:
Bonjour, mesdames et messieurs.
Nous sommes au comité législatif chargé du projet de loi C-2, Loi fédérale sur l'imputabilité. C'est notre sixième séance.
À l'ordre du jour, conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 27 avril 2006, le projet de loi C-2, Loi prévoyant des règles sur les conflits d'intérêts et des restrictions en matière de financement électoral, ainsi que des mesures en matière de transparence administrative, de supervision et de responsabilisation.
Nous accueillons aujourd'hui, du Commissariat aux langues officielles, Dyane Adam, commissaire, Johane Tremblay, directrice, Direction générale des affaires juridiques et Carol White, directrice intérimaire, Direction générale des services corporatifs.
Bienvenue au comité, madame Adam. Vous pouvez, si vous le souhaitez, faire vos remarques liminaires, après quoi je suis convaincu que les membres du comité auront des questions à vous poser.
:
En effet, j'ai des remarques liminaires.
Monsieur le président, bonjour.
[Français]
Bonjour, tout le monde.
[Traduction]
C'est un plaisir pour moi de venir ici commenter pour vous le projet de loi fédéral sur l'imputabilité (C-2) et répondre à vos questions. Je tâcherai de faire une introduction concise, afin d'avoir suffisamment de temps pour répondre aux questions des membres du comité.
[Français]
Permettez-moi d'abord de commenter brièvement quatre aspects. Je vais d'abord parler de mon rôle de haut fonctionnaire du Parlement et de l'importance de consolider l'indépendance de tous les hauts fonctionnaires du Parlement. Également, je vais commenter la manière dont les hauts fonctionnaires sont confirmés dans leur poste, les changements relatifs à la Loi sur l'accès à l'information et à la Loi sur la protection des renseignements personnels et enfin les changements administratifs qui se sont produits en matière de vérification interne et d'approvisionnement.
[Traduction]
Je dois dire, en premier lieu, que j'appuie sans réserve l'idée de consolider la culture de responsabilisation qui sous-tend le projet de loi C-2. J'appuie tout aussi vigoureusement l'idée, énoncée dans le plan de responsabilisation du gouvernement fédéral présenté par le premier ministre, de consolider la capacité des hauts fonctionnaires du Parlement à tenir les ministères et organismes fédéraux responsables de leurs actes. Cela garantira que le Parlement ait accès à l'information et aux conseils de ses divers hauts fonctionnaires, afin de pouvoir tenir le gouvernement responsable de ses actes.
À cet égard, je suis remplie d'espoir par l'intention du gouvernement de créer un comité consultatif multipartite portant sur les ressources des hauts fonctionnaires du Parlement et de donner suite à un projet pilote de deux ans qui donnera au Parlement un rôle plus important afin de faire respecter l'indépendance de ces hauts fonctionnaires vis-à-vis du gouvernement.
À titre de commissaire aux langues officielles, je suis l'un de ces hauts fonctionnaires indépendants. J'agis donc comme instrument du Parlement pour faire en sorte que les organisations assujetties à la Loi sur les langues officielles soient tenues responsables auprès du Parlement de remplir leurs obligations qui découlent de cette loi. Pour ce faire, je fournis au Parlement une évaluation de la mise en oeuvre de la loi par les institutions.
[Français]
Maintenant, pour ce qui est de la procédure de nomination des hauts fonctionnaires du Parlement telle qu'énoncée à la partie 2 du projet de loi C-2, je suis convaincue que ces hauts fonctionnaires doivent détenir, et savoir qu'ils le détiennent, l'appui sans réserve des parlementaires. Mis à part le scrutin secret, la procédure qui est décrite dans le projet de loi C-2 correspond à ce que j'ai vécu lorsque j'ai été nommée à ce poste, il y a plus de sept ans.
En ce qui a trait à l'accès à l'information, j'appuie tout aussi entièrement l'initiative du gouvernement visant à réexaminer la portée actuelle de la Loi sur l'accès à l'information. Tout en assujettissant cinq hauts fonctionnaires du Parlement à ces dispositions, le projet de loi C-2 reconnaît le rôle unique de chacun et la nécessité de protéger l'information obtenue ou créée par eux au cours de leurs enquêtes, de leurs examens ou de leurs vérifications.
La commissaire aux langues officielles est un agent de changement et un ombudsman. Alors, mon rôle consiste à veiller à ce que les institutions fédérales respectent l'esprit de la Loi sur les langues officielles et l'intention du législateur dans l'administration de leurs affaires. Je reçois des plaintes concernant les obligations des institutions fédérales en matière de langues officielles. Je fais enquête et je recommande des mesures correctives. Dans le cadre de mon rôle d'ombudsman, il est important que je protège l'identité des plaignants et les renseignements que les enquêteurs recueillent ou créent au cours de leurs enquêtes.
[Traduction]
Pour permettre au commissaire de remplir son mandat, le Parlement a inclus dans la Loi sur les langues officielles des dispositions ayant trait à la non-divulgation des renseignements recueillis par le commissaire dans le cadre de l'exécution de ses tâches et de ses fonctions. Je suis donc tout à fait satisfaite de la nouvelle exemption ajoutée par le projet de loi C-2 à la Loi sur l'accès à l'information. Le nouvel article 16.1 permettra au commissaire aux Langues officielles de diffuser l'information aussi largement que possible sans compromettre l'intégrité, la crédibilité et l'efficacité de ses procédures d'enquête, d'examen et de vérification.
Cette large diffusion de l'information, notamment sous la forme du rapport annuel présenté au Parlement ou des vérifications, des évaluations et des études de recherche, appuie un autre volet de mon rôle, à savoir celui d'agent de changement.
La même politique fondamentale devrait, à mon sens, s'appliquer à l'accès à l'information en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Le gouvernement est conscient de la nécessité d'inclure dans la Loi sur la protection des renseignements personnels une exemption semblable à celle qui est prévue dans la Loi sur l'accès à l'information, mais ce genre de disposition de non-divulgation ne s'appliquerait qu'aux renseignements recueillis ou créés par le commissaire à la protection de la vie privée et par le commissaire à l'intégrité du secteur public au cours de leurs enquêtes menées en vertu de leur loi habilitante. Comme les exemptions prévues dans la Loi sur la protection des renseignements personnels reproduisent généralement celles de la Loi sur l'accès à l'information je recommande au comité d'adopter la même perspective pour les deux lois.
Plus précisément, j'incite le comité à recommander que le projet de loi C-2 soit modifié pour inclure dans la Loi sur la protection des renseignements personnels une exemption obligatoire, semblable à celle du nouvel article 22.1, concernant les renseignements personnels recueillis ou créés par le commissaire aux langues officielles du Canada au cours de ses enquêtes, vérifications ou examens.
[Français]
Enfin, le commissariat sera touché par les changements administratifs proposés dans les parties 3, 4 et 5 du projet de loi C-2 au sujet de la consolidation de la capacité de vérification interne et des moyens de garantir que les approvisionnements de faible valeur sont justes, ouverts et transparents. J'appuie ces changements et j'ai demandé à mon personnel de déterminer les répercussions sur les ressources des changements administratifs nécessaires à la mise en oeuvre de ces importantes procédures. Je présume que plus tard cette année, mon successeur pourrait éventuellement demander des fonds supplémentaires au comité consultatif du Parlement sur le financement.
Pour résumer, j'accueille et j'appuie les changements législatifs proposés pour consolider la culture de responsabilisation et soutenir et consolider l'indépendance des hauts fonctionnaires du Parlement, ce qui permettra à celui-ci d'obtenir les conseils et l'information dont il a besoin pour prendre des décisions importantes à l'appui du changement et pour tenir les ministères et organismes responsables de leurs actes.
Quant à la nouvelle procédure de nomination des hauts fonctionnaires du Parlement, je rappelle qu'il est important que chacun d'entre eux voie qu'il obtient un appui solide des parlementaires.
[Traduction]
J'appuie l'application de la Loi sur l'accès à l'information au Commissariat et les exemptions particulières prévues dans le projet de loi C-2. J'invite le comité à recommander que le projet de loi C-2 soit modifié pour inclure dans la Loi sur la protection des renseignements personnels une exemption obligatoire concernant les renseignements personnels recueillis ou créés par le Commissaire aux langues officielles du Canada au cours de ses enquêtes, vérifications ou examens. J'aurai plaisir à collaborer avec les membres du comité consultatif sur le financement des hauts fonctionnaires du Parlement pour veiller au maintien de l'indépendance de ces derniers.
[Français]
Merci de votre attention. Il me fera plaisir de répondre à toute question.
:
Merci, monsieur le président.
Madame la commissaire, bienvenue à vous et à vos collaborateurs. C'est toujours un plaisir d'accueillir des hauts fonctionnaires du Parlement pour discuter de nos rôles respectifs. Votre définition du rôle d'un haut fonctionnaire du Parlement qui assure vraiment la prolongation du travail des députés et nous aide à tenir l'exécutif responsable de l'application des diverses règles et de satisfaire les attentes du public, m'a beaucoup plu. Cette conception est l'élément central de votre rôle, mais elle n'est pas toujours comprise aussi clairement qu'elle devrait l'être; nous percevons parfois les hauts fonctionnaires du Parlement ou les ombudsman comme indépendants. Évidemment, vous êtes indépendants dans de nombreuses facettes de votre travail, mais vous êtes très étroitement liés à la relation entre les différents organes du gouvernement, et je pense que cela doit être bien compris.
À mon avis, la question de la nomination est très intéressante. L'idée d'avoir un scrutin secret et par conséquent de ne pas divulguer le nombre de votes favorables ou défavorables à une nomination est une façon intéressante de renforcer la crédibilité d'un poste. Je suis sûr qu'à titre de titulaire de ce poste, vous serez satisfaite de ce changement. Cela me semble être un ajout très positif.
En ce qui concerne les dispositions sur l'accès à l'information et vos recommandations selon lesquelles les dispositions sur la protection de la vie privée doivent refléter ces dernières, je suis d'accord. Les exceptions aux unes sont les règles les autres, et vice versa. Au sujet des rapports d'enquête fondés sur des preuves, je me demande si cela ne vous empêcherez pas de fournir des arguments étayés pour des recommandations présentées à la suite d'une enquête si, dans certains cas, vous ne pouviez divulguer la source de cette information et le témoignage ou la preuve sur lesquels vous êtes fondée. Je crains qu'il ne s'agisse d' exemptions absolues où, à la discrétion d'un haut fonctionnaire du Parlement, il pourrait sembler nécessaire de divulguer toute l'information afin d'étayer une recommandation motivée. J'aimerais savoir comment vous feriez pour garder confidentielles à la fois la source de l'information et cette dernière. Cette exigence pourrait-elle limiter la rigueur de votre rapport?
:
Nous n'en demandons pas plus, parce qu'en fait, dans le projet de loi qui régit mon commissariat, la Loi sur les langues officielles, il y a déjà une protection de non divulgation. Cette protection existe déjà.
En ce qui concerne les citoyens, mais surtout les employés, je vais vous donner un exemple. Les employés éprouvent beaucoup de difficultés lorsqu'ils remarquent que leurs institutions, leurs superviseurs ou qui que ce soit, même le sous-ministre, ne respectent pas vraiment la loi.
Récemment, un employé de mon bureau a été muté à un autre ministère. À son arrivée, on lui a remis un manuel pour qu'il se familiarise avec son nouveau poste. Or, ce manuel était entièrement en anglais. Il vient de mon commissariat. Il connaît ses droits. Il en a parlé avec un de ses anciens collègues, qui lui a dit « Eh bien, tu sais ce qu'il te reste à faire. Tu dois déposer une plainte à la commissaire ».
Il ne le fera pas. C'est sa première journée de travail, il ne veut pas porter plainte. Il ne veut pas se faire remarquer dès le début.
Et c'est ce qui se passe avec la protection de non divulgation. Selon moi, cela aurait des répercussions sur l'intégrité et la crédibilité du commissariat ainsi que sur ma capacité à faire mon travail en tant qu' agent du Parlement et à garantir que la Loi sur les langues officielles est protégée et respectée.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis de votre avis. Je ne crois pas que les plaintes doivent passer par les bureaux des députés, non pas parce que ceux-ci n'ont pas la capacité d'agir, mais plutôt parce qu'on donne alors à la plainte un caractère politique. Notre rôle est de faire de la politique. Or, lorsqu'un citoyen veut porter plainte, je crois qu'il doit pouvoir le faire directement auprès d'une autorité qui, justement, est apolitique. Le citoyen doit sentir que c'est dans cette optique que sa plainte est reçue. En passant par les bureaux des députés, on passe par le fait même par tous les partis politiques, qui ont chacun leur idéologie. Je ne crois pas que ce soit une bonne chose.
Dans le projet de loi C-2, on parle d'une rénumération de 1 000 $ offerte aux dénonciateurs. Je ne sais pas ce que vous pensez de l'idée qu'une personne reçoive 1 000 $ pour avoir dénoncé un de ses supérieurs ou toute autre personne qui, au sein d'un ministère ou d'une agence, aurait commis un acte répréhensible.
Pour notre part, notre opinion est faite, mais j'aurais aussi aimé connaître la vôtre. Enfin, je voudrais profiter de l'occasion pour vous féliciter et vous souhaiter bonne chance dans vos projets d'avenir.
:
M. le président, merci de m'avoir invité à comparaître devant votre comité ce matin pour vous présenter mon opinion sur les parties du projet de loi C-2 qui s'appliquent à l'ancienne Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, qui n'a pas encore été proclamée.
[Français]
Je vous remercie de me permettre de répondre à vos questions. Afin de vous laisser le temps de le faire, je serai bref dans mes remarques préliminaires. J'ai distribué une brève présentation écrite dans laquelle je fais sept propositions précises pour modifier le projet de loi C-2 en lien avec la Loi sur la protection des fonctionnaires dénonciateurs d'actes répréhensibles.
[Traduction]
Je suis très satisfait de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles. Selon moi, si je me fonde sur mes cinq ans d'expérience à traiter avec les fonctionnaires et les dénonciateurs, ce projet de loi reflète bien les propositions que moi-même et beaucoup d'autres faisons depuis de nombreuses années. L'idée que mon Bureau de l'agent de l'intégrité de la fonction publique, créé par la politique gouvernementale et relativement dépourvu de muscle à l'heure actuelle soit bientôt transformé en un organisme constitué par une loi, avec un commissaire responsable auprès du Parlement et doté de pouvoirs d'enquête et de protection est tout à fait stimulante et très bien accueillie. Comme vous le savez sans doute, monsieur le président, la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles fait de mon bureau le coeur d'une nouvelle commission élargie. Mes collègues et moi-même travaillons d'arrache-pied pour effectuer cette transition afin d'assurer à la fois la continuité des enquêtes et la mise en place des nouvelles structures et des nouveaux processus nécessaires.
Si vous me permettez une remarque d'ordre personnel, l'une des raisons pour lesquelles je me réjouis c'est qu'une fois que la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles entrera en vigueur, mon mandat d'origine de trois ans, qui a été élargi à presque cinq ans, prendra fin et je pourrai enfin reprendre ma retraite, que j'ai abandonnée il y a cinq ans.
[Français]
Bien entendu, la Loi sur la protection des fonctionnaires dénonciateurs d'actes répréhensibles n'est pas parfaite. À mon avis, les modifications proposées par le projet de loi C-2 sont très importantes, et je les appuie avec enthousiasme. Dans ma présentation écrite, j'ai indiqué les nombreux aspects du projet de loi que je trouvais positifs.
[Traduction]
Évidemment, le projet de loi C-2 n'est pas parfait et j'ai certaines propositions à faire afin de l'amender. La plupart de ces propositions apparaissent dans mes rapports annuels et dans les témoignages que j'ai présentés au comité parlementaire lors de l'étude de ce que l'on appelait à l'époque le projet de loi C-11. Monsieur le président, vous trouverez davantage de détails sur ces propositions dans mon mémoire écrit.
Mes recommandations sont les suivantes:
1) Accorder une protection plus étendue contre des représailles aux entrepreneurs du secteur privé et aux bénéficiaires de subventions qui signalent des actes répréhensibles commis dans le secteur public,en leur donnant accès à un processus de plaintes relatives à des représailles qui est offert aux fonctionnaires;
2) Élargir la définition de représailles, pour qu'elle ne couvre pas uniquement les formes de représailles liées à l'emploi;
3) Élargir de champ de compétence du commissaire à l'intégrité du secteur public afin qu'il englobe les Forces canadiennes, le Service canadien du renseignement de sécurité et le Centre de la sécurité des télécommunications;
4) Ajouter un mandat de sensibilisation/communication au commissaire à l'intégrité du secteur public qui, une fois que ce mandat sera créé par une loi, le commissaire puisse recevoir un financement suffisant et d'autres ressources pour remplir ces fonctions;
5) Permettre la tenue d'enquêtes qui ne se limitent pas au secteur public lorsque c'est pertinent;
6) Permettre au commissaire à l'intégrité du secteur public l'accès à tout renseignement pertinent, y compris les documents ministériels protégés par le privilège du secret professionnel liant l'avocat à son client et les documents du cabinet, lors des enquêtes sur des actes répréhensibles commis dans la fonction publique;
7) Au sujet de l'accès à l'information, j'essaierai de ne pas être trop technique, mais ma position comporte trois volets. D'abord, l'identité des dénonciateurs devrait être protégée, comme le prévoit le projet de loi C-2. Cependant, l'identité des auteurs d'actes fautifs, y compris ceux trouvés responsables de représailles, devrait être divulguée, dans l'intérêt du public. Troisièmement, toute autre information recueillie dans le cadre d'une enquête devrait devenir publique une fois l' enquête terminée.
Merci, monsieur le président.
Monsieur Keyserlingk, bienvenue au comité.
La plupart d'entre nous avons observé avec grand intérêt ce que vous avez fait de votre « retraite » ces dernières années et vous sommes reconnaissants des sacrifices que vous avez faits en acceptant cette lourde responsabilité. Merci de la détermination dont vous avez fait preuve dans ce poste important.
Je m'intéresse particulièrement à la partie de vos recommandations qui porte sur l'éducation et les communications pour essayer autant que possible, dans l'administration publique, d'éviter avant tout des actes répréhensibles mais lorsqu'ils se produisent et qu'une personne se sent obligée de dénoncer ces actes par d'autres voies que par les voies habituelles, nous essayons de protéger ces personnes contre des représailles.
Compte tenu de votre expérience de ces dernières années, je me demande comment évolue ce volet de l'éducation de la fonction publique, notamment chez les fonctionnaires. Sommes-nous dans une situation où notre commissaire à l'intégrité doit rencontrer la fonction publique, faire bouger les choses, rétablir la situation et recommander la mise en place de plusieurs processus de plaintes, qui soient plus justes et qui permettent de mieux protéger les fonctionnaires? Ou diriez-vous qu'il faut plutôt envisager un bureau vers lequel on puisse se tourner en toute sécurité dans les rares occasions où les mécanismes internes ne fonctionnent pas, pour obtenir des résultats satisfaisants?
Je parle du volet éducation/communication, mais aussi du rôle principal de votre bureau. Est-ce que ce commissaire devrait faire partie de la fonction publique, même s'il est indépendant, et mener des examens quotidiens, ou s'agit plutôt d'une mesure de protection à utiliser lorsque les choses qui d'habitude se passent bien tournent mal?
:
Monsieur Keyserlingk, merci et bienvenue. D'abord, merci d'avoir été à l'origine des projets de loi C-25 et C-11 précédents. Tout le processus législatif visant à créer cette protection pour les fonctionnaires émane de vous, à titre d'agent de l'intégrité de la fonction publique. Merci enfin pour les sept amendements que vous nous proposez; je crois que c'est important.
Vous êtes probablement, avec tout le respect que je porte aux témoins que nous avons reçus plus tôt et à ceux que nous recevrons plus tard, le témoin le plus directement impliqué dans cette loi. Donc, vos amendements seront sûrement pertinents.
Je vais lire une partie de votre présentation et je vais vous poser quelques questions. Vous dites:
De plus, l'établissement d'un commissaire aux nominations publiques chargé d'établir des règles et des normes pour les concours ouverts et les processus de sélection [...] sont exemptes de tout conflit d'intérêts, de partisanerie et de favoritisme, représente une autre caractéristique positive du projet de loi [...]
Donc, dans le projet de loi C-2, il y a la création, par le premier ministre, d'un poste de commissaire aux nominations publiques. Le gouvernement a décidé, pendant qu'on délibérait, de créer immédiatement ce poste et, probablement, d'y apporter des correctifs ou des amendements à la suite des travaux du comité. Donc, il est possible d'appliquer immédiatement certaines parties du projet de loi et d'apporter des ajustements lorsque le projet de loi C-2 sera promulgué.
J'aimerais entendre votre opinion sur la demande de 11 syndicats regroupant près de 100 000 fonctionnaires — et peut-être sur votre demande afin de retourner à votre retraite — et sur l'application immédiate du projet de loi C-11. Selon vous, est-ce qu'il est hérétique d'appuyer la promulgation immédiate du projet de loi C-11 de la session précédente, quitte à y apporter des amendements par la suite par le truchement du projet de loi C-2? Cela est-il trop problématique?
:
J'ai bien compris votre question, monsieur, mais j'essaie de me rappeler si nous avons véritablement dit cela de cette façon.
Ce que nous voulions dire, c'est que nous aimerions avoir une définition plus large des représailles, une définition qui englobe les cas de représailles qui ne s'inscrivent pas dans le contexte relié à l'emploi; en d'autres termes, les représailles qui ne sont pas liées aux conditions de travail ou au contrat d'emploi, des représailles plus subtiles que cela.
Par exemple, il y a effectivement des gens qui sont ostracisés. En apparence, on ne leur refuse rien à quoi ils ont droit en vertu de leur contrat, mais il n'empêche qu'ils restent marginalisés et qu'après un certain temps, ils en viennent à constater clairement — du moins c'est ce qu'ils prétendent — que ce n'aurait pas été le cas s'ils n'avaient pas dénoncé un acte répréhensible.
À notre avis, la liste des éléments qui s'appliquent à la définition des représailles est trop limitée au milieu de travail. Je ne parle pas ici de représailles en dehors de la vie professionnelle, je me borne simplement à dire que, dans leur milieu de travail, il y certaines choses qui équivalent à des représailles mais qui ne sont pas expressément associées à leur contrat de travail ou à leur milieu de travail. L'exemple que j'utilise toujours est celui de l'ostracisme, ce genre de marginalisation qui fait que la personne n'est plus du tout prise au sérieux, que sa carrière ne progresse pas très rapidement, sans qu'on leur refuse manifestement ce à quoi la personne en question a droit, mais qui porte à penser que cela n'aurait pas été le cas s'il n'y avait pas eu dénonciation. Voilà le genre de plainte sur laquelle porte nos enquêtes. C'est donc la liste des éléments qui entrent en compte dans la définition des représailles qui est la vraie cible de notre attaque.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci mesdames et messieurs les membres du comité.
[Français]
J'aimerais d'abord vous remercier de me donner l'occasion de comparaître devant le comité ce matin.
[Traduction]
Je suis vraiment très heureuse d'avoir l'occasion de vous parler du travail très important qui vous attend.
[Français]
C'est une grande responsabilité qui vous a été confiée.
[Traduction]
Nous comprenons l'importance de faire avancer les choses, et mes observations de ce matin, monsieur le président, portent, selon moi, sur des questions relativement simples que, je l'espère, vous pourrez prendre en considération de façon positive. Le projet de loi dont vous êtes saisi, le projet de loi C-2, Loi fédérale sur l'imputabilité, est d' importance primordiale. En qualité de PDG de Postes Canada, je vous sais vraiment gré de la possibilité qui m'est offerte de prendre quelques minutes pour en traiter.
Nous comprenons très bien les efforts déployés par le gouvernement du Canada pour proposer des mesures visant à accroître la responsabilisation, ainsi qu'à accroître la transparence et la surveillance au sein de l'appareil gouvernemental. Nous savons que ces mesures sont généralement très appréciées au Canada.
Ces derniers temps, à Postes Canada, nous avons nous-mêmes pris les devants dans ce secteur. Nous avons adopté des mesures, y compris notre propre politique sur la dénonciation, entrée en vigueur le 1er janvier 2005, ainsi qu'une politique révisée et renforcée sur les conflits d'intérêts, qui sert à concilier nos employés et à leur indiquer avec plus de clarté comment ils doivent se conduire de façon plus personnellement intègre, plus honnête, et évidemment plus diligente dans l'accomplissement de toutes leurs tâches. En outre, monsieur le président, mesdames et messieurs, le comité de gouvernance du conseil d'administration de Postes Canada est présidé par Gordon Feeney, une personne très axée sur le secteur des entreprises et qu'un bon nombre d'entre vous avez rencontrée. Nous avons également établi de nouvelles procédures d'affaires pour l'approbation et la conservation de tous les dossiers traitant des déplacements et des dépenses d'hébergement concernant les membres du conseil et, bien sûr, des cadres supérieurs, y compris moi-même.
[Français]
Toutefois, je crois que certains aspects du projet de loi pourraient être améliorés un peu. Je ne vais pas vous suggérer des changements majeurs. En fait, je peux vous remettre le langage utilisé dans le projet de loi, si cela peut vous aider
[Traduction]
pour faire avancer les choses plus rapidement.
Comme vous êtes nombreux à le savoir, Postes Canada est une société d'État unique en son genre. Elle est très vaste, et constitue le sixième employeur en importance au Canada. Elle compte 71 000 employés, a des recettes de 7 milliards de dollars, et est peut-être la société d'État la plus complexe au Canada. La présence de cette société dans chaque province et dans la plupart des villes et villages du pays font d'elle une des sociétés dont le nom est le plus reconnu au Canada.
Nous sommes très heureux de pouvoir vous parler de Postes Canada en tant que marque de commerce. Certains d'entre vous savez que la marque Postes Canada est reconnue parmi les dix marques de commerce des entreprises les plus importantes du Canada. Je trouve que cela témoigne de la confiance que les consommateurs et les entreprises de partout au Canada accordent à Postes Canada. Monsieur le président, mesdames et messieurs, cela est directement lié à la sécurité du courrier. La marque de commerce de Postes Canada est axée sur la sécurité du courrier.
Le monde a changé au cours des cinq dernières années. Partout, toutes les questions touchant la sécurité ont acquis une bien plus grande importance pour tous les hauts fonctionnaires qu'elle n'en avait il y a cinq ans. Cela est également vrai pour Postes Canada, et peut-être plus encore, en raison de l'importance de la sécurité du courrier comme assise fondamentale de la marque de commerce de notre société.
La sécurité du courrier est menacée tous les jours. Je n'ai pas besoin de dire à certains d'entre vous, voire à la plupart d'entre vous, avec qui j'ai personnellement été en contact au cours de ma première année en qualité de PDG de cette société, combien nous nous préoccupons des questions concernant le vol d'identité. Toutefois, la menace à l'endroit du courrier s'exerce d'autres façons également.
Il est rare, monsieur le président, qu'une semaine se passe sans que nos opérations soient interrompues à l'un de nos grands centres de tri, celui de Toronto ou de Vancouver, par exemple, en raison d'inquiétudes portant sur des colis ou des lettres suspects. Cela interrompt les opérations, nous devons prévoir diverses procédures de manutention pour être certains que la sécurité du courrier est assurée avant que ce colis ou cette lettre passe à l'étape suivante du traitement.
Tous les jours, dans le cadre de leur travail ordinaire, nos employés doivent participer à des opérations de sécurité ou des opérations d'enquêtes. Ces opérations nécessitent souvent des alliances avec certains des organismes d'enquête les plus puissants au monde,-- pas seulement au Canada, mais dans d'autres parties du monde,-- afin d'assurer la sécurité du courrier, quitte à ce que nous devions travailler très fort pour y parvenir.
[Français]
Afin de protéger la capacité de la société de bien exécuter son mandat et d'assurer non seulement la sécurité du courrier et des employés qui sont impliqués dans le mouvement du courrier mais également la sécurité de la direction, nous devons transmettre un message voulant que nous prenions très au sérieux la poursuite des infractions.
[Traduction]
Toute infraction, tout délit qui menace la sécurité du courrier ou mine la confiance de la population à l'endroit de notre capacité à assurer la sécurité du courrier est traité très sérieusement à Postes Canada. C'est un acte criminel que de nuire à l'acheminement du courrier et cela nous a certainement aidés, au fil des années, à souligner l'importance que nous accordons à cet aspect de notre travail. C'est pourquoi cela est devenu la pierre d'assise de notre marque de commerce. Toutefois, je crois pouvoir dire, sans vouloir faire de reproche à qui que ce soit, que les procureurs généraux et les représentants du ministère public ont beaucoup de difficulté à accorder aux infractions qui minent la confiance du public quant à la sécurité des postes, l'importance que nous leur accorderions nous-mêmes.
C'est pourquoi, monsieur le président, à Postes Canada, nous applaudissons à l'idée de créer le bureau du directeur des poursuites pénales. Nous estimons que si ce bureau est amené à s'intéresser aux infractions concernant la sécurité du courrier, cela pourrait être très positif pour Postes Canada. Nous aurions ainsi le moyen d'accorder aux enquêtes et aux poursuites plus d'importance et plus d'attention, à l'instar de ce qui se fait pour les infractions concernant la Loi électorale du Canada et la Loi sur la gestion des finances publiques.
Postes Canada porte un intérêt particulier à cette question. Comme pour les infractions prévues par ces autres lois, il existe une série d'infractions concernant le courrier, et portant sur le vol d'identité, la sécurité nationale et l'utilisation du service postal à des fins terroristes. Vous avez dû entendre parler des menaces exercées par recours au courrier au lendemain des horribles événements du 11 septembre 2001. On envoyait des colis porteurs de charbon bactéridien et d'autres matières suspectes par la poste. Cela se produit, assez régulièrement. Heureusement, nous avons prévu des moyens de faire enquête sur toute situation suspecte dès qu'elle se manifeste. Toutefois, le fait de pouvoir intenter rapidement et diligemment des poursuites contre les auteurs de ces infractions nous apporte un appui utile, et je crois que le Bureau du directeur des poursuites pénales pourra nous aider.
Comme je l'ai dit au début, monsieur le président, nous avons proposé un certain libellé. Nous ne croyons pas que cela changerait grand-chose à ce qui se trouve actuellement sous vos yeux et sous ceux de vos collègues au sein du comité. Nous croyons que cela peut se faire assez simplement, et nous vous le proposons certainement à titre de légères petites corrections visant à améliorer le projet de loi.
[Français]
Postes Canada comprend l'objectif d'une plus grande transparence et meilleure reddition de comptes du gouvernement du Canada et appuie les principes visés par le projet de loi devant vous.
[Traduction]
Comme vous le savez, Postes Canada a des recettes annuelles de 7 milliards de dollars. On ne sait probablement pas très bien, monsieur le président, que 95 p. 100 de ces recettes proviennes des entreprises canadiennes, grandes ou petites. Pour ces 14 millions d'adresses, il est très important que nous acheminions leurs messages à leurs clients. Toutefois, nous évoluons dans un environnement très concurrentiel, bien plus concurrentiel qu'un bon nombre d'entre vous ne se l'imaginent.
:
Merci, monsieur le président.
Bon nombre d'entre vous connaissez la force de sociétés comme UPS et FedEx. C'est la concurrence, une concurrence très vigoureuse pour Postes Canada.
Par conséquent, monsieur le président, la Loi sur l'accès à l'information doit s'appliquer à Postes Canada de façon à ne pas miner notre capacité à continuer d'être concurrentiel et ce, d'une façon encore plus efficace alors que l'environnement devient de plus en plus intense. Nous comprenons que le paragraphe 18.1 qui est proposé touchant la Loi sur l'accès à l'information le fait dans une certaine mesure. Cependant, nous sommes d'avis qu'il est possible d'y apporter des changements, encore une fois dans l'esprit des petites modifications qui pourraient améliorer le projet de loi.
Nous aimerions faire quatre recommandations précises pour améliorer le projet de loi.
Tout d'abord, comme dans le cas de la SEE, de la SRC, de l'Énergie atomique du Canada et de la Société du Centre national des arts et aussi du Conseil de gestion de la pension de la Fonction publique, nous sommes d'avis que Postes Canada devrait avoir l'avantage du même libellé sur mesure, un libellé qui reconnaît et protège l'information liée à nos intérêts commerciaux essentiels en tant que société postale concurrentielle.
Monsieur le président, j'aimerais que vous sachiez que c'est le cas pour le service postal américain et pour d'autres services postaux — notamment l'Australie et le Royaume-Uni. Toute une série de mesures de protection ont été élaborées...
:
Je ferai vite, monsieur le président.
Deuxièmement, l'alinéa 18.1(2)b) qui est proposé à la Loi sur l'accès à l'information propose un libellé en ce qui a trait à deux programmes de Postes Canada que nous sommes fiers d'offrir au nom du gouvernement du Canada: la franchise postale du gouvernement et des documents en braille. Le principe qui justifie le fait que nous recevions une indemnisation pour ces programmes est en fait un bon principe, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une société commerciale. Bien que nous soyons très fiers d'avoir la confiance du gouvernement, nous aimerions proposer un petit amendement dans ce cas-ci afin de nous assurer que ce que Postes Canada recommande porte sur ces deux programmes spécifiques.
Troisièmement, étant donné les nombreuses activités d'application et d'enquête de Postes Canada dont j'ai parlé ci-dessus, le Bureau de sécurité d'entreprise de Postes Canada devrait être reconnu comme un organisme d'enquête aux termes de l'alinéa 16(1)a) de la Loi sur l'accès à l'information.
Enfin,
[Français]
en raison du volume d'information détenue par la société et de l'envergure de ses opérations, Postes Canada recommande que le comité considère de prolonger de 18 à 24 mois l'application de la Loi sur l'accès à l'information, et ce, afin de lui permettre de s'y préparer.
[Traduction]
Postes Canada est une grande société qui est très complexe et qui existe depuis très longtemps. En tant que société d'État, elle existe depuis 26 ans, et elle avait été créée 250 ans auparavant. Il nous faudra du temps pour relever le défi et répondre aux exigences de la Loi sur l'accès à l'information. Les experts dans le domaine nous disent qu'il faudra environ un an tout simplement pour recruter quelqu'un qui a les compétences nécessaires pour s'acquitter de nos responsabilités en matière d'accès à l'information.
Merci de votre attention, monsieur le président. Comme je vous l'ai mentionné, nous avons en fait proposé un libellé en ce qui a trait aux modestes améliorations que nous recommandons, afin de ne pas retarder les travaux de votre comité.
:
Merci, monsieur le président. Merci, madame Greene.
Comme vous le savez, en vertu de la Loi fédérale sur l'imputabilité, 19 nouvelles entités seraient inscrites à l'annexe 1 de la Loi sur l'accès à l'information, l'une d'entre elles, bien entendu, serait la Société canadienne des postes. Si je ne m'abuse, l'article 165 de la Loi sur l'accès à l'information donne d'une main, selon nous, tout cela est repris de l'autre parce que la LFI proposée crée également 10 nouvelles exemptions. Nous craignons que cela occasionne plus de secret au lieu de favoriser l'ouverture et la transparence.
Outre les exemptions déjà prévues, une exemption de classe sans limite est créée pour la Société canadienne des postes c'est-à-dire qu'il y aura une exemption objective sans limite de temps, donc une exemption permanente pour tout dossier contenant des renseignements financiers, commerciaux, scientifiques, techniques, etc., ce qui couvre à peu près toutes les activités de la Société, à l'exclusion peut-être des installations physiques. Nous craignons donc énormément que ces nouvelles exemptions... Je ne comprends pas pourquoi la Société canadienne des postes devrait faire l'objet de ces exemptions quand le ministère des Finances, par exemple, est visé par toutes les dispositions de transparence de la Loi sur l'accès à l'information et parvient à protéger les renseignements confidentiels financiers très importants qui, s'ils étaient divulgués, mèneraient l'économie à la ruine.
Comment se fait-il donc que la Société canadienne des postes ait besoin d'une protection supplémentaire quand des institutions comme le ministère des Finances s'accommode très bien des exclusions et des exemptions prévues dans la Loi sur l'accès à l'information?
:
Monsieur le président, voici le texte de la motion :
Que le comité tente de terminer ses travaux au sujet du projet de loi C-2 avant l'ajournement de la Chambre pour la relâche estivale à la fin juin 2006 et que s'il en est incapable, il continue de siéger sans interruption durant l'été jusqu'à ce qu'il ait terminé son travail, ce nonobstant l'ajournement du Parlement.
Je pourrais la lire en français, mais je suppose que la traduction est assez claire.
Voici la raison de ma motion : Je pense que les membres du comité sont de bonne foi et qu'ils reconnaissent qu'il nous faut terminer notre travail le plus vite possible. Le débat dure depuis plusieurs années. La vérificatrice générale a présenté son rapport sur les commandites dès 2003. Nous sommes à la mi-2006 et nous n'avons pas encore la réponse législative du gouvernement fédéral. Je pense que trois années de discussion suffisent. Nous sommes saisis d'un projet de loi très complet auquel tous les partis ont donné leur appui.
Cette motion vise à réaffirmer l'engagement du comité à faire adopter ce projet de loi avant l'été. Elle illustre la volonté des membres du comité de s'atteler à la tâche, même si cela signifie des sacrifices personnels. On nous paie non pas pour parler mais pour agir. Je suis convaincu que les membres de ce comité, quel que soit le parti auquel ils appartiennent, veulent accomplir quelque chose pour les contribuables qui les ont élus, même si cela signifie de sacrifier une partie du temps personnel dont les députés peuvent jouir habituellement l'été.
Je propose que nous siégions tant que le travail ne sera pas accompli, monsieur le président, et que nous travaillions vigoureusement. En même temps, cette motion nous permet d'entendre autant de témoins que nécessaire. En fait, elle nous donne plus de temps pour l'étude, pour les délibérations, pour la présentation d'amendements et pour l'analyse article par article. À cet égard, monsieur le président, nous gagnons sur tous les tableaux: nous terminons notre travail au profit de la population canadienne et nous disposons de tout le temps nécessaire pour mener notre tâche à bien.
Enfin, cela signale aux contribuables qui nous ont élus que nous sommes sérieux dans notre intention d'accomplir ce que nous avons promis pendant la campagne électorale.
Voilà.
:
À mon avis, il s'agit d'une excellente présentation de M. Poilievre sur la volonté commune des membres du comité d'adopter le projet de loi C-2 le plus rapidement possible. Cependant, j'observe quelques légères failles et je me permets de les exprimer publiquement.
Premièrement, si les membres du comité sont très sincèrement unis face à l'idée d'adopter le plus rapidement possible un filet de protection pour les fonctionnaires dénonciateurs, nous avons la possibilité de le faire. En effet, le gouvernement a ce pouvoir entre les mains. Il suffit d'adopter immédiatement le projet de loi C-11 et de permettre aux membres du comité de faire une étude sérieuse du projet de loi C-2.
Certains disent que si les députés de l'opposition étaient sincères, ils feraient l'étude du projet de loi à grande vitesse afin de protéger les fonctionnaires. Je crois que cette théorie est relativement faible, du fait de l'existence du projet de loi C-11, que les conservateurs s'obstinent à ne pas vouloir mettre en application. Il s'agit du premier problème.
Le deuxième problème, c'est que nous avons entendu environ huit témoins jusqu'à maintenant, et tous nous ont dit que le projet de loi C-2 était bien, mais qu'il devrait être amendé. Or, M. Poilievre se sent investi d'une mission, comme Moïse avec les dix commandements au mont Sinaï. En effet, ce dernier était en possession d'un document parfait qui émanait de Dieu. Tout comme nous l'ont signalé les huit témoins que nous avons entendus, qui étaient de bonne foi et qui ne voulaient pas se servir de mesures dilatoires, même si le projet de loi est bien rédigé, nous devons l'étudier sérieusement.
Est-ce que M. Poilievre et les conservateurs peuvent dire que les huit témoins qui ont comparu devant le comité, incluant M. Cutler et Mme Fraser, étaient de mauvaise foi parce qu'ils ont proposé des amendements sérieux au projet de loi C-2? J'ose espérer que non. Du moins, s'ils vérifient la liste, ils verront que les témoins ne sont pas des membres du Bloc québécois. Je crois qu'ils sont venus ici à titre de professionnels pour nous dire que le projet de loi C-2 devait être étudié sérieusement.
Toutefois, comme nous l'avons déjà dit, nous allons continuer d'affirmer que nous voulons que les fonctionnaires aient une protection sérieuse, premièrement en faisant adopter le projet de loi C-11. Deuxièmement, puisque les conservateurs s'obstinent à ne pas vouloir l'adopter avec des mesures transitoires, je propose un l'amendement suivant à la proposition qui est devant nous:
Que le comité tente de terminer ses travaux au sujet du projet de loi C-2 avant l'ajournement de la Chambre pour la relâche estivale, à la fin de juin 2006, et, s'il en est incapable, qu'il poursuive ses travaux jusqu'au 30 juin 2006, pour ensuite ajourner jusqu'au premier lundi du mois d'août 2006, soit le 7 août, si nécessaire, nonobstant l'ajournement estival du Parlement.
S'il y avait une volonté depuis six mois de protéger les fonctionnaires, le projet de loi C-11 serait mis en application. Je propose donc qu'on siège jusqu'au 30 juin et qu'on revienne le 7 août, si nécessaire, pour entendre les autres témoins. C'est la motion que je propose. Merci.