Notre président est en route, mais il m'a demandé de démarrer la réunion en son absence.
Bienvenue à la 140 e réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Avant de commencer, il y a la procédure habituelle concernant les oreillettes. Faites attention à nos interprètes. Il y a un joli petit autocollant sur la table pour placer l'oreillette loin du microphone afin d'éviter les effets Larsen.
Conformément à la motion adoptée le jeudi 19 septembre 2024, le Comité reprend son étude sur les pratiques et la réglementation des cartes de crédit au Canada.
Nous sommes heureux d'accueillir nos témoins d'aujourd'hui. Nous accueillons Julie Kuzmic, chef principale de la conformité à Equifax Canada. Elle est responsable de la défense des droits de consommateurs. Nous accueillons Alexander Vronces, directeur exécutif de Fintechs Canada. Nous avons un troisième témoin, Margaret Yu, qui a actuellement de la difficulté à se connecter.
Pourquoi ne pas passer tout de suite aux déclarations préliminaires de cinq minutes? Nous allons commencer par Mme Kuzmic, d'Equifax Canada
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Bonjour, monsieur le vice-président et membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. J'apprécie vraiment que vous compreniez que mes propos seront en anglais seulement.
Je m'appelle Julie Kuzmic. Je représente Equifax Canada Co., l'une des deux grandes agences canadiennes d'évaluation du crédit, communément appelées les bureaux de crédit. Mon rôle à Equifax est celui de chef principale de la conformité pour la défense des droits des consommateurs, ce qui me permet de me concentrer sur deux domaines clés: premièrement, la conformité d'Equifax aux lois applicables comme celle sur la protection des consommateurs; et deuxièmement, aider les gens au Canada à prendre leurs propres décisions en matière de crédit avec plus de confiance afin de vivre le mieux possible sur le plan financier.
Dans le cadre de votre étude sur les pratiques et la réglementation des cartes de crédit, j'aimerais mettre en contexte le rôle qu'Equifax joue dans l'écosystème du crédit au Canada. Equifax Inc. est constituée en société aux États-Unis et est la société mère d'Equifax Canada, qui est constituée ici au Canada. Equifax Canada fonctionne de façon indépendante conformément aux lois et aux règlements canadiens. En tant qu'agence canadienne autorisée d'évaluation du crédit, Equifax Canada est assujettie à la réglementation provinciale, ainsi qu'à la législation fédérale sur la protection des renseignements personnels et à d'autres lois applicables.
Nous vivons dans une économie fondée sur le crédit. Bien qu'Equifax Canada joue un rôle important, sur lequel je reviendrai dans un instant, Equifax Canada n'accorde pas de crédit aux consommateurs ou aux entreprises. Equifax ne fournit pas de recommandations aux prêteurs, comme les émetteurs de cartes de crédit, sur la question de savoir s'ils devraient approuver les demandeurs. De plus, Equifax ne perçoit pas de paiements auprès des emprunteurs. Le rôle d'Equifax est de maintenir le contenu des dossiers canadiens de crédit à la consommation, que nous utilisons pour livrer des produits aux prêteurs, comme des rapports de solvabilité et des cotes de crédit, en conformité avec les lois applicables. J'aimerais vous donner un aperçu de la façon dont ces éléments s'imbriquent les uns dans les autres.
De nombreuses banques et de nombreux prêteurs au Canada recueillent et communiquent des renseignements sur les comptes de leurs consommateurs à Equifax. Parmi ces types de comptes, il y a les hypothèques, les marges de crédit, les prêts remboursables par versements et, bien sûr, les cartes de crédit. Equifax tient une base de données des renseignements associés à un consommateur particulier sous la forme d'un rapport de solvabilité, aussi appelé historique de crédit ou dossier de crédit.
Je vais utiliser le terme « rapport de solvabilité » dans mon exposé. Le rapport de solvabilité d'une personne contient les renseignements sur les comptes de crédit qui ont été signalés à Equifax, ainsi que d'autres données envoyées légalement à Equifax, comme les comptes de recouvrement, les renseignements liés à l'insolvabilité et les jugements juridiques de nature financière.
En ce qui concerne les cartes de crédit, le type de données envoyées à Equifax par l'émetteur de la carte de crédit comprend habituellement le solde du compte, la limite de crédit, le montant des paiements antérieurs et des renseignements sur les paiements antérieurs, qui peuvent avoir été en retard. Ce portrait du compte ne comprend aucune information sur le taux d'intérêt des cartes.
Chaque compte de crédit figurant dans le rapport de solvabilité d'une personne est généralement mis à jour mensuellement sur une base continue. Une personne qui vérifie son propre rapport de solvabilité verra les renseignements les plus récemment transmis pour chaque compte. Par exemple, les gens qui surveillent leur rapport de solvabilité Equifax peuvent constater que leur compte Mastercard est généralement mis à jour le 6 de chaque mois, tandis que leur compte de carte Visa est généralement mis à jour le 21.
L'une des informations qui n'est pas conservée dans un rapport de solvabilité est la cote de crédit. Les cotes de crédit sont calculées à la demande. Une cote de crédit est un nombre à trois chiffres entre 300 et 900 qui sert de prédiction comportementale de la probabilité qu'un consommateur paie ses factures à temps, en fonction des données disponibles sur le rapport de solvabilité de cette personne au moment où la cote est calculée.
Je me ferai un plaisir de vous en dire plus sur les cotes de crédit. Cependant, pour gagner du temps et pour respecter l'objet de votre étude, je soulignerai que les frais de carte de crédit et les taux d'intérêt ne sont pas déclarés à Equifax. Ils n'ont donc aucune influence directe sur la cote de crédit d'un consommateur.
Chez Equifax, nous nous concentrons sur l'aide aux Canadiens. Nous croyons que les consommateurs peuvent prendre des décisions financières plus éclairées lorsqu'ils ont plus de connaissances en matière de crédit.
En plus du contenu éducatif substantiel [difficultés techniques] sur les personnes qui sont nouvellement arrivées au Canada, qui n'ont pas de crédit ou qui rebâtissent leur crédit à la suite d'une situation financière difficile. Nous sommes souvent consultés par le gouvernement, les organismes de réglementation et les organismes sans but lucratif pour veiller à ce que leur…
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Je remercie tous les membres du Comité de nous avoir invités à comparaître et à contribuer à cette étude.
Je m'appelle Alex Vronces et je suis le directeur exécutif de Fintechs Canada.
Avec près de 50 membres qui, collectivement, servent des millions de Canadiens chaque jour, nous sommes une association des entreprises de technologie financière les plus innovantes du Canada.
Il y a beaucoup à dire sur les cartes de crédit. Dans ma déclaration préliminaire, je vais me concentrer sur deux choses. Premièrement, les cartes de crédit sont des catalyseurs du commerce. Deuxièmement, il s'agit d'une source de crédit accessible aux Canadiens.
La plus récente enquête de la Banque du Canada sur les méthodes de paiement a révélé que 9 adultes canadiens sur 10 ont au moins une carte de crédit. En 2023, un paiement sur trois a été fait avec une carte de crédit. Beaucoup préfèrent utiliser leurs cartes de crédit en raison des récompenses, parce qu'elles sont largement acceptées et parce que l'achat et la vente se font sans heurts.
De plus, les cartes de crédit offrent depuis longtemps l'une des meilleures protections en matière de responsabilité pour les consommateurs. C'était même avant que le gouvernement fédéral inscrive dans la loi l'obligation de mieux protéger les consommateurs en cas de paiements non autorisés par carte de crédit.
Bien que plus de la moitié des Canadiens paient leur solde avant qu'il ne commence à accumuler des intérêts, selon certaines données de la Banque du Canada que j'ai consultées avant de comparaître aujourd'hui, certains comptent sur leurs cartes de crédit pour joindre les deux bouts lorsqu'il n'ont pas de meilleures solutions.
Les taux d'intérêt sur le marché des cartes de crédit varient. Même si certaines cartes de détaillants ont des taux aussi élevés que 30 %, il y en a plusieurs qui ont des taux aussi bas que 10 à 12 %. L'ACFC, l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, affirme que les cartes de crédit sont une source de crédit moins chère que les solutions de rechange vers lesquelles se tournent de nombreux Canadiens en situation précaire, comme les prêts sur salaire.
Pour que le secteur financier en fasse plus pour les Canadiens, il ne faut pas complexifier l'émission des cartes de crédit ou le traitement des paiements par carte de crédit. Un certain niveau de réglementation est nécessaire pour protéger les consommateurs et les commerçants ainsi que pour assurer la stabilité de notre système financier. Le Canada est en voie de trouver l'équilibre. En ajouter beaucoup plus ne ferait qu'ériger des obstacles inutiles à l'entrée dans le marché canadien, ce qui le rendrait encore moins attrayant pour l'innovation dans le secteur financier.
Pour que le secteur financier offre plus d'avantages aux consommateurs et aux commerçants, il faut accroître le niveau de concurrence. Le gouvernement peut y parvenir en faisant trois choses.
Premièrement, il pourrait réglementer les fournisseurs de services de paiement. C'est déjà en marche. Une fois cette initiative achevée, il sera plus facile pour les réseaux de cartes de crédit, entre autres, de permettre aux nouveaux venus dans leurs systèmes de faire concurrence aux acteurs en place, que ce soit en offrant des taux d'intérêt plus bas, en protégeant mieux les titulaires de cartes contre la fraude ou en offrant des récompenses plus attrayantes.
Deuxièmement, il est grand temps de lancer le système de paiement en temps réel du Canada, qui était censé stimuler la concurrence entre les différents systèmes de paiement. Les personnes qui ont le plus à perdre, les grandes banques, s'opposent depuis longtemps au paiement en temps réel. Les grandes banques contrôlent Paiements Canada, qui est chargé de bâtir le système qui fera concurrence aux autres systèmes de paiement sur lesquels les grandes banques comptent pour une grande partie de leurs revenus. Le gouvernement doit corriger le modèle de Paiements Canada pour s'assurer que notre système de paiement profite aux Canadiens, et pas seulement aux plus grandes banques du Canada.
Troisièmement, nous sommes encore en retard en ce qui concerne le système bancaire ouvert. Même si un système bancaire ouvert sera mis en place au Canada, sa portée sera limitée au moment de son lancement. Il ne portera que sur le partage de données, et non sur l'initiation de paiements. L'initiation de paiement est ce qui permettrait à une entreprise de technologie financière et à un commerçant de travailler ensemble pour qu'il soit plus attrayant pour un client de payer le commerçant autrement que par carte de crédit.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vais adresser mes questions à Fintechs Canada.
Je vous remercie de votre présence et du travail que vous faites.
Stripe, un service de traitement des paiements, est membre de votre association. Dans une série d'articles publiés cette semaine, dont un par le National Post, Stripe a déclaré qu'elle ne transférerait pas les économies réalisées dans le cadre d'une entente conclue par le gouvernement avec Visa et Mastercard pour réduire les frais pour les petites entreprises et leurs clients. L'une des justifications invoquées par Stripe sur son site Web, c'est que ses coûts ont « augmenté de 0,066 % » sur la tarification standard « en raison de la réintroduction des taxes de TPS/TVH ».
Si c'est vrai, comment se fait‑il que les entreprises de vos autres membres qui traitent les paiements n'aient pas adopté la même position que Stripe?
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Merci, monsieur le président.
Je vous suis également reconnaissant de me donner l'occasion de poser des questions aux témoins ici présents. J'ai fait carrière comme banquier pendant une trentaine d'années, alors ce sujet m'intéresse particulièrement.
Ma première question est pour Equifax.
Je sais que vous ne faites pas de recommandations. Je sais que vous ne fournissez que des renseignements.
Y a‑t‑il des changements réglementaires en cours ou proposés qui, selon vous, auront une incidence sur la manière dont les données relatives aux cartes de crédit sont divulguées? Quelle incidence cela pourrait‑il avoir sur les cotes de crédit des consommateurs?
Ma prochaine question est pour Fintechs alors.
Quelles mesures sont en place pour protéger les consommateurs contre des pratiques relatives aux cartes de crédit injustes? Comment la société Fintechs contribue‑t‑elle à ces protections?
La raison pour laquelle je pose cette question est que vous avez dit tout à l'heure que la concurrence est une bonne chose. Toutefois, s'il y a un marché captif et que plus de personnes s'en emparent, cela pourrait donner lieu à une dilution des critères de solvabilité et à l'incidence que cela pourrait avoir.
Comment la société Fintechs contribue‑t‑elle aux protections qui mèneraient les gens à trop s'engager dans le crédit à coût élevé?
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C'est une excellente question. Vous en avez posé quelques-unes.
Premièrement, en ce qui concerne votre question sur la manière dont ce genre de choses est supervisé au Canada et dont les consommateurs sont protégés de nos jours, il y a toutes sortes de mesures.
Il y a la Loi sur les banques, qui renferme toutes sortes d'exigences pour les banques, plus particulièrement le cadre de protection des consommateurs de produits financiers. Il y a le code de conduite lié aux cartes de débit et de crédit, qui impose un certain nombre d'exigences à toutes les parties de la chaîne qui aident les commerçants. Nous avons la Loi sur les réseaux de cartes de paiement, et les réseaux ont leurs propres règles.
Pour ce qui est de l'effet d'une augmentation du nombre d'entrées dans le système, je peux peut-être vous raconter une anecdote personnelle.
Mon fournisseur de prêt hypothécaire est une institution financière canadienne assez importante. Elle a très subtilement essayé de m'inciter à renouveler mon prêt hypothécaire avant la dernière réduction de taux. Je ne l'ai évidemment pas fait, mais je me suis dit, juste pour m'amuser, pourquoi ne pas appeler quelques prêteurs de Fintechs pour voir comment ils géreraient cette situation? Je n'en ai pas appelé beaucoup, seulement quelques-uns. Ils ont tous dit de rappeler en novembre ou en décembre parce qu'il y aura des hausses de taux.
Je ne pense pas que le fait de laisser davantage d'acteurs entrer dans le système diluera les protections. Je pense qu'à l'heure actuelle, les consommateurs sont exploités. Ils se font flouer, pour utiliser le titre d'un livre qui a récemment été publié à ce sujet. Je pense qu'en laissant plus d'acteurs entrer dans le système, les gens rivaliseront en s'occupant mieux de leurs consommateurs et en les conseillant de manière à les aider à atteindre les objectifs financiers, plutôt qu'à se garnir les poches.
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Un grand nombre de succursales de Fintechs n'émettent pas de cartes de crédit à l'heure actuelle. Certaines envisagent de le faire.
Si vous les entendez parler des types de cartes qu'elles vont finalement proposer, elles veulent inciter leurs clients à adopter un bon comportement. Plutôt que d'obtenir plus de points pour dépenser, vous pourriez peut-être obtenir plus de points en remboursant votre solde à temps. Elles veulent peut-être vous donner la possibilité de créer une carte à usage unique lorsque vous faites des achats en ligne, que vous n'avez pas d'antécédents avec le commerçant et que vous craignez qu'il compromette vos informations de carte de crédit.
Dans de nombreuses discussions que j'ai eu l'occasion d'écouter, je pense que la motivation de beaucoup de succursales de Fintechs est de faire mieux que ce que les banques font aujourd'hui, parce qu'il y a tellement de solutions faciles qui n'ont pas été saisies parce que pendant très longtemps, il y a eu des barrières à l'entrée.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue aux témoins.
En matière de technologie financière, vous comprendrez que, comme députés du Québec, nous sommes dans une situation particulière. Un cadre est proposé par le gouvernement fédéral, mais, au Québec, la plus importante institution financière est une coopérative, soit Desjardins. C'est aussi le plus important employeur au Québec.
Ma compréhension du marché dans lequel vous exercez vos activités est la suivante. Tranquillement, alors que la technologie financière va se développer, vous allez offrir beaucoup de services à la clientèle et des outils d'analyse aux consommateurs. Les banques et les institutions financières, comme Desjardins, vont devenir en quelque sorte des manufacturiers de produits financiers, qui pourraient être commercialisés par les membres de votre association, entre autres. Je pense que c'est une belle façon de résumer la situation.
Il me semble que, dans le cadre qu'il propose pour le système bancaire ouvert, le gouvernement fédéral donne au Mouvement Desjardins, au Québec, le choix suivant: ou bien il embarque dans le cadre fédéral, ou bien il sera laissé de côté, ce qui, d'une part, aurait des effets préjudiciables pour les consommateurs québécois et, d'autre part, serait complètement déphasé en ce qui concerne les compétences du Québec.
J'aimerais savoir comment vos membres se situent à cet égard. Que peut-on faire pour que les Québécois aient droit aux mêmes services que les autres Canadiens sans qu'on empiète constamment, directement ou indirectement, sur les compétences du Québec en matière de gestion des coopératives et des contrats de crédit?
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C'est une excellente question.
Nous avons quelques entités sous réglementation provinciale parmi nos membres qui ont soulevé des questions similaires. Notre réponse à toute question de ce type est, dans la mesure du possible, de ne pas créer d'exigences redondantes où il y a un niveau de protection équivalent administré par un organisme de réglementation provincial. Reconnaissons cette équivalence afin de ne pas obliger ces entités réglementées à surmonter ces obstacles inutiles.
Je crois comprendre que le cadre du système bancaire ouvert est volontaire, si bien que personne n'imposera des exigences à une entité qui ne souhaite pas les respecter. Je sais que les décideurs politiques au ministère des Finances ont eu de longues conversations avec leurs homologues provinciaux pour déterminer où les exigences sont nouvelles et doivent être administrées et où il y a une équivalence afin qu'elles puissent être reconnues.
Cela dit, je ne peux pas parler de l'issue de ces discussions. Je sais seulement qu'elles ont lieu.
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La façon dont vous présentez les choses est intéressante. Vous dites que le cadre actuel proposé par le gouvernement fédéral est volontaire. Essentiellement, on dit aux institutions québécoises de s'intégrer volontairement au cadre canadien ou de s'isoler elles-mêmes. C'est évidemment ce qui nous inquiète.
Je suis d'accord avec vous quand vous dites qu'une harmonisation est nécessaire. Il faut que ces lois, règlements et encadrements soient comparables, je suis bien d'accord avec vous sur ce point. Il y a cependant une chose qui m'inquiète, dans le cadre fédéral. Il faut dire que, dans bien des aspects reliés au système bancaire ouvert, le Québec est généralement en avance. C'est notamment le cas en ce qui concerne les données personnelles, la protection du consommateur, les contrats de crédit et les simulations de crise pour tester la résistance des institutions financières.
Dans ce contexte, comment les Québécois pourraient-ils accepter de se faire imposer un cadre qui, somme toute, est assez faible et assez peu réglementé? Ne préféreriez-vous pas travailler directement avec le gouvernement du Québec, de sorte que le Québec, comme il l'a fait à maintes reprises dans le domaine de la protection du consommateur ou des contrats de crédit, puisse proposer au gouvernement fédéral un cadre qui soit plus adapté à la situation québécoise?
Je vais maintenant m'adresser à la représentante d'Equifax Canada.
Ma question est un peu technique.
Du côté du gouvernement libéral, le lui-même a suggéré que le dossier de crédit des gens tienne compte des paiements de loyer versés par les locataires aux propriétaires. Je pense que l'argument du premier ministre s'appuyait sur le fait que beaucoup de personnes règlent en retard le solde de leur carte de crédit parce qu'elles utilisent leur argent pour payer leur loyer à temps. La mesure suggérée aurait donc pour effet d'améliorer la cote de crédit de ces gens.
Or, j'ai l'impression que ce serait extrêmement compliqué à faire. Contrairement aux dettes que les gens contractent auprès de banques ou de grandes sociétés de crédit, le marché du logement est très décentralisé.
Techniquement, est-ce une chose qui peut se faire à court terme?
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être ici.
L'une des raisons pour lesquelles j'ai demandé cette étude — et je suis heureux que nous la menions — est que nous semblons oublier les pressions exercées sur les Canadiens et les banques. Nous semblons également oublier que durant la crise financière, c'était les Canadiens qui soutenaient les banques, pour des raisons indépendantes de leur volonté.
Quelques bons exemples sont les 125 milliards de dollars de prêts hypothécaires assurés qui devaient libérer des capitaux. La Banque du Canada a contribué à la mise en œuvre de mesures relatives aux flux de trésorerie. La Banque du Canada a abaissé le taux cible du financement à un jour. Au total, 41 milliards de dollars ont été versés en soutien à la liquidité. Différents accords de revente ont été conclus pour aider les mécanismes de prêt à terme. De plus, en raison du marché mondial du crédit, ils ont aidé la Facilité canadienne d'assurance aux prêteurs à étendre son soutien à ce marché. Enfin, l'expansion du mécanisme d'assurance des dépôts a également contribué à ce soutien.
Il y a eu une série d'événements pour lesquels les Canadiens ont dû soutenir les banques.
Ma première question semble être pour Fintechs. Si la concurrence est la solution que vous suggérez peut-être à long terme, que pouvons-nous faire à court terme pour uniformiser les règles du jeu dans une certaine mesure?
Encore une fois, certains des prêts que les Canadiens contractent... Si vous regardez vos taux hypothécaires — et je suis ravi que M. Van Bynen y a fait référence —, les Canadiens mettent actuellement sur leur carte de crédit l'épicerie, l'électricité pour leur maison et d'autres produits essentiels, à des taux de 20 ou 30 %. Il me semble horrible qu'en tant que législateurs, nous permettions que cela se produise quand les taux hypothécaires, qui sont essentiels, sont ramenés à des taux plus bas.
Je sais que la Banque du Canada envisage d'abaisser à nouveau le taux préférentiel, mais les cartes de crédit et les banques continueront d'avoir des taux de 20 à 30 % avec des prêts à des escrocs, différents types de taux d'intérêt et des systèmes pyramidaux que les gens ont du mal à comprendre.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la concurrence et sur ce que nous pouvons faire entretemps? Je suis convaincu que des améliorations à la réglementation devraient être apportées. Je pense que l'exemple de Stripe attire un peu l'attention sur la question. Si nous ne faisons pas les choses correctement, alors le consommateur ou l'entreprise ne sera pas le véritable bénéficiaire.
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Je vous remercie de la question.
Quelles sont les mesures que nous pouvons prendre à court terme? Il y en a quelques-unes. En tant qu'association, nous avons dit que nous voulions être davantage réglementés. Nous soutenons la Loi sur les activités associées aux paiements de détail. La mise en œuvre de ce régime — elle n'est pas encore complètement terminée — haussera la barre pour tous les fournisseurs de services de paiement. Cela permettra également aux réseaux de paiement d'intégrer plus facilement ces nouveaux venus dans le système afin qu'ils puissent commencer à rivaliser avec les banques.
Je peux donner un exemple tout à fait hypothétique. Je ne veux pas que ce soit interprété comme étant une déclaration de la part du réseau selon laquelle ces mesures seront prises, car ce n'est pas ce que c'est. Je peux imaginer un monde où les fournisseurs de services de paiement sont mieux réglementés. Ces entreprises de Fintechs entrent dans cet écosystème et, tout à coup, elles commencent à réfléchir à la façon dont elles peuvent mieux rivaliser avec une banque.
Il y a tant de choses qu'elles peuvent faire, allant de récompenses jusqu'aux taux d'intérêt. Il est important de réglementer les acteurs d'entrée de jeu, mais il ne faut pas non plus céder le contrôle de ces initiatives aux grandes banques.
La modernisation des paiements en est un excellent exemple. Nous sommes censés construire ce système qui permettrait aux entreprises de Fintechs d'offrir toutes sortes de nouvelles méthodes de paiement aux Canadiens qui rivaliseraient avec les anciens modes de paiement. Au fil des ans, ce système a totalement été érodé par le fait que les cinq grandes banques contrôlent l'institution qui construit le système.
Nous allions obtenir ce système riche en données en temps réel qui serait le fondement de l'innovation. Il semble que nous n'aurons au final qu'une copie de ce qui existe déjà sur le marché en ce qui concerne les paiements de pair à pair.
Nous pouvons dire non aux banques qui veulent mettre un frein aux progrès. Nous pouvons réglementer les nouveaux acteurs du système et ensuite progresser dans des domaines comme les paiements en temps réel et les systèmes bancaires ouverts. Je pense que ce sont les solutions faciles parce qu'elles ont été adoptées dans d'autres instances. Elles l'ont été il y a de nombreuses années, et aucune instance qui les a mises en œuvre ne les a réduites parce qu'elles ont causé toutes sortes de torts aux consommateurs. En fait, l'inverse s'est produit. Elles ont essayé d'élargir la portée de ces initiatives, de les doubler.
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D'accord. Je vous remercie.
Je vais passer à Equifax avec le temps qu'il me reste. Je vous suis reconnaissant de cette réponse, car il y a une combinaison de choses que nous pouvons faire.
Pour Equifax, l'une des choses qui me préoccupent dans la manière dont vous obtenez des renseignements est que vous avez mentionné qu'il n'y a pas de rapport sur le taux d'intérêt, mais votre cote de crédit pourrait être basée sur le taux d'intérêt. D'après mon expérience, si vous ne pouvez pas obtenir une bonne cote de crédit, vous êtes souvent soumis à un taux d'intérêt plus élevé pour pouvoir l'obtenir, y compris certaines de ces escroqueries, bien franchement, qui, je crois, se font dans les magasins de meubles et d'autres endroits où ils facturent 30 à 40 % d'intérêts pour une période donnée. Puis, plus tard, vous devez rembourser la totalité de la facture.
Pourquoi ne pas recueillir ces données également? Ne seraient-elles pas pertinentes pour une cote de crédit — le type d'intérêts qu'on vous facture? Le nombre de personnes qui doivent s'adresser à un emprunteur secondaire est la raison même de l'augmentation des prêts sur salaire, etc. Les banques n'accepteraient pas certains paiements ou le crédit de personnes qui doivent s'adresser à ces tiers prêteurs qui demandent des prix indécents et qui profitent des personnes qui cherchent désespérément un moyen de payer leurs factures.
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Merci, monsieur le président.
Mes questions s'adresseront au directeur général de Fintechs, l'association qui représente, du moins dans le cas de cette étude, les entreprises de traitement des paiements.
Pour que tout le monde qui nous regarde le comprenne bien, lorsqu'un consommateur utilise sa carte de crédit dans un magasin physique, un commerce de détail, il ne sait habituellement pas — parce que seule l'entreprise voit les chiffres — qu'entre 1,5 et 3 % de frais supplémentaires sur la valeur totale de cette carte de crédit sont facturés à l'entreprise. Est‑ce exact?
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D'accord. Ils ont accepté la réduction.
Il y a un an et demi, le gouvernement a annoncé une réduction de 0,95 % — ou de 1 %, essentiellement — de ces taux. Il a fallu un an et demi pour en arriver au point où, il y a deux semaines, le gouvernement a fait l'annonce.
Chase participe à l'initiative. Est‑ce que Global Payments est un de vos membres? L'entreprise a accepté la réduction de taux. L'entreprise Moneris est-elle un de vos membres? Non. Qu'en est‑il de Square? Vous ne représentez pas Solutions aux commerçants TD.
D'accord. Toutes ces entreprises ont donné leur accord.
Est‑ce que Fiserv fait partie de vos membres? Apparemment, l'entreprise n'a répondu à aucune demande. Savez-vous ce que Fiserv va faire?
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Si je comprends bien votre question, vous demandez quels types de produits les entreprises de technologie financière conçoivent pour aider les Canadiens à éviter des pièges comme les prêteurs offrant des conditions abusives.
Je dirais qu'elles prennent toute une gamme de mesures. Dans l'exemple que j'ai donné plus tôt, deux prêteurs du secteur de la technologie financière auraient pu essayer de prendre mon argent pour me faire contracter un prêt hypothécaire avant deux annonces de réduction des taux, mais ils ne l'ont pas fait. Au lieu de cela, ils m'ont dit qu'il y aurait probablement de nouvelles annonces de réductions de taux d'intérêt et m'ont conseillé d'attendre, puisqu'ils pourraient me faire économiser de l'argent.
Les récits positifs pullulent: certains de nos membres aident les Canadiens à améliorer leur cote de crédit avec leurs paiements de loyer. Des entreprises parmi nos membres aident les Canadiens à investir leur argent et à faire fructifier leurs avoirs avec une grande simplicité et transparence.
Je pourrai faire un suivi après la réunion et vous envoyer une courte liste d'entreprises et des types de produits qu'elles offrent et qui répondent à vos préoccupations.
J'aimerais parler d'un sujet un peu différent.
Je sais que le Centre canadien pour l'autonomisation des femmes a déterminé que l'exploitation financière est un moyen de contrôle coercitif et de violence entre partenaires intimes. Souvent, les femmes qui cherchent à quitter des situations de violence ont soit un crédit diminué en raison du contrôle que le conjoint avait sur les finances, soit, dans d'autres cas, elles n'ont pas de crédit.
Faites-vous quelque chose? Je regarde aussi l'autre témoin. Le Centre demande aux institutions financières d'être plus conscientes de ce genre de situations, car c'est souvent la raison pour laquelle les femmes restent dans ces relations. Elles ne peuvent en sortir pour des raisons financières.
Je suis vraiment ravie que vous ayez soulevé cette question, car c'est une question qui me tient personnellement à cœur, tout comme Equifax en général.
Nous savons que les survivantes de la traite des personnes se retrouvent souvent avec ce que nous appelons des « dettes forcées. » Dans bien des cas, elles prennent la forme d'un compte de crédit qui a été ouvert au nom de la survivante et dont elle n'a jamais entendu parler. Il peut aussi s'agir d'un compte de crédit dont elle était au courant, mais, si c'était une carte de crédit, qu'elle n'a jamais vu et n'a jamais pu utiliser. Elle se sort de cette relation hypothéquée par une dette qui n'est vraiment pas la sienne.
Ce que nous constatons, c'est une tendance à inclure les dettes forcées dans les formes reconnues de fraude. Le gouvernement de l'Ontario a adopté une loi à ce sujet, qui oblige les institutions financières à mettre en place un processus. L'une des suggestions que j'ai entendues est d'utiliser un processus semblable aux lignes directrices pour déceler les cas potentiels de maltraitance des aînés. Il y a beaucoup de parallèles possibles. Bon nombre des lignes directrices qui ont été établies pour les aînés pourraient être utilisées ou modifiées légèrement pour ce scénario.
Je vous remercie d'avoir soulevé cette question. C'est un sujet qui suscite un certain nombre de conversations parmi nous.
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Merci, monsieur le président.
Je vais continuer avec le représentant de Fintechs Canada. Je le dis bien franchement, je trouve que le marché de la technologie financière est un sujet fascinant.
Dans votre allocution d'ouverture, monsieur Vronces, vous avez dit qu'on avait évidemment besoin d'un certain niveau d'encadrement et de réglementation. Selon mon expérience, lorsque des représentants du secteur bancaire et financier viennent nous rencontrer en comité parlementaire, ils commencent tous par se vanter du niveau de réglementation du marché canadien. Ils nous disent à quel point le marché est sûr et que les consommateurs devraient se sentir en confiance. Or, quand on leur demande ensuite quelle réglementation il devrait y avoir, ils répondent qu'ils n'en veulent pas ou qu'ils en veulent moins. Ils veulent des codes de conduite ou des ententes volontaires.
Prenons l'exemple de la baisse des frais d'interchange. Il n'y a pas eu d'ententes à ce sujet. Il n'y a jamais eu une seule entente entre Mastercard, Visa et le gouvernement. Ce dernier a gentiment demandé à Visa et Mastercard de baisser leurs taux en les menaçant de peut-être les réglementer. Ces entreprises ont offert le minimum et le gouvernement a plié devant elles et ne leur a jamais imposé de réglementation. Ça, c'est la méthode canadienne.
J'en arrive bientôt à la question plus précise que je veux vous poser, monsieur Vronces.
En ce qui concerne les frais d'interchange, on nous dit, par exemple, que le Canada se situe dans la moyenne mondiale. Quand on examine la situation, on constate que toutes les entreprises qui imposent des frais d'interchange plus élevés qu'au Canada se trouvent dans des marchés moins réglementés. En revanche, dans tous les pays où ces frais ont baissé, comme la Nouvelle‑Zélande, la Grande‑Bretagne et d'autres pays d'Europe, on est d'avis qu'il faut réglementer les frais d'interchange. Même la Réserve fédérale américaine est de cet avis. Au bout du compte, les frais d'interchange dans ces pays sont moins élevés qu'au Canada.
Monsieur Vronces, si l'on devait réglementer davantage la technologie financière, c'est-à-dire imposer une vraie réglementation qui a du mordant, et non pas un code de conduite, quels seraient les trois éléments réglementaires les plus importants que le gouvernement fédéral devrait instaurer dès maintenant?
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Essentiellement, vous dites que le gouvernement n'a pas fait assez de consultations, de sorte qu'on se retrouve aujourd'hui dans la situation que vous avez décrite à mon collègue M. Perkins. Les coûts peuvent avoir diminué en partie, sauf que, n'ayant pas fait assez de consultations, le gouvernement n'a pas pu obtenir l'ensemble du portrait. L'entreprise Stripe, par exemple, a dit qu'elle n'allait pas baisser ses frais, et qu'elle allait peut-être même les augmenter. En raison des coûts qui s'additionnent, les frais de ses services augmentent. Au bout du compte, il n'y aura pas de gains véritables.
Le plus drôle, c'est que le a publié un message à ce sujet sur la plateforme X, il y a quelques minutes. Je vous gage 100 $ que je ne le retrouverai pas, mais, essentiellement, il dit que son gouvernement est très fier parce que, quand on achète un café chez Tim Hortons ou ailleurs, il est important que l'argent aille dans les poches des PME. Or, si je me fie à ce que vous avez dit, ce n'est pas nécessairement ce qui va arriver.
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Nous en sommes évidemment heureux. Il n'y a pas si longtemps, de nombreux intervenants du secteur pensaient que cela ne se produirait jamais, malgré toutes les consultations et les années de discussions.
Je pense qu'une partie de l'enthousiasme sera toutefois dissipé, car, comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, au premier jour, cet environnement permettra uniquement aux Canadiens de partager leurs données. Il ne leur permettra pas d'autoriser quelqu'un d'autre à lancer une transaction en leur nom, que ce soit pour sortir un paiement ou pour transférer l'argent vers leur compte.
Cette capacité de paiement qui est activée dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni, permet à un commerçant d'encourager son client à payer autrement qu'avec une carte de crédit. Par conséquent, en plus de la possibilité d'imposer des frais supplémentaires, les commerçants peuvent s'associer à des entreprises de technologie financière et obtenir l'argent selon leurs conditions.
Au Canada, ce ne sera pas une option dès le premier jour, et il n'est pas certain que ce le sera un jour, à moins que la portée du système bancaire ouvert ne soit élargie.
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Je vous remercie pour votre question. Je vais y répondre avec plaisir.
Lorsque nous examinons ces chiffres globaux à l'échelle du Canada et que nous parlons en pourcentages des comptes en souffrance, il est très facile de s'éloigner de ce que ces chiffres représentent réellement. Je tiens à reconnaître que personne ne veut se retrouver dans une situation où il est difficile de faire ses paiements et où il faut choisir entre acheter de la nourriture ou payer le loyer. Ces chiffres représentent de vraies personnes partout au Canada qui, je crois, tentent de faire de leur mieux avec ce qu'elles ont.
Je vais d'abord me concentrer sur les chiffres publiés par Equifax le mois dernier, qui reflètent le deuxième trimestre de cette année. Autrement dit, ces chiffres visent les mois d'avril, de mai et de juin 2024.
Je tiens également à souligner que la science des données est une science exacte qui comporte de nombreuses nuances. Par exemple, nous allons examiner deux mesures concernant l'utilisation des cartes de crédit au Canada et la proportion des soldes que les gens ont effectivement remboursés avec leurs cartes de crédit.
Nous allons commencer par examiner ce que nous appelons le taux de délinquance associé aux prêts. Ce chiffre est obtenu en additionnant tous les soldes des cartes de crédit qui étaient dus au cours de la période. Dans ce cas-ci, la période visait les mois d'avril, de mai et de juin de cette année. Ensuite, nous examinons combien de ces soldes étaient en retard au cours de cette période. Le solde est considéré comme étant impayé lorsqu'il y a un retard de 90 jours ou plus. Selon cette mesure, 3,4 % des soldes étaient en souffrance au deuxième trimestre de 2024.
Nous utilisons aussi une autre mesure, le taux de délinquance du volume des échanges, dans le cadre de laquelle nous désignons le nombre total de comptes de cartes de crédit actifs au cours d'une période. Il s'agit toujours ici du deuxième trimestre de cette année. Combien de ces comptes de cartes de crédit étaient en retard de 90 jours ou plus? Selon les données d'Equifax, le nombre total de comptes de cartes de crédit est d'environ 52 millions au Canada, et environ 1,6 % d'entre eux étaient en souffrance au deuxième trimestre de cette année.
C'est un excellent exemple qui montre à quel point les nuances sont essentielles. Equifax dit-elle que le taux de retards au deuxième trimestre était de 3,4 % ou de 1,6 %? La réponse courte est oui.
Je vous remercie, monsieur le président, de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Nous sommes très reconnaissants de voir que des mesures importantes sont prises pour améliorer l'inclusion financière des Canadiens. Momentum est un organisme de développement communautaire de Calgary qui fait le lien entre les personnes à faible revenu et les possibilités économiques. Notre objectif principal est de créer une économie locale qui fonctionne mieux pour tout le monde.
L'une de nos approches clés consiste à travailler avec les personnes à faible revenu. C'est une façon de les aider à s'informer et à économiser de l'argent pour devenir financièrement autonomes. Nous avons travaillé avec des personnes comme Melanie, qui a quitté les Philippines pour s'installer au Canada.
Après leur arrivée, Melanie et son mari ont tous deux eu du mal à trouver des emplois pour survivre. Melanie et son mari avaient également de mauvais antécédents en matière de crédit, et ils ne pouvaient pas accéder aux formes de crédit traditionnelles, comme une marge de crédit auprès d'une banque. Lorsque le mari de Melanie est tombé malade, ils ont épuisé toutes leurs options. Melanie a alors dû utiliser ses cinq cartes de crédit comme outil de survie. Cependant, cela lui a coûté très cher. Melanie et son mari ont accumulé plus de 18 000 $ de dettes de cartes de crédit.
Alors qu'elle avait du mal à rembourser ses cartes de crédit, Melanie a connu Momentum et a participé à un programme d'épargne dans le cadre duquel les participants obtiennent un montant correspondant à leurs économies alors qu'ils apprennent à bien gérer leur argent. Melanie a également réussi à ouvrir un régime enregistré d'épargne-études et a eu accès au Bon d'études canadien pour ses enfants. Malgré les difficultés, Melanie n'a aujourd'hui plus de dettes. Grâce à des interventions d'autonomisation financière éprouvées, Melanie a retrouvé une santé financière.
Les cartes de crédit à coût élevé ciblent souvent les personnes et les familles à faible revenu qui ont du mal à joindre les deux bouts. Les options de cartes de crédit peuvent être tentantes lorsqu'une personne a besoin d'argent rapidement, mais elles s'accompagnent de coûts et de risques cachés qui mènent à un cycle d'endettement. Le besoin d'emprunter de l'argent peut se manifester très rapidement et sans avertissement, surtout pour les personnes à faible revenu. Avec moins d'actifs financiers comme l'épargne et les investissements, et moins de ressources comme le revenu disponible pour les personnes à faible revenu, elles sont moins susceptibles d'absorber des dépenses imprévues sans trouver une autre source de liquidités.
Dans de telles situations, les produits de cartes de crédit à coût élevé peuvent sembler être la seule solution. Ces produits se présentent sous plusieurs formes et s'accompagnent de nombreux frais: les frais de tenue des comptes — des frais mensuels facturés par certaines compagnies de crédit pour maintenir le compte —, les frais pour les cartes de remplacement, les frais pour fonds insuffisants, les frais de dépassement de la limite de crédit, les frais de transfert des soldes, les frais de transaction en devise étrangère, les frais pour avance de fonds, les frais pour les paiements en retard, les frais annuels et les frais d'assurance-solde. Ce ne sont là que quelques exemples.
Quelle que soit la forme qu'ils prennent, les produits de cartes de crédit sont très coûteux et peuvent facilement mener à un cycle d'endettement à vie. Nous demandons au gouvernement du Canada d'apporter des changements importants à la façon dont les produits de crédit à coût élevé sont réglementés, afin qu'ils deviennent un choix plus sûr et qu'ils permettent à un plus grand nombre de Canadiens comme Melanie d'acquérir une autonomie financière.
Il faudrait premièrement réduire le taux d'intérêt criminel. Nous avons été très heureux de voir le gouvernement réitérer l'engagement pris dans le budget de 2023 d'abaisser le taux d'intérêt criminel à un taux annuel en pourcentage de 35 %. La proposition d'améliorer l'application du taux d'intérêt criminel est également une mesure prometteuse pour veiller à ce que les Canadiens soient adéquatement protégés contre le crédit à coût élevé. D'après l'expérience de Melanie avec l'endettement lié aux cartes de crédit, nous croyons que la réduction du taux d'intérêt criminel représente un changement de politique important à mettre en œuvre.
Deuxièmement, il faut réduire les frais admissibles et les frais associés aux cartes de crédit. Il s'agit notamment de ceux qui figurent dans ma longue liste de frais, comme les frais pour les paiements en retard, les frais annuels, les frais de transaction en devise étrangère, les frais de dépassement de la limite de crédit, les frais pour avance de fonds, les frais de tenue mensuels et les frais d'assurance-solde. Les cartes de crédit à coût élevé peuvent sembler être une bouée de sauvetage lorsqu'on a l'impression de se noyer, mais ce sont souvent en fait des briques, et le poids des frais d'intérêt et des frais de retard peut nous faire couler.
Troisièmement, il faut mettre l'accent sur l'amélioration de la transparence en ce qui concerne les modalités relatives aux cartes de crédit, les taux d'intérêt et les frais, en utilisant un langage simple ou en expliquant aux consommateurs ce que ce type de dette signifie et ce qu'ils contractent.
Quatrièmement, il faut investir dans les soutiens financiers communautaires. Prospérité Canada s'est vu promettre 60 millions de dollars sur cinq ans pour élargir les services d'aide financière offerts par la communauté à environ un million de Canadiens à faible revenu. Il s'agit d'un soutien financier indispensable, car de nombreux organismes communautaires sans but lucratif qui offrent des services d'autonomisation financière, comme Momentum, reçoivent très peu de financement du gouvernement pour ce travail.
Compte tenu de l'augmentation du coût des affaires, ce financement peut stabiliser les programmes existants et permettre une expansion importante. De nombreux Canadiens ont du mal à joindre les deux bouts, notamment en raison de l'augmentation du coût de la vie, des défis qui sont encore plus importants pour les Canadiens à faible revenu. Chez Momentum, nous reconnaissons la sagesse selon laquelle les personnes qui n'ont pas un revenu adéquat ne peuvent pas s'en sortir et que les personnes qui n'ont pas d'actifs ne peuvent pas avancer. Les changements proposés peuvent aider plus de gens à s'en sortir grâce à un meilleur accès aux prestations et aideront les Canadiens à aller de l'avant.
Je vous remercie.
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C'est le cas pour certaines sociétés de paiement, mais pas pour toutes. L'étude de marché réalisée par le Bureau de la concurrence en 2017 a conclu qu'en ce qui concerne le traitement des paiements sur le marché des cartes de crédit, la concurrence est assez forte, même en ce moment.
Juste pour le plaisir, je me suis rendu sur le site Web de Shopify et j'ai regardé tous les différents processeurs de paiement intégrés. Il y en avait beaucoup trop pour les compter.
Le marché a également commencé à se concurrencer sur des marges non fondées sur le prix. Les sociétés de paiements ne se contentent plus de proposer à leurs clients de meilleurs accords; elles offrent à présent de s'occuper de la gestion des stocks, de la conciliation des normes, et de la prévention de la fraude. Ainsi, ces sociétés de paiements se livrent une concurrence acharnée pour conquérir des parts de marché.
Là où nous ne voyons pas de concurrence, c'est lorsqu'il s'agit d'autres systèmes de paiement qui pourraient être utilisés pour concurrencer les cartes de crédit. En particulier, nos systèmes de paiement nationaux, ce rail en temps réel dont tout le monde parle. L'accès à ce système a été restreint et contrôlé par les plus grandes banques du pays, qui gagnent beaucoup d'argent avec les cartes de crédit.
Je pense que, dans ce pays, nous avons un problème de gouvernance dans le système de paiement, et rien de ce que fait le gouvernement actuellement ne s'y attaque. Je pense que le problème vient de là.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, permettez-moi de souhaiter la bienvenue à la témoin Mme Yu, qui est arrivée un peu plus tard.
Madame Yu, j'ai trouvé votre allocution d'ouverture très intéressante, notamment lorsque vous avez mentionné que certaines personnes dans une situation personnelle et financière extrêmement précaire passaient d'une carte de crédit à l'autre, souvent en utilisant du crédit à très haut taux d'intérêt pour payer le crédit précédent, et ainsi de suite. Cela devient effectivement un cercle vicieux.
Quand on regarde certaines données récentes, on réalise que les Canadiens sont très accros du crédit. Ils empruntent beaucoup. En pourcentage du revenu disponible, les dettes non hypothécaires des Canadiens sont plus élevées que celles des Américains ou que celles des habitants de plusieurs pays européens.
Comment interprétez-vous cette situation? Est-ce une question de culture?
D'une part, l'industrie financière nous dit que le marché manque de fluidité, qu'on a de la difficulté à avoir du crédit et qu'il faudrait que ce soit plus facile et que les engrenages soient mieux huilés. D'autre part, les gens au Canada sont parmi les plus endettés de l'Organisation de coopération et de développement économiques.
Comment peut-on expliquer tout ça?
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Oui, merci pour la question et l'observation.
D'après mon expérience de travail avec des participants à faible revenu, le langage clair et simple n'est absolument pas utilisé. Peut-être que le représentant commercial a un quota à atteindre et qu'il dira aux participants au centre commercial, à l'école, à l'épicerie que s'ils s'inscrivent, ils peuvent obtenir une carte-cadeau d'une valeur de 250 $. Tout ce qu'ils ont à faire, c'est d'inscrire leur nom et ils recevront automatiquement une carte, de sorte que les courses d'aujourd'hui sont gratuites. Nos participants prendraient ce qu'ils disent pour argent comptant.
En ce qui concerne les conditions générales, je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais pour moi, elles sont assez longues. Je les fais défiler et je me contente de cocher une case pour dire que j'y consens et que je suis d'accord. Honnêtement, je ne lis pas tout cela, et d'après mon observation de nos participants, ils ne lisent pas non plus tout cela.
Il peut être très utile de leur donner une certaine marge de manœuvre en leur disant, en langage clair, que si vous contractez cette dette, cela signifie que vous effectuez des paiements minimums et que vous la rembourserez dans un délai de 23 ans.
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Merci beaucoup pour la question.
Oui, nous sommes absolument ravis que le gouvernement ait annoncé l'abaissement du taux d'intérêt criminel à 35 % du taux annuel en pourcentage, ou TAP. Je pense que la prochaine étape est une proposition visant à améliorer l'application du taux d'intérêt criminel, ce qui peut être une étape très prometteuse pour les Canadiens.
D'après notre expérience, certains Calgariens se sont procuré des cartes de crédit dont le TAP est supérieur à 35 %. À notre connaissance, un participant s'est même procuré une carte de crédit affichant un taux annuel de 36 %.
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Je vous remercie de cette question.
La tendance est généralement à la hausse pour ce qui est de l'utilisation des cartes de crédit, des soldes de cartes de crédit et du nombre de comptes de cartes de crédit qui existent. Il est également important de se rappeler, toutefois, qu'un segment de la population contribue à cette tendance. Par exemple, l'année dernière, le Canada a accueilli un très grand nombre de nouveaux arrivants, et beaucoup d'entre eux auraient commencé à ouvrir un compte de carte de crédit.
En général, je dirais que, oui, nous observons une hausse de tous ces chiffres.
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Madame Yu, je tiens à vous remercier de vos suggestions pratiques sur certaines de ces questions.
Ce qui est mis en lumière maintenant... C'est drôle. On peut toujours se souvenir de ces choses.
Un bon exemple de cela, c'est la motivation du gouvernement. Rogers augmente actuellement le coût des terminaux pour les consommateurs. C'est une nouvelle qui circule en ce moment. Voici toutefois ce dont on ne parle pas vraiment dans cette histoire: le gouvernement n'est presque pas motivé à intervenir dans ce dossier parce qu'il va tirer toutes les recettes de la TVH. En fait, il est clairement indiqué qu'en cas d'augmentation des frais, la TVH sera appliquée, puis perçue par le gouvernement. Même si nous réussissons à faire annuler ces frais imposés aux commerçants, s'il y a de nouvelles taxes avec la TVH, ce qui semble être le cas...
Il y a un point que j'ai oublié de mentionner, et je pense avoir dit à un moment donné que cela ressemble à une combine à Ponzi qui ferait rougir Bernie Madoff. À quoi tout cela sert‑il si nous ne transmettons pas aux consommateurs les économies que nous essayons de réaliser?
J'aimerais que vous nous disiez à quel point c'est important. Si ce n'est rien d'autre qu'une façon d'augmenter les recettes du gouvernement, cela ne va‑t‑il pas à l'encontre d'une partie de l'objectif?
Ce que nous voulons, c'est que le consommateur n'ait pas à payer de taxes ou de frais régressifs sur ces choses.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir un peu sur les questions de M. Patzer, simplement pour m'assurer que tout le monde comprend bien.
En 2023, la ministre libérale du Revenu a modifié les règles pour permettre que les frais de traitement des cartes de crédit soient inclus dans la TPS et la TVH, alors qu'ils ne l'étaient pas auparavant. Est‑ce exact? Est‑ce bien ce que vous avez confirmé?
Cela s'est produit à peu près au même moment où la annonçait, en mai 2023, que les petites entreprises bénéficieraient d'une réduction miraculeuse des frais de traitement des paiements par carte de crédit. Les deux annonces ont eu lieu en même temps.
J'accepte tout à fait ce que vous avez dit. Quelqu'un doit payer la note. C'est un service qui est offert. La question est de savoir à qui ces frais doivent être imputés. Comment le tout fonctionnera‑t‑il? Dans le cadre de ce changement, les petites entreprises ont été autorisées à faire quelque chose qu'elles n'avaient pas le droit de faire auparavant, c'est‑à‑dire refiler les frais de transaction aux consommateurs, qui auraient à payer la TPS et la TVH sur ce montant.
Avez-vous une idée de ce que cette nouvelle source de revenus représenterait pour le gouvernement fédéral en recettes provenant de la TVH?
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Nous reprenons la séance.
[Traduction]
Nous avons eu l'occasion d'examiner la motion présentée par M. Perkins.
[Français]
Le Comité est saisi de la motion.
Y a-t-il des questions ou des commentaires sur la motion?
[Traduction]
Je vois qu'il n'y en a pas. Dois‑je procéder au vote, ou y a‑t‑il consentement?
(La motion est adoptée.)
Le président: C'est merveilleux.
À titre d'information, chers collègues, j'ai déjà prévu des réunions. Il y en a notamment une le lundi 28 octobre, avec toutes les banques. Nous tiendrons peut-être six ou sept réunions. Nous verrons comment les choses avancent, mais je considère que c'est à la discrétion de la présidence.
[Français]
Merci beaucoup.
Je vous remercie également de votre compréhension pour mon retard.
La séance est levée.