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Mon nom est Ed Wiebe et je représente le Comité central mennonite du Canada à Winnipeg.
Le Comité central mennonite du Canada est signataire d'une entente de parrainage (SEP) depuis la création de ce programme en 1979. Nous mettons en oeuvre ce programme à partir de cinq bureaux provinciaux qui font le lien avec plus de 600 congrégations rurales et urbaines de toutes les régions du Canada. Nous estimons qu'environ la moitié de ces congrégations ont participé au programme à un moment ou à un autre.
Le programme continue de bénéficier d'un bon support et de susciter beaucoup d'intérêt. Cependant, étant donné la multiplicité des possibilités de bénévolat qui s'offrent aux groupes et aux individus par ailleurs, et compte tenu des difficultés que connaît actuellement le programme, nous ne pouvons pas présumer que le parrainage privé maintiendra sa place de choix, si l'on n'est pas en mesure de démontrer sans tarder qu'il est encore pertinent et adapté aux besoins.
Au Canada, le programme de parrainage privé a débuté avec une catégorie désignée de réfugiés de l'Asie du Sud-Est à la fin des années 70. Il s'agissait de ce qu'on a appelé à l'époque la crise des réfugiés de la mer. Je ne crois pas que personne aurait pu s'imaginer alors que ce programme allait durer aussi longtemps et connaître autant de succès en permettant la réinstallation de dizaines de milliers d'autres réfugiés au Canada grâce au parrainage privé.
C'était les belles années, mais ce premier groupe de réfugiés constituait également une exception. Ils ont été acceptés en bloc. Bien qu'il existe encore de telles exceptions aujourd'hui, le programme s'occupe principalement de populations de réfugiés pour lesquelles il faut évaluer individuellement le mérite de chacun des cas.
Pour les groupes locaux de parrainage qui recueillent les fonds nécessaires et s'occupent de l'établissement des réfugiés dans leurs communautés, cette complexité accrue n'a pas vraiment d'importance. Ce n'est pas un aspect sur lequel ils s'attardent beaucoup. Ils souhaitent seulement améliorer le sort de ces personnes de façon concrète, efficace et pratique mais compte tenu des délais d'attente de plusieurs années et des nombreux refus qu'ils essuient maintenant, ils accumulent la frustration et commencent à se demander de plus en plus sérieusement si ce programme est encore un mécanisme adapté et efficace. Les réfugiés qui arrivent au pays sont de moins en moins nombreux, mais les coûts initiaux que nous engageons et les efforts que nous déployons pour obtenir ces résultats ont connu une croissance exponentielle.
L'une de nos sources de préoccupation dans notre rôle de signataire d'une entente de parrainage est le manque de contact direct avec les réfugiés dans leur pays d'origine, avec l'environnement où ils vivent et avec les groupes qui interviennent directement auprès d'eux là-bas. Pendant que nous entendons des tiers s'exprimer de façon convaincante relativement à des situations et à des individus au Canada, nous nous inquiétons de ces appels au secours en provenance de l'étranger que nous n'entendons pas en raison de la distance et d'autres obstacles.
Le printemps dernier, j'ai passé plusieurs semaines en Afrique en compagnie de six de mes collègues du Canada et de deux autres travaillant sur ce continent. Nous nous sommes intéressés aux problèmes liés à la protection des réfugiés au Kenya et en Afrique du Sud. Nous avons notamment visité de nombreuses ONG, des bureaux centraux et satellites du HCNUR ainsi que le haut-commissariat du Canada dans ces pays. Il en est ressorti notamment un commentaire que nous ont réitéré à maintes reprises les ONG s'occupant de réinstallation. Ces intervenants ont indiqué qu'il devait être très difficile pour les signataires d'une entente de parrainage d'évaluer les dossiers des réfugiés exclusivement à partir du Canada, alors qu'ils jugent eux-mêmes cette tâche extrêmement complexe malgré le fait qu'ils oeuvrent directement à la source.
Cela va dans le sens des propos ou des réalisations des membres du personnel du Comité central mennonite en Thaïlande. Pendant leurs années d'intervention en Asie du Sud-Est, ils nous disaient toujours que c'était un travail difficile pour eux également. Ils s'occupaient alors de l'identification et de l'évaluation des cas ainsi que d'autres formes d'aide humanitaire. Ils nous aidaient à évaluer les cas en plus de nous fournir des indications précieuses sur des questions spécifiques, des tendances et des préjugés qu'ils étaient en mesure de constater de visu. Grâce à cette stratégie d'évaluation mieux intégrée, il nous était beaucoup plus facile à l'époque de parrainer les réfugiés les plus vulnérables, mais il faut également rappeler qu'il s'agissait alors d'une catégorie désignée.
Lorsque nous avons commencé à parrainer des réfugiés d'Amérique centrale pour lesquels on utilisait la définition générale du statut de réfugié, c'était la première fois que nous étions confrontés à grande échelle à la nécessité d'évaluer les revendications en fonction de la crédibilité de chacune des causes. C'était le début d'une nouvelle époque pour les signataires d'une entente de parrainage.
Dans son rôle double d'ONG de secours et développement et de SEP, le Comité central mennonite estime qu'il est important pour lui de concentrer davantage ses énergies sur les évaluations effectuées sur place. Nous sommes persuadés que nous faisons actuellement montre de toute la vigilance et de toute l'efficacité voulues en travaillant à partir du Canada, et nous comptons bien poursuivre dans le même sens.
Nos employés sont maintenant nettement mieux formés et plus compétents grâce au soutien dispensé dans le cadre du programme de formation pour le parrainage des réfugiés, qui est financé par CIC. Malgré les efforts que nous avons consentis pour améliorer nos compétences, notre taux d'acceptation est encore de 50 p. 100 à peine. CIC a indiqué que c'était l'un des principaux facteurs à l'origine des problèmes que connaît actuellement le programme. Il faut toutefois se rappeler que ces statistiques sont fondées sur les cas soumis il y a 30 ou 40 mois. Je m'imagine mal une école faisant état du résultat médiocre obtenu à un examen de cinquième année par un élève qui est maintenant en huitième.
Nous voulons également vous faire remarquer que le Canada n'accepte qu'environ 80 p. 100 des cas référés par le HCNUR, qui compte pourtant sur d'importantes ressources sur place aux fins de la détermination du statut de réfugié. Alors, si on se fie à notre taux de refus pour les dossiers remontant à 40 mois, le HCNUR n'obtient un résultat supérieur que de 30 points de pourcentage, alors que, je vous le rappelle, il dépense des millions de dollars pour procéder à ces déterminations.
Le Comité central mennonite s'emploie actuellement à examiner les mesures à prendre pour en revenir à un recours accru à l'identification et à la présentation des cas à partir de l'étranger. Nous amorçons à peine la mise à l'essai d'un projet pilote non officiel dans une région qui est source de réfugiés, mais l'application de cette approche à plus grande échelle exigerait un accroissement considérable des engagements et des ressources à l'interne. En étant capable d'intervenir ainsi à l'étranger, nous serons en mesure de mieux répondre à tous les besoins des populations de réfugiés dans des régions où il nous serait possible d'améliorer leur sort. Tous nos efforts seront cependant vains si les bureaux des visas continuent de devoir travailler avec des ressources insuffisantes, si les longs délais de traitement ne sont pas raccourcis et si l'attitude négative à l'endroit du parrainage privé continue de prévaloir dans les missions canadiennes à l'étranger et au sein même de CIC.
Nous est-il possible de déployer davantage d'efforts et de ressources à l'étranger pour réussir à protéger un plus grand nombre de réfugiés alors même que les délais de traitement se mesurent en années? Est-ce que notre plan apportera vraiment quelque chose quand on sait que les nouveaux cas se retrouveront au bout de cette longue file d'attente? Pour notre conseil d'administration et les groupes qui nous soutiennent financièrement, il s'agirait d'un gaspillage inacceptable de ressources et de nouvelles capacités mises en place à l'étranger. Il faut absolument que votre comité s'engage à mettre au rang de ses priorités le problème de l'arriéré et de son élimination.
Nous encourageons aussi le gouvernement à explorer de nouvelles approches plus globales pour le soutien des ONG. Nous pensons notamment à des modèles comme celui de la Banque de céréales vivrières du Canada, un excellent exemple de coopération. Je suis persuadé que d'autres formules de mise en oeuvre des programmes à l'étranger pourraient également être envisagées.
Notre visite en Afrique nous a également permis de constater à quel point le HCNUR et les autres intervenants tenaient vraiment à intensifier le dialogue au sujet des partenariats. Leurs interventions ne visaient pas uniquement à obtenir de nouveaux fonds.
Avant de conclure, nous tenons à préciser que ce ne sont pas tous les SEP qui possèdent les capacités voulues pour travailler à l'étranger ou qui sont intéressés à le faire. Il serait donc peut-être bon d'envisager différentes formes d'ententes de parrainage qui seraient adaptées aux capacités des différents signataires.
En résumé, nous vous demandons de faire de l'arriéré de cas de parrainage privé une priorité urgente; d'explorer et de mettre en place de nouveaux types de partenariat à l'étranger pour appuyer les SEP qui possèdent les capacités voulues et qui sont intéressés à travailler en ce sens; et d'envisager le recours à différents modèles d'ententes de parrainage, en misant sur les capacités à l'échelle internationale dont certains SEP pourraient faire bénéficier le programme.
Je vous remercie de votre attention.
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Nous sommes toutefois très préoccupés par l'arriéré et le délai de traitement actuels. Nous craignons que le programme humanitaire soit sur le point de s'effondrer. Il doit être restructuré et modifié en profondeur; il faut faire beaucoup plus que ce qui est réalisé en ce moment alors que l'on reproche aux répondants tous les problèmes.
L'Église unie estime que l'on est moralement tenu de tendre la main aux réfugiés désespérés. Nous voulons que les réfugiés qui ont besoin de protection ou d'une solution durable viennent au Canada. Nous pourrions certes nous charger des réfugiés désignés par un bureau des visas, si leur cas nous était accessible.
À l'heure actuelle, nous passons des heures à évaluer les cas soumis par les congrégations afin que les « bonnes » demandes soient présentées. Le ministère nous prie de trier encore plus minutieusement et de limiter les nombres davantage, ce qui a pour effet de dissuader le parrainage privé.
La présentation de demandes au nom des réfugiés qui ont de la famille au Canada n'est pas inadmissible. La Convention de Genève ne définit pas un réfugié comme une personne qui n'a pas de parenté dans le pays de réinstallation possible.
Cette fixation concernant notre choix des réfugiés qui peuvent présenter une demande me rappelle un épisode de la série Yes Minister, où sir Humphrey Appleby ne veut pas laisser de patients entrer à l'hôpital parce qu'il veut qu'il reste propre et intact. Parfois, c'est un peu l'impression que nous donne le programme : on ne veut pas recevoir de demandes.
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Les répondants ne présentent pas d'offres de parrainage de réfugiés pour se tenir occupés, donner de faux espoirs aux réfugiés ou faire perdre du temps aux agents des visas. Nous voulons que le programme soit efficace et nous sommes profondément exaspérés par les taux de refus élevés qui arrivent après des années d'attente et souvent après des changements de situation dans le pays d'origine.
Le parrainage est l'une des rares façons d'offrir une protection. Les réfugiés ne peuvent pas se présenter eux-mêmes à nos missions à l'étranger; leur cas doit être soumis par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, par Amnistie internationale ou par le signataire d'une entente de parrainage. En ce sens, nous fournissons au Canada un appui essentiel dans l'exécution de ses responsabilités internationales envers les réfugiés.
Au cours des 27 dernières années, des répondants ont permis à des centaines de milliers de réfugiés de venir au Canada. Nous avons consacré notre temps, notre énergie et nos propres fonds à les aider à s'intégrer à la société canadienne. Nous offrons un soutien 24 heures sur 24 à ces nouveaux venus dans nos collectivités de réinstallation prévue d'un bout à l'autre du pays et non pas seulement dans les grands centres urbains. En outre, nous défendons les droits des réfugiés parrainés et nous les aidons à avoir accès aux services sociaux adéquats.
En ce qui nous concerne, nous trions les cas et consultons les églises ou organismes qui sont nos partenaires dans les pays sources de réfugiés et les pays d'accueil. Nous visitons les camps de réfugiés et les réfugiés qui habitent les villes. Notre priorité est de protéger les personnes et de fournir des solutions durables à ces groupes d'êtres humains qui sont autrement parqués et oubliés.
Les visites à l'étranger sont éducatives. Nous rencontrons d'excellents agents des visas, mais aussi de nombreux autres qui nous voient, le programme et nous-mêmes, d'un oeil suspect. Les missions à l'étranger ne possèdent pas assez de ressources pour traiter le parrainage privé et il semble que les répondants du secteur privé doivent à eux seuls faire accéder les réfugiés au programme.
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La migration sera un enjeu de taille au fil du présent siècle. Nous voulons que le programme soit plus efficace et il faut qu'il le soit.
L'Église unie tient à formuler plusieurs recommandations à cet égard.
Premièrement, il faut investir des ressources financières et humaines afin de diminuer le délai de traitement et d'éliminer l'arriéré. Un programme humanitaire qui exige trois ou quatre années n'a plus rien d'humanitaire.
Nous suggérons aussi de rendre les cas de réfugiés désignés par un bureau des visas (RDBV) plus rapidement accessibles aux répondants. L'Église unie connaît des répondants qui veulent aider immédiatement; malheureusement, nous ne pouvons trouver ni suffisamment de cas de RDBV, ni de façon de travailler qui réponde à nos besoins.
Dans l'espoir de façonner l'évolution requise, l'Église unie a élaboré un projet pilote pour les réfugiés désignés par un bureau des visas. Le projet a bien fonctionné et, lorsqu'il a pris fin, nous nous sommes engagés à accepter au moins vingt cas de RDBV par année. Cependant, CIC n'a pas donné suite à cet engagement, et nous ne pouvons accomplir ce travail seuls.
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Bonjour à tous. Mon nom est Martin Mark III et je vous présente ma collègue, Carolyn Vanderlip.
Nous sommes deux des représentants élus par 89 organisations signataires d'une entente de parrainage (SEP) de toutes les régions du Canada. Nous les représentons au sein du Comité mixte ONG-gouvernement sur le parrainage de réfugiés par le secteur privé.
Ce comité, qui compte également des représentants de Citoyenneté et Immigration Canada, a été formé pour permettre un échange productif d'idées en vue d'améliorer le fonctionnement du programme, d'en parfaire les communications et la coordination et de recommander des pistes de solution.
Le programme de parrainage privé est une merveilleuse démonstration de la générosité sincère et de la bonne volonté d'un éventail varié d'organisations : groupes religieux, organisations ethniques, organismes de développement et groupes de défense des droits de la personne dans tout le Canada.
Nous réinstallons des réfugiés tant dans des petites collectivités que dans des grandes villes et il est reconnu à l'échelle internationale que la participation à ce programme est un facteur favorable à l'hospitalité et à l'acceptation des nouveaux venus parmi les Canadiens moyens. C'est le multiculturalisme à son meilleur.
Le programme aide le Canada à concrétiser son engagement humanitaire à l'endroit des réfugiés. À eux seuls, les répondants privés du Canada réinstallent un plus grand nombre de réfugiés que ne le font bon nombre d'autres pays hôtes avec l'ensemble de leurs programmes. Les répondants privés investissent chaque année quelque 44 millions de dollars dans ce programme dont les coûts sont minimes pour le gouvernement.
Nous estimons toutefois que ce merveilleux programme connaît une crise qui met son existence en péril. Un arriéré de plus de 14 000 dossiers a résulté en des délais de traitement de trois, quatre ou cinq ans, voire même davantage. Ce n'est pas une façon efficace de protéger ces réfugiés qui ont besoin d'une solution dès maintenant.
Les groupes de parrainage sont désormais extrêmement démotivés et pourraient aisément utiliser leur temps et leurs ressources à d'autres fins, car les causes valables ne manquent pas. Ils demeurent toutefois capables et désireux d'en faire davantage. Les États-Unis et le HCNUR ont demandé au Canada d'accueillir un plus grand nombre de réfugiés irakiens et palestiniens et le gouvernement se tourne vers les répondants privés pour obtenir de l'aide.
Les mesures de traitement groupé se poursuivront cette année. Nous voulons aider, comme nous l'avons déjà fait en réagissant aux demandes urgentes et aux programmes spéciaux comme dans le cas du Kosovo, du Sierra Leone, de la Somalie et du groupe des Karens, mais bon nombre d'entre nous avons déjà engagé nos ressources, tant financières qu'humaines, dans des cas qui sont coincés dans l'arriéré. Nous ne savons pas quand, ou même si, ces cas seront menés à terme, et si nous prenons trop d'engagements, nous risquons d'enfreindre les modalités de notre entente de parrainage.
L'an dernier, CIC a demandé aux répondants de limiter leurs activités à moins de 4 000 demandeurs par année pour les trois prochaines années, pour permettre l'élimination de l'arriéré. CIC s'est engagé à traiter entre 6 000 et 7 000 cas, ce qui est similaire aux années précédentes.
Vous savez à quel point il peut être difficile pour un organisme humanitaire d'acquiescer à une demande visant la réduction du nombre de personnes aidées, mais pour assurer la pérennité du programme, les répondants ont réduit le nombre de cas soumis dans une mesure encore plus grande que ce qui leur avait été demandé. Pour sa part, CIC a procédé à un plus grand nombre de déterminations que ce à quoi le ministère s'était engagé. Le nombre de cas à traiter devrait donc diminuer.
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Mais les répondants ne continueront pas à limiter sérieusement le nombre de demandes qu'ils présentent s'ils ne constatent pas des progrès et un engagement plus ferme de la part du gouvernement.
Lorsque nous avons rencontré le ministre Solberg, nous avons demandé que CIC s'engage à traiter 9 000 dossiers par année. Sinon, malgré les progrès réalisés l'an dernier, ce ne sera plus trois, mais dix ans qu'il faudra pour rattraper le retard.
Nous avons également recommandé que la fourchette cible de 3 000 à 4 000 personnes soit augmentée pour permettre davantage d'établissements au Canada, ce qu'on a fait par la suite en fixant l'objectif à 4 500.
Mais ces dernières années, CIC a eu du mal à respecter le seuil minimal. En l'absence de ressources supplémentaires, il est vain d'accroître l'objectif. Le ministère prétend que les taux de refus élevés sont dûs au fait que les groupes répondants ne soumettent pas les bons cas et utilisent le programme comme moyen détourné de faire venir des personnes qui ne sont pas réfugiées, mais qui ont de la famille au Canada.
Même si CIC a le pouvoir de suspendre ou de révoquer un accord de parrainage avec n'importe quel signataire qui n'en respecte pas les conditions, il n'a entrepris aucune mesure à l'encontre d'un SEP au motif que celui-ci avait délibérément soumis des cas qui ne satisfaisaient pas aux critères relatifs aux réfugiés.
Micheline Aucoin, la directrice générale, a déclaré, dans une lettre aux SEP, que :
La réunion des familles est une utilisation légitime du PPPR, à condition que les demandeurs étrangers soient avant tout des réfugiés dont la seule solution durable est la réinstallation au Canada.
Nous sommes tout à fait d'accord. Pourquoi les groupes répondants choisiraient-ils de soumettre des cas susceptibles d'être refusés, ce qui aurait pour effet d'accroître les taux de refus et les retards, et pis encore, de donner de faux espoirs à des gens désespérés? Les SEP garantissent que le besoin de protection est toujours le principal critère de sélection des cas.
Comme Janet Siddall vous l'a dit, les répondants admettent volontiers accéder aux demandes de concitoyens qui sollicitent leur aide pour faire venir leurs proches de l'étranger. Tant que les nouveaux arrivants laisseront frères, soeurs, parents, oncles, tantes et cousins derrière eux en situation de réfugiés, ils demanderont à des répondants de les aider à faire venir les membres de leur famille ici, en sécurité.
Le HCR reconnaît l'importance de la réinstallation des familles. Parmi ses critères de sélection des réfugiés irakiens à des fins de réinstallation, il y aura celui de la présence de membres de la famille dans le pays d'accueil.
En matière de réinstallation des réfugiés, la séparation des familles est inévitable. Comme vous le savez, les répondants du secteur privé ont récemment parrainé de nombreux cas de réfugiés karènes de Birmanie désignés par le gouvernement et ayant séjourné des années durant dans des camps de réfugiés. Au cours du processus de sélection, on a pris bien soin d'éviter de séparer les familles. Pourtant, certains s'adressent à des répondants du secteur privé pour faire venir leurs proches qui se trouvent dans d'autres camps. Ces proches sont eux aussi des réfugiés, et quand on les parraine pour les accueillir ici, on leur fournit une protection.
C'est ce qu'on qualifie souvent d'effet de répercussion. L'avantage de notre PPPR canadien, c'est qu'il permet de répondre aux demandes de parrainage visant les réfugiés, aussi bien désignés par les bureaux des visas que par les organismes à l'étranger, les organisations de défense des droits de la personne ou des proches déjà au Canada.
Nous ne prétendons pas que les répondants ont toujours fait un travail de vérification irréprochable; même le plus chevronné des agents des visas ne peut s'en targuer. Mais de nombreux répondants ont participé aux activités de formation en vue de l'admissibilité organisées par CIC. Grâce à l'amélioration de la transmission des renseignements par CIC, ils ont de meilleurs outils de vérification et disposent d'informations sur l'admissibilité, les pays, les changements que ceux-ci connaissent, etc. En toute franchise, on est aussi plus conscient de la nécessité d'effectuer des vérifications.
Mais certains dossiers actuellement à l'étude ont été soumis avant que les répondants ne disposent de ces outils. Le programme est hanté par le passé; cela crée des perceptions défavorables au sein de CIC et des bureaux de visas à l'étranger. Nous voulons faire avancer les choses. Nous arrêter aux erreurs du passé ne sera bon pour personne, ni les répondants, ni les réfugiés, ni le gouvernement.
Merci.
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Bonjour, et merci de votre comparution. En effet, votre travail est intéressant.
Parmi les choses qui ont retenu mon attention, il y a la remarque de l'Église Unie qui a fait valoir, en utilisant l'exemple de Sir Humphrey Appleby dans Yes Minister, que si l'on construit des hôpitaux, les gens y viendront. Vous avez ajouté que si nous avons un programme pour les réfugiés qui fonctionne, les gens voudront certainement s'en prévaloir.
J'aimerais que vous me donniez des explications là-dessus. Vous avez également déclaré que certains bureaux des visas sont très bien, mais que d'autres vous considèrent comme des adversaires. Pourriez-vous nous préciser de quels bureaux il s'agit, si vous vous en souvenez? C'est très important qu'on le sache, puisque vous avez affirmé que certains avaient... et dites-nous ce qui s'est passé quand vous les avez visités.
J'ai cru comprendre que certains d'entre vous aviez rencontré le ministre le 1er octobre pour lui présenter des recommandations. Est-ce exact? Pourriez-vous nous donner des détails? Et si vous ne l'avez pas vu, quelles mesures voudriez-vous que l'on prenne?
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Un bureau des visas que j'ai trouvé excellent la dernière fois que j'y suis allée est au Kenya; c'était il y a un peu plus d'un an — on y était très coopératif, très réceptif. J'avais emmené avec moi une délégation de jeunes dirigeants de notre Église auxquels on a expliqué le programme.
Je suis allée au Caire par le passé, et j'y ai reçu un accueil fort différent. Mais je vais laisser mes collègues raconter leurs expériences dans certains des bureaux des visas qu'ils ont visités.
On semble penser que, d'une manière ou d'une autre, nous nous y prenons mal. Avant même qu'un agent des visas arrive en poste, il se dit: « Eh bien, le programme privé de parrainage est la dernière des priorités, et ces gens ne savent vraiment pas ce qu'ils font ». Dès le départ, ils cherchent la petite bête. Quand on veut trouver des défauts, on ne voit plus le reste. Je pense que c'est ce à quoi nous sommes confrontés.
Peut-être Ed, puis Carolyn et Marc —
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue au comité. Pour plusieurs d'entre vous, ce n'est pas une première comparution.
Je siège au comité depuis 2004. J'ai donc eu la chance de discuter de la question des réfugiés avec plusieurs d'entre vous. J'ai en main les statistiques du ministère en date du 28 juillet dernier. Il semble qu'il y ait, à l'échelle mondiale, environ 14 500 dossiers en attente d'une décision, dont beaucoup proviennent d'Afrique. Sur 8 454 cas, la moitié provient de Nairobi et l'autre de Damas. La deuxième région en importance où il se fait le plus de parrainage est l'Asie, entre autres au bureau d'Islamabad, que mon collègue a mentionné.
Madame Vanderlip, vous nous avez dit plus tôt avoir rencontré des gens du ministère. Ce dernier a élaboré des points de vue concernant certaines régions. Pouvez-vous rappeler au comité quelles sont les directives et les préoccupations du ministère à l'égard de l'Afrique et de l'Asie?
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C'était un modèle, un projet à petite échelle. À l'occasion du 25
e anniversaire du programme de parrainage, nous nous étions engagés à prendre 25 cas présentés par ce bureau afin de souligner les débuts du programme.
Nous étions capables de le faire. Nous recevions un certain nombre de cas tant du Kenya que de Bogota; j'avais donc de très bonnes relations à cette époque avec les agents des visas. Nous en prenions six ou sept à la fois. Nous avons pris grand soin de faire des jumelages appropriés partout au Canada. Nous avions des profils de communautés qui correspondaient aux profils des réfugiés. Nous documentions et évaluions les cas, comme j'avais compris que CIC le faisait.
Nous craignions de perdre tout le monde à la migration secondaire et nous nous demandions comment nous allions faire dans ce cas. En fait, cela ne s'est pas produit. Nous en avons perdu un ou deux. Il y a eu quelques problèmes médicaux qui n'étaient pas notés dans les profils, mais c'était un excellent programme, et il a ouvert l'appétit. Les gens sont apparus soudainement pour prêter main-forte.
Il y a environ un an, avant de rédiger un article promotionnel pour notre magazine interne, je me rappelle d'avoir vérifié avec certains collègues du ministère quel était notre mandat d'observateur, des choses de cette nature.
Ce programme peut-il continuer? On m'en a donné l'assurance. J'ai lancé la campagne et j'ai reçu toutes ces demandes extraordinaires à l'automne. Je ne peux plus recevoir d'autres cas de réfugiés désignés par un bureau des visas. Et la situation devient critique dans notre église. Nous avons beaucoup de dossiers en attente. Nous avons maintenant ce vaste mouvement. Je ne peux offrir aucun cas semblable et, pour dire vrai, nous regardons la chose et nous nous demandons pourquoi nous devrions y investir des ressources. Ce n'est pas faire un bon usage de notre temps. Nous devrions passer à autre chose.
Je m'occupe du programme depuis 1979, comme Ed. Il me tient beaucoup à coeur, mais si mon superviseur me dit qu'il n'y a rien qui justifie notre engagement, je dois passer à autre chose.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à souhaiter la bienvenue aux divers témoins et aux groupes qu'ils représentent. Ce que vous avez dit est certainement très éclairant. Je crois, comme M. Wiebe l'a mentionné, que le programme comporte certains problèmes. Lorsqu'on regarde son fondement, il ne fait aucun doute que ce pourrait être une situation gagnante de part et d'autre, si je puis dire, ainsi que pour les réfugiés — et il n'en manque pas, c'est bien certain.
M. Wiebe a dit qu'il a 600 congrégations rurales et toute une infrastructure qui pourrait être mieux utilisée. Il me semble que dans ces circonstances, on voudrait certainement coopérer et travailler avec vous pour utiliser l'infrastructure efficace qui existe déjà. Je tiens à vous dire que j'apprécie personnellement ce que vous faites et que je suis d'accord avec vous qu'il s'agit d'une catégorie où il y a place à l'amélioration. Je comprends que l'arriéré est un problème en soi, parce qu'il est difficile de répondre à quelque chose qui s'est produit il y a trois ans. La plupart des gens aimeraient pouvoir réagir dans l'année ou les mois qui suivent, ce qui rendrait les choses beaucoup plus faciles. Nous comprenons cela. Mais je comprends aussi que vous avez discuté de ces questions avec le ministère de l'Immigration du Canada et que ce dernier cherche des façons de régler ce problème. J'imagine qu'une des solutions serait d'injecter plus de ressources.
L'autre problème, j'imagine, c'est le taux de refus. Un taux de refus qui se rapproche de 50 p. 100 est bien sûr très élevé, et je crois comprendre que vous allez prendre des mesures pour faire en sorte que les choses soient mieux comprises, ce qui permettra de réduire le taux. Mais, évidemment, beaucoup de ces demandes sont en attente.
Pour en arriver à ma question, le programme comporte évidemment des aspects positifs et pourrait fonctionner, mais certaines contraintes pourraient le compromettre, et vous devez l'améliorer. Le problème des refus a peut-être trait, en partie, à la réunification des familles, et vous dites que 50 p. 100 des demandes acceptées sont des réfugiés désignés par le gouvernement, ce qui ne devrait pas nécessairement vous poser de problème.
Mais il y a, si je comprends bien, un désir dans la communauté de parrainer des membres de la famille qui font partie de la catégorie des réfugiés. Pareille situation cause-t-elle ou a-t-elle causé un problème, quand on songe à l'arriéré de trois ans et au taux de refus? Et la politique doit-elle être modifiée pour permettre à votre communauté de parrainer des membres de la catégorie du regroupement familial qui se trouvent aussi dans la catégorie des réfugiés? Il peut être difficile parfois de savoir qui est un réfugié et qui ne l'est pas lorsqu'on regarde la chose de cet angle.
Quelqu'un voudrait faire un commentaire à ce sujet? Peut-être M. Wiebe.
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Je crois que les organisations de parrainage ont à coeur de protéger les réfugiés. Comme vous l'avez entendu, les réfugiés ont aussi des familles dans tous les cas; nous ne pouvons y échapper. Notre mandat, notre priorité et notre intérêt premiers, c'est de protéger les réfugiés. Or, nous avons affaire à un programme outre-mer et les demandeurs ne sont pas ici. Cela complique les choses — la distance, l'évaluation, les ressources supplémentaires que nous affectons de notre côté pour nous assurer que ce sont bel et bien des cas de protection. Ces gens peuvent aussi répondre aux critères de la catégorie du regroupement familial. Nous le reconnaissons et c'est très bien; nous avons un engagement envers les familles également.
Il faut se rappeler aussi que la catégorie de parents aidés a disparu au Canada. Nous en avons parlé à CIC. L'ONG et les membres du comité ont soulevé la question. Nous avons soulevé la question au cours des années où j'ai fait partie du comité, et l'idée d'instituer pareils mécanismes a suscité une vive opposition — pas de catégorie de regroupement familial ou de parents aidés; c'est ce qu'on nous a dit.
D'autres mécanismes existent pour traiter de cet aspect humanitaire, lorsque les questions de séparation sont plus importantes que tout autre élément, mais ce n'est pas là notre principale préoccupation. Nous traitons d'abord les cas de protection.
Nous ne voulons pas perdre des gens simplement parce qu'ils ont des liens familiaux. Nous voulons faire venir ces réfugiés qui se trouvent à faire également partie de la catégorie du regroupement familial. C'est très bien. Concernant l'abolition de la catégorie de parents aidés et ses conséquences, j'ai parlé des ressources au Canada que nous déployons avant de prendre une décision. C'est exactement cela. Nous recevons une quantité phénoménale de courrier, de courriels et de visiteurs. Je crois que c'est la même chose dans vos bureaux de circonscription.
Il nous faut beaucoup de temps pour déterminer si nous devons agir en invoquant la protection d'un réfugié, ou si nous devons refuser de le faire parce que nous n'avons pas assez d'éléments pour justifier pareille action. On vous a dit combien c'était difficile de faire cela, parce que les gens qui interjettent appel sont parmi nous. Ils le font encore. Nous reconnaissons qu'ils n'ont pas d'autres mécanismes. La définition de la catégorie du regroupement familial est stricte. Nous n'avons pas d'autres mécanismes.
Nous espérons que des groupes comme celui-ci se pencheront sur la façon dont nous pouvons relever ces défis. Chacun de nous ici fait face à ces problèmes, et ils nous touchent de différentes façons. On nous a accusés d'être un mouvement voué au regroupement familial; ce n'est pas là notre motivation, c'est la protection des réfugiés. Les gens doivent avoir des familles.
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Merci beaucoup à vous tous.
Monsieur Wiebe, lorsque vous avez parlé des réfugiés de la mer, j'ai pensé à Frank Epp, qui était un journaliste et un auteur et qui était, si ma mémoire est bonne, secrétaire du Comité central mennonite du Canada à cette époque; il a proposé de commencer à parrainer des réfugiés. Chacun de vous fait un travail extraordinaire.
Je réfléchissais à ce que vous avez dit, que nous sommes bons pour réinstaller des groupes en entier, mais pas autant quand il s'agit de réinstaller quelques personnes ici et là. Tout à coup, j'ai pensé à ce qui s'était produit avec les réfugiés hongrois. C'est le 50e anniversaire de mon arrivée au pays. C'était un excellent projet, et le Canada a bien fait sa part.
Je pense à Rahim, qui faisait partie des réfugiés ougandais. C'était l'un de ces mouvements de masse, qui a été très bien géré, causant le moins de dommages possible.
Je pense à ce qui est arrivé aux réfugiés de la mer. Ils ont eu beaucoup plus de difficultés, et il leur a fallu beaucoup plus de temps. Je sais que durant les guerres du Kosovo, nous avons fait des pieds et des mains, nous avons été très proactifs. Nous ne pouvions pas travailler assez rapidement pour les amener ici. Il y avait vraiment une volonté politique.
Les membres du comité devraient penser à — J'ai passé trois mois dans un camp de réfugiés, dans trois camps de réfugiés, en fait, où les conditions étaient bien meilleures que celles que j'ai vues dans bon nombre de camps de réfugiés d'aujourd'hui, où les conditions sont horribles. Ce qu'il faut comprendre, c'est que plus les gens passent de temps dans des camps de réfugiés, plus ils souffriront de dommages psychologiques. Un grand nombre de camps sont très dangereux. La sécurité, la nutrition, l'ennui, le crime — c'est un milieu contre nature.
Si nous acceptons des réfugiés, et c'est ce que nous devons faire, alors nous devons penser, même dans notre perspective égoïste, qu'il faut les amener ici le plus rapidement possible. Si c'est un cas de réunification familiale, si nous amenons quelqu'un ici au Canada et qu'il a un emploi et tout le reste, mais qu'il a un très proche parent à l'étranger, il en souffre beaucoup. Je suis certain que plusieurs d'entre nous ont reçu des visiteurs en larmes dans leur bureau, qui essayaient de faire venir une mère ou une fille ici. J'ai toujours trouvé absolument déchirant d'écouter ces histoires et, pour dire vrai, de ressentir leur souffrance.
Vous avez parlé de Yes Minister. Je fais partie du comité depuis huit ans et nous avons eu sept ministres. Cette année, nous avons eu deux ministres en moins d'un an. Dans Yes Minister, les personnages changent, mais l'histoire est passablement la même.
Je crois que nous devons accepter ce que vous offrez, parce qu'il n'en coûte rien au gouvernement et qu'on fait appel à un énorme secteur bénévole pour l'établissement des immigrants. Si vous voulez répartir les gens partout au pays, c'est une bonne façon de le faire. Faites-le avec les familles.
Je me demande si vous pouvez faire des commentaires concernant les dernières années, les choses étant... j'entends la même histoire chaque fois que nous nous retrouvons dans cette situation. Je me demande s'il peut être utile que vous, à titre d'association, non pas individuellement mais à titre d'association, puissiez donner une évaluation des divers bureaux des visas. Je sais qu'il est difficile de venir ici et de dire celui-ci est bon, celui-ci est mauvais — de faire une évaluation de cours, si vous voulez. Les bureaux qui ont de bonnes expériences, et vous avez mentionné que le Kenya en était un, devraient peut-être transmettre leurs pratiques à d'autres.
Je me demande si vous avez un commentaire à faire à ce sujet, si vous pouviez faire cela et communiquer avec le comité, parce que je crois que le comité devra établir —
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Merci, monsieur le président.
Je sais que je ne suis pas aussi beau que Mme Faille, donc je comprends pourquoi vous ne m'avez pas regardé, mais merci quand même.
J'aimerais commencer par dire que je suis député depuis presque dix ans. C'est difficile à imaginer, le temps a filé si vite. Je pense que mes cicatrices le prouvent quand même, même si je n'ai peut-être pas l'air de quelqu'un qui est ici depuis dix ans. Cependant, je n'ai vu que les problèmes empirer en matière d'immigration depuis que je suis arrivé ici. Je pense que tout le monde autour de la table veut des améliorations, mais qu'on vise juste quand on dit, comme Jim, que cela revient peut-être aux critères des agents d'immigration — et Heather, vous venez tout juste de parler de la sensibilité des agents de CIC à l'étranger.
Quand on voit les personnes refusées dans nos bureaux — Bien souvent, on donne des critères stricts aux agents, qui semblent les utiliser presque comme une excuse pour vérifier et dire non, pour n'importe quelle raison. Je pense presque que nous devrions leur donner de la formation sur la sensibilité, essayer de leur ouvrir l'esprit ou de changer les attitudes de certains agents de CIC. Je pense que vous visez juste lorsque vous dites que nous devons faire preuve de leadership et entrer en contact direct avec les groupes d'aide à l'établissement, entre autres. Nous avons commencé un peu à le faire grâce au nouveau financement qui a été accordé aux organismes d'aide à l'établissement dans le dernier budget, mais il est évident qu'il faut en faire plus en ce sens.
J'aimerais que vous nous disiez pourquoi vous pensez que le taux de refus est plus élevé pour le parrainage privé par des signataires d'ententes de parrainage que pour les programmes pour réfugiés qui reçoivent l'aide du gouvernement. Ce peut être une question de ressources. Il se pourrait aussi que le manque de compétences des personnes soit presque un obstacle, et Sarah, je pense que vous avez mentionné la question des travailleurs non qualifiés et de leur contribution à l'établissement de notre pays. Cela pourrait expliquer en partie ces taux de refus.
Pouvez-vous nous éclairer à cet égard et nous dire comment vous voyez les taux de refus à ces deux types de programme?
J'ai travaillé avec Diane Dicks de Vision Canada à la question des réfugiés irakiens pendant longtemps. La communauté irakienne essaie très activement de trouver des possibilités de parrainage.
Malheureusement, jusqu'à la semaine dernière, le gouvernement n'était pas très réceptif, mais la semaine dernière, il a soudainement changé de cap, et nous en sommes très contents. Le HCR a référé des centaines de cas de régions comme la Syrie, le Liban et la Jordanie (pour la plupart des Irakiens, mais également des Palestiniens d'Irak). Les parrains privés sont très ouverts et collaborent beaucoup avec le gouvernement. Nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour parrainer ces personnes.
En effet, nous entendons parler des problèmes qui se posent lorsqu'on sépare des familles — Toutefois, l'une des forces du programme de parrainage privé, c'est que les parrains privés peuvent faire des pieds et des mains à CIC pour réclamer la réunification de la famille. Honnêtement, dans plusieurs cas, quand nous avons des cas soi-disant liés et que nous savons à l'avance qu'il y a un membre de la famille qui est âgé ou qui a des besoins spéciaux, des problèmes médicaux, les gens du CIC s'efforcent beaucoup d'en tenir compte.
Je pense que c'est exactement notre rôle, qu'un parrain privé est là pour veiller à ce que le Canada, grâce à ce merveilleux programme de réinstallation, ne brise pas l'unité familiale. Nous faisons quelque chose de bien, mais nous devons être là.
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En règle générale, je pense qu'au Canada, il y a des filets de sécurité fondamentaux et très importants qui sont en place à la commission des réfugiés. Au Canada, un avocat peut aider le réfugié. La loi n'offre rien de tel pour la protection internationale, et c'est un problème à régler.
Ensuite, au Canada, pendant tout le processus de détermination du statut de réfugié — et je suis passé par là — on enregistre les voix, ce qui contribue à la transparence et à la responsabilité. On ne le fait pas à l'étranger. Ce sont des mesures qui pourraient aider.
Enfin, il y a le partage d'information. Récemment, comme ma collègue l'a mentionné, CIC a fait preuve d'une plus grande ouverture quant au partage d'information sur la situation dans le pays en cause, de sorte que nous sommes au diapason. Par exemple, sur la situation en Irak, jusqu'à la semaine dernière, nous recevions des dizaines et des dizaines de refus, et je suis certain que la politique a changé dorénavant. Cela ne dépend pas seulement des lois sur les réfugiés, mais aussi de la politique, bien sûr. Pour cette raison, nous espérons que de plus en plus de réfugiés de Damascus seront acceptés.
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Je vous remercie de cette question.
En effet, dans la LIPR, il y a une excellente catégorie qu'on appelle la catégorie de personnes de pays source, ce qui signifie que le Canada reconnaît que dans certains pays, les réfugiés, même dans leur propre pays, sont admissibles au titre de réfugiés comme personnes déplacées. Malheureusement, je dois vous dire que la disposition sur cette catégorie ne fonctionne pas.
Immigration Canada n'a pas modifié la liste des pays sources. Lors de ma dernière visite en Afrique occidentale, en octobre, je me suis rendu compte que par exemple, en Sierra Leone, qui est un pays source inscrit à la liste, le taux d'acceptation moyen est de 0 p. 100 en ce moment. C'est la moyenne canadienne, en gros.
Il n'y a pas que les signataires d'entente de parrainage. Il y a aussi beaucoup de demandes de parrainage venant de groupes de cinq personnes ou de parrains de la collectivité. Ces personnes lisent le document public qui indique que la Sierra Leone est sur la liste des pays sources.
Elles peuvent parrainer un réfugié qui se trouve en situation de réfugié dans son propre pays, c'est-à-dire en Sierra Leone, au Soudan, au Congo, au Zaïre, au Guatemala, au Salvador ou en Colombie. Malheureusement, même si cette annexe n'a pas été modifiée depuis 2002, cette catégorie ne fonctionne plus depuis 5 ans. Pourquoi? Premièrement, et c'est important, parce que ce sont les seuls pays où le Parlement autorise encore les réfugiés à avoir accès directement au bureau de visas canadien pour obtenir de la protection. Dans d'autres pays, depuis l'adoption de la LIPR, le réfugié ne peut pas demander de protection internationale ni de réinstallation, ce n'est que dans ces pays qu'il le peut. Dans ces pays, toutefois, le système ne fonctionne pas. S'il ne fonctionne pas, il faut le changer.
Finalement, concernant les personnes déplacées, le HCR, soit le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, a annoncé en octobre dernier qu'il voulait les inscrire dans son mandat. C'est la même mentalité selon laquelle il n'y a pas que les réfugiés internationaux qui devraient être protégés, mais également les personnes déplacées. Je pense qu'il serait excellent que le Canada suive cet exemple. Peu importe où se trouve le pays. Si une personne se trouve en situation de réfugié dans son propre pays, elle devrait être admissible à la réinstallation.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous remercier tous d'avoir pris la peine de venir ici cet après-midi. Le programme est vraiment important, et je tiens à vous féliciter de votre excellent travail.
J'essaie de mettre le doigt sur le coeur du problème. Y a-t-il un problème administratif? Est-ce un manque de volonté politique, quelles que soient les partis ou les affiliations en jeu? Je ne parle pas de qui fait partie du gouvernement.
Nous parlons ici d'un arriéré de quelque 15 000 cas. J'essaie de discerner, tout d'abord, s'il existe un problème d'ordre administratif. Nous avons élargi le quota du nombre d'immigrants qui peuvent entrer au pays. Au sein même de ce quota, nous avons un quota pour les réfugiés, et ce quota pour les réfugiés inclut également un quota pour le parrainage privé. Il semble que le nombre de parrainages privés ait tendance, ce qui est compréhensible, à être plus élevé que le quota fixé. Chaque année, nous avons un arriéré de sorte que, naturellement, il continue de croître.
Le problème est-il causé par le quota comme tel? Devrait-il être plus élevé? Ou est-ce plutôt que les demandes ne sont pas traitées assez vite?
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J'ai deux questions à poser à ce sujet.
J'aime bien l'idée de recevoir la ministre à une séance et les témoins à l'autre, ce qui nous fait deux séances. Ensuite, le comité pourra décider si d'autres séances sont nécessaires.
Par ailleurs, je me demande pourquoi ces réunions auraient lieu un lundi plutôt qu'un mardi, qui est le jour habituel des séances. Nous avons déjà établi le programme de nos priorités, alors si nous ajoutons d'autres études, nous allons devoir les faire passer avant ces priorités ou bien après. À mon avis, le mieux serait de tenir deux séances le mardi. Si vous souhaitez qu'elles aient lieu le plus tôt possible, on pourrait organiser deux séances dans un délai raisonnable, selon l'horaire de la ministre — ce qui risque de poser un autre problème, je suppose — et nos propres travaux.
Je crois que nous devrions tenir deux séances et décaler les autres études prévues. Je ne crois pas cependant qu'il soit nécessaire de tenir une séance un lundi.
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Notre horaire a déjà été établi, mais le comité estime que ces questions importantes doivent être examinées sans tarder.
En ce moment, des dizaines de milliers de personnes — je crois qu'il s'agit en fait d'un bien plus grand nombre; c'est ce que nous allons savoir — risquent de perdre leur citoyenneté; cela crée de l'incertitude. Des députés reçoivent des appels à propos de cette question, alors je crois qu'il est important qu'on se penche sur le sujet, car la perte de la citoyenneté, comme on peut le constater en lisant les cas relatés par la presse, entraîne des pertes d'emplois. Et sans emploi, les gens n'ont pas de revenu. Et sans revenu, ils ne peuvent payer leur hypothèque et doivent alors vendre leur maison. C'est ce qui est malheureusement arrivé à M. Teichroeb, comme on a pu le lire.
En tenant ces séances, nous accomplissons certaines choses. Nous offrons à la ministre une occasion de nous expliquer les mesures qu'elle prend. Nous pourrons aussi essayer d'obtenir une assez bonne idée du nombre de personnes qui risquent de perdre leur citoyenneté en interrogeant à tout le moins un représentant du ministère. Je crois qu'il est important qu'une personne du ministère comparaisse devant nous.