:
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous procédons à une étude sur l'employabilité au Canada.
Je souhaite la bienvenue à tous les témoins. Je vous remercie d'avoir accepté, malgré vos horaires chargés, de nous consacrer quelques heures dans le cadre des audiences que nous tenons à l'échelle nationale sur la question très importante de l'employabilité.
Vous savez peut-être déjà que nous sommes allés à St. John's (Terre-Neuve), à Halifax et à Montréal cette semaine et vous savez évidemment que nous sommes à Toronto jusqu'à demain. Nous irons à Vancouver, Calgary et Saskatoon au cours des prochaines semaines, durant le mois de novembre, pour discuter de ces questions. Nous pourrions probablement consacrer un jour ou deux à chaque organisation, mais c'est là tout le temps dont nous disposons, et nous nous estimons déjà heureux de l'avoir. Je vous suis donc reconnaissant du temps que vous voulez bien nous consacrer.
Nous vous demanderons de faire vos observations préliminaires en sept minutes maximum; je vous ferai savoir quand il ne vous restera plus qu'une minute. Ensuite, nous ferons un tour de questions de sept minutes, puis un deuxième tour de questions de cinq minutes, après quoi, s'il nous reste encore un peu de temps, les membres du comité pourront poser des questions supplémentaires.
Pourquoi ne commencerions-nous pas avec M. D'Amours?
Une voix: Et si on donnait la parole aux témoins?
Le président: Oh, vous avez raison! J'oublie toujours quelque chose.
:
Merci, mesdames et messieurs.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous cet après-midi.
[Traduction]
Je m'appelle Cheryl Paradowski et je suis directrice exécutive du Conseil canadien de l'industrie de l'alimentation, qui représente le secteur de la vente au détail et en gros de l'industrie de l'alimentation au Canada. Notre vision est de créer des solutions efficaces aux défis qu'ont à relever le secteur de la vente au détail et celui de la vente en gros, au chapitre des ressources humaines, pour assurer la croissance et la viabilité à long terme d'une industrie qui nourrit 32 millions de Canadiens et Canadiennes dans toutes les localités et collectivités du pays, et à qui nous devons pour une bonne part notre niveau de vie actuel.
Nous faisons partie du réseau canadien du Conseil sectoriel national. Je pense que le comité a déjà reçu quelques exposés de nos collègues. Je sais que mon collègue M. Maynard fera une introduction un peu plus détaillée sur les conseils sectoriels et, par conséquent, mes observations porteront principalement sur notre secteur.
En guise d'aperçu, je signale que notre industrie emploie plus de 570 000 Canadiens et Canadiennes, soit un tout petit peu plus de 3 p. 100 de la main-d'oeuvre canadienne. Ça représente un quart de la main-d'oeuvre dans le secteur du détail. L'industrie génère des ventes annuelles de plus de 70 milliards de dollars qui représentent un apport annuel de 22,5 milliards de dollars (environ 2 p. 100) au PIB du Canada; j'estime que c'est une contribution plus importante que la plupart des gens ne s'y attendent de la part de cette industrie.
L'industrie représente 45 000 entreprises, dont un tiers sont des PME. Nous représentons par conséquent tous les types d'entreprises, à l'échelle pancanadienne. Contrairement à la main-d'oeuvre d'autres industries dont les porte-parole ont certainement déjà témoigné, 24 p. 100 seulement de la nôtre est âgée de plus de 45 ans alors que la moyenne nationale est actuellement d'environ 39 p. 100. Nous sommes par conséquent une industrie relativement jeune quoique, dans certains postes clés, on prévoit toujours que le départ des membres de la génération du baby-boom aura un impact. Chez un de nos principaux intervenants, par exemple, 25 p. 100 des commis-bouchers, gérants des viandes et boulangers sont âgés de 58 à 65 ans, ce qui devrait avoir un impact.
Je voudrais profiter de l'occasion pour faire quelques commentaires sur les principales difficultés auxquelles nous nous heurtons. La première est liée au fait de faire partie du secteur des services. Compte tenu des collègues qui m'accompagnent cet après-midi, je suis sûre que vous entendrez des commentaires sur les métiers spécialisés dont la plupart sont les cousins pauvres, d'après les opinions que l'on a des carrières et des emplois. Si les métiers spécialisés sont les cousins pauvres, je pense que le secteur des services est l'enfant illégitime dont personne n'est disposé à reconnaître la paternité, car nous constatons que les gens ont l'impression que ce n'est pas un secteur où l'on peut bâtir une carrière, ce qui réduit les possibilités qu'a notre industrie d'attirer des travailleurs.
J'ai entendu une anecdote la fin de semaine dernière. Je rencontrais un homme d'affaires de la région d'Ottawa extrêmement prospère qui est propriétaire d'un seul magasin et qui a travaillé toute sa vie dans ce secteur. Il a fait des études commerciales à l'Université d'Ottawa et pas moins de trois de ses professeurs ont tenté de le convaincre du fait que sa formation ne lui servirait à rien s'il ne se cherchait pas un vrai emploi. C'est le type de défi que nous avons à relever pour tenter de bâtir une main-d'oeuvre concurrentielle.
Dernièrement, plus de 85 p. 100 des membres de la section du commerce de détail de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante ont signalé avoir eu des difficultés de recrutement au cours des trois dernières années, d'après une enquête menée en 2005. On a d'énormes difficultés à attirer des travailleurs, d'abord dans le secteur des services, puis dans le secteur du commerce de détail et, enfin, dans le secteur alimentaire de détail qui intéresse encore moins de personnes que la vente de jeans pour Gap ou de produits de beauté pour Body Shop.
Nous comptons parmi nos membres les gros vendeurs au détail. Notre conseil d'administration est composé de représentants de Loblaws, Safeway, Sobeys et A&P Canada, qui représente maintenant également Metro. Un des plus gros syndicats de l'industrie — et c'est un secteur très syndiqué, puisque plus de 40 p. 100 des travailleurs le sont, soit un pourcentage beaucoup plus élevé que la moyenne nationale —, l'Union internationale des travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce - Canada, est le plus important alors que les Teamsters, syndicat qui représente surtout le secteur de l'entreposage, vient en deuxième position. Il y a ensuite de grandes associations dans l'industrie: La Fédération canadienne des épiciers indépendants et l'Association des détaillants en alimentation. Nos membres constituent donc un groupe très représentatif.
D'après eux, les principaux enjeux sont liés à l'amélioration de l'image de l'industrie comme destination de carrière, car ce sont des questions clés qui ont un impact sur le recrutement et le maintien en poste, et à une valorisation accrue de la culture dans le secteur car, actuellement, en raison des problèmes d'image, le roulement de la main-d'oeuvre est tel qu'on a de la difficulté à convaincre les exploitants à investir dans la formation de travailleurs susceptibles de quitter leur emploi dans de brefs délais.
En ce qui concerne les possibilités d'établir des liens plus étroits avec le milieu de l'éducation, nous avons constaté une dichotomie flagrante. Notre industrie signale une pénurie de commis-bouchers alors que des collèges offrent des programmes de formation de commis-bouchers. Il est essentiel que nous remédiions à cette situation tout en renforçant les pratiques des PME qui n'ont pas de siège social pour les soutenir en matière de ressources humaines.
Je terminerai par quelques-unes des recommandations que nous avons à faire, car on nous a demandé de faire des recommandations concernant les initiatives que le gouvernement fédéral pourrait prendre pour régler ces problèmes. J'espère que vous continuerez à considérer le Programme des conseils sectoriels comme un partenaire clé dans l'étude des enjeux liés à l'employabilité et à l'accroissement de la productivité dans l'économie canadienne.
Le gouvernement fédéral peut continuer à recueillir de l'information détaillée sur différents besoins et problèmes du marché du travail qui aiderait à faire progresser la politique fédérale en matière d'immigration. Compte tenu du fait que RHDSC prévoit que 100 p. 100 de la croissance de la main-d'oeuvre au Canada sera le résultat de l'immigration en 2013, nous craignons que nos politiques actuelles ne permettent pas d'attirer les types de personnes qui pourraient être recrutées dans notre secteur. Les conseils sectoriels peuvent en tout cas être également un partenaire clé dans la fourniture de cette information.
Nous espérons que le gouvernement fédéral maintiendra un certain type de mandat national en matière de formation et de perfectionnement, même sous une forme aussi simple que des incitations fiscales qui encouragent les employeurs à considérer la formation comme un investissement plutôt que comme un coût. Le transfert intégral du programme de formation au palier provincial engendre trop de risques de dédoublement des efforts et de fragmentation des résultats.
Enfin, nous recommandons de faire un examen des politiques en matière de pensions et d'impôt sur le revenu qui découragent actuellement les travailleurs d'âge mûr d'envisager un emploi à temps partiel. Nous estimons en effet que c'est une source importante de main-d'oeuvre alternative pour le secteur de l'alimentation de détail, d'autant plus que les facteurs démographiques laissent prévoir une forte diminution de la main-d'oeuvre jeune, qui est actuellement notre principale source.
Merci encore pour cette occasion de faire un exposé.
:
Merci. Je m'appelle David Wassmansdorf. Je suis le président sortant de l'Association canadienne des constructeurs d'habitations et promoteur immobilier de Burlington. Comme nous le disions plus tôt, ma participation à cette séance est ma petite part de bénévolat.
Je suis accompagné aujourd'hui de Mary Lawson, qui est l'ancienne présidente de l'Association des constructeurs d'habitations. Elle est établie à Orangeville.
Nous sommes également accompagnés de deux personnes-ressources, à savoir notre directeur de l'exploitation, John Kenward, et notre directeur du développement des ressources humaines, Paul Gravelle.
Il est évident qu'une pénurie aiguë de personnel qualifié sévit dans le secteur de la construction résidentielle. Cette pénurie touche les constructeurs de maisons neuves et les rénovateurs. Elle n'est pas due uniquement au niveau élevé d'activité dans le secteur de l'habitation et dans celui de la rénovation au cours des dernières années. C'est un problème qui se pose depuis des années et qui ne cesse de s'amplifier.
Nous avons fait pour l'industrie de l'habitation des instances qui ont été en grande partie ignorées. Nous estimons que le point de vue qui prévaut en matière de compétences est un point de vue élitiste, dominé par des organisations comme RHDSC. Au lieu d'adopter une approche positive, axée sur l'action, pour régler les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre spécialisée, le ministère exige sans arrêt de l'industrie qu'elle prouve l'existence d'un problème. La recherche permanente de preuves a remplacé l'action concrète. La culture actuelle résiste au changement, engendre l'inactivité et soutient le statu quo. Le résultat final est l'inertie qui a entraîné une détérioration considérable de la capacité du Canada de répondre efficacement à la demande de personnel qualifié.
Ce n'est pas un phénomène récent. Cette culture engendre la complexité, au point que les interventions d'un nombre incalculable d'organismes financés par le gouvernement en font un fouillis quasi impénétrable. On donne l'apparence d'une activité fébrile, mais les réalisations sont minimes.
Il est essentiel que soit clairement délimité le rôle du gouvernement fédéral dans le domaine de l'éducation et de la formation, et cela inclut la transparence et l'imputabilité de ses programmes, de ses ententes de financement et de ses activités. Alors que les gouvernements provinciaux ont compétence en matière d'éducation et de formation, ce seul fait n'explique pas pourquoi le Canada n'a pas adopté une approche cohérente et intégrée en ce qui concerne ses besoins de main-d'oeuvre qualifiée.
Il ne faut pas invoquer l'excuse de la compétence provinciale pour tenter de justifier le fait que l'on n'ait pas fait de progrès. À titre de comparaison, je peux signaler que la compétence provinciale en ce qui concerne les codes du bâtiment n'a pas exclu l'élaboration d'un Code national du bâtiment qui sert de modèle en faisant intervenir toutes les parties concernées dans le secteur de la construction résidentielle et du bâtiment, et qui est adopté par tous les gouvernements provinciaux. C'est ce qui explique l'uniformité à l'échelle nationale en matière de codes. Le gouvernement n'a pas adopté d'approche semblable pour tenter de combler les besoins en main-d'oeuvre qualifiée du Canada.
Ce n'est pas un seul palier de gouvernement qui a la capacité de régler les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée. En outre, on ne peut pas réaliser des progrès importants lorsque les gouvernements agissent sans se préoccuper les uns des autres et participent à une série d'activités hétéroclites qui sont une fin en soi, consomment des ressources et ne produisent pas de résultats sur le terrain. Il est impératif qu'on mette en place une stratégie nationale globale et homogène pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre qualifiée du Canada, en établissant des normes nationales en matière de formation.
Le système d'éducation et de formation exige une orientation politique à haut niveau, à tous les paliers. L'intervention directe des ministres est essentielle.
Il est impératif que les efforts soient axés sur les résultats, sur la mesurabilité et sur l'imputabilité. Il est essentiel de se demander quels progrès mesurables on fait en atténuant les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée à l'échelle du pays, quels résultats mesurables donnent les divers engagements et investissements du gouvernement fédéral et si un plan d'action stratégique a été mis en place pour guider les efforts du gouvernement fédéral et encourager la coopération et la coordination interministérielles et intergouvernementales.
Je pense au travail effectué à l'échelon fédéral en ce qui concerne le gouvernement intelligent et la réglementation intelligente. A-t-on élaboré un plan visant à mobiliser les capacités de notre système d'éducation et de formation et à permettre à des secteurs comme le nôtre de participer à des initiatives axées sur l'action? Où sont les éducateurs? Où sont les mentors dans toute cette agitation?
L'Association canadienne des constructeurs d'habitations a élaboré un plan d'action pour le développement des ressources humaines auquel aucune attention n'a été accordée. Les efforts doivent être axés sur les quatre objectifs stratégiques suivants: appuyer le développement et la prestation de formations en matière de professions du secteur de la construction résidentielle, augmenter l'aide financière attribuée à la formation dans le secteur, et augmenter la capacité de l'industrie à participer à la planification, aux prises de décisions et à la mise en oeuvre des formations dans le secteur de la construction résidentielle de façon permanente, soutenir les mesures visant à augmenter la fidélisation des employés et à améliorer la qualité du travail dans le secteur de la construction résidentielle et promouvoir les carrières du secteur de la construction résidentielle.
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Je ferai quelques commentaires supplémentaires.
Je suis également constructeur, je suis en fait constructeur sur plans particuliers, dans la région d'Orangeville.
Il est très important de souligner que les compétences requises dans la construction résidentielle sont très différentes de celles qui sont exigées dans les secteurs industriel, commercial, institutionnel, et dans ceux de l'industrie lourde ou du génie civil. Les personnes qui travaillent dans l'industrie de la construction résidentielle font appel à des ensembles de connaissances et de compétences très différents. D'après Statistique Canada, le chiffre d'affaires de notre industrie était de 83,5 milliards de dollars en 2004 et il était de 57,1 milliards de dollars pour la construction non résidentielle.
Les métiers où il y a pénurie de main-d'oeuvre incluent les métiers suivants: monteur de charpente, poseur de placoplâtre, tireur de joints, maçon, poseur de blindage, plombier, charpentier, et ce n'est qu'une courte liste. Alors que les besoins du secteur de la construction résidentielle sont différents de ceux du secteur de la construction industrielle et d'autres secteurs de la construction, les travailleurs qui ont des compétences résidentielles peuvent s'adapter aux exigences des secteurs de la construction non résidentielle. Par conséquent, notre secteur doit faire concurrence à la demande colossale créée par des mégaprojets comme, bien entendu, les sables bitumineux et les Jeux olympiques, ou encore les investissements dans l'infrastructure.
Il est essentiel de tenir compte des métiers et des emplois dans le secteur résidentiel dans les systèmes d'éducation et de formation, dans le Programme du Sceau rouge et dans les politiques d'immigration. Nous pensons que les instituts d'enseignement, les écoles techniques et les collèges du Canada sont aussi frustrés que nous par le fait que le Canada n'ait pas mis en place de système qui tienne compte des métiers dans la construction résidentielle et facilite la transférabilité.
Je signale que la reconnaissance des apprentis par le gouvernement fédéral dans le dernier budget nous a fait plaisir. C'était un premier pas, certes, mais il indique qu'un changement est essentiel. Seuls les emplois couverts par le Programme du Sceau rouge sont admissibles dans le contexte de ces nouvelles initiatives. Il existe 45 emplois du Sceau rouge, dont 23 sont des métiers de la construction qui sont tous axés sur la construction non résidentielle.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, le secteur résidentiel emploie de nombreuses personnes qui ne sont pas admissibles en vertu du Programme du Sceau rouge et qui, par conséquent, ne peuvent pas participer à ces nouvelles initiatives. Nous sommes très heureux de constater que le ministre des Finances indique que la formation axée sur les compétences occupera une place importante dans le prochain budget. Aujourd'hui, nous sommes particulièrement impressionnés par les commentaires du gouverneur de la Banque du Canada indiquant qu'il est essentiel de mettre l'accent là-dessus et d'agir dans ce domaine.
Je vous remercie pour votre attention.
:
Merci, monsieur le président.
J'apprécie cette occasion de faire des commentaires sur le principal problème auquel est confronté le secteur de la restauration, dont le chiffre d'affaires est de 51 milliards de dollars, à savoir les pénuries de main-d'oeuvre.
Pour nos membres de l'ouest du Canada, c'est déjà l'état de crise. Pour le reste du pays, c'est un problème de plus en plus aigu qui s'aggravera progressivement au cours des 20 prochaines années. On ne peut pas échapper aux deux réalités auxquelles le marché du travail est confronté: premièrement, le taux de natalité au pays a chuté au cours des 30 dernières années, ce qui a considérablement entravé la croissance du marché du travail; deuxièmement, le plus gros exode du marché du travail de l'histoire du pays est sur le point de se produire. Les membres de la génération du baby-boom prennent leur retraite en masse.
Le Conference Board du Canada prévoit une pénurie de plus de 950 000 travailleurs d'ici 2020, sauf si nous prenons des mesures pour élargir le bassin de main-d'oeuvre.
Toutes les industries souffriront de cette pénurie de main-d'oeuvre, mais les perspectives sont particulièrement inquiétantes en ce qui concerne le secteur de la restauration, car la main-d'oeuvre sera plus vieille alors que, bien entendu, la main-d'oeuvre dont nous avons besoin est beaucoup plus jeune. En fait, 44 p. 100 des travailleurs du secteur de la restauration — plus de 440 000 employés — sont âgés de 15 à 24 ans. Par conséquent, les prévisions indiquent que d'ici 2025, la population des 15 à 24 ans diminuera de 330 000 au Canada.
En Alberta, le taux de chômage, qui est actuellement de 3,1 p. 100, est à son niveau le plus bas depuis 32 ans. Le nombre de jeunes chômeurs a chuté de 25 p. 100 au cours des douze derniers mois, ce qui représente 7 000 chômeurs de moins. Cette situation a des conséquences catastrophiques pour les établissements de restauration de la région.
Les employeurs font des journées de 17 heures et consacrent beaucoup trop de temps à la préparation des plats et au service, donc pas assez à la gestion de leur entreprise ni à la formation et au mentorat de leur personnel.
Les pénuries de main-d'oeuvre forcent les restaurateurs à réduire les heures d'ouverture, à comprimer leur menu, à fermer certains secteurs de leurs activités et à abandonner leurs projets d'expansion.
Les salaires hebdomadaires moyens dans la restauration ont augmenté de 21,2 p. 100 pour la période de janvier à juillet 2006, par rapport à la période correspondante de 2004 alors que le taux industriel moyen n'a augmenté que de 10,1 p. 100 en Alberta. Malgré cette très forte augmentation de salaire, le nombre moyen d'employés par restaurant a diminué de 14,3 en 2004 à 12,4 en 2005, ce qui représente une pénurie de plus de 13 000 personnes.
En outre, pour la première fois en 14 ans, le nombre d'établissements de restauration a diminué cette année en Alberta. Par conséquent, l'industrie se contracte à cause de la pénurie de main-d'oeuvre, alors que la demande n'a jamais été aussi forte.
Les données démographiques indiquent que la situation en Alberta et en Colombie-Britannique n'est qu'un début et qu'elle s'étendra à tout le pays au cours des prochaines années. Certains de nos membres de la Saskatchewan, du Manitoba, de l'Ontario et de la région de l'Atlantique se plaignent déjà d'avoir des difficultés à recruter du personnel.
Nous sommes conscients du fait que la pénurie de main-d'oeuvre est un défi complexe et qu'il n'existe pas de potion magique. Il est essentiel que les entreprises fassent preuve d'une plus grande souplesse et d'une plus grande créativité dans le recrutement des travailleurs et qu'elles accordent une plus grande priorité à la fidélisation des employés en place.
Les restaurateurs paient des salaires plus élevés et accordent des avantages sociaux plus généreux; ils augmentent par ailleurs les immobilisations dans des appareils qui leur permettent d'économiser de la main-d'oeuvre bien qu'ils disposent d'une marge de manoeuvre restreinte à cet égard, car nous faisons partie du secteur des services. Ils s'appliquent davantage à attirer des membres de groupes sous-représentés, comme les Autochtones et les personnes handicapées, et à s'adapter à leurs besoins, et cherchent de nouveaux bassins de candidats compétents, comme des travailleurs âgés. Ces efforts ne sont toutefois pas suffisants. Il ne nous est pas possible d'échapper à la réalité démographique à laquelle le marché du travail canadien est confronté. Des changements radicaux dans les politiques gouvernementales sont essentiels.
Nos politiques d'emploi et d'immigration ont été élaborées à une époque où le chômage était un défi national. Le nouveau défi est de trouver des travailleurs et, en ce qui concerne les immigrants, nous participerons à une course internationale impitoyable avec des pays développés comme les États-Unis, les pays d'Europe et l'Australie, où les tendances démographiques sont les mêmes que chez nous et qui sont confrontés aux mêmes problèmes de pénurie de main-d'oeuvre que nous.
Il est indéniable que le gouvernement doit absolument apporter certains changements pour encourager une augmentation de la main-d'oeuvre disponible. Nos recommandations sont énoncées dans notre mémoire, que vous devriez avoir reçu. Je les passerai rapidement en revue.
Il est essentiel de moderniser notre système d'immigration, et en partie le système des points d'appréciation, pour tenir compte des besoins variés du marché du travail canadien. Il est essentiel de mettre davantage l'accent sur l'expérience professionnelle et sur les titres de scolarité, et moins sur l'éducation et l'expérience à l'étranger.
Il est essentiel de transformer les programmes des travailleurs étrangers temporaires en programmes qui serviraient de passerelle vers la résidence permanente.
Il est impératif de simplifier le programme des travailleurs étrangers temporaires en permettant la réception de plusieurs demandes et en adoptant des processus plus efficaces.
Il est essentiel d'élargir le programme vacances-travail et de négocier un plafond plus élevé et des périodes de permis plus permanentes.
Il est impératif d'établir des mesures incitatives à la mobilité de la main-d'oeuvre au Canada, et d'encourager les chômeurs à quitter les régions à taux de chômage élevé pour s'installer dans des régions où la demande de main-d'oeuvre est forte.
Il est en outre impératif de faire disparaître les obstacles structurels à l'emploi et les politiques dissuasives, comme des taux marginaux d'imposition élevés pour les employés à faible revenu et les personnes âgées. Il faudra par conséquent relever le niveau de l'exemption de base, abaisser les charges sociales et diminuer les recouvrements fiscaux sur les programmes de prestations fondées sur un examen du revenu comme les prestations de retraite fédérales.
En résumé, monsieur le président, le problème de la pénurie de main-d'oeuvre a déjà engendré un état de crise dans l'ouest du Canada et c'est le problème le plus aigu auquel notre secteur sera confronté au cours des années à venir. Nous estimons que votre comité et que le gouvernement doivent agir le plus rapidement possible pour régler les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre actuels, afin de nous permettre d'être compétitifs à l'avenir.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président. Les commentaires que je ferai aujourd'hui renforceront certains des messages que vous avez entendus de la bouche d'autres partenaires des conseils sectoriels et jetteront peut-être un éclairage nouveau sur notre histoire.
J'aimerais tout d'abord expliquer en quoi consiste un conseil sectoriel. Un conseil sectoriel est un partenariat stratégique qui découvre et met en oeuvre des solutions aux problèmes de main-d'oeuvre, à l'instigation de l'industrie, dans des secteurs clés de notre économie. Nos partenaires sont des employeurs, des employés, des enseignants, des gouvernements et d'autres intervenants du secteur concerné.
Il est important de signaler que certains conseils sectoriels ont vu le jour vers la fin des années 80 alors que d'autres sont toujours en voie de développement. Actuellement, les conseils sectoriels touchent près de 50 p. 100 du marché du travail canadien. Ils sont alimentés par des fonds et du soutien publics et privés.
En travaillant en collaboration, conformément au mandat de l'alliance des secteurs sectoriels, ces organisations pancanadiennes à but non lucratif mises en place à l'initiative de l'industrie aident à combler l'écart entre les politiques et le monde concret dans le domaine de la stratégie en matière de ressources humaines et de l'information sur le marché du travail. Malgré une pénurie croissante de ressources, ils sont actifs dans un contexte où les attentes sont de plus en plus grandes et les besoins urgents, afin d'aider le Canada à être compétitif sur la scène mondiale.
Au cours de la période 2002-2005, les conseils sectoriels ont regroupé plus de 290 000 employeurs, 182 groupes d'entreprises et 115 syndicats. Nous avons collaboré avec plus de 340 ministères et organismes fédéraux et provinciaux et organisé plus de 3 000 ateliers pour quelque 55 000 employés. Nous avons élaboré ou mis à jour quelque 280 normes professionnelles et accrédité près de 150 000 travailleurs pour leur permettre d'accéder à de nouveaux emplois et de répondre à de nouvelles exigences en matière de compétences.
Un des domaines sur lesquels sont principalement axées nos activités sont les questions concernant la main-d'oeuvre. Nous concentrons nos efforts sur la préparation d'information sur le marché du travail dans des secteurs précis de l'économie afin d'évaluer les pénuries de main-d'oeuvre et de prévoir quand elles sont susceptibles de survenir. Nous collaborons avec le système éducatif afin de déterminer quelles sont les possibilités de donner aux étudiants, au cours de leurs études collégiales et secondaires, un meilleur bagage pour travailler dans l'industrie. Nous préparons de l'information sur les possibilités de carrière pour les jeunes et les personnes qui veulent changer de voie ainsi que sur l'éducation et la formation requises pour exploiter ces possibilités.
Nous élaborons des normes et nous nous chargeons de l'accréditation en ce qui concerne les nouveaux venus et les travailleurs déjà établis sur le marché du travail, afin de les aider à acquérir de nouvelles compétences et de faciliter leur mobilité professionnelle. Nous nous appliquons à accroître la participation des Autochtones au marché du travail et à trouver des possibilités d'assurer une reconnaissance efficace des titres de compétence étrangers. Nous aidons les employeurs dans le recrutement et la fidélisation des nouveaux immigrants. Nous réglons les problèmes liés au vieillissement de la main-d'oeuvre. Nous accroissons les possibilités pour les Canadiens atteints d'un handicap, et pour les femmes, dans les emplois non traditionnels. Ce sont là les activités générales des conseils sectoriels.
Le Canadian Supply Chain Sector Council, que je représente, est un des plus récents conseils sectoriels. Le secteur canadien de la chaîne d'approvisionnement englobe toutes les fonctions liées à la planification et à la gestion de la circulation des produits et des services, toute la filière des produits et services, depuis la source de matières premières jusqu'au consommateur.
Le secteur canadien de la chaîne d'approvisionnement regroupe des entreprises, grandes et petites, qui emploient quelque 700 000 travailleurs. Ces travailleurs peuvent être répartis en sept sous-catégories professionnelles: haute direction, systèmes d'information logistique, entreposage, transports, contrôle des stocks et du matériel, achats et commercialisation, et vente. Dans ces diverses fonctions se trouvent des employés ayant des responsabilités stratégiques comme un gestionnaire de la chaîne d'approvisionnement pour un grand détaillant et des employés ayant des postes fonctionnels, comme les débardeurs dans un des grands ports canadiens.
Les problèmes auxquels nous sommes confrontés au Canadian Supply Chain Sector Council sont semblables à ceux auxquels sont confrontés tous les autres secteurs. Avec l'évolution de la nature des tâches, la technologie peut devenir une force motrice majeure alors que 12 p. 100 seulement des employés visés par l'étude faite par notre conseil sectoriel ont indiqué qu'ils possédaient les compétences requises pour utiliser la technologie de façon optimale à leur lieu de travail.
En ce qui concerne la croissance du secteur et les pénuries de main-d'oeuvre de qualité, au cours des deux à quatre prochaines années, nous prévoyons une augmentation annuelle de 12,3 p. 100 de nos besoins en employés, ce qui représente à peu près 86 000 nouvelles recrues par année, en raison de la croissance normale dans nos industries, des départs naturels et des mises à la retraite. D'où viendront ces employés et comment acquerront-ils les compétences requises pour aider les entreprises de notre secteur à être compétitives?
On déplore actuellement un manque de sensibilisation aux emplois dans le secteur. On constate qu'il n'y a pas de schéma de carrière et de mobilité clairement délimité dans le secteur. Il existe peu de stratégies visant à relier l'accréditation professionnelle offerte par chacune des associations et peu de stratégies visant à encourager ou à permettre aux nouveaux arrivants ou à des adultes d'un certain âge ou d'autres groupes sous-représentés de chercher un emploi dans le secteur. Notre secteur fait face à une concurrence accrue d'autres secteurs pour exactement les mêmes candidats potentiels. En raison de ces difficultés, notre conseil mettra sur pied diverses initiatives.
Nous élaborons des stratégies qui auront pour résultat de sensibiliser davantage le public aux possibilités de carrière dans notre secteur, d'identifier et de clarifier les processus globaux et les pratiques stratégiques exemplaires pour aider les entreprises de notre secteur, d'élaborer des initiatives proactives pour accroître la compétitivité du secteur canadien de la chaîne d'approvisionnement, de créer des normes nationales uniformes pour assurer la mobilité interprovinciale des travailleurs, d'identifier et de mettre en oeuvre des solutions pratiques pour combler les besoins actuels et futurs de l'industrie, d'élaborer et de mettre en oeuvre une initiative d'information sur les carrières pour présenter le secteur comme un choix de carrière viable aux jeunes, aux nouveaux arrivants, aux Autochtones et à d'autres groupes cibles.
Nous ne pouvons toutefois pas réussir dans cette entreprise sans la collaboration soutenue du gouvernement fédéral pour notre programme et sans une coordination permanente entre ses divers ministères, pour encourager une approche plus stratégique aux problèmes de main-d'oeuvre que nous avons signalés.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de témoigner.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je poserai toutefois mes questions en français.
[Français]
Je m'adresse directement à Mme Reynolds au sujet de certains de ses commentaires sur lesquels je suis en désaccord. Cela touche la recommandation no1, qui, je dois vous l'avouer, me surprend un peu.
Vous oeuvrez dans le secteur de la restauration et des services alimentaires, ce qui comprend également l'hôtellerie.
Mon épouse travaille pour un grossiste en alimentation au Nouveau-Brunswick.
Depuis qu'on a entrepris nos audiences, à Saint John's, Terre-Neuve, à Halifax, en Nouvelle-Écosse, à Montréal, au Québec et ici, à Toronto, lorsqu'on a parlé aux représentants de l'industrie de transformation du poisson, à ceux de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et à vous tous, présents devant nous aujourd'hui, les gens partageaient tous l'opinion que nous connaissons présentement une pénurie de main-d'oeuvre.
Je voudrais que vous nous expliquiez votre recommandation au gouvernement d'aller chercher des gens dans une région où le taux de chômage est plus élevé et, comme on dirait par chez nous, de les « shipper » ailleurs au pays. Je peux vous dire que ma position à ce sujet est claire. D'ailleurs, des députés conservateurs le savent très bien.
Que dites-vous aux gens d'une industrie située au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, en milieu rural au Québec, à Terre-Neuve et Labrador, qui ne sont pas touchés autant par le taux de chômage que par les saisons? Si ce n'était des changements de saison et de l'industrie touristique, nous aurions peut-être d'autres industries, mais ce n'est pas notre réalité. Pour ce qui est de la restauration et de l'hôtellerie, je peux comprendre qu'à Toronto, on fait peut-être des affaires 12 mois par année, mais ce n'est pas le cas partout au pays.
Je vais vous l'expliquer, parce qu'à vous entendre, j'ai vraiment l'impression que le siège social de votre organisme est situé en Alberta. Je vous parle d'autres régions du pays où l'industrie saisonnière existe. Vous dites aux dirigeants des entreprises de ces régions qu'on peut prendre leurs employés et les envoyer travailler ailleurs, dans des provinces où il y a peut-être un besoin de main-d'oeuvre. Cela veut dire que l'année suivante, ces entreprises n'auront pas les employés nécessaires à leur fonctionnement. Elles devront fermer.
Je comprends votre préoccupation. Vous ne voulez pas que les employés soient arrachés à leur milieu, avec leurs enfants. Je comprends que ce n'est pas réaliste dans tous les cas, mais j'estime que l'on devrait aider les personnes qui sont disposées à déménager et que cela intéresse.
Je me dois de signaler les contradictions que l'on trouve dans les dispositions législatives actuellement en place. Actuellement, un exploitant d'entreprise de l'Alberta qui veut faire une demande de permis pour un travailleur étranger doit se soumettre à un processus d'avis concernant l'impact sur le marché du travail, à savoir qu'il faut prouver aux autorités qu'aucun autre chômeur canadien ne peut occuper l'emploi et, par conséquent, nos exploitants albertains sont actuellement forcés de placer une annonce dans d'autres régions du pays pendant une période minimale de trois semaines. Vous pensez qu'il est tout à fait irréaliste de s'attendre à ce que les gens se déplacent mais, dans ce cas, pourquoi devons-nous nous soumettre à cette exigence dans le cadre du processus d'obtention de permis pour un travailleur étranger? On ne peut pas avoir le drap et l'argent.
Je comprends votre frustration car je me souviens que les exploitants nous ont dit qu'ils étaient agacés par le nombre de personnes qui quittent l'Alberta. Ce sont des personnes qui ont un emploi qui quittent la province, et pas des chômeurs, et c'est là un des problèmes.
Si nous appliquons ce qui se passe actuellement en Alberta à l'échelle du pays — et les données démographiques indiquent que c'est ce qui se passera —, nous devrons trouver une possibilité de nous tourner vers le bassin des chômeurs. La mobilité de la main-d'oeuvre pourrait entraîner des frais de transport lorsque les gens peuvent faire la navette vers un lieu situé à proximité de leur localité ou lorsqu'il s'agit d'un déménagement temporaire de courte durée. Nous voyons un écart géant entre les emplois et les gens et il est essentiel de trouver des solutions créatives pour combler ces écarts. Il est essentiel d'examiner toutes les options différentes et tous les différents obstacles structurels.
J'apprécie vos commentaires, mais vous devez bien admettre que s'il y a des emplois vacants et qu'il y a des chômeurs dans certaines régions ou localités avoisinantes, il faut faire la jonction entre les deux. C'est ce que nous préconisons.
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Je ne veux pas revenir sur le déplacement des employés dont a parlé M. D'Amours. Voilà deux jours que je siège à ce comité, et je me sens comme si j'étais au sein de la Ligue nationale de hockey, où des employeurs pratiquent la surenchère pour obtenir des employés qualifiés alors que d'autres se retrouvent privés de leurs travailleurs.
Par exemple, dans le comté voisin du mien, il y avait la compagnie Olymel, qui employait des gens d'expérience, des gens compétents. Elle a fermé ses portes pour aller s'installer à Winnipeg. Quelque chose ne fonctionne pas correctement; il y avait une industrie en place, avec des employés compétents. La compagnie est déménagée à Winnipeg, sachant très bien qu'il y avait là-bas une pénurie de main-d'oeuvre. Je ne siège pas au conseil d'administration, donc je ne peux pas dire si la compagnie est bien gérée ou non. Je pense que la décision manque de logique. Ces gens ont 48 ans, 49 ans, 50 ans ou 52 ans. Les femmes travaillent. Je ne pense pas qu'ils vont partir, quitter leur famille pour s'installer à Winnipeg. Les Mexicains ne le font pas, pourquoi les Québécois ou les Canadiens le feraient-ils?
J'éprouve une certaine réticence face à votre proposition. Pourquoi des industries qui emploient des gens compétents ferment-elles leurs portes pour s'installer en Alberta, alors qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre dans l'Ouest? Il n'y a pas que l'Alberta et la Colombie-Britannique au pays. Il y a huit autres provinces et trois territoires, qui doivent également survivre. On ne souhaite pas que nos écoles ferment à cause de l'exil des jeunes et parce que les travailleurs ont déménagé.
L'ancien gouvernement libéral s'est engagé massivement dans le développement régional rural et industriel. Dans ce cas-ci, il s'agit de développement rural.
Je comprends que vous n'ayez pas de solution, mais je crois que l'immigration en serait une. Je crois qu'il faudrait y travailler.
J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet, Madame Reynolds.
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Je porte parfois une autre casquette. Je collabore avec le George Brown College et travaille par conséquent en étroite collaboration avec le secteur des technologies de ce collège qui concerne, bien entendu, dans une large mesure, nos compétences en construction résidentielle, quoiqu'il offre également dans son programme une formation dans quelques-uns des métiers du Sceau rouge.
J'estime que sans le plan d'action national, il est très difficile de mettre toutes les autres pièces en place pour former un programme. Lorsqu'elles seront en place, je pense que les collèges — et principalement les collèges — seront en mesure d'offrir la formation nécessaire à notre secteur et probablement en ce qui concerne certains des travailleurs dont ont besoin d'autres secteurs. On souhaite vivement recevoir une formation dans ces domaines. Il semblerait qu'un grand nombre de jeunes gens le souhaitent, mais la voie à suivre pour avoir accès à ces compétences est très floue.
Nous avons toujours estimé qu'il fallait commencer avec des jeunes qui sont à peu près au niveau secondaire de premier cycle, c'est-à-dire ceux de septième, huitième et neuvième année, qui manifestent un certain intérêt pour un métier mais ne sont pas encore engagés à fond dans cette voie. Nous avons toutefois perdu des ateliers et d'autres infrastructures dans les écoles secondaires et, par conséquent, les jeunes n'ont pas l'occasion d'avoir un contact physique ou sensoriel avec ces métiers et d'envisager ce type d'éducation. Nous pourrions peut-être exercer une influence à ce niveau; nous avons donc l'occasion de faire un essai.
On a mis en place dans diverses régions du pays plusieurs petits programmes dans le cadre desquels notre association et nos membres collaborent avec des écoles ou des collèges; il s'agit de programmes pilotes qui permettent aux jeunes de faire un essai dans ces métiers. Il est essentiel que ces programmes soient considérablement élargis, et je présume que cela s'applique également à d'autres domaines que le nôtre.
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J'aurais deux ou trois petites questions à poser et je voudrais faire une clarification à l'intention de M. Albrecht.
Je sais que M. D'Amours s'oppose à tout type d'initiative de ce type, car il estime que les travailleurs aimeraient trouver d'autres emplois, dans d'autres domaines, mais dans leur région. Je fais ce commentaire uniquement à titre d'éclaircissement en ce qui concerne M. D'Amours — et Mme Bonsant également.
Pour ce qui est de l'immigration, je suis personnellement très frustré par la lenteur du gouvernement dans le contexte de cette transition. Monsieur Maynard, d'autres témoins, qui étaient là où vous êtes maintenant, ont attiré notre attention sur le caractère archaïque de la politique de retraite obligatoire pour les personnes âgées de 65 ans, à sa mise en place. Le fait est que ce style de politique a disparu depuis une trentaine d'années aux États-Unis et depuis 10 à 15 ans dans des pays comme l'Australie.
Nous en avons discuté avec le ministre de l'Immigration et avec Ressources humaines, et je sais que l'on a certaines préoccupations. Nous avons examiné toutes ces questions et les témoins qui ont fait un exposé aujourd'hui ont signalé qu'elles étaient toutes importantes. Ils ont été quasi unanimes.
Je ne sais pas si j'ai mal compris, mais avez-vous bien dit que certaines des mesures dont il a été question, qu'elles concernent les travailleurs âgés ou l'immigration, n'étaient que temporaires? Est-ce que ces mesures permettront de régler les problèmes au cours des prochaines années ou pensez-vous que la politique d'immigration, pour autant qu'elle soit modifiée, puisse constituer une solution à long terme?
J'aimerais que vous fassiez deux ou trois commentaires à ce sujet.
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Merci, monsieur le président.
Je reviens au sujet que j'ai abordé plus tôt. Je vais vous soumettre des chiffres et demander vos commentaires. En effet, ça s'applique à tout le monde.
Madame Reynolds, vous avez parlé des individus que reçoivent de l'assurance-emploi de façon régulière. Ils deviennent chômeurs à cause de la saison, et non parce qu'ils ont envie d'être prestataires de l'assurance-emploi. Je vais vous donner un exemple. L'Association canadienne des pépiniéristes et des paysagistes a comparu devant nous ce matin. Le président et le directeur général nous ont dit avoir essayé de combiner leur saison de travail estivale avec la saison hivernale d'une autre industrie. Or, l'autre industrie a besoin des travailleurs avant la fin de la saison estivale. De la même façon, quand se termine la saison hivernale de l'autre industrie, la saison des pépinières et de l'horticulture est déjà commencée. Ces gens essaient de faire fonctionner le système, mais ils n'ont pas encore trouvé avec quelles industries ils pourraient se jumeler, de façon à couvrir les 12 mois de l'année sans qu'il y ait de chevauchement.
Saviez-vous qu'au Québec, 55 p. 100 des entreprises craignent une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée? Dans tout le pays, c'est dans les Maritimes que le taux de chômage est le plus élevé. Saviez-vous que 48 p. 100 des entrepreneurs de l'Île-du-Prince-Édouard prévoyaient que ce serait un problème à long terme? On parle de 43 p. 100 des entrepreneurs au Nouveau-Brunswick. Saviez-vous qu'au cours des 12 prochains mois, dans les Provinces maritimes, on aurait besoin d'augmenter de 67 p. 100 le nombre d'employés à temps complet? Saviez-vous que dans les Maritimes, donc au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, le total estimé des postes vacants à long terme était de 12 p. 100, soit le montant total des besoins canadiens? Or, nous représentons, je crois, 5 p. 100 de la population canadienne.
Je me dis que pour votre industrie, celle de la construction ou toute autre industrie que vous représentez ici, la solution se trouve peut-être ailleurs. D'autres régions vivent la même chose. En fait, tout le monde a le même problème. Il faudrait peut-être accepter, s'il n'y a pas de candidats, d'avoir directement recours à l'immigration.
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Je vous ai demandé plus tôt comment on pouvait enrayer la pénurie de main-d'oeuvre. Monsieur Wassmansdorf, vous m'avez donné une idée.
Nous avons tendance à tourner nos regards vers les Mexicains, mais pourquoi ne les tournerions-nous pas vers les Autochtones? Ce sont, parmi les Canadiens, ceux qui ont le plus d'enfants. Par contre, c'est dans les réserves que le taux de suicide chez les jeunes est le plus élevé, et ce, parce qu'ils n'ont rien à faire. Ces gens sont ici depuis belle lurette et sont habitués à travailler. Je crois que le Nord est pour nous une richesse inexploitée.
Je n'entends pas par là que je voudrais vider les réserves, d'autant plus que ça signifierait vider mon comté. Il reste que les Autochtones sont une ressource extraordinaire. Pourquoi est-ce qu'on ne dispenserait pas de la formation avant tout à nos Canadiens? Je sais que les Autochtones travaillent bien. Je me rappelle que pendant ma jeunesse, quand un pont était construit tout en hauteur, les Autochtones étaient pratiquement les seuls à être suffisamment braves pour travailler au sommet.
Les Autochtones sont une richesse naturelle. Pourquoi n'en profiterions-nous pas pour les aider, du même coup?