:
Bonjour, chers collègues.
[Traduction]
Bienvenue à tous. Cette réunion du mardi 27 novembre 2007 est la quatrième réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
Notre ordre du jour concerne d'abord le budget supplémentaire. Vous y trouverez les divers crédits du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international que nous allons examiner.
Nos témoins sont des représentants de l'Agence canadienne de développement international, à savoir le président, Robert Greenhill, et le vice-président suppléant, Ressources humaines et services corporatifs, Gregory Graham, ainsi que des représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, à savoir le sous-ministre, Leonard Edwards, et la sous-ministre adjointe, Services ministériels, Doreen Steidle.
Comme vous le savez, la deuxième heure sera consacrée au qui ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Comme nous commençons en retard, et si cela ne dérange pas trop nos invités, nous irons peut-être un peu au-delà de midi. Tout dépendra des questions posées.
Je vous souhaite à nouveau la bienvenue à tous.
Je ne sais pas dans quel ordre vous voulez commencer. Je vois que M. Greenhill est le premier sur l'ordre du jour et c'est donc peut-être avec lui que nous allons commencer.
Allez-y, monsieur Greenhill.
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux d'être ici au nom de la ministre, Beverly Oda, pour parler du budget supplémentaire de l'ACDI pour l'exercice budgétaire 2007-2008. Je suis accompagné du vice-président suppléant de l'ACDI, Ressources humaines et des Services corporatifs, Gregory Graham.
Nous sommes ici pour participer à votre étude du budget supplémentaire. Je commencerai par mentionner la hausse proposée de 15,5 millions de dollars du budget d'exploitation de l'ACDI, qui concerne des ressources additionnelles nécessaires pour couvrir le coût de deux des programmes cruciaux de l'ACDI en Afghanistan et au Soudan. Sur cette somme, 4,3 millions de dollars représentent une hausse des crédits de l'ACDI et 11,2 millions de dollars seront transférés du budget des subventions et contributions de l'ACDI.
Comme vous le savez, l'Afghanistan est actuellement le lieu de notre plus grand programme. Selon les prévisions actuelles, l'Agence y dépensera plus de 250 millions de dollars de subventions et contributions durant l'année 2007-2008. Pour gérer ces dépenses, l'Agence doit accroître son personnel à Kaboul et à Kandahar, ainsi qu'à son administration centrale. Notre présence sur le terrain a plus que doublé au cours des deux dernières années et elle continue d'augmenter. Nous aurons 35 professionnels en Afghanistan d'ici avril 2008, contre seulement 10 en 2006. Globalement, avec la création du Groupe d'action en Afghanistan, le programme, qui avait juste un peu plus de 20 employés à temps plein, en a maintenant près de 80. Environ 12,7 millions de dollars couvriront ces coûts du programme afghan, qui ont augmenté parallèlement à l'expansion du programme.
De même, l'accroissement de notre programme du Soudan s'accompagne d'une hausse de 2,8 millions de dollars des coûts d'exploitation, concernant la conception, la mise en oeuvre, la surveillance et l'évaluation de projets. Nous continuons de prêter notre aide face à une crise humanitaire difficile au Darfour et, en même temps, nous essayons avec d'autres donateurs de renforcer le fragile accord de paix nord-sud par une aide au développement.
Le programme de l'ACDI est axé sur la prestation d'une aide humanitaire aux personnes touchées par le conflit, sur l'aide à la réintégration des personnes déplacées, sur l'appui aux services d'éducation de base, aux service de santé et aux activités de déminage, et sur l'amélioration de l'approvisionnement en eau et des services sanitaires.
Depuis janvier 2006, l'ACDI a déboursé quelque 120 millions de dollars au Soudan, dont 72,7 millions sous forme d'aide pour faire face à la crise et plus de 47,5 millions pour des efforts de reconstruction. Pour assurer la prestation de ce programme, nous avons créé une nouvelle division du programme du Soudan, gérée par un directeur, et nous créons maintenant des postes sur le terrain afin de pouvoir déployer du personnel à Khartoum et à Juba. À Juba, l'ACDI participe avec les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni et la Norvège à l'exploitation d'un bureau commun des donateurs dans le sud du Soudan, première expérience mondiale d'harmonisation complète des efforts et de co-hébergement des donateurs.
Le budget supplémentaire comprend aussi des fonds supplémentaires pour l'octroi de subventions et contributions afin de financer l'appui de l'ACDI au fonds de secours du Liban, à hauteur de 2,2 millions de dollars, et des efforts humanitaires et de reconstruction au Soudan, à hauteur de 16 millions de dollars. Au Liban, l'appui canadien permet d'améliorer l'approvisionnement en eau et les services sanitaires, l'hébergement, la protection, les services médicaux et la réparation d'infrastructures essentielles.
[Français]
En même temps, un certain nombre de réductions sont prévues à notre budget de subventions et de contributions d'une valeur globale de 30,3 millions de dollars.
Ces réductions ont trait à un nombre de transferts au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international. Le plus important, de l'ordre de 11,9 millions de dollars, reflète le transfert aux Affaires étrangères de la responsabilité d'appuyer directement les opérations de paix de l'Union africaine au Darfour. Le reste des transferts servira à fournir le soutien administratif nécessaire à la présence accrue de l'ACDI à l'étranger, soit 4,5 millions de dollars, et à financer les programmes de bourses d'étude annoncés en juillet par le en Amérique latine et aux Caraïbes, soit 0,7 million de dollars.
L'ACDI transférera également 2 millions de dollars au Centre de recherches pour le développement international en vue de la réalisation d'un projet auquel prendra part l'Institut pour la connectivité dans les Amériques.
Le Budget supplémentaire des dépenses précise également que l'ACDI doit investir 26,6 millions de dollars de plus dans le Fonds d'investissement du Canada pour l'Afrique, qui a été établi pour encourager les investissements dans les titres de placement des entreprises africaines.
Ce fonds a connu un franc succès pour ce qui est d'attirer les investissements privés. Pour respecter ses obligations de participation égale aux investissements du secteur privé, l'agence a besoin, au cours de cet exercice, de 26,6 millions de dollars, en plus des 19 millions de dollars inclus dans le Budget principal des dépenses.
Ces 26,6 millions de dollars constituent la participation finale et entière de l'ACDI au fonds.
Des fonds d'investissement additionnels permettront à l'ACDI de respecter ses obligations contractuelles de participation égale aux investissements prévus du secteur privé d'ici la fin de l'exercice.
Le Budget supplémentaire des dépenses sert également à obtenir l'autorisation d'augmenter de 210,6 millions de dollars les autorisations de subvention de l'agence.
Cette hausse n'entraînera pas une augmentation nette du pouvoir de dépenser, puisque l'augmentation des subventions sera contrebalancée par une diminution correspondante des autorisations de contribution.
Les autorisations de subvention prévues permettront à l'agence d'accorder aux organisations multilatérales des subventions qui serviront à financer le programme dans les États en crise, notamment en Afghanistan, en Haïti et au Soudan. Elles permettront en outre de maintenir le niveau de financement de base consenti par l'ACDI à certaines institutions multilatérales ainsi que de financer des secours alimentaires d'urgence, de pallier des pénuries chroniques de nourriture en Éthiopie, de contribuer à la lutte contre le VIH/sida et de renforcer les systèmes de santé en Afrique.
[Traduction]
Le budget supplémentaire sert également à autoriser une augmentation de 210 millions de dollars du pouvoir d'octroi de subventions de l'Agence.
Dans tous ces pays et pour tout notre budget d'aide, monsieur le président, notre approche est axée sur l'efficacité, la concentration et la responsabilité. Cette approche nous aide à obtenir des résultats en Afghanistan et en Haïti, au Soudan et dans d'autres États fragile ou en déroute. En Afghanistan, grâce au financement du Canada et d'autres pays donateurs, il y a aujourd'hui plus de 6 millions d'enfants qui vont à l'école, dont 2 millions de filles, ce qui est sans précédent dans l'histoire de ce pays. Nous finançons un programme mondial d'éradication de la polio qui a permis d'immuniser plus de 7 millions d'enfants en Afghanistan, dont 350 000 à Kandahar.
Un programme de micro-crédit et d'épargne permet d'aider plus de 400 000 adultes à se lancer en affaires, à retrouver un gagne-pain, à nourrir leur famille et à élever des enfants en pleine santé. En Haïti, l'ACDI appuie des mesures de bonne gouvernance, notamment le financement d'élections démocratiques. Nous fournissons des fonds à Haïti pour établir une fonction publique plus professionnelle, améliorer les infrastructures telles que les routes et l'électricité, et bâtir un meilleur réseau d'écoles.
Hier, en Tanzanie, le premier ministre, accompagné de la ministre Oda, a annoncé que le Canada est en train de bâtir une vaste coalition pour améliorer les systèmes de santé de l'Afrique subsaharienne. Cette initiative permettra de sauver un million de vies. À elle seule, la contribution du Canada, de 105 millions de dollars, permettra de sauver plus de 200 000 vies. Il s'agit là de résultats dans tout ce qu'ils peuvent avoir d'important et de tangible. Cela fait partie d'un programme plus général de 10 ans appelé Initiative des systèmes de santé africains et annoncé lors du sommet de 2006 du G-8 à Saint-Pétersbourg, et cela réitère l'engagement du Canada envers l'Afrique.
Monsieur le président, ce sont là quelques exemples seulement des résultats concrets qui seront réalisés grâce à l'ACDI. Je vous remercie de m'avoir permis de m'adresser au comité aujourd'hui et je suis prêt à répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très heureux de participer avec vous à l'étude du budget supplémentaire du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
De plus en plus, ce qui se passe dans le monde influe sur tous les aspects de la vie des Canadiens. Il est donc important de tenir le parlement informé de ce que fait le ministère au nom de la population.
[Français]
Nous dirigeons et coordonnons une approche pangouvernementale visant la réalisation du programme mondial du Canada ainsi que la promotion des valeurs et des intérêts canadiens dans le monde. Il fournit des services de passeport, des services consulaires et des services commerciaux aux Canadiens et aux entreprises canadiennes, leur permettant de jouer leur rôle sur la scène internationale.
De plus, le ministère gère les missions canadiennes à l'étranger. Celles-ci constituent le tremplin international pour l'ensemble du gouvernement du Canada, et pas seulement pour mon ministère.
[Traduction]
Voilà, en quelques mots, ce que fait le ministère mais, direz-vous, en quoi est-ce un travail particulier et de qualité?
Permettez-moi de dire quelques mots sur les priorités du gouvernement en politique étrangère, puisque tel est le contexte général de ce budget supplémentaire. Je vous donnerai ensuite quelques détails sur ce budget.
Deux des grandes priorités du gouvernement sont l'Afghanistan et les Amériques, dont Robert vient de parler.
L'Afghanistan d'abord. Comme vous le savez, les Afghans viennent de passer des décennies dans la guerre. Quand les extrémistes y ont pris le pouvoir, les terroristes n'ont pas tardé à arriver. À la défaite du gouvernement des Talibans, en 2001, le pays était exsangue. Aujourd'hui, l'Afghanistan se tourne vers la communauté internationale pour qu'elle l'aide à se rétablir.
Il est dans l'intérêt de la sécurité du Canada d'aider l'Afghanistan à devenir un État stable, démocratique et autonome. Le Canada s'est joint à plus de 60 nations et organisations internationales pour mettre en oeuvre un plan de rétablissement de l'Afghanistan, appelé le Pacte pour l'Afghanistan.
Le Pacte annonce que la sécurité, la gouvernance et le développement sont trois piliers essentiels et interdépendants, ce que reflète entièrement notre approche. Par exemple, nos efforts sur la sécurité sont aussi destinés à rétablir les capacités du gouvernement. Nos projets de développement sont aussi destinés à doter le peuple afghan d'un environnement plus sûr. Les piliers se renforcent l'un l'autre en démontrant que les intérêts et valeurs du Canada sont les fondements essentiels de notre mission en Afghanistan.
La présence canadienne change vraiment les choses pour le peuple afghan. En même temps, nous apportons une contribution réelle à la paix et la sécurité internationales, oeuvre noble et importante. Le courage de nos soldats et de nos civils en Afghanistan est incontestable, tous les Canadiens le savent. Le ministère assure la coordination pangouvernementale de la mission du Canada en Afghanistan, rôle dont nous sommes fiers.
Les Amériques sont l'une des autres grandes priorités du gouvernement. Elles offrent au Canada une occasion unique de faire preuve de leadership tout en poursuivant ses propres intérêts. L'approche du gouvernement repose sur trois piliers se renforçant mutuellement. L'objectif est d'accroître la prospérité, de rehausser la sécurité et de promouvoir nos valeurs fondamentales que sont la liberté, la démocratie, les droits humains et la règle de droit.
En ce qui concerne le commerce et l’investissement, les Amériques son tune région de grand potentiel pour les entreprises canadiennes. De fait, nous sommes actuellement en troisième place parmi les investisseurs là-bas, et nous progressons encore.
[Français]
Le a souligné, lors de sa visite dans la région l'été dernier, que la liberté des marchés représentait le meilleur moyen d'atteindre un niveau de vie plus élevé et d'améliorer les conditions sociales de tous. Nous tenterons d'obtenir des marchés libres partout où cela sera possible.
Les problèmes liés à la sécurité et à la stabilité dans les pays des Amériques ont leur source principalement dans la faiblesse des institutions démocratiques et les inégalités socioéconomiques. L'obligation démocratique de rendre compte et l'intégrité dans la conduite des affaires publiques sont indissociables. Voilà pourquoi la bonne gouvernance est importante.
[Traduction]
Nous allons donc agir pour aider les pays qui s'efforcent de renforcer leurs institutions démocratiques. Pour ce faire, nous pouvons nous inspirer des modèles canadiens de gouvernance. En les aidant à améliorer la prestation de services d'éducation, de sécurité et de santé, le Canada permet non seulement à ses propres valeurs de s'implanter dans la région mais aussi d'y rehausser la sécurité et la stabilité.
Outre ces deux grandes priorités, le ministère poursuit également d'autres objectifs stratégiques. Nous oeuvrons pour un Canada plus sûr et plus prospère au sein du partenariat nord-américain renforcé. Nous recherchons un usage plus responsable et plus cohérent du système multilatéral afin d'obtenir des résultats concrets sur les questions d'intérêt mondial qui préoccupent les Canadiens. Nous essayons de renforcer les services aux Canadiens, notamment les services consulaires, de passeport et de commerce international. Finalement, nous nous efforçons de rehausser l'efficacité et l'efficience de nos ressources ministérielles pour appuyer les objectifs de notre politique internationale et la prestation de nos programmes, à la fois chez nous et à l'étranger.
Ces objectifs sont nécessaires pour un certain nombre de raisons, la moindre n'étant pas le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.
[Français]
Les gouvernements font face à une demande grandissante sur tous les fronts à mesure que la distinction entre les affaires nationales et les affaires internationales s'estompe.
[Traduction]
Les questions dont nous nous occupons touchent de plus en plus les responsabilités d'autres ministères fédéraux et revêtent des aspects à la fois intérieurs et internationaux. Cela nous oblige à adopter une perspective pangouvernementale et à exercer le rôle que nous a attribué le législateur d'intégrateur et de coordonnateur de la politique étrangère du Canada.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Avec d'autres ministères fédéraux, nous participons activement à l'élaboration d'une stratégie intégrée pour le Nord canadien, stratégie visant à rehausser l'expression de notre souveraineté dans l'Arctique et à assurer que notre position est bien comprise par nos voisins et partenaires internationaux. Le changement climatique et l'environnement sont d'autres questions où nos intérêts nationaux rejoignent ceux de notre politique étrangère.
En outre, le monde change sous nos yeux : le pouvoir se déplace vers l'Asie, l'Inde et la Chine sont en pleine expansion, et la concurrence économique mondiale est féroce et sans répit. Le Canada doit s'adapter à ces nouvelles réalités. Notre rôle est de cerner les tendances mondiales, de nous concentrer sur nos priorités clés et nos objectifs stratégiques, et de déployer nos ressources pour avoir le maximum d'effet. Voilà ce que nous faisons au sein de notre ministère.
C'est dans ce contexte que nous vous présentons notre budget supplémentaire, qui vous montrera que nous oeuvrons pour nous acquitter de nos responsabilités pangouvernementales tout en restant prudents sur le plan budgétaire.
[Français]
Par exemple, nous dirigeons un réseau mondial de bureaux, c'est-à-dire d'ambassades, de consulats et de bureaux commerciaux. Ce réseau sert de tremplin international non seulement à notre ministère, mais aussi à 20 autres ministères et organismes fédéraux, qui ont tous des responsabilités et des programmes internationaux à mener à bien.
La majorité des missions de ce réseau offrent un éventail complet de ce réseau canadien. Notre réseau mondial répond à une demande grandissante.
[Traduction]
Évidemment, dans cet environnement de plus en plus exigeant, des besoins différents apparaissent durant l'année et nous devons les satisfaire, que ce soit pour les services consulaires ou dans d'autres secteurs de nos activités. Dans certains cas, on peut transférer des ressources de programmes existants mais, dans d'autres, il faut trouver de nouveaux crédits.
Permettez-moi de vous donner quelques exemples tirés du budget supplémentaire.
Il est aujourd'hui nécessaire d'améliorer la sécurité de nos missions à l'étranger. Notre personnel travaille dans des régions ou les risques de terrorisme sont accrus. Dans certains pays, nous devons rééquiper nos missions en fonction des normes actuelles concernant les catastrophes naturelles. Nous demandons aussi de nouveaux crédits pour nos opérations d'aide humanitaire et de paix au Soudan. Une partie importante de l'argent servira à donner un appui aérien à la mission de paix de l'Union africaine au Darfour.
[Français]
Passeport Canada a besoin d'importantes nouvelles ressources pour répondre aux nouvelles demandes. Depuis avril 2007, le nombre de passeports délivrés a connu une hausse de 45 p. 100 par rapport à la même période l'an dernier. Cette hausse a été entraînée par les nouvelles mesures frontalières américaines. Nous devons nous assurer que les Canadiens obtiennent les services dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit.
[Traduction]
Les besoins de cette nature sont exposés en détail dans le budget supplémentaire qui vous est présenté. En conclusion, permettez-moi d'exprimer, en ma qualité de sous-ministre des Affaires étrangères, l'immense fierté que je ressens pour les femmes et les hommes qui travaillent d'arrache-pied jour après jour dans mon ministère pour défendre et faire avancer les intérêts et valeurs du Canada sur le plan international. Ce sont des employés extrêmement dévoués qui dispensent un appui crucial aux Canadiens de tous les milieux, dans des environnements parfois très difficiles à l'étranger, jour après jour. Ce sont des gens remarquables qui changent vraiment le monde.
Sur le front intérieur, les employés du ministère ont cette année encore fait preuve de générosité, permettez-moi de le dire, envers les moins fortunés d'entre nous en faisant don de plus de 1 million de dollars à la campagne de charité organisée dans la Région de la capitale nationale. Nous leur devons beaucoup pour le dévouement dont ils font preuve envers le Canada.
Je me joins maintenant avec plaisir à Robert pour répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, messieurs Greenhill, Graham, Edwards et madame Steidle.
Dans votre énoncé, monsieur Greenhill, vous dites :
[...] nous avons créé une nouvelle division pour le programme du Soudan et nommé une personne pour la diriger, et nous avons établi deux postes canadiens sur le terrain pour être en mesure de déployer du personnel à Khartoum et à Juba.
À Juba, l'ACDI participe avec les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni et la Norvège à la mise sur pied d'un bureau commun des donateurs, une première mondiale pour harmoniser pleinement leur apport.
Je salue cette initiative d'une certaine façon, quoiqu'elle arrive très tard en ce qui concerne le génocide qui prévaut actuellement au Darfour.
J'aimerais que l'ACDI soit beaucoup plus proactive et essaie d'intervenir au début, et non deux ans plus tard, comme c'est le cas au Darfour. On assiste actuellement, au Darfour Ouest, à une arabisation de toute la région et au déplacement de réfugiés qui sont actuellement dans des camps, afin de les rapprocher des milices Janjawids. Or, nous savons que si les réfugiés sont plus près des Janjawids, le génocide sera encore plus grand qu'il ne l'est actuellement.
Le Tchad et la République centrafricaine sont aussi au bord du conflit. On sait qu'il y a des millions de réfugiés au Tchad. L'ACDI ou le ministère des Affaires étrangères négocient-ils avec le président du Tchad, M. Deby, pour voir de quelle façon le Canada pourrait intervenir dans les camps de réfugiés? Il y aura de plus en plus de réfugiés dans cette région, et les conséquences seront encore plus grandes.
On a établi deux postes canadiens sur le terrain. Compte tenu des activités de l'ACDI, quel sera le mandat de ces deux Canadiens à Khartoum et à Juba? Quand pensez-vous être vraiment en mesure de savoir ce que fera le Canada? Étant donné sa structure actuelle, qui est très rigide, l'ACDI aura besoin d'un mandat, elle reviendra au Canada et retournera là-bas, de sorte que dans six mois, rien n'aura été fait. Je voudrais connaître le mandat exact de ces personnes et le moment où elles feront rapport.
L'aide que l'ACDI et d'autres pays donateurs apportent à Juba est une excellente chose. Toutefois, l'ACDI et le ministère des Affaires étrangères devraient travailler avec les pays limitrophes au Darfour, surtout avec l'Égypte et la Libye, même si la conférence en Libye n'a pas très bien fonctionné. De fait, elle n'a pas fonctionné du tout. En n'ayant que des pays donateurs, on met un bandage sur le problème et on ne trouve pas de solution. L'Égypte, selon moi, fait partie de la solution.
Merci.
:
Je vais vous donner des exemples des deux cas.
En ce qui concerne l'Afghanistan, bien sûr, nous savons tous que la sécurité est son premier besoin, notamment dans le sud qui est une région très instable.
Assurer la sécurité de la région facilite la réalisation de notre travail de développement et nous permet de dispenser le genre d'aide dont les citoyens ont besoin, par exemple pour avoir accès à des services essentiels.
Nous voulons aussi nous assurer que le gouvernement à Kaboul et à Kandahar a la structure de gouvernance adéquate pour assurer que les Afghans eux-mêmes, à longue échéance, pourront assumer la gestion de leur pays, comme ils le font, et commencer à se charger eux-mêmes de la prestation de ces services.
Notre objectif est de remettre un pays sûr à l'Afghanistan et au peuple afghan, et de leur prêter l'aide qui leur permettra de remettre leurs services sociaux sur pied et d'avoir des structures de gouvernance adéquates pour en assurer la prestation.
Toutes ces choses sont reliées et nous ne pouvons pas nous limiter aux questions de sécurité sans tenir compte aussi de la stabilité sociale et politique à long terme de la région.
La même chose vaut pour la région des Amériques. Certes, le contexte y est un peu différent parce qu'il n'y a pas les mêmes problèmes d'insécurité physique qu'en Afghanistan, mais il y a quand même des problèmes dans ce domaine, comme la criminalité reliée au trafic de drogue. Il y a aussi des problèmes de sécurité physique aussi simples que la fréquence élevée des catastrophes naturelles ainsi que le manque de sécurité, au sens large, que cela engendre pour une population toujours confrontée aux difficultés d'un typhon ou d'un tremblement de terre.
Dans les Amériques, notre approche des questions de sécurité est très différente de ce qu'elle est en Afghanistan mais elle répond aux mêmes objectifs, c'est-à-dire essayer de garantir une vie stable et sûre aux populations locales, dans la mesure où nous pouvons les aider à contrôler la criminalité, à se doter de services de police, etc. En même temps, nous croyons avoir au Canada des modèles de gouvernance, des institutions et des systèmes, pouvant avoir une valeur pour les gouvernements de la région.
Finalement, en ce qui concerne la prospérité, nous savons que la prospérité et la jouissance générale de la prospérité par la population aide à assurer la sécurité et à pérenniser ensuite les valeurs fortes qui sont à nos yeux nécessaires pour ce faire.
Notre programme de prospérité dans les Amériques consiste donc à encourager des gens d'affaires du Canada et des institutions canadiennes du monde des affaires et de l'économie à forger des relations avec des firmes des Amériques et à promouvoir un bon développement économique dans chaque sens pour jeter les bases d'une situation stable, sûre et prospère pour les citoyens de la région.
:
Merci, monsieur le président. C'est un plaisir de revenir devant le Comité des affaires étrangères.
Je remercie les témoins de leur présence et je tiens à me faire l'écho des remarques très positives que vous nous avez faites au sujet de votre personnel. Je vous demande d'ailleurs de transmettre mes remerciements et mes compliments à vos employés pour la qualité des informations communiquées. Ils sont très efficaces. Le ministère a fait l'objet de beaucoup de critiques ces derniers mois et je suis sûr que vous avez la peau assez dure pour en entendre d'autres.
Au lieu d'ajouter aux critiques exprimées récemment, je veux commencer par dire que je suis très heureux, considérant cette thèse de sortie de l'Afrique dont on nous rebat les oreilles depuis un certain temps, puisque certains partis d'opposition estiment apparemment que le gouvernement veut se retirer de l'Afrique et cesser d'offrir l'aide qu'il lui consentait dans le passé, de constater que le premier ministre a annoncé hier une initiative de 105 millions de dollars menée par le Canada pour sauver un million de vies en Afrique.
Je pense que votre ministère, tout comme vos collaborateurs et notre gouvernement, a la conviction que nous avons un rôle à jouer là-bas, notamment pour réduire la mortalité infantile et maternelle. L'initiative qui a été annoncée me réjouit, en particulier parce qu'elle permettra de s'attaquer à la pénurie critique de travailleurs dans le secteur de la santé, et parce qu'elle constitue une prolongation de notre annonce antérieure sur une initiative concernant les systèmes de santé en Afrique, chose qui a déjà produit des résultats positifs, je crois, par exemple avec le programme des suppléments en vitamines A et le programme des filets traités contre le paludisme. Voilà un certain nombre d'initiatives qui permettent d'améliorer concrètement les choses, à mon avis.
Ces annonces sont très positives, tout comme le fait d'entendre dire que nous allons sauver un million de vies. C'est merveilleux et je pense que tout le monde doit se réjouir d'une intention aussi noble. Cela dit, qu'avez-vous prévu pour mesurer les résultats de cette initiative? Qu'est-ce que votre ministère fait exactement pour s'assurer que l'atterrissage sera aussi bon que le décollage?
:
Je vais commencer et Robert pourra continuer.
Le fait est que nous avons coordonné nos témoignages d'aujourd'hui. C'est peut-être la première chose à dire. C'est un exemple d'une coordination très étroite que nous assurons personnellement. Nous nous parlons assez régulièrement, deux ou trois fois par semaine, pour discuter de ce que font l'Agence et le ministère. Nous nous rencontrons régulièrement, tout comme nos collaborateurs. Pour ce qui est des mécanismes, il y a beaucoup de mécanismes informels. Je sais que nos ministres et leurs cabinets ont également beaucoup de contacts.
J'aime croire que nous avons une méthode efficace de collaboration étroite mais informelle. Il existe un certain nombre de structures interministérielles ou nous pensons en créer pour faciliter cette coordination. J'ai récemment mis sur pied un groupe de sous-ministres sur nos représentations à l'étranger. Tous les ministères que j'ai mentionnés dans ma déclaration comme ayant un intérêt à l'égard de notre représentation à l'étranger se réunissent une fois tous les deux ou trois mois pour parler de choses très concrètes touchant la gestion de notre réseau international, du nombre de personnes que nous déplaçons chaque année, des nouvelles ressources que nous investissons, des personnes que nous ramenons au Canada, etc. C'est une question de gestion extrêmement complexe et, bien sûr, l'ACDI et l'Immigration sont les deux partenaires clés de mon ministère sur notre plate-forme internationale.
Nous collaborons aussi très étroitement au sujet de l'enveloppe d'aide internationale et de sa gestion, officiellement et officieusement. Nous coordonnons très étroitement le travail que fait le gouvernement pour déterminer où les budgets d'aide doivent être dépensés. Par exemple, dans le travail que nous avons fait sur l'Afghanistan, il y a des crédits d'aide ont été utilisés et qui venaient des structures de dépense de mon ministère ainsi que, bien sûr, de l'ACDI, qui a la partie la plus importante. Le Groupe de travail sur l'Afghanistan est un autre excellent exemple de coordination, pas seulement sur une base quotidienne mais parfois aussi sur une base horaire.
J'aime croire que nous faisons très bien du point de vue de la coordination globale. Pourrions-nous faire mieux? C'est bien possible, on peut toujours faire mieux, mais je pense que les résultats jusqu'à présent sont très satisfaisants.