Je suis ravie d'être parmi vous et d'avoir aujourd'hui l'occasion de m'adresser aux membres du comité.
[Français]
Ma direction préside le groupe de travail interministériel sur les questions de propriété intellectuelle. Ce groupe de travail est constitué de 10 ministères et organisations qui ont tous un intérêt ou des responsabilités en matière de droits de propriété intellectuelle, ce qui explique le nombre de fonctionnaires présents ici aujourd'hui.
[Traduction]
J'ai l'intention de vous donner un aperçu général du problème, d'indiquer brièvement en quoi ont consisté les efforts internationaux visant à combattre la contrefaçon et le piratage, et d'expliquer l'objet du groupe de travail.
Mon collègue du ministère de la Justice, Cal Becker, décrira l'actuel régime canadien en matière de droits de propriété intellectuelle. Le surintendant principal de la GRC, Mike Cabana, vous parlera de la répression des activités criminelles dans ce domaine. Kimber Johnston, de l'Agence des services frontaliers du Canada, vous parlera des procédures au civil et des mesures de protection frontalières. Enfin, Diana Dowthwaite, de Santé Canada, vous entretiendra de questions liées à la santé et à la sécurité. Ensuite, nous serons à votre disposition pour répondre à vos questions.
Premièrement, la contrefaçon et le piratage constituent un problème croissant d'envergure mondiale. Bien que ceux qui s'opposent à des mesures plus énergiques de protection des droits de propriété intellectuelle prétendent qu'il s'agit de crime sans victime qui ne pose problème que dans les pays riches, ce n'est pas tout à fait exact.
Par exemple, les produits pharmaceutiques contrefaits représentent au plus 1 p. 100 de l'offre globale de médicaments. Par contre, dans certains pays développés, l'offre de médicaments est constituée de produits contrefaits dans une proportion qui peut atteindre 50 p. 100, et qui présente une menace beaucoup plus importante pour la santé et la sécurité de leurs sociétés tout en entraînant des incidences financières plus graves pour l'économie.
De plus, certains produits contrefaits, tels que les garnitures de freins pour automobiles faites de sciure de bois, des produits électriques qui ne respectent pas les normes de sécurité, de même que tout un éventail d'autres produits, suscitent des préoccupations.
Je vais demander à mon collègue de la GRC d'aborder cette question et de vous parler d'autres nouvelles tendances à cet égard dans le cadre de son exposé sur les activités de répression.
La contrefaçon et le piratage attirent à présent l'attention de la communauté internationale, comme en témoigne l'importance accordée à cette question dans le cadre du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité, ou PSP, du G8, de l'OCDE, de l'APEC, de l'EMD, de l'OMC, et de l'OMPI.
Par exemple, en vertu du PSP, nous visons une coopération plus étroite entre le Canada, les États-Unis et le Mexique dans le cadre d'initiatives visant à protéger les droits de propriété intellectuelle et à sensibiliser le public à l'importance de ces questions. Le G8 joue un rôle de chef de file dans ce domaine en traitant la question des droits de propriété intellectuelle comme une de ses principales priorités. L'OCDE a entrepris de mesurer les effets économiques de la contrefaçon et du piratage. L'APEC encourage les experts en PI de ses pays membres à discuter ensemble des pratiques exemplaires et à en assurer l'échange. L'Organisation mondiale des douanes discute actuellement d'instruments qui permettront aux autorités douanières d'améliorer leurs efforts pour réprimer la contrefaçon et le piratage. L'Organisation mondiale du commerce fournit à ses membres une tribune pour la discussion des aspects commerciaux des droits de propriété intellectuelle. Et l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle constitue un forum pour l'ensemble des pays souhaitant s'attaquer aux problèmes liés au cadre juridique international.
[Français]
Ceci ne représente que le côté multilatéral. Les activités et les intérêts bilatéraux sont pareillement axés sur la question. Les États-Unis ont affecté à cette question d'importantes ressources dans le cadre de leurs efforts de diplomatie bilatéraux avec des pays précis, dont le Canada.
[Traduction]
Le Canada a figuré sur la liste d'alerte spéciale 301 de 2006 de l'United States Trade Representative (USDR) qui reflète essentiellement les dictats de l'industrie américaine et dont se servent les représentants commerciaux des États-Unis pour faire pression sur leurs partenaires commerciaux au sujet des problèmes de PI. Le Canada est au bas de la liste depuis 11 ans. Nous sommes en compagnie de la Communauté européenne, de l'Italie, et du Mexique, parmi d'autres pays figurant sur cette même liste.
Des facteurs à la fois intérieurs et internationaux ont donc amené le gouvernement du Canada à réexaminer son régime. C'est là qu'intervient notre groupe de travail interministériel.
Dix organismes et ministères clés sont actuellement en train d'examiner les problèmes en vue d'analyser et de définir des solutions possibles. Ce groupe examine diverses options qui permettraient d'améliorer notre régime, et qui compte rédiger des recommandations pour examen par les responsables appropriés. Nous avons généralement réalisé des progrès, mais ce travail n'est pas encore terminé.
[Français]
En tant que représentants du gouvernement, nous faisons appel à des groupes du secteur privé et travaillons en étroite collaboration avec eux. Il s'agit entre autres de la Chambre de commerce du Canada et du Réseau canadien de lutte contre la contrefaçon. Nous consultons régulièrement ces groupes au moyen de sondages, de tables rondes et de séminaires. Ce partenariat est essentiel pour mieux comprendre nos intérêts respectifs et nos préoccupations.
[Traduction]
Le Canada est d'avis que la collaboration entre les pays — pas seulement entre les gouvernements mais entre les secteurs industriels également — est tout à fait essentielle. Nous parlons ici d'un problème mondial.
Je conclus là-dessus et je cède la parole à mon collègue du ministère de la Justice, Cal, qui pourra vous expliquer l'actuel régime de protection des droits de propriété intellectuelle.
:
Le ministère de la Justice assure un soutien juridique aux ministères ayant la principale responsabilité de l'application des droits de propriété intellectuelle.
Vous avez entendu Nancy parler de produits contrefaits et piratés. Mais avant de vous décrire le cadre juridique, je me disais qu'il serait peut-être utile de vous expliquer la distinction entre les produits contrefaits, d'une part, et les produits piratés, d'autre part. Je comprends que les audiences d'aujourd'hui portent sur la contrefaçon, mais il existe, à toutes fins pratiques, des équivalences en matière d'application.
Lorsque nous parlons de produits piratés, par exemple, nous parlons de produits qui constituent une violation commerciale du droit d'auteur, c'est-à-dire de DVD, de reproduction illégale de films, de logiciels et de musique. Par contre, les produits contrefaits sont des produits qui constituent une contrefaçon commerciale d'une marque de commerce. Donc, la contrefaçon est liée aux marques de commerce, alors que le piratage est lié au droit d'auteur.
Les mesures d'application se ressemblent bien souvent, mais relèvent de régimes législatifs différents, selon qu'il s'agit de contrefaçon ou de droit d'auteur, et je pense que vous constaterez aujourd'hui que la plupart des témoins d'aujourd'hui ont lié les deux dans leurs remarques liminaires. Autrement dit, nous essayons de combattre à la fois la contrefaçon et le piratage.
Aujourd'hui, je voudrais vous présenter les grandes lignes du régime juridique qui visent les produits contrefaits et piratés. Dans un premier temps, il faut se familiariser avec — et vous m'excuserez l'usage de ce terme — l'architecture du régime canadien d'application des mesures douanières.
Le personnel de l'Agence des services frontaliers du Canada est chargé d'exécuter les lois d'autres ministères relativement aux marchandises interdites, contrôlées ou réglementées. Par exemple, la Loi sur les produits dangereux est une loi dont Santé Canada est responsable, mais les douanes sont chargées d'appliquer les mesures douanières à la frontière au nom d'un ministère client. Ainsi le personnel douanier applique la Loi sur les produits dangereux à la frontière au nom du ministère client pour lequel, dans la loi qui relève de sa responsabilité, les produits font l'objet d'une interdiction, d'un contrôle ou d'une réglementation.
Il importe de comprendre que les douanes ont le même éventail de pouvoirs et de privilèges en matière d'application des mesures douanières à la frontière à l'égard de l'ensemble de leurs ministères clients. Autrement dit, pour ne citer que cet exemple, les interdictions visant les produits dangereux ne sont pas explicitées dans une loi douanière. Les douanes s'appuient sur des procédures et privilèges du protocole standard en ce qui concerne l'application des mesures touchant les produits dangereux. L'interdiction proprement dite relative aux produits dangereux est inscrite dans la loi du ministère parrain — en l'occurrence, Santé Canada.
Il est bien important de comprendre cette réalité car, si des modifications devaient être apportées aux dispositions relatives aux produits contrefaits ou piratés, ces articles modifiés ne se trouveraient pas normalement dans la Loi sur les douanes. Elles se trouveraient plutôt dans les lois qui relèvent d'Industrie Canada dans cet exemple-ci, ce ministère étant responsable, dans une large mesure, de l'application de la Loi sur le droit d'auteur et de la Loi sur les marques de commerce. Cette même architecture existe aux États-Unis, en Australie, à la Communauté européenne et au Royaume-Uni.
Il faut également comprendre qu'au Canada, nous n'interdisons pas à l'heure actuelle l'introduction de produits contrefaits ou piratés. Ainsi le rôle de l'Agence des services frontaliers du Canada est relativement limité en ce qui concerne les produits contrefaits et piratés.
Je précise qu'il existe des procédures permettant aux titulaires de droits de déposer une requête devant un tribunal de compétence supérieure afin d'obtenir une ordonnance autorisant l'interception des produits à la frontière. Ainsi, l'Agence des services frontaliers peut être autorisée à intercepter certains produits par suite d'une ordonnance de la cour. Elle a également un rôle à jouer relativement à l'application du droit criminel par la GRC. Par exemple, il est possible que la GRC communique des renseignements à l'ASFC au sujet de présumées importations de produits contrefaits ou piratés. Dans de tels cas, l'Agence des services frontaliers joue un rôle en établissant éventuellement un avis de signalement, en interceptant les produits concernés, et en en informant la GRC. À ce moment-là, la GRC procède à la saisie des produits et il peut y avoir ou non des poursuites criminelles.
Le travail de l'Agence des services frontaliers du Canada peut également comprendre le fait de signaler à la GRC l'arrivée de chargements de présumés produits contrefaits ou piratés. Dans ces cas-là, la GRC peut décider d'être présente, de procéder à la saisie des produits et d'entamer des poursuites criminelles. Ceci dit, le rôle premier de l'ASFC consiste à exécuter les ordonnances de la cour lorsqu'il s'agit d'affaires civiles et de collaborer avec la GRC, dans le contexte de ses enquêtes criminelles, en l'informant de l'arrivée de chargements ou de cargaisons suspects ou encore en les interceptant grâce aux renseignements fournis par la GRC.
Notre régime de propriété intellectuelle confère à notre personnel de l'Agence des services frontaliers un rôle moins important par rapport aux autres pays que j'ai mentionnés. Aux États-Unis, par exemple, l'agence des services frontaliers est l'autorité compétente lorsqu'il s'agit de déterminer si les produits sont contrefaits ou piratés, et cette dernière a le pouvoir de saisir les produits, de les stocker et de les détruire, et ce aux frais du gouvernement américain.
Il faut bien comprendre que le gouvernement américain lui-même constitue une source de propriété intellectuelle considérable. Les intérêts des secteurs d'activité à forte production de propriété intellectuelle coïncident avec ceux du gouvernement américain. On dit que cette industrie représente une valeur de 810 milliards de dollars aux États-Unis. On dit que leurs produits protégés par le droit d'auteur constituent leurs plus importantes exportations, et vous comprendrez donc facilement que le gouvernement américain est prêt à faire le nécessaire pour faire respecter les droits de propriété intellectuelle, étant donné que, le plus souvent, ce sont des droits américains de propriété intellectuelle.
Les autres administrations, soit l'Union européenne, le Royaume-Uni et l'Australie, tendent à faciliter la protection des droits de propriété intellectuelle par le titulaire des droits. En général, dans ces autres territoires ou pays que je viens de mentionner, les coûts d'exécution sont à la charge, non du gouvernement, mais des détenteurs. Ces derniers doivent donc supporter les coûts qu'entraîne le fonctionnement des régimes d'inscription, l'entreposage des produits contrefaits et piratés et la destruction de ces produits. De façon générale, il appartient aux détenteurs des droits de supporter ces coûts par le biais d'un régime d'inscription prévoyant également des cautionnements, des garants et des garanties.
Pour résumer, le Canada n'a pas conféré à son Agence de services frontaliers des pouvoirs importants relativement aux produits contrefaits ou piratés; d'autres pays en accordent davantage. La seule vraie différence entre ces pays ou territoires, c'est-à-dire entre les États-Unis, d'une part, et l'Union européenne, le Royaume-Uni et l'Australie, d'autre part, est l'étape à laquelle on détermine que les produits sont ou non contrefaits ou piratés. Le deuxième point décisionnel concerne le fait de savoir qui va supporter les coûts d'exécution.
Comme je vous l'ai déjà dit, aux États-Unis, les intérêts des détenteurs de droits de propriété intellectuelle sont jugés correspondre tout à fait à ceux du gouvernement américain. Les autres administrations considèrent cette question du point de vue du degré de soutien gouvernemental qui convient pour permettre l'application de droits qui sont essentiellement des droits économiques privés. Comme je viens de le dire, aux États-Unis, le gouvernement américain soutient le système; dans d'autres pays, les coûts sont essentiellement à la charge des détenteurs de droits.
Voilà donc ce en quoi consiste notre régime, monsieur le président.
Monsieur le président, honorables membres du comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Mike Cabana, et je suis le directeur général de l'Intégrité frontalière de la GRC. L'Intégrité frontalière comprend le programme d'exécution fédéral, dont découle le mandat d'exécution de la GRC en matière de contrefaçon.
Après mon bref exposé liminaire, je serai à votre disposition pour répondre à toutes vos questions, comme Mme Segal vous l'a déjà dit.
On dit des crimes contre les droits de propriété intellectuelle qu'ils sont le fait au XXIe siècle, et j'estime que cette affirmation est assez juste. Il y a 10 ans, on ne percevait pas les crimes contre les droits de propriété intellectuelle comme un problème criminel grave au Canada. La contrefaçon frappait principalement les articles de luxe, comme les montres Rolex ou les vêtements griffés. Les marchandises contrefaites étaient écoulées surtout dans les marchés aux puces et la plupart des consommateurs savaient ce qu'ils achetaient. Dans la population et même chez les policiers, beaucoup croient qu'il en est toujours ainsi, mais en fait, cette perception ne colle plus à la réalité.
La situation a énormément changé au cours des dernières années. On a saisi au Canada des marchandises contrefaites dans pratiquement toutes les catégories de produits que vous pouvez imaginer — des pièces d'autos, des appareils électriques, des produits pharmaceutiques, des aliments, des cosmétiques, et j'en passe. Il est arrivé que des marchandises contrefaites soient écoulées dans les rayons de grands magasins. La plupart des commerçants au détail ne le savent habituellement pas et vendent alors, à leur insu, des marchandises contrefaites à des consommateurs qui ne se doutent de rien. Or, bon nombre de ces produits présentent des risques graves pour la santé et la sécurité. Certains pourraient même avoir contribué à des décès au Canada, notamment des produits pharmaceutiques contrefaits.
Le cas des médicaments contrefaits présente en effet une difficulté particulière, puisque la plupart des gens se les procurent par Internet. La GRC participe déjà à plusieurs enquêtes de longue haleine qui sont en cours sur des cyberpharmacies. Pour la police, ces cas sont très difficiles, parce que les compagnies affichent une adresse au Canada, mais le serveur est en fait dans un autre pays.
Les piles contrefaites posent un autre type de problème. Il n'est pas rare qu'elles coulent et certaines ont même explosé. Bien qu'on ne puisse pas affirmer que toutes les piles qui ont coulé ou explosé étaient des contrefaçons, la GRC sait qu'il y a eu plusieurs cas semblables signalés à Santé Canada, et qu'il s'agissait souvent de jouets — il y a eu huit cas où des enfants ont été brûlés.
J'ai un emballage vide ici, et je peux vous dire que j'ai personnellement été exposé à ce risque. J'ai ici un paquet de piles contrefaites qui faisaient partie du même chargement, d'après ce qu'on m'a dit, que celui qui contenait les piles qui ont explosé dans le tiroir de mon bureau. C'est assez surprenant de voir l'intensité de la déflagration.
Au Québec, des enquêteurs ont saisi plus de deux tonnes et demie de piles contrefaites, dans la seule année 2005. L'entreposage et la destruction de ces piles posent tout un problème. Pourquoi créer sciemment des produits présentant un tel danger? Par cupidité, pour l'amour de l'argent, et parce que le risque est faible. Nos rapports de renseignements stratégiques nous révèlent que les marges de profit sont très considérables et que les risques de se faire prendre — et d'être incarcéré quand on se fait prendre — sont très faibles. Si faibles, en fait, qu'au Canada, pratiquement tous les grands groupes du crime organisé et même des groupes de terroristes, comme l'a révélé un dossier particulier, se livrent très activement à la fabrication, à l'importation et à la distribution de marchandises contrefaites.
Le secteur privé estime que l'impact de cette activité sur l'économie légitime et sur les divers ordres de gouvernement serait de 20 à 30 milliards de dollars par année. Bien que la GRC ne soit pas prête à avancer un chiffre exact, compte tenu de ce que nous avons vu de ce crime, je n'hésite pas à dire que l'impact est certainement de l'ordre des milliards de dollars et que sa croissance ne fait aucun doute.
Le Canada n'est pas le seul pays frappé par ce phénomène. Interpol affirme qu'une part importante du commerce mondial — un chiffre qui représente des centaines de milliards de dollars — repose dorénavant sur des marchandises contrefaites. C'est en partie pour ces raisons que la GRC a retenu l'intégrité économique, qui concerne, entre autres, les crimes contre les droits de propriété intellectuelle, parmi ses cinq priorités stratégiques.
Nous réalisons des progrès. La GRC mène environ 400 enquêtes sur des crimes contre les droits de propriété intellectuelle chaque année et le nombre d'accusations portées est passé d'une moyenne de 400 ces dernières années à plus de 700 en 2005.
La GRC copréside depuis cinq ans l'Interpol Intellectual Property Crime Action Group — groupe qui, depuis le siège social d'Interpol à Lyons, en France, se penche sur les actions à prendre devant la criminalité contre la propriété intellectuelle. Y participent les représentants d'organisations policières et du secteur privé de tous les coins du monde, qui s'emploient à mettre en oeuvre des initiatives — comme une banque de données des droits de propriété intellectuelle internationaux — afin d'améliorer la coordination de la répression.
Les autorités policières reconnaissent qu'elles doivent collaborer de plus près afin de cibler les grands réseaux du crime organisé qui ont souvent des relations à l'internationale. Récemment, la GRC s'est associée au Canadian Anti-Counterfeiting Network dans une campagne de sensibilisation publique pour laquelle ont été produites des annonces radiophoniques et des affiches où l'on explique comment reconnaître les marchandises contrefaites.
La GRC travaille aussi avec plusieurs ministères, notamment l'Agence des services frontaliers du Canada et Santé Canada, pour enquêter sur ces crimes. Les services de police municipaux reconnaissent l'importance de ces enquêtes. Il y a eu de grosses saisies et de nombreuses accusations ont été portées.
Cela dit, il reste encore beaucoup à faire, et bien des obstacles à surmonter.
Pour le moment, nous n'avons pas le pouvoir de saisir les produits de la criminalité contre les droits de propriété intellectuelle. La Loi sur les marques de commerce ne prévoit pas d'infractions, de sorte que nous devons faire la preuve qu'il y a eu fraude pour porter des accusations de contravention en vertu du Code criminel. Souvent les criminels importent séparément les produits, les étiquettes volantes et les étiquettes de produits, et aucune disposition législative n'interdit cette pratique.
Les peines imposées par les tribunaux pour le moment ne dissuadent pas vraiment les criminels et il n'est pas rare qu'on impose des peines à répétition à un même groupe pour des crimes contre les droits de propriété intellectuelle, puisqu'à leurs yeux, les amendes ne représentent en fait que des frais d'exploitation.
Bien que l'ASFC veuille aider et que son aide soit appréciée, on ne peut que déplorer qu'elle n'ait pas le pouvoir nécessaire aux points d'entrée pour stopper ces marchandises, pas plus que la GRC ne l'a entre les points d'entrée, puisque les marchandises contrefaites ne sont pas illégales au sens de la Loi sur les douanes.
Les ressources sont aussi tout un défi. Exception faite de petites équipes de projet conjointes GRC-ASFC à Montréal et à Toronto, il n'y a aucune équipe chargée d'enquêter exclusivement sur les crimes contre les droits de propriété intellectuelle. À Vancouver, pourtant, le nombre de conteneurs de marchandises de contrefaçon portés à la connaissance de la GRC par l'ASFC aux fins d'enquête est passé d'environ 50 à 60 en 2002-2003 à plus de 300 en 2005 — et cela, précisons-le, dans le contexte actuel où l'ASFC ne procède pas à des recherches systématiques de telles marchandises, mais les trouve dans le cours de ses activités normales. D'autres grandes villes présentent des statistiques semblables.
Or, la plupart des enquêtes de cette nature devraient se dérouler sous forme de projets, afin d'essayer de démanteler le groupe en cause qui a vraisemblablement des antennes internationales; malheureusement, les ressources disponibles sont tout simplement insuffisantes pour permettre d'enquêter sur tout. Dans la plupart des cas, il n'y a donc pas d'enquête criminelle et les marchandises sont tout simplement abandonnées par l'importateur, aux yeux duquel il s'agit encore une fois de simples frais d'exploitation.
Pour terminer sur un point positif, je me réjouis de la plus grande conscience du phénomène dans la population. En outre, le gouvernement fédéral a constitué un groupe de travail interministériel sur les droits de propriété intellectuelle, dirigé par le MAECI, auquel participent tous les intéressés du gouvernement et qui est chargé de déterminer où se situent les lacunes dans les textes de loi et dans les ressources, et de recommander des façons de les combler.
Là-dessus, je tiens à remercier le comité de m'avoir donné l'occasion de parler des crimes contre les droits de propriété intellectuelle. Il est important et constructif de faire progresser la compréhension de ce problème et nous vous sommes reconnaissants d'avoir eu aujourd'hui l'occasion de le faire.
Je vous remercie.
:
Oui, monsieur le président. Je suis consciente du fait que mes collègues de la GRC et du ministère de la Justice ont déjà abordé la question de l'application des mesures douanières à la frontière, et je vais donc être brève.
D'abord, je tiens à vous remercier de l'occasion qui nous est donnée de parler de la façon dont l'Agence des services frontaliers du Canada aide à combattre la prolifération de produits contrefaits et piratés. Comme on vous l'a déjà expliqué, dans un premier temps, nous avons un recours civil. À la fois la Loi sur le droit d'auteur et la Loi sur les marques de commerce permettent à un titulaire de droits d'obtenir une ordonnance de la cour ordonnant à l'ASFC de repérer et de retenir des chargements de produits soupçonnés de violer leurs droits de propriété intellectuelle.
De plus, l'ASFC peut retenir les produits qui constituent une violation des droits de propriété intellectuelle d'un détenteur en vertu du droit criminel. La Loi sur le droit d'auteur prévoit des sanctions criminelles, et il en va de même pour le Code criminel.
Quand la GRC nous communique des renseignements au sujet d'importations qui pourraient éventuellement prouver qu'une infraction criminelle a été commise, l'Agence établit un avis de signalement au sujet des produits en question. Au moment de l'interception des chargements, l'Agence saisit les produits pour les fins de la preuve et les transfert à la GRC, qui entame des poursuites.
Enfin, si l'ASFC, au moment d'examiner un chargement pour les fins de l'application de la Loi sur les douanes, trouve des produits qui peuvent enfreindre éventuellement des droits de propriété intellectuelle, nous demandons à la GRC de nous dire si ces derniers répondent à leurs critères relativement aux poursuites judiciaires, et dans l'affirmative, les produits sont saisis pour les fins de la preuve.
Toutefois, pour des raisons pratiques, la GRC ne peut pas intenter des poursuites criminelles chaque fois que des produits sont soupçonnés de violer des droits de propriété intellectuelle. Quand le chargement n'est pas suffisamment important pour justifier des poursuites pénales, l'importateur est informé que l'authenticité des produits est mise en doute et, dans de tels cas, il décidera le plus souvent d'abandonner les produits.
Voilà ce qui m'amène à vous parler d'un des défis auxquels nous sommes confrontés en tant qu'agence. La Loi sur les douanes autorise l'ASFC à retenir des produits qui sont interdits, contrôlés, ou réglementés par les lois du Parlement jusqu'à ce qu'elle soit convaincue qu'ils ont été traités conformément à la loi applicable. À l'heure actuelle, toutefois, aucune loi ne précise que les produits contrefaits constituent des produits interdits, contrôlés ou réglementés.
Aux termes de la Loi sur le droit d'auteur, les produits à proprement parler ne sont pas interdits. Par contre, des sanctions sont prévues pour celui qui fabrique, vend ou importe sciemment des produits contrefaits pour des fins de vente. La Loi sur les marques de commerce est également muette sur ce point. Étant donné qu'il n'existe aucune loi complémentaire précisant que les produits contrefaits sont interdits, ces derniers ne peuvent être ciblés ou retenus par l'ASFC en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la Loi sur les douanes.
Par contre, comme on vous l'a déjà mentionné, l'ASFC travaille de concert avec ses partenaires interministériels pour explorer diverses possibilités qui permettront de répondre aux préoccupations grandissantes concernant les risques que présentent les produits contrefaits non sécuritaires, les pertes de revenu qu'ils entraînent, et la participation des groupes du crime organisé à cette activité.
Je vous remercie, et je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Bonjour. Je m'appelle Diana Dowthwaite et je suis directrice générale responsable de l'inspectorat de la Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada.
Je voudrais commencer par vous donner un bref aperçu du rôle et du mandat de l'inspectorat. Le rôle de l'inspectorat consiste à exécuter un programme national de conformité et d'exécution aux termes de la Loi sur les aliments et drogues, et ce à l'égard de tous les produits qui relèvent du mandat de la Direction générale des produits de santé et des aliments, à l'exception des produits réglementés à titre d'aliments. Cette catégorie comprend les produits pharmaceutiques, les médicaments vétérinaires, les produits biologiques, les produits de santé naturels, et les instruments médicaux. Nous dispensons ces services dans l'ensemble du Canada, et nous avons des inspecteurs en Colombie-Britannique, au Manitoba, en Ontario, au Québec, et au Canada atlantique.
Nous avons quatre fonctions centrales clés qui nous aident à nous assurer que les produits de santé vendus sur le marché canadien sont légalement autorisés à la vente et qu'ils sont sécuritaires: premièrement, notre rôle proactif dans la promotion de la conformité par l'entremise de nos différents programmes d'inspection, en vertu desquels les entreprises qui comptent mener certaines activités, telles que la fabrication, l'importation, l'emballage, l'étiquetage, le commerce de gros, les essais, et la distribution des médicaments au Canada, sont tenues de faire l'objet d'une inspection avant d'obtenir un permis d'exploitation. Ces entreprises font l'objet d'une inspection régulière en fonction d'un cycle qui peut varier entre deux et quatre ans, selon la nature de leurs activités. Ces inspections sont liées à nos conditions d'obtention d'un permis.
Deuxièmement, nous avons un rôle réactif par l'entremise de nos activités de vérification de la conformité et d'enquête, dans le cadre desquelles nous cherchons activement à atténuer les risques en nous appuyant sur les renseignements obtenus de sources différentes, tels que les plaintes de consommateurs, l'industrie ou d'autres autorités de réglementation. C'est dans ce domaine que nous effectuons la majeure partie de notre travail relatif aux produits de santé contrefaits.
En troisième lieu, nous avons la capacité, grâce à nos deux laboratoires certifiés ISO en Ontario et au Québec, d'effectuer des analyses de laboratoire, qui représentent un élément critique des enquêtes que nous menons pour vérifier la conformité. Cette activité est d'autant plus pertinente dès lors qu'il s'agit d'enquêtes sur les produits contrefaits.
Enfin, nous exécutons un programme d'agrément des établissements en vertu des permis d'exploitation aux établissements qui fabriquent des médicaments ou des dispositifs médicaux relativement aux activités que je viens de mentionner.
Afin d'arriver plus facilement à remplir notre mandat et à réduire la possibilité que des produits de santé contrefaits s'introduisent dans la chaîne d'approvisionnement, nous travaillons avec d'autres autorités policières et organismes de réglementation, tels que la GRC et l'ASFC, de même que les ordres provinciaux de pharmaciens. Nous travaillons également avec nos partenaires internationaux, par l'entremise de protocoles d'entente, de traités et d'autres tribunes internationales, en vue d'accroître notre capacité de détection et de recensement des produits de santé contrefaits.
Les produits contrefaits présentent un risque pour la santé et la sécurité du public, étant donné qu'ils peuvent prévoir la mauvaise dose, les mauvais ingrédients, des additifs dangereux, ou pas de principes actifs du tout, ce qui peut éventuellement entraîner des risques graves pour la santé des patients.
Ces produits constituent une nouvelle tendance relativement à la chaîne d'approvisionnement des pays développés, et je peux vous affirmer que c'est même le cas au Canada. Au cours de l'été de 2005, la GRC a déposé des accusations contre deux pharmacies distinctes qui pratiquaient la vente au détail de produits pharmaceutiques contrefaits. Dans ces deux cas, étant donné que la contrefaçon constitue une activité criminelle, l'inspectorat a travaillé de pair avec la GRC et le collège des pharmaciens approprié en vue de nous faire profiter de leur expertise en matière d'enquête et d'analyse laboratoire, et nous conseiller au sujet de la Loi sur les aliments et drogues.
Les incidents impliquant les produits de santé contrefaits sont fort complexes et supposent souvent la participation de nombreux organismes intérieurs et internationaux de réglementation et policiers. Au Canada, la vente de produits de santé contrefaits constitue une violation de la Loi sur les aliments et drogues, puisque ces produits font partie de la catégorie des produits non approuvés. La vente de tels produits peut également enfreindre d'autres lois, telles que la Loi sur le droit d'auteur et le Code criminel, et en conséquence, la responsabilité des enquêtes peut éventuellement être renvoyée aux autorités réglementaires.
Il est tout à fait impossible, comme vous l'ont fait remarquer mes collègues, qu'une seule entité réussisse à elle seule à combattre la contrefaçon. Ce problème exige l'application d'une approche multipartenaire et multinationale.
L'inspectorat est actuellement en train d'élaborer une stratégie anticontrefaçon visant à réduire la possibilité que des produits de santé contrefaits s'introduisent dans la chaîne d'approvisionnement canadienne; à accroître notre capacité de détection et de repérage; à sensibiliser les gens aux risques qui y sont associés; et à réduire les mesures qui facilitent la contrefaçon de produits de santé.
Comme c'est le cas pour la GRC, à l'heure actuelle, nous faisons face à de nombreux défis. Par exemple, les mécanismes actuels de surveillance réglementaire sont dépassés. La Loi a plus de 50 ans, et la Loi sur les aliments et drogues, de même que le règlement d'application, ne prévoient aucune interdiction touchant directement la contrefaçon.
De plus, les peines que prévoit la Loi sont davantage axées sur les risques pour la santé et donc moins sur les sanctions à proprement parler, si bien qu'elles peuvent ne pas offrir une désincitation suffisante aux activités frauduleuses, comme la contrefaçon des produits de santé. Comme nous le savons tous, les poursuites supposent un gros investissement de ressources, et nous ne sommes pas équipés pour le moment dès lors qu'il s'agit de repérer les cas de fraude; c'est là que la GRC nous fait bénéficier de son aide. Nous nous efforçons de moderniser notre cadre de réglementation afin de pouvoir contrer plus efficacement ce genre de violations.
À l'heure actuelle, nous n'avons ni l'expérience ni les ressources nécessaires pour faire enquête sur les intentions des parties concernées. Par le passé, notre approche a toujours été axée sur l'atténuation des risques pour la santé là où les parties réglementées ont la responsabilité de prendre les mesures qui s'imposent pour se conformer aux exigences législatives et réglementaires. Mais, d'après ce que nous observons des tendances actuelles en matière de contrefaçon, les auteurs de ces actes ont non seulement des intentions malhonnêtes, mais ils ne tiennent aucun compte des exigences du régime de réglementation.
À l'heure actuelle, nous menons nos activités dans un environnement caractérisés par l'expansion rapide des échanges mondiaux, si bien que nous assistons à la création de chaînes d'approvisionnement de médicaments complexes, de ventes accrues par Internet de produits de santé meilleur marché et peut-être contrefaits, et à un volume plus élevé d'importations de produits de santé, dont les caractéristiques trompeuses compliquent grandement l'évaluation de leur validité.
Les mécanismes actuels de surveillance réglementaire, à eux seuls, ne sont pas suffisants pour permettre de contrer efficacement les menaces que présentent de tels produits. Protéger la santé et la sécurité des Canadiens est une responsabilité partagée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, de même que les professionnels de la santé, l'industrie et les consommateurs. Notre stratégie anticontrefaçon doit permettre d'atténuer les risques que présentent les produits de santé contrefaits pour la santé et la sécurité des Canadiens. Elle mettra l'accent sur de nouveaux pouvoirs législatifs, un plan de sensibilisation des consommateurs et — c'est l'élément le plus important — la création de partenariats plus étroits entre les organismes de réglementation et l'industrie.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je voudrais remercier tous les témoins qui se joignent à nous aujourd'hui.
Je suppose que ce qui me dérange le plus, c'est le temps que nous investissons dans la recherche d'éléments de réponse, de solutions, et d'idées qui nous permettront de régler ce problème.
C'est en 2005 que les États-Unis nous ont mis sur une liste d'alerte, et bien des mois auparavant, la Coalition anticontrefaçon de Washington a exhorté le gouvernement américain à désigner le Canada, ainsi que la Chine, comme une priorité en raison de leur bilan pitoyable en matière de protection des droits de propriété intellectuelle.
En 2005, il y a eu cinq décès à Hamilton qui étaient liés — et j'ignore comment tout cela a fini par être réglé — à des médicaments contrefaits qui étaient des reproductions du produit pharmaceutique Norvasc. De plus, une femme est récemment décédée sur l'île de Vancouver à cause d'une pharmacie électronique.
Nous parlons donc d'un problème qui nous est connu depuis un bon moment. En fait, d'après Interpol, entre 5 et 7 p. 100 des échanges mondiaux concernent à présent des produits contrefaits. L'Organisation mondiale de la santé affirme que les faux produits pharmaceutiques génèrent 36 milliards de dollars par année et, selon les estimations, ce montant passera à 75 milliards de dollars d'ici 2010.
Pour ce qui est de la contrefaçon des marques de commerce — dans ma circonscription électorale, nous avons l'Association canadienne de normalisation — à l'heure actuelle, des produits arrivent au Canada —entre autres, ceux dont nous parlait le représentant de la GRC, à savoir des piles contrefaites, des produits électriques contrefaits, etc. — qui portent justement la marque d'accréditation de l'ACN.
Au fonds, nous savons plus ou moins ce qu'il faut faire pour régler ce problème. Je ne cherche pas à simplifier à outrance, mais il me semble clair que nous devons absolument muscler notre Loi sur les marques de commerce. Il nous faut également des sanctions criminelles plus énergiques. Il paraît qu'il y a des gens à Montréal qui vont dans les cinémas avec des caméras très sophistiquées sur leurs cravates. Ces gens-là reproduisent le film de cette façon et, une heure plus tard, c'est déjà disponible sur DVD. Le crime organisé est impliqué là-dedans. Il est évident que les sanctions criminelles ne sont pas assez sévères à l'heure actuelle.
Nous avons également une idée de ce qu'il faut faire en ce qui concerne l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous avons parlé du fait que cette dernière n'a pas de mandat. Il lui faut justement un mandat, de même que les ressources nécessaires pour lui permettre de jouer un rôle qui n'est pas purement complémentaire — étant donné que c'est le mandat qu'elle a actuellement, c'est tout à fait normal — mais maintenant il convient de lui donner le mandat et les ressources que cela suppose de traiter directement le problème des produits contrefaits et piratés.
Si les États-Unis ont cru bon de nous mettre sur une liste d'alerte et de nous classer au même rang que la Chine — avec tout le respect que je dois à la Chine — en raison de violation des droits de propriété intellectuelle, il me semble que c'est une indication qu'il convient à présent de prendre des mesures. J'ai peur pour la sécurité des Canadiens, qu'on parle de produits pharmaceutiques ou électriques.
Je sais, évidemment — moi-même j'ai été impliqué en 2007 au moment où le groupe de travail examinait la question — que nous sommes au courant du problème depuis un moment. En fait, le problème des produits pharmaceutiques était connu de la GRC au moins en 2000, et je suis convaincu que cette dernière avait aussi prévenu le ministère.
Donc, nous sommes au courant des problèmes. Je sais que l'implication d'autant de ministères rend la situation plus complexe, mais je me demande quand nous allons finalement définir des solutions et les mettre en application. J'espère que le gouvernement va déposer un projet de loi omnibus qui va apporter justement des solutions en ce qui concerne la Loi sur les marques de commerce, la Loi sur le droit d'auteur, les pouvoirs de l'Agence des services frontaliers du Canada, et les sanctions criminelles qui sont nécessaires. Quand allons-nous voir des mesures concrètes dans ce domaine?
Je suis d'accord avec vous. Nous y travaillons depuis fort longtemps, et comme vous l'avez dit vous-même, c'est un problème très complexe.
Au comité, nous nous efforçons justement d'en arriver à des solutions vraiment efficaces. Il s'agit de faire avancer ce dossier et d'établir un cadre de travail qui nous permettra de collaborer avec la communauté internationale et donc d'attaquer ce problème à une échelle mondiale.
L'année dernière, nous avons réalisé des progrès considérables à la fois au Canada et à l'étranger. Au Canada, nous avons dialogué avec les principales parties intéressées canadiennes afin de connaître leurs vues, y compris l'Association canadienne de normalisation et d'autres acteurs de l'industrie à qui ce dossier tient à coeur et qui ont beaucoup d'expérience dans ce domaine. Nous avons analysé cette information de façon à éventuellement formuler des recommandations à soumettre à l'examen du gouvernement. À l'échelle internationale, en plus de participer aux discussions dans différentes tribunes internationales, nous examinons les mesures adoptées par d'autres pays. Cal vous a parlé d'autres régimes qui nous intéressent et que nous essayons d'évaluer, afin de voir quels éléments pourraient éventuellement être incorporés dans notre propre régime juridique et administratif.
Donc, ce travail continue. Autour de la table, l'ensemble des ministères et organismes gouvernementaux sont d'accord généralement sur ce qu'il faut faire, et maintenant nous travaillons à peaufiner les détails. Nous allons proposer des mesures dans les plus brefs délais. Pour le moment, nous n'avons pas de calendrier précis.
Vous avez fait mention de plusieurs éléments. Et nous examinons justement les possibilités que vous avez évoquées, pour ce qui est de modifier la Loi sur les marques de commerce, les pouvoirs de l'ASFC, la Loi sur le droit d'auteur, etc. Le fait que ce dossier soit complexe explique en partie la raison pour laquelle nous devons prendre le temps de bien assimiler tous les aspects du problème.
En même temps, nous travaillons avec des collègues dans d'autres tribunes. Nous travaillons également à l'échelle internationale, comme vous l'ont dit nos collègues de la GRC. Il ne s'agit pas d'immobilisme de notre part. Nous nous attaquons aux problèmes au Canada et à l'étranger au mieux de nos compétences, et nous essayons de formuler les meilleures recommandations possible afin de faire progresser la situation.
En ce qui concerne la liste d'alerte, je précise que le Canada ne reconnaît pas la liste d'alerte spéciale 301. En ce qui nous concerne, cette dernière repose sur des analyses qui ne sont ni fiables ni objectives. C'est un processus dicté exclusivement par l'industrie américaine. D'ailleurs, nous avons à maintes reprises indiqué à nos homologues américains que cette liste d'alerte spéciale 301 ne repose pas sur des analyses objectives.
Je reconnais également que l'industrie américaine aime bien mettre quiconque lui déplaît, en raison de son régime de droit de pays, sur le même plan que la Chine et les autres grands transgresseurs, mais nous ne sommes pas sur le même plan. Ce n'est pas la même chose. Si vous ne figurez pas sur la liste d'alerte d'une façon ou d'une autre, vous n'êtes peut-être pas bien important. La plupart des pays qui ont d'importants échanges commerciaux se trouvent sur la liste d'alerte.
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Je ne dirais pas qu'il n'existe pas de bons exemples. Au contraire, il y a d'excellents exemples, mais vous m'avez demandé s'il existe un régime quelque part qui s'attaque directement au problème. Je peux vous dire que oui, il y en a qui s'attaquent au problème, mais il n'en existe pas, à ma connaissance, qui règlent le problème ou qui permettent de tout intercepter à la frontière ou d'enrayer complètement ce phénomène.
La situation évolue très rapidement, et dans le contexte de la mondialisation, étant donné l'accroissement des échanges commerciaux et les progrès technologiques, il devient très difficile de stopper complètement ce genre de phénomène. Par conséquent, il s'agit plutôt d'adopter les mesures les plus efficaces possible — c'est-à-dire de partager les pratiques exemplaires et d'actualiser le régime au fur et à mesure — afin de combattre le problème et, bien sûr, de travailler de manière coopérative.
Pour répondre à la deuxième partie de votre question, il est évident que certains pays posent davantage problème que d'autres. Une bonne partie des activités qui portent atteinte aux droits de propriété intellectuelle ainsi qu'une bonne partie des activités de contrefaçon ont lieu dans des pays comme la Chine, la Russie, et d'autres. Nous avons également entendu dire que certains produits contrefaits sont fabriqués en Russie mais portent une étiquette qui dit « Fabriqué en Chine », de sorte qu'il devient difficile par moments de savoir d'où proviennent ces produits. Il est vrai qu'on peut certainement suivre les activités jusqu'à un certain point, mais cela suppose des efforts considérables, et n'oublions pas que c'est une cible mobile. Lorsqu'un pays réussit à stopper cette activité, elle se déplace ailleurs. Donc, beaucoup de pays différents sont concernés, et si cette activité continue, ce n'est pas nécessairement parce que les pays eux-mêmes ne souhaitent pas y mettre fin.
Je pense qu'il a été mentionné plus tôt que la Chine s'intéresse de plus en plus à la protection de ses propres droits de propriété intellectuelle, et si je ne m'abuse, la Chine était peut-être au deuxième rang l'année dernière pour le nombre de demandes de brevets qu'elle a déposées. Ce sont les États-Unis qui ont déposé le plus grand nombre de demandes. Dans les pays où il y a actuellement un problème de grande envergure, des pressions vont nécessairement être exercées sur les autorités depuis l'intérieur pour que ces dernières prennent des mesures énergiques pour s'y attaquer.
C'est un problème international, et il faut donc y travailler à l'échelle internationale.
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Bonjour. Je voudrais vous remercier de votre présence et de nous informer de la situation actuelle en ce qui concerne le piratage et la violation des droits de propriété intellectuelle.
Je voudrais d'abord adresser une question à M. Becker, du ministère de la Justice, qui fait suite aux points soulevés par mon ami, M. Cullen. Elle porte sur les mises en accusation, car depuis environ l'an 2000, nous assistons à une augmentation soutenue — en fait, je dirais que c'est une augmentation plutôt exponentielle que soutenue — des violations dans les deux domaines que j'ai mentionnés.
Je suppose que mes questions découlent du fait que le Canada nous observe à l'heure actuelle, en ce sens que le citoyen moyen se demande ce qui se passe et dans quelle mesure nous possédons les ressources nécessaires au gouvernement. La première chose qu'un citoyen ou citoyenne ordinaire demanderait au ministère de la Justice et probablement le nombre approximatif d'avocats que nous avons à notre service, et étant donné que nous sommes touchés par ce problème depuis au moins cinq ans sinon davantage, cette unité ou certains avocats ou experts qui font partie de cette unité du ministère de la Justice ne sont-ils pas en train de rédiger des mesures législatives qui pourraient éventuellement intéresser le ministre ou le personnel du ministre, et ce en vue de contrer ce problème grandissant, qui présente un danger non seulement pour nous, à nos bureaux, mais pour les personnes qui se servent de piles, qui consomment des produits pharmaceutiques, ou qui nourrissent leurs animaux et les membres de leurs familles? Le ministère a-t-il rédigé de nouvelles mesures législatives, etc.?
Avant de poser trop de questions, je vous invite à répondre à cette question, de même que d'autres, s'ils le désirent.
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Merci infiniment de votre présence et des renseignements détaillés que vous nous fournissez.
Je partage la passion de mes collègues autour de la table en ce qui concerne la gravité de cette problématique. Mais il convient, à mon avis, de s'intéresser plus particulièrement aux activités de contrefaçon qui entraînent des risques pour la santé et la sécurité des Canadiens. Si nous envisageons de rédiger ou de proposer des mesures législatives, il convient tout particulièrement de prévoir des peines d'emprisonnement minimales pour les personnes qui font preuve d'une indifférence totale à l'égard de la sécurité des Canadiens.
De plus, je voudrais féliciter Diana pour les efforts déployés par son ministère à la frontière. En 1996-1997, quand Santé Canada a proposé de réprimer la vente de produits à base d'herbes médicinales, c'était à mon avis une décision lourde de conséquences qui a fait beaucoup de torts aux communautés ethniques.
Je pense que ce qui nous dérange le plus, si on parle de la Chine, c'est qu'on y fabrique maintenant de faux produits alimentaires. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais ils sont capables de faire de faux oeufs qui ressemblent à de vrais oeufs. Ils vendent de faux oeufs sur le marché. Étonnant, n'est-ce pas? Ils font de faux oeufs qui ressemblent à de vrais oeufs, et ils arrivent toujours à faire des profits.
Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'ils fabriquent même de faux produits qui ne coûtent pas cher, comme les nouilles, par exemple. Ils volent les marques de commerce et fabriquent des produits dangereux qui nuisent à la santé des personnes qui les consomment. C'est un grave problème en Chine. Les gens ont des inquiétudes au sujet de l'introduction de ces produits dans le réseau alimentaire qui leur fournit ce qu'ils mangent, surtout que certains volent des marques de commerce qui sont excellentes et dont dépendent vraiment les gens, et notamment les produits de santé, les médicaments et les composés.
Je sais que nous permettons l'entrée au Canada de ces produits. Il est très difficile de surveiller ces activités, d'adopter des lois pour les contrer, etc. Je comprends qu'il faut parfois autoriser l'entrée au Canada de ces produits afin de permettre aux communautés ethniques d'y avoir accès. Mais la question des marques de commerce est très importante. J'espère que, quand le temps viendra de rédiger de nouvelles dispositions législatives, Cal, vous n'allez pas négliger le problème des marques de commerce des produits de santé et médicaments qui sont importés au Canada. C'est un problème courant.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'intéresse à la question du droit d'auteur et des produits contrefaits et piratés depuis fort longtemps. Au cours de la dernière législature, j'étais membre du Comité du patrimoine canadien et j'ai beaucoup appris sur le traité de l'OMPI. Le Canada a signé ce traité il y a bien des années, mais il n'a toujours pas été ratifié. L'ancien gouvernement ne l'a pas fait et, pour le moment, notre gouvernement n'a pas non plus proposé de le faire, même si ce dernier semble vouloir de nouveau faire avancer ce dossier.
Cette question suscite beaucoup de frustration au Canada. Je n'y avais jamais beaucoup réfléchi, du point de vue de l'impact sur la sécurité publique, avant qu'il soit question de vous inviter à comparaître devant le comité. Je suis très content de voir que vous vous intéressez à la question.
Le ministère de l'Industrie a nécessairement un rôle bien important dans ce contexte. Je sais que vers la fin de la dernière législature, il avait été proposé de créer un comité législatif mixte spécial pour examiner la question du droit d'auteur, donc cela semble susciter beaucoup d'intérêt. Je suis content de vous voir ici aujourd'hui, et de recevoir d'autres renseignements à ce sujet. Certains d'entre nous insistons pour que quelque chose se fasse dans ce domaine.
Madame Segal, je m'intéresse tout particulièrement au travail de votre groupe interministériel. Peut-être pourriez-vous nous en parler. J'ai vraiment envie d'en savoir davantage. Je sais que vous en avez déjà un peu parlé, mais je voudrais obtenir d'autres détails au sujet de ce groupe, parce qu'il faut que ce dernier participe à ces efforts. Parlez-moi donc des progrès réalisés par le comité.