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SVET Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 1re SESSION

Sous-comité des anciens combattants du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le jeudi 21 mars 2002




¿ 0905
V         La présidente (Mme Colleen Beaumier (Brampton-Ouest--Mississauga, Lib.))
V         M. Louis Plamondon (Bas-Richelieu--Nicolet--Bécancour, BQ)
V         La présidente
V         M. Louis Plamondon
V         M. Roy Bailey (Souris--Moose Mountain, Alliance canadienne)
V         M. Louis Plamondon
V         La présidente
V         M. André Smith (directeur général, Projet de restauration des monuments commémoratifs canadiens des champs de bataille, ministère des Anciens combattants:

¿ 0910

¿ 0915

¿ 0920

¿ 0925
V         

¿ 0930

¿ 0935

¿ 0940

¿ 0945

¿ 0950

¿ 0955

À 1000
V         

À 1005
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith
V         M. Wood
V         M. Roy Bailey

À 1010
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood
V         Mme Elsie Wayne (Saint John, PC/RD)
V         M. André Smith

À 1015
V         Mme Elsie Wayne
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith
V         M. Wood
V         Mme Elsie Wayne
V         M. Bob Wood
V         Mme Wayne
V         M. Wood
V         Mme Wayne
V         M. Wood
V         M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.)

À 1020
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith

À 1025
V         M. Bob Wood
V         Mme Colleen Beaumier
V         M. André Smith
V         Mme Colleen Beaumier
V         M. André Smith
V         M. Wood
V         M. André Smith
V         Mme Colleen Beaumier

À 1030
V         M. André Smith
V         Mme Colleen Beaumier
V         M. André Smith
V         Mme Colleen Beaumier
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood
V         M. Roy Bailey
V         M. André Smith
V         M. Roy Bailey
V         M. André Smith
V         M. Roy Bailey
V         M. André Smith

À 1035
V         M. Roy Bailey
V         M. André Smith
V         M. Bailey
V         La présidente
V         M. Bob Wood

À 1040
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood

À 1045
V         M. André Smith
V         La présidente
V         M. Roy Bailey

À 1050
V         M. André Smith

À 1055
V         La présidente
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith
V         M. Bob Wood
V         M. André Smith
V         M. Wood
V         M. André Smith
V         La présidente

Á 1100
V         M. André Smith
V         La présidente










CANADA

Sous-comité des anciens combattants du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


NUMÉRO 006 
l
1re SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 21 mars 2002

[Enregistrement électronique]

¿  +(0905)  

[Traduction]

+

    La présidente (Mme Colleen Beaumier (Brampton-Ouest--Mississauga, Lib.)): Je déclare ouverte la séance du Sous-comité des anciens combattants du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, il s'agit d'une séance d'information sur le Projet de restauration des monuments commémoratifs canadiens de champs de bataille.

    Bonjour à tous. Nous commencerons par un exposé. Nous accueillons comme témoin M. André Smith, du ministère des Anciens combattants.

    Soyez le bienvenu, monsieur Smith.

[Français]

+-

    M. Louis Plamondon (Bas-Richelieu--Nicolet--Bécancour, BQ): Madame la présidente, je voudrais invoquer le Règlement avant de commencer.

    Il s'agit des jours de réunion. La première fois que nous nous sommes réunis, c'était un mercredi après-midi. Je croyais que le comité se réunirait toujours le mercredi après-midi et j'ai réservé le jeudi pour mes autres réunions. Tout à l'heure, par exemple, j'ai quelque chose à 9 h 30. J'avais cru qu'on se réunirait toujours le mercredi.

    Est-ce que ce sera toujours le jeudi à l'avenir? Quelle sera la journée de notre réunion?

[Traduction]

+-

    La présidente: C'est une objection valable, mais pourrions-nous en parler après la réunion?

+-

    M. Louis Plamondon: Je dois partir à 9 h 30 parce que je ne savais pas quel jour nous allions nous réunir. Il vaudrait mieux décider tout de suite si nous voulons toujours nous réunir le même jour.

[Français]

Pourquoi n'est-ce pas le mercredi? On réglerait cela tout de suite.

[Traduction]

+-

    M. Roy Bailey (Souris--Moose Mountain, Alliance canadienne): Madame la présidente, si cela ne dérange pas notre invité, nous pourrions peut-être le faire. Cela ne devrait pas nous prendre plus de cinq ou 10 minutes. Si nous pouvons avoir le consentement des membres du comité, réglons tout de suite cette question.

+-

    M. Louis Plamondon: Nous pourrons en parler après les vacances. Je prendrai ma décision.

+-

    La présidente: Bon, merci.

    Monsieur Smith.

+-

    M. André Smith (directeur général, Projet de restauration des monuments commémoratifs canadiens des champs de bataille, ministère des Anciens combattants: Je vous remercie, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, mesdames et messieurs. Au nom du ministère des Anciens combattants, je vous remercie de nous donner l'occasion de vous parler aujourd'hui de ce projet merveilleux, passionnant et important qu'est la restauration des monuments commémoratifs canadiens des champs de bataille.

    Je voudrais tout d'abord consacrer quelques minutes de mon exposé à vous expliquer pourquoi la contribution canadienne sur la scène mondiale pendant cette période est tellement importante. C'est d'après moi un élément vraiment essentiel pour comprendre pour quelles raisons nous sommes ici aujourd'hui et pourquoi nous voulons mener à bien ce projet au cours des cinq prochaines années. Je ne prétends pas être historien, mais j'ai préparé un petit résumé des faits pertinents qui devrait rendre les choses plus claires.

    Par ailleurs, avant de commencer, je voudrais aussi préciser que le financement accordé à ce projet provient d'une source indépendante. Il vient directement du Conseil du Trésor. L'argent consacré à la restauration de ces monuments commémoratifs ne vient pas du ministère des Affaires des anciens combattants. Même mon équipe, mon organisation, et toute notre administration sont financées séparément avec l'argent du projet. Cet important travail n'a donc aucune conséquence sur les programmes ou les prestations dont bénéficient les anciens combattants.

    En 1914, le Canada comptait 8 millions d'habitants. Nous étions composés de neuf provinces et notre économie était basée sur l'agriculture. En tant que Dominion britannique, nous ne pouvions pas faire notre propre déclaration de guerre. Elle a été faite pour nous. À l'époque, nos forces armées ressemblaient plutôt à une défense territoriale, reliquat de la campagne de la Guerre des Boërs. Mais le 18 août 1914, l'entraînement a commencé au Canada. On se préparait à la bataille. Trois mois plus tard seulement, un convoi de 31 navires, transportant 31 000 soldats, est parti de Québec pour la Grande-Bretagne. Ils ont été rejoints au large des côtes par un contingent de 500 Terre-Neuviens et les 32 navires ont navigué de concert jusqu'en Europe.

    Malgré cet énorme effort entrepris sur une si courte période, le Canada ne jouait certainement pas un grand rôle à l'époque sur la scène mondiale. Pourtant, en 1918, les Canadiens étaient devenus une légende d'invincibilité. Ils étaient connus comme des combattants hors pair et des penseurs tactiques sur les champs de bataille, grâce à des techniques et à des méthodes nouvelles et originales. Les Canadiens étaient considérés comme les troupes de choc. Lorsqu'ils arrivaient au front, l'ennemi savait parfaitement qu'en quelques heures, il y aurait une attaque imminente.

    Cette guerre a été l'aube de la guerre mécanisée. Finies les terribles charges de cavalerie, finies l'infantrie et les bayonnettes au canon, terminées les marches épaule contre épaule face à l'ennemi.

    Le Canada a eu sa part de héros. Frederick Thornton Peters de l'Île-du-Prince-Édouard a été l'officier naval le plus dévoué et le plus décoré de la Grande Guerre. Billy Bishop a été l'as de l'aviation alliée, avec 72 cibles touchées. Jean Brillant était un fantassin du 22e Bataillon qui a été blessé trois fois en une seule bataille, pourtant il a continué à commander ses hommes jusqu'à ce qu'il expire de ses blessures. En tout, les Canadiens se sont vu décerner 70 Croix de Victoria pendant la Première Guerre mondiale. Nos aviateurs servaient dans le Royal Flying Corps, dans lequel il y a eu 27 as en tout. Parmi eux, 10 étaient des Canadiens.

    La guerre s'est terminée pour les Canadiens sur le front ouest le 11 novembre 1918 à Mons, en Belgique, à un endroit qui se trouve à quelques pas du lieu où les premiers coups de feu ont été tirés par le Corps expéditionnaire britannique le 22 août 1914. Les efforts des Canadiens et des Terre-Neuviens pendant la Grande Guerre ont contribué à définir le Canada comme une nation. À l'époque du Traité de Versailles, le Canada a insisté pour signer comme pays de plein droit, et ce désir a été respecté. On a rendu hommage au Canada pour sa participation extraordinaire et ses exploits militaires pendant la première guerre mondiale. Les succès militaires canadiens étaient devenus légendaires mais le coût en jeunes vies canadiennes—les blessés et les morts—était horrible.

¿  +-(0910)  

    Saint-Julien commémore la première résistance héroïque de la 1re Division canadienne pendant trois jours. C'était la première attaque au gaz toxique. Nous avions 18 000 hommes dans les tranchées et il y a eu de lourdes pertes: 2 000 morts. Pourtant, les Canadiens ont tenu bon alors que les autres ont plié et se sont enfuis.

    Les hommes qui se battaient dans ces tranchées faisaient partie des premières troupes arrivées en Belgique. En fait, certaines des premières troupes de la 1re Division constituaient le premier groupe à prendre pied sur le continent et à livrer bataille. Leur équipement était très rudimentaire. Ils avaient encore des couvre-chefs en tissu. On n'avait jamais entendu parler d'un masque à gaz. L'ennemi utilisait du chlore et il n'y avait qu'une seule façon de le combattre. L'un des soldats avait quelques connaissances en chimie et il a encouragé les hommes à uriner sur des morceaux de tissu et se les mettre sur le visage. C'est de cette façon qu'ils ont réussi à défendre la ligne ce jour-là.

    Les succès canadiens à Vimy sont dus autant à la science du combat des officiers et des soldats sur le champ de bataille qu'à la qualité du travail de planification, aux préparations soigneuses et à l'entraînement effectué pour cette bataille. Les Canadiens étaient très novateurs, ils ont inventé des termes comme le «barrage roulant», ils ont inventé les raids de tranchées et les opérations antibarbelés ainsi que l'utilisation de rôles et de tactiques différents. En fait, les soldats s'entraînaient sur des champs de manoeuvre simulant le terrain qu'ils allaient essayer de prendre. Selon l'une des méthodes mises au point par le Canada, chaque homme dans une unité comprenait et savait quel était son rôle ainsi que celui de son officier. Si quelqu'un tombait, il y avait un plan de rechange pour être sûr que l'attaque puisse se poursuivre et ne pas faiblir.

    Du 8 août à l'Armistice—période connue sous le nom des Cent derniers jours—les forces canadiennes ont dirigé la poussée qui a abouti à la rupture de la ligne Hindenburg. Les victoires remportées par le Canada à Le Quesnel, Dury et Bois Bourlon ont été essentielles pour les alliés. Ces monuments canadiens se trouvent sur les terres sacrées où se sont déroulées ces batailles et ces victoires déterminantes.

    Pendant cette période, le Corps d'armée canadien avait capturé 32 000 prisonniers, 623 canons lourds, 28 000 mitrailleuses et 336 mortiers. Nous avions libéré 228 villes, bourgs et villages français et belges. Nous avions aussi libéré plus de 500 milles carrés de territoire. Les Canadiens s'étaient battus et avaient vaincu rien de moins que 47 divisions , ce qui représentait plus du quart de la force ennemie totale sur le front ouest. Mais le coût de la victoire était très, très élevé. Nous avons eu 67 000 morts, dont 38 infirmières.

    Il est important de signaler que le ratio entre blessés et morts pendant la Première Guerre était de 3 pour 1. Pour chaque soldat mort, il y avait trois blessés graves. C'était très important parce qu'un seul blessé représentait presque une perte pour son côté parce qu'il fallait au moins deux autres soldats—le brancardier et le médecin—pour s'occuper de lui. Malgré tout, le Canada était très novateur car il disposait d'un excellent service de santé. J'ai parlé des infirmières et de très nombreux Canadiens ont été sauvés grâce aux efforts des personnels médicaux se trouvant sur la ligne de front.

    Après la Grande Guerre, le Canada a créé la Commission des champs de bataille nationaux, par décret, le 2 septembre 1920. Cet organisme était chargé de superviser le choix et la construction de monuments commémoratifs appropriés. Il est important de souligner que cet organisme regroupait un mélange de professionnels reconnus, d'artistes, d'architectes, d'historiens et d'anciens militaires, en gros un échantillon représentatif de la société canadienne. Ces monuments commémoratifs devaient servir de lien tangible entre ceux qui étaient morts et avaient souffert et ceux qui avaient survécu ainsi que leurs familles. Ils devaient nous rappeler à tout jamais que les droits et privilèges dont nous jouissons aujourd'hui ont été obtenus au prix d'un très lourd sacrifice.

    Il est important de replacer ceci dans le contexte de l'après-Première Guerre mondiale et de la Grande dépression. Il y a eu des déplacements de coûts et des retards, mais le gouvernement du Canada n'a jamais fléchi dans sa volonté de construire des monuments commémoratifs des champs de bataille de la Première Guerre mondiale. La volonté de préserver les lieux particulièrement sacrés sur lesquels s'était forgée la nation canadienne était indomptable.

    Durant la construction du Mémorial de Vimy, 12 autres monuments commémoratifs furent aussi construits. Il est important de se souvenir que c'était pendant une période de grande difficulté économique, en plein coeur de la Grande dépression. À un moment donné en 1930, Terre-Neuve, qui avait énormément souffert de ses pertes humaines et économiques fut sur le point d'abandonner son mémorial le plus important, celui de Beaumont-Hamel. Les habitants de la province en étaient arrivés là. Ce n'est que grâce à une intervention du gouvernement du Canada et de la Commonwealth War Graves Commission que le Mémorial de Beaumont-Hamel fut sauvé et demeure aujourd'hui l'un de nos sites les plus importants.

¿  +-(0915)  

    Aujourd'hui encore, le Mémorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel est si important que la première partie de la journée du 1er juillet demeure une journée de souvenir et de deuil à Terre-Neuve. C'est le 1er juillet 1916 que la Bataille de la Somme a commencé. Ce jour-là, 800 Terre-Neuviens ont sauté le mur à Beamont-Hamel. Le lendemain soir, lors de l'appel, 68 seulement pouvaient répondre présent. Ce seul jour, le 1er juillet, 24 000 soldats alliés furent tués.

    Le plus connu de nos mémoriaux est le Monument commémoratif canadien de Vimy. Sa construction a duré 11 ans et 10 000 visiteurs s'y rendaient déjà chaque année en pèlerinage à l'époque. Grâce à l'aide du gouvernement canadien et de la Légion canadienne, plus de 6 200 anciens combattants canadiens, soldats, membres de leurs familles et amis purent se rendre en France par bateau pour la cérémonie d'inauguration en 1936.

    Ce fut probablement le premier de nos grands pèlerinages. Je taquine toujours un peu mon député—très gentiment je vous assure—en lui rappelant que ce pèlerinage, qui comportait un séjour de deux semaines en Angleterre et en France, avait coûté 160 $ à chacun des participants. Évidemment, en dollars d'aujourd'hui, ce serait un peu plus.

    Quoi qu'il en soit, cinq navires furent affrétés et quittèrent Québec avec ces 6 200 Canadiens à bord. La cérémonie elle-même fut présidée par le roi Édouard VIII. Il souligna dans son discours que le Mémorial de Vimy était un monument à la mémoire non pas de l'homme mais d'une nation.

    Cette manifestation fut si populaire qu'on dût en fait repousser de nombreuses personnes qui voulaient y assister. Les Français, qui vouaient aux Canadiens une gratitude éternelle pour l'aide qu'ils leur avaient apportée pour libérer leur pays, voulaient envoyer 60 000 soldats. Cela n'était pas possible parce que le site n'est pas assez grand, et vous le savez si vous y êtes allé. Mais finalement, il y avait plus de 60 000 personnes présentes pour cette cérémonie d'inauguration. En tout, en comptant les Canadiens qui avaient fait la traversée et ceux qui étaient déjà sur place, on estime qu'il y avait 10 000 Canadiens dans l'assistance. Et il est bon de souligner que si Vimy n'a été qu'une victoire dans toute une série de victoires canadiennes impressionnantes, c'est ce site qui a été choisi par notre pays pour symboliser l'arrivée à maturité de notre nation.

    Durant la Deuxième Guerre mondiale, la France a de nouveau été envahie. Vimy n'a pas échappé à la règle. Mais même si les Allemands ont envahi la France et ont occupé notre site à Vimy, le monument lui-même n'a pratiquement pas été endommangé. Nous avons pris grand soin de le protéger du mieux possible. Vous pouvez voir sur la photo que nous vous avons remise que nous avions protégé les principales statues, mais que le monument lui-même a subi peu de dégâts. Le site a souvent été très négligé durant cette période car notre gardien a été emprisonné à Paris par les Allemands. Sa femme a été conservée comme femme de ménage pour les Allemands, qui occupaient la maison du gardien sur le site et qui avaient d'ailleurs installé un QG opérationnel sur la crête de Vimy.

    Si le site lui-même n'a pas beaucoup souffert, l'occupation allemande a cependant représenté une perte énorme pour nous car tous les documents sur la construction de Vimy—la planification, les dessins initiaux, les plans d'architecte, ont été détruits. Ils étaient entreposés dans la maison et malheureusement les Allemands s'en sont servis pour allumer du feu dans la cheminée quand il faisait froid le matin sur cette crête glaciale de Vimy.

    Le monument de Vimy et d'autres monuments commémoratifs ont survécu aux ravages de la Deuxième Guerre mondiale, mais ils n'ont pas survécu aux ravages de mère nature, et c'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui. Le projet dans lequel nous nous sommes lancés a pour but de restaurer les monuments commémoratifs des champs de bataille canadiens. Après des années de recherche, d'étude et de préparation minutieuses, le ministère des Anciens combattants dispose maintenant du financement nécessaire pour restaurer ces sites.

    La planification a débuté officiellement à l'automne de 2001. Nous pensons que c'est l'un des plus grands projets de notre ministère depuis une décennie et nous espérons qu'il y aura un vaste écho dans le public. C'est une entreprise sur cinq ans qui nous permettra de régler les problèmes sanitaires et de sécurité dans tous nos sites commémoratifs de la Première Guerre mondiale, et qui nous permettra aussi de protéger nos avoirs à l'étranger. Grâce à ce projet, nous pourrons réparer et restaurer pour longtemps le monument de Vimy. Nous pourrons aussi intervenir sur les détériorations des autres mémoriaux, faire les réparations de briques et de ciment nécessaires et faire les réparations générales indispensables. Grâce à ce projet, Anciens combattants Canada sera en outre mieux équipé à l'avenir pour s'occuper de ces sites. Nous espérons que les travaux prioritaires seront terminés d'ici juillet 2006.

¿  +-(0920)  

    Nous avons divisé le projet en quatre sous-projets. Le premier, le plus visible, et celui qui est notre première priorité, c'est la restauration du Monument commémoratif de Vimy. Le second aspect du projet, c'est la remise en état des 12 autres mémoriaux. Nous espérons aussi régler le problème de la conservation des champs de bataille de Vimy et de Beaumont-Hamel. Je tiens cependant à préciser d'emblée que cela ne sera possible que s'il reste des fonds une fois que nous aurons mené à bien nos deux autres priorités. Enfin, la dernière priorité est un projet de cartographie et de détermination des risques des couches souterraines de Vimy et de Beaumont-Hamel.

    Il y a 13 sites au total. Neuf sont situés en France et quatre en Belgique. Les sites de Terre-Neuve se présentent de façon identique et sont commémorés par un caribou de bronze placé sur un promontoire de pierre et entouré d'arbres et de bosquets de Terre-Neuve. Le caribou est l'emblème du Royal Newfoundland Regiment. À part Vimy et Saint-Julien, tous les sites commémoratifs canadiens sont conçus et réalisés de façon semblable.

    Durant la Première Guerre mondiale, les opérations canadiennes se sont essentiellement déroulées dans le nord de la France et en Belgique. Sur cette carte, voyez le front de l'ouest qui va de la Manche jusqu'à la frontière suisse, et s'étend sur environ 1 000 kilomètres. Les tranchées dans lesquelles les soldats alliés et allemands s'enterraient des deux côtés du front étaient souvent à moins de 35 mètres l'une de l'autre. Notez que ces tranchées n'ont pas avancé ou reculé de plus de 10 à 30 kilomètres durant toute la durée de la guerre.

    Autre fait intéressant, si nos disparus en France sont commémorés sur le monument de Vimy, d'autres disparus Canadiens sont aussi commémorés essentiellement sur la Porte Menin à Ypres, et nos soldats de l'armée de l'air et de la marine disparus sont commémorés sur d'autres mémoriaux pertinents au Royaume-Uni. Sur la Porte Menin, on peut voir le nom de 7 024 Canadiens disparus qui ont donné leur vie dans les batailles de Belgique.

    Pour en revenir à la crête de Vimy, cette crête était importante parce que c'était une position extrêmement stratégique pour les Allemands. C'est devenu la Forteresse Vimy parce que c'était une ligne de repli pour les Allemands quand ils ont été repoussés de Paris. Ils se sont dit, à juste titre, que c'était un site qu'ils pourraient facilement défendre pendant toute la guerre. Pendant les trois ans qui ont précédé l'assaut de Vimy par les Canadiens, les Britanniques et les Français n'avaient pas cessé d'essayer de prendre cette crête, et avaient perdu plus de 200 000 soldats. À eux seuls, les Français ont eu 130 000 hommes tués ou blessés dans les assaults donnés à la crête.

    Vimy était l'une des positions défensives les plus fortes de tout le nord de la France. En effet, la crête de Vimy—et j'ai un petit film vidéo qui va vous donner une idée de ses approches et de sa hauteur—protégeait une région appelée la plaine de Douai et la grande ville industrielle de Lens ainsi que d'autres localités de cette région de production de charbon. C'était la plus grande réserve de charbon de cette région de la France, et de tout le nord de l'Europe en fait, et les Allemands avaient absolument besoin de ce charbon pour alimenter leurs machines de guerre.

    Nous allons regarder rapidement ce petit film vidéo pour vous donner une idée de la hauteur de cette crête et de la zone stratégique qu'elle protégeait.

    [Note de la rédaction: Présentation de film vidéo]

¿  +-(0925)  

+-

    Ce qui ressemble à des montagnes à l'arrière-plan, ce sont en fait des tas de résidus miniers. Ils sont énormes, et ils couvrent toute cette zone.

    Le Monument commémoratif canadien de Vimy est le premier monument commémoratif canadien de la Première Guerre mondiale en Europe. Le site couvre 290 acres de terrain. Si l'on superposait le site du Mémorial de Vimy sur le centre d'Ottawa, il s'étendrait du Marché Byward jusque de l'autre côté du canal, en englobant la majorité de la rue Wellington, les édifices du Parlement, la Cour suprême, les plaines Lebreton et jusqu'à la rivière des Outaouais. Aucun autre pays n'a une telle superficie ou un tel type de terrain.

    Cette terre a été cédée au Canada par la France à perpétuité en 1922. Initialement, il s'agissait de 10 acres, là où se trouve le mémorial actuellement. Mais le gouvernement canadien de l'époque avait des sentiments très forts, comme les citoyens…il y avait dans la population une profonde conviction que cette terre était sacrée et qu'il fallait la protéger. Agissant au nom des Canadiens, le gouvernement a donc contacté le gouvernement français pour acquérir du terrain supplémentaire. Il voulait acquérir une partie du champ de bataille, les tranchées de première ligne à partir desquelles les Canadiens avaient lancé leur assaut. Le Parlement français, sans hésiter, a adopté une loi faisant don de cette terre au Canada pour qu'il puisse l'utiliser à perpétuité comme mémorial de guerre.

    Il est intéressant de remarquer que ces dix acres nous sont donnés à perpétuité. Si nous devions quitter Vimy pour une raison quelconque, cette terre demeurerait malgré tout un mémorial canadien. Le reste du terrain nous est confié tant que nous le conserverons comme site de mémorial et d'interprétation.

    Il est aussi important de remarquer que les terres agricoles sont une denrée très convoitée dans cette région de la France. Il s'agissait donc d'un cadeau très important, parce que cela signifiait qu'on supprimait plusieurs collectivités agricoles qui existaient là-bas. Toutefois, je sais que les Français n'ont jamais regretté cette décision et que Vimy est tout simplement l'un des monuments commémoratifs de la guerre que l'on se doit d'aller visiter dans cette région du pays.

    Je vais vous décrire rapidement le site; la partie nord en haut, c'est la zone du monument, avec une place d'armes devant. C'est cette place d'armes que nous avons toujours utilisée pour nos cérémonies. Le reste du terrain tout autour du monument, ce sont des champs de bataille.

    Nous avons là-bas un petit site qui sert de centre pour les visiteurs et de centre d'interprétation. Il est devenu très important pour les nombreux visiteurs qui viennent à Vimy. Il y a aussi une maisonnette de guide, car nous avons un guide et un programme d'interprétation, et il y a aussi un terrain de stationnement.

    Si vous suivez la route en direction du sud, vous êtes sur ce que l'on appelle l'Allée des Érables, ou Maple Avenue. Dans le coin ouest se trouvent deux cimetières, le Cimetière canadien no 2 et le Cimetière canadien de Givenchy Road. Plusieurs d'entre vous ici étaient là lors du rapatriement du soldat inconnu. C'est de là qu'est partie la cérémonie. C'est là que la Commonwealth War Graves Commission a remis les restes de notre soldat inconnu aux troupes françaises qui ont défilé le long de l'Allée jusqu'au monument.

    Si vous obliquez vers le sud-est, vous arrivez dans la longue partie en «botte» du site. C'est là que se trouvaient les tranchées, c'était la ligne de front. Nous avons environ quatre kilomètres de tranchées canadiennes et allemandes, à la fois des tranchées avancées et des tranchées de réserve. C'est tout un réseau complet, et l'un des seuls sites au monde où l'on peut voir un terrain de bataille de la Première Guerre mondiale intact. Cette zone demeure truffée de cratères creusés aussi bien par les obus que par les mines souterraines. Il y a tout un réseau, une catacombe de tunnels. Nous avons un tunnel ouvert au public, le souterrain Grange. La superficie totale est de plus de 100 acres, mais une bonne partie n'est pas ouverte et accessible au public car nous ne l'avons pas encore sécurisée.

¿  +-(0930)  

    La préservation de ce champ de bataille unique de la Première Guerre mondiale, avec ses trous d'obus, ses mines et ses munitions non exposées, constitue un défi lorsqu'on accueille dans le site du mémorial près d'un million de visiteurs par an, dont 750 000 à Vimy et 250 000 à Beaumont-Hamel. Bien des parcs nationaux ici au Canada ont moins de visiteurs que cela. Malheureusement, il n'y a peut-être pas autant de Canadiens que nous le souhaiterions, mais nous constatons une progression dans leur nombre. Sur ce million de visiteurs, près de 400 000 sont des écoliers français, anglais et hollandais, et il y a aussi beaucoup de visiteurs allemands.

    Il y a de nombreuses zones dangereuses qui sont interdites au public. Des panneaux rouges signalent les zones interdites parce qu'il y a encore là des obus non explosés, ainsi que certaines zones que nous n'avons pas encore pu déclarer totalement sûres pour le public. Il y a toujours un risque d'effondrement ou de glissement de terrain, et le secteur est encore plein de cratères.

    Il faut trouver un équilibre entre ces dangers et le souhait des visiteurs d'explorer complètement le site. Notez qu'une partie du terrain de bataille est ouverte au public. Les visiteurs peuvent s'y promener parmi les moutons. Nous utilisons 600 moutons pour préserver une apparence impeccable au terrain de Vimy et de Beaumont-Hamel. C'est un terrain très accidenté, avec des cratères très profonds, et les moutons sont le seul moyen que nous ayons pour tondre l'herbe, parce que nous n'avons pas encore trouvé une machine capable d'en faire autant.

    La restauration du Monument commémoratif de Vimy sera la partie la plus importante et la plus intensive de ce travail. Nous pensons qu'elle coûtera dans les 20 millions de dollars. Les pratiques actuelles utilisées pour effectuer les réparations à Vimy seront adaptées de façon à garantir une longue conservation de ce site historique national. En 1997, Vimy et Beaumont-Hamel ont été désignés les deux premiers sites historiques nationaux à l'extérieur des frontières du Canada. Le travail à Vimy consistera à réparer la pierre et la maçonnerie, à consolider la structure d'ensemble et à améliorer un certain nombre d'éléments mal conçus et mal adaptés. Nous nous efforcerons de retrouver l'esprit initial de la commémoration.

    En raison de la taille de Vimy, cette entreprise de réparation est colossale. L'édifice a la hauteur d'un immeuble de 10 étages, deux fois plus que le Cénotaphe à Ottawa et un peu moins de la moitié de la hauteur de la Tour de la paix. Il couvre 2 000 mètres carrés de terre et contient 15 000 tonnes de béton et d'armature d'acier et plus de 6 000 tonnes de pierre calcaire de Seget, le tout reposant sur des fondations creusées jusqu'au substrat rocheux à 13 mètres de profondeur. La construction a duré 11 ans et a coûté 1,5 million de dollars de 1930. Il est impossible de chiffrer le coût aujourd'hui, mais il nous faudra probablement un montant supérieur rien que pous acheter la pierre nécessaire pour les réparations.

    L'un des aspects les plus intéressants du site du monument de Vimy est qu'il ne ressemble à aucun des autres mémoriaux que j'ai pu voir ou qui existent, je crois, en Europe. Il n'y a strictement rien dans le monument de Vimy qui soit à la gloire de la guerre. C'est un monument à la paix et au sacrifice, et tout y suggère les valeurs nobles auxquelles nous aspirons tous. C'est incontestablement un des plus beaux monuments d'Europe. En tant que Canadien, je suis peut-être un peu partial, mais j'ai vu la plupart de ces monuments et aucun d'entre eux n'arrive à la cheville de Vimy.

    Il n'y a pas de soldats armés à ce monument. Les deux seuls vestiges de la guerre sont deux mortiers, leur canon réduit au silence par un laurier.

    Sur le socle du mémorial, on peut lire la dédicace suivante du peuple canadien:

À LA VAILLANCE DE SES FILS PENDANT LA GRANDE GUERRE ET EN MÉMOIRE DE SES SOIXANTE MILLE MORTS, LE PEUPLE CANADIEN A ÉLEVÉ CE MONUMENT

Nous devions vous présenter des diapositives pour vous faire faire le tour du monument, mais nous avons eu quelques problèmes techniques ce matin. Je vais donc simplement vous donner rapidement un aperçu du monument et des principales réparations qu'on va y faire.

¿  +-(0935)  

    Le monument lui-même a été construit par un architecte et sculpteur canadien de Toronto appelé Walter Allward. Il a été l'aboutissement d'un concours national dans le cadre duquel 160 projets ont été soumis. Dix-sept finalistes ont été invités à réaliser des maquettes. En dépit du fait que la proposition de Allward enfreignait plusieurs des règles du concours, on jugea qu'elle représentait le mémorial parfait pour le Canada, et il obtint donc la première place. Le projet classé deuxième était tout aussi émouvant. Le comité de sélection estima qu'il fallait aussi le construire, et c'est celui qu'on trouve à Saint-Julien.

    Le monument commémoratif est érigé sur la crête de Vimy elle-même, sur une colline appelée Colline 145, c'est-à-dire 145 pieds au-dessus de la plaine en contrebas. Au début, il y a eu un débat sur l'endroit approprié pour ériger le monument. Beaucoup pensaient qu'il fallait l'ériger en Belgique à cause de l'effort colossal que les divisions canadiennes avaient déployé en Belgique au début de la guerre et de leur énorme sacrifice. Toutefois, on choisit finalement Vimy parce que c'était déjà devenu à ce moment-là le symbole de la naissance de notre nation. C'était la première fois que les quatre divisions canadiennes combattaient côte à côte. Elles se sont battues sous le commandement du général Sir Julian Byng, qui devint par la suite notre gouverneur général, le vicomte Byng de Vimy. Il y eut de nombreux héros canadiens comme Arthur Currie, qui devint par la suite général et qui dirigea les quatre divisions canadiennes et commanda aussi l'une des divisions à Passchendaele.

    Sur le monument lui-même, on trouve 20 statues. Immédiatement à gauche devant le mur frontal, il y a un groupe de statues représentant un jeune homme brisant une épée, autrement dit symbolisant la fin des hostilités, la fin du conflit. Il est entouré de représentants du peuple que nous avons libéré. Le groupe de statues à la droite de la base du monument désigne essentiellement les malheureux que le Canada, nation pacifique mais prête à se battre pour la paix, a défendus à partir de la Première Guerre mondiale.

    Quand on monte les marches—des marches dont les réparations vont nécessiter des efforts considérables, mais j'en parlerai plus tard, disons simplement que ces marches nous posent un problème—le mur intérieur est appelé Mur de la Terrasse. En tournant le coin, si vous étiez vraiment en face du monument, vous constateriez que, depuis le bout du Mur de la Terrasse et tout le long des marches et des trois autres murs, sont inscrits les noms de 11 285 Canadiens qui n'ont pas de sépulture connue en France. Leurs noms sont inscrits sur ce monument.

    Quand on monte les marches, on trouve sur la gauche la statue qui est peut-être la plus célèbre. C'est la statue appelée le Canada, qui surplombe une tombe, un sarcophage, juste en dessous, qui représente le lieu de repos des soldats qui ne sont pas revenus. Sur le sarcophage, une sculpture de pierre représente un casque de soldat, une croix de croisé, une rose et un laurier. Quand nous avons conçu le couvercle du sarcophage de la Tombe du soldat inconnu ici à Ottawa, c'est de ce modèle que nous nous sommes inspirés. Nous avons recopié exactement cet ornement de l'autel à Vimy.

    En montant au milieu des marches jusqu'à la plate-forme, on arrive à un autre groupe de statues. Elles représentent l'esprit du sacrifice qui transmet le flambeau, comme dans le poème de John McCrae. En montant, on a les deux pylônes qui représentent les deux nations fondatrices, la France et l'Angleterre, les Français et les Anglais. Ces deux pylônes s'élèvent symboliquement vers les cieux et les valeurs supérieures que l'homme s'efforce d'atteindre. Les statues tout au sommet représentent la paix, la justice, la vérité et la connaissance, et il y a une croix de chaque côté du monument ou des pylônes.

¿  +-(0940)  

    Les pylônes eux-mêmes sont en excellent état, même s'ils devront être un peu rejointoyés. Nos difficultés commencent au niveau de la plate-forme qui entoure les pylônes. Il y a des marches de tous les côtés, mais le problème, c'est que cette plate-forme forme une sorte de petit lac lors des gros orages en France. Elle retient l'eau. Le principal problème du monument, c'est que l'eau ne s'évacue pas correctement et qu'il y a donc des dégâts importants sur la surface qu'il va falloir réparer. Le mur de façade ou principal contrefort est endommagé et doit aussi être réparé. De nombreuses parties de la façade et des deux murs de terrasse, ainsi que les contreforts à l'est, au sud et à l'ouest, vont devoir être complètement démontés et reconstruits.

    L'entretien que nous avons fait régulièrement, ainsi que les travaux de réparation effectués sur un cycle de 10 ans ont uniquement servi à préserver la structure. Les travaux actuels vont bien au-delà du simple entretien de routine et comme le monument est maintenant désigné site historique national, le travail doit respecter les principes de la préservation du patrimoine et les objectifs de la commémoration.

    Anciens Combattants Canada est responsable de Vimy et de nos autres monuments commémoratifs depuis 1951. Auparavant, ils étaient placés sous la responsabilité du ministère de la Défense nationale.

    Comme je viens de le dire, le principal problème à Vimy, ce sont les dégâts des eaux. C'est notre plus gros problème dans l'ensemble de cette construction. Des problèmes avaient été détectés très tôt. Certains défauts de conception ont été constatés durant la construction. On a essayé d'y remédier en se servant de la technologie et des connaissances de l'époque, mais sans grand succès. Le délabrement actuel est dû aux dégâts causés par l'eau à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur. Dans la mesure de nos capacités et du financement dont nous disposions au cours des années précédentes, nous avons essayé de préserver les apparences et de faire de petites réparations de-ci de-là, mais nous n'avons pas pu nous attaquer aux causes mêmes du problème.

    En gros, l'eau pénètre dans la structure par les murs et la plate-forme. Elle s'écoule à l'intérieur et dissout la chaux du béton, qui réagit ensuite avec le calcaire qui couvre le monument. Combinez cette saturation de la pierre avec les cycles de gel et de dégel habituels en Europe, et vous avez la dégradation de la pierre qu'on constate aujourd'hui: surface abîmée, noms illisibles, érosion des barres d'armature et perte de clarté et d'intégrité du monument.

    Ce qui nous dérange le plus, évidemment, c'est la disparition des noms. Sur cette diapositive, vous voyez que certaines réparations bien intentionnées ont créé d'autres problèmes. Vous voyez ici la calcite qui s'écoule et vient cacher les noms. Nous avons enregistré tous ces noms. Quand nous reconstruirons le monument, ils seront tous réinscrits et aucun ne sera perdu. Nous allons nous attaquer à la racine de cette détérioration qui progresse depuis des années et rectifier les réparations à court terme qui avaient été effectuées auparavant. Et nous avons encore ici deux diapositives qui vous donnent des exemples du travail de rapiéçage que nous avons fait pour certains de ces noms.

    Ce que nous sommes en train de perdre, c'est l'intention de l'artiste pour ce monument. Ce devait être un monument de paix qui s'élevait sur le champ de bataille. Il était destiné à être vu comme un tout homogène, autrement dit comme un bloc de pierre massif. On n'était pas censé voir le détail des pierres qui constituaient le monument. En fait, quand il a été construit, on me dit qu'il était impossible de distinguer la séparation des pierres à 50 pieds de distance. Les tolérances du mortier sont de 3/32e de pouce, ce qui était une performance technique assez extraordinaire compte tenu de la taille de ces blocs. Tous les noms inscrits sur le monument devaient être inscrits en ordre alphabétique et non en fonction du rang. Contrairement au cas de la pluplart des monuments commémoratifs où les noms sont inscrits sur des blocs individuels, les noms ici sont sculptés sur tout l'ensemble de la surface, et chevauchent les jointures. La réparation présente donc tout un défi.

    Nous allons remplacer les pierres endommagées et inégales. Jusqu'à présent, nous estimons qu'environ 30 p. 100 des pierres doivent être remplacées, mais nous en aurons une meilleure idée quand les travaux vont avoir débuté. On nous a beaucoup parlé de cette pierre. Elle est exceptionnelle. C'est du calcaire qui vient d'une petite carrière de Croatie, sur la côte adriatique. Nous nous demandions pourquoi ils étaient allés jusque-là chercher cette pierre, mais quand on voit la carrière et la pierre originale, on est immédiatement saisi par sa beauté.

¿  +-(0945)  

    J'ai apporté deux échantillons de cette pierre ce matin. Il y a tout d'abord un morceau de pierre endommagée. À notre connaissance, il n'est pas d'origine. Durant les années 50 et 60, quand nous faisions des réparations, nous avions perdu la trace de la carrière initiale et nous nous efforcions simplement de trouver les pierres de remplacement les plus adaptées. Je crois que cette pierre s'appelle Veselje Unito. Je ne dirais pas qu'elle est inférieure, mais simplement qu'elle ne correspond pas autant à nos besoins pour Vimy que la pierre originale.

    J'ai aussi un morceau de la pierre de Seget originale que j'ai ramassé à la carrière d'origine il y a deux semaines environ et que j'ai rapporté dans ma valise. Nous avons donc trouvé la carrière d'origine, dont on avait perdu la trace depuis un certain temps. D'après ce que je sais, la carrière date de 300 ou 400 av. J.-C. C'était une carrière romaine exploitée par les Romains. Lorsque nous étions sur place, nous avons pu voir l'endroit exact où les constructeurs qui ont bâti le monument ont extrait la pierre pour Vimy. On voit encore certains des treuils à vapeur et des poulies qui ont été utilisés, de même que certaines des scies diamantées.

    La carrière approche de la fin de sa vie. Il ne reste plus de pierre de première qualité. On en est maintenant aux pierres de qualité no 2 et no 3. Nous sommes descendus dans les galeries inférieures de la carrière et même si nous pensons qu'il y aura suffisamment de pierre pour satisfaire à nos besoins, la carrière va sans doute bientôt arriver à la fin de sa durée de vie. C'est la seule du genre.

    Je pense que ce qui m'a le plus ému…j'étais sans doute l'un des premiers Canadiens à retourner sur ce site particulier en 75 ans et certainement l'un des premiers à y aller pour cette raison. Nous nous sommes demandé souvent pourquoi le Canada était allé si loin pour chercher la pierre, mais quand on est là, on se rend compte à quel point les Canadiens de l'époque devaient être déterminés pour aller aussi loin pour acquérir une pierre de si grande qualité pour le monument de Vimy.

    La dernière fois que les groupes d'intervenants s'intéressant aux Affaires des anciens combattants ont été consultés dans le cadre de notre examen sur les monuments commémoratifs, ils ont décidé que la première priorité était la préservation de nos monuments étrangers et 87 p. 100 des Canadiens estiment que nous devrions faire plus pour commémorer notre effort de guerre. Il est intéressant de remarquer que nos partenaires européens et les autres alliés ont les mêmes problèmes que nous avec leurs monuments, et ils aimeraient beaucoup travailler en partenariat avec nous et partager l'information fondée sur nos pratiques exemplaires et notre savoir-faire.

    Le Projet 2 prévoit la restauration des 11 autres monuments commémoratifs et du terrain les entourant. Il portera surtout sur les réparations des sentiers et des surfaces, le rejointoiement des murs de soutainement, et le travail horticole de base. Sur la diapositive que je vous montre maintenant vous pouvez voir le monument de Saint-Julien à gauche, tandis qu'en bas à droite, il s'agit du monument et du mémorial de Passchendaele.

    On a soigneusement répertorié les réparations nécessaires et on a préparé des estimations préliminaires pour chacun des sites. Nous espérons entreprendre les réparations sur quatre de ces petits monuments commémoratifs cet été. Nous sommes assez confiants et nous pensons que lorsque ceci sera terminé, nous saurons assez bien quels sont les efforts et les coûts à prévoir pour la restauration et le réaménagement des autres sites.

    Dans le coin supérieur droit de la diapositive suivante, vous voyez les marches menant au mémorial du Bois de Bourlon. Les arbres que l'on voit sur cette image datent de l'époque napoléonienne. Ce sont des tilleuls. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, ces arbres ont été pratiquement décimés, mais nous avons réussi à leur faire retrouver la santé.

    Sur les diapositives suivantes, vous voyez certains des principaux problèmes de nos sites. Il y a des pierres qui ne sont plus alignées, des pavés qui s'écartent, et certains éléments qui deviennent instables et dangereux pour les visiteurs. Sur les diapositives suivantes, vous pouvez voir deux lieux commémoratifs qui se trouvent dans des zones publiques. Celui de droite est Moncy-le-Preux. C'est un monument commémoratif de Terre-Neuve et il se trouve en plein centre-ville. La photo a été prise de bonne heure le matin afin d'éviter la circulation. Sur la diapositive, vous voyez le bâtiment municipal juste derrière, et il y a une énorme église sur la gauche de la photo.

    Ce monument de Terre-Neuve a été construit au-dessus d'une casemate allemande. Il est très symbolique parce qu'il se trouve sur un coin que les Terre-Neuviens ont tenu pendant trois jours dans des conditions presque désespérées. Mais ce que nous découvrons, c'est que beaucoup de ces monuments ont été construits non seulement sur des ruines de guerre, mais que les ruines de guerre elles-mêmes avaient été construites sur d'autres ruines. Sous cette casemate se trouve une ancienne ferme française, complète avec des caves et des zones ouvertes, de sorte que tout le monument risque de s'effondrer par endroits et devra être stabilisé.

¿  +-(0950)  

    Sur la suivante, la végétation a envahi les lieux. Il y a là dans le fond un arbre qui fait 45 pieds de haut et qui pousse dans à peu près 20 pouces de terre, et sous ce monument, il y a là aussi des caves ouvertes et vides.

    Les sites ou les zones arborés sont un souci pour la sécurité publique pour plusieurs raisons. La plupart des arbres faisaient partie d'une forêt plantée et non d'une forêt naturelle. Les arbres choisis n'étaient pas originaires de cette région et ils ne sont pas en très bon état aujourd'hui. En fait, ils arrivent tous à maturité et présentent des symptômes de maladie, et ils pourraient tous tomber en même temps. Il faudra les abattre d'une façon organisée afin de minimiser les dégâts potentiels sur le champ de bataille.

    Le Projet 3 porte sur le terrain du champ de bataille à Vimy et à Beaumont-Hamel. Le terrain a été protégé dans le cadre des lieux commémoratifs à l'origine, et aujourd'hui Vimy et Beaumont-Hamel comprennent plus de 80 p. 100 des champs de bataille de la Première Guerre mondiale restés intacts dans le monde. C'est le ministère des Anciens Combattants qui est le gardien non seulement de ce terrain, mais aussi des 4 kilomètres de tranchées de première ligne de la Première Guerre mondiale à Vimy et d'un autre kilomètre de tranchées de première ligne de la Première Guerre mondiale à Beaumont-Hamel. En tout, la superficie à Vimy est de 290 acres et à Beaumont-Hamel de 75 acres.

    Les champs de bataille constituent un élément important de l'expérience éducative et commémorative des visiteurs venant sur ces lieux commémoratifs. Cependant la popularité et le succès énormes de nos programmes commémoratifs et des activités de visite mettent en péril la viabilité du terrain et sa survie. Il y a un problème de santé et de sécurité et nous essayons de trouver le juste équilibre entre l'accès que nous voulons accorder à ces éléments et la prévention des accidents et des blessures pour les visiteurs et les employés.

    En haut de la photo suivante, vous voyez un petit enfant courir dans un champ de bataille. Il se trouve que cette journée-là est une journée sans danger mais il peut y avoir jusqu'à six pieds d'eau dans ces tranchées et ces cratères pendant la saison printanière.

    En bas à gauche, vous voyez un arbre qui a été en fait abattu par le vent. Attention, celui-ci se trouvait dans une zone non ouverte au public, comme l'indique le panneau rouge. Il ne présentait pas un danger immédiat pour le public mais il pourrait néanmoins représenter un danger pour les employés se trouvant sur place.

    La photo d'en bas à droite montre une tranchée à Beaumont-Hamel. Il y a des piquets d'acier au premier plan. Nous pensions qu'ils faisaient partie d'une tentative de restauration remontant aux années 60, mais nous avons depuis trouvé des photos qui indiquent que ce sont les piquets originaux qui ont été mis en place pour stabiliser la terre pendant la guerre. Le sol dans cette région de France est tel que dès qu'il absorbe de l'eau, il se transforme instantanément en boue. C'était une chose de creuser une tranchée et d'envoyer la boue sur le côté, mais c'en était une autre de la voir tout de suite redescendre dans la tranchée. Par conséquent nous pensons que ces piquets d'acier ont été mis en place pour renforcer les parois des tranchées. Aujourd'hui il pourrait être très dangereux si quelqu'un tombait et se cognait contre ces piquets dans sa chute.

    Malgré tous les efforts que nous avons déployés pour diriger le flux des visiteurs, ceux-ci ont tendance à s'éloigner des chemins et des sentiers tracés. Les intempéries abîment également le terrain et les problèmes sont encore exacerbés par le grand nombre de visiteurs. Les gens aiment s'écarter. C'est surprenant. Lorsque des gens viennent visiter Vimy ou Beaumont-Hamel, ils se trouvent immédiatement transportés dans une époque différente, et ils aiment bien partir seuls. Malgré nos programmes guidés, ils vont souvent créer leur propre chemin, ce qui peut gravement endommager le terrain.

    La dernière partie du projet porte uniquement sur la définition des problèmes. Il s'agit d'examiner les caractéristiques souterraines à Vimy et à Beaumont-Hamel afin d'évaluer les risques d'effondrement. Nous nous préoccupons surtout des zones publiques. Ce sera notre première ligne d'attaque mais nous essaierons de recueillir autant de renseignements que possible sur le reste du site qui n'est pas encore ouvert au public pour l'instant.

    Le problème est que nous avons de nombreux tunnels. Il y a des souterrains, des abris enterrés et peut-être du matériel militaire dans ce site. Il y a plus de 14 kilomètres de tunnels connus sous le monument commémoratif de Vimy. Il y a au moins deux grandes laagers qui pouvaient accueillir des bataillons et un nombre inconnu d'abris. Nous savons qu'on construisait des abris souterrains tous les 150 mètres tout le long de la ligne de front, et nous en avons 4 kilomètres. Jusqu'à présent, nous avons compté 117 abris allemands sur le site, et nous savons qu'il y en avait autant du côté des Français, des Britanniques et des Canadiens.

    À Beaumont-Hamel, l'inconnu des éléments souterrains est aussi un problème et nous travaillons à mieux les cartographier. Le résultat de ces recherches pourrait faire l'objet d'une autre demande au Conseil du Trésor une fois qu'on aura bien évalué le facteur de risque.

¿  +-(0955)  

    Sur la diapositive suivante, vous avez des photos d'un tunnel qui s'est effondré à Vimy en 1999. Quand vous avez des tunnels ou structures souterraines assez proches de la surface, la craie s'incline vers l'intérieur avec l'érosion. Une fois qu'elle atteint le substrat, avec l'humidité et la pluie, il finit par se produire un effondrement ou un affaissement du terrain.

    Comme je le disais, nous avons aussi 14 kilomètres de tunnels connus, et le risque, c'est que des civils ou des personnes qui n'ont rien à faire là pénètrent sans autorisation dans ces tunnels. Ils sont très dangereux, et notre objectif est de nous assurer que personne n'y va autrement que pour une raison officielle.

    Il est intéressant et important je crois de souligner que durant les trois ans de paralysie à Vimy, quand personne ne progressait et que les Allemands étaient bien retranchés dans la Forteresse de Vimy, la guerre s'est transformée d'une guerre de surface en une guerre souterraine. Les hommes vivaient, se battaient, respiraient et mouraient sous la surface de la terre. Nous avons un petit film vidéo qui vous donne peut-être une meilleure idée de cette vie souterraine.

    [Note de la rédaction: Présentation audiovisuelle]

À  +-(1000)  

+-

    Comme le montre ce film, nous en sommes encore à essayer de comprendre et de bien cerner le réseau de tunnels de Vimy.

    Les Canadiens ont fait preuve de beaucoup d'esprit d'invention. Ils ont mis au point des astuces permettant de rendre la vie souterraine aussi confortable que possible, mais il s'agissait néanmoins essentiellement de tunnels de combat. Il est important et intéressant de noter qu'au coeur de la campagne de Vimy, la capacité de production d'électricité pour les tunnels souterrains de Vimy était plus importante que celle de la ville de Toronto. Nous avions quatre souterrains qui reliaient les lignes d'arrière aux lignes de front. Ils permettaient à nos troupes de se déplacer en sécurité sous terre au lieu d'avancer à l'air libre sous la menace des bombardements. Ces tunnels ne servaient pas seulement à assurer le déplacement des troupes des lignes arrières aux lignes de front, ils servaient aussi pour le transport du matériel. Tout le long de la crête de Vimy, nous avions des chemins de fer légers avec des rails en bois pour éviter de faire du bruit.

    Ce projet-là consistait en partie à définir tous ces éléments et à les cartographier. Nous utilisons actuellement de nouvelles techniques et une technologie moderne pour cela. Là où il y a un risque, on le notera et cela fera partie de notre prochain exposé.

    Le travail a déjà commencé. Comme je vous l'ai dit, cela fait à peu près sept mois que nous travaillons à ce projet. Dans trois semaines environ, nous allons commencer les travaux dans quatre sites étrangers. Ce qu'il est important de souligner, c'est que tout sera terminé en juillet 2006. Cette date est assez importante car elle marquera le 70e anniversaire de l'inauguration du monument.

    Anciens Combattants Canada mène cet effort en collaboration, et nous comptons énormément sur les services et la compétence de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Divers documents ont été élaborés à l'appui de ce projet pour déterminer les risques et les plans d'urgence, et ils seront révisés et mis à jour au fur et à mesure de l'évolution de la situation. C'est une initiative très importante du ministère. Un important plan de communications et une stratégie ont été mis au point, et nous avons collaboré étroitement avec la division Le Canada se souvient de notre ministère et avec nos responsables des communications pour que le message du projet de Vimy soit bien entendu par tous les Canadiens.

    Le calendrier sera respecté. Le projet comportera quatre principaux éléments dont je viens de vous parler. En premier lieu, nous voulons laisser derrière nous un ensemble d'outils et une capacité de gestion permanente de ces sites. Nous aurons des dossiers et une description historique de tous les travaux réalisés dans le passé et actuellement. Tout cela constituera une base de données d'information et des archives. Nous élaborerons aussi des normes d'entretien et des manuels énonçant les normes de soins et d'entretien futurs pour ces sites, et nous laisserons en gros derrière nous les plans d'ensemble et les directives opérationnelles pour la gestion future des 13 sites.

    Nos monuments historiques canadiens sont réels. Ce sont des combattants réels qui se sont battus là. Ces monuments historiques sont des rappels concrets de tous ces hommes qui ont accompli le sacrifice suprême. Ces sites sont non seulement sacrés pour les anciens combattants et les membres actuels des forces armées, mais aussi profondément significatifs et importants pour tous les Canadiens de toutes les générations et de toutes origines.

    L'émotion qu'on éprouve quand on visite l'un de ces sites est absolument bouleversante quand on réfléchit à ce qui s'est passé là il y a de nombreuses années. On ne peut pas s'empêcher d'être bouleversé en tant que Canadiens quand on est là-bas. Ces sites sont préservés sur un terrain sacré aussi proche que possible de sa condition originelle. Les efforts du Canada pour restaurer ces symboles sont une fois de plus la réaffirmation de l'engagement du gouvernement du Canada à honorer éternellement ceux qui se sont battus si valeureusement pour la liberté.

    C'est la Commission des champs de bataille nationaux qui a supervisé le projet de Vimy lors de sa construction. En novembre 1936, dans la déclaration récapitulative au Parlement où il présentait le rapport de conclusion des travaux de la Commission, le président de l'époque, le major-général S.C. Mewburn, écrivait:

    Il faudrait peut-être conserver quelqu'un qui serait chargé de préserver les intérêts des Canadiens dans ces mémoriaux construits à l'étranger et qui ont nécessité tant de soins et d'argent.

    Ils ne devraient pas…être relégués à un coin obscur d'un ministère quelconque. Il faudrait que l'officier ou l'autorité responsable transmette des rapports au gouvernement par le biais du ministère approprié; il faudrait régler les problèmes de temps à autre, et il faudrait tenir le public informé au moyen de la presse ou par d'autres moyens.

    Merci beaucoup.

À  +-(1005)  

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood(Nipissing, Lib.)): Merci, monsieur Smith. C'était un rapport très complet et nous vous sommes très reconnaissants de cette mise à jour. Je sais que ce projet vous tenait personnellement à coeur et je suis sûr que vous êtes très heureux qu'il aille de l'avant. Beaucoup de ceux d'entre nous qui ont eu l'occasion d'aller voir ce magnifique monument s'en réjouissent aussi.

    Vous êtes prêt pour les questions?

+-

    M. André Smith: Oui.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Allons-y.

    Monsieur Bailey, c'est à vous.

+-

    M. Roy Bailey: Merci beaucoup, monsieur. J'ai vraiment beaucoup apprécié votre exposé. À chaque fois que je pense à cela, j'ai des souvenirs d'événements historiques. Vous dites que le Canada n'avait que huit millions d'habitants en 1914. Il ne faut pas oublier qu'à cette époque, des millions de personnes affluaient sur notre continent, en provenance principalement des pays d'Europe centrale. Même si ces gens-là étaient inclus dans les statistiques démographiques, le Canada, à tort ou à raison, ne les intégrait pas dans les rangs de l'armée. Ce n'était pas parce qu'ils ne voulaient pas s'engager, mais simplement parce qu'on se méfiait d'eux.

    Quand on pense à cela et qu'on compare…en tant que Canadien, j'aime bien faire cela à mes cousins américains. Nous avions une population de huit millions d'habitants, alors qu'ils étaient 80 millions. Pourtant, quand on y pense, il y a deux choses qui ont disparu de la mémoire des Canadiens. D'une part, nous avons perdu environ 67 000 hommes lors de notre participation à la Première Guerre mondiale, et c'était un pourcentage plus important par rapport à l'ensemble de notre population que le pourcentage de nos pertes durant la Deuxième Guerre mondiale. Cela me permet de mesurer l'importance historique de cette initiative du gouvernement dont nous devons être fiers.

    Ce que je voudrais dire en second lieu, monsieur le président, c'est que cette restauration du musée ne s'adresse pas simplement aux visiteurs canadiens. À propos, je voudrais poser cette question tant que j'y pense. Dans quelle mesure les travaux vont-ils entraver les visites? Les visites seront limitées, en particulier durant les mois d'été. Y a-t-il des plans pour atténuer ce problème? Il faudra évidemment interdire l'accès à certaines zones en cours de rénovation. Mais j'y reviendrai.

    Je tiens simplement à dire que pour moi, la valeur de Vimy ne concerne pas seulement le Canada. C'est un monument canadien de valeur internationale. Des gens du monde entier…il y a plus de visiteurs étrangers que de Canadiens là-bas chaque année. Les gens qui vont là-bas et qui constatent la contribution réalisée par le Canada il y a bientôt 100 ans conservent une admiration éternelle pour le Canada. Il ne s'agit donc pas simplement d'un monument historique, mais d'un rappel des efforts du Canada pour le reste du monde. C'est une arme à double tranchant.

    Pour en revenir à ma seule question, comment allons-nous organiser les visites durant la construction?

À  +-(1010)  

+-

    M. André Smith: Monsieur le président, c'est une excellente question et j'aurais probablement dû en parler dans mon exposé. Je vous demande de m'excuser pour cet oubli.

    Nous allons tout faire dans des limites raisonnables—et quand je dis «des limites raisonnables», je veux dire dans le cadre du budget dont nous disposons—pour maintenir ces sites aussi accessibles que possible au public, à cette réserve près que nous ne voulons pas que les visiteurs courent le moindre risque.

    Le Monument commémoratif de Vimy dépendra en grande partie du type d'entente que nous pourrons conclure avec l'entrepreneur principal. Nous préférerions que le projet se déroule en deux temps. Autrement dit, si nous pouvions restaurer un côté à la fois, limiter la construction et les activités à un côté à la fois, nous pourrions peut-être garder l'autre côté de la plate-forme et des murs ouverts. Si ce n'est pas possible, nous aurons des panneaux d'interprétation sur lesquels seront reproduits les noms inscrits sur tous les murs et toutes les surfaces qui seront démantelés. Nous avons tout photographié et nous fabriquerons probablement des panneaux d'interprétation qui permettront à tous les visiteurs de voir l'image exacte du monument.

    Quand on va à Vimy, on constate quelque chose de très intéressant: il y a énormément de jeunes. C'est ce qui me sidère toujours. Ils cherchent tous leur nom de famille. Ils n'ont pas nécessairement un lien de parenté avec la personne en question, mais ils ont le sentiment d'un lien et c'est une expérience très physique. Ils vont poser leur main sur la pierre pour sentir le nom, pour faire passer ce contact. C'est quelque chose de très fort.

    Enfin, cela dit, nous allons essayer de garder au moins une partie du monument ouverte.

    Nous allons aussi coordonner les travaux avec les cérémonies. Il y a des cérémonies qui sont toujours prévues à certaines dates. À Beaumont-Hamel, par exemple, il y a toujours une cérémonie le 1er juillet. Le 9 avril, il y a toujours une cérémonie à Vimy. Le samedi et le dimanche précédant le 11 novembre, nous avons des cérémonies à Vimy et à Beaumont-Hamel. Pour ces cérémonies, nous ferons tout notre possible pour garder ouvert le périmètre frontal du monument. Voilà ce qu'il en est pour le monument de Vimy.

    Dans le cas des plus petits sites, il faudra peut-être aménager des chemins d'accès différents pour aller jusqu'à la colline du mémorial au centre, mais aucun des sites ne sera complètement fermé au public. Nous estimons que si quelqu'un fait l'effort délibéré d'aller visiter ces sites pour une raison quelconque, il faut que cette personne puisse y accéder et éprouver concrètement ce qu'ils représentent.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Merci, monsieur Smith.

    Nous passons maintenant à Mme Wayne, pour sept minutes.

+-

    Mme Elsie Wayne (Saint John, PC/RD): Merci beaucoup pour votre exposé, André. Je dois dire que vous avez remué beaucoup de souvenirs chez moi. Vous avez parlé des tunnels. Je n'oublierai jamais le jour où nous sommes allés dans un de ces tunnels et où j'ai vu une tasse du YMCA. Un de ces soldats avait une tasse du YMCA et on en a retrouvé plusieurs morceaux. Je tenais à vous dire que j'ai fait prendre une photo de cette tasse que j'ai remise au YMCA de Saint Jean, au Nouveau-Brunswick, et que les gens du YMCA en ont été très touchés.

    Je voudrais vous demander une chose. Nous avons appris cette semaine dans des informations en provenance de Paris qu'il était question de construire un autre aéroport dans la Somme, juste à l'emplacement des tombes de nos anciens combattants. Beaucoup d'entre nous sont très inquiets de ce qui se passe là-bas. Il va y avoir un grave problème si ce projet de construction à l'emplacement des tombes de nos anciens combattants se confirme.

    Je sais qu'il y a des gens au gouvernement qui s'en occupent, mais je me demandais si vous étiez au courant, André.

+-

    M. André Smith: Oui, monsieur le président, je suis au courant. Lorsque j'étais directeur général de la Division de la commémoration et maintenant en tant que directeur du programme Le Canada se souvient, j'ai toujours eu cette question très à coeur et même si je fais quelque chose de complètement différent maintenant, je m'intéresse toujours à cette question.

    Il y a sans doute plusieurs faits importants. Je ne veux certainement pas préjuger de ce que sera la position du Canada, mais d'après notre programme et mes souvenirs, deux cimetières où l'on trouve des Canadiens pourraient être affectés par ce projet, ainsi que de cinq à sept cimetières communautaires où nous avons des sections de tombes de combattants du Commonwealth.

    Dans mon bureau, j'ai une carte de la région en question. N'oublions pas que c'est une simple proposition pour l'instant. De même que nous avons toute une procédure ici au Canada quand il y a un projet important de ce genre, il y aura là-bas au moins un an de consultations publiques où il sera possible d'intervenir. La Commonwealth War Graves Commission, dont le Canada est membre—en fait, nous en sommes le membre le plus important après l'Angleterre—sera bien représentée non seulement par les dirigeants de la Commonwealth War Graves Commission qui feront valoir nos intérêts et ceux du Commonwealth, mais aussi par notre haut-commissaire, qui agit en tant que représentant du Canada au sein de la Commonwealth War Graves Commission et fait rapport directement à notre ministre sur ces questions. Je suis sûr qu'il représentera fort bien le Canada.

    J'ignore quelle sera la décision finale. Je sais ce que je souhaite au fond de mon coeur. Mais je suis convaincu que cette affaire fera beaucoup de bruit et qu'en définitive c'est la bonne décision qui sera prise.

À  +-(1015)  

+-

    Mme Elsie Wayne: J'ai une simple autre question.

    Quand vous répondiez à la question de M. Bailey, vous avez parlé des gens qui viennent poser leur main sur un nom qui est le leur ou celui d'un de leurs parents. Quand j'étais là-bas, j'ai vu sur le monument le nom de quelqu'un qui était un parent de ma mère. Elle est morte, mais elle aurait été heureuse de le savoir car on n'avait jamais su ce qu'était devenu son cousin. Son nom était inscrit sur ce mur, et moi aussi je l'ai touché quand j'étais là-bas. C'est une expérience très profonde.

    Et aussi, quand nous étions là-bas, vous vous souvenez qu'ils avaient fermé certaines sections. On ne pouvait pas entrer dans ces sections, mais c'était quand même magnifique. Qui a fait cela pour vous?

+-

    M. André Smith: Nos excellents amis de Travaux publics. L'une des personnes ici présentes aujourd'hui est M. Marc Monette qui est…excusez-moi, j'ai oublié de m'adresser au président. Excusez-moi.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Nous sommes entre amis ici. Vous n'avez pas à vous excuser.

+-

    M. André Smith: Ce sont nos bons amis et nos grands partenaires de Travaux publics Canada qui ont commandé cela pour nous. C'est un outil très utile pour présenter le monument, et qui donne une idée de sa solidité. Ce monument ne s'effondrera pas. Il y a des problèmes de finition, mais le monument sera encore là dans très, très longtemps.

    Si vous me permettez, j'aimerais vous présenter M. Marc Monette, des Services d'architecture et de génie à Travaux publics. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois quand nous sommes allés travailler ensemble au projet du Tombeau du soldat inconnu, et j'ai été très heureux et honoré de l'accueillir à ce projet. Il est plus connu à Ottawa en tant que responsable d'une bonne partie des travaux dans l'enceinte parlementaire. C'est quelqu'un d'éminemment qualifié, compétent et dévoué.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Merci.

    Elsie, vous avez d'autres questions?

+-

    Mme Elsie Wayne: Je suis censée être en fonction à la Chambre, monsieur le président.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Vous êtes très bien ici. Ils sauront où vous êtes.

+-

    Mme Elsie Wayne: Bon, je leur dirai que c'est vous qui l'avez dit.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Absolument.

+-

    Mme Elsie Wayne: Bon, mais de toute façon, je n'ai rien d'autre. Merci.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Monsieur Provenzano.

+-

    M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): J'aimerais ajouter quelque chose à votre commentaire en réponse à ce qu'a dit Mme Wayne à propos de ce projet d'expansion ou de construction d'un aéroport qui risquerait d'empiéter sur le site des tombes de soldats canadiens. Je voudrais ajouter quelque chose que M. Smith n'a pas pu dire.

    Nous savons tous qu'on a dit dans les journaux que le ministre avait annoncé qu'il formulerait au nom du Canada les objections les plus énergiques à tout projet qui perturberait ou risquerait de perturber ces cimetières. Nous savons que la décision n'a pas encore été prise et que la Commonwealth War Graves Commission s'en occupe, mais que le ministre s'est engagé à intervenir avec la plus grande énergie auprès du gouvernement français.

    Monsieur le président, j'ai eu l'occasion extraordinaire de visiter la plupart des monuments historiques dont on nous a parlé dans cet exposé ce matin. Si l'histoire nous enseigne quelque chose, je peux dire que je suis revenu de ces visites en ayant clairement compris une chose: que les tombes des soldats canadiens morts durant la guerre sont traitées avec le plus grand respect, et qu'on respecte les Canadiens, un point c'est tout. Je crois que la décision concernant cet aéroport ne sera pas prise à la légère. Nous pouvons compter sur les Français pour examiner notre position avec la plus grande bienveillance.

À  +-(1020)  

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Merci.

    J'aimerais bien vous poser quelques questions moi-même. Tout d'abord, vous dites qu'on demande 30 millions de dollars au Conseil du Trésor, dont 20 millions seront affectés à la crête de Vimy et les 10 autres au reste de ces monuments. À votre avis, est-ce que cela suffira pour restaurer tous les autres monuments?

+-

    M. André Smith: Cela suffira pour faire tout ce que nous devons faire dans le cadre de notre mandat. Évidemment, nous pourrions toujours en faire plus, mais nous sommes très contents du montant qui a été alloué à ce projet. Nous cherchons toujours des moyens d'économiser de l'argent et de tirer le maximum des fonds disponibles. Je suis convaincu, comme les membres de mon équipe, que nous pouvons accomplir toute la tâche qui nous a été confiée avec ces fonds.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Dans votre exposé, j'ai remarqué que vous parliez d'inondations et d'infiltrations à la base. N'est-il pas exact, et vous me corrigerez si je me trompe, qu'il y a eu aussi des problèmes à cause de la foudre qui a frappé le sommet du monument, qui doit maintenant être refait. C'est vrai ou c'est faux?

+-

    M. André Smith: Effectivement, nous pensons qu'une des pierres de la statue en haut à droite a peut-être été frappée directement par un éclair—et comme vous le voyez sur les photos, nous avons même de petits paratonnerres sur le monument. La pierre elle-même n'a pas été endommagée, mais un bloc qui doit peser près de 2 000 livres a été légèrement déplacé. Toutefois, c'est le seul dégât visible important sur les pylônes.

    En dehors de cela, les planificateurs ont pris soin d'utiliser la meilleure qualité de pierre pour les pylônes, qui ont remarquablement bien tenu le coup. Ils étaient moins vulnérables aux dégâts de l'eau à cause de leur conception. Ce sont les surfaces plates qui sont endommagées par l'eau. Les pylônes eux-mêmes sont en excellent état, et les dégâts provoqués par cet éclair sont très faciles à réparer.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): J'ai remarqué une autre chose dans votre exposé. J'essaie de me souvenir, mais à ma connaissance—et là encore, vous me corrigerez si je me trompe—il n'y a pas de rampes permettant aux personnes handicapées ou aux anciens combattants d'accéder au monument autrement que par les marches. Comme vous le savez, et nous avons eu l'occasion de voyager ensemble plusieurs fois, ce n'est pas facile pour beaucoup de ces anciens combattants âgés de monter ces collines et ces escaliers. Avez-vous l'intention d'aménager une rampe d'accès pour les anciens combattants en fauteuil roulant ou pour les personnes qui ont de la difficulté à monter ces escaliers? Avez-vous envisagé cela? Sinon, ne pensez-vous pas que ce serait une bonne idée?

+-

    M. André Smith: Monsieur le président, c'est une excellente question à laquelle nous avons évidemment soigneusement réfléchi et qui a fait l'objet d'abondants débats. Nous n'avons pas encore pris de décision finale. Nous essayons de trouver un équilibre entre les exigences des visiteurs et les aspects de conservation du patrimoine de ce monument.

    Nous savons qu'il suffit de quatre marches à l'arrière pour accéder à la plate-forme. Je pense qu'il serait impossible de concevoir quelque chose à l'avant du monument, mais vous avez raison. Je pense qu'on pourrait aménager quelque chose à l'arrière pour permettre au moins l'accès au plateau. Il resterait quand même un problème pour voir les noms inscrits sur le mur de la terrasse. Là aussi, il faudrait aménager un accès pour descendre jusque-là, mais nous étudions la question.

    Un autre important problème qu'ont pu constater tous ceux qui ont assisté à une cérémonie là-bas, c'est que les gerbes sont actuellement déposées à la base de l'autel. Il est intéressant de remarquer que ces escaliers ne faisaient pas partie du dessin initial. Ils ont été rajoutés par la suite quand les dispositions cérémoniales ont évolué et qu'on a décidé que les gerbes seraient déposées sur la place d'armes et devant l'autel.

    Auparavant, les gerbes étaient déposées sur le plateau, à la base des pylônes, et nous allons donc peut-être changer cela, car certains de nos anciens combattants—notamment Earnest «Smoky» Smith, notre dernier décoré de la Croix de Victoria encore vivant—disent toujours: «Ah, il faut encore que je monte ces maudites marches». C'est donc là une question à laquelle nous réfléchissons sérieusement, monsieur le président.

À  +-(1025)  

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Madame Beaumier.

+-

    Mme Colleen Beaumier: Je crois que plusieurs de mes questions ont déjà été posées et je vais donc m'informer des réponses qui ont été données après la réunion.

    Pourquoi le projet va-t-il prendre quatre ans? Est-ce que c'est parce que le montant alloué pour chaque année est limité? Ou disposez-vous de la somme totale?

+-

    M. André Smith: Monsieur le président, il ne faudra pas quatre ans pour terminer tous les projets. Plusieurs d'entre eux seront terminés bien avant. Dès cet été, le travail sera terminé sur quatre des sites.

    Nous nous sommes laissé une certaine marge pour le monument de Vimy car nous ne savions pas au départ comment nous allions pouvoir nous procurer la pierre. C'est d'ailleurs encore peut-être notre plus gros défi actuellement. Nous avons trouvé la pierre mais il reste encore à trouver une entente satisfaisante avec les Croatiens. Notre ambassadeur à Zagreb, Dennis Snider, et son attachée commerciale nous ont apporté une aide fantastique. L'attachée commerciale à Zagreb était d'ailleurs anciennement guide à Vimy, et elle nous a apporté une aide incroyable.

    Néanmoins, le contexte n'est pas idéal pour conclure des ententes commerciales. Nous espérons pouvoir soumettre une proposition aux Croatiens d'ici la fin de l'année. Si tout va bien, en nous fondant sur le calendrier canadien plutôt que le calendrier croate, nous devrions commencer à avoir des pierres sur le site de Vimy au début de l'été l'année prochaine. Évidemment, beaucoup de choses sont menées en parallèle, mais il y a tout le processus d'appel d'offres et il faut non seulement respecter les normes canadiennes mais aussi les règles de fonctionnement dans un contexte étranger, un pays étranger. Nous nous sommes donc laissé un peu de marge.

    Ce qui est intéressant aussi, c'est que nous nous sommes fixé comme objectif le 70e anniversaire de l'inauguration originale du monument en 1936. Ce sera donc en juillet 2006. Le travail sera peut-être terminé avant cela, mais c'est la date officielle que nous avons choisie pour l'achèvement des travaux.

+-

    Mme Colleen Beaumier: La restauration de monuments à l'étranger relève-t-elle d'autorités différentes de celles qui s'occupent de l'entretien et de la restauration des monuments ici au Canada?

+-

    M. André Smith: Monsieur le président, la question est-elle de savoir si cette restauration relève ou non du ministère des Anciens Combattants?

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Oui.

+-

    M. André Smith: Non, c'est la même organisation pour toutes ces restaurations, qui relèvent d'une direction générale des Affaires publiques, dont M. Bob Mercer est le directeur exécutif. Je suis personnellement responsable d'un projet qui a fait l'objet d'une affectation distincte, la restauration des 13 monuments commémoratifs des champs de bataille. Dès que j'aurai terminé mon projet, mon mandat sera terminé et tout notre travail sera remis à l'organisation Le Canada se souvient, qui sera responsable de la continuité de la programmation et de l'entretien pour l'avenir prévisble.

+-

    Mme Colleen Beaumier: Dans ce cas, le Monument commémoratif de la Guerre de Corée à Brampton relève des mêmes autorités? Les gens l'ont financé à peu près totalement eux-mêmes, et je me demande donc si le ministère des Anciens Combattants va prendre en charge son entretien.

À  +-(1030)  

+-

    M. André Smith: Monsieur le président, je ne suis pas en mesure de me prononcer à ce sujet. C'est peut-être quelque chose qui sera plus clair dans les mois à venir, mais actuellement ce monument ne relève pas du programme dont je suis responsable.

+-

    Mme Colleen Beaumier: Encore une question. Votre exposé—et je suis désolée mais je vais devoir partir—était très émouvant. Quand nous entendons parler de ces jeunes Canadiens qui ont accompli de tels sacrifices, nous sommes tous bouleversés.

    Quand j'étais à l'école, on nous parlait très peu de la participation des Canadiens à la guerre. En fait, c 'est mon fils, qui a maintenant 27 ans, qui m'a appris un certain nombre de choses dont vous me parlez maintenant. Que faisons-nous, ou que pourrions-nous faire dans nos ministères pour que nos écoliers du Canada sachent ce qui s'est passé? Il y a là une énorme source de fierté et je crois qu'il faudrait enseigner à nos enfants ce que le Canada a apporté au monde.

+-

    M. André Smith: Monsieur le président, c'est une question très pertinente et qui m'a toujours tenu profondément à coeur en raison des responsabilités que j'ai exercées en tant que directeur général du programme Le Canada se souvient. Nous avons toujours essayé de faire de notre mieux avec les moyens dont nous disposions, et je crois que nous rendions bien compte que pour faire tout ce qu'il faudrait vraiment faire, il nous aurait fallu plus de ressources.

    Pour l'instant, tout ce que je peux dire, c'est que la révision des activités de commémoration qui a été lancée en 2000 et qui vient de se terminer est actuellement soumise au ministre et aux hauts fonctionnaires du ministère. Je suis convaincu que certaines des préoccupations que vous venez de mentionner ont été abordées dans le cadre de cette révision et j'espère que celle-ci débouchera sur des résultats très positifs dans un avenir proche.

+-

    Mme Colleen Beaumier: Peut-être serait-il bon que notre comité recommande qu'on trouve des fonds pour cela, dans le cadre de Patrimoine Canada ou d'un autre ministère, car c'est important.

+-

    M. André Smith: Monsieur le président, l'appui de votre comité et de tous les députés et sénateurs est essentiel pour perpétuer le souvenir du sacrifice et de l'héroisme des Canadiens qui nous ont précédés ou qui représentent encore brillamment notre pays. Nous devrions en être très fiers.

+-

    Le président suppléant (M. Bob Wood): Merci, madame Beaumier.

    Monsieur Bailey, vous avez cinq minutes.

+-

    M. Roy Bailey: Merci.

    Dans la foulée de ce que vient de dire ma collègue, un de nos problèmes au Canada vient de ce que, en vertu de l'article 93 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, chaque province préserve jalousement sa compétence en matière d'éducation. Occasionnellement, un ministère décide brutalement—et je connais ce domaine depuis longtemps—d'attirer l'attention des élèves sur l'histoire de la Première et de la Seconde Guerres mondiales, etc. On fait alors un effort concerté, mais bientôt une nouvelle vision des choses arrive et l'on remplace ce programme par autre chose. Je suis désolé de constater cela au Canada depuis 50 ans, et je tenais à faire cette remarque.

    La question que je voulais vraiment…voici ce que je voulais savoir: vous dites que la Grande-Bretagne est le membre le plus important, et que le Canada est membre de…comment s'appelle cette organisation?

+-

    M. André Smith: Madame la présidente, il s'agit de la Commonwealth War Graves Commission.

+-

    M. Roy Bailey: Dites-moi une chose. La plupart de nos mémoriaux commémorent la Première Guerre mondiale, n'est-ce pas?

+-

    M. André Smith: Madame la présidente, les 13 monuments historiques en Europe dont je parle commémorent tous la Première Guerre mondiale.

+-

    M. Roy Bailey: Savez-vous si les États-Unis ont un monument commémoratif de la Première Guerre mondiale en Europe?

+-

    M. André Smith: Je suis désolé, madame la présidente, mais je ne sais pas. Je sais qu'ils ont des tombes. Ils ont rapatrié beaucoup de cercueils, mais c'est une autre question. Je crois qu'il n'y a pas de véritable monument américain commémoratif de la Première Guerre mondiale, mais je ne peux pas être affirmatif sur cette question. Je suis désolé.

À  +-(1035)  

+-

    M. Roy Bailey: Je vais vous expliquer pourquoi je vous pose cette question. J'avais quelques cousins proches aux États-Unis que je n'avais jamais rencontrés auparavant. Ils ont vu Vimy, et ils ont été très impressionnés. Ils m'ont dit: «Est-ce que nous n'avons pas participé à cette guerre?» Je leur ai répondu: «Si, mais vous n'êtes arrivés qu'en 1917». Je les ai un peu taquinés. Mais ils m'ont répondu: «Nous n'avons pas de monument commémoratif de la Première Guerre mondiale en Europe, n'est-ce pas?» Je leur ai dit que je ne le savais pas. J'ai fait des recherches l'autre jour, mais je n'ai rien trouvé, en tout cas rien qui se compare à Vimy.

    Comment se fait-il que nous…? Nous avons participé à de grandes batailles en Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Est-ce que c'est à cause de la multitude de fronts et du fait que c'était vraiment plus une guerre mondiale que la première guerre? Est-ce qu'on envisage de reconnaître un front particulier pour la Deuxième Guerre mondiale? Il y en a eu tellement.

+-

    M. André Smith: Madame la présidente, à la fin de la Première Guerre mondiale, les gens ont dit que c'était la “der des der“, qu'il n'y aurait plus jamais de guerre après cela. D'après mes recherches sur Vimy, je peux vous dire qu'à l'époque où nous construisions ce monument à Vimy, vers la fin, les vents de la guerre avaient recommencé à souffler. En fait, certaines des décisions concernant ce monument à Vimy ont été influencées par ces menaces de guerre. Deux statues, le Canada—la plus importante—et l'Esprit de sacrifice, devaient être construites en bronze. Or, le bronze est un matériau très précieux en temps de guerre, et on a pris alors la décision de ne pas construire en bronze de peur que ces statues soient pillées.

    En bref, comme on pensait à l'époque que ce serait la dernière guerre, la Commission des champs de bataille nationaux a décidé de construire des monuments commémoratifs sur 13 sites. On aurait pu en construire beaucoup plus, car il y avait de très nombreux autres sites de victoires et de défaites canadiennes où l'on aurait pu ériger des monuments. Mais ce sont ces 13 sites qui furent choisis à l'étranger.

    On a ensuite décidé de construire notre propre monument commémoratif de guerre à Ottawa, en haut de la rue Elgin. Le gouvernement a aussi décidé de construire la Tour de la Paix et la Chapelle du Souvenir. Là encore, ce sont des symboles de la fin des hostilités de la Première Guerre mondiale.

    Sur le sol de la Chapelle du Souvenir, on trouve des pierres de toutes les régions dans lesquelles les Canadiens se sont battus. Je sais que c'est votre lieu de travail quotidien, mais je ne sais pas combien d'entre vous ont vraiment eu le temps d'aller s'y recueillir. Faites-le si vous avez un moment. C'est un endroit superbe et on ne peut s'empêcher de se sentir fier d'être Canadien quand on y va.

    Quoi qu'il en soit, c'est la décision qui fut prise. On décida que ces monuments représenteraient la fin des hostilités de la Première Guerre mondiale. Ensuite, il y a eu la Seconde Guerre mondiale, mais une fois que cela été terminé, je crois que tout le monde a voulu tourner la page. On a posé une plaque sur tous nos cénotaphes, y compris notre monument commémoratif de guerre du Canada, pour commémorer la Deuxième Guerre mondiale, et on a fait la même chose pour la Guerre de Corée.

    Le gouvernement a décidé délibérément à l'époque de ne pas recommencer la construction de monuments en granit, en briques et en ciment. Cela n'empêche pas des régiments privés, des bataillons et des groupes d'anciens combattants de s'organiser pour construire des monuments commémoratifs ou des mémoriaux évoquant des batailles et des événements particuliers. Il y en a eu un exemple récemment à Ortona; c'est un projet qui a suscité un vaste intérêt public et il y a eu une souscription. Il y a actuellement quelque chose en cours, comme vous le savez, et notre ministère collabore étroitement avec toutes les parties concernées.

    Le climat peut donc évoluer, mais je peux simplement vous parler de la décision qui a été prise à l'époque, et qui était de ne pas construire de monument historique commémorant le rôle de notre nation durant la Seconde Guerre mondiale.

+-

    M. Roy Bailey: Merci.

+-

    La présidente: Merci.

    Monsieur Wood.

+-

    M. Bob Wood: Merci, madame la présidente.

    Vous avez dit que la carrière en Croatie était presque épuisée. Vous dites qu'il ne reste plus de pierre de première qualité et qu'il faut choisir de la deuxième ou troisième qualité. Est-ce que cela a un impact sur le monument et est-ce que cela va modifier son aspect pour les visiteurs? Et ces pierres sont-elles aussi durables? Les autres ont duré plus de 60 ans, mais que va-t-il se passer si nous utilisons des pierres de deuxième ou troisième qualité, combien de temps vont-elles durer, et va-t-il falloir tout recommencer dans 15 ou 20 ans?

À  +-(1040)  

+-

    M. André Smith: Madame la présidente, c'est encore une fois une excellente question et je suis heureux de pouvoir vous donner ces précisions. Je ne l'ai pas fait dans mon exposé pour qu'il ne dure pas trop longtemps.

    Quand je parle de pierre de deuxième et troisième qualités, je parle de la qualité d'ensemble des blocs extraits de la carrière. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas extraire de pierre de bonne qualité, c'est simplement qu'au lieu de pouvoir exploiter à 100 p. 100 un bloc extrait de la carrière, nous n'allons pouvoir en utiliser que 30, 40 ou 20 p. 100. Autrement dit, nous allons devoir rejeter jusqu'à 70 ou 80 p. 100 de ces blocs pour pouvoir garder uniquement de la pierre de haute qualité. Donc, il reste de la pierre de qualité, mais elle est moins concentrée dans les blocs extraits de la carrière, et il y a donc plus de déchets.

    Il y a encore suffisamment de pierre dans la carrière pour répondre à nos besoins. Nous en aurons largement assez.

    La visite que nous avons effectuée sur place a été très utile car nous avons pu voir qu'il était avantageux non seulement d'extraire la pierre de cette carrière si nous pouvons parvenir à une entente satisfaisante, mais aussi de la faire tailler sur place. Nous avions envisagé initialement de transporter d'énormes blocs jusqu'à Vimy pour les tailler et les préparer sur place.

    Ce que nous envisageons maintenant, d'après les nouvelles informations que nous avons recueillies, c'est de faire découper sur place la pierre en blocs des dimensions voulues pour le monument taillés sur six côtés, qui pourront être directement posés, et aussi de faire découper des dalles, car toute la surface du plateau est en dalles. Nous espérons que nous pourrons faire préparer toutes les pierres conformément à nos normes grâce à des machines très efficaces qu'ils ont là-bas en Croatie. Nous aurons donc moins de perte, car nous n'achèterons que le bon matériau dont nous aurons besoin, au lieu d'amener toute la pierre à Vimy pour devoir peut-être en rejeter 80 p. 100. Et nous espérons aussi faire des économies sur les coûts de main-d'oeuvre.

+-

    M. Bob Wood: Vous avez fait une affirmation audacieuse—en tout cas, c'est mon impression—quand vous avez dit que le calendrier serait respecté. Il y a toutes sortes de facteurs en jeu, la main-d'oeuvre, la carrière, etc. Pourquoi êtes-vous si sûr de vous?

+-

    M. André Smith: Madame la présidente, je dispose d'une excellente équipe et j'ai confiance en mes collaborateurs. Nous avons des plans de repli pour des cas où nous ne pourrions pas obtenir cette pierre. Le gros problème, c'est la pierre. Une fois que nous l'avons, tout le reste, ce sont des opérations mécaniques. Nous avons la technologie et nous nous préparons depuis longtemps à ce chantier. Je vous ai dit que le projet actuel avait débuté il y a cinq mois, mais cela fait des années que nous nous préparons. Nous savons très bien ce qu'il faut faire.

    Nous avons déjà démonté certaines parties du mur et nous ne prévoyons donc pas de grandes surprises quand nous allons entamer les travaux. Avec l'équipement et la technologie dont nous disposons aujourd'hui, nous sommes convaincus de pouvoir accomplir ce travail.

+-

    M. Bob Wood: Vous dites que vous avez une excellente équipe. Qui en fait partie? Y a-t-il quelqu'un du Canada sur place là-bas en permanence, pour superviser tout cela et s'assurer que nous ne nous faisons pas escroquer et que la qualité est respectée partout? Comme vous l'avez dit dans votre exposé, il s'agit de quelque chose de très important pour les Canadiens, et je crois que les Canadiens ne veulent pas quelque chose de bâclé. Ils veulent un travail professionnel. C'est un monument fantastique et nous devons nous assurer de bien faire les choses.

    Parlez-nous de votre équipe. Qui est sur place? Qui va superviser les travaux à la carrière pour s'assurer que nous obtenons la meilleure pierre? Qui va superviser les équipes de travail? Est-ce que ce sont des Canadiens?

À  +-(1045)  

+-

    M. André Smith: Madame la présidente, je tiens à bien préciser que je n'ai pas communiqué de questions à M. Wood à l'avance…

    Des voix: Oh, oh!

    M. André Smith:…mais que je lui suis très reconnaissant de cette question car elle est très importante et je suis heureux de pouvoir y répondre.

    Au ministère des Anciens combattants, il y a un groupe de cinq personnes dans mon bureau. Mon chef de projet est quelqu'un qui ne vit et ne respire que pour ces monuments depuis 15 ans, et qui a donc une excellente compréhension, connaissance historique et appréciation des aspects commémoratifs du monument.

    Nous avons aussi une excellente équipe à Travaux publics. Je vous ai déjà présenté M. Monette. Il est appuyé par une excellente équipe d'experts. Ce sont des gens qui ont une solide expérience du travail de ce genre de matériau, de la pierre. M. Monette a à sa disposition le tailleur de pierre fédéral. En fait, durant notre récente visite en Croatie, j'étais accompagné par M. Monette et ce tailleur de pierre fédéral ainsi que quelqu'un d'autre qui est probablement l'expert le plus éminent au Canada en matière de restauration de bâtiments en pierre. Donc, avec les gens des Travaux publics et les experts qui collaborent avec ce ministère ainsi que mon équipe, nous avons ce qu'il y a de mieux.

    Nous bénéficions aussi de l'apport des experts en conservation du patrimoine de Travaux publics. Nous avons répertorié chacune des pierres de ce monument. Nous connaissons leurs dimensions précises. Nous en avons une connaissance minutieuse. La seule surprise, ce sera quand nous les enlèverons et que nous verrons ce qu'il y a derrière.

    Je vous ai déjà dit qu'en Croatie, nous avons l'ambassadeur et son équipe de soutien. Nous avons aussi retenu les services de M. Ivan Tomasic, directeur de l'Institut de géologie et de sciences géologiques de Zagreb. C'est un expert particulièrement chevronné en ce qui concerne les pierres de Croatie, celle-ci étant le meilleur exemple. Il est donc à notre disposition.

    Par l'intermédiaire de la Commonwealth War Graves Commission, nous avons aussi retenu les services d'un des experts les plus éminents probablement en Europe. Il va travailler avec nous à plein temps. Il était auparavant directeur des opérations pour toute la France, où il était responsable de quelque 5 000 cimetières relevant de la Commission en France. Il passait des contrats en Europe, et il connaît donc très bien la procédure et sait tout ce qu'il faut faire pour notre chantier à Vimy et sur les autres sites.

    Nous avons aussi à notre disposition le bureau des marchés situés à Coblence, en Allemagne. C'est ce bureau qui s'occupe de l'impartition pour la plupart de nos ambassades à l'étranger, qui s'occupait des contrats pour nos forces militaires quand elles étaient basées en Allemagne, et qui s'occupe maintenant de l'essentiel des contrats et des achats pour les diverses interventions du Canada dans le monde, notamment l'opération actuelle en Afghanistan, l'Opération Apollo.

    Nous avons donc une équipe internationale. Nous avons une solide équipe au Canada pour les aspects historiques, une solide équipe à l'étranger pour les aspects opérationnels et des antennes sur place pour l'exploitation et la gestion, et nous n'avons pas encore fait intervenir notre entrepreneur principal—quelqu'un qui sera choisi au terme d'une procédure d'appel d'offres et de sélection extrêmement précise et rigoureuse—qui sera responsable de la gestion d'ensemble du projet de restauration. Nous espérons que cette sélection se fera très bientôt, d'ici deux mois.

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    La présidente: Merci.

    Monsieur Bailey.

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    M. Roy Bailey: J'ai juste une petite question à poser, car nous n'avons plus beaucoup de temps. Existe-t-il aujourd'hui une technologie qui n'existait pas quand le monument a été construit, mais qui nous permettrait d'assurer l'étanchéité et d'éviter l'oxydation de la pierre?

    Je vous pose la question car je viens d'aller visiter le nouveau Parlement qui est en construction à Édimbourg. Je ne suis pas sûr d'être vraiment d'accord avec le modernisme de la structure, mais en me promenant en ville un jour, j'ai remarqué un édifice qu'ils avaient décapé au jet de sable pour le ravaler. Ils m'ont dit que cela ne se faisait plus—ils utilisent surtout du grès—mais qu'après ce sablage, ils scellent la pierre. Je n'ai pas eu le temps d'approfondir la question, mais vu que nous faisons cela aussi à Ottawa, y a-t-il un produit chimique quelconque qui pourrait permettre de conserver plus longtemps la pierre qui va être utilisée pour cette remise en état?

À  +-(1050)  

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    M. André Smith: Madame la présidente, c'est là encore une excellente question. Je pourrais vraiment entrer dans les détails techniques, mais je vais me retenir et éviter d'aller trop loin sur ce plan.

    Nous avons des connaissances beaucoup plus poussées sur ce monument qu'à l'époque où il a été construit. À cette époque-là, on n'avait à peu près aucune idée de l'interaction du béton et de la chaux. Nous savons maintenant que lorsqu'on met du béton et de la chaux ensemble, cela ne donne pas de bons résultats. Nous savons qu'il faut qu'il y ait une séparation entre les deux.

    Permettez-moi de faire une petite digression car il est intéressant de souligner qu'à l'époque où ce monument a été construit, le contre-plaqué n'existait pas. Il y avait des planches bouvetées, et la technique de construction consistait à construire deux assises de pierre qui constituaient le mur extérieur. On mettait une charpente en bois à l'intérieur et on montait deux assises ensemble. On versait le ciment qui adhérait à la pierre. Alors qu'aujourd'hui sur un édifice en brique, on voit de petits crampons de fixation qui tiennent le ciment et la brique au mur, à cette époque-là, ils posaient d'abord la pierre et ils faisaient ensuite adhérer le ciment à la pierre.

    La face extérieure de la pierre était lisse, mais l'intérieur était strié. Un peu comme au-dessus d'une fenêtre, il y avait une boutisse à chaque niveau de pierre. C'était une structure très complexe. A priori, tout cela a l'air extrêmement solide, mais c'est très difficile à réparer quand on doit enlever ces matériaux. En réalité, c'était une recette catastrophique car la pierre et le ciment étaient scellés.

    Dans un endroit parfaitement sec, cela n'aurait pas posé de problème. Nous avons vu des exemples d'utilisation de cette pierre en Croatie. Dans la ville de Split, par exemple, le palais de l'empereur Dioclétien, qui date à peu près de l'an 400, je crois, a été construit avec de la pierre de Seget, et il est encore en assez bon état compte tenu de son âge. Nous avons vu d'autres utilisations plus récentes de cette pierre aux environs de Zagreb, mais dans ces cas-là elle a été posée sur une surface de ciment comme ici, et il y a les mêmes problèmes. Il y a de la moisissure, parce que l'ennemi, c'est l'eau. L'eau réagit avec le béton et les sels, elle s'infiltre dans le calcaire et donne de la calcite, et cela provoque toutes sortes de moisissures.

    Dans les nouvelles constructions, nous avons constaté qu'on laissait un tampon d'air entre le béton et la pierre ou qu'on posait une barrière physique. Cela permet d'éliminer tout de suite une foule de problèmes. J'ajoute qu'avec la technologie actuelle, nous disposons de mortiers bien meilleurs maintenant. Étant donné les cycles de gel-dégel fréquents que l'on trouve là-bas, comme on a une pierre saturée, si le mortier est trop friable et pas assez élastique, le passage brutal de températures glaciales à des températures chaudes provoque une énorme dilatation et la pierre éclate. On peut utiliser de nos jours des mortiers plus élastiques. Nous avons donc dans l'ensemble des techniques et des connaissances qui n'existaient pas à l'époque de la construction du monument.

    Nous avons fait des expériences. À un des coins du monument, nous avons soulevé les pavés. Le monument avait été conçu pour avoir une pente graduelle à partir des pylônes pour assurer l'écoulement de l'eau. On pensait que l'eau ruissellerait sur le côté et serait évacuée par un réseau de drainage très complexe. Mais dès le début des travaux, avant même la construction des pylônes, il y avait de l'eau qui stagnait sur la surface et qui s'écoulait par les côtés. C'est à cause de cela que tous les noms gravés sur ces remparts ont été abîmés.

    Nous avons fait une expérience il y a trois ans sur un coin. Nous avons soulevé les pavés et posé une membrane de caoutchouc que nous avons fait remonter sur les remparts et scellée. Il y a des problèmes à l'endroit de la jointure avec le mur intérieur, mais en dessous de la surface où nous avons posé cette membrane, il n'y a plus d'humidité.

À  +-(1055)  

    Je vais vous expliquer ce qui s'est passé. L'une des premières tentatives de réparation—c'était du bricolage—a consisté à forer des trous jusqu'au plateau. Cela a eu deux résultats déplorables. Premièrement, on a exposé les barres d'armature. Quand on expose la barre d'armature, elle ne fonctionne plus bien parce que l'air pénètre et ensuite les sels et les éléments chimiques commencent à l'attaquer, et elle se désintègre. Deuxièmement, ces trous permettaient l'écoulement de l'eau, mais les sels restaient. Nous avons en fait eu des stalactites qui pendaient d'une plate-forme de ciment soutenue par plusieurs pylônes de soutien intérieurs, et nous avons donc su qu'il y avait un sérieux problème d'infiltration d'eau dans le plateau. C'était cela qui provoquait les infiltrations dans les murs latéraux.

    Le problème était analogue pour le deuxième niveau: de l'eau qui s'infiltrait dans le mur de façade et s'inscrutait dans les escaliers.

    Nous avons donc cerné les problèmes de conception et élaboré des techniques qui vont nous permettre de répondre à une partie de ces problèmes, et nous connaissons aussi beaucoup mieux l'interaction des matériaux et ce qu'il faut faire pour les préserver en les isolant ou en les séparant.

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    La présidente: Merci.

    Monsieur Wood.

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    M. Bob Wood: Je vais en venir à la crête de Vimy dans un instant, mais vous avez parlé des 12 autres monuments commémoratifs en Europe. Si je vous ai bien compris, tous ces travaux vont se dérouler en même temps, ou à peu près, pour nous permettre de dépenser le moins d'argent possible. Est-ce que ce sont les mêmes personnes qui vont superviser tous ces travaux?

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    M. André Smith: Oui.

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    M. Bob Wood: Ces personnes ne risquent-elles pas de devoir se disperser un peu trop? Comment cela va-t-il fonctionner? Si nous faisons les travaux dans tous les autres monuments en même temps, est-ce que quelqu'un va passer son temps tous les jours ou toutes les semaines à aller voir sur place un peu partout comment avance la construction?

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    M. André Smith: Madame la présidente, nous n'avons pas encore réglé une bonne partie de ces dispositions opérationnelles. Nous allons certainement nous appuyer…nous aurons probablement un roulement d'experts et de gestionnaires de projet du Canada pour qu'il y ait quelqu'un sur place. Nous aurons aussi en permanence le représentant de la Commonwealth War Graves Commission pendant toute la durée du projet. Comme je vous l'ai dit, c'est un expert qui pourra parfaitement diriger les équipes opérationnelles sur ces petits sites.

    C'est pour le grand projet que nous aurons peut-être besoin de quelqu'un sur place à plein temps. Le directeur de projets de Travaux publics et ses experts seront en contact direct avec l'entrepreneur principal. C'est celui-ci qui devra s'assurer que tout s'effectue conformément à nos exigences et aux normes stipulées pour le monument.

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    M. Bob Wood: J'ai encore une dernière question et ce sera tout.

    Dans cette petite brochure qu'on nous a distribuée, on dit que le site est toujours régi par la législation française. Est-ce que nous risquons d'avoir des problèmes du fait de cette législation? La législation du travail est-elle différente de la nôtre? Vous avez parlé de la participation de personnes venant d'autres pays. Avez-vous vérifié si cela posait un problème au niveau de la législation française? Je ne sais pas si c'est le cas.

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    M. André Smith: Madame la présidente, grâce à toute l'expérience que nous avons eue dans le passé sur ces sites, nous connaissons bien la question. Quand j'étais à la Division de la commémoration, nous avons construit un centre d'accueil et d'interprétation à Vimy, et aussi un autre centre qui a été inauguré récemment, en juillet dernier, à Beaumont-Hamel. C'était un projet de 3,5 millions de dollars. Nous avons fait appel principalement à des entrepreneurs français et des travailleurs étrangers, et les éléments d'interprétation et tout le contenu ont été élaborés au Canada. Nous avons donc une bonne expérience du travail avec les Européens, et nous pouvons aussi nous appuyer sur l'expertise de notre bureau des marchés à Coblence, en Allemagne, comme je vous l'ai déjà dit.

    Cependant, les règlements sont différents, c'est certain. La réglementation du travail est différente. Nous allons respecter les normes canadiennes dans tous les cas. Si les normes européennes vont plus loin que les nôtres, nous respecterons ces normes européennes.

    Dans le cas d'un de nos projets—celui du Centre d'accueil de Beaumont-Hamel—il y a eu un conflit parce que les deux législations ne concordaient pas. Il s'agissait du chauffage par le sol. Il était impossible de faire concorder les exigences canadiennes et françaises, et nous avons donc dû renoncer à cet aspect de notre projet. Mais dans le cas du présent projet, nous avons pris des renseignements préliminaires et nous ne prévoyons pas de problème important. Il n'y a aucun problème insurmontable en matière de compatibilité des exigences et des réglementations canadiennes et européennes.

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    La présidente: Merci.

    Pour ceux qui sont de service à la Chambre, je crois qu'on convoque le quorum et que la cloche sonne depuis un bon moment déjà.

    Monsieur Smith, cet exposé a été extrêmement intéressant et je crois que vous avez apaisé notre soif intérieure en nous rappelant à quel point nous pouvons être fiers de ce que font les Canadiens dans le monde. Merci beaucoup pour votre exposé. Nous sommes impatients de voir le résultat final de ce projet.

Á  -(1100)  

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    M. André Smith: Merci, madame la présidente.

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    La présidente: La séance est levée.