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Monsieur le président, vous ne serez pas surpris de voir que je vais parler contre la motion.
Lorsque nous avons eu nos discussions initiales sur l'organisation du comité des transports, nous avons parlé de cette question, mais ensuite, M. Laframboise a proposé un compromis qui, je pense, a fonctionné très efficacement jusqu'à maintenant. Nous avons un bon équilibre du point de vue de la représentation des partis; nous avons un bon équilibre pour ce qui est de la capacité des membres individuels de poser des questions, ce qui est extrêmement important.
Cela a bien fonctionné au cours des dernières semaines, alors je suis un peu perplexe devant l'insistance du secrétaire parlementaire de vouloir soulever cette question. Ce que nous avions, c'est un système qui fonctionnait bien. Nous avions un système qui garantissait une question complémentaire à chacun des partis de l'opposition. Au cours des deux premiers tours qui donnent à chacun des partis de l'opposition l'occasion de poser une question, et ensuite, de revenir aux questions qui peuvent avoir été soulevées au cours du premier tour.
La proposition de M. Jean aurait deux effets. Dans le cas d'un des partis, le NPD, elle élimine la possibilité d'une question complémentaire, qui est une grande tradition parlementaire qui remonte à plusieurs siècles. La raison pour laquelle nous avons des questions complémentaires dans la tradition parlementaire, c'est parce que des questions sont soulevées au cours de l'interrogation initiale qui doivent faire l'objet d'un suivi. C'est pourquoi le principe de la question complémentaire est extrêmement important.
Dans la proposition de M. Jean, nous avons également une concentration des membres du parti ministériel vers la fin, ce qui, à mon avis, est tout à fait inapproprié. En fait, après les six premiers membres à prendre la parole, les deux-tiers de ceux qui parleront dans le temps qui reste seront des membres du parti conservateur. Je ne pense pas que c'est utile pour l'opposition que d'avoir ce qui, dans les faits, correspond à une fin d'interrogation dominée par les membres du parti ministériel.
Je prends très au sérieux mes responsabilités de membre de l'opposition. Je comprends le rôle du gouvernement. Le rôle du gouvernement, en bout de ligne, est souvent de prendre des décisions qui sont importantes.
Mais l'intervention des membres de l'opposition est extrêmement importante. L'intervention de chacun des membres de l'opposition ici est extrêmement importante. C'est pourquoi je crois que notre structure actuelle, qui permet à chacun des membres d'intervenir, mais qui préserve également le principe des questions complémentaires et nous permet de faire notre travail en tant que membres de l'opposition, est la meilleure solution à adopter.
Je suis député, mais je représente également près de 20 p. 100 de la population qui a voté pour le NPD aux dernières élections, et, évidemment, cela signifie que je suis ici en tant que représentant de mon parti. Le fait de passer de la structure actuelle, qui me donne une question complémentaire, à une structure dans laquelle je pose une question sur 12 ne rend service ni aux membres de l'opposition ni aux gens partout aux pays qui ont voté pour le NPD, même si nous n'avons pas nécessairement le même nombre de députés à la Chambre.
Notre structure actuelle a bien fonctionné. Elle permet une question complémentaire à chacun des partis et permet une alternance entre libéraux et conservateurs lorsque nous posons ces questions complémentaires; tous les membres ont une chance d'intervenir et il n'y a pas de présence importante des membres du parti ministériel à la fin. Libéraux et conservateurs alternent jusqu'à ce que tout le monde ait fini de parler.
Cette proposition permettrait une plus grande concentration vers la fin, de sorte que ce sont presque exclusivement les membres du parti ministériel qui interviendront à la fin; ce serait aux deux-tiers les membres du gouvernement qui interviendraient et qui poseraient des questions aux témoins. Pour toutes ces raisons, je pense que notre structure actuelle est préférable. Elle a bien fonctionné. Elle permet la collaboration dont nous avons besoin au sein du présent comité.
Je pense que nous avons un comité très talentueux formé de membres très dévoués et nous avons trouvé cet équilibre par suite de la motion de M. Laframboise à la première réunion du comité. Pourquoi sacrifier cet équilibre pour quelque chose qui, dans les faits, permet à une plus grande concentration des membres du parti ministériel de prendre la parole et élimine le droit aux questions complémentaires pour au moins l'un des partis de l'opposition? Pour ces raisons, je m'oppose à la motion.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les membres du comité de cette occasion tant attendue de parler aujourd'hui du projet de loi proposé concernant les postes frontaliers internationaux entre le Canada et les États-Unis.
Premièrement, laissez-moi vous dire que nous sommes préoccupés par l'intention et par l'esprit du projet de loi C-3 tel qu'il s'applique à notre entreprise. J'aimerais vous faire part de notre point de vue sur les effets du projet de loi sur notre entreprise du secteur privé et sur une éventuelle amélioration de notre imputabilité et de notre dossier fort éloquent en matière de réalisations à l'appui du commerce et du tourisme dans notre région du monde.
Au pont Ambassador, nous savons que le monde nous regarde et nous continuons à exécuter nos tâches quotidiennes avec ferveur, tout en nous préparant pour l'avenir.
Laissez-moi vous donner quelques renseignements pour que vous puissiez comprendre clairement nos préoccupations. Au début des années 20, un entrepreneur privé a élaboré un plan pour financer, construire et exploiter un pont international privé, connu sous le nom de pont Ambassador. Dans le cadre de cet effort, des investisseurs privés ont assumé la totalité des risques de cet investissement ainsi que la responsabilité de réunir toute la propriété nécessaire, les textes législatifs nécessaires dans les deux pays ainsi que les autorisations nécessaires auprès des autorités locales, de l'État et de la province.
Après avoir réalisé tout cela et après avoir construit le pont, l'économie des deux pays a été frappée par la Grande Dépression. Sans aide du gouvernement, les investisseurs privés ont procédé à une réorganisation et ont survécu à cette crise économique épouvantable.
Du milieu des années 60 jusqu'à aujourd'hui, le gouvernement des États-Unis, l'État du Michigan et le pont Ambassador ont procédé à une amélioration des voies du côté américain du pont, dans la mesure où les trois autoroutes sont reliées au pont Ambassador. Pendant ce temps, aucune amélioration n'a été apportée aux routes canadiennes menant vers le pont.
Notre entreprise a la réputation de parler avec franchise des questions qui ont trait à notre industrie et c'est ce que j'ai l'intention de faire aujourd'hui. Notre but est de clarifier les faits et de présenter une orientation significative pour améliorer et renforcer les relations entre le Canada et le pont Ambassador, tout en reconnaissant les différences entre les postes frontaliers publics et privés, et de faire connaître nos préoccupations au sujet du projet de loi C-3.
Nous croyons que la question de la gouvernance du pont Ambassador par le Canada a été résolue par une entente intervenue en 1992, après plus d'une décennie de litige entre les parties. C'est comme si certaines personnes ne pouvaient nous pardonner la façon dont le litige a été réglé il y a 13 ans. Comme base à cette entente, nous avons accepté d'investir des millions de dollars au Canada au nom de Douanes et Accises Canada pour la création de nouvelles installations, entièrement à nos frais. Depuis cette date, nous avons investi des dizaines de millions de dollars de plus que ce que prévoyait l'entente, ce qui a créé des avantages continus et importants pour le Canada.
Ayant dépassé les exigences de l'entente de 1992, nous sommes troublés et nous nous interrogeons sur les véritables intentions derrière le projet de loi C-3. Les commentaires faits par certains membres du présent gouvernement au cours d'une récente période de questions n'ont fait qu'aviver nos préoccupations.
Les observations suivantes ont été faites par le député conservateur d'Essex:
Dans mon corridor, un exploitant de pont privé menace le processus binational. Cet intérêt privé agit rapidement pour élargir la travée du pont, ce qui menace un processus auquel nous sommes parties.
Il est important que ce projet de loi soit adopté dans les plus brefs délais et que nous ne retardions pas le processus en faisant trop d'ajouts, car le temps presse par rapport au projet de cet intérêt privé. C'est un projet qui, à mon humble avis, n'est ni dans l'intérêt national ni dans l'intérêt de la collectivité.
Il est important que tous les députés appuient ce projet de loi et procèdent à son adoption rapide pour que nous puissions éviter ce genre de situation ou, du moins, surveiller ce qui arrive. C'est un projet de loi nécessaire.
Pour dire la vérité, cela m'a troublé, en lisant le discours du député sur le projet de loi C-3, de voir tant de mauvaises informations qui étaient discutées comme si elles étaient la vérité. Celui qui perpétue ce genre de mythes ne rend pas service aux économies de la région, aux économies du Canada, des États-Unis, du Michigan ou de l'Ontario.
Ceux qui croient aider la région font du tort aux citoyens des deux côtés de la frontière du fait qu'ils font fuir les touristes et les investissements commerciaux. Je suis ici vraiment pour vous parler de nos actions positives pour la frontière et de notre volonté de travailler avec le gouvernement canadien, mais laissez-moi vous parler de quelques autres affirmations qui dépassent les bornes.
Voici une citation:
Quand on regarde la circulation et l'incidence des bouchons dans les collectivités comme Windsor, on voit bien la nécessité de construire de nouveaux ponts.
La vérité, c'est que la circulation à notre un point de passage frontalier et dans le tunnel Detroit-Windsor a diminué d'environ 30 p. 100 par rapport au niveau de 1999. Les chiffres optimistes de la circulation projetée par le DRIC ont déjà été révisés à la baisse plusieurs fois. Avec l'interdiction du tabac qui prendra effet en Ontario le 31 mai, on prévoit que le tourisme à Windsor chutera de manière encore plus spectaculaire. En fait, aujourd'hui, le pont ne fonctionne qu'à 50 p. 100 de sa capacité.
Oui, il y a eu des bouchons de circulation au pont immédiatement après le 11 septembre, comme il y en a eu à tous les passages, mais pourquoi ne vous a-t-on pas dit que c'est notre entreprise, et non pas le gouvernement canadien, qui s'est battue et qui a même gagné un recours en justice contre le gouvernement américain pour qu'il construise des postes de contrôle des douanes dotés de tout le personnel nécessaire? Lorsque ces postes ont ouvert leurs portes, les bouchons causés par les camions ont disparu. En fait, le chef de police adjoint de Windsor m'a écrit et s'est plaint que sa plus grande préoccupation maintenant, c'était les gens qui faisaient de la vitesse sur le chemin Huron Church.
Une deuxième affirmation doit être corrigée. Dans votre Chambre des communes, il a été affirmé : « Dans mon corridor, un exploitant de pont privé menace le processus binational. » Les faits sont les suivants: après avoir accepté en 1992 de régler tous les litiges restants et après avoir investi des dizaines de millions de dollars, nous avons annoncé en 1993 que nous nous préparions à ajouter des voies additionnelles entre Windsor et Detroit, conformément à cette entente. La Canadian Transit Company a commencé publiquement ses efforts pour améliorer ses installations en 1993 et a continué de faire l'acquisition des propriétés nécessaires et à embaucher des consultants et des ingénieurs pour préparer tous les documents nécessaires à cette construction.
C'est le DRIC qui a débuté en 2001 et qui a été mis sur pied précipitamment dans le but de faire du rattrapage face à l'engagement du pont Ambassador visant la construction de voies additionnelles. Les mêmes fonctionnaires qui sont responsables du projet DRIC sont responsables de l'approbation du projet du pont Ambassador. Cela fait de ce groupe de bureaucrates au pont Sarnia-Port Huron, qui est la propriété du gouvernement, un concurrent du pont Ambassador, et crée un conflit direct, étant donné que ces gens sont juges, jury et exécuteurs lorsqu'il s'agit des projets du pont Ambassador.
Trente pourcent du trafic lié au commerce international sont destinés aux entreprises industrielles de Windsor ou y prennent leur source. Ce chiffre est si important que si un point de passage distinct était aménagé uniquement pour les expéditeurs de Windsor, il s'agirait du quatrième passage en importance à la frontière. La réalité, c'est que Windsor est une ville industrielle et que tout nouveau tunnel pour camions ou toute nouvelle route réservé à cette fin n'y changerait rien. C'est une illusion pour les naïfs.
Je ne veux offenser personne, mais il faut que la vérité se sache. Comme je l'ai dit plus tôt en ce qui concerne le chemin Huron Church, la vérité c'est qu'il y a des problèmes à la frontière. Le principal obstacle à la frontière est l'absence de routes de surface et de voies de circulation appropriées entre le pont Ambassador et l'autoroute 401 du côté canadien. Le fait est que le Michigan a investi 184 millions de dollars, de l'argent du gouvernement fédéral et de l'État, dans les infrastructures du point de passage du pont Ambassador. Le Michigan a rationalisé et maximisé les investissements frontaliers autour du point de passage et le pont Ambassador a investi près de 500 millions de dollars d'argent privé pour préparer des voies additionnelles entre Windsor et Detroit.
Les routes de Windsor à partir de la frontière jusqu'à l'autoroute 401 demeurent déficientes et nuiront au commerce dans ce corridor. Malgré tout l'argent public et privé investi du côté américain du pont, malgré les 300 millions de dollars que les gouvernements fédéral et provincial canadien ont annoncés en 2001 pour améliorer l'accès aux installations frontalières actuelles, le Canada n'a pas réussi à résoudre son problème bien connu, une route entre l'autoroute 401 et la frontière.
De plus, il y a un réseau routier gravement sous-développé autour du passage frontalier. Nous serons les premiers à appuyer des améliorations aux connexions canadiennes avec le pont Ambassador et nous vous prions de concentrer vos efforts dans cette direction.
À notre avis, l'argent public qui serait consacré à l'aménagement d'un nouveau point de passage, qui viendrait perturber des collectivités qui ne sont pas touchées par le pont à l'heure actuelle, serait mieux investi dans l'amélioration du corridor existant.
Concernant spécifiquement le projet de loi C-3, et les aspects du projet de loi concernant la santé, la sécurité et la sûreté, je suis certain que nous pouvons en arriver à une entente mutuelle concernant les termes techniques, comme nous l'avons fait dans le passé. Nous avons très peu de difficultés avec les questions de sécurité parce qu'immédiatement après le 11 septembre, nous avons embauché, géré et payés des gardes de sécurité armés 24 heures par jour au pont Ambassador, contrairement à ce qui se passe dans d'autres passages frontaliers. La plupart des nouvelles technologies en matière de sécurité sont d'abord mises en service au pont Ambassador.
Nous sommes conscients que l'Association des administrations des ponts et des tunnels a témoigné au sujet des dispositions du projet de loi C-3 traitant de la perception des droits et du financement, et nous n'allons pas aborder cette question aujourd'hui.
Dans la mesure où les concepteurs du projet de loi C-3 ont voulu s'inspirer du processus de permis présidentiel en vigueur aux États-Unis, ils n'y sont pas parvenus. Le processus de permis présidentiel est conçu pour traiter d'une seule question, à savoir si de nouvelles infrastructures frontalières sont dans l'intérêt public. Ainsi, l'organisme américain qui décide s'il délivrera un tel permis, le Département d'État, se limite à cette question d'intérêt public et ne se mêle pas de l'approbation des changements de propriétaires ou d'exploitation des ponts. La propriété et l'exploitation sont des questions qui sont laissées au propriétaire du pont tant aux États-Unis qu'au Canada. C'est une politique qui est sage, puisqu'il n'y a aucune raison de croire que le secteur privé ne fera pas un bon travail en matière d'auto-réglementation, comme il l'a fait pendant des décennies sans problème.
Au contraire, le projet de loi C-3 fait intervenir le gouvernement canadien dans de telles questions; cependant, le projet de loi C-3 est beaucoup trop envahissant dans sa façon de catapulter le gouvernement dans la réglementation des ponts. Par exemple, le projet de loi place inutilement le gouverneur en conseil dans une position de microgestion en l'autorisant à prendre des règlements sur l'exploitation et l'utilisation de chaque pont. En clair, il n'y a pas de problème avec le statut quo qui justifierait ce nouveau niveau d'intervention gouvernemental proposé. Le projet de loi C-3 est une solution en quête d'un problème.
De plus, dans le cas des plans visant à ajouter une nouvelle voie au pont Ambassador, le Département d'État a déterminé qu'un permis présidentiel n'était pas nécessaire, étant donné que le pont Ambassador avait antérieurement été approuvé devant la loi. Au Canada aussi, les ponts existants devraient bénéficier de droits acquis face aux exigences pour obtenir l'approbation des modifications ou nouvelles constructions. Toute autre façon de procéder inciterait les investisseurs privés à réfléchir sérieusement avant de faire des investissements importants dans l'infrastructure.
Par ailleurs, dans la mesure où le Canada désire poser des gestes responsables pour s'assurer que des personnes ayant un passé criminel ou qui constituent un risque en matière de sécurité ne contrôlent pas des passages frontaliers existants ou nouveaux, nous n'avons pas d'objection à ce type de réglementation limitée et raisonnable visant à protéger l'intérêt public.
En même temps, toute nouvelle mesure devrait indiquer clairement que la propriété étrangère en soi n'est pas illégale ou interdite et qu'elle ne peut être un motif de désapprobation. La réglementation gouvernementale dans ce domaine qui va au-delà des considérations raisonnables en matière de sécurité pourrait faire fuir l'investissement privé et mêler le gouvernement dans des affaires du secteur privé qu'il est préférable de ne pas réglementer.
De plus, le projet de loi C-3 comporte le risque de répercussions extraterritoriales inappropriées. Au minimum, le projet de loi devrait être modifié pour prévoir que le gouvernement soit avisé d'un changement de contrôle ou de propriété, non pas qu'il a le droit d'approuver ou de désapprouver le contrôle -- autrement que pour des préoccupations de sécurité, et seulement après consultation avec les États-Unis. Cela évitera une action unilatérale dans une question aussi fondamentalement binationale qu'un pont qui traverse la frontière. La portée de ce pouvoir de réglementation doit être axée exclusivement sur les buts du projet de loi C-3, à savoir la sécurité et la sûreté.
En outre, je note qu'il y a une tendance ces derniers mois dans nos pays et ailleurs à vanter la croissance et les avantages des projets d'infrastructure qui sont la propriété du secteur privé. Le pont Ambassador et quelques autoroutes à péage nouvelles ou prévues parrainées par le secteur privé en sont des exemples. Le gouvernement canadien devraient mousser la croissance de l'investissement privé dans l'infrastructure comme un moyen d'obtenir les avantages des fonds privés et des activités efficaces, ce qui permet d'utiliser les ressources des contribuables à d'autres fins.
Comme il est mentionné ci-dessus, les fonds publics pourraient être bien utilisés au Canada en cherchant de meilleures approches concernant le pont Ambassador. Le Canada et le gouvernement des États-Unis ont de longues relations basées sur 78 ans d'histoire et de respect. Aujourd'hui, d'un coup de plume, le gouvernement du Canada essaie bilatéralement d'effacer nos réalisations. En outre, le projet de loi sous sa forme actuelle semble permettre au gouvernement de pouvoir aussi prendre des mesures rétroactives.
Comme vous le savez, le pont Ambassador est assujetti à plusieurs mesures législatives, pas seulement celles du Canada, mais aussi celles des États-Unis. Les deux pays ont adopté des lois qui régissent le pont Ambassador en tant que point de passage international. Tout changement unilatéral pourrait affecter la signification et l'application de ces accords internationaux.
Si des changements sont nécessaires, nous sommes prêts à collaborer étroitement avec le gouvernement pour élaborer une législation efficace qui continue à protéger le public et à créer un environnement qui non seulement permet, mais aussi encourage, les exploitants des points de passage à investir et à gérer efficacement les postes frontaliers pour le bien du Canada et des États-Unis.
Nous ne sommes pas une nouvelle entreprise qui démarre, mais un exploitant légitime de points de passage qui a fait de son mieux pour le bien de son pays et de nos voisins américains pendant plus de 75 ans. Nous voulons travailler avec le gouvernement du Canada, avec l'Ontario, avec Windsor, avec les administration américaines comme celles du Michigan et de Détroit pour offrir le plus efficace passage frontalier aux entreprises et aux consommateurs d'Amérique du Nord.
Selon le rapport du gouvernement des États-Unis, nous sommes déjà le meilleur exploitant et nous avons l'intention de le rester. Nous sommes aussi entièrement préparés pour l'avenir et nous croyons qu'une législation efficace et bien réfléchie assurera que tous les postes frontaliers rempliront leurs mandats au nom du Canada.
Nous aimerions inviter tous les députés qui le souhaitent à visiter, en groupe ou individuellement, le pont Ambassador. Nous serions heureux de vous faire visiter toutes les installations afin que vous puissiez constater par vous-mêmes que c'est une infrastructure entièrement internationale et pas deux moitiés fonctionnant séparément. Une visite vous permettra de mieux comprendre les restrictions qui pèsent sur nous.
S'il y a un message que je dois laisser, c'est que l'administration du pont Ambassador veut coopérer avec le gouvernement et avec ceux qui oeuvrent pour le bien des citoyens et des économies des deux pays. Des problèmes comme le projet de loi C-3 peuvent être résolus lorsque les parties veulent les régler. Nous sommes prêts à rencontrer les représentants du gouvernement canadien pour améliorer la frontière et le Canada, comme nous l'avons fait en 1992.
Je cède la parole à Matt Moroun.
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Merci. Je m'appelle Matt Moroun. Le pont Ambassador appartient à ma famille depuis 1979. Je vous remercie de me donner l'occasion de discuter du projet de loi C-3 devant les membres distingués du comité.
Le pont Ambassador a un excellent bilan de services rendus aux voyageurs et ce depuis plus de 77 ans. il a connu des hauts et des bas au cours de son histoire, y compris la crise de 1929, les guerres mondiales, le Pacte de l'automobile, les contestations relatives à la propriété dans le cadre de la Loi sur l'investissement étranger, l'ALENA, le 11 septembre et les pannes de courant.
Durant les 18 dernières années, le nombre de véhicules qui le traversent prouve qu'il est le poste frontalier le plus utilisé en Amérique du Nord. Durant toutes ces années, le pont Ambassador a été un exemple brillant de réussite du secteur privé qui a financé sa construction, son entretien et son exploitation sans aucune aide financière gouvernementale. Le pont appartient à ma famille depuis 1979. Nous l'avons administré avec succès, pas seulement financièrement pour nos propres intérêts, son avenir à long terme et en tant qu'actionnaires, mais surtout en tant que détenteurs d'une charge importante.
À cette fin, nous avons collaborer avec succès avec Douanes Canada, immigration Canada, le département de la Sécurité intérieure, le ministère des Transports du Michigan, le ministère des Transports de l'Ontario, Transports Canada, Fish and Wildlife Service et plus d'organismes que je peux nommer.
Permettez-moi de dire que, pour le moment, une réglementation supplémentaire et lourde du pont Ambassador n'est pas justifiée. La situation du pont est bonne du point de vue financier, administratif et son bilan est le meilleur de l'industrie. En outre, il n'y a pas d'événements au plan national ou international actuels ou prévus qui justifieraient ou favoriseraient l'intrusion du gouvernement.
Toutefois, ne pensez pas que mes paroles dénotent une introversion ou de l'égocentrisme. Pas du tout. Au contraire, nous apprécions l'occasion de discuter avec le comité -- et, si c'est possible, avec Transports Canada --des questions et problèmes liés à la frontière et particulièrement au pont Ambassador. Non seulement, des points de vue extérieurs nous intéressent, mais nous considérons que le gouvernement du Canada est un partenaire et un intervenant majeur dans notre futur à long terme et plus encore, dans nos affaires quotidiennes. Il peut sembler incongru que notre opération se soit développée pendant plus de 77 ans sans réglementation invasive fédérale, même si le pont ne pourrait pas fonctionner sans la présence journalière de centaines d'agents de douanes Canada et de l'immigration dans notre centre et dans les zones d'inspection.
C'est pour cela, que nous ne demandons pas que le pont Ambassador fasse route tout seul. Ce serait une proposition ridicule et ignorante. Nous demandons au comité, et surtout à Transports Canada, de déposer les armes, de mettre de côté ce projet de loi et d'engager un dialogue efficace, pas seulement dans le cadre d'une audience très formelle pour parler des subtilités juridiques du projet de loi, mais plutôt pour débattre, faire surgir des idées et collaborer pour une plus grande réussite du pont Ambassador dans l'intérêt de l'opération, du gouvernement et du public.
Je vous remercie.
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Je ne veux pas vous presser, mais nous n'avons que cinq minutes.
Nous avons dit que depuis 1999, la circulation a baissé de 30 p. 100. Vous avez donné certaines raisons pour l'expliquer, mais je pense que la compétition en est une autre. Vous avez dit que vous fonctionnez actuellement à 50 p. 100 de votre capacité, et pourtant les transporteurs canadiens diraient qu'ils y a d'importantes raisons à cela, relativement au pont et à la congestion de la circulation traversant la ville de Windsor. Vraiment, ce que vous dites, c'est que c'est une contrainte extérieure, et non pas un problème de fonctionnement du pont, mais plus important encore, de fonctionnement des douanes des deux côtés du pont.
Dans votre présentation d'aujourd'hui, j'ai l'impression que vous ne parlez pas seulement que du projet de loi C-3, mais aussi de l'examen d'autres alternative au transport, qu'envisagent sérieusement les Canadiens et les gens de l'autre côté de la frontière.
Je pense qu'avec les années, vos installations ont été précieuses à l'industrie canadienne. Sans elles, la ville de Windsor ne serait probablement pas ce qu'elle est aujourd'hui. Mais quand on pense à la concurrence, j'ai l'impression qu'un groupe d'investisseurs, que ce soit une famille ou d'autres investisseurs... je sais que si j'étais dans cette position, je m'en inquiéterais beaucoup.
J'espère que dans votre présentation d'aujourd'hui, vous ne déformez pas les deux enjeux dont nous traitons. L'un concerne les transports sur tous les ponts internationaux, par opposition à votre propre économie privée et au fait que vous voulez préserver une industrie ou une entreprise viable pour l'avenir. Je me demande si nous pourrions scinder ces deux enjeux. Est-ce que vous pourriez indiquer au Comité les deux ou trois principaux obstacles que pose pour vous le projet de loi?
Le projet de loi C-3 est certainement un projet de loi très lourd. Mais quels sont les trois principaux éléments qui font abstraction ou ne tiennent pas compte de la possibilité de compétiteurs futurs, qui semble être une véritable possibilité au Canada, et à mon avis aux États-Unis aussi. S'il y avait ces concurrents, il me semble que le nombre de véhicules serait réduit, disons, de 40 ou 50 p. 100 — je ne sais pas exactement. Mais à quel point ne pourriez-vous plus fonctionner comme compagnie si cette concurrence devenait trop forte? Je pense que c'est quelque chose à quoi nous devons penser pour l'avenir de ce Comité.
Peut-être n'avons-nous pas le temps d'entendre tout cela maintenant, mais il me semble qu'en tant que compagnie, vous devriez en parler à notre comité, pour qu'il puisse y réfléchir.
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Il n'y a pas de problème, monsieur le président.
Merci beaucoup de nous avoir invités. J'ai promis au greffier que je ne prendrais pas beaucoup de votre temps.
Teamsters Canada représente environ 130 000 travailleurs canadiens oeuvrant dans les domaines de l'agriculture, des pêches, du cinéma et de la mode ainsi que, bien sûr, dans les secteurs aérien, routier, ferroviaire et portuaire. Notre syndicat canadien des transports est affilié à la Fraternité internationale des Teamsters aux États-Unis, qui compte plus de 1,8 million de membres en Amérique du Nord. Je dirais que, chaque jour, un très grand nombre de ceux qui franchissent la frontière sont des teamsters.
Nous nous intéressons également aux ponts, aux routes et aux tunnels qui traversent la frontière, parce que notre syndicat est fier de représenter les travailleurs qui entretiennent beaucoup de ponts et de tunnels, y compris le pont Ambassador.
Nous sommes heureux que le gouvernement ait scindé le précédent projet de loi pour en faire des mesures plus facilement gérables. En clair, serait une tâche très ardue, voire même schizophrène, que de vouloir traiter en dix minutes de l'ensemble des modes de transport que nous représentons tous.
C'est probablement l'aspect du projet de loi qui nous donnait le moins de fil à retordre. Il codifie d'une certaine façon les pratiques existantes; dans un monde transformé par les événements du 11 septembre, il permet peut-être au Parlement de légiférer comme il se doit sur cette question très urgente et importante qu'est le transport frontalier des produits et services — en l'occurrence, des produits.
Nous avons des préoccupations, et elles sont liées davantage à ce qui est absent du projet de loi qu'à ce qui s'y trouve. En ce qui a trait à certaines questions, telles que les installations dont l'entretien nécessite une permission du gouvernement, nous nous demandons quelles en sont les implications pour nos membres qui doivent faire le travail. Nous nous inquiétons également pour les employeurs — les propriétaires des installations qui embauchent nos membres — et pour nos membres qui empruntent les ponts aux frais de leurs patrons. Par ailleurs, en ce qui a trait à l'intérêt public, quelles sont les répercussions du projet de loi sur le reste de notre économie et les gens qui comptent sur une livraison au moment adéquat et ses divers aspects?
Je pense que c'est une question qu'on va probablement régler plus tard, dans le volet réglementaire. Bien entendu, nous aimerions qu'on nous consulte et qu'on prenne en considération notre expertise et nos opinions.
Il y a un autre problème à propos des installations elles-mêmes, ou du manque d'installations. Nous allons examiner les deux questions. Il est clair qu'une croissance considérable des échanges commerciaux a eu lieu, même après les événements du 11 septembre. L'an dernier, j'ai eu l'occasion de visiter la plupart des ponts et des tunnels qui assurent le lien avec les États-Unis, essentiellement pour voir ce qui se passait. Il y a certes un besoin dans le secteur des transports. Nous avons notamment discuté des retards, des coûts et du fardeau global pour les camionneurs. Il faut se rappeler qu'au bout du compte, nous savons que les consommateurs pourraient devoir payer plus cher, mais les camionneurs coincés à la frontière perdent de l'argent, et tous ne sont pas remboursés pour le temps perdu.
Il y a donc la question de l'infrastructure. Ce projet de loi va-t-il faciliter les choses à cet égard? Maintenant, nous sommes engagés dans un processus bilatéral, et d'après ce que j'en sais... Les projets d'élargissement du pont Ambassador et de construction du tunnel de la rivière Detroit ont été annulés — fait plutôt intéressant, parce qu'il se trouve que nous y étions plutôt favorables. Le problème est qu'ils sont tous les deux pratiquement prêts à démarrer, pour ainsi dire.
Combien de temps faudra-t-il? Une dizaine d'années? Nous ne sommes pas sûrs que le projet de loi traitera d'une quelconque façon du problème.
L'an dernier, on a procédé à un réexamen majeur de la sécurité, et Teamsters Canada a été la seule organisation à représenter chacun des différents modes de transport. C'est un sujet que nous connaissons bien et que nous approuvons, avec tous les aspects qui s'y rattachent.
Ce qui pose problème avec les ponts — ou les points d'accès —, ce n'est pas nécessairement l'infrastructure. C'est plutôt la façon de concilier les exigences des Américains et nos propres besoins en matière de sécurité. Il y a le système provisoire de laissez-passer EXPRES — et je suis bien content qu'on en ait souligné l'aspect temporaire — par opposition aux attestations de sécurité de Transports Canada, qui protègent la vie privée de nos membres et assurent le respect des droits syndicaux ainsi que la primauté du droit. Tout semble indiquer qu'on se dirige vers une solution typiquement canadienne, et nous appuyons fortement cette initiative.
En ce qui concerne le processus bilatéral, notamment, nous n'avons pas vraiment voix au chapitre. On ne nous consulte pas. De concert avec nos pairs de la FIT, aux États-Unis, nous voulons non pas une frontière, mais un point de passage sécuritaire. Nous cherchons des moyens de garantir que, quoi qu'il arrive, les produits et services essentiels pourront traverser la frontière. Nous serons heureux de travailler avec le gouvernement et tous les intéressés qui partagent cette préoccupation et veulent trouver des solutions.
En somme, merci d'avoir scindé le projet de loi. Nous croyons que c'est probablement nécessaire. Nous allons laisser les entreprises et d'autres exprimer leurs préoccupations. Nous n'en parlerons pas. Rappelez-vous seulement que, sur le plan de la santé et de la sécurité, ce sont nos membres qui auront toutes ces obligations à remplir, qui seront sur les ponts et qui, dans certains cas, devront intervenir. Nous voulons à tout prix participer aux consultations et aux discussions pour affirmer clairement que nous trouvons difficile d'être mis devant le fait accompli.
Voilà qui conclut ma présentation. Merci de m'avoir accordé quelques minutes de votre temps. Si vous avez des questions, je tâcherai d'y répondre moi-même ou de vous procurer les réponses.
Merci, monsieur le président.