurs employés. Un commerçant qui posséderait 10 très petits commerces de ce genre pourrait peut-être survivre. Ces très petits commerces sont souvent peu intégrés à leur quartier. En revanche, un commerce de quartier exploité par son propriétaire participe souvent à la vie sociale du quartier.
Permettez-moi maintenant de vous parler du soutien dont les villes ont besoin. Des villes fortes créent un pays fort. L'une des raisons qui expliquent que les impôts soient si élevés, c'est que la plupart des villes canadiennes manquent de fonds. Les municipalités sont les enfants des provinces, mais ces enfants vivent dans la pauvreté. Nous devons compter sur l'aide du gouvernement fédéral.
Peut-être devrait-on songer à consacrer une part des paiements de péréquation et des autres paiements de transfert à l'amélioration de l'infrastructure urbaine. La province oblige la ville de Toronto à offrir certains services sociaux, mais ne finance pas ces services. La ville regorge de mendiants et de sans-abri, ce qui nuit au tourisme aussi à l'image que se font les citoyens d'eux-mêmes. Il serait bon que le gouvernement explique pourquoi la Charte des droits et libertés nous empêche d'intervenir de façon médicale et sociale lorsque certaines personnes choisissent de dormir sur les trottoirs.
Parlons de ce problème qui nuit beaucoup au tourisme au centre-ville. Il n'existe aucun programme de création d'emplois à l'intention des itinérants, des pauvres et des personnes âgées. Il n'existe non plus aucun programme de logement pour eux. J'ai récemment appris l'existence d'une stratégie de partenariat pour lutter contre l'itinérance, laquelle a été annoncée au printemps dernier, mais elle n'a pas encore été mise en oeuvre.
Ceux qui emploient dans des commerces de détail locaux quelqu'un de pauvre ou qui vit dans un centre d'hébergement pourraient se voir exempter des contributions pour les indemnités d'accident du travail, d'assurance-emploi et de toutes les formalités administratives qu'elles imposent aux petits commerçants. Beaucoup de citadins à faible revenu n'ont pas d'autres choix que de mendier ou de travailler au noir. Les jeunes dont les parents sont des assistés sociaux doivent cacher leur revenu sous peine de voir les prestations de leur mère réduites. Il faut des programmes d'emploi gouvernementaux pour venir en aide à ces gens-là.
Enfin, beaucoup de nos membres trouvent que la visibilité de la TPS crée chaque jour des difficultés à la caisse.
Tels sont les principaux problèmes de la population des rues que le gouvernement fédéral pourrait corriger. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus aujourd'hui. Je tiens à dire combien je suis heureux que nous procédions à cette étude sur le secteur des services.
Monsieur Patterson, vous avez dit qu'il y a un préjugé contre le secteur des services. Pour moi, c'est bien pire. On dirait qu'on ne s'occupe pas de vous. Personne ne l'a jamais étudié encore. Je suis très heureux que notre comité reconnaisse l'importance de votre secteur.
Vous avez parlé de l'importance de la libéralisation des échanges. Le Canada a maintenant une occasion magnifique de commencer à exporter ces services. M. Marchi a aussi dit... Avez-vous des recommandations précises, concrètes au sujet non seulement de ce que le gouvernement peut faire vis-à-vis des marchés étrangers et où nous devrions aller, mais aussi au sujet des obstacles au commerce interprovincial? J'ai entendu dire qu'au Canada c'est aussi un problème.
Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de ceux deux points?
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Très bien. Peut-être pourrais-je commencer.
Sur la scène internationale, il faut savoir que pour les services, d'une part, il a été plus difficile d'obtenir des accords internationaux pour ouvrir l'accès au marché et ainsi de suite. D'autre part, c'est aussi un domaine où les règles commerciales peuvent parfois être difficiles. Il est difficile pour les règles de faire de l'interférence avec le marché, et je pense qu'on l'a bien vu dans des domaines comme la technologie de l'information et les technologies des communications, où il y a eu des déplacements massifs d'emplois dans le monde parce qu'une grande partie de ce travail peut se faire à peu près n'importe où, du moment où vous disposez des gens qui ont les talents qu'il faut. Cette mobilité du travail de service est à la fois une chance et un risque pour le Canada.
Nous avons vu des exemples où le Canada a reçu un investissement et est devenu une sorte de centre mondial de recherche dans des domaines comme la création de logiciels, par exemple. En revanche, il y a aussi eu des exemples de ce genre de travail créé de plus en plus dans d'autres parties du monde, y compris dans les parties du monde que l'on avait coutume de considérer comme des économies en développement : des pays comme la Chine et l'Inde. Ils sont beaucoup plus avancés que cela maintenant. C'est un problème de concurrence qui doit être reconnu.
Il y a donc effectivement des choses que nous pouvons et devons faire pour améliorer l'accès au marché. En revanche, il faut être conscient des chances d'élargir nos succès et des occasions qui s'offrent à d'autres de rivaliser avec nous quand on réfléchit à la manière de faire des progrès sur la scène mondiale.
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Je pense aussi comme vous l'avez dit au début que les services sont un trésor caché et c'est sans doute vrai pour beaucoup d'autres pays aussi. Parfois, la population ne voit que l'économie traditionnelle. Je ne dis pas cela pour en minimiser l'importance. Mais le secteur tertiaire illustre bien la transition de l'économie canadienne. Même si nous avons beaucoup de services de qualité à offrir, à peu près 13 p. 100 de nos exportations sont des services, attendu qu'en fait les statistiques nationales montrent que les services sont le principal moteur de notre économie nationale. Sur ces 13 p. 100, 60 p. 100 vont vers les États-Unis.
Alors la première chose que je dirais c'est que nous devons de toute évidence ouvrir et diversifier nos marchés mondialement. C'est pourquoi nous insistons, dans une de nos recommandations, sur le fait que conclure le programme de développement de Doha, qui se tient actuellement au niveau des négociations commerciales multilatérales de l'OMC, est très important pour nous. Beaucoup de ces marchés font encore face à d'immenses obstacles, en particulier, mais pas seulement, les marchés des pays en développement qui ont mis beaucoup plus de temps à libéraliser leurs régimes de services. Même quand vous avez des pays qui prennent des engagements dans le secteur des services, les compagnies canadiennes, comme d'autres, sont aussi confrontées à des obstacles non tarifaires, comme des problèmes d'obtention de licences ou sont contraintes de trouver des associés dans le pays. Il faut donc continuer à dégager cette voie. C'est pourquoi nous insistons beaucoup sur le fait que le gouvernement ne doit ménager aucun effort pour faire aboutir les négociations commerciales de l'OMC.
Plus particulièrement, les services, aussi à l'OMC — et j'ai acquis une certaine expérience sur le terrain là-bas, et c'était la même chose quand j'étais ambassadeur à l'OMC... Essentiellement, il y a trois négociations sur l'accès aux marchés actuellement : l'agriculture, l'industrie et les services. Encore une fois, les services, malgré les immenses chiffres et statistiques économiques, tant dans les pays industrialisés qu'en développement, du point de vue du cheminement et politique, sont loin derrière les deux autres secteurs. Alors, même à l'OMC, nous devons assurer la parité, à tout le moins, de ces trois négociations d'accès au marché.
Au pays, comme vous l'avez dit, d'une province à l'autre, il y a des différences de normes de qualité, de normes de consommation, d'octroi de licences et de marchés publics. Ce que nous devons faire à l'échelle internationale nous devons aussi le pratiquer au pays. C'est pourquoi il est important que le gouvernement continue de travailler avec les gouvernements provinciaux pour s'assurer que ces obstacles intérieurs tombent et tombent vite.
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Merci, monsieur le président et merci à vous tous de vos interventions ce matin.
La semaine dernière, j'étais au Forum économique mondial à Davos en Suisse. Beaucoup de séances ont porté sur la recherche et le développement, domaine qui fait dorénavant partie de la chaîne d'approvisionnement mondial. Aucun pays ne pourra dominer la recherche et le développement et la commercialisation des nouvelles technologies.
Un conférencier a déclaré que Silicon Valley est désormais un des noyaux d'innovation des TI parmi beaucoup d'autres. La Chine, l'Inde et d'autres pays sont devenus soit des concurrents soit des collaborateurs dans la création des technologies et de nouveaux modèles d'entreprise. Les innovations ne sont plus le seul fait des États-Unis ou d'un pays en particulier; de plus en plus, elles voient le jour dans le monde en développement.
Si j'en parle, c'est parce que l'on craint de plus en plus que les politiques du Canada envers la Chine aient des effets considérables sur la compétitivité future de notre pays et la capacité des entreprises de créer des technologies de pointe susceptibles d'améliorer votre compétitivité.
On s'est aussi beaucoup passionné là-bas au sujet des technologies propres. On pense aussi que la capacité pour le Canada de s'associer à des pays comme la Chine et l'Inde pour développer ces technologies sera très importante pour nous. On croit qu'il s'agit du secteur qui connaîtra la plus forte croissance dans l'économie du XXIe siècle grâce à des entreprises comme Kleiner Perkins, dans Silicon Valley, qui concentre la quasi-totalité de ses efforts et de ses capitaux dans ce domaine.
J'aimerais connaître l'avis de certains d'entre vous sur l'importance des rapports sino-canadiens pour les échanges commerciaux ainsi que la recherche et le développement, ainsi que votre point de vue sur ce que les Chinois font en matière de technologies propres et environnementales, à une époque où nous entrons dans une économie mondiale où le carbone sera limité.
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... si je portais une autre casquette, ce dont il n'est pas question aujourd'hui, je réitérerais les observations indiquant que de nos jours les laboratoires d'aujourd'hui ne connaissent pas de frontières et que des découvertes géniales peuvent provenir aussi rapidement d'un laboratoire en Chine ou en Inde que d'un laboratoire situé dans notre pays ou aux États-Unis. Il est clair que les marchés émergents ont déjà émergé, surtout dans le cas de l'Inde et de la Chine.
Quant à votre question sur la Chine, c'est évidemment un marché très important pour le Canada. La Chine s'est déjà catapultée pour devenir notre deuxième partenaire commercial. En fait, sur notre plus grand marché, les États-Unis, notre principal concurrent est la Chine. Les États-Unis continueront d'avoir une incidence positive sur la génération de notre richesse économique, mais tout a son temps. La diversification qu'on prêchait au cours des 10, 20 ou 30 dernières années est d'autant plus importante aujourd'hui — c'est-à-dire, afin d'assurer l'engagement d'un pays tel que la Chine et pas seulement à cause de considérations économiques bilatérales; je crois que dans le cas de la Chine et de l'Inde, leur impact économique se fait sentir à l'échelle internationale et aussi sur le plan politique.
Cela veut dire qu'il ne suffit pas d' avoir une stratégie bilatérale; dans le cas d'un pays comme la Chine, il faut également songer aux moyens de s'allier à ce pays dans un cadre multilatéral.
La question de l'environnement suscite beaucoup de discussions sur la rapidité ou la lenteur avec laquelle les Chinois progressent. Mais si on examine leur dernier plan quinquennal, c'est la première fois où ils ont abordé des priorités que ressemblent aux nôtres en matière de qualité de vie. Je crois que leur toute première priorité et préoccupation politique est l'écart énorme qui se creuse entre citadins et ruraux — c'est-à-dire les riches et les pauvres, si je peux m'exprimer cavalièrement. Ils tentent de combler cet écart de prospérité en améliorant la qualité de l'air et de l'eau, la qualité des services de soins de santé, ainsi que le système d'éducation. Évidemment, si cet écart de prospérité continue de s'élargir, il pourrait devenir une source de grande instabilité, et j'irais même jusqu'à dire d'instabilité non seulement pour la Chine mais, en fait, pour la communauté internationale.
Je crois donc que les Chinois sont sérieux à propos de l'environnement et d'autres dossiers. Voila qui nous fournit une autre occasion de partager notre expérience et notre expertise, non pas sur un ton paternaliste mais dans le cadre d'un dialogue avec les Chinois pour leur expliquer comment nous avons construit nos secteurs prioritaires public et privé.
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Pourrais-je ajouter quelques observations sur l'environnement.
Tout d'abord, il faut reconnaître que lorsque nous parlons de recherche, il s'agit en réalité du processus plus vaste de l'innovation. Il ne s'agit pas seulement de nouvelles découvertes, de nouvelles idées; il s'agit de leur application.
Nous avons vu qu'ici au Canada nous avons pu établir un consensus fort dans le milieu des affaires voulant que la technologie soit le développement de nouvelles technologies environnementales, et leur application active sera d'une importance critique si le Canada souhaite faire avancer le dossier du changement climatique.
De plus, si nous, à titre de citoyens du monde, souhaitons avoir une influence sur le changement climatique, nous devons nous assurer que tous les grands pays émetteurs y participent, et évidemment la Chine doit être du nombre.
Cela nous fournit également un énorme débouché commercial. Si nous réussissons à obtenir les investissements nécessaires pour mettre au point des technologies écologiques ici au pays, il en découlera des possibilités d'exportation énormes vers des pays comme la Chine, où la situation est encore plus grave.
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Je vais poursuivre, monsieur le président. J'ai une question pour M. Boutziouvis.
J'ai trouvé cela fort intéressant lorsque vous avez parlé du développement, en ce qui concerne la qualité des emplois, et vous avez cité l'index de la CIBC sur la qualité des emplois, ou quelque chose du genre.
Il me semble, et c'est l'une des perceptions que l'on a à l'égard de l'économie des services, qu'en fait s'il y a des pertes d'emplois dans le secteur de la fabrication, les emplois qui viendront les remplacer seront d'une qualité moindre. Vos statistiques semblent contredire cette perception.
J'aimerais bien que vous nous donniez votre avis. Si tel est le cas, que diriez-vous si je vous dis qu'au fur et à mesure que nous traversons cette période d'adaptation, pendant que le Canada s'adapte à un contexte davantage axé sur les échanges mondiaux, une chaîne d'approvisionnement, si vous voulez bien — qu'en fait certaines pertes d'emplois dans le secteur manufacturier sont essentielles à l'adaptation? Est-ce qu'en fait c'est la tranche la moins performante du secteur qui doit disparaître? Est-ce que cette affirmation vaut autant pour le secteur manufacturier, qu'il s'agit en fait d'adaptations importantes pour renforcer l'économie du Canada?
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Merci, monsieur le président. J'ai trois questions à poser, et elles s'adressent à tous les gens ici présents.
Tout d'abord, avez-vous déjà pensé quel effet une éventuelle récession pourrait avoir sur vos secteurs?
D'autre part, le secteur manufacturier a connu une décroissance. Beaucoup de gens qui y travaillaient sont maintenant employés dans le secteur des services. Par le fait même, ils ont subi une baisse de salaire. Se pourrait-il qu'il y ait aussi une décroissance dans le secteur des services? Parlons de voyages. Si je gagnais 15 $ de l'heure et que je ne gagne plus que 8 $ de l'heure, je ne pense pas que je vais faire d'autres voyages.
Ensuite, monsieur Marchi, vous avez parlé de négociations liées à Doha. Notre balance commerciale avec le reste du monde est en perte de 12 milliards de dollars. Si on participe à d'autres négociations liées à Doha et si on fait affaire avec d'autres pays dont vous avez parlé — la Norvège, le Liechtenstein, l'Islande et la République dominicaine — relativement à des emplois dans le secteur des services, pensez-vous qu'on peut perdre encore plus d'emplois? Par exemple, il coûte moins cher d'offrir des services téléphoniques à partir d'autres pays qu'à partir de chez nous.
Certains employeurs du secteur des services seront-ils tentés d'embaucher leurs employés ailleurs, ce qui pourrait mener à autant de pertes d'emplois dans ce secteur que dans le secteur manufacturier?
J'aimerais entendre ce que vous avez à répondre à mes trois questions.
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Je peux commencer? D'accord.
En ce qui concerne la première question, particulièrement si notre principal marché, les États-Unis, tombe en récession, il y aura plus que les secteurs touchés de plein fouet — comme la foresterie — qui en souffriront, car la crise hypothécaire dans ce pays est le principal facteur contribuant à l'essoufflement de l'économie. Il y a certes des préoccupations internationales quant à la croissance économique. Le Canada sera touché comme tous les pays, mais il n'est toujours pas clair quelle en sera l'incidence à l'échelle internationale.
Votre question sur ce qui se passe lorsque les emplois manufacturiers disparaissent est plus intéressante, à mon avis. Comme l'a dit mon collègue, le secteur manufacturier perd des emplois au sein de l'économie, mais il a pu accroître sa production. Les fabricants ont investi dans les technologies. Ils sont plus efficaces. Ils peuvent produire plus avec moins d'employés.
Alors que les entreprises connaissent des difficultés et mettent des employés à pied, ces employés-là trouvent-ils de meilleurs emplois ou sont-ils obligés d'accepter des emplois moins rémunérés? Traditionnellement, on croit qu'il est mauvais de perdre des emplois manufacturiers, car les gens seront moins bien payés dans le secteur des services. Les membres du comité devraient noter qu'il y a de nombreuses possibilités d'emploi au sein du secteur des services, qui sont mieux rémunérés que les emplois manufacturiers perdus. Cela semble être la conclusion découlant de certaines données de la CIBC, par exemple.
Ce que j'aimerais dire en dernier lieu, c'est que les emplois de tous les secteurs seront mieux rémunérés à l'avenir. C'est parce que nous nous dirigeons vers une économie qui manquera de main-d'oeuvre. Au fur et à mesure que leur main-d'oeuvre se fera plus rare, les petites et les grandes entreprises auront du mal à recruter des employés. En cas de pénurie, le prix augmente.
La question qu'il convient de se poser, me semble-t-il, est la suivante: pour quels genres d'emplois les Canadiens seront-ils qualifiés? La rémunération dépendra de l'état de préparation des Canadiens, c'est-à-dire dans quelle mesure ils seront prêts à saisir les occasions dans les secteurs en croissance par opposition aux industries en déclin.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins d'être venus comparaître aujourd'hui. Notre étude est fascinante et je crois qu'elle deviendra encore plus intéressante.
J'aimerais poser une question à M. David Stewart-Patterson. Dans votre exposé, vous indiquez qu'il y a des préoccupations très réelles, et je suis d'accord. Toutefois, il me semble que vous suggérez que nous ciblons certains secteurs de l'industrie. Ai-je bien raison?
J'ai l'impression que dans le passé, l'expérience des Canadiens se faisait sous le signe de l'aventure, c'est-à-dire qu'on se lance, qu'on fait de son mieux et si ça marche, le succès est assuré.
M. Marchi a dit également que nous avons bien réussi dans les secteurs des banques, des télécommunications et de l' assurance-vie. Il semble y avoir certains secteurs où nous réussissons très bien. Le gouvernement devrait-il favoriser ces secteurs par le biais de politiques fiscales ou devrions-nous continuer à appliquer les mêmes règles du jeu à tout le monde, comme l'a fait notre gouvernement?
J'aimerais bien avoir votre avis là-dessus.
J'aimerais remercier M. Comstock d'être venu aujourd'hui. Je suis très fière du fait que la première zone d'amélioration commerciale de notre ville, la zone d'amélioration commerciale Bloor ouest, se situe dans ma circonscription, et c'est Alex Ling qui en était l'auteur il y a déjà bon nombre d'années. Je connais le travail fantastique que font les ZAC dans les collectivités, et je connais les bonnes oeuvres de TABIA, non seulement pour ce qui est du développement communautaire mais également pour ce qui est de l'environnement et pour simplement améliorer les quartiers en permettant à des entreprises de prospérer. J'aimerais dire que les gens sont attirés par notre quartier en raison des petites entreprises des axes principaux qui réussissent.
Il est évident que les petites entreprises sont confrontées à bon nombre de défis. Le dollar a une incidence. Il y a eu des problèmes réglementaires. Je sais que certaines des petites boucheries qui existent depuis 50 ans sont confrontées à des problèmes à cause de la réglementation provinciale, qui les traite comme de grandes entreprises.
Je me demandais, tout d'abord, si vous percevez d'autres types d'obstacles aujourd'hui qui nuisent aux petites entreprises. Vous avez mentionné les grandes surfaces. Avez-vous d'autres préoccupations en matière de réglementation?
Deuxièmement, que pourrait faire le gouvernement fédéral pour promouvoir les petites entreprises que vous représentez? On m'a parlé du besoin d'améliorer les transports en commun dans les villes, ce qui aiderait beaucoup les petits entrepreneurs. Souhaitez-vous que le gouvernement fédéral modifie certains règlements ou encore vous fournisse un appui quelconque?
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Nous sommes essentiellement une création de la province, et c'est au niveau provincial, je le crains, que les décisions se prennent. J'ai vu de nombreux programmes fédéraux visant à aider, par exemple, lorsque la scierie d'une petite ville ferme ses portes. J'ai vu des détaillants fermer leurs portes dans des villes partout en Ontario, et c'est probablement le cas dans le reste du Canada. Il y a un changement dans le secteur du détail à l'extérieur d'une petite ville. La même chose se produit dans les villages. Les magasins disparaissent, et je ne crois pas qu'ils vont revenir.
Il faut dire qu'il n'y a rien à reprocher aux grandes surfaces. Ces magasins représentent un nouveau modèle amélioré qui plaît au public. C'est qu'il reste quelque chose, comme une mine qui n'est pas productive, et c'est là où ça coince. Je crois qu'il s'agit d'un problème sectoriel. L'un des sous-secteurs des services, les petits détaillants, est en très mauvaise posture. Il serait utile d'effectuer une étude à ce sujet.
Je me sens mal lorsqu'une entreprise ferme ses portes parce que je sais que l'effet est beaucoup plus dévastateur que dans d'autres cas de pertes d'emploi. Dans le cas d'une petite entreprise, les investissements disparaissent ainsi que tous les efforts et la fierté de l'entrepreneur.
Aucune assurance-emploi n'est disponible. Je crois que c'est un facteur en ce qui concerne l'absence de données sur les services. La faillite de nombreuses entreprises n'est pas enregistrée parce qu'il n'y a aucune demande d'assurance-emploi, et dans le cas des entreprises individuelles et des sociétés en nom collectif, il n'y a pas la dissolution de la société, donc une foule de données ne sont pas recueillies.
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Je vous remercie monsieur le président et je remercie aussi nos témoins d'être présents ici aujourd'hui.
Je remercie en particulier ceux qui viennent ici pour la première fois. Leur témoignage nous sera fort utile.
Nous sommes nombreux à nous préoccuper de ce qui se passe dans le secteur manufacturier. Pourriez-vous nous expliquer de façon plus concrète comment vos secteurs absorbent les emplois perdus dans le secteur manufacturier. Je suis conscient du fait qu'il s'agit d'une question générale.
J'aimerais aussi que vous nous parliez des faiblesses que vous constatez dans vos propres secteurs, faiblesses qui pourraient les exposer à subir le même sort qu' a subi l'industrie manufacturière. Il est vrai que de grandes possibilités s'offrent sur le marché international — M. Marchi a d'ailleurs longuement parlé des possibilités d'exportation pour le secteur des services —, mais il faut reconnaître qu'il y a un autre aspect à la question. La plupart d'entre nous comprenons, par exemple, que les télécentres, qui offraient des emplois traditionnels dans le domaine des services, ont quitté le Canada pour s'installer dans les pays du monde où la main-d'oeuvre est la moins coûteuse. Je ne dis pas qu'il faille s'inquiéter de ce phénomène, mais pour bien comprendre le secteur des services, j'aimerais que vous nous disiez où des pertes d'emploi risquent de se produire à l'avenir.
Ma question s'adresse à quiconque veut bien y répondre.
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En ce qui touche la perte d'emplois dans le secteur manufacturier, il faut tenir compte de deux facteurs. Premièrement, nous savons que ces emplois sont remplacés parce que le taux de chômage est à son niveau le plus bas depuis 30 ans. Nous savons donc que les gens trouvent de nouveaux emplois. La véritable question qui se pose, c'est de savoir quels sont ces emplois.
L'indice de qualité des emplois de la CIBC est un indice intéressant parce qu'il nous permet d'avoir une certaine idée des secteurs où ces emplois sont créés. Des emplois bien rémunérés sont créés dans le secteur public, et pas seulement dans le secteur privé.
Une évolution semble aussi avoir lieu dans le secteur manufacturier. Ce sont les emplois manufacturiers moins bien rémunérés qui semblent disparaître. Dans certains cas, ils sont remplacés par des emplois mieux rémunérés dans des secteurs haut de gamme de l'industrie manufacturière.
Je crois qu'on constate aussi un changement au sein des entreprises de fabrication elles-mêmes. Le secteur automobile est un exemple intéressant. On constate en Ontario que le secteur de la recherche et de la conception prend de l'ampleur dans l'industrie automobile. L'industrie automobile en Ontario ne se limite plus à des usines d'assemblage et de production de pièces.
Il y a progression dans la chaîne à valeur ajoutée dans cette industrie et c'est quelque chose que la politique gouvernementale devrait encourager.
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Merci, monsieur Arthur.
J'aimerais terminer par quelques observations et questions.
Je m'adresserai à M. Marchi qui a fait mention de notre rapport sur le secteur manufacturier, ce dont je le remercie.
Nous sommes plus qu'à mi-chemin dans notre étude sur le secteur des services, et nous savons que pour rédiger un rapport et formuler des recommandations, il est bon de répertorier les défis communs à tout le secteur, pour que le comité puisse faire des recommandations-- unanimes ou non. Dans notre rapport sur le secteur manufacturier, nous avons recensé comme grands défis la main-d'oeuvre qualifiée, l'appréciation du dollar, l'énergie comme coût d'intrant, les défis que représentent les économies émergentes et la réglementation.
Vous représentez une coalition du secteur des services, monsieur Marchi, et je crois savoir que vous connaissez des difficultés à la frontière. Vous avez signalé des problèmes également en matière d'échanges commerciaux et de politique fiscale, cette dernière question ayant aussi été soulevée par M. Stewart-Patterson.
La main-d'oeuvre qualifiée, qui faisait partie des cinq défis que nous avions dégagés pour le secteur manufacturier, est-elle aussi un enjeu important pour vous? En ce qui concerne l'appréciation du dollar, honnêtement, les représentants du secteur des services nous en ont peu parlé. L'appréciation du dollar est-elle un facteur important ou négligeable?
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La main-d'oeuvre qualifiée est certainement un enjeu pour nous — la formation de cette main-d'oeuvre et la cohésion de cette formation. Nous avons dressé une liste de sept recommandations en vue d'attirer de façon stratégique votre attention sur certains points particuliers.
Je crois que nombre d'entre nous ont aussi fait allusion au dossier des obstacles au commerce intérieur. Comme l'a dit M. McTeague en préambule à ses questions — et d'autres députés ont abordé ce sujet — si notre monde et ses marchés sont de plus en plus libéralisés, les obstacles au commerce intérieur nous empêchent d'être concurrentiels dans ce monde libéralisé. Par conséquent, ces obstacles représentent une source possible de disfonctionnement dans ce monde libéralisé, car notre compétitivité est fonction de ces barrières au commerce intérieur. Elles devraient donc être une priorité.
Pour revenir à une question précédente sur l'égalité de traitement pour tous les secteurs et toutes les entreprises, dans le secteur des services à l'échelle internationale, où la croissance est actuellement de 13 p. 100, le potentiel de croissance est grand, mais il faut savoir dans quelles régions nous devrions déployer des efforts. Il ne s'agit pas de choisir des gagnants et des perdants, mais plutôt de mieux établir les liens entre ce que nous produisons, ceux qui sont nos concurrents et les endroits où nous devrions dispenser des services. Il s'agit donc de faire un meilleur usage des outils que sont les échanges commerciaux et l'investissement au niveau international et d'établir des liens avec ce que nous faisons le mieux et ce qui a un potentiel de croissance.
Ce sont là certains points que vous voudriez peut-être examiner.
Vous montrez les chiffres.
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Veuillez avoir l'obligeance de reprendre vos places.
Chers collègues, avant d'aborder la motion de Mme Brunelle, j'aimerais avoir votre accord, ce qui ne devrait pas poser de problème. Nous allons poursuivre l'étude du secteur des services mardi et jeudi, et nous examinerons l'appréciation du dollar les mercredis.
Aucun des universitaires que nous avons invités, sauf un, ne pourra être là mercredi prochain. Nous n'avons donc qu'un témoin, M. Campbell, je crois, ou un représentant du Centre canadien des politiques alternatives. Je crois que nous n'aurons pas non plus d'universitaires pour le deuxième groupe de témoins, le 7.
Je propose donc que jeudi, la première heure soit consacrée au secteur des services et la deuxième heure, à l'appréciation du dollar. Cela nous éviterait de n'entendre qu'un témoin et libérerait notre mercredi après-midi.
:
Monsieur le président, le secrétaire parlementaire soulève un point important.
[Français]
Je vois les deux motions. Je tiens à remercier Mme Brunelle d'avoir présenté la première. Je prends aussi note du fait que la motion est presque la même que celle qui a déjà été présentée et qui, selon nos députés membres du Comité des finances, a été adoptée.
Je comprends maintenant qu'il y a des problèmes d'interprétation et que le Comité des finances ne prévoit pas avoir une solution avant une journée encore, mais en attendant, bien que j'accepte le principe exposé ici et que j'aimerais peut-être appuyer la motion, cela me cause un peu de difficulté, parce que tout ce qu'on prévoit ici, à part Partenariat technologique Canada, doit être motivé par le ministère des Finances. Donc, j'aimerais, si possible, qu'on reporte le débat sur cette motion — je sais que c'est à la discrétion de Mme Brunelle — afin de voir si le Comité des finances a effectivement fait la même chose. À mon avis, le comité le plus approprié pour faire avancer cette motion est le Comité des finances, mais j'accepte qu'il y ait un débat sur cette question. J'aimerais attendre jusqu'à demain et j'aimerais demander à Mme Brunelle de permettre que le débat sur sa motion se poursuive demain, à moins qu'elle n'ait pas été adoptée au Comité des finances.
:
Je n'ai aucune difficulté à accepter ces propos. Il y a des questions ici qui touchent l'administration des provinces. Il y aura évidemment un débat à ce sujet. Nous acceptons l'esprit de la motion, mais nous tenons compte du fait que les éléments compris dans la motion de M. Crête vont beaucoup plus en profondeur que ceux que nous avons devant nous.
[Traduction]
Sans vouloir présumer de ce que fera notre comité, j'aimerais tout de même voir ce que fera le Comité des finances sur ce sujet. Si demain à 14 heures ou à 15 heures le Comité des finances adopte cette motion, il suffirait que le Comité de l'industrie adopte aussi cette motion.
Je comprends que le Bloc tienne à ce que tous les comités intéressés par ce sujet adoptent cette motion, mais je pense qu'il faudrait en savoir plus avant d'adopter ou d'accepter la motion du Comité des finances.
Nous avons ici une recommandation importante sur des dépenses ciblées dans des domaines qui relèvent davantage du Comité des finances, à mon avis, sauf pour ce qui est de Partenariat technologique Canada. C'est mon opinion.
Cela ne signifie pas que nous sommes contre la motion. Nous devrions d'abord voir ce que fait le Comité des finances. Assurons-nous que tous les éléments sont là. La motion de M. Crête va beaucoup plus loin que celle qui nous a été présentée aujourd'hui. Si je les compare, j'estime que la motion de M. Crête du Comité des finances mérite davantage d'attention et relève beaucoup plus manifestement des compétences de ce comité.
:
Merci, monsieur le président.
Ma motion porte sur la vente de MacDonald, Dettwiler and Associates, MDA, à Alliant Techsystems, ATK, qui lui permettrait d'acquérir le télémanipulateur canadien ainsi que l'activité satellitaire de RADARSAT au prix de 1,325 milliard de dollars.
En application de la Loi sur Investissement Canada, Industrie Canada procède actuellement à un examen. Le ministre de l'Industrie y participe.
Des interrogations et des inquiétudes entourent cette vente, et je vais en mentionner quelques-unes. RADARSAT a bénéficié d'importants investissements de fonds publics. Le repreneur, ATK, fabrique notamment des mines terrestres et des bombes à dispersion. La question se pose donc de savoir s'il sera tenu compte des obligations internationales du Canada et si nous serons en conformité avec les traités que nous avons signés; on s'interroge également sur l'usage qui sera fait de cette technologie et sur l'identité de ceux qui disposeront de cette information.
Nous avons entendu le ministre de l'Industrie dire qu'il envisagerait d'appliquer le critère de la sécurité nationale aux prises de contrôle par des intérêts étrangers, mais aucune explication n'a été donnée sur ce qui pourrait être visé ni sur la question de savoir si cette vente comporte des considérations de sécurité.
Beaucoup d'interrogations planent sur cette vente. Dans ma circonscription, j'ai reçu quantité d'appels téléphoniques et de messages électroniques sur le sujet. Je pense qu'il serait tout à fait opportun d'entendre le ministre de l'Industrie — la personne qui a la responsabilité de cet examen — pour lui poser des questions au sujet des critères de l'examen et de tout autre point qu'il est en mesure de nous communiquer. Nous pourrons aussi lui faire part des préoccupations, questions et demandes de renseignements provenant de nos électeurs.
Il est demandé dans ma motion de faire comparaître le ministre de l'Industrie devant le comité d'ici deux semaines pour répondre à des questions au sujet du projet de vente.
:
Monsieur le président, on m'a demandé la semaine dernière de m'adresser aux médias à ce sujet et, d'entrée de jeu, j'ai exprimé certaines préoccupations au sujet des obstacles juridiques auxquels le ministre se butterait s'il venait ici.
Qu'on ne s'y trompe pas, monsieur le président. Je veux que le ministre vienne ici, je souhaite ardemment sa présence. J'ai toute une pile de dossiers dont je veux lui parler.
Je demanderais maintenant à de bien vouloir dire à son ministre qu'il occupe son poste depuis le mois d'août. Nous sommes presque en février et nous ne l'avons pas encore vu au comité. Je pense que ce serait là une bonne question à lui poser, parmi tant d'autres, même s'il ne peut pas y répondre.
Cela dit, monsieur le président, j'ai une certaine expérience préalable du dossier de MacDonald Dettwiler et de RADARSAT-2. Je sais notamment, monsieur le président, grâce à mon emploi précédent, que j'ai occupé jusqu'à ce que votre parti me mette à la porte, que certaines réserves peuvent être soulevées au sujet des liens entre APK et le traité sur les mines terrestres relativement aux bombes à fragmentation, comme l'a signalé à juste titre, et sur la question de savoir si nous nous conformons au traité.
Le comité des affaires étrangères et du commerce international serait le comité compétent pour tenir ces délibérations. Je ne vous libère pas de toute responsabilité. Je dis simplement que je veux que le ministre vienne nous rencontrer. Je veux que M. Carrie nous dise quand il prévoit enfin faire venir le ministre devant le comité.
Je comprends ses préoccupations, qui sont légitimes, au sujet des règles de confidentialité. Ce serait bien que le ministre vienne, que nous lui posions des questions et qu'il réponde en ces termes: « je ne peux rien dire ».
Nous savons par ailleurs que l'organisme de réglementation fera connaître sa position d'ici une semaine ou deux, du moins nous l'espérons.
Je pense qu'à ce moment-là, la motion de pourrait être plus pertinente. Mais je fais aussi une mise en garde aux néo-démocrates: ils doivent veiller à ce que cette motion soit présentée au comité des affaires étrangères, lequel a les pouvoirs voulus et peut se réunir à huis clos pour examiner les détails de la vente sans divulguer de renseignements. Je crois donc que c'est un dossier que ce comité devrait examiner de sa propre initiative.
Une chose est claire: je veux voir le ministre, nous voulons voir le ministre et nous continuerons de revenir à la charge là-dessus au comité. Nous faisons tous du bon travail, mais nous devons entendre ce ministre une fois pour toutes.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous sommes le comité de l'industrie, des sciences et de la technologie. Or je pense que le marché proposé comporte un élément important de transfert de technologie.
Je comprends les contraintes auxquelles s'exposerait en matière de confidentialité. Par ailleurs, je pense qu'il est important qu'il comparaisse devant notre comité pour qu'il comprenne nos préoccupations et qu'il en tienne compte dans ses négociations avant la fin de l'examen.
Je conviens avec mon collègue que le comité des affaires étrangères aurait un rôle à jouer, mais j'estime que notre comité devrait lui aussi jouer un rôle.
Je n'ai pas besoin de connaître le prix. Il n'a pas à me dire quel prix ils vont payer, mais je pense qu'il doit comprendre nos préoccupations relativement à cette transaction. Et il aborderait peut-être tout le processus d'examen dans une perspective différente s'il venait nous voir avant la fin de l'exercice, et je voudrais donc qu'il comparaisse devant nous.
Sauf le respect que je dois à ceux qui ont fait des observations jusqu'ici, nous n'allons pas demander au ministre de révéler des secrets d'entreprise ou de dévoiler des images satellites que la technologie a permis de saisir.
Nous voulons savoir quels critères il va examiner et nous voulons qu'il nous donne l'assurance que les intérêts canadiens seront protégés dans cette vente.
Étant donné que cela relève de la compétence du ministre de l'industrie qui s'occupe de ce dossier, je crois qu'il devrait comparaître devant le comité et nous donner l'occasion de lui poser des questions. Et il devra évidemment respecter la loi en s'abstenant de révéler des renseignements qui ne devraient pas l'être. Nous voulons qu'il dise sur quels critères il va fonder sa décision, et il y a peut-être une foule d'autres questions auxquelles il aurait tout à fait le droit de répondre. Je trouve qu'il serait important que les Canadiens constatent que quelqu'un exprime leurs inquiétudes et que notre comité se penche sur ce dossier qui a fait l'objet d'un débat public.
Je pense que notre comité est bien celui qui devrait examiner cette transaction et qu'il convient que le ministre vienne lui-même pour répondre aux questions dans la mesure du possible, mais aussi pour entendre les préoccupations dont les gens nous ont fait part, peu importe qu'il ait ou non les réponses voulues à l'heure actuelle.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai pris bonne note des interventions des députés et je comprends bien que certaines questions se posent assurément.
Nous sommes donc saisis d'un avis de motion qui se lit comme suit: « Que le comité demande au ministre de l'Industrie, Jim Prentice, de comparaître devant ses membres d'ici deux semaines, afin de répondre à des questions au sujet de l'examen effectué par Industrie Canada, en application de la Loi sur investissement Canada, relativement à la vente proposée d'une partie de MacDonald, Dettwiler and Associates Ltd. à Allant Techsystems, une entreprise appartenant à des intérêts américains ». Or la Loi sur investissement Canada stipule: « Il est interdit de communiquer sciemment les renseignements, de permettre qu'ils le soient ou de permettre à qui que ce soit d'en prendre connaissance ou d'y avoir accès. »
Si c'est ce que vous demandez, je dis simplement que vous lui demandez de faire quelque chose qu'il lui est interdit de faire. Si le comité voudrait s'entretenir d'autres sujets avec le ministre, nous pouvons toujours demander au ministre de venir témoigner devant le comité. Mais le texte que vous avez rédigé est inacceptable.
Vous avez mentionné les critères. Si vous aimeriez avoir une séance d'information sur les modalités d'application de la Loi sur investissement Canada, je suis certain que le ministre se ferait un plaisir de venir vous donner ces informations pour que vous sachiez exactement comment ça se passe. Mais il ne lui sera pas possible de donner les réponses que vous réclamez dans cet avis de motion.
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Merci, monsieur le président.
Je remplace un collègue aujourd'hui. Vous et moi avons déjà siégé à ce comité et je comprends la position de M. Carrie, à titre de secrétaire parlementaire du ministre de l'Industrie, poste que j'ai déjà occupé, mais je comprends également l'intention de la motion.
Nous sommes actuellement dans une situation difficile relativement à nos initiatives militaires. Nous avons par exemple reçu M. O'Connor devant le comité. Nous savons très bien que les ministres ne peuvent pas tout dire. Néanmoins, c'était une occasion que le comité devait saisir. Le ministre le sait pertinemment, comme le secrétaire parlementaire l'a dit avec éloquence. Mais je pense que cela envoie aussi un signal, monsieur le président, si je peux me permettre — je veux dire la volonté du ministre de venir devant le comité. Pour ce qui est de venir dans les deux semaines, je ne saurais dire, parce que nous savons à quel point les ministres sont occupés.
Ce qui m'incite à intervenir, monsieur le président, c'est le fait que le ministre est un parlementaire tellement chevronné. Nous savons que les ministres sont surchargés de travail et qu'ils font de leur mieux. Mais je l'encouragerais simplement à venir se présenter devant le comité. Les députés auront alors l'occasion de lui poser des questions. Le ministre sait très bien quels sont les paramètres de son intervention et c'est son privilège de dire « je regrette », comme le ministre de la Défense l'a fait par exemple devant notre comité quand il a répondu : « Je ne suis pas autorisé à... », etc. Et c'est très probablement ce que le ministre répondra à certaines questions précises.
J'encourage le secrétaire parlementaire à inviter le ministre. Si les membres du comité choisissent de lui poser ces questions-là, et s'ils obtiennent des réponses vagues ou dénuées de sens, eh bien ils doivent se préparer en conséquence. Je ne veux nullement déroger au processus et ce sont des renseignements que l'on ne peut pas divulguer, qui ne doivent pas être divulgués.
Monsieur le président, je pense que nous avons par ailleurs la responsabilité, à titre de députés, de transmettre le message dont nos électeurs nous font part, en tenant compte également de nos propres inquiétudes. Je pense que tel est la véritable intention de Mme. Nash.
Je dirais que si elle disposée à accepter sans aucune hostilité ces paramètres, étant entendu que le ministre aura beau venir, nous n'aurons peut-être pas tellement de réponses à nos questions, je suis moi-même disposé à accepter la motion.
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J'appuie la motion de Mme Nash. Je veux que le ministre vienne.
Je ne propose pas d'amendement, mais j'aimerais connaître la réaction des membres du comité au sujet des sages paroles de M. Cannis. Je voudrais que cette motion dise à peu près ceci : le comité demande que le ministre de l'Industrie comparaisse devant le comité au cours des quatre à six prochaines semaines. En effet, je me dis que nous avons trois semaines, après quoi nous avons une semaine de congé pour revenir ensuite pendant encore trois semaines.
Je me pose évidemment des questions là-dessus, auxquelles il pourra choisir de répondre ou de ne pas répondre, monsieur Carrie, mais j'ai aussi d'autres questions et toute une gamme de dossiers dont je veux discuter. J'ignore combien de temps il nous faudra avant d'en arriver au budget des dépenses, mais je me demande si le comité tiendra compte du caractère particulier de la motion de Mme Nash, puisqu'elle demande que nous nous penchions sur un dossier dont il ne pourra peut-être pas discuter, pour des raisons évidentes, compte tenu des préoccupations soulevées par la députée relativement à la conformité au traité, à RADARSAT-2 et à la conformité au traité sur les mines terrestres, toutes questions qui semblent bel et bien du domaine du comité des affaires étrangères. Cela dit, ce délai nous permettra aussi de savoir si l'obstacle réglementaire a été levé par la décision positive ou négative de l'organisme de réglementation.
Alors faisons comparaître le ministre au cours des cinq prochaines semaines; je pense que cela résoudrait probablement bon nombre de problèmes, au lieu de s'étendre en long et en large sur ce que le ministre peut et ne peut pas dire.
Franchement, monsieur Carrie, cela fait maintenant six mois. Je sais que le ministre voudra probablement venir témoigner devant le comité. Une foule de questions ont surgi, notamment les travaux que nous faisons sur le secteur des services, sur l'appréciation du dollar, sur le coût de l'énergie et le secteur manufacturier. Nous n'avons pas encore entendu ce ministre et je pense que ce serait une excellente occasion de le faire.
Je fais donc cette proposition à Mme Nash à titre d'amendement favorable. J'essaie d'obtenir ce que nous voulons tous, me semble-t-il. Nous voulons entendre le ministre.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais faire une observation. Je suis devenu membre du comité seulement au début de la deuxième session, à la mi-octobre. Si je me rappelle bien, c'est la première fois que nous discutons de la venue éventuelle du ministre, puisque nous sommes entrés directement dans le vif du sujet, c'est-à-dire l'étude sur le secteur des services et sur l'appréciation du dollar.
Monsieur le président, je constate que les députés d'en face se disent indignés par l'absence du ministre, mais c'est en fait la toute première fois que la question est abordée. En toute justice, les questions abordées dans la motion sont importantes, je n'en disconviens pas; il n'y a aucun doute qu'elles méritent d'être examinées par notre comité ou celui des Affaires étrangères. Je pense que ce sont évidemment des questions importantes auxquelles s'intéressent les Canadiens, mais nous avons aussi l'obligation de respecter le protocole établi par la loi.
Donc, en principe, je ne vois aucune objection majeure et j'ai hâte, tout comme mes collègues, j'en suis sûr, que le ministre puisse venir sur la sellette pour discuter avec nous de ces questions clés, y compris celles dont nous avons discuté abondamment ces derniers mois.
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Merci, monsieur le président.
Tout à l'heure, j'entendais dire d'un côté et de l'autre que certaines informations ne devaient pas être divulguées. Par contre, pourriez-vous me dire quelles sont ces informations? De quoi parle-t-on exactement?
D'autre part, si le RADARSAT est vendu et qu'il se retrouve aux mains des Américains, ils auront accès quand ils le voudront et comme ils le voudront aux informations sur notre territoire.
Nous n'avons pas accès à ces informations parce qu'il ne faut pas les divulguer. Par contre, si les Américains achètent le RADARSAT, ils auront accès à toutes les informations auxquelles ils voudront avoir accès sur notre territoire.
J'aimerais obtenir des explications à cet égard.
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J'ai laissé le débat se poursuivre, mais je pense que je vais répondre à M. Vincent.
Mme Nash m'a donné préavis de cette motion et je comprends assurément qu'elle reçoit beaucoup de questions à ce sujet, parce que j'en reçois beaucoup moi aussi.
Quand j'ai rencontré la greffière et les attachés de recherche lundi, ma question était de savoir si la motion était recevable. Ma réaction initiale était qu'elle ne l'était pas. La greffière m' avisé que, du point de vue de la procédure, la motion était recevable, mais l'attaché de recherche a dit que, quant au fond, elle présentait de sérieux problèmes, en ce sens qu'aux termes de la Loi sur Investissement Canada, le ministre ne peut pas discuter de toute transaction proposée. Le ministre ne peut même pas reconnaître qu'il y a une vente proposée; le ministre ne peut même pas parler d'une vente hypothétique. Telle est la sévérité des contraintes quant à ce que le ministre peut dire, et j'ai donc demandé aux recherchistes de me donner de plus amples informations pour me guider à titre de président.
Mark est présent dans la salle et il a rédigé un document. Malheureusement, il est en anglais seulement et je ne vais donc pas le distribuer aux membres du comité. Peut-être Mark peut-il nous en parler, mais je crois comprendre que si la motion est adoptée telle quelle, je ne sais même pas si le ministre peut, techniquement, venir devant le comité ou s'il accepterait de venir, parce qu'il aura beau être prudent dans ses commentaires, il ne pourra même pas faire la moindre allusion à cette possible transaction commerciale. Voilà à quel point il est limité par la Loi sur Investissement Canada.
Je dis cela pour tenter d'être utile à titre de président. Si M. Vincent veut poser des questions plus précises à Mark, sur le plan juridique, quant à ce que le ministre peut dire et de quoi il peut parler, Mark, souhaitez-vous y répondre?
Monsieur Vincent.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais remercier les députés de leurs commentaires.
Nous pourrons peut-être parler un peu du sous-amendement, et prendre un peu de recul, parce que comme l'a dit mon collègue M. Stanton, c'est la première fois que nous avons dit vouloir que le ministre comparaisse ici. Je sais que le ministre aimerait venir et discuter de questions avec le comité.
Premièrement, j'ai une question pour la greffière. Si cet avis de motion est changé de façon substantive, est-ce qu'il faut présenter un nouvel avis de motion au comité?
Il serait peut-être plus simple si le comité se mettait d'accord pour écrire une lettre au ministre, lui demandant de comparaître devant le comité dans un délai de quatre à six semaines. Comme j'ai entendu dire M. Simard, présentons les choses très simplement. Si nous ne donnons pas de détails, nous pouvons lui poser les questions que nous voulons. Cette option serait peut-être un moyen facile de régler la situation.