:
Bonjour, tout le monde.
[Traduction]
Je déclare la séance ouverte. Bienvenue à la 82e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité entreprend son étude de la nomination de l'honorable Mary T. Moreau à la Cour suprême du Canada.
La rencontre d'aujourd'hui se tiendra en format hybride, mais je regarde l'écran et je ne crois pas que qui que ce soit participe à distance. C'est fabuleux. Nous sommes tous ici dans la salle.
À titre de rappel, tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Je suis maintenant prête à accueillir nos témoins. Nous accueillons aujourd'hui . Bienvenue, monsieur le ministre.
Nous accueillons également l'honorable H. Wade MacLauchlan, président du Comité consultatif indépendant sur la nomination des juges de la Cour suprême du Canada. Bienvenue, monsieur MacLauchlan.
Nous vous souhaitons la bienvenue au comité.
Conformément aux rôles habituels, je vais donner la parole d'abord au ministre pour qu'il prononce son discours préliminaire et ensuite à M. MacLauchlan pour qu'il prononce le sien. Je vais ensuite donner la parole à nouveau au ministre pour qu'il conclue son discours préliminaire, puis nous commencerons la période de questions.
Merci beaucoup. Nous avons jusqu'à 12 h 30.
Monsieur le ministre, vous avez la parole.
:
Chers collègues, je tiens d'abord à vous remercier.
Madame la présidente, c'est un plaisir de vous voir.
Je souligne aussi que je m'adresse à vous à partir du territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
[Français]
C'est un honneur pour moi de prendre la parole afin d'appuyer la candidature de la juge en chef Moreau à la Cour suprême du Canada. J'ai confiance en sa capacité d'être à la hauteur des normes les plus rigoureuses dans tous les aspects de ce rôle. Cela inclut une contribution réfléchie à l'évolution du droit, une capacité de servir de manière exceptionnelle la population canadienne, un souci de diligence et de professionnalisme et son excellence déontologique. Je tiens à féliciter chaleureusement la juge en chef Moreau et il me tarde de la voir comparaître devant les parlementaires aujourd'hui.
La nomination de la juge en chef Moreau pourvoira le poste devenu vacant à la suite de la décision du juge Russell Brown de prendre sa retraite. Je suis très heureux d'annoncer que cette nomination à la magistrature s'ajoute aux 37 que j'ai eu l'honneur de faire depuis mon entrée en fonction, à la fin de juillet de cette année. La nomination en temps opportun de candidats et candidates de grande qualité est essentielle. Je cherche toujours à m'assurer que ces deux aspects cruciaux sont réunis.
J'aimerais maintenant parler du processus de nomination à la Cour suprême.
Comme certains d'entre vous le savent, le processus de nomination à la Cour suprême est composé de deux éléments principaux, qui sont interreliés, soit le processus de sélection lui-même et le Comité consultatif indépendant sur la nomination des juges de la Cour suprême du Canada. Je donnerai d'abord un aperçu du premier, avant de vous parler du processus du Comité consultatif. Nous entendrons ensuite l'honorable Wade MacLauchlan, président du Comité consultatif, qui m'accompagne aujourd'hui et qui a accepté de nous présenter son point de vue.
[Traduction]
Je souhaite souligner l'importance du processus de nomination à la Cour suprême en général et de notre rôle particulier ici aujourd'hui. Nous participons à la tâche carrément essentielle de maintenir la confiance de la population dans l'administration de la justice. Il est essentiel que la population ait confiance dans les juges qui servent les Canadiens dans le cadre de ce système et dans l'intégrité du processus par lequel ils sont sélectionnés.
C'est maintenant la sixième fois que notre gouvernement utilise ce processus depuis qu'il a été instauré par le en 2016. Le processus actuel a été lancé par le premier ministre le 20 juin 2023. L'appel de candidatures a pris fin le 21 juillet. Conformément à la coutume bien établie de la représentation régionale à la Cour suprême, on a annoncé que le processus de sélection était ouvert à tous les candidats qualifiés de l'Ouest et du Nord du Canada. Les candidats doivent être des juristes du plus haut niveau, être effectivement bilingues et être représentatifs de la diversité du pays.
[Français]
Un questionnaire rigoureux et accessible au public fait partie intégrante du processus de sélection et offre aux candidats et candidates une tribune normalisée pour démontrer comment ils satisfont aux critères. Il y est question d'excellence dans les domaines juridique et professionnel. Le questionnaire fait également place à l'exploration de l'expérience personnelle des candidats et candidates. L'évaluation de ces aspects par le Comité consultatif est essentielle à l'appréciation des points de vue des candidats et candidates sur le droit et la société canadienne.
[Traduction]
Le Comité consultatif indépendant sur la nomination des juges de la Cour suprême du Canada, ou le Comité consultatif, est au cœur du processus de sélection. Il reflète lui-même la diversité du Canada. Il n'est pas uniquement composé de membres proposés par le gouvernement, il compte également des membres proposés par un ensemble d'organisations qui se sont engagées à servir les Canadiens en défendant la primauté du droit. Ces organisations sont l'Association du Barreau canadien, la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada, l'Association du Barreau autochtone, le Conseil canadien de la magistrature et le Conseil des doyens et des doyennes des facultés de droit du Canada.
C'est la deuxième fois que l'Association du Barreau autochtone participe à ce processus, à la suite de l'élargissement de la composition du Comité consultatif en 2022. Je suis très reconnaissant à l'Association du Barreau autochtone pour son appui soutenu à ce processus essentiel pour le Canada.
[Français]
Je suis reconnaissant des efforts du président et de tous les autres membres du Comité consultatif, que je tiens à remercier sincèrement. Leur travail est essentiel au maintien d'une magistrature et d'une démocratie canadiennes saines et robustes dont nous pouvons tous être fiers.
À cet égard, j'aimerais saluer son président, M. MacLauchlan, qui en est à son second mandat à la présidence.
Monsieur MacLauchlan, je vous remercie de votre dévouement et de votre présence ici aujourd'hui.
[Traduction]
Comme le prévoient son mandat et les ententes de confidentialité conclues par chaque membre, le Comité consultatif a fait son travail de manière confidentielle. Il est essentiel, chers collègues, de préserver cette confidentialité tout au long du processus. Elle est essentielle au traitement équitable et digne de chacun des candidats.
Le travail du Comité consultatif a été appuyé par le Commissariat à la magistrature fédérale, une organisation indépendante qui m'aide, en tant que ministre, dans le processus de nomination des juges. Je remercie le commissaire et son commissariat pour l'ensemble de leur travail.
[Français]
L'évaluation faite d'abord et avant tout par le Comité consultatif consiste à examiner les candidats et candidates au moyen de critères transparents et fondés sur le mérite. M. MacLauchlan vous parlera de ce processus pendant son allocution. Cette évaluation s'est terminée par la préparation d'une liste restreinte soumise au .
J'ai ensuite épaulé le premier ministre en le conseillant en fonction de l'examen que j'avais moi-même fait de la liste restreinte, en prenant aussi soin de consulter les juges en chef, mes collègues du Cabinet, mes homologues provinciaux et territoriaux, les porte-parole de l'opposition en matière de justice, des membres du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, des membres du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles ainsi que des membres chevronnés du Barreau. Le premier ministre a ensuite fait son choix final.
[Traduction]
Je me tourne maintenant vers M. MacLauchlan et je l'invite à parler du processus du Comité consultatif. J'ai hâte d'entendre son discours. Ses commentaires lors du processus de nomination de la juge O'Bonsawin en 2022 étaient éclairés et instructifs, et ils nous ont rappelé la nécessité de veiller à ce que les processus de nomination des juges à tous les paliers soient axés sur la découverte, la promotion et la reconnaissance de candidats exceptionnels et représentatifs de la diversité de la société canadienne.
Monsieur MacLauchlan, vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le ministre.
Madame la présidente, membres du Comité, monsieur le ministre, bonjour.
Cela a été un grand honneur pour moi d'agir pour une deuxième fois comme président et membre du Comité consultatif indépendant sur la nomination des juges de la Cour suprême du Canada. C'est également un honneur pour moi de témoigner devant votre comité ce matin.
[Traduction]
Je suis ici en tant que président d'un groupe de vaillants Canadiens impressionnants et dévoués qui ont siégé avec moi au Comité consultatif indépendant sur la nomination des juges de la Cour suprême du Canada.
Les sept autres membres du Comité consultatif sont les suivants:
[Français]
l'honorable Richard Chartier, ancien juge en chef du Manitoba, qui a été désigné par le Conseil canadien de la magistrature; Bianca Kratt, de Calgary, qui a été désignée par l'Association du Barreau canadien;
[Traduction]
Erin Kleisinger de Regina, qui a été proposée par la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada; Georgina Gina Nagano de Dawson City, qui a été proposée par le ministre de la Justice; Carol Anne Lee de Vancouver, qui a été proposée par le ministre de la Justice; Reem Bahdi de l'Université de Windsor, qui a été proposée par le Conseil des doyens et des doyennes des facultés de droit du Canada; et Jean Teillet de Vancouver, qui a été proposé par l’Association du Barreau autochtone.
Dans le cadre de notre travail, les membres du Comité consultatif indépendant ont tous mis à contribution leurs réalisations professionnelles et leur vaste expérience, ainsi que leurs points de vue régionaux, communautaires et nationaux. De plus, ils ont apporté un engagement profond envers la primauté du droit, l'importance institutionnelle de la Cour suprême du Canada et l'intérêt de notre pays.
Nous avons travaillé avec diligence et consacré beaucoup de temps à ce travail et beaucoup d'efforts à en faire une priorité, et nous avons pris plaisir à travailler ensemble.
[Français]
Le Comité consultatif a pour mandat de trouver des candidats qualifiés pour une nomination à la Cour suprême du Canada. Ces candidats doivent être des juristes du plus haut calibre, ils doivent être effectivement bilingues et ils doivent aussi être représentatifs de la diversité du Canada. Pour la présente nomination, le processus a été ouvert aux candidats de l'Ouest canadien et du Nord canadien. La tâche ultime du Comité consultatif était de présenter un rapport comprenant une liste restreinte de personnes hautement qualifiées à l'attention du .
[Traduction]
Le Comité consultatif a bénéficié de la sagesse et des conseils très utiles du très honorable Richard Wagner, juge en chef du Canada, qui a accueilli le Comité consultatif lors d'une visite à la cour au début du processus.
Comme l'exige l'article 8e) du mandat du Comité consultatif, le juge en chef nous a parlé des besoins institutionnels de la cour ainsi que du rôle et des exigences d'un juge de la Cour suprême. Il nous a également fait visiter les salles de conférence et d'audience de la cour.
Dans le cadre de notre travail, le Comité consultatif a reçu un soutien exceptionnel de la part du commissaire à la magistrature fédérale et de son personnel accompli et dévoué.
Lorsqu'il s'agit de pourvoir un poste à la Cour suprême du Canada, la première tâche consiste à faire passer le mot. Normalement, les gens sont informés bien à l'avance d'une vacance imminente dans les situations où un juge approche l'âge de la retraite, soit 75 ans, comme cela a été le cas pour trois des quatre récentes nominations à la Cour suprême. La présente nomination vise à combler une vacance créée par la démission de l'ancien juge Russell Brown le 12 juin 2023.
Le processus de nomination d'un nouveau juge à la Cour suprême a été lancé le 20 juin 2023, avec un appel de candidatures dans l'Ouest et dans le Nord du Canada; les candidats avaient jusqu'au 21 juillet au plus tard pour soumettre un dossier de candidature complet.
Les membres du Comité consultatif indépendant ont été annoncés le 11 août. Le Comité consultatif a tenu ses premières réunions à Ottawa les 15 et 16 août et nous avons présenté notre rapport au le 8 septembre.
Il s'agit d'un processus intensif qui a nécessité beaucoup de discernement et d'humanité, en plus d'une préparation assidue et d'un engagement en termes de temps. C'est le cas pour les candidats, bien sûr, ainsi que pour les membres du Comité consultatif.
La date limite pour envoyer les dossiers de candidature était le 21 juillet. Nous avons été impressionnés de voir que nous avons reçu 13 dossiers de candidature. Il ne faut pas oublier que tout s'est passé en plein été. À titre de comparaison, 12 dossiers de candidature ont été reçus pour le dernier poste vacant à la Cour suprême en 2022 et 14 pour le poste vacant qui a mené à la nomination de la juge Sheilah Martin en 2017.
[Français]
Le Comité consultatif a choisi de convier quatre personnes à une entrevue approfondie. Les candidats pouvaient prendre jusqu'à une heure pour répondre aux questions concernant leur expérience, leurs points de vue et leur engagement à siéger à la Cour suprême du Canada. Le Comité consultatif s'est particulièrement intéressé à l'approche des candidats en matière de collégialité, à la charge de travail à la cour et aux questions d'intégrité, de diversité et de jugement.
Notre liste de critères d'évaluation comprenait une connaissance supérieure du droit, des aptitudes analytiques supérieures, la capacité de résoudre des problèmes juridiques complexes, la capacité à travailler dans des délais très serrés tout en examinant attentivement et avec diligence un volume important de documents écrits dans tous les domaines du droit, et l'engagement à l'égard du service public.
[Traduction]
Les qualités personnelles évaluées comprennent une intégrité personnelle et professionnelle irréprochable, le respect et la considération envers les autres, la capacité de tenir compte d’opinions, de points de vue et d’expériences de vie variés, y compris concernant des groupes traditionnellement désavantagés de la société canadienne, la force morale, la discrétion et l'ouverture d'esprit.
Tous les candidats passés en entrevue étaient effectivement bilingues. Les entrevues se sont déroulées dans les deux langues. Immédiatement après l'entretien, le Commissariat à la magistrature fédérale a évalué chaque candidat afin de vérifier sa compréhension des arguments écrits et oraux, ainsi que pour déterminer s'il peut parler dans les deux langues officielles.
Un rapport qui inclut les notes d'évaluation des candidats a été remis au Comité consultatif indépendant. Le Comité consultatif indépendant a cherché à obtenir jusqu'à sept références pour chaque candidat passé en entrevue. Outre les noms fournis par le candidat, le Comité consultatif indépendant a communiqué avec d'autres personnes hautement qualifiées. Toutes les entrevues étaient strictement confidentielles. Elles ont été menées par des membres du Comité consultatif, qui se sont adressés directement aux personnes qui donnaient les références et ont suivi un format cohérent. Le besoin de confidentialité a été tout à fait respecté du début à la fin du processus.
Le processus comprend une étude considérable, une analyse perspicace et un examen détaillé en l'espace de moins de cinq semaines. Sans le dévouement à toute épreuve des membres du Comité consultatif, y compris des horaires variables, et le soutien spécialisé du Commissariat à la magistrature fédérale, il serait exceptionnellement difficile de le mener à bien. Malgré les délais serrés, le Comité consultatif s'est acquitté de son mandat avec la diligence, la collaboration et le discernement qu'exige cet important processus.
Enfin, après de longues délibérations et une analyse perspicace, le Conseil consultatif indépendant a décidé à l'unanimité de fournir au une liste restreinte de deux candidats dotés de qualifications et d'une expérience exceptionnelles. Je suis heureux de confirmer que la juge Mary Moreau a été sélectionnée à partir de cette liste restreinte.
Je conclurai par deux observations.
Tout d'abord, ce processus a abouti à la nomination de la juge Mary Moreau, une juriste hautement qualifiée qui apporte à la Cour suprême du Canada de nombreux dons et talents et des décennies d'expérience.
Le Comité consultatif a été informé qu'il serait avantageux d'avoir un juge qui possède une vaste expérience des tribunaux de première instance et une expertise en droit pénal et constitutionnel. Je souligne qu'avec près de 30 ans d'expérience à la magistrature, y compris en tant que juge en chef, la juge Moreau possède ces deux qualités. Avant sa nomination à la magistrature, l'expérience de la juge Moreau en tant qu'avocate en exercice comprenait la défense contre les accusations criminelles, y compris l'aide juridique, et les litiges relatifs aux droits constitutionnels et linguistiques.
[Français]
Je note également que, à la suite de la nomination de la juge Moreau, la Cour suprême du Canada comptera pour la première fois une majorité de femmes juges. C'est une preuve convaincante que nous réalisons des progrès dans la mise en place d'un environnement d'encouragement et d'inclusion dont les effets s'étendent bien au-delà de la Cour suprême, et même au-delà du pays.
Parmi les nombreuses contributions de la juge Moreau, notons qu'elle a joué un rôle de premier plan dans la formation judiciaire internationale et dans le renforcement des institutions.
[Traduction]
Enfin, je tiens à dire que mon mandat de président du Comité consultatif indépendant a été une expérience vraiment enrichissante. Ce fut une occasion unique de travailler avec les sept autres membres du Comité consultatif et notre équipe de soutien. Nous dirons tous que nous chérissons la collaboration, la diligence et l'humanité que nous avons connues. Il a été très encourageant de faire la connaissance de tous les candidats qui ont posé leur candidature au poste.
Nous sommes extrêmement chanceux que la primauté du droit est largement respectée au Canada, de même que la Cour suprême du Canada en tant qu'institution. Nous avons la chance d'avoir des personnes de calibre exceptionnel qui contribuent de bien des façons et à divers titres à faire en sorte que ce soit le cas et, au bout du compte, à servir les Canadiens. L'occasion qui m'est donnée de comparaître devant le comité aujourd'hui renforce ces valeurs.
J'ai hâte de répondre à vos questions. Merci.
:
Monsieur MacLauchlan, je vous remercie de vos commentaires réfléchis et honnêtes.
J'ai maintenant l'immense honneur de vous parler de la juge en chef Moreau et de sa candidature à la Cour suprême du Canada, que j'appuie. Je me sens sincèrement privilégié de comparaître devant vous pour parler de ses nombreuses réalisations et du parcours exceptionnel qui l'a conduite à ce moment aujourd'hui. Cela ne constitue qu'une partie de ses moments les plus brillants à ce jour, une base d'excellence sur laquelle la juge en chef Moreau s'appuiera sans doute pendant son mandat à la Cour suprême.
[Traduction]
Née à Edmonton, en Alberta, la juge en chef Moreau a mené son illustre carrière dans cette province. Elle a étudié à la Faculté Saint-Jean de l'Université de l'Alberta avant d'obtenir son baccalauréat en droit en 1979 à la même université. En 1977, dans le cadre de ses études juridiques, elle a participé au programme d'échanges en common law et droit civil de l'Université de Sherbrooke. Plus récemment, soit en 2019, elle a obtenu un doctorat honorifique de l'Université de l'Alberta.
[Français]
Après avoir été admise au Barreau de l'Alberta en 1980, la juge en chef Moreau a acquis une expertise dans le domaine du droit criminel, comme l'a mentionné M. MacLauchlan, ainsi que dans les domaines du droit constitutionnel et du litige civil. Avant sa nomination à la magistrature, elle a plaidé dans le cadre de nombreuses affaires importantes liées aux droits des minorités linguistiques et à la Charte canadienne des droits et libertés.
[Traduction]
La juge en chef Moreau est une juriste estimée à tous points de vue qui a passé 29 ans à perfectionner ses compétences à la Cour du Banc du Roi de l'Alberta, dont elle a été nommée juge en chef en 2017. Au cours de son mandat à la magistrature, elle a également été nommée juge adjointe à la Cour suprême du Yukon en 1996 et à la Cour suprême des Territoires du Nord‑Ouest en 2005 afin d'élargir ses horizons judiciaires.
[Français]
En réfléchissant à la longue carrière de la juge en chef Moreau, qui est reconnue notamment pour son éthique de travail exceptionnelle et sa grande humilité, je suis frappé par ses nombreuses réalisations, mais également par son engagement ardent à l'égard des communautés juridique et judiciaire. Au-delà du leadership qu'elle a exercé en tant que juge en chef, elle a fait preuve d'un dévouement profond et soutenu envers la formation, l'administration et la déontologie judiciaires.
[Traduction]
Parmi ses réalisations, elle a cofondé l'Association des juristes d'expression française de l'Alberta, siégé au Comité consultatif national sur la déontologie judiciaire de la magistrature de 2014 à 2017 et présidé l'Association canadienne des juges des cours supérieures de 2011 à 2012.
Depuis sa nomination comme juge en chef, en 2017, elle est membre du Conseil canadien de la magistrature, où elle siège au Comité exécutif et au Comité sur la conduite des juges depuis 2021 et 2020 respectivement tout en présidant le sous-comité consacré à la technologie depuis 2022. Elle a par ailleurs fait partie du Comité d'action sur la modernisation des activités judiciaires et présidé le Comité consultatif de la magistrature sur la nomination des juges militaires.
Ces réalisations témoignent d'une volonté de transmettre ses connaissances et de donner en retour à d'autres juristes pour faire rayonner la profession dans son ensemble. Elle anime régulièrement des conférences au cours de congrès et de programmes de formation de la magistrature; elle a d'ailleurs coprésidé pendant six ans le colloque de formation du printemps sur le droit criminel de l'Institut canadien de la magistrature.
Signe de la diversité de ses intérêts, la juge a en outre participé à des projets internationaux de formation et de soutien de la magistrature et présidé le comité consultatif de la magistrature sur l'engagement international du Commissariat à la magistrature fédérale.
[Français]
Le fait que la juge en chef Moreau a tant brillé parmi les autres candidats et candidates en dit long sur sa compétence, son intégrité et son dévouement exceptionnel à une administration de la justice équitable pour tous les Canadiens. Je suis ravi que sa nomination marque la première fois que les femmes seront majoritaires au plus haut tribunal du pays, comme l'a mentionné M. MacLauchlan.
[Traduction]
Sur ce, je remercie de nouveau M. MacLauchlan et tous ses collègues du comité consultatif indépendant, ainsi que l'ensemble des personnes consultées et les candidats qui ont pris le temps de soumettre leur candidature pour prendre part à ce processus rigoureux.
[Français]
Je suis honoré d'avoir pu appuyer la nomination de la juge en chef Moreau, une personne et une juriste véritablement exemplaire. Il ne fait aucun doute que ses services exceptionnels et son excellence professionnelle seront mis au profit de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes, à l'image de tous ses collègues de la Cour suprême.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Monsieur le ministre, je vous sais gré de comparaître aujourd'hui. Je me réjouis également que M. MacLauchlan soit de nouveau parmi nous.
Monsieur le ministre, quelque chose a marqué le processus de nomination de l'an passé: pour la première fois depuis la nomination du juge Rothstein, en 2006, un comité parlementaire — et nous tous ici présents sommes des députés qui siègent au Parlement — y a pris part. Selon la Constitution, le comité parlementaire n'a aucun droit de veto relativement aux nominations. C'est une prérogative qui est dévolue au premier ministre et à vous.
Cet après-midi, il y aura une réunion de comité exceptionnelle. Ces députés y sont invités. Elle se tiendra dans la Cité parlementaire, à l'édifice de l'Ouest, et elle sera présidée par un professeur, et non un élu.
Le rôle du présent comité se résume à faire passer une entrevue à la personne nommée. Nous n'avons aucun droit de veto. C'est l'unique intervention du Parlement dans le processus, et je pense que c'est une intervention utile. Peter Hogg estime que le processus est efficace. Par ailleurs, même si nous ne représentons pas le même parti, je sais que la présidente de notre comité serait apte à présider la réunion.
J'ai parlé du processus avec votre prédécesseur, le . Il me semble que si des parlementaires s'assemblent sur la Colline du Parlement dans le cadre d'un processus officiel, la réunion devrait être présidée par un député. Loin de moi l'idée de dénigrer le président que vous avez choisi pour ce soir; c'est juste que cette unique intervention de notre part dans le processus devrait nous être entièrement confiée.
Que pensez-vous de la question, monsieur le ministre?
:
Je vous remercie, monsieur le ministre.
Je suis d'accord sur presque tout, sauf sur le fait de confier la présidence de la réunion à un professeur plutôt qu'à la présidente du comité. Je suis absolument convaincu que les personnes assises à cette table et nos collègues sénateurs qui siègent au comité des affaires juridiques et constitutionnelles seraient aptes à diriger une réunion, comme nous le faisons couramment, pour procéder à une entrevue. Nous n'avons aucun droit de veto. Nous ne choisissons pas le juge nommé à la Cour suprême. C'est votre rôle; c'est vous qui prenez la décision. Notre rôle, lui, consiste à poser des questions et à écouter les réponses. Je sais que notre présidente pourrait s'en charger.
Monsieur le ministre, passons maintenant au dialogue entre la Cour suprême — c'est une question d'actualité depuis quelques années — et le législateur, en l'occurrence, le Parlement du Canada.
Deux affaires récentes me viennent en tête. Il y a l'arrêt Ndhlovu, où la Cour suprême a invalidé à une faible majorité de cinq contre quatre l'inscription obligatoire des individus reconnus coupables de délits sexuels au registre des délinquants sexuels. Le gouvernement a réagi, et ce comité a examiné le projet de loi .
C'est connu, j'estime que c'est une mesure timide. Je trouve que nous aurions dû aller plus loin. Nous avions proposé un amendement sur l'inscription obligatoire des pédophiles reconnus, des auteurs de tout délit à l'endroit d'un enfant. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas l'objet de ma question. Le gouvernement a réagi.
Il y a un an et demi, il y a aussi eu l'arrêt Bissonnette: l'individu avait abattu six personnes dans une mosquée. On a invalidé la disposition qui disait qu'au Canada, quand on prend plus d'une vie, les peines à perpétuité sont consécutives.
En tant que Néo-Brunswickois, cela me touche de près étant donné ce qui est survenu à Moncton, où quelqu'un a tué trois agents de la GRC. Or, au lieu d'avoir à purger une peine au rabais pour ce meurtre multiple, comme c'était le cas auparavant, cet individu ne sera pas admissible à la mise en liberté avant 75 ans.
Au comité de la justice, la veuve d'une des victimes nous a dit qu'elle éprouvait un certain réconfort à...
:
Madame Barron, ce que je vous répondrais — mais avant tout, bienvenue au comité —, c'est que cette question est une grande priorité pour moi, personnellement.
Je suis moi-même issu du milieu de l'aide juridique, puisque j'ai travaillé pour trois programmes d'aide juridique et que j'en ai fondé un quatrième, à Toronto. Personne au Canada ne croit plus que moi au régime d'aide juridique, alors je suis ravi d'occuper mes nouvelles fonctions depuis le 26 juillet dernier. C'était mon premier point.
Mon deuxième point, c'est que l'accès à la justice requiert une approche empreinte de beaucoup de discernement. Il faut prendre ce dossier au sérieux. Il doit être prioritaire, y compris pour l'affectation des fonds fédéraux. C'est le cas en matière criminelle depuis des années, mais aussi auprès des immigrants et des réfugiés depuis 2019, lorsque les provinces sont revenues sur leurs engagements à cet égard.
Trois, je vous dirais que l'accès à la justice, surtout pour les Autoctones et les Noirs, se conjugue à la Stratégie en matière de justice autochtone et à la Stratégie canadienne en matière de justice pour les personnes noires, que nous sommes en train de mettre au point. Cette dernière sera déployée en 2024 et la première, un peu après le début de l'année.
Quatre, cette nomination reflète en elle-même une considération particulière pour l'accès à la justice. J'entends par là que certains se sont objectés à ce qu'on exige un bilinguisme fonctionnel. Or, lorsqu'un plaideur francophone et son avocat veulent faire valoir leurs arguments en français, à l'oral comme à l'écrit, c'est une question d'accès à la justice. Il faut que ces arguments soient lus, écoutés et compris dans la langue où ils sont présentés, sans l'aide d'un interprète, car s'exprimer à son aise fait la différence, surtout devant les tribunaux. Du fait des qualités exceptionnelles de Mme Moreau, sa nomination améliore donc également l'accès à la justice.
Après les excellentes questions qui ont été posées, je remarque que j'ai quelques minutes pour parler étant donné que la période réservée aux questions et réponses est terminée. Je veux juste dire, en qualité de présidente du Comité, que c'est pour moi un grand privilège et un grand honneur d'être ici cet après-midi pour présider le Comité.
Je dois vous dire qu'en venant ici ce matin, je me suis retrouvée coincée à Montréal. Mon vol a été annulé. J'ai dû sauter dans un taxi pour faire la route de Montréal à Ottawa. Je suis très enthousiasmée d'être ici aujourd'hui. C'est un moment historique pour nous tous.
Je vous remercie, monsieur MacLauchlan, pour votre leadership au comité, et vous, monsieur le ministre, pour toute l'information que vous nous avez donnée.
Je pense que nous avons un programme fort intéressant cet après-midi. Nous aurons le plaisir de rencontrer la nouvelle juge de la Cour suprême. C'est un moment historique, bien entendu. Pour la première fois, il y aura plus de femmes à la Cour. Il y a de quoi se réjouir.
Je vais conclure en disant, comme vous, que l'ensemble des Canadiens peuvent regarder la séance et c'est extrêmement important.
Je vous remercie tous infiniment. Profitez bien de votre pause.
Je rappelle que nous devrions tous être de retour à 15 h 30.
Merci beaucoup. La séance est levée.