propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, un peu plus de deux ans se sont écoulés depuis que les Canadiens ont élu un gouvernement qui avait précisé ses priorités et qui a commencé à réaliser ses engagements. Non seulement nous avons tenu nos promesses, mais encore, nous avons pris des mesures pour nous attaquer à de nouveaux problèmes qui demandent une intervention rapide.
La sécurité des produits de consommation est un excellent exemple de notre engagement à intervenir pour obtenir des résultats. C'est pourquoi je suis heureux d'amorcer le débat sur le projet de loi , Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation, à l'étape de la deuxième lecture.
En termes simples, le gouvernement du Canada a à coeur d'assurer la sécurité des consommateurs et agit en ce sens.
[Traduction]
Le projet de loi dont nous sommes actuellement saisis découle d'un engagement pris dans le discours du Trône, soit celui de « [proposer] des mesures sur la sûreté des aliments et des produits afin que les familles puissent avoir confiance en la qualité et la sûreté des biens qu’elles achètent. »
Ce projet de loi est un élément clé du nouveau Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation que le a annoncé le 17 décembre dernier. Le budget de 2008 prévoit d'ailleurs 113 millions de dollars sur deux ans pour financer ce plan, dont l'objectif est simple: moderniser et renforcer le système de sécurité des aliments, des produits de santé et des produits de consommation au Canada. Permettez-moi de prendre quelques minutes pour rappeler aux députés les circonstances qui ont mené à notre plan d'action et à ce projet de loi.
Le fait est que la vaste majorité des fournisseurs qui fabriquent, importent, distribuent et vendent des produits de consommation aux Canadiens prennent la sécurité au sérieux. Ces entreprises tiennent à leur réputation. Elles savent à quel point elle est essentielle à leur réussite. Il arrive toutefois que des problèmes surviennent, surtout à une époque où tant d'entreprises différentes dans divers pays participent à la création et à la distribution d'un seul produit avant même que ce dernier n'arrive sur les étalages.
L'an dernier, par exemple, il y a eu des problèmes au sujet de la teneur élevée en plomb de certains jouets pour enfants. En tant que ministre, je peux affirmer à la Chambre que, dès que notre gouvernement a pris connaissance de rapports faisant état de menaces pour la sécurité des consommateurs, il a utilisé tous les outils à sa disposition en fonction du cadre réglementaire en vigueur, mais j'ai malgré tout pu constater que nos processus ne correspondaient plus à la réalité du marché.
La Loi sur les produits dangereux n'a pas été réexaminée en profondeur par la Chambre depuis 40 ans, avec comme résultat que la sécurité des produits de consommation au Canada est encore fondée sur un cadre législatif adoptant une approche unique en matière de réglementation. Il arrive souvent que le gouvernement fédéral ne puisse pratiquement rien faire d'autre que de réagir aux problèmes. Même une chose aussi importante que le rappel d'un produit était laissée à la discrétion des entreprises concernées.
[Français]
Il est temps que nous adoptions une nouvelle approche. Il est temps d'adopter l'approche que préconise le Plan d'action canadien pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation. C'est d'ailleurs l'approche qu'entend privilégier le gouvernement en vertu de la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation.
[Traduction]
En plus des modifications législatives que nous proposons dans ce projet de loi, nous avons déjà commencé à prendre des mesures afin de mieux protéger les consommateurs. Par exemple, notre site web sur les nouveaux produits pour enfants et la sécurité alimentaire permet aux Canadiens de vérifier en ligne si des produits destinés aux enfants ou des aliments auraient fait l'objet d'un rappel.
Le projet de loi vise à fournir encore plus d'outils. Je vais en faire une brève description.
La mesure législative proposée remplacerait la partie I de la Loi sur les produits dangereux. Elle reflète notre nouvelle orientation, adaptée à la mondialisation de l'économie et s'inspirant de trois éléments prioritaires: premièrement, la prévention active, pour bloquer le plus de problèmes possible, avant même qu'ils ne surviennent; deuxièmement, la surveillance ciblée, qui permettrait au gouvernement de surveiller de plus près les produits qui posent un plus grand risque pour la santé et la sécurité; et, finalement, la réaction rapide, qui permettrait d'agir plus vite et plus efficacement lorsque les problèmes se produisent.
Du point de vue de la prévention active, la nouvelle mesure législative vise à instaurer un cadre réglementaire qui permettrait au gouvernement d'offrir une meilleure information sur la sécurité aux consommateurs. Elle vise à encourager les industries à intégrer et à améliorer la sécurité dans leurs chaînes d'approvisionnement. Elle vise enfin à promouvoir la prévention des problèmes.
Le projet de loi prévoit une mesure de prévention clé. Il interdirait en effet la fabrication, l'importation, la promotion et la vente de produits de consommation dangereux pour la santé et la sécurité humaines. Cet engagement en matière de prévention est encore renforcé par les activités plus rigoureuses de conformité, de promotion et d'application qui sont prévues dans le projet de loi.
Le projet de loi propose des amendes plus sévères pouvant atteindre 5 millions de dollars pour les infractions graves. En outre, il n'imposerait aucun plafond aux peines maximales que les tribunaux pourraient établir à leur discrétion lorsqu'il serait démontré que le fournisseur a agi volontairement ou sans se soucier des conséquences.
Pour encourager le respect de la loi, le projet de loi donnerait aux inspecteurs le pouvoir d'imposer des sanctions administratives pécuniaires moins coûteuses et plus efficaces qui pourraient ainsi se substituer aux poursuites criminelles.
En ce qui concerne la surveillance, il nous faut une approche beaucoup mieux ciblée et documentée. Par conséquent, le projet de loi permettrait au gouvernement du Canada d'exiger des fournisseurs qu'ils soumettent leurs produits destinés aux consommateurs à des tests de sécurité et qu'ils lui fournissent les résultats de ces tests afin qu'il en vérifie la conformité. Ces données permettraient aux inspecteurs de se concentrer sur les produits susceptibles de poser le plus grand risque pour les consommateurs.
Pour assurer une réaction rapide, le projet de loi permettrait au gouvernement d'agir plus rapidement qu'auparavant pour protéger le public lorsqu'un problème survient.
Comme je l'ai mentionné plus tôt aujourd'hui, à l'heure actuelle, le gouvernement dispose de peu de pouvoir pour retirer des tablettes les produits de consommation dangereux. La responsabilité repose en grande partie sur les fournisseurs. En pratique, ils réagissent vite, car c'est la chose à faire, évidemment, pour les consommateurs et le bien de leurs marques. Toutefois, la loi n'offre aucune garantie à cet égard. La mesure législative proposée nous donnerait les pouvoirs nécessaires. Si nous disposions de meilleures données sur les entreprises touchées, nos inspecteurs pourraient réagir plus rapidement quand le besoin se fait sentir.
Le projet de loi exigerait que les entreprises conservent des registres afin qu'elles et les inspecteurs fédéraux puissent retracer les produits de consommation à n'importe quelle étape — fabricant, importateur, grossiste ou détaillant — et prendre des mesures rapidement et efficacement le cas échéant. Ce serait une amélioration notable, une amélioration grandement nécessaire à une époque où les chaînes d'approvisionnement mondiales sont complexes.
[Français]
Ces trois éléments de notre nouvelle approche —prévenir les problèmes, cibler les risques plus élevés, intervenir dès que survient un problème — confirment que le gouvernement du Canada a à cœur de protéger les consommateurs et qu'il agit en ce sens.
L'actuel filet de sécurité des produits de consommation du Canada fonctionne-t-il? Les chiffres montrent que oui, mais le projet de loi vise à s'assurer que le système fonctionne encore mieux.
[Traduction]
J'espère que tous les partis de la Chambre vont se prononcer en faveur de la sécurité des produits de consommation. J'espère qu'ils seront d'accord avec moi pour dire que la majorité des acteurs de l'industrie prennent la sécurité des consommateurs très au sérieux. Seul un faible pourcentage d'intervenants agissent de manière irresponsable et nous allons sévir contre eux, ce qui permettra aux entreprises canadiennes qui respectent la loi de soutenir la concurrence selon des règles du jeu équitable.
Tous les députés devraient faire comme moi et appuyer le projet de loi , qui vise à moderniser notre système d'assurance de la sécurité pour qu'il devienne le meilleur au monde. C'est ce que les entreprises et les consommateurs canadiens veulent et ils méritent rien de moins.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que j'interviens dans le débat sur ce projet de loi. Je crois qu'il s'agit d'un projet de loi important. C'est une mesure bienvenue de la part du gouvernement du Canada. En notre qualité de parti de l'opposition, nous comptons faire notre part au sein du Parlement pour améliorer ce projet de loi en posant les questions qui s'imposent et en écoutant les Canadiens qui pourraient avoir des préoccupations. Ces derniers pourraient appuyer ou non cette mesure. En outre, ils pourraient vouloir proposer des modifications qui pourront être soumises à l'étude du comité ou de la Chambre de manière à ce que le projet de loi puisse atteindre son objectif premier, c'est-à-dire protéger les Canadiens.
Je suis certain que le ministre reconnaît, comme tous les députés d'ailleurs, qu'il est facile de protéger les Canadiens. Nous pouvons imposer à toutes les activités commerciales des contraintes si strictes que personne ne pourra jamais être lésé. Toutefois, assurer la protection des Canadiens tout en maintenant le commerce et en permettant aux agriculteurs, aux producteurs et aux manufacturiers de faire leur travail nécessite un équilibre. Dans nos discussions sur la mise en oeuvre de ce projet de loi, nous allons examiner si nous pouvons faire ces deux choses. Nous devons nous assurer qu'à l'avenir l'équilibre sera maintenu et que nous ne favoriserons pas indûment un élément au détriment de l'autre.
Dans ma circonscription, l'Agence canadienne d'inspection des aliments met actuellement en péril le succès d'un employeur qui offre des emplois durables à cause d'un problème lié à la sécurité des produits. En fait, il s'agit d'un problème de perception concernant la sécurité des produits et les mesures à adopter. Dans ce cas, on a montré que le produit est très sécuritaire, mais on ne peut donner la même assurance relativement aux produits des concurrents. Cela est très préoccupant. Il me tarde d'examiner comment nous nous y prendrons.
Comme le député de l'a signalé, nous étudions en fait deux projets de loi. Nous ne pouvons examiner ces projets de loi séparément. C'est d'ailleurs probablement l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement a présenté les projets de loi et en même temps. La Chambre se penche aujourd'hui sur le projet de loi , et il me tarde que nous abordions le projet de loi .
Le projet de loi fait l'objet de discussions depuis longtemps. Des consultations ont eu lieu auprès de l'industrie pour tenter d'aller de l'avant dans ce dossier, mais la situation n'est pas du tout la même pour le projet de loi qui semble susciter davantage de réactions impulsives en raison des problèmes qui ont été soulevés, surtout l'automne dernier. Il y a toujours un risque lorsqu'on agit rapidement ou de cette façon. Le Parlement et le comité devront voir à étudier adéquatement la question et à apporter les modifications nécessaires afin d'en arriver aux résultats souhaités, c'est-à-dire la protection des Canadiens.
Comme je l'ai déjà souligné, il serait difficile de contester le principe même du projet de loi. Je crois que nous en reconnaissons tous le bien-fondé. Je pourrais dire en résumé qu'il rend les gens plus responsables de leurs actes et qu'il impose d'importantes pénalités financières à ceux qui ne le sont pas. Les gens qui veulent profiter d'une activité légitime ont des responsabilités à assumer à cet égard. Ils doivent tout d'abord assurer la sécurité de leurs clients consommateurs ainsi que celle des travailleurs et de tous ceux qui entrent en contact avec leurs produits. Je crois que nous souscrivons tous à ce principe.
Nous devons être prudents, parce que nous parlons ici de l'importateur, du fabricant, du détaillant, du distributeur et de tous ceux qui pourraient faire l'objet d'une inspection de la part de Santé Canada, de l'Agence canadienne d'inspection des aliments ou de l'Agence des services frontaliers du Canada. À mon avis, aux termes de la présente loi, ils assumeraient tous le même degré de responsabilité.
Ce que nous leur disons, c'est qu'ils doivent tenir des registres et connaître la chaîne d'approvisionnement. C'est assez facile à faire pour un distributeur qui fait entrer un certain nombre de produits dans un pays et les distribue. C'est assez facile à faire pour un fabricant qui importe des intrants et y apporte quelques changements techniques, transforme et modifie le produit de base et remballe le tout pour le remettre sur le marché. Ce n'est pas très compliqué.
C'est un peu plus difficile pour un détaillant qui n'est pas associé à une grande chaîne. Un détaillant indépendant ou un commerce de moins grande taille peut vendre des produits semblables achetés à différents endroits. Il peut être difficile de savoir exactement où chacun des produits a été vendu. Il se peut qu'on ne puisse pas les retrouver.
J'ai hâte de voir ce que cela signifie et comment se fera ce suivi. Sommes-nous en train de créer un système qui coûterait très cher, tellement cher que les petits entrepreneurs, et surtout les petites entreprises familiales, seraient forcés de fermer boutique?
Nous avons déjà vu de telles situations se produire dans l'industrie des aliments pour animaux. En raison des inquiétudes créées par l'ESB, nous avons imposé de nouveaux critères d'étiquetage permettant de suivre tous les aliments. Nous avons ainsi augmenté le coût des intrants et avons créé ce genre de problèmes.
Si nous ne faisons pas les choses correctement, nous pourrions créer de tels problèmes alors que ce n'est pas nécessaire. J'admets que, s'il y a un danger pour la santé humaine, il faut prendre les mesures qui s'imposent. Si cela signifie que, dans certaines conditions, certaines personnes ou entreprises ne devraient pas être en possession de certains produits, on peut le comprendre. Toutefois, nous courons un grand risque de créer des conséquences indésirables si nous ne faisons pas bien les choses et ne prenons pas les précautions nécessaires.
Un élément m'inquiète particulièrement. J'en ai parlé avec le ministre. J'approuve, en principe, le pouvoir d'ordonner le rappel d'un produit, et je pense que nous devrions tous être d'accord là-dessus. Je pense que nous comprenons cela. Toutefois, dans l'état actuel des choses, nous obtenons ces rappels au moyen de négociations et de discussions. Je n'ai jamais entendu parler d'une situation où les pratiques actuelles se seraient révélées inefficaces et où un produit dangereux serait resté sur le marché parce qu'un distributeur, un fabricant ou un détaillant aurait refusé de le retirer du marché. Je n'ai jamais entendu parler d'une telle situation au Canada. Cela pourrait cependant arriver, et c'est donc sensé de créer un pouvoir d'ordonner le rappel.
Lorsqu'on accorde à un ministre ou à un ministère un pouvoir quelconque, il arrive parfois qu'avec le temps ce pouvoir se transforme en obligation d'agir parce que les gens s'adressent aux tribunaux ou font valoir que si le ministre avait exercé son pouvoir de procéder à un rappel dans tel ou tel cas, il n'y aurait pas eu de problème. Par la suite, dès que se produit une situation un tant soit peu semblable, les inspecteurs du ministère procèdent immédiatement à un rappel afin de protéger le public canadien, comme ils le devraient. Voilà le risque.
Je ne dis pas que c'est ce qui se produirait dans un tel cas, mais je tiens à m'assurer que nous commencions toujours par des négociations, et que ces négociations respectent la tendance actuelle, c'est à dire que les inspecteurs de Santé Canada ou de l'Agence canadienne d'inspection des aliments collaborent avec l'importateur ou le fabricant au pays pour déterminer s'il est possible de régler le problème sans procéder à un rappel. Il est souvent possible de résoudre le problème sans que cela ne menace la santé physique des gens ou la santé financière d'entreprises canadiennes. Si nous procédons à un rappel ou que nous en forçons le déclenchement, cela pourrait provoquer des craintes injustifiées sur le marché, entraîner des pertes d'espace d'étalage pour certaines entreprises ou avoir d'autres répercussions du genre, ce qui pourrait devenir très risqué. Nous devons absolument éviter ce genre de situation.
N'oublions pas non plus que nous n'avons pas le même pouvoir sur les concurrents étrangers de nos fabricants, distributeurs, entrepreneurs ou importateurs canadiens, car il est possible que les régimes en vigueur dans les pays de ces concurrents diffèrent du nôtre. Ne l'oublions pas.
Nous devons aussi penser à l'administration. Est-ce que notre façon de faire permettrait de tirer le maximum de la bureaucratie actuelle? Ou devrions-nous tout reproduire et compliquer ainsi davantage les choses? Un importateur devra-t-il s'adresser à plusieurs ministères pour réaliser le même processus? Y aura-t-il une certaine forme de coordination?
Quand le Comité des finances a examiné les produits de contrefaçon qui entraient au pays, nous avons constaté que l'Agence des services frontaliers du Canada n'était pas en mesure d'inspecter ces produits, car elle n'avait pas assez d'employés. Elle ne peut pas faire d'inspection active. Il est donc nécessaire de mettre en place un système qui permette l'examen de certains stocks, importations ou lots. Si nous élargissons les exigences sans en coordonner l'administration, nous courons le risque d'avoir un processus trop bureaucratique.
Nous avons dit à maintes reprises que nous voulons une réglementation intelligente dans ce pays et que nous désirons réduire les formalités administratives. L'établissement d'un nouveau programme nous offre une excellente occasion de le faire.
Je crois que personne ne s'opposerait à des sanctions plus lourdes. Je pense que c'est une bonne idée. Ce que les gens mettent en doute, c'est l'efficacité de sanctions qui ne sont jamais appliquées. Puisque des accusations ne sont jamais portées dans le cadre du système actuel, serait-il utile de prévoir des sanctions plus lourdes? Je tends à croire que oui, mais nous devons voir pourquoi les sanctions ne sont pas appliquées à l'heure actuelle, et si nous disposons d'autres moyens que le recours au tribunal.
Je suis très heureux de voir que le projet de loi permettrait au ministre et à ses inspecteurs d'appliquer des sanctions administratives pécuniaires à l'importateur ou au fabricant beaucoup plus rapidement et efficacement, sans avoir recours au processus judiciaire. Je pense que c'est une bonne idée.
Également, la possibilité de recourir aux injonctions au lieu de porter des accusations à l'égard d'un entrepreneur est intéressante. On peut demander une injonction au tribunal pour faire cesser l'importation, la distribution ou certains procédés de fabrication. À mon avis, c'est de loin préférable à la nécessité de porter des accusations et d'être obligé de participer à un long litige devant les tribunaux, dont l'issue n'est jamais certaine, et qui n'aboutirait pas nécessairement à la protection du bien-être d'une personne mais ferait certainement du tort à notre capacité concurrentielle.
L'incidence sur la compétitivité est importante. À cet égard, j'aimerais voir non seulement le Comité permanent de la santé mais aussi le Comité de l'industrie se pencher sur ce projet de loi. Je crois bien que les membres du Comité de la santé seront disposés à accueillir son apport.
Comment appliquer ces principes sans réduire la compétitivité des entreprises canadiennes? C'est ce que nous devrions viser, à mon avis. Notre première responsabilité est de protéger la santé humaine et nous ne pouvons nous y soustraire pour aucune raison. Cependant, nous devons le faire en protégeant notre compétitivité, tant sur nos marchés intérieurs que pour l'exportation. Je m'attends à ce que le comité puisse se pencher sur tous ces aspects.
Je suis heureux que le projet de loi fasse l'objet d'un débat et j'estime que notre parti appuiera son renvoi au comité. Je suis impatient d'en discuter au comité, d'examiner le projet de loi dans ses détails, de réfléchir à la mise en oeuvre et d'avoir l'occasion de présenter des amendements au comité ou à la Chambre. J'espère que les fonctionnaires du gouvernement du Canada seront en mesure d'expliquer au comité quelle sera la nature de la réglementation qui s'impose et d'en donner un aperçu.
Comme députés de la Chambre des communes, nous faisons en quelque sorte un acte de foi en accordant au ministre ou au gouvernement le pouvoir de promulguer des règlements selon l'esprit d'un projet de loi adopté à la Chambre, puisque la réglementation ne nous est pas soumise par la suite. Les règlements sont pris par décret dans la plupart des cas et il arrive très peu souvent qu'ils reviennent devant le Parlement, soit directement, soit par le truchement d'un comité. Il serait fort utile, me semble-t-il, que les fonctionnaires nous donnent un aperçu ou une idée du type de réglementation qui sera nécessaire dans ce cas.
Je m'attends à des discussions plus approfondies lors de l'étude en comité.
:
Monsieur le Président, à titre de porte-parole du Bloc québécois en matière de santé, je suis intéressée aujourd'hui par ce projet de loi sur la sécurité des produits de consommation. On sait que cette loi n'a pas été révisée depuis 1969. D'ailleurs, le Bloc québécois avait réclamé que le gouvernement aille de l'avant avec un projet de loi pour faire le ménage de cette vieille législation qui ne répond plus aux besoins du moment. Il fallait combler des lacunes, resserrer des exigences et bannir la fabrication, la promotion et la commercialisation de produits ayant des effets nocifs sur la santé, voire parfois mortels pour des personnes les ayant absorbés. Présentement, les fabricants ne sont pas contraints de tester leurs produits. Avec ce projet de loi, ils auraient le fardeau de la preuve afin de démontrer que ces produits sont sécuritaires pour la population.
Depuis plusieurs années, le Bloc québécois est intervenu plusieurs fois concernant cette sécurité que l'on doit offrir aux consommateurs. De plus, le respect des normes canadiennes ne peut pas être différent par rapport aux normes d'autres pays, par exemple quand on retrouve des doses anormales de plomb dans des produits. On peut s'interroger sur l'efficacité de la loi actuelle. On sait que beaucoup de rappels de produits ont été faits au cours des derniers mois. On se souviendra du dentifrice, produit en Afrique du Sud, qui contenait des substances dangereuses pour les gens. Les produits de Fisher-Price contenaient des matières dangereuses et toxiques pour les enfants. Le fabricant de jouets américain Mattel a également procédé au rappel de plusieurs millions de jouets fabriqués en Chine, en l'occurrence. Dans certains jouets que la plupart des enfants ont — comme les Barbie ou les jouets GeoTrax —, il y avait trop de plomb. Heureusement, tous ces produits ont été rappelés parce qu'ils étaient dangereux pour les enfants.
Également, en 2006, la vérificatrice générale s'est préoccupée de ce dossier. Elle avait souligné toutes les lacunes qui existaient à Santé Canada quant au contrôle des produits dangereux. Elle disait que les gestionnaires du programme de la sécurité des produits étaient incapables de respecter leur mandat parce qu'ils n'avaient pas assez d'outils. Ils manquaient de ressources humaines. Il y avait une mauvaise affectation des ressources et la loi ne protégeait pas adéquatement la population. Depuis 2006, ce gouvernement était au courant de toutes ces lacunes.
Aujourd'hui, on peut dire que le dépôt de ce projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais, comme le disait mon collègue, porte-parole en matière de santé du Parti libéral, on n'en connaît pas encore les règlements. Les règlements nous apprendrons comment ce projet de loi sera appuyé et comment il sera mis en oeuvre.
Cinq mesures du projet de loi visent à renverser le fardeau de la preuve concernant la sécurité. La première mesure vise l'innocuité des produits de consommation. La deuxième mesure demande un accroissement des pouvoirs des inspecteurs. La troisième mesure accordera au ministre un nouveau pouvoir de rappel des produits. Quatrièmement, les sanctions seront très dissuasives et enfin, cinquièmement, on devra assurer la traçabilité des produits.
Voyons ce que veut dire la première mesure concernant le fardeau de la preuve. Présentement, aucune contrainte n'est imposée aux fabricants. Ils n'ont pas à démontrer que leurs produits ne sont pas dangereux et ne menacent pas la sécurité des consommateurs. Le projet de loi propose d'inverser ce fardeau de la preuve et de l'imposer dorénavant aux fabricants. Encore aujourd'hui, Santé Canada doit démontrer lui-même, sur la base de tests, qu'un produit est dangereux et représente une menace à la sécurité des consommateurs. Le projet de loi C-52 suggère de forcer les fabricants et les importateurs de produits de consommation à tester l'innocuité de leurs produits sur une base régulière et, surtout, à divulguer les résultats de ces tests. Également, obligation est faite aux entreprises de déclarer toute mesure ou maladie causée par leurs produits. Ainsi, on responsabilise davantage les fabricants et les importateurs, car on leur impose l'obligation de prouver que leurs produits sont sécuritaires, ce qui va dans le sens de ce que revendique le Bloc québécois depuis septembre dernier.
La deuxième mesure concerne l'accroissement des pouvoirs aux inspecteurs. Comme l'avait souligné la vérificatrice générale dans un rapport, afin d'assurer l'applicabilité et l'efficacité du présent projet de loi, il est prévu d'accroître les pouvoirs des inspecteurs déployés sur le terrain en assumant la mise en œuvre du projet de loi .
Pour cela, il faudra exiger que des produits de consommation fassent l'objet d'un rappel, d'un nouvel étiquetage ou d'une modification au permis. Ainsi, ces inspecteurs incarneront le levier d'application des plus importantes mesures de ce projet de loi. Nous verrons plus tard que cet accroissement des tâches et responsabilités constitue, à notre sens, une source d'inquiétude et de questionnement.
La troisième mesure est le nouveau pouvoir de rappel du ministre. Jusqu'à maintenant, les autorités sanitaires n'avaient pas le pouvoir de rappeler des produits de consommation jugés dangereux. Ces retraits se faisaient sur une base volontaire par les fabricants et les importateurs eux-mêmes. Le projet de loi prévoit donner au ministre le pouvoir de forcer le retrait de tout produit défectueux ou représentant une menace à la sécurité des consommateurs. Il était grand temps que Santé Canada aille dans cette direction. On verra si le pouvoir discrétionnaire du ministre sera efficace ou non. Pour le moment, on ne sait pas comment ce pouvoir sera encadré.
La quatrième mesure vise à ce qu'il y ait des sanctions réelles et dissuasives. Des amendes imposées aux fabricants étaient de l'ordre de 5 000 $. Pour un fabricant qui importe ou qui vend beaucoup de produits, c'était une somme assez risible et dérisoire. Présentement, l'infraction pourrait être de l'ordre de 5 millions de dollars, et le fautif pourrait être passible d'un emprisonnement de deux ans.
On dit qu'aux États-Unis et au sein de l'Union européenne, les mesures dissuasives sont beaucoup plus musclées. Dans l'Union européenne, elles peuvent représenter jusqu'à 5 p. 100 des revenus annuels de l'entreprise. Les États-Unis, quant à eux, donnent des amendes allant au-delà de plusieurs millions de dollars. On voit donc bien que ce sera une mesure qui pourrait être efficace pour une entreprise qui ne respecterait pas la réglementation et les normes sur la dangerosité des produits.
Quant à la mesure de traçabilité des produits, il est important de savoir où le produit a été fait et de connaître la route qu'il a suivie avant son arrivée ici. Il faudra avoir des rapports d'innocuité sur l'ensemble des sources d'approvisionnement et composantes d'un produit particulier. Il s'agit d'un système qui a toutes les apparences d'un système de traçabilité. On verra ce que ce sera compte tenu de la réglementation. Pour l'instant, on ne peut pas voir comment tout ce processus de traçabilité sera réglementé.
Cette mesure nous semble bonne pour le moment. Toutefois, ce projet de loi sera étudié en comité où l'on pourra poser des questions et entendre l'industrie de même que certains organismes qui œuvrent en faveur de la qualité et de la sécurité des produits achetés par les consommateurs.
L'alarme a été sonnée en 2006 par la vérificatrice générale, à savoir qu'il n'y avait pas assez d'inspecteurs pour voir à toute la réglementation. Il y avait 40 inspecteurs au Canada, dont 10 au Québec. C'est très peu pour cette énorme tâche. Comme on accroîtra leurs responsabilités par ce projet de loi, le ministre n'est pas encore en mesure de nous dire de combien d'inspecteurs il aura besoin pour que soit bien rempli le mandat qui leur sera imposé par ce projet de loi. Il n'est donc pas en mesure de nous dire comment ils seront accompagnés, comment leurs responsabilités seront augmentées ni combien de ressources humaines seront nécessaires pour répondre à ce besoin.
Il s'agissait de l'une des critiques de la vérificatrice générale par rapport à l'ensemble des responsabilités dévolues aux fonctionnaires.
Une augmentation des ressources est donc importante, de même qu'une formation adéquate pour ces fonctionnaires dont les tâches seront multipliées. On sait très bien que la formation n'était pas adéquate. À titre d'exemple, certains n'avaient même pas de formation pour faire l'inspection des aliments en agriculture. C'étaient des gens qui travaillaient en usine, mais qui n'avaient pas de formation spécifique pour donner l'heure juste par rapport à la qualité de certains aliments.
Les fonds seront-ils suffisants? Là encore, on ne peut répondre. Il a été question de 113 millions de dollars prévus pour l'application de la loi dans les deux prochaines années, pour de nouvelles instances, et non pour l'embauche et la formation de nouveaux inspecteurs. On a donc beaucoup de questions à poser au ministre et aux fonctionnaires lorsque ce projet de loi sera débattu en comité.
Comme je le disais, c'est un projet de loi intéressant à ce stade-ci, en ce qui concerne les grands principes et la volonté d'avoir des produits plus sécuritaires. La population est très inquiète depuis quelque temps en raison du nombre élevé de rappels ainsi que des produits qui ont affecté la santé de la population.
Il faut agir rapidement, mais est-on prêt à nous soumettre une réglementation pour nous dire comment cette loi sera encadrée? Les sommes seront-elles suffisantes? Le ministre n'a pas pu nous donner aujourd'hui une réponse satisfaisante. On espère qu'en comité, on pourra nous dire comment cet argent sera alloué. Sera-t-il alloué à la formation? Combien d'argent sera affecté compte tenu du nombre d'inspecteurs?
Il y aura aussi deux nouvelles structures. Combien coûteront-elles? La majorité des sommes n'y sera-t-elle pas allouée? On espère que cela ne sera pas affecté qu'à l'administration, mais que ce le sera aussi pour bien accompagner les agents qui auront la responsabilité de suivre le processus d'évaluation de la sécurité des aliments.
On sait que depuis deux ans, le gouvernement a erré.
Une voix: Oh, oh.
Mme Christiane Gagnon: On opine en me faisant signe que non, mais on a quand même erré. Je vais justement donner un exemple au ministre qui nous fait signe que non de l'autre côté de la Chambre. À la fin de novembre, il avait lancé une trousse d'analyse personnelle destinée aux consommateurs, pour qu'ils s'assurent eux-mêmes de l'innocuité des produits de consommation. Voyons donc! Nous avions dénoncé cette mesure. Le gouvernement a transféré la responsabilité aux consommateurs. Chaque consommateur avait une trousse d'innocuité et la responsabilité lui incombait. Vous imaginez! Le gouvernement a erré, et on constate, en raison de cette mesure, que ce n'était pas très réaliste de penser que le consommateur pouvait être le propre gardien de la sécurité des produits. Responsabiliser le consommateur de cette façon, c'était errer, c'était être un peu dans le champ.
Puis, en décembre, il lançait son Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation. Là encore, on avait posé des questions pour savoir quelles ressources humaines seraient nécessaires. Dans l'affirmative, nous voulions savoir quelle serait la nature de la formation reçue par ces nouveaux inspecteurs? Force est d'admettre que le dépôt du projet de loi semble un peu plus audacieux, mais il faudra voir ce qu'il en sera de la réglementation.
J'aimerais aussi soulever un autre aspect de la question qu'on n'a pas débattu au regard de ce projet de loi. J'ai présenté un projet de loi privé sur la péremption des aliments. Il n'y a pas de date de péremption sur plusieurs produits offerts à la consommation. Dans d'autres pays, comme la France, il y a une date de péremption sur tous les produits. J'espère que le ministre sera à l'écoute lorsqu'il viendra en comité. J'aimerais bien qu'il fasse cette modification à la Loi sur les aliments et drogues, pour que la date de péremption de tout produit de consommation puisse être lisible sur une étiquette ou puisse être ajoutée à l'étiquette relative aux éléments nutritifs.
J'aimerais donc que cette information soit à la disposition du consommateur pour qu'il fasse les choix les plus éclairés possible quant aux produits qu'il achètera.
Les députés bloquistes voteront en faveur de ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, pour les raisons que j'ai mentionnées tout à l'heure. Ce projet de loi a pour objectif de sécuriser les consommateurs et d'apporter des modifications au processus d'évaluation des produits dangereux et nocifs pour la consommation.
Il ne nous est pas donné aujourd'hui de parler de la façon dont ces cinq mesures seront encadrées par la réglementation, mais on espère que le ministre sera en mesure de déposer la réglementation. On ne peut pas simplement discuter d'un projet comme celui-là sur des voeux pieux et donner carte blanche au ministre. On a des questions à lui poser.
Tout à l'heure, on voulait savoir comment le problème du nombre d'inspecteurs serait résolu et quelle formation leur serait offerte. De plus, on voulait savoir comment, en fonction du pouvoir discrétionnaire du ministre, le rappel pourrait être effectué et comment le ministre pourrait, dans certains cas, décider de ne pas rappeler un produit pour différentes raisons. Comment le ministre jugera-t-il qu'un produit est dangereux? Quelles limites s'imposera-t-il afin de rappeler un certain produit plutôt qu'un autre? À ce sujet, nous avons encore des questions à poser au ministre et nous espérons qu'il pourra nous dévoiler ses intentions en comité et que les fonctionnaires pourront nous éclairer sur la réglementation.
Comme je le disais tout à l'heure, le Bloc québécois est favorable à l'adoption de ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Toutefois, c'est un dossier à suivre au cours des prochains mois, pour ce qui est de l'adoption de ce projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
Nous avons encore des questions à poser avant de donner notre aval à ce projet de loi. Nous voulons également entendre les différents groupes concernés qui agissent pour les droits des consommateurs, de même que l'entreprise. En même temps, on ne peut pas baisser les bras. On sait qu'on n'est plus dans un marché où l'on connaît le producteur qui fabrique le produit, surtout avec tous les produits importés qui nous arrivent de partout dans le monde. On sait que dans certains pays, les normes sont moins sécuritaires ou moins faciles à cerner.
Il ne faudra donc pas se fermer les yeux, mais plutôt être conciliant par rapport à la dangerosité d'un produit et par rapport à la viabilité d'une entreprise. Tout à l'heure, un député du Parti libéral disait qu'il ne faudrait pas non plus que l'entreprise en souffre. En même temps, les propriétaires d'entreprise ont tout de même des devoirs à l'égard de la population: ils se doivent de lui offrir des aliments et des produits sécuritaires. On ne peut donc pas mettre de côté le premier objectif, soit celui de rassurer la population. Surtout, il faut offrir des produits sécuritaires pour les enfants. Il faut aussi évacuer les produits dangereux de certains produits.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de participer au premier débat sur le projet de loi , que nous attendions depuis longtemps et qui porte sur la protection des consommateurs contre les produits toxiques dangereux. Je dis que ce débat est attendu depuis longtemps parce qu'il s'agit d'une question qui a été présentée à la Chambre chaque année depuis que je siège ici, soit depuis 13 ans. Je suis même sûre que la question avait été présentée avant cela.
D'une part, nous sommes heureux que les conservateurs aient présenté un projet de loi en apparence concret, proactif et important. Je dis « en apparence » parce que bien des questions nous viennent à l'esprit quand on commence à fouiller ce projet de loi très détaillé. Nous l'examinerons attentivement pour nous assurer que tous les discours fermes sur la protection des consommateurs et la rigueur auront de l'importance et se traduiront en mesures concrètes.
Jusqu'à maintenant, il est difficile de savoir si un gouvernement conservateur est prêt à affronter les grands fabricants de jouets de notre pays et les grands producteurs étrangers, qui vendent leurs produits au Canada le plus rapidement possible. Il est difficile d'imaginer que le gouvernement conservateur est prêt à affronter l'industrie et à affirmer que les Canadiens passent en premier, que la sécurité des gens est la première priorité.
Cependant, je donnerai aux conservateurs le bénéfice du doute. Mes collègues et moi sommes très intéressés de voir si le projet de loi est à la hauteur des discours fermes. Lorsque je parle de discours fermes, je souligne que le gouvernement est très habile lorsqu'il s'agit de reprendre à son compte la terminologie que le mouvement en faveur de la protection de la santé utilise depuis de nombreuses années et que la Coalition canadienne de la santé et le Nouveau Parti démocratique espèrent entendre depuis des années. Les conservateurs parlent de renforcer et de moderniser le système de sécurité du Canada. Cela sonne bien et si ces paroles ont un véritable sens, cela fera une grande différence pour les Canadiens qui attendent depuis longtemps que le gouvernement fédéral fasse finalement quelque chose pour garantir la sécurité des produits de grande consommation.
Ce fut la même rengaine pendant longtemps avec les libéraux. Nous avons essayé je ne sais trop combien de fois de franchir le mur d'indifférence des libéraux, alors qu'ils étaient au pouvoir. Nous voulions qu'ils agissent. Année après année, nous avons présenté des projets de loi d'initiative parlementaire. Nous avons soulevé des incidents sérieux, mais nous n'avons jamais pu amener les libéraux à joindre le geste à la parole. Ils disaient croire au principe de l'innocuité et au principe de précaution. Les produits sur le marché canadien devaient être sans danger au-delà de tout doute raisonnable. Les gens, en particulier les jeunes enfants, ne devaient pas être exposés à des produits toxiques. Nous devions prendre bien soin de soumettre les produits aux tests nécessaires et de responsabiliser l'industrie.
Après toutes ces années, les Canadiens sont pas mal fatigués des vaines paroles. Lorsque j'ai été élue pour la première fois en 1999, nous entendions parler des jouets dangereux sur le marché. Il était question du plomb ou du cadmium que renfermaient de nombreux produits destinés aux enfants. Nous avons essayé de pousser le gouvernement à agir. Comme il n'en faisait rien, nous avons présenté des projets de loi d'initiative parlementaire.
J'aimerais revenir au 10 mars 1999, alors que j'ai présenté le projet de loi C-482, Loi modifiant la Loi sur les produits dangereux. Ce projet de loi visait spécialement les phtalates contenus dans les jouets pour les jeunes enfants et les bébés. Il existait des preuves scientifiques bien concrètes du grand danger que constituait l'exposition aux phtalates pour la santé et le bien-être des enfants.
Depuis lors, des collègues à moi ont eux aussi présenté des projets de loi. Mon collège de a présenté un projet de loi semblable au mien au sujet de l'exposition aux phtalates et à d'autres substances dangereuses. Mon collègue d' soulève actuellement la question du bisphénol A, comme d'autres députés et moi l'avons fait. À plusieurs reprises, au fil des ans, nous avons essayé d'amener le gouvernement, libéral ou conservateur, à prendre des mesures pour protéger les enfants, les jeunes et les adultes de la société canadienne d'aujourd'hui contre les substances dangereuses.
Il semble aujourd'hui qu'une possibilité se dessine. Un projet de loi prévoyant les mesures nécessaires pourrait être adopté, semble-t-il. Lorsque j'entends les échanges entre libéraux et conservateurs, j'ai l'impression d'assister à une réunion de conseil d'administration où on se demande jusqu'où on peut aller pour protéger les consommateurs sans trop nuire aux marges de profit des entreprises. On dirait que le bilan, la survie, la vigueur et les marges de profit des sociétés sont mis dans la balance alors que, sur l'autre plateau, se trouvent la santé et la protection des êtres humains.
N'oublions pas qu'aujourd'hui est un jour spécial pour tout le Canada. C'est un jour de deuil pour les travailleurs de ce pays qui ont été blessés ou qui sont morts au travail. Lorsque nous parlons d'exposition à des substances toxiques, qu'elle touche les travailleurs qui fabriquent les produits ou les consommateurs qui les achètent et y sont exposés, nous devons prendre des mesures concrètes et significatives. Nous ne pouvons plus nous en tenir à de beaux discours et à de belles déclarations à ce sujet. Le moment est venu de changer les choses pour de vrai.
Il nous faut plus que des changements législatifs. Il nous faut plus que ce que les conservateurs ont présenté aujourd'hui, même si c'est une mesure législative imparfaite. Il nous faut un changement de culture. Nous devons changer de philosophie. Le gouvernement doit comprendre qu'il faut tout mettre en oeuvre pour protéger les Canadiens des produits dangereux et des jouets toxiques.
Les conservateurs disent vraiment croire en la répression. Nous entendons cela constamment. Nous l'entendons à propos des crimes dans les rues et de la sécurité dans les quartiers. Nous entendons bien des propos musclés. Nous arrive-t-il jamais d'entendre ce genre de propos musclés lorsqu'il est question des producteurs de jouets et des produits de consommation? Pas que je sache. Le ministre essaiera de dire que, dans ce projet de loi, le gouvernement se montre ferme, qu'il y aura des amendes salées, que le gouvernement aura le pouvoir de rappeler des produits et qu'il va envoyer un message éloquent.
Si nous regardons de près cette mesure législative, nous réaliserons qu'elle est très élastique et qu'elle ne comporte pas d'obligations. Rien, dans ce projet de loi, n'oblige le gouvernement à sévir. Il y est dit qu'il pourra être ferme, qu'il pourra rappeler des produits, qu'il pourra imposer des amendes aux sociétés, qu'il pourra prendre des mesures, mais rien n'indique explicitement que, lorsqu'un produit toxique se retrouvera dans les rayons et que des consommateurs y seront exposés, le gouvernement devra prendre des mesures fermes et le fera. Il n'y a rien d'aussi explicite, rien d'aussi catégorique dans cette mesure législative.
Le gouvernement conservateur n'inspire guère confiance aux Canadiens, surtout en ce qui concerne leur bien-être et leur santé, en ce qui concerne la protection de leur santé par rapport aux médicaments, aux jouets et aux aliments de même qu'à toutes sortes de produits toxiques dans notre environnement qui comportent des dangers pour la santé. Le gouvernement n'a pas pris les mesures qui garantiraient aux Canadiens qu'il est prêt à mettre le paquet et à se montrer intraitable lorsque la santé et le bien-être des Canadiens sont en jeu.
Nous sommes obligés de dire qu'il est important de prendre des mesures sévères, de passer de la parole aux actes. Nous sommes obligés de dire qu'il est important de défendre les intérêts des travailleurs qui subissent des blessures ou meurent au travail, qu'il est important de protéger les Canadiens qui sont exposés à des produits dangereux et qui en subissent des conséquences parfois toute leur vie durant. Toutes les belles paroles du monde entier au sujet des rappels et de règlements sévères ne régleront pas le problème, à moins que nous ne soyons déterminés à faire en sorte que les produits que nous importons soient le plus sécuritaires que possible.
Nous n'avancerons que si nous appliquons le principe de l'innocuité. Si nous nous contentons du modèle créé par les libéraux, un modèle cher aux conservateurs, selon lequel les consommateurs doivent se comporter en consommateurs avertis, si nous nous contentons d'y ajouter quelques fioritures sous forme de rappels et d'amendes élevées, ce sera peine perdue, car les produits resteront sur le marché, le mal sera fait et il sera trop tard.
C'est bien beau de sévir après coup, mais cela ne donne pas grand-chose à ceux qui ont déjà été exposés à ces produits. Cela ne donne pas grand-chose aux bébés dont la santé a été ruinée à jamais. Cela ne donne pas grand-chose non plus aux collectivités dans lesquelles la qualité de la vie des habitants a été menacée par cette philosophie de la responsabilité de l'acheteur, de la survie des plus forts et de la force de la concurrence quand il est question de santé et de produits de consommation. C'est le défi que nous devons relever aujourd'hui.
Ce que nous devons faire aujourd'hui, ce n'est pas de nous contenter de donner une approbation de principe aux conservateurs, comme les libéraux voudraient que nous le fassions, et de dire: « C'est un bon projet de loi, soumettons-le au comité. Nous l'appuyons, mais nous aimerions faire quelques ajustements. » Notre responsabilité aujourd'hui, c'est de nous poser les bonnes questions et de nous pencher très sérieusement sur la signification et la portée réelles de ce projet de loi.
À quoi servira cette mesure législative si le gouvernement ne prévoit pas les ressources nécessaires à la frontière pour s'assurer que les produits qui pourraient être toxiques n'entrent pas au pays? Que fait le gouvernement pour nous prouver qu'il reconnaît l'importance de cette question et qu'il verra à mettre sur pied les équipes d'inspection nécessaires?
De petites sommes ont été prévues dans le dernier budget. Toutefois, si on compare les fonds prévus aux besoins liés au projet de loi pour ce qui est des jouets et des produits de consommation et au projet de loi pour ce qui est des aliments et drogues, l'argent que le gouvernement promet de dépenser dans ce domaine ne correspond probablement qu'à une infime partie des sommes qui seraient nécessaires pour répondre aux exigences et mettre sur pied le genre de cadre que le gouvernement a présenté aux Canadiens à cet égard.
En fait, si le gouvernement veut réellement mettre au point une mesure législative proactive, il doit prévoir des ressources sur place. Il doit poster des inspecteurs à la frontière. S'il veut obtenir des résultats concrets, il doit effectuer des contrôles, réglementer l'étiquetage et faire preuve de beaucoup de rigueur dans ce domaine.
Il est difficile de concilier les propos sévères des conservateurs à cet égard avec les discours désinvoltes et ouverts qu'ils tiennent lorsqu'ils parlent d'échanges commerciaux. Bon nombre des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui sont dus au fait que les gouvernements n'ont pas su comprendre l'importance de mettre en place des pratiques commerciales loyales. Nous avons laissé entrer au pays toutes sortes de produits sur lesquels nous ne savons pas grand-chose et pour lesquels nous avons fait très peu d'analyses ou de recherches scientifiques. Comme plusieurs autres l'ont dit avant moi, il est temps que nous prenions tout cela au sérieux.
Voyons maintenant le nombre de produits qui sont apparus sur le marché au cours des trois ou quatre dernières années et qui auraient dû faire l'objet d'un rappel. Depuis 2005, 34 produits présentaient un risque de contamination au plomb, 26 risquaient de provoquer la suffocation, 5 étaient susceptibles de causer des blessures à la tête, 5 autres posaient un risque de lacération, 3 auraient pu entraîner des dommages internes à la suite de l'ingestion de pièces magnétisées, 3 autres auraient pu causer des brûlures; à cause de 3 autres encore, des personnes auraient pu être prises au piège; 2 posaient un risque de perforation ou d'empalement, 2 auraient pu causer un étranglement, 2 autres représentaient un risque bactérien et 1 aurait pu causer une intoxication chimique. Voilà une liste incroyablement longue de produits que nous connaissons, au sujet desquels des données ont été recueillies, à l'égard desquels les consommateurs ont exprimé des craintes et le gouvernement a été forcé de réagir.
Comment le gouvernement pourrait-il donc régler ce problème et appliquer les dispositions de ce projet de loi pour faire une réelle différence? Interdira-t-il les produits que les consommateurs auront identifiés comme dangereux, en se basant sur des preuves scientifiques? Le gouvernement est-il prêt à se montrer aussi sévère? Ira-t-il jusqu'à oser interdire un produit?
Prenons par exemple le bisphénol A. Ce plastique existe depuis longtemps. Nous en parlons à la Chambre depuis des mois. Quelque 150 études évaluées par les pairs ont été réalisées au sujet du bisphénol A et évoquent les dangereuses complications que peut entraîner ce produit pour la santé et le bien-être. Ce produit peut notamment causer un déséquilibre hormonal et divers problèmes chez les jeunes enfants. Diverses études scientifiques démontrent que ce plastique est toxique et dangereux pour la santé et le bien-être humains. Ce produit a-t-il été immédiatement interdit? Non. La semaine dernière, le a simplement déclaré que le gouvernement pourrait bien interdire cette substance, mais qu'il devait poursuivre ses études pendant encore une soixantaine de jours. Le ministre a même dit aux parents que le gouvernement était sur le point d'interdire les biberons pour bébés en bisphénol A, mais qu'ils ne devraient pas s'inquiéter. Il a ajouté qu'ils n'avaient pas besoin de faire disparaître ces produits de leurs armoires de cuisine pour autant qu'ils s'abstiennent d'y verser de l'eau bouillante.
Veut-on prendre des initiatives qui mettront la sécurité des gens au premier plan? Veut-on protéger la santé des gens ou est-ce tout simplement une autre façon de les inviter à être des consommateurs avertis? Les consommateurs doivent se renseigner et évaluer ces produits eux-mêmes. Ils doivent se rendre à la quincaillerie pour obtenir les résultats d'analyse qui permettront de déterminer si un produit contient du plomb. Ils doivent faire appel à un laboratoire pour faire détecter la présence d'autres produits toxiques. Ils doivent tout faire eux-mêmes puisque le gouvernement parle beaucoup, mais n'agit pas. Est-ce bien de cela qu'il s'agit, ou ce projet de loi apportera-t-il vraiment des changements?
Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, je suis disposée à donner au gouvernement le bénéfice du doute et je m'attends à une étude très sérieuse au comité. Cependant, je suis en mesure de dire que le projet de loi pose problème tel qu'il est, dès maintenant. Je pense notamment au pouvoir d'interdire un produit qui s'avère dangereux. Quelle disposition du projet de loi exige du gouvernement qu'il intervienne très rapidement pour veiller à ce que la mauvaise expérience d'une personne ne devienne pas un cauchemar pour de nombreuses autres?
Quelle disposition du projet de loi fera en sorte que les fabricants de jouets, et les fabricants étrangers plus généralement, seront surveillés de près et obligés de respecter certaines normes? Sous le gouvernement actuel, les exigences d'inspection aux frontières ne seront jamais à la hauteur pour garantir l'innocuité de tous les produits. Que fait le gouvernement pour faire savoir aux producteurs étrangers que certaines normes doivent être respectées? Ou bien nous contentons-nous tout simplement de la position d'un pays comme le Chine, selon lequel il revient au pays importateur de prendre les mesures qui s'imposent? Comment pouvons-nous continuer à fonctionner de la sorte?
Nous avons soulevé un grand nombre de questions ces derniers mois, notamment au sujet de l'importation de jouets. En effet, il est beaucoup plus grave pour de jeunes enfants et pour des bébés d'être exposés à des produits toxiques au début de leur vie que pour des adultes qui peuvent tolérer une exposition à de plus grands risques.
Si nous voulons vraiment protéger la santé et assurer le bien-être des Canadiens, nous devons faire preuve d'une grande prudence. Nous avons même dit à la Chambre qu'il ne suffit pas de bomber le torse lorsque des grandes sociétés comme Mattel décident tout à coup que les pouvoirs publics n'ont rien à dire en matière de protection de la santé. Les sociétés du genre font d'énormes bénéfices. Il n'en tient qu'à nous et au gouvernement de nous tenir debout et de faire valoir nos exigences.
Mon temps de parole à cette première étape du débat est presque écoulé. J'aimerais conclure en disant que de nombreuses parties de ce projet de loi suscitent des questions et des préoccupations. Nous proposerons des amendements. Nous attendons du gouvernement qu'il réagisse positivement à ces amendements. Nous nous réjouissons à l'idée de travailler avec les conservateurs pour rendre ce projet de loi digne de sa réputation de mesure législative très rigoureuse quand il s'agit de la santé et du bien-être des Canadiens, une mesure qui est fermement enracinée dans le principe de l'innocuité, et non celui de la gestion du risque selon lequel l'acheteur doit prendre garde. J'attends avec impatience la suite du débat.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir sur le projet de loi , la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation.
J'étais présent un peu plus tôt et j'ai écouté attentivement les observations du ministre. Il n'a vraiment pas ménagé ses efforts pour donner l'impression que le gouvernement prend des mesures vigoureuses, alors que les gouvernements précédents n'avaient peut-être pas fait ce qui s'imposait. Il est important, selon moi, de rétablir les faits à cet égard. Le gouvernement précédent a reconnu à plus d'une occasion la nécessité d'accroître la protection du consommateur et d'adopter de nouvelles mesures pour protéger les consommateurs et assurer la sécurité des produits de consommation, particulièrement dans le domaine de l'alimentation.
Lors de la législature précédente, on avait présenté le projet de loi aux termes duquel de nombreuses mesures vigoureuses auraient été prises, particulièrement en ce qui concerne l'étiquetage, la modernisation d'un grand nombre de projets de loi et l'accroissement des pouvoirs de l'ACIA et d'autres organismes relativement aux produits importés, aux canulars et aux menaces visant l'introduction de corps étrangers dans les aliments ou les étalages d'épicerie. C'est vraiment l'opposition conservatrice de l'époque qui a empêché l'adoption de ces mesures.
Je suis content que les conservateurs voient finalement la lumière et qu'ils présentent un projet de loi qui constitue certainement un pas dans la bonne direction, à notre avis.
Je conviens qu'il faut renvoyer ce projet de loi au comité, comme l'ont déclaré de nombreux députés qui sont intervenus avant moi. Nous devons examiner les détails pour nous assurer qu'il n'existe aucune subtilité préoccupante. Notre parti appuiera le renvoi de cette mesure au comité. Nous estimons à ce moment-ci qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction. Ce dossier a pris beaucoup d'ampleur après les craintes suscitées par la contamination au plomb des jouets provenant d'un pays qui exporte ces produits au Canada.
En réalité, il faut regarder les deux projets de loi. Nous sommes ici pour parler du , mais nous devons regarder à la fois le et le , parce qu'ils sont indissociables et qu'il doivent tous les deux être renvoyés au comité.
Comme je l'ai dit, notre parti est déterminé à améliorer la sécurité et la santé des Canadiens. Nous croyons que ce débat devrait avoir lieu au comité. Nous croyons qu'il est important de renforcer le processus réglementaire afin que les Canadiens puissent avoir accès aux produits de consommation les plus sûrs qui soient et que ces produits soient convenablement étiquetés pour que les consommateurs sachent vraiment ce qu'ils achètent.
Comme je l'ai dit, nous croyons aussi qu'il est nécessaire, d'une part, que ces projets de loi soient étudiés en profondeur et, d'autre part, que des porte-parole des deux camps, des gens possédant une expertise technique et législative, soient invités à décortiquer le projet de loi au comité.
À l'heure actuelle, une grande partie des renseignements sur les produits de consommation sont fournis sur une base volontaire. Je pense que nous savons qu'il est possible de faire mieux.
Le nouveau projet de loi, donc, interdira la vente, l'importation, la fabrication, l'emballage, l'étiquetage et la promotion de produits de consommation pouvant présenter un risque pour les consommateurs. Il y aura encore des rappels volontaires, mais des inspecteurs nommés en vertu de la loi ou par le ministre pourront dorénavant ordonner le rappel d'un produit de consommation.
Par le passé, j'ai exprimé à la Chambre des préoccupations quant à l'usage que font certains ministres de leurs pouvoirs. Je veux faire une mise en garde. Ces pouvoirs ont une raison d'être et ne servent pas à assouvir des visées idéologiques. Ils ont pour but de protéger les consommateurs et de veiller à ce que ceux-ci aient accès aux produits les plus sûrs possible. Ils n'ont pas d'autre objectif. Je tenais à le préciser d'entrée de jeu.
Presque chaque jour, la presse signale des problèmes d'étiquetage, surtout en ce qui concerne les produits alimentaires. Je pense que c'est important de le mentionner, les deux projets de loi étant intimement liés. En décembre et en janvier, avec un collègue, j'ai eu l'occasion de rencontrer des consommateurs et des agriculteurs pour discuter du régime canadien de réglementation des produits de consommation, évidemment, mais principalement des produits alimentaires qui sont vendus dans nos épiceries.
Les agriculteurs canadiens trouvent problématique d'être assujettis à un système de deux poids, deux mesures. Ils doivent se conformer à une réglementation beaucoup plus rigoureuse que celle de leurs concurrents, mais les produits de ces derniers se retrouvent dans les épiceries canadiennes et font concurrence aux produits de nos agriculteurs.
Les agriculteurs canadiens assument le coût lié à l'observation des normes élevées que le gouvernement impose en matière d'environnement et de salubrité des aliments et voient des produits importés qui ne respectent pas ces mêmes normes être vendus moins cher dans les supermarchés. Les exemples abondent.
Il faut s'assurer que le renforcement de la réglementation et l'augmentation du nombre d'inspections, comme le prévoit le projet de loi, ne désavantageront pas les Canadiens qui se conforment aux normes. Nous ne pouvons accepter cela. Je vais donner quelques exemples de cas que je connais bien dans le domaine de l'agriculture.
Pour protéger la santé des Canadiens, le Canada a établi des règles interdisant les aliments pour animaux contenant des matières à risque provenant du bétail afin d'éliminer l'ESB; cependant, les États-Unis n'ont pas imposé ces mêmes règles, et les Canadiens continuent d'importer des produits du boeuf des États-Unis et de les consommer. Nous devons mettre fin à cela.
Gencor, une usine dans l'Ouest de l'Ontario, a fermé boutique il y a environ cinq ou six semaines. On y abattait 700 bovins âgés par semaine. Elle a dû mettre fin à ses opérations, car le coût qu'elle devait assumer en raison de l'interdiction de certaines matières à risque la mettait dans une situation peu avantageuse par rapport aux usines américaines. Elle a fermé boutique, 120 personnes ont perdu leur emploi, et nous avons perdu une usine de transformation de produits canadiens.
Étant donné ces nouveaux règlements visant à protéger les consommateurs et compte tenu du projet de loi sur la protection des aliments, l'étiquetage, etc., nous devons veiller à ce que notre industrie soit toujours concurrentielle. Il faut que nous soyons sur un pied d'égalité avec les États-Unis.
En ce qui concerne le secteur agricole, bien que ce projet de loi ne concerne pas précisément l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, il concerne Santé Canada. Ce ministère est responsable de l'ARLA, qui est responsable des pesticides au Canada. Certains de ces pesticides sont interdits dans notre pays, car ils présentent un danger pour la santé des travailleurs agricoles qui appliquent le produit; pourtant, le Canada permet l'importation de produits sur lesquels ces pesticides ont été utilisés, car ils respectent les normes canadiennes relatives aux résidus alimentaires.
La situation est la suivante: nous interdisons l'utilisation d'un pesticide ou herbicide parce qu'il risque de nuire aux travailleurs. Même s'il est meilleur marché, il ne peut être utilisé par les producteurs au Canada à cause de son incidence, dit-on, sur les travailleurs. Cependant, on autorise la commercialisation des produits cultivés à l'étranger sur lesquels cet herbicide a été utilisé, et encore une fois, nos agriculteurs ne sont pas concurrentiels.
Mon argument est le suivant: puisque les Canadiens consomment ces produits importés, le Canada ne protège plus la sécurité des travailleurs agricoles. Il ne fait qu'exporter le problème aux travailleurs étrangers en échange de produits alimentaires meilleur marché, et il sape la compétitivité des agriculteurs canadiens. Voilà un autre exemple qui montre que les Canadiens sont désavantagés. Ce sont des mesures importantes, et il faut les prendre pour protéger les travailleurs. Nous ne devrions pas transférer notre responsabilité morale aux autres pays— nous le pouvons, semble-t-il, mais nous ne le devrions pas — et nous placer dans une situation désavantageuse par la même occasion.
Ce que je veux dire, c'est que le Canada ne peut pas tout avoir. Les produits importés qui ne respectent pas les normes de production canadiennes, et qui n'ont peut-être même pas à les respecter, nuisent aux normes intérieures très sévères quant à la salubrité des aliments au Canada. Les agriculteurs canadiens doivent livrer concurrence dans le cadre d'un régime de réglementation qui, non seulement leur nuit sur le marché international, mais qui avantage aussi leurs concurrents étrangers voulant exporter leurs produits chez nous.
Je devais le souligner parce que, avec cette nouvelle législation et ces nouveaux organismes de réglementation et un pouvoir plus grand accordé au ministre, et tout cela est important, nous devons nous assurer de la sécurité des produits de consommation, mais aussi faire en sorte que cela ne nuise pas aux producteurs ni, bien sûr, aux importateurs canadiens.
Nous avons beaucoup entendu parler, dernièrement, du dernier point que je veux aborder. En fait, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire tient actuellement des audiences sur cette question. Le ainsi que le et le ont traité de cette question quand ils ont annoncé la présentation de ces projets de loi. Je veux parler de la mention d'étiquetage « Produit du Canada ».
J'en ai discuté avec le . C'est un fait qu'on peut acheter au Canada des olives étiquetées « produit du Canada ». On peut acheter du jus de pamplemousse qualifié de produit du Canada, ainsi que du jus d'orange. Je ne sais pas où l'on cultive des olives au Canada. Je n'ai pas vu beaucoup d'arbres donnant des pamplemousses et des oranges dans notre pays. Alors pourquoi peut-on lire « produit du Canada » sur ces produits?
En fait, la définition de l'appellation « Produit du Canada » est erronée. Quand les consommateurs canadiens choisissent un produit à l'épicerie, ils devraient pouvoir être sûrs que ce qu'ils achètent a vraiment été produit au Canada. Ce n'est pas le cas actuellement. Pour que la définition actuelle s'applique, il faut que 51 p. 100 de la totalité du coût d'emballage ait été déboursé au Canada. Cela n'a vraiment rien à voir avec ce qu'il y a dans le contenant.
Il faut que ça change. Nous examinons la question au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Il faut que ça change et que la définition du mot « produit » concerne ce qu'il y a réellement dans l'emballage, car je crois vraiment que, si les Canadiens ont le choix, ils achèteront le produit qui est vraiment le fruit du labeur d'un Canadien, étant donné la réglementation et les normes environnementales qui doivent être respectées et sachant que leur achat contribuera à la vigueur des activités économiques d'autres Canadiens.
Je tiens à souligner au ministre et à l'ensemble du gouvernement l'urgence extrême de s'occuper de l'étiquetage des produits au Canada. C'est une question très sérieuse. Il faut s'en occuper dans son ensemble.
Certains ont laissé entendre que nous pourrions opter pour l'étiquetage volontaire; cela pourrait être une possibilité. Au fond, les Canadiens ont besoin d'un régime efficace pour définir ce qui est un produit du Canada et ce qui ne l'est pas.
Nous considérons que les projets de loi et sont importants dans la mesure où ils modernisent notre régime de réglementation des produits de consommation au Canada. Le gouvernement doit aller plus loin que ce que propose actuellement ces projets de loi. Nous devons définir ce qu'est un produit du Canada. En fin de compte, les étiquettes doivent dire la vérité. C'est ce que veulent les consommateurs, peu importe s'il s'agisse d'un gadget, d'un ordinateur, d'une pomme, d'une orange ou d'un bifteck. Les gens veulent la certitude absolue que ce qu'ils lisent sur les étiquettes est vrai. Tout cela doit être encadré par un régime de réglementation et d'application pour que cela fonctionne.
Notre parti entend améliorer la sécurité et la santé des Canadiens. Nous avons déjà tenté de le faire. Comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a eu de l'opposition de la part de députés du gouvernement conservateur. Nous appuyons les mesures qui renforcent le processus de réglementation pour assurer aux Canadiens l'accès aux produits de consommation les plus sûrs qui soient.
Nous avons hâte d'examiner le projet de loi en détail au comité pour nous assurer qu'il soit aussi responsable, transparent et efficace que possible pour les Canadiens. Nous voyons cela comme un pas en avant. Nous attendons impatiemment les discussions au comité, certaines des séances d'information technique et certains des témoins qui viendront présenter de l'information qui nous permettra à tous, à la Chambre, de faire de ce projet de loi la meilleure mesure qui soit pour protéger les intérêts des Canadiens et du Canada dans son ensemble.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre la parole dans ce dossier à propos du projet de loi . Ma collègue bloquiste de Québec, responsable du dossier de la santé, a parlé un peu plus tôt aujourd'hui. Elle a confirmé que le Bloc québécois était en faveur du principe du projet de loi, puisque le Bloc québécois avait déjà demandé au gouvernement de resserrer ses exigences de sécurité à l'endroit des produits dangereux afin de bannir la fabrication, la promotion et la commercialisation de tout produit pouvant présenter un risque inacceptable pour la santé. Je vais en parler pendant ma présentation.
Malheureusement, on a constaté que certaines personnes arrivent à faire passer des jouets, des aliments ou différents produits qui contiennent des produits dangereux. On les retrouve sur notre marché, sur les tablettes de nos épiceries et dans les mains de nos enfants. Cela ne devrait pas avoir lieu en 2008. On comprend qu'il puisse exceptionnellement y avoir des écarts, mais on dirait que ce problème a pris des proportions absolument effarantes.
Le Bloc réclamait aussi que le gouvernement impose aux fabricants le fardeau d'inspecter leurs produits et de démontrer qu'ils ne mettent pas en danger les consommateurs. Ce fardeau de la preuve n'existait pas — et n'existe toujours pas, puisque le projet de loi n'a pas encore été adopté —, mais c'est un changement qu'on a demandé il y a déjà un bon moment.
D'ailleurs, je signale que les groupes de défense des consommateurs ont réagi plutôt positivement à l'annonce de ce projet de loi, mais demeurent prudents. On dit toujours qu'il ne faut pas donner un chèque en blanc à aucun gouvernement, surtout pas à celui-là. On ne sait pas ce qui se passe dans les coulisses et c'est toujours inquiétant quand on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants d'un projet de loi. Une chose est certaine, on peut lui donner le bénéfice du doute pour le moment. Les consommateurs demeurent donc prudents dans leur appréciation, comme je le disais, tout comme nous.
C'est pourquoi nous renverrons ce projet de loi en comité. Ainsi, on pourra examiner, témoignages à l'appui, tout ce qui englobera ce projet de loi, tout comme l'autre projet de loi d'ailleurs qui y est associé, soit le projet de loi . Nous verrons dans les règlements jusqu'à quel point le gouvernement est sérieux dans sa démarche.
De l'organisme Option consommateurs, Geneviève Reid déclarait qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction, « en autant qu'il y ait des ressources derrière cela, que les règlements soient bien bâtis et qu'il y ait une bonne communication avec le public ». C'était dans le journal La Presse du 9 avril 2008, après que le gouvernement a annoncé son intention de présenter ces projets de loi.
En ce qui concerne l'obligation pour les entreprises de déclarer tout incident majeur survenu avec l'un de leurs produits, Mme Reid précise qu'il faudra aussi instaurer un registre des incidents où les consommateurs pourront aussi rapporter ces incidents. Cela fait une différence si l'on prévoit un tel mécanisme pour les consommateurs qui ont acheté des objets contenant des produits dangereux ou encore des aliments impropres à la consommation qui ont rendu ces consommateurs malades. Il faut prévoir un endroit facilement accessible aux gens où ils puissent faire savoir au gouvernement qu'il y a eu un problème avec tel ou tel produit.
Évidemment, on ne va pas nécessairement publier cette information immédiatement. On va effectuer les vérifications nécessaires pour déterminer si ce produit pose effectivement problème. Si les consommateurs sont impliqués dans le processus, on risque d'avoir encore plus d'information sur certains incidents qui pourraient se produire.
Je ne m'interroge pas sur la pertinence du projet de loi. Avec tous ces rappels au fil des derniers mois et des dernières années, que ce soit pour des jouets ou encore de la nourriture, il y a de quoi s'inquiéter. Il était temps que le gouvernement passe à l'action à cet égard.
Tout à l'heure, on a échangé avec le député de du fait que nous siégions tous les deux au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Les rappels d'aliments nous inquiètent beaucoup. Ils visent toujours des aliments qui viennent d'autres pays. Cela a été le cas des épinards, des cantaloups, du jus de carotte, du jus de poire, de la viande de porc qui venait d'ailleurs et qui contenait de la mélamine.
Cela n'est pas pour la consommation humaine, du moins je l'espère, mais il y a même eu contamination de nourriture pour animaux. Dans ce dossier précis, il y a toujours un trou dans la loi. Personne ne s'occupe de la salubrité de la nourriture pour animaux domestiques.
Alors des animaux domestiques sont décédés. On sait à quel point les gens sont attachés à leurs animaux. Personnellement, je n'ai jamais vécu sans chat. Depuis que je suis né, j'ai toujours eu un chat. J'ai encore une chatte maintenant âgée de près de 15 ans. Je la nourris bien, elle pèse 17 livres — elle est un peu trop grosse.
Tout cela pour dire que des propriétaires d'animaux domestiques ont manifesté leurs inquiétudes lorsque cette chose est arrivée. J'aimerais que le gouvernement en prenne acte, pour faire en sorte qu'on bouche le trou dans la loi lorsqu'on aura l'occasion d'étudier ces éléments en comité, que ce soit par ce projet de loi ou par un autre.
La sécurité alimentaire a été mise à rude épreuve au cours des dernières années. J'aurai quelques statistiques à partager avec la population dans quelques instants. Comme je le disais tout à l'heure lors des questions et commentaires, chaque fois que des représentants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments comparaissent en comité, on leur pose toujours des questions au sujet de l'inspection des aliments non seulement une fois que ceux-ci entrent au pays, mais aussi aux frontières, voire dans les autres pays.
Tout à l'heure, on faisait mention de la réciprocité dans les normes. C'est une chose importante. Certains produits pour faire pousser nos fruits et nos légumes sont interdits d'utilisation ici, par exemple les pesticides, les insecticides et les produits chimiques. Certains sont interdits ici et c'est bien qu'il en soit ainsi. Suffisamment de produits ont été utilisés sans qu'on ait établi véritablement leur innocuité. Maintenant, on a pris des mesures pour faire en sorte que certains produits soient utilisés sous surveillance et qu'on n'utilise pas n'importe quoi.
Malheureusement, des produits traversent nos frontières en provenance de pays comme la Chine, l'Inde et même les États-Unis. Je ne veux pas viser seulement les pays en voie de développement. Il y a aussi les États-Unis, qui ont fait le choix politique, le choix de société d'autoriser l'utilisation de certains de ces pesticides et de ces produits chimiques. C'est leur choix.
Pour notre part, nous n'autorisons pas ces produits. Malheureusement, les produits cultivés dans ces endroits réussissent quand même à se frayer un chemin dans les dédales et à se retrouver sur nos tablettes. C'est un problème qu'on évoque chaque fois que des représentants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments viennent faire leur tour. On nous dit qu'on étudie cela, que les produits qui entrent ici répondent aux normes et que des inspections sont faites.
Par contre, on sait qu'il y a un manque d'inspecteurs. Le député de a bien fait de préciser tout à l'heure que lorsqu'il est question d'augmenter le nombre d'inspections, le nombre d'inspecteurs et les budgets alloués à l'agence pour le faire, il ne faut pas faire payer les producteurs agricoles pour cela. C'est au gouvernement d'éviter toute ambiguïté sur l'innocuité des aliments et produits qui entrent ici.
Trop souvent, on retrouve sur les tablettes de nos épiceries des produits cultivés avec des pesticides ou des insecticides interdits ici, mais qui réussissent à se faufiler.
Plus tôt, j'ai parlé du manque d'inspecteurs. Je me demande si le projet de loi règle ce problème. On dit vouloir augmenter le nombre d'inspecteurs ou améliorer la possibilité d'avoir des inspections, mais à la lecture du projet de loi, je me pose de sérieuses questions sur la volonté réelle du gouvernement de pratiquer, dans les faits, plus d'inspections.
Lorsqu'on sait qu'on fait venir des produits de la Chine, de l'Inde ou même des États-Unis — il y en a qui viennent de partout — et qu'on sait que cela pousse à tel ou tel endroit, pourquoi les inspecteurs ne vont-ils pas sur place pour vérifier ce qui s'y passe? En matière environnementale, on n'a pas besoin de regarder les médias bien longtemps ou de lire ce qui se passe pour savoir qu'en Chine, par exemple, les normes environnementales sont très peu sévères. Personnellement, je ne boirais même pas l'eau qu'on utilise pour faire pousser ces produits, ces fruits ou ces légumes. Certaines des inquiétudes éprouvées par les consommateurs sont certainement compréhensibles. On pourrait vérifier sur place quels éléments exactement sont utilisés là-bas pour faire la culture. Ce serait un avantage si l'on pouvait avoir plus d'inspecteurs pour le faire.
Ce n'est donc pas la pertinence du projet de loi qui m'inquiète, mais bien le manque de ressources affectées en première ligne. C'est bien beau d'augmenter les amendes des fautifs, mais la priorité devrait revenir aux inspections et à la réciprocité des normes sanitaires. Il a été question de réciprocité plus tôt. Aussi, il est de mise de dire que nos producteurs de bœuf, par exemple, font actuellement l'objet d'une concurrence déloyale. En effet, on sait qu'aux États-Unis, les producteurs de bœuf ne sont pas obligés de disposer des matières à risque spécifiées, comme nos producteurs de bœuf le sont maintenant. Ce sont eux qui en assument maintenant les coûts. Or, c'est un grave problème.
Il a été question un peu plus tôt aujourd'hui du projet de loi portant sur les biocarburants. On se dit qu'il y a peut-être une filière intéressante en ce qui concerne les biodiesels, mais ce n'est pas encore en place officiellement. Donc, il n'est pas encore possible que nos producteurs fassent de l'argent avec les MRS. Actuellement, ce sont des coûts supplémentaires pour eux. Par conséquent, il y a une concurrence déloyale — comparativement aux producteurs américains. Sur le plan de la réciprocité, il faudrait y voir.
Je me questionne aussi sur le manque de jugement des conservateurs au sujet de la sécurité des jouets et également en ce qui concerne les aliments.
L'hon. Jean-Pierre Blackburn: Oh, oh!
M. André Bellavance: Le a réagi, et cela se comprend. Je vais lui expliquer pourquoi je dis qu'il y a un manque de jugement. Le gouvernement savait depuis 2006 que la loi protège mal la population. Lorsque le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir — il a été bien nouveau pendant quasiment deux ans —, il savait déjà depuis 2006, en raison du rapport de la vérificatrice générale, qu'il y avait du laxisme dans la loi. La loi actuelle fait en sorte qu'on a tous ces rappels et que tous ces produits peuvent entrer chez nous. Finalement, on n'a fait que réagir. Cela a pris beaucoup de temps. Aussi, lorsqu'il est question de manque de jugement, le ministre du Travail et ministre de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec peut chercher dans son dictionnaire, mais il ne peut pas dire autrement que ce que je dis.
La vérificatrice générale l'avait signalé en spécifiant notamment qu'il manquait d'inspecteurs à Santé Canada. Comment le gouvernement conservateur justifie-t-il son laxisme depuis 2006, alors qu'il est question de la sécurité et de la santé de la population, plus particulièrement celles des enfants, lorsqu'il s'agit de jouets contaminés? Ce gouvernement aime bien faire du marketing par ses annonces bien ciblées pour des clientèles bien spécifiques.
En ce qui concerne ce dossier, on a vu le aller se promener à l'Armée du Salut et s'entourer de cadeaux dans le temps des Fêtes pour dire qu'on allait dorénavant porter attention aux jouets. Depuis plus d'un an, la vérificatrice générale avait appuyé sur la sonnette d'alarme. Cela fait toujours de belles photos, mais il faudrait peut-être qu'on arrête de se péter les bretelles en disant qu'on a réglé le problème alors qu'on a pris beaucoup trop de temps pour le faire. Ce n'est pas encore réglé évidemment, mais un pas est fait dans la bonne direction. Le fait d'avoir attendu longtemps fut une des lacunes dans ce dossier. Car c'est en septembre 2007 que le premier ministre avait annoncé son intention de modifier la loi. Pourquoi avoir attendu si tard? C'est la question qui demeure sans réponse. Cette inaction a suscité un sentiment d'insécurité accru chez les consommateurs.
Le projet de loi a été déposé un an et demi après la mise en garde de la vérificatrice générale en novembre 2006. Celle-ci notait dans son rapport:
8.21 Les gestionnaires du Programme de la sécurité des produits estiment que plusieurs de leurs activités liées à la réglementation ne leur permettent pas d'assumer correctement leurs obligations à cet égard. Ces constatations s'appuient sur une étude interne des besoins de ressources affectées au programme, des documents portant sur l'affectation des ressources et des entrevues menées dans le cadre de notre vérification.
Elle notait aussi:
8.22 Des fonds additionnels ont été demandés pour le Programme de la sécurité des produits, mais très peu de financement a été affecté aux initiatives spéciales en 2005-2006 pour combler les lacunes susmentionnées. Les gestionnaires de programme ont indiqué que leur incapacité à s'acquitter de ces responsabilités pourrait avoir des répercussions sur la santé et la sécurité des Canadiens, et des Canadiennes évidemment, et des Québécois et des Québécoises [c'est le député qui souligne] telles que l'exposition des consommateurs à des produits dangereux non conformes. Il y a également le risque que l'État soit tenu responsable de certaines répercussions.
Le gouvernement a donc mis plus d'un an pour annoncer seulement son intention d'agir et un an et demi pour déposer le projet de loi dont on discute aujourd'hui en cette Chambre.
Comment le gouvernement explique-t-il ce laxisme? Il était probablement trop préoccupé avec ses quatre ou cinq priorités en vue d'une élection rapide. On sait ce que le gouvernement avait fait. En tant que porte-parole du Bloc québécois en matière d'agriculture, je peux dire que l'agriculture ne faisait pas partie de ces priorités. Il avait mis quelques priorités, il avait vraiment préparé le terrain pour une élection très rapide et quand il s'est retrouvé sans élection, là il ne savait plus quoi faire et il n'avait plus de priorités. Je ne comprends pas que cela n'ait pas été une priorité. Je mentionnais l'agriculture tout à l'heure, mais il y en a bien d'autres. Celle-ci en était évidemment une. La santé et la sécurité du public devraient faire partie des priorités de ce gouvernement, comme elles doivent faire partie des priorités du Parlement dans son entier.
Pourtant, des avertissements, il y en a eu. Je parlais tout à l'heure de manque de jugement au . Cela va de soi qu'il fallait réagir quand on a eu notamment tous ces rappels de jouets. Je ne comprends pas que le gouvernement n'ait pas bougé plus rapidement. Il y a eu les rappels de jouets Fisher-Price et Mattel. En août 2007, Mattel a rappelé 18,6 millions de jouets fabriqués en Chine. Vous vous rappelez de toute cette saga. Ce qui était le plus déplorable dans ce cas, c'est que pour garder ses bons liens avec son fournisseur chinois, à un moment donné, la compagnie Mattel s'est excusée auprès de lui pour tous les torts que cela avait pu lui causer. Si j'avais été Mattel, je me serais excusé auprès des consommateurs qui se sont retrouvés avec des jouets contaminés par de la peinture au plomb. Il y avait trop de plomb dans la peinture de ces jouets.
Que pensez-vous que les enfants font avec des jouets? Ils les manipulent, les mettent dans leur bouche. Quand cela arrive, il est bien certain que cela peut être problématique si le jouet a été peint avec un produit dangereux. Il n'y a pas de problème à mettre un jouet dans sa bouche quand ce jouet est tout à fait inoffensif. Toutefois, on a découvert un danger et je pense que Mattel aurait dû avoir un peu plus de compassion pour ses clients en s'excusant auprès d'eux. Je peux dire que si on s'aperçoit que des maladies se trouvent reliées à l'utilisation de ces jouets, la compagnie ne devra pas juste s'excuser, elle devra aussi payer. Donc, comme je le disais, le problème le plus fréquent est de retrouver du plomb en trop grande quantité dans la peinture.
Malgré que j'ai critiqué le fait que le gouvernement ait pris bien du temps avant de présenter ce projet de loi à la Chambre des communes et malgré qu'il ait fallu des demandes répétées du Bloc québécois avant que le gouvernement n'agisse, le projet de loi constitue quand même un pas dans la bonne direction. On verra les intentions du gouvernement en comité.
Parmi les points positifs, je tiens à souligner l'obligation de tenir des documents sur l'historique du produit. C'est un peu la traçabilité d'un produit. On sait qu'au Québec, en matière alimentaire, l'organisme Agri-Traçabilité Québec fait en sorte qu'on peut suivre notre viande de la ferme à la table. Grâce à cela, au Québec, on est beaucoup plus avancé qu'on ne l'est dans le reste du Canada. On devrait prendre exemple aussi de ce côté-là parce que cela aussi est important pour la sécurité des consommateurs. Je parlais tout à l'heure du porc qui venait de l'étranger et dans lequel on avait trouvé de la mélamine. Vous ne trouverez pas cela au Québec grâce à Agri-Traçabilité Québec.
Tout à l'heure, le collègue de parlait de l'étiquetage des produits d'origine. On trouve des produits sur nos tablettes portant la mention « Produit du Canada » et qui ne viennent pas du tout du Canada, comme les olives. Il a parlé du jus de pamplemousse. On peut aussi parlé du jus d'orange. Il y a beaucoup de produits de la sorte. On a même des cornichons qui pourraient venir du Canada, mais tout ce qu'il y a de canadien dans le pot de cornichons, c'est le couvercle, le pot, le vinaigre, mais le cornichon comme tel vient de l'Inde. On ne devrait pas pouvoir utiliser la mention « Produit du Canada ».
Je termine avec quelques points positifs. Le fabricant ou l'importateur aura l'obligation d'aviser le gouvernement si un incident se produit ici ou ailleurs. Comme je le disais tout à l'heure, on accordera plus de pouvoirs d'intervention aux inspecteurs. Évidemment, il faudra que cela s'accompagne des sommes nécessaires et qu'on s'assure également de disposer du personnel nécessaire pour faire en sorte que les inspections se fassent adéquatement.
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Monsieur le Président, c'est avec beaucoup d'intérêt que je prends la parole au sujet du projet de loi . Au Bloc québécois, on a demandé au ministre de resserrer ses exigences de sécurité concernant les produits dangereux depuis déjà au moins un an et demi, et ce, afin de bannir la fabrication, la promotion et la commercialisation de tout produit pouvant présenter un risque inacceptable de provoquer des effets nocifs sur la santé.
Ici, on ne parle pas seulement que de la santé, de situations où des gens deviennent soudainement malades, mais on parle aussi d'effets à long terme, et c'est ce qui est pernicieux. La loi doit pouvoir trouver une façon de retracer à long terme les cas d'empoisonnement. Je dirais même carrément, à la limite, que la loi devrait pouvoir retracer les problèmes de santé mentale que les gens pourraient développer au contact de certains produits. Ces choses ne seront pas toujours faciles à découvrir. C'est pour cela que nous pensons à bonifier ce projet de loi parce qu'il nous semble un peu simpliste dans plusieurs de ses dispositions.
Naturellement, on sent aussi que ce projet de loi fait suite à celui que les Américains viennent également d'adopter. Ainsi, lorsque les Américains adoptent un projet de loi, on se décide finalement à faire aussi notre loi de notre côté.
Le gouvernement savait donc depuis 2006, soit depuis le rapport de la vérificatrice générale, que la loi ne protégeait pas adéquatement la population. Ce n'est donc pas quelque chose de nouveau, et mon collègue l'a souligné tout à l'heure. J'insiste parce qu'on voudrait nous faire croire qu'on vient de réaliser qu'il faut protéger la population. Nous, du Bloc québécois, l'avons demandé depuis déjà longtemps.
On voudrait aussi qu'Ottawa impose aux fabricants le fardeau d'inspecter les produits et de démontrer qu'ils ne mettent pas en danger la santé et la sécurité du consommateur. Je parle ici des produits importés, parce que tout à l'heure, la discussion avec le député de a été très intéressante. Il disait qu'on n'imposerait pas aux Canadiens de faire les inspections et de payer pour celles-ci pas parce qu'on ne serait alors plus concurrentiel.
Par contre, dans le cas des produits qui sont importés des pays d'Asie — particulièrement de la Chine et de l'Inde —, les producteurs de ces produits devraient avoir le fardeau de prouver que leur produit est acceptable et non pas le gouvernement. Je veux bien que le gouvernement paie des inspecteurs, mais il ne devrait pas avoir à payer pour des tests visant à protéger notre population.
On sait que des produits s'en viennent sur le marché canadien. Ce sont des produits qu'on n'a pas eu le privilège d'avoir parce qu'ils venaient de l'étranger. Je pense en particulier aux peintures pour les maisons et les bâtiments. Apparemment, il y a tout un mouvement de la part de compagnies qui se préparent à importer des peintures. Or, une peinture peut être très nocive pour la santé. Ici, au Canada, on a pris des mesures très importantes au regard des VOC, des composés organiques volatiles, mais également au regard de l'ensemble des produits qui font le liant dans la peinture.
C'est sûr que cela fait des peintures qui coûtent plus cher. Donc, si on produit ici des peintures qui respectent nos normes, il faudra que les peintures qui viennent de l'étranger les respectent également.
Protégera-t-on les gens de cette peinture avant qu'elle soit mise sur les tablettes, ou le fera-t-on une fois qu'elle sera placée sur les tablettes et que les gens auront constaté que cette peinture est dangereuse?
À mon avis, le projet de loi devrait être suffisamment clair sur le fait qu'il faille prouver que les produits importés sont adéquats et qu'ils respectent nos normes de santé.
Ces normes de santé ne sont déjà pas toujours très élevées au Canada. Je pense en particulier au plomb et à la radiation qui vient des matériaux radioactifs. On ne respecte même pas nos normes, qui ne sont pas très élevées. Comme on l'a dit tout à l'heure, les normes sont élevées en agriculture, mais pour ce qui est des autres produits, elles ne le sont pas. Alors, il y aurait également lieu de revoir la qualité de nos normes.
Je ferais remarquer que je cherche justement à savoir si l'on doit laisser entrer les produits et voir ensuite s'ils sont bons ou non, ou si l'on doit les empêcher d'entrer.
Au Japon, pays très bien organisé, on envoie les inspecteurs à l'endroit d'origine du produit. Si le produit n'est pas conforme aux normes du Japon, il ne quitte jamais le port et ne prend jamais le bateau. Il est très important de comprendre qu'il est beaucoup plus facile d'avoir des inspecteurs qui suivent nos normes dans les pays étrangers que de laisser entrer les produits et ensuite s'assurer qu'ils sont bien inspectés. C'est pourtant la façon dont on procède actuellement aux inspections: on laisse entrer la viande, les légumes et les fruits.
Je connaissais quelqu'un qui travaillait pour l'Agence canadienne d’inspection des aliments. Parfois, il est naturellement difficile d'inspecter des légumes ou de la viande en grande quantité une fois que ces produits sont arrivés, car ces produits sont distribués très rapidement un peu partout au Canada avant même que les inspecteurs n'aient le temps de mettre le doigt dessus.
Il serait donc beaucoup plus facile d'utiliser un système comme celui des Japonais, c'est-à-dire évaluer les produits, les accepter et les sceller, après quoi ils entrent au pays. Ainsi, on s'assure que ces produits répondent à nos normes à leur arrivée au pays. Si l'on ne fait pas cela, on court beaucoup plus de risques que des produits non conformes soient distribués un peu partout.
Il est donc important de bonifier ce projet de loi. Il faut aussi maintenir l'esprit de la loi à son plus haut degré d'efficacité. Cela veut dire qu'on ne peut pas simplement penser que l'on affectera plus d'inspecteurs à la mise en vigueur de la loi. La mise en vigueur de la loi ne représente qu'un moment. Il faut ensuite avoir plus d'inspecteurs pour maintenir le haut degré d'efficacité de cette loi. Le fait d'envoyer des inspecteurs à l'étranger, au point de départ des produits, pourrait aider grandement à conserver la haute efficacité du projet de loi que l'on étudie actuellement.
Un problème de ce genre se pose pour les pesticides. Il en a été question tout à l'heure. Mon comté produit beaucoup de pommes. Ce n'est pas le seul; c'est la même chose dans le comté d'autres collègues du NPD. Actuellement, les États-Unis nous envoient beaucoup de leurs pommes, parce qu'ils utilisent des pesticides biologiques acceptés par le Canada dès lors qu'ils sont apposés sur la pomme et qui sont meilleur marché que les pesticides que l'on utilise ici. Par contre, les pesticides utilisés aux États-Unis et acceptés une fois qu'ils sont apposés sur la pomme ne sont pas acceptés ici, au Canada, en tant que pesticides pouvant être utilisés par les pomiculteurs.
On ne peut donc pas s'imaginer que le seul projet de loi assurera une sécurité et une compétitivité très importante. Il faut absolument que nos producteurs soient d'égal à égal avec les productions qui viennent de l'étranger. Cela nécessitera donc une très grande attention. La loi devra prévoir faire une différence entre les produits importés et ceux produits sur place.
Un produit cosmétique — les cosmétiques font effectivement partie de ce projet de loi — fabriqué au Canada doit forcément être inspecté avant d'être mis sur les tablettes. Toutefois, on ne peut pas attendre que la production soit complétée. Par contre, si ce produit vient de l'étranger, la production sera terminée. C'est pour cette raison que je renforce l'idée qu'il faut absolument inspecter sur place les produits avant qu'ils ne soient expédiés.
Le projet de loi prévoit des exigences de sécurité à l'endroit des produits dangereux. On interdit presque certaines fabrications. J'ai parlé de l'importation, mais il y a aussi la vente, la publicité, l'étiquetage et l'emballage des produits de consommation. C'est sûr que cela revient aux coûts de l'étiquetage des produits qui seront très importants. Cela nous donnera l'occasion de savoir si le produit est importé ou s'il est fabriqué ici.
Le 51 p. 100 dont on parlait tout à l'heure ne pourrait plus s'appliquer. On dit qu'il y a une proportion de 51 p. 100 pour l'emballage des cafés Van Houtte, pour ne pas les nommer. C'est écrit « Fait au Canada » et, pourtant, c'est du café. À ce que je sache, on ne produit pas de café au Canada, mais l'emballage est assez grand pour représenter 51 p. 100 du prix du café, donc on appose la mention « Fait au Canada ». À ce moment-là, si on peut mettre « Fait au Canada » sur des produits surtout faits ailleurs, on ne pourra jamais appliquer le projet de loi , parce qu'il doit prioritairement voir à ce que les produits importés respectent les normes canadiennes. Il y a dans ce projet de loi une partie à développer. En comité, je suis certain que les députés qui y travailleront trouveront une étiquette particulière pour bien cataloguer les produits d'importation et les produits faits au Canada.
Naturellement, on ne peut pas s'attendre que les cas de rappel seront la solution. Comme je le disais tout à l'heure, il faut absolument le faire avant que ces produits arrivent ici. Il y a eu tellement de laxisme. Dans les cas de jouets qui étaient dangereux, c'étaient toujours des cas de rappel. Ils étaient rendus sur le marché. Des gens les avaient achetés et les avaient à la maison. Il faut absolument que le projet de loi interdise complètement la possibilité que ces objets ou ces matériaux soient distribués.
Je reviens à mon exemple de peinture. Il sera difficile de voir si les 4 litres de peinture — on appelle cela encore un gallon — vient de l'extérieur ou pas, particulièrement si l'emballage est fait ici et est une marque qu'on connaît. Actuellement, la compagnie Sico, qui est une compagnie québécoise, doit justement répondre aux normes américaines sur les organismes volatils avant que son produit sorte du Québec. Je pense que le projet de loi doit exactement demander la même chose pour les produits qui entreront chez nous.
On parle ici de produits de consommation, particulièrement de choses aussi étranges et différentes que des berceaux, des tentes et des tapis. On les laisse entrer actuellement sans aucune norme. Il n'y en a pas sur les tentes. Saviez-vous qu'on n'a pas de norme sur une tente? La seule norme, c'est sur l'inflammabilité de celle-ci. On peut s'étouffer dans une tente, la tente peut nous tomber dessus, elle peut avoir toutes sortes de danger, mais on n'est pas bien protégés par la loi. Par rapport à ce genre de produits l'ensemble des normes doivent devenir un peu plus solides et respectueuses des utilisateurs.
Pour les tapis, c'est la même chose. On est très laxistes dans les normes relatives aux tapis. On laisse inclure à peu près n'importe quel produit chimique pour empêcher que la poussière ne s'installe ou pour garder la couleur. Cela fait partie des produits que les gens respirent tranquillement, bien assis chez eux, en regardant la télévision. Lentement, ils peuvent développer des maladies qui sont difficiles à déterminer mais qui viennent de produits où on a eu un certain laxisme en laissant passer n'importe quoi.
Je prends l'exemple des tapis, mais j'aurais pu aussi parler de types de planchers qui sont actuellement importés, comme des planchers en plastique. Il y a une règle qui ne ment que très rarement: lorsqu'un produit sent fort, il y a une certaine toxicité à l'intérieur de celui-ci. Prenez les planchers en plastique importés qu'on vend dans les magasins. Si on les soumettait à des tests réellement sévères, ils seraient refusés parce qu'ils sont toxiques.
Cela va donc aller couvrir des choses très éloignées les unes des autres. Prenons des piles pour les jouets ou pour les lampes de poche. On en a reçu au Canada. Ces piles ont explosé.
L'explosion d'une telle pile qui contient des produits chimiques peut brûler les yeux des enfants et avoir des conséquences importantes non seulement sur la santé physique, mais aussi sur la santé mentale d'un enfant devant qui ces piles ont explosé.
D'ailleurs, des adultes réagiraient de la même façon. Récemment, des gens ont acheté des fusils importés — c'est toujours du même pays — et au premier, au quatrième ou au cinquième coup, ces fusils ont éclaté. Il faut s'imaginer le traumatisme que cela peut provoquer chez une personne qui n'est pas habituée à manier des armes.
Ce projet de loi a donc une portée très large et doit s'appuyer sur des normes qui seront nécessairement plus rigides qu'elles ne le sont actuellement.
Il est question aussi de la protection contre les rayonnements de produits cliniques ou de consommation, comme les rayons X ou les rayons lasers. C'est assez incroyable, mais on importe encore des montres bon marché dont les cadrans émettent des radiations radioactives dangereuses. Même certaines automobiles qui proviennent de l'Asie ont des cadrans lumineux qui émettent des radiations dangereuses pour la santé. Cela peut provoquer des cancers. Cela peut être dangereux pour la santé des chauffeurs de taxi dont la voiture est munie d'un tel cadran, puisqu'ils y sont toujours exposés.
C'est ce qui est pernicieux et ce qui sera difficile à contrôler. On n'a pas besoin uniquement d'un petit test à l'entrée. Les gens devront faire beaucoup plus de tests. Nos normes devront s'appliquer à ce qui est produit à l'extérieur et, bien souvent, elles devront être resserrées.
Nous ne sommes pas les premiers à adopter de telles lois. Tout à l'heure, j'ai parlé du Japon. Le Japon est bien plus avancé que nous au chapitre des normes internes, et ce, pour l'ensemble des produits qu'il achète des autres pays.
Comme je l'ai aussi mentionné plus tôt, les États-Unis viennent d'adopter des règlements, de concert avec la Commission de sécurité des produits de consommation, qui apportent une réponse à la plaie qu'entraînent ces produits. Il s'agit effectivement d'une vraie plaie lorsqu'au moins 80 p. 100 des jouets aux États-Unis sont importés. Au Canada, ce doit être environ la même proportion. Avoir des jouets dangereux devient donc une vraie plaie. J'ai entendu à la radio de Radio-Canada des gens à qui l'on demandait s'il était possible de trouver des jouets faits au Canada. La dame répondait que non, elle n'en avait pas dans son magasin, même si son magasin offrait une importante sélection de jouets.
L'Europe s'y met aussi. Ce sera important que le comité examine ce qui se fait au Japon. C'est plus facile d'examiner le modèle des États-Unis, étant donné que c'est plus près. Toutefois, qu'en est-il de l'Europe? La Commission européenne a proposé de rendre les normes plus sévères et d'abaisser les limites admises pour d'autres substances, comme le plomb et le mercure. Elle a interdit une quarantaine de parfums allergisants, soit des parfums qui ne sont pas nécessairement très naturels. Ici, on admet encore plus de plomb ou de mercure dans nos produits qu'en Europe. L'Europe a pris une décision qu'on devrait imiter très bientôt.
Je voudrais qu'on lie le principe de précaution à ce projet de loi. Je voudrais que le principe de précaution nous serve réellement de guide pour travailler le projet de loi . Du même coup, il faut examiner nos normes qui sont parfois déficientes. Il faut absolument le faire si l'on veut protéger l'ensemble de notre population. La mondialisation néo-libérale est certainement une nouvelle condition dont on n'avait pas à tenir compte auparavant.
Nous sommes fiers de participer à ce projet de loi. Nous espérons être réellement en mesure d'avoir plus d'argent et plus de locaux pour permettre aux inspecteurs de faire un bon travail.
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Monsieur le Président, je n'ai malheureusement que quelques minutes pour vous faire part de mes préoccupations à l'égard du projet de loi . J'irai donc droit à l'essentiel et reprendrai les commentaires de notre collègue du Bloc québécois qui a souligné, à juste titre d'ailleurs, que le problème auquel nous faisons face aujourd'hui est attribuable à la politique capitaliste du laissez-faire qui sous-tend le libre-échange et qui a mené à une déréglementation de plus en plus grande et même à une hésitation de la part des gouvernements à adopter les lois qu'ils auraient dû adopter pour protéger les Canadiens.
Je souligne que la Loi sur les produits dangereux a été adoptée en 1968 et qu'elle n'a presque pas changé depuis. À cette époque, nous agissions au Canada. Nous ne nous préoccupions pas autant des importations. Nous pouvions exercer un contrôle sur les intrants, les adapter et en régir l'utilisation. Lorsqu'un produit portait une étiquette « fabriqué au Canada », nous pouvions être raisonnablement sûrs qu'il ne présentait pas grand danger.
Nous avons maintenant renoncé à ces contrôles. La mondialisation des capitaux les a rendus inutiles. On nous juge même sévèrement lorsque nous tentons de soulever des questions de ce genre. On nous reproche de vouloir ériger des barrières non tarifaires aux échanges dès que nous disons que nous devrions à tout le moins harmoniser nos normes pour ne pas avoir à nous inquiéter d'être empoisonnés par nos partenaires commerciaux.
Toutefois mon collègue a raison. Dans tout notre zèle et notre enthousiasme à fermer les dernières usines qui restent au pays et à exporter les derniers emplois, nous empoisonnons nos enfants. Nous sommes tellement pressés de le faire que nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour nous assurer qu'il n'y aura pas de répercussions sur la santé et que nous ne sommes pas en train de bombarder les entrailles de nos enfants de tous ces super produits chimiques toxiques auxquels ils sont exposés en cette période de l'après-guerre.
L'industrie pétrochimique a perdu le nord tant au Canada que dans le reste du monde depuis la fin de la guerre. Retenez bien ce que je vous dis. D'ici peu de temps, un Canadien sur deux mourra du cancer. Ce n'était pas comme ça autrefois. Lorsque mes enfants auront mon âge, la moitié des gens mourront du cancer. C'est absurde. Cela signifie que nous avons sérieusement fait fausse route.
J'ignore si mes collègues ont regardé l'émission de Wendy Mesley à la télévision, mais on a mené une enquête journalistique très délicate sur son combat contre le cancer du sein et sur l'absence de questionnement au sujet de ce qui se passe lorsqu'on ingère une substance chimique A et une substance chimique B et qu'elles se transforment en une substance chimique C dans les organes internes. Nous sommes beaucoup trop négligents.
S'il est une chose à propos de laquelle notre négligence est incommensurable, c'est le produit industriel le plus meurtrier que le monde ait jamais connu, l'amiante. Non seulement le Canada autorise l'importation d'amiante, mais il en est aussi le deuxième exportateur au monde. L'amiante tue plus de gens que toutes les autres toxines industrielles réunies. Pourtant, cela n'empêche pas le Canada d'en exporter dans le plus grand abandon et la plus grande insouciance, ni d'en subventionner largement la production et l'exportation.
On peut dénoncer le fait qu'on autorise l'importation de jouets provenant de la Chine qui contiennent de l'amiante et du plomb. Lorsque j'ai dit qu'on importait au Canada des jouets contenant de l'amiante, le a répondu que j'exagérais, que le gouvernement ne tolérerait jamais une telle chose. À peine quelques semaines plus tard, nous avons trouvé des jouets contenant de l'amiante. Il y avait de l'amiante trémolite à 5 p. 100 dans la trousse d'empreintes digitales « CSI », un jouet très prisé durant les Fêtes l'an dernier.
Notre attitude à l'égard de l'amiante est si cavalière qu'en plus d'extraire, de produire, de vendre et d'exporter de l'amiante, nous en importons. Je pense que le gouvernement a peur de dénoncer l'utilisation de l'amiante parce qu'il ne veut pas déplaire à la province de Québec, là où se trouve la dernière mine d'amiante du pays.
Toutes les mines d'amiante où j'ai travaillé sont fermées. Elle ont fermé à cause des forces naturelles du marché. Plus personne n'achète ce produit toxique, à moins qu'il ne s'agisse, pour une raison incompréhensible, de l'amiante inoffensif extrait dans cette province, lorsque, tout à coup, on le subventionne et en favorise l'exportation.
Nous dépêchons des avocats du ministère de la Justice aux quatre coins du pays pour faire de la propagande en faveur de l'industrie de l'amiante et trouver de nouveaux marchés et de nouveaux endroits à polluer avec l'amiante canadien.
Nous sommes tout aussi coupables de cela, mais nous ne prenons pas les mesures appropriées pour protéger nos propres concitoyens contre l'importation de produits toxiques. En effet, contrairement à l'Europe et aux États-Unis, le Canada n'a même pas le pouvoir de forcer le rappel d'un produit. Les États-Unis peuvent le faire. La Californie et d'autres États prennent leurs produits dangereux beaucoup plus au sérieux. Dans un système de protection de la santé publique efficace, lorsque survient un problème avec un produit sur le marché, le gouvernement est dans l'obligation d'en informer les consommateurs et de retirer ce produit du marché. En vertu de ce projet de loi toutefois, le gouvernement peut procéder ainsi mais rien ne l'y oblige. Le mot « peut » foisonne d'ailleurs dans le libellé du projet de loi.
Le projet de loi comporte diverses lacunes. Je viens d'ailleurs d'en illustrer une. Je crois que le gouvernement devrait prendre des mesures énergiques pour indiquer qu'un produit sur le marché est néfaste.
Dans le contexte actuel du projet de loi, si le gouvernement apprend qu'un produit chimique toxique se trouve dans un jouet pour enfant, aucune obligation juridique ne le force à même en aviser la population. Il a nié la présence d'amiante dans la trousse pour prendre les empreintes digitales, un jeu « CSI ». Il n'a même pas suggéré que l'amiante pouvait être néfaste pour la santé. J'ai soulevé la question auprès du gouvernement, mais celui-ci n'a pas essayé de rappeler ce jouet. Nous avons tenu une conférence de presse dans la salle 130-S, en bas. À ce jour, le gouvernement n'a toujours rien fait à ce sujet car s'il déclarait que l'amiante présente dans un jouet pour enfant est néfaste, cela reviendrait à admettre que l'amiante qu'il subventionne et exporte partout dans le monde est mauvais pour les gens. Il serait pris à son propre jeu.
Rien, dans le projet de loi, n'oblige le gouvernement à informer les gens qu'un produit est mauvais et je pense que c'est une erreur. Je suppose qu'il y aurait des conséquences politiques si nous exposions le gouvernement, ce que j'ai fait dans l'affaire des jeux « CSI », mais c'est difficile parce que, comme nous le savons, pour que la responsabilité soit assumée après les faits, il faut que le gouvernement soit pris en défaut.
De façon similaire, le ministre aurait le pouvoir d'ordonner aux entreprises de faire des études pour s'assurer de l'innocuité d'un produit, mais rien, dans la mesure législative proposée, n'assurerait que la toxicité des produits est vérifiée périodiquement. C'est là l'objet d'un autre projet de loi, le projet de loi , que j'ai présenté, un projet de loi sur les pesticides dans lequel nous proposons que la charge de la preuve incombe aux entreprises qui veulent vendre des pesticides, des herbicides et des fongicides et qu'il ne nous incombe pas vraiment, à nous, ou même au gouvernement du Canada, de prouver hors de tout doute que le produit est tout à fait sûr. Ce devrait être à l'entreprise de prouver que le produit chimique est sans danger avant sa mise en vente. Une telle obligation n'existe pas à l'heure actuelle. L'entreprise peut vendre n'importe quel produit et la vente de ce produit n'est interdite que si quelqu'un effectue tous les tests et détermine qu'il est dangereux.
C'est tout à fait le contraire du bon sens. C'est clairement attribuable aux lobbyistes et à l'industrie pétrochimique. Les producteurs de pesticides ont fait du très bon travail et ont réussi à mettre le gouvernement à leur main. Cette inversion du fardeau de la preuve imposerait aux fabricants la responsabilité de veiller à ce que les produits qu'ils vendent sont sûrs. Le principe de précaution devrait sûrement s'appliquer, surtout si l'on pense aux enfants et aux femmes enceintes, qui sont beaucoup plus vulnérables à la contamination chimique. Les cellules d'un enfant en plein développement se multiplient rapidement, et les parois cellulaires sont alors tellement minces qu'elles absorbent ces pesticides comme des éponges.
On ne peut pas épandre une tonne de pesticides sur nos pelouses et laisser ensuite nos enfants se rouler dans l'herbe sans s'attendre à ce qu'ils en souffrent, et à ce que cela laisse des traces permanentes.
Nous croyons aussi qu'il faudrait interdire au Canada l'usage de pesticides à des fins esthétiques, ce qui n'est pas essentiel et n'a rien à voir avec l'agriculture. Les provinces de l'Ontario et du Québec ont maintenant une loi en ce sens, mais c'est seulement parce que nous avons un gouvernement fédéral qui n'a aucun sens du leadership et qui laisse d'autres gouvernements faire le travail à sa place.
Je veux simplement dire qu'il existe, dans la société civile, un certain nombres d'organismes indépendants qui critiquent le projet de loi. On dirait que j'ai égaré le communiqué de presse émis par les Métallurgistes unis d'Amérique, mais c'est certainement un exemple de campagne contre les importations de produits toxiques, auxquelles cet organisme s'intéresse notamment en raison des pertes d'emplois. Je me ferai un plaisir de poursuivre mon intervention une autre fois.