Je voudrais souhaiter la bienvenue ce matin à Michel Jobin, commissaire à plein temps, Commission de l'immigration et du statut de réfugié; Anna Maria Silvestri Corriveau — j'espère avoir bien prononcé votre nom — commissaire à temps plein, Commission de l'immigration et du statut de réfugié et à François Guilbault.
Nous allons examiner la reconduction du mandat de ces commissaires. J'aimerais rappeler aux membres du comité encore une fois que l'examen que fait le comité des nominations par décret se limite strictement à la compétence et aux titres et qualités des personnes nommées pour s'acquitter des fonctions du poste. Le président peut interrompre les membres du comité s'il tentent d'aborder des questions qui sont considérées comme n'étant pas pertinentes à l'examen du comité. Parmi les questions qui sont habituellement considérées comme ne faisant pas partie de l'étude que fait le comité, il y a notamment l'affiliation politique des personnes nommées ou des candidats, leur contribution à un parti politique et la nature du processus de nomination comme tel.
Nous allons commencer notre examen. Je vais maintenant donner la parole à nos témoins. Si vous souhaitez faire une déclaration, allez-y.
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Bonjour, monsieur le président.
Mon nom est Michel Jobin. Je suis originaire de la ville de Québec. J'ai une formation universitaire: j'ai deux baccalauréats, dont un en droit. Je suis également membre du Barreau du Québec. J'ai travaillé dans un cabinet privé, puis dans l'administration publique au Québec, dans un centre hospitalier. Par la suite, j'ai déposé une demande pour devenir commissaire. J'ai eu une entrevue orale et une entrevue écrite à l'hiver 1998. En septembre 1998, j'ai été nommé par le gouvernement.
La formation que nous avons eue à notre arrivée, tant ma collègue que moi-même, avait trait à la loi et à l'application de la jurisprudence pertinente. Tout au long de nos huit ans au sein de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, nous avons eu droit à une mise à niveau continue, des juri meetings réguliers. À titre d'exemple, lorsqu'une nouvelle Loi sur l'immigration a été adoptée, nous avons eu une formation approfondie sur la loi. Pour compléter le tout, nous avons régulièrement des formations thématiques sur les différents pays.
La commission sépare les différents commissaires en des équipes géographiques. Donc, en ce qui me concerne plus particulièrement, lorsque je suis arrivé à la commission, j'ai oeuvré dans la portion Afrique du Nord et Moyen-Orient et, par la suite, dans l'équipe à mandats multiples. C'est un jargon assez particulier, mais cela signifie qu'il s'agit des dossiers plus complexes, qui demandent l'intervention du ministre ou du représentant du ministre. Parfois, il y a des exclusions de l'application de la loi. Également, il y a des annulations et des pertes de statut.
Grosso modo, c'est le travail qui m'occupe depuis huit ans à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. C'étaient les quelques informations que je tenais à vous donner au début de cette séance.
Je serai disponible pour répondre à vos questions tout à l'heure.
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Je vais vous présenter un court résumé de ma formation et de mes qualifications.
Bonjour, monsieur le président, membres du comité. Comme vous pouvez le constater, je parle avec un accent. J'espère que vous le comprenez bien. Je suis née en Italie. J'avais 15 ans quand je suis arrivée au pays. Je me suis mariée très jeune et je suis mère de deux enfants. Je suis retournée aux études alors que j'étais dans la trentaine.
J'ai entrepris mon premier baccalauréat en science politique et en psychologie, que je n'ai pas terminé. Ensuite, je suis allée en droit. J'ai un baccalauréat en droit et mon barreau. Enfin, j'ai terminé une maîtrise en droit du travail et droit social.
Tant au début de ma carrière que par la suite, j'ai travaillé au sein de tribunaux administratifs. J'ai également été commissaire communautaire à la Commission québécoise des libérations conditionnelles. Entre-temps, j'ai enseigné le droit du travail et le droit municipal au cégep, au Collège de l'Assomption.
Toute cette expérience du droit administratif m'a amenée à postuler un poste à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, où je travaille présentement depuis huit ans et quelques mois. Mon collègue Michel Jobin et moi avons été nommés en même temps.
Je ne répéterai pas les paroles de mon collègue, sauf qu'au tout début, j'ai travaillé avec une équipe qui s'occupait exclusivement des pays de l'Europe de l'Est. Puis, je suis passée aux pays latino-américains pour ensuite m'occuper de l'Afrique francophone. Je tranche les problèmes des réfugiés africains francophones depuis environ sept ans.
Voilà, c'était mon profil.
Je veux que les témoins soient tout à fait à l'aise ici ce matin. De toute évidence, vous êtes des gens très qualifiés. Vos mandats ont été reconduits. Je suis certain que vos mandats n'auraient pas été reconduits si vous n'étiez pas qualifiés. Nous ne sommes pas ici pour vous cuisiner de quelque façon que ce soit. Nous réagissons tout simplement à une motion demandant que vous comparaissiez devant le comité pour un examen.
Je suis certain que nous aurons ici ce matin une rencontre tout à fait informelle. Nous voulons tout simplement échanger certains points de vue avec vous, j'en suis certain, et nous allons maintenant donner la parole au premier intervenant, M. Alghabra. Il sera le premier à vous poser des questions ce matin.
Nous faisons habituellement un tour de table de sept minutes par intervenant pour chaque parti, ensuite nous ferons des tours de cinq minutes.
Monsieur Alghabra.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Merci beaucoup d'être venus ici. Il est rare que nous ayons l'occasion de nous adresser à des gens comme vous, qui ont votre expérience.
J'aimerais profiter de l'occasion pour que vous nous parliez davantage de votre expérience et du système comme tel. Je crois que vous êtes tous les deux commissaires à la CISR depuis au moins huit ans. À l'heure actuelle, notre comité examine de nombreuses questions liées au processus de détermination du statut de réfugié et nous examinons le système qui existe à l'heure actuelle à cet effet.
Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne question, mais j'aimerais vraiment que vous me disiez, si vous aviez l'occasion de faire trois recommandations en vue d'améliorer le système qui existe à l'heure actuelle à la CISR, ou le processus de demande d'asile, ce que vous recommanderiez.
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Monsieur le président, je pense que nous avons ici une occasion que nous n'avons pas toujours, c'est-à-dire de rencontrer des gens qui ont beaucoup d'expérience du système. Je ne veux pas les mettre sur la sellette, mais je pense qu'il nous incombe de savoir, si nous le pouvons, comment faciliter leur tâche, comment les aider à améliorer le système, car à mon avis, ils font un travail qui est très difficile.
Je ne connais personne qui puisse prétendre que le système est parfait. J'aimerais vraiment saisir cette occasion, surtout maintenant que nous avons également un projet de loi d'initiative parlementaire qui traite de la mise en oeuvre d'un mécanisme d'appel...
C'est peut-être une question que j'aimerais poser aux témoins ici, au sujet du mécanisme d'appel. Que pensent-ils du fait que depuis quelques années, le nombre de commissaires de la CISR est passé de deux à un? Que pensent-ils de la mise en place du mécanisme d'appel?
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Si on regarde la raison pour laquelle les deux commissaires sont ici, c'est parce que M. Karygiannis a présenté une motion, ce qu'il a le droit de le faire aux termes du Règlement, en vue d'inviter les deux commissaires à comparaître devant notre comité pour qu'on examine leurs titres et qualités pour s'acquitter des rôles et des fonctions qui leur ont été assignés. C'est la seule raison pour laquelle ces témoins sont ici.
Les questions que soulèvent M. Alghabra sont de bonnes questions qu'il faudrait poser à des témoins qui seraient invités ici spécifiquement pour... ou qui ont... Le comité peut inviter des témoins pour aborder les questions qu'il soulève, si le comité le souhaite, mais en toute équité envers ces deux commissaires, ils sont ici spécifiquement aux termes du Règlement, conformément à la motion, et les questions devraient se limiter à ces domaines.
Je pense que le président devrait déclarer irrecevable toute autre question et l'interpréter exactement dans le sens où elle est posée, et à mon avis, ce que le témoin dit est très juste.
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Monsieur le président, quand nous avons commencé à examiner ces nominations, je ne crois pas que nous ayons envisagé qu'il s'agirait dans certains cas de renouvellement de mandats. Je crois que nous allons vouloir probablement accorder plus d'attention à ceux qui viennent d'être nommés à ce poste, car ces nominations vont refléter la politique du gouvernement, ce que nous voulons bien comprendre. Je ne crois pas que l'un ou l'autre d'entre nous veuille remettre en question la compétence de ces personnes. Toutefois, j'estime qu'Omar a tout à fait raison quand il affirme que nous pouvons demander à ces témoins comment ils pourraient améliorer le système.
Je remarque aussi que ces deux personnes sont des avocats et, comme M. Komarnicki le sait pertinemment, les avocats ont l'habitude du tribunal et de la possibilité qu'il y ait un appel. Bien des avocats, des procureurs de la Couronne et des juges que je connais sont bien heureux qu'on puisse en appeler des décisions des tribunaux, car s'ils font une erreur, ils savent que quelqu'un pourra la corriger.
J'estime donc que c'est une question tout à fait pertinente, tout comme la question de savoir si la pénurie de commissaires entraîne une augmentation de la charge de travail pour chacun d'eux. Est-ce pertinent? Je crois que oui.
À mon avis, Omar a raison et nous pourrions peut-être poser cette question au commissaire, car elle m'apparaît tout à fait pertinente à ce que notre comité tente de faire. J'estime qu'il est tout à fait pertinent de demander à un commissaire s'il serait bon de créer une section d'appel des réfugiés. Je ne vois pas où est le problème.
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Le rappel au Règlement de M. Komarnicki est valide, bien sûr, parce que le président n'a pas le pouvoir d'exiger des témoins qu'ils répondent aux questions qui ne relèvent pas de leurs qualités ou de leur compétence à s'acquitter de leurs tâches. Je le répète, c'est tout ce que le président peut faire. Je peux dire aux témoins que, s'ils le souhaitent, ils sont libres de répondre aux questions qui ne semblent pas porter sur leurs qualités ou leur compétence à s'acquitter de leurs tâches, mais que, s'ils n'ont pas envie de le faire, ils n'ont pas à le faire. Encore une fois, le président pourrait interrompre les membres du comité qui tentent d'aborder des questions non pertinentes à l'étude en cours. Ce n'et pas moi qui le dit, c'est le Règlement de la Chambre et les présidents de comités sont régis par ce Règlement.
Je veux faire preuve de souplesse dans toute la mesure du possible, et je ne veux pas menotter les membres du comité dans leur interrogation des témoins, mais nous pouvons obtenir les informations que les membres du comité souhaitent obtenir en convoquant d'autres témoins.
Nous allons donc poursuivre et laisser les témoins libres de répondre à ces questions s'ils le souhaitent ou s'abstenir de le faire conformément au décret et au Règlement de la Chambre.
Poursuivez, monsieur Alghabra.
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Monsieur le président, le député a fait une déclaration à laquelle je souhaite réagir avant qu'il ne pose sa question.
Puisque vous faites preuve de souplesse, je souhaiterais simplement indiquer à ce député que, comme l'a dit le président, il est possible de faire comparaître des témoins précisément à cet effet. Mais, en l'occurrence, le Règlement dit sans équivoque que le comité « examinera les qualités et la compétence de la personne nommée ou du candidat pour s'acquitter des fonctions du poste pour lequel il ou elle a été nommé ou mis en candidature. » C'est la seule raison de leur présence aujourd'hui, et nous devrions respecter le Règlement.
Vous êtes certainement en droit de discuter des questions que se pose le témoin, mais vous devrez le faire au sein d'une autre tribune avec un autre témoin. Nous n'avons pas à soumettre les témoins à cela car leur comparution se fait uniquement en vertu du Règlement. Il ne s'agit pas d'être sur la défensive ou non; il s'agit de faits.
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La présidence se trouve de nouveau dans une situation difficile. Je vous rappelle, que conformément au Règlement, nous sommes ici pour examiner les qualités et la compétence de ces personnes pour s'acquitter de leurs fonctions.
Je permettrai la question si les témoins souhaitent y répondre, même si j'ai l'impression qu'elle déborde du cadre des qualités et de la compétence.
Je voudrais maintenant que les témoins me disent s'ils souhaitent s'exprimer à ce sujet, car la présidence fait généralement preuve de souplesse en pareils cas. Je ne veux pas menotter les membres du comité en aucune manière. Je vais donc demander aux témoins s'ils désirent aborder ces sujets, ou s'ils préfèrent s'en tenir à la question de leur compétence à s'acquitter de leurs fonctions.
Monsieur Jobin, monsieur Guibault, puis-je avoir votre opinion à ce sujet?
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Monsieur le président, dans la résolution qui a été déposée le 12 décembre dernier, si ma mémoire est bonne, on mentionnait qu'on voulait nous interroger sur les compétences des personnes nommées par décret à la CISR.
Je comprends que nous sommes tous des citoyens et que nous avons tous une opinion sur un sujet qui nous est cher, mais je crois qu'à ce stade-ci, si vous voulez aborder quelque chose qui a trait à la pénurie de commissaires ou à la section d'appel, vous êtes le mieux placé, à titre de parlementaires, pour adopter des lois et des règlements. C'est ma position personnelle à ce sujet.
Si vous voulez instaurer la section d'appel, c'est vous qui avez à trancher ce sujet. Il ne revient pas au commissaire de vous suggérer d'aller ou non vers une avenue plutôt que vers une autre. Vous avez été élus par les citoyens de vos comtés respectifs, et je crois que c'est davantage à vous d'opter pour une avenue ou une autre, plus particulièrement en regard de la Section d'appel des réfugiés.
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Je souhaiterais faire une observation dans le cadre d'un rappel au Règlement.
Très franchement, je pense que le président a eu tort de nous permettre d'aller au-delà de la portée du Règlement la semaine dernière. Sa décision aujourd'hui est la bonne. Je pense qu'en nous éloignant du sujet, on abuse de la procédure et des témoins; pourtant, ce comité doit tout de même avoir ses propres règles de procédure. Les témoins sont ici uniquement pour parler de leurs qualités à s'acquitter de leurs fonctions. Si on sort de ce cadre-là, on abuse de la procédure.
Deuxièmement, c'est au président de trancher. Le président ne devrait pas demander aux témoins ce qu'ils en pensent. Ils ont déjà fait savoir qu'on ne devrait pas permettre de questions sur d'autres sujets, je pense qu'il faut trancher en ce sens et respecter la décision.
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Merci, monsieur le président.
Je trouve vraiment gênant le théâtre auquel nous assistons aujourd'hui. J'essaie sincèrement de voir ce que votre expérience peut nous apprendre en tant que parlementaires et de savoir quel aspect de vos compétences a mené à la reconduction de votre mandat.
Permettez-moi de poser une autre question.
Pendant vos huit années d'expérience, y a-t-il eu...? Je suis sûr que oui. Pouvez-vous décrire au comité un cas où vous avez réussi à surmonter certaines difficultés ou à améliorer le système pour régler un dossier assez compliqué et où vous avez trouvé le moyen de le simplifier? Pouvez-vous puiser dans vos huit années d'expérience pour nous faire part d'un cas valable qui pourrait éclairer notre comité et lui être utile?
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Merci, monsieur le président.
Au cours des huit dernières années, en tant que membres de la commission, nous avons pu constater qu'il y avait des délais entre le moment où une personne arrivait et remettait le formulaire relatif à ses renseignements personnels, d'une part, et le moment où cette personne était entendue par un commissaire, d'autre part. Les choses ont évolué avec le temps. On tente, à juste titre, de faire en sorte que les délais soient le plus court possible. Ce n'est pas moi qui définis ce rôle, mais je suis d'accord, en ce qui concerne le processus d'audition des demandeurs d'asile, pour que les choses aillent rondement.
Au fil des ans, j'ai constaté que les délais n'étaient pas toujours les mêmes. Pour le moment, ils ont été réduits substantiellement. Parfois, le fait que les demandeurs d'asile arrivent en plus grand nombre au Canada est dû à la situation internationale. À d'autres moments, la situation est plus calme, et il y a moins d'arrivants. Compte tenu de ces variations, les délais peuvent être plus ou moins longs. Je pense que tout le monde serait favorable à l'idée qu'on traite les demandes d'asile le plus rapidement possible.
Chaque mois, nous devons entendre un nombre donné de demandeurs et nous le faisons du mieux que nous pouvons. Chaque jour, nous écoutons ce qu'ont à nous dire les demandeurs d'asile. Nous appliquons à ces dossiers divers articles de la loi ainsi que la jurisprudence appropriée.
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Je vous en remercie, monsieur le président.
Je sais que pour répondre à nos questions, vous devrez dans bien des cas exprimer votre opinion, mais je ne vois pas à qui d'autres nous pourrions poser des questions pour tirer un enseignement de votre expérience.
J'aimerais revenir à ce qu'a dit M. Jobin au sujet des délais.
D'après vous, quel est le principal facteur qui contribue à allonger les délais, entre le moment où le demandeur présente sa demande et le moment où vous en êtes saisi?
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Les délais s'expliquent de plusieurs façons. Certaines personnes déposent leur demande d'asile quand ils arrivent au port d'entrée, que ce soit dans un aéroport ou dans un poste frontalier. Parfois, les gens la déposent plusieurs semaines ou plusieurs mois plus tard. Donc, dans de tels cas, les personnes sont ici depuis quelque temps déjà quand ils remettent leur demande.
Les demandeurs doivent obtenir certains documents, que ce soit des pièces d'identité ou des documents reliés à la preuve qu'ils entendent déposer. S'ils doivent obtenir cette preuve de leur pays d'origine, il peut se passer quelques semaines voire quelques mois avant qu'ils l'aient en main.
Lorsque le dossier est prêt à être entendu, le greffier l'inscrit au rôle. Le demandeur doit, bien sûr, trouver un avocat. Dans certains cas, des mandats d'aide juridique sont requis.
Bref, plusieurs mois peuvent s'écouler entre le moment où le dossier débute et celui où la personne est entendue par un commissaire, que ce soit à Montréal, Toronto, Calgary, Vancouver ou dans toute autre ville où se tiennent des audiences.
Je tiens à vous souhaiter la bienvenue. Vous êtes du bureau de Montréal, un endroit que je visite assez régulièrement. Souvent, quand je prends un café à l'extérieur de ce bureau, je suis témoin de pleurs et de nombreux drames, mais de moments heureux également. Il me fait plaisir de vous recevoir tous deux.
Madame Corriveau, vous semblez très à l'aise de répondre, et c'est tout en votre honneur. Avant de vous convoquer, j'ai écouté des cassettes comportant certaines de vos décisions et d'autres sur lesquelles étaient enregistrées des décisions de M. Jobin. Votre bonne compréhension du domaine est, je crois, reliée à votre expérience, au fait que vous avez travaillé au niveau collégial et siégé à des tribunaux. De plus, vous êtes appelée à rencontrer des gens dont la situation n'est pas des plus avantageuses. Quand on entend des personnes réfugiées, il faut vraiment faire preuve d'empathie et de compréhension interculturelle.
C'est le moment choisi pour vous envoyer des fleurs. Acceptez-les. Le fait que vous soyez heureuse d'accomplir votre travail explique probablement que vous soyez très à l'aise de nous en parler. En outre, vous faites ce travail depuis plusieurs années, soit depuis 1996, selon les statistiques que je possède.
Bien sûr, le dossier des réfugiés m'intéresse beaucoup. Lorsque la nouvelle Loi sur l'immigration a été mise en vigueur et que la mise en oeuvre de la section d'appel a été retardée, vos décisions n'ont pas changé. Le fait que le fonctionnement ait été différent n'a pas pour autant fait de vous un mauvais décideur. C'est encore là un fait qui vous honore.
Mes questions s'adressent davantage à M. Jobin. Je trouve vraiment intéressant d'aborder les deux nominations. En effet, vous avez des compétences tout à fait différentes et vous êtes néanmoins parvenus tous deux à devenir commissaires. Selon moi, il y aurait lieu d'améliorer ou de rechercher certaines compétences, de façon à faciliter le passage et l'intégration par la suite. Les gens que Mme Corriveau a acceptés ont intégré la communauté. J'ai entendu des témoignages formidables. Par contre, la réaction était différente à l'égard de M. Jobin, et j'en suis désolée.
J'ai essayé de comprendre pourquoi. Il semble que la CISR fonctionne depuis plusieurs années par régions géographiques. Vous nous avez dit dans votre préambule être responsable des dossiers de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. On sait que dans cette partie du monde, les choses ne sont pas faciles. Ces cas doivent être difficiles à trancher.
Pour ce qui est des compétences exigées des candidats, j'ai comparé la situation d'un commissaire à celle d'un agent de l'ERAR. Dans le cas d'un commissaire, on demande que le candidat ait acquis un peu d'expertise en matière de tribunaux administratifs. Ce n'est pas indiqué dans votre CV, mais vous pourriez nous dire si vous avez déjà siégé à un autre tribunal.
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Il y a eu la formation, au départ. Les premières audiences ont eu lieu un peu plus tard. Au fil des années, nos supérieurs hiérarchiques nous observent, lisent nos décisions, nous écoutent, nous font des recommandations et nous suggèrent d'améliorer certaines compétences.
Vous avez entre les mains, je crois, le profil des compétences d'un commissaire. Il comporte neuf compétences que l'on doit acquérir et améliorer au fil des ans, soit la communication, le raisonnement conceptuel, la prise de décision, la recherche d'information, le jugement et le raisonnement analytique, le souci de l'organisation, l'orientation vers les résultats, la maîtrise de soi et le savoir-faire culturel. Après avoir passé quelques mois ou quelques années au sein de la commission, nous faisons l'objet d'une évaluation fondée sur ces compétences.
À l'époque, nos supérieurs ont évalué chacun des commissaires. Je ne suis donc pas le seul à avoir été évalué; ma collègue non plus. L'ensemble des commissaires est évalué par les coordonnateurs régionaux, et c'est sur cette évaluation qu'on se fonde pour décider de renouveler ou non notre mandat.
Pour être nommé de nouveau, il faut avoir obtenu des notes positives pour chacune des neuf compétences.
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On vous demande, en tant que commissaire, d'être capable de tirer des conclusions raisonnables. Vous êtes, j'imagine, spécialiste en la matière pour le Moyen-Orient et les pays du Maghreb.
Pouvez-vous me donner un aperçu du type d'activités ou de rapprochements que vous avez entrepris au cours des dernières années pour mieux comprendre les moeurs de la communauté, de même que les répercussions des événements de l'an 2000?
J'ai consulté, encore une fois, vos décisions. Or, depuis qu'il y a un commissaire seulement, on note que le taux d'acceptation a chuté énormément. On essaie donc de comprendre pourquoi ce taux a tant diminué, alors que dans le cas de Mme Corriveau, les décisions se sont maintenues.
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Monsieur le président, pour répondre à cette question, qui est assez directe, je dois dire que nous avons régulièrement de la formation sur la preuve documentaire de chacun des pays. Dans quelques semaines, nous aurons une formation sur le Mexique, par exemple.
Au fil des années, des mois, j'ai fait beaucoup de lectures au sujet du Moyen-Orient, et plus particulièrement de l'Algérie, parce que c'était le pays dont j'entendais parler le plus souvent. Je dois vous dire que lorsque j'entre en salle d'audience le matin, après avoir préparé longuement mon dossier, chaque cas devient un cas d'espèce. Ce que j'ai pu entendre ou décider dans le passé est mis de côté, et je repars à zéro chaque matin, chaque après-midi, avec un dossier nouveau.
Je ne suis pas au courant des dernières statistiques dont madame la députée m'informe. Quant à moi, si vous me dites qu'il y a davantage de réponses négatives depuis le changement à la loi, je ne peux pas me prononcer à ce sujet. Tout ce que je peux vous dire, c'est que chaque matin, chaque jour où je prépare un dossier, il est considéré dans son sens le plus large possible. Je prends des notes. J'ai des questions à poser au demandeur d'asile ou à sa famille. C'est de cette manière que j'aborde chacun des dossiers. Je ne voudrais pas que madame pense que, depuis une certaine période, j'ai une optique plus négative ou plus positive. En ce qui me concerne, lorsque l'étude d'un dossier est terminée, elle est terminée. J'en aborde un second, et c'est toujours de cette façon que j'aborde mon travail, avec ouverture d'esprit.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Jobin et Mme Silvestri Corriveau d'être des nôtres ce matin. Votre emploi du temps est sans aucun doute très chargé et il est peut-être un peu compliqué pour vous de venir à Ottawa aujourd'hui.
Je vous remercie également d'avoir assumé ces fonctions très difficiles au nom des Canadiens et Canadiennes. Tous ceux qui travaillent dans le domaine de l'immigration et des réfugiés savent que vous entendez des témoignages très difficiles et que votre travail peut être très pénible sur le plan émotif. Je vous remercie donc de le faire au nom de nous tous, parce que je comprends que ce n'est pas la tâche la plus facile à assumer dans notre société.
Monsieur Jobin, vous avez évoqué le programme d'évaluation du rendement et j'aimerais vous poser à tous les deux des questions à ce sujet. Vous avez dit que votre rendement a été évalué, j'imagine plus d'une fois, après votre nomination et son renouvellement.
Madame Corriveau, le même processus d'évaluation du rendement a-t-il été suivi dans votre cas aussi?
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Si vous parlez d'une formation personnelle, je n'en n'ai jamais eu. Nous avons des
juri meetings et nous recevons une formation. Nous pouvons nous spécialiser personnellement en lisant différents documents, des médias et des journaux qui proviennent directement de l'Afrique.
Pour ma part, cela fait environ sept ans que je travaille dans le secteur des pays francophones africains: je connais mon travail. Dès que j'ouvre les journaux, automatiquement, mes yeux se posent sur les articles traitant de la situation dans ces différents pays. J'ai développé une espèce de réflexe par rapport aux nouvelles dans tous les médias. La commission dispose également d'un centre de recherche, il y a l'Internet et le centre juridique.
De plus, si nous voulons absolument clarifier un point important, nous demandons qu'une recherche à ce sujet soit faite, que cela prote sur les femmes battues, les femmes victimes d'excision dans certains pays ou sur les femmes victimes de gavage. On n'a pas beaucoup de documentation sur ces problèmes. Nous demandons donc, nous-mêmes, que cette recherche soit faite, pour vraiment être à la fine pointe de l'information concernant différents pays et situations.
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Merci, monsieur le président et merci à tous les témoins pour votre temps et vos exposés.
Ma question s'adresse à Mme Corriveau. J'aimerais dire d'emblée qu'en tant que femme, je suis très fière qu'on ait reconduite votre mandat à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Parlez nous de votre expérience en tant que femme qui entend des demandes d'asile? Le fait d'être une femme comporte-t-il des avantages ou des inconvénients dans votre travail?
Je lis dans votre c.v. que vous avez été nommée pour la première fois à la CISR en septembre 1998, ce qui fait que vous avez environ huit ans d'expérience. Vous devez avoir une bonne idée des compétences nécessaires pour accomplir ce travail. Quelles aptitudes faut-il avoir pour jouer un rôle décisionnel à la division de la protection des réfugiés? Quelle formation professionnelle avez-vous reçue depuis votre nomination au poste de commissaire?
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On a reçu beaucoup de formation. Nous recevons une formation une fois par mois, le jeudi midi. On reçoit aussi de la formation de façon assez systématique sur différents pays, surtout lorsque la situation dans ces pays change, afin d'être toujours tenus à jour sur ces pays.
Il faut souligner que la formation que nous recevons à la commission est plus qu'excellente. Les avocats qui nous forment le font d'une façon vraiment impeccable. Donc, nous sommes suivis, et la formation est continue. Si nous avons besoin de formation supplémentaire, nous n'avons qu'à la demander.
Pour répondre à votre question, je ne pense pas qu'en tant que femmes, nous puissions rendre une décision qui soit différente de nos collègues masculins. La seule différence réside peut-être dans nos expériences passées et dans notre approche. Nous devons administrer la justice naturelle, et pour ce faire, nous devons être objectifs et impartiaux. Enfin, je dirais plutôt que notre approche est influencée par notre expérience passée individuelle. Je ne vois pas de différence entre une décision prise par une femme et une décision prise par un homme. Ce n'est que l'approche qui peut être parfois différente.
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Monsieur le président, si j'étais commissaire, j'aimerais certainement savoir combien de cas semblables surviennent dans d'autres régions. Les variations qui surviennent à certains endroits sont un fait assez connu.
Étant donné que M. Guilbault est ici, je me demande s'il pourrait fournir aux membres du comité les renseignements portant sur les taux d'acceptation et de refus dans les différents centres, au pays, pour les mêmes catégories. Je crois que ces renseignements seraient très utiles aux membres du comité. Je demanderais donc que ces renseignements nous soient communiqués.
Monsieur le président, partout au pays, on impose des peines. C'est le système de justice pénale. Nous nous attendons à voir le même type de résultats pour les dossiers. Je crois qu'il s'agit d'un des niveaux de contestation de la commission, en particulier lorsqu'il n'y a pas de système d'appel, comme c'est le cas dans le système des tribunaux. Bien entendu, les procès criminels peuvent faire l'objet d'appels, ce qui aide à établir une norme. Dans le cas qui nous occupe, c'est ce qui manque. Je crois donc que ces renseignements seraient très utiles aux membres du comité.
Monsieur Guilbault, peut-être pourriez-vous communiquer ces renseignements aux membres du comité.
Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions.
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J'aimerais faire un autre commentaire sur la question des taux d'acceptation. C'est une question qui revient souvent. Il nous fera plaisir de fournir au comité les taux d'acceptation par pays et les variations par région, car ces taux sont documentés. J'aimerais attirer l'attention du comité sur le fait que c'est peut-être une des mesures les moins fiables. En fait, j'insisterais sur le fait que la meilleure garantie d'une bonne décision, ce sont les motifs à l'appui de la décision, et non pas un chiffre pris de façon abstraite sur une région en particulier. En effet, comme Me Jobin l'a dit, chaque cas est un cas d'espèce, et une bonne décision ne dépend pas de la région ou du pays d'où provient la demande. On fait affaire avec des personnes, et non avec des pays. Il faut écouter ce que chaque personne a à nous dire, et non pas ce que le pays représente pour nous.
J'ai eu moi-même l'occasion de faire des analyses comparatives parce qu'on avait des taux d'acceptation qui variaient selon les régions. J'ai pu constater qu'un facteur important du taux de variance était tout simplement que l'histoire était complètement différente selon la région. Par exemple, à Montréal, on avait refusé des revendicateurs du Kazakhstan, tandis qu'on avait accepté des revendicateurs du même pays à Toronto. En analysant le dossier cas par cas, on s'est rendu compte que l'histoire était complètement différente dans chaque région.
Les taux d'acceptation sont donc à prendre avec des pincettes, car ils sont très peu représentatifs de ce qui se passe en salle d'audience.
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Monsieur le président, j'aimerais ajouter un commentaire.
Il faut être très prudent. Dernièrement, par exemple, j'ai eu à traiter quelques cas de l'Algérie. On ne parle plus de l'Algérie d'il y a sept ou huit ans, on parle de l'Algérie actuelle. Alors, il faut faire très attention. Ces décisions ont-elles été rendues il y a cinq, six, sept ou huit ans, ou il y a six mois? La situation en Algérie a beaucoup changé. C'est en ce sens qu'il faut être prudent.
Le taux varie également en fonction de la situation du pays. Lorsque la situation du pays change, le taux change aussi.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais féliciter M. Jobin de la reconduction de son mandat.
Nous entendons souvent des histoires au sujet du grand nombre de demandes de droit d'asile qui proviennent de la Section de la protection des réfugiés, mais combien de demandes examinez-vous en une année, et combien de demandeurs ont demandé à la Cour fédérale de réexaminer vos décisions? De plus, pourriez-vous décrire votre participation à la collectivité et à la fonction publique, et la façon dont cette participation est liée à vos fonctions de commissaire?
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Monsieur le président, je vais répondre à la première question de la députée. À Montréal, nous avons une charge de travail de 16 dossiers par mois. C'est le nombre de dossiers que nous devons entendre par mois. Il y a parfois des remises ou encore il arrive que certains dossiers soient plus complexes. Il est alors difficile de donner un chiffre exact, mais de façon générale, la charge de travail est de 16 dossiers. Toutefois, dans le cas d'une demande plus complexe, on accordera une journée, peut-être même deux, pour l'entendre. Il faut toujours prendre ce chiffre avec réserve, mais de façon générale, 16 dossiers sont attribués à chaque commissaire.
Quant à la deuxième question de la députée, je dois dire qu'à titre de décideur d'un tribunal administratif, il est de mon devoir de réserve de ne m'impliquer dans aucune association, car cette implication pourrait me nuire, m'induire en erreur ou m'influencer d'une façon ou d'une autre. Or, je dois demeurer le plus impartial possible dans les décisions que je prends. Je ne suis impliqué dans aucune organisation caritative ni aucun organisme que ce soit dans mon milieu.
J'espère avoir répondu à vos questions, madame.
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Je vais revenir en arrière un peu.
Mme Corriveau a dit qu'il n'y avait pas de différence entre les jugements rendus par des femmes et ceux rendus par des hommes. Je ne suis pas tout à fait d'accord là-dessus. Je pense que même deux hommes ne rendraient pas le même jugement. L'objectivité et l'impartialité ne sont jamais parfaites. Je pense qu'on interprète la loi. La loi est faite pour être interprétée. Alors, le jugement dépend toujours de la personne qui le rend.
M. Jobin a dit que lorsqu'un dossier était terminé, il était terminé. Comment peut-on dire cela? Ce n'est pas un centre hospitalier; nous ne sommes pas des numéros. Un commissaire peut faire une erreur. Or, sa décision est finale.
Les règles du jeu ont changé, depuis quelque temps. Auparavant, il y avait deux commissaires, et le bénéfice du doute jouait sûrement un rôle dans les décisions rendues. Maintenant que vous êtes seuls, la responsabilité est grande.
La formation que vous recevez est-elle plus exhaustive, plus longue? Comment peut-on dire qu'il n'y a pas d'erreurs? On parle d'êtres humains, et non d'animaux. Je suis un peu mal à l'aise par rapport à cela.
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Le commentaire que je pourrais faire à la suite de vos propos, monsieur le député, est que le dossier est final, en ce sens que j'ai rendu une décision. Par la suite, libre à la personne de demander un contrôle judiciaire de ma décision à la Cour fédérale. De plus, il y a les motifs d'ordre humanitaire et l'examen des risques avant renvoi, que monsieur le député a abordés plus tôt. Il y a d'autres étapes, après la décision rendue par un commissaire.
La loi a été modifiée il y a quelques années. En effet, auparavant, il y avait des bancs de deux; maintenant, la loi prévoit un banc d'un seul commissaire, et de trois, exceptionnellement.
Après l'adoption de cette nouvelle loi, nous avons reçu une formation. Le législateur a décidé que dorénavant, un seul commissaire entendrait les demandes d'asile. Je ne veux pas que vous ayez à l'esprit qu'après une décision, positive ou négative, tout le processus est terminé. Il y a d'autres étapes qui suivent la décision rendue par un commissaire, dont les deux éléments que le député a mentionnés: l'examen des risques avant renvoi et les motifs d'ordre humanitaire. S'y ajoute la possibilité d'aller devant la Cour fédérale pour une question de droit et de fait manifestement déraisonnable.
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Monsieur le président, si je puis me permettre, le bénéfice du doute existe toujours, même s'il n'y a qu'un seul commissaire. Lorsqu'on n'a pas suffisamment d'éléments pour rendre une décision tranchée, négative ou positive, et qu'on a un doute envers le demandeur, qu'il y ait un ou deux commissaires, on va lui accorder le bénéfice du doute et agréer sa demande.
J'ajouterais que, malgré le fait que la SAR n'existe pas, on peut toujours avoir recours au contrôle judiciaire de la Cour fédérale. Si le commissaire commet une erreur manifeste, le demandeur peut toujours demander à la Cour fédérale d'infirmer ou de confirmer la décision première du commissaire.
Je profite de l'occasion pour vous inviter à venir assister à une audience. Je pense bien que la présence d'un député agréerait au demandeur. Si vous voulez y assister, comme Mme Faille semble l'avoir déjà fait, vous seriez les bienvenus à participer à une audience. Cela vous donnerait l'occasion de constater qu'il y a plusieurs heures d'audience, que cela ne se fait pas en l'espace de 15 ou 20 minutes. Il y a plusieurs heures d'interrogatoire, et le demandeur a tout le temps loisible d'expliquer la situation antérieure au commissaire.
Je suis désolé, je dois vous interrompre. Il s'agissait d'une ronde de cinq minutes, et vous approchez de sept minutes.
Monsieur Siksay, je vous en prie, puis M. Wilson.
Ce sont les derniers intervenants. Par la suite, nous allons étudier les motions.
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Merci, monsieur le président, de me donner la chance de m'exprimer.
Merci à tous les témoins de leur présence ici aujourd'hui afin de discuter de cette question.
La réunion d'aujourd'hui est très importante. Nous parlons de la compétence des juges de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.
Comme nous l'avons dit plus tôt, vous êtes la dernière ligne de défense avant qu'une personne ne puisse entrer au Canada ou n'en soit expulsée, et vous avez tous deux énormément de pouvoir sur la vie des gens. Nous devons nous en souvenir.
Nous sommes ici aujourd'hui pour examiner un certain nombre des questions. Deux des questions les plus importantes sont les suivantes: premièrement, il faut mettre en lumière la pénurie criante de juges de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, une pénurie qui cause un arriéré majeur pour les réfugiés et les nouveaux Canadiens qui arrivent au pays.
J'essaies de comprendre, grâce au comité, si la pénurie est un résultat direct du refus du gouvernement actuel de prendre des mesures pour embaucher ou reconduire le mandat de gens tel que vous, ou si ce manque de mesures...
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Je n'ai pas encore poser ma question.
J'aimerais croire que cette inaction ne résulte pas d'une incompétence. Je crois que l'inaction résulte d'un dessein précis des conservateurs visant à laisser augmenter l'arriéré, et que la raison pour laquelle ils tardent à nommer des commissaires tels que vous, c'est qu'ils souhaitent que cet arriéré se maintienne.
Le processus actuel vise à veiller à ce que les juges et les commissaires tels que vous fassent l'objet d'une sélection adéquate. Selon le processus actuel et votre expérience de huit ans, je crois que vous avez tous deux fait l'objet d'une sélection adéquate et que votre confiance et vos qualifications ont été déterminées de façon appropriée.
Lors de la dernière séance du comité, on a établi que quatre candidats n'avaient pas passé par le processus des sélection, ce dont vous avez parlé auparavant. En fait, l'un d'entre eux était un candidat conservateur défait qui a contourné le processus et a été nommé à son poste par les conservateurs, sans passer par le processus de sélection dont vous avez fait l'objet.
J'ai quelques questions monsieur le président. Merci.
Pouvez-vous indiquer au comité quelles activités vous avez réalisées en matière d'approche communautaire et à quels dirigeants communautaires vous êtes-vous adressé afin de déterminer certains des besoins et des problèmes des diverses communautés ethniques du Canada?
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Dans le passé, j'ai été très impliquée dans des activités communautaires.
Je ne comprends pas exactement ce que vous voulez dire par « activités communautaires ». À mon avis, cela se résume à mon implication sociale au sein de différents organismes, tels ceux qui sont au service des gens désavantagés, comme les accidentés du travail ou les assistés sociaux.
J'ai fait beaucoup de bénévolat auprès de différents organismes qui viennent en aide aux immigrants italiens et grecs. J'ai donné beaucoup de conseils juridiques à ces personnes. J'ai fait beaucoup d'accompagnements judiciaires. J'ai représenté beaucoup d'accidentés du travail. J'ai siégé à différents conseils qui se chargent des personnes âgées et des femmes. Il y a différents organismes qui viennent en aide aux femmes d'origine italienne, aux jeunes décrocheurs, à savoir pourquoi ils décrochent de l'école: est-ce à cause des antécédents culturels ou de la pression familiale?
J'ai été très impliquée dans ces organismes. Maintenant, j'ai diminué, parce que j'ai d'autres responsabilité familiales qui font que je dispose de très peu de temps. Mais dès que l'occasion se présente, je suis toujours disponible. N'empêche que j'ai beaucoup réduit mon implication sociale.
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Je ne tente pas de vous importuner, et, certainement, pour économiser du temps... Nous pouvons continuer de parler pour ne rien dire autant que vous le voulez.
Si vous prenez des décisions au sujet d'un pays en particulier, que ce soit l'Algérie, la Grèce ou l'Italie, je crois qu'il faut communiquer avec les associations communautaires, les dirigeants communautaires, afin d'obtenir de l'information directe. Ce qu'on lit dans les journaux peut être déformé. Je ne suis pas certain que la Somalie fasse partie de vos dossiers, mais si c'est le cas, avez-vous communiqué avec la collectivité somalienne au sujet des Somalilandais? La Somalie fait-elle partie de vos dossiers?
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Monsieur le président, il s'agit d'une brève observation.
Si j'ai une question très pointue provenant d'un demandeur d'un pays quelconque ou sur un sujet quelconque, je vais m'assurer d'avoir l'information avant de prendre une décision finale en vertu d'un dossier quelconque.
Si vous me dites qu'il y a une manifestation dans telle ville de tel pays, que le demandeur allègue qu'il a participé à une manifestation dans tel pays, mais que je n'ai pas cette information dans la preuve documentaire, je vais demander à notre bureau de recherche de faire une recherche à ce sujet. Avant de prendre une décision, je vais également demander au demandeur de déposer la preuve — elle peut venir d'un extrait de journal — qu'il y a eu une manifestation copte dans telle ville en Égypte. Je veux voir l'ensemble du portrait avant de statuer sur la demande de la personne qui est devant moi.
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Au centre de documentation, à quelle fréquence faites-vous des mises à jour sur les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, entre autres, où la situation est de plus en plus difficile?
Tout à l'heure, j'entendais le raisonnement de Mme Corriveau lorsqu'elle parlait des types de décisions qui sont prises. C'est comme si on disait que la situation des droits de la personne s'était améliorée dans ces pays, alors que l'année dernière, des organismes mandatés par le Parlement ont fait état de situations non réglées. Je pense entre autres à l'organisme Droits et démocratie.
Je ne sais pas si vous le connaissez. Il a été créé et financé par le Parlement. C'est un organisme qui oeuvre dans le domaine des droits de la personne et qui est actuellement présent en Afghanistan. Ils n'y a peut-être pas une crise civile dans le sens où les gens s'entretuent dans la rue, mais en termes de fonctionnement de l'État, l'Afghanistan est loin d'être une démocratie. C'est une démocratie sur papier, mais sur le terrain, la situation est tout autre.
Il y a des organismes en faveur des droits de la personne qui font des travaux sur le plan international. Donc, les rapports qui sont remis régulièrement, que je lis religieusement tous les mois — je fais aussi des visites en Europe — et dans lesquels on obtient ce genre d'information, sont importants. Amnistie internationale fait également état de certaines situations, sans oublier l'UNESCO, qui a fait des travaux. La situation dans ces pays ne s'est pas améliorée.
Il s'agissait d'un commentaires. Je ne vous poserai pas de question.
Cependant, si nous avons réussi à vous sensibiliser aujourd'hui à ce qui se passe au Moyen-Orient, nous aurons peut-être réussi quelque chose. Dans mon préambule, j'ai dit que je ne voulais pas être sévère à votre égard, mais la situation sur le terrain est tout autre.
Vous voyez 16 cas par mois. Nous en voyons 16 par semaine, à nos bureaux. Nous avons des employés qui travaillent à temps plein. Nous regardons les décisions, et il y a des erreurs. On peut aller en Cour fédérale pour contester une décision si elle est déraisonnable. Je ne sais pas si vous avez une idée du taux de refus à la Cour fédérale. On doit demander une permission à la Cour fédérale, et les situations sont rarement entendues: seulement 10 p. 100 des cas. À la Cour criminelle, il y a un droit d'appel, mais pas pour les réfugiés. On peut contester une contravention de stationnement, mais on ne peut pas en appeler d'une décision de la CISR.
Je sais que cela ne relève pas de la CISR, mais connaissez-vous l'état actuel des évaluations de risque avant renvoi? Je ne sais pas si vous savez que les considérations humanitaires sont un fourre-tout législatif. On s'en sert à toutes les sauces. Il y a des décisions qui ont des conséquences importantes. Il y a des drames humains qui sont créés.
Je ne peux pas comprendre qu'on retourne des grands-parents dans des camps de réfugiés palestiniens; je ne peux pas comprendre qu'on renvoie trois enfants, des jeunes filles, des citoyennes canadiennes nées ici, au Canada, au Bangladesh, alors qu'on connaît la situation dans ce pays; je ne peux pas comprendre la décision de renvoyer en Tunisie une personne qui est reconnue en vertu des droits de la personne.
Lorsque je suis allée en mission d'observation en Tunisie avec les Nations Unies, le fait d'être là, de m'être pointée à l'aéroport, a fait en sorte qu'une personne n'a pas été saisie par le ministère de l'Intérieur. Je ne sais pas si vous avez déjà vécu ce sentiment, assis derrière vos bureaux en train de lire de la documentation, mais nous, députés, avons cette responsabilité. Il y a des citoyens, des gens qui viennent nous voir. On n'est pas plus sensibles que vous, on est tout simplement pris au dépourvu, actuellement.
Dans votre préambule, vous avez dit que la loi avait été adoptée démocratiquement à la Chambre et que l'article de la loi n'avait pas été mis en vigueur par les gouvernements qui se sont succédé. Ce n'est pas de votre faute et ce n'est pas nécessairement de la nôtre, comme députés. Il y a une responsabilité gouvernementale et politique.
Je veux que vous compreniez, quand vous êtes assis sur votre banc à rendre des décisions, que le dossier ne se termine pas au moment où vous rendez votre décision: il y a la vie après; ce sont des êtres humains.
C'est tout simplement le message que je voulais passer.
C'était la dernière intervention.
Je veux vous remercier, monsieur Jobin, madame Silvestri Corriveau et monsieur Guilbault, de votre présence aujourd'hui et des renseignements que vous avez communiqués aux membres du comité. Je suis certain que nous pourrons utiliser un grand nombre de ces renseignements lors des séances à venir.
Nous allons attendre un moment, que la table soit libre, puis nous aurons des motions à étudier encore.
Merci d'être venus.
Nous allons maintenant passer à l'étude de quelques motions que nous avons ici. Bien entendu, la première est celle de M. Siksay.
Je cède la parole à M. Siksay.
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Merci, monsieur le président.
Je suis très inquiet pour Mohammed Mahjoub, Mahmoud Jaballah et Hassan Almrei, les détenus du Centre de détention de l'immigration à Kingston. Je pense que leur grève de la faim est rendue à un point très critique.
Je l'ai compris en lisant un article du Dr Michael Peel traitant des effets d'une grève de la faim et paru dans le numéro d'octobre 1997 du British Medical Journal. Il signale dans cet article qu'à compter du dixième jour, il faut surveiller l'état des grévistes chaque jour. Il indique également qu'après le 49e jour, les individus s'exposent à des conséquences extrêmement graves pour leur santé, notamment l'insuffisance cardiaque et rénale, une hypertension ou hypotension grave, une arythmie cardiaque.
Le ministre a déclaré à plusieurs reprises que des membres du personnel infirmier se rendent tous les jours à 10 heures au Centre de détention de l'immigration de Kingston, et je crois que nous savons tous que c'est vrai. Mais nous savons aussi que l'infirmière ne se rend pas dans l'unité résidentielle des hommes et nous savons tous, d'après notre expérience et à la suite de notre visite des lieux, de même que des renseignements reçus depuis, qu'ils ne vont pas à l'unité administrative pour voir l'infirmière. Alors en fait, leur état n'est pas évalué chaque jour par un examen direct d'un professionnel de la santé.
Ils ont aussi demandé à voir un médecin. J'ai parlé à M. Mahjoub et aux deux autres détenus hier, mais particulièrement à M. Mahjoub, qui m'a dit qu'il avait demandé à voir le Dr Adam Newman de Kingston, qui se rend souvent dans les pénitenciers fédéraux de la région. Sa demande a été refusée, tout comme celle qu'il avait faite pour voir le Dr Newman le 22 janvier.
Par ailleurs, je suis troublé d'apprendre que les hommes qui ont fait la grève de la faim au début des années 80 à la prison Maze de Belfast sont morts après les 45 à 61 jours sans manger; je pense que nous nous souvenons tous des grèves de la faim survenues par suite du conflit en Irlande du Nord. Compte tenu de ces paramètres, vous comprendrez les conséquences que risque d'avoir la grève de la faim des hommes de Kingston. La situation est rendue à un point très critique.
Je cherche désespérément à trouver une solution. Le ministre a dit ne pas pouvoir commenter les circonstances de ces affaires étant donné qu'elles sont devant la Cour suprême. Il s'est également dit incapable de rencontrer les détenus en personne pour entendre leurs doléances. Il est probablement permis d'en douter, mais je ne veux pas aborder ce débat aujourd'hui. J'accepte cette affirmation pour l'instant. Ce qu'il faut rappeler, c'est que la motion dont nous discutons donnerait au ministre et au gouvernement une porte de sortie et un moyen de dénouer l'impasse en proposant qu'un enquêteur correctionnel puisse faire enquête et proposer des recommandations en l'occurrence.
L'enquêteur correctionnel, Howard Sapers, est en gros l'ombudsman des prisons fédérales. En vertu de la partie III de la Loi sur les services correctionnels et la mise en liberté sous condition, il a le mandat d'agir à titre d'ombudsman des détenus de ressort fédéral.
Je vais lire à haute voix un extrait de la description de son mandat:
Sa fonction première consiste à faire enquête et à s'assurer qu'on donne suite aux plaintes des délinquants. Il a également l'obligation d'examiner les politiques et les pratiques du SCC en donnant lieu aux plaintes afin de cerner les carences systémiques et d'y porter remède; il doit également faire des recommandations en ce sens.
Dans son dernier rapport annuel visant l'exercice 2005-2006, l'enquêteur correctionnel a demandé au gouvernement de lui accorder la responsabilité à cet égard.
Je vais lire l'un des quatre ou cinq paragraphes du rapport annuel qui portent sur la situation à Kingston.
Le transfèrement des détenus des établissements de l'Ontario au Centre de surveillance de Kingston signifie que ceux-ci perdront les avantages d'un cadre législatif rigoureux qui leur permet de déposer des plaintes sur les soins et le traitement qu'ils reçoivent. Le Bureau de l'Enquêteur correctionnel s'inquiète du fait que les détenus ne bénéficieront plus de ces avantages ni de la protection légale que leur procure un bureau d'ombudsman. Selon le protocole facultatif à la Convention contre la torture, une organisation sans but lucratif qui ne bénéficie pas d'un cadre législatif, comme la Croix-Rouge, ne peut pas répondre à l'exigence de surveillance interne prévue dans le protocole.
Monsieur le président, cela confirme ce que nous avions appris lorsque nous nous sommes rendus sur les lieux, à savoir que la Croix-Rouge a été chargée d'assurer une surveillance, mais nous savons aussi que ses recommandations ne sont pas rendues publiques. Nous ne pouvons donc pas savoir ce qu'ont dit les responsables de la Croix-Rouge ni si on a donné suite à leurs recommandations.
Pour conclure, monsieur le président, je crois que la vie des hommes détenus en vertu de certificats de sécurité au Centre de surveillance de l'immigration de Kingston est maintenant en danger. J'en suis persuadé. Je crois que la situation risque d'avoir des conséquences très graves pour leur santé, soit des séquelles ou leur décès. J'ai parlé aux trois hommes hier et je m'inquiète particulièrement pour M. Mahjoub qui m'a dit qu'il est très malade depuis cinq ou six jours.
Enfin, je crois que cette motion peut être utile. Elle permettra de dénouer l'impasse; elle propose une solution non partisane et indépendante au problème pressant auquel nous sommes tous confrontés. J'espère que les membres du comité voudront bien l'appuyer.
Merci, monsieur le président.
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Je pense que personne ne conteste les faits et la gravité de la situation dans laquelle ces hommes se trouvent. Ils ont assurément choisi d'adopter ce comportement. Je tiens à attirer l'attention des membres du comité sur le fait qu'il existe actuellement un processus de recours officiel et c'est un processus de grief en trois étapes à leur disposition et l'on peut s'en servir. Le député propose que l'on modifie le mandat des agents de correction au centre de détention de l'immigration situé à Kingston, ce que l'on peut certainement faire par voie législative ou encore en changeant la politique, ou encore en modifiant le programme. Il n'en demeure pas moins qu'il existe un processus et qu'on s'attend à ce qu'il soit utilisé et ils doivent également choisir certaines façons d'agir.
Par exemple, ils ont choisi le recours aux tribunaux en présentant une requête pour que les conditions auxquelles ils sont soumises au centre de détention soient revues, plus particulièrement à l'égard des questions qu'ils soulèvent en ce moment, au moyen d'une grève de la faim. Les tribunaux ne se sont pas encore prononcés là-dessus. Un éventail d'options s'offrent à eux et je dirais que la plus appropriée est le recours au système tel qu'il existe actuellement, ou encore aux tribunaux, ce qu'ils ont fait. Toutefois, la décision de poursuivre leur grève de la faim en est une qu'ils prennent alors que les processus n'ont pas suivi leur cours. Tant que la requête n'a pas été entendue, je pense que le ministre a tout à fait raison d'affirmer qu'elle sera tranchée en temps utile, et il devrait s'abstenir de se prononcer sur cela en particulier, sauf pour réclamer qu'on la laisse suivre son cours.
Deuxièmement, l'endroit indiqué pour soulever cette question aurait été lors de la comparution du devant le comité. Le député a également soulevé la question à la Chambre à la période des questions et le ministre lui a donné une réponse. Il a également demandé qu'on tienne sur le sujet un débat d'urgence à la Chambre et le président a décrété qu'il n'y avait pas d'urgence en l'occurrence et il a refusé sa demande.
Je pense qu'il appartient aux intéressés de décider s'ils veulent prolonger la situation dans laquelle ils se trouvent actuellement et j'estime qu'il convient que le processus amorcé ait l'occasion de suivre son cours pour aboutir à une conclusion.
Merci, monsieur le président.
J'appuie de tout coeur la motion. Je crains que si nous attendons que le processus aboutisse, nous ayons des victimes sur les bras. Je pense qu'il est important de comprendre que ces hommes se trouvent où ils sont non pas parce qu'ils ont été déclarés coupables de quoi que ce soit. C'est en vertu d'une attestation de sécurité qu'ils se trouvent là, et tôt ou tard, nous devrons présenter des excuses, peut-être dans 50 ans.
Nous semblons exceller quand il s'agit de présenter des excuses pour des événements qui se sont produits dans le passé, au lieu d'agir immédiatement. Nous savons que la Cour suprême a été saisie de toute cette question d'attestation de sécurité et que nous attendons une décision de sa part à cet égard.
Dans les prisons, le taux de suicide est élevé. En l'occurrence, il pourrait être beaucoup plus élevé. Nous aurions dû tirer des leçons de situations semblables, notamment ce qui s'est passé en Irlande, car nous ne souhaitons absolument pas que des gens meurent dans nos prisons. Le motif pour les y détenir dans le cas qui nous occupe est certainement très contestable.
Je pense que cette motion est pleine de bon sens. J'attends les propos de M. Karygiannis en ce qui concerne son amendement mais j'appuie, pour ma part cette motion avec enthousiasme. À mon avis, le statu quo n'est pas acceptable et refuser à ces hommes accès à des choses auxquelles les autres détenus, inculpés, ont accès, me semble tout à fait insensé.