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FAAE Rapport du Comité

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Les conservateurs remercient tous les témoins d’avoir comparu devant le comité, ainsi que tous les membres pour leur engagement sur ce sujet important. Nous souhaitons également remercier le personnel et les analystes du comité. Bien qu’il y ait certainement des points d’accord, nous sommes respectueusement en désaccord avec le rapport du comité principal et soumettons l’opinion dissidente suivante.

C’est le précédent gouvernement conservateur qui a cherché à réorienter notre aide au développement vers la défense et la promotion des droits des femmes et des filles. La nature historique de l’Initiative de Muskoka de Stephen Harper est largement reconnue dans le secteur du développement. Cette reconnaissance n’est malheureusement pas reflétée dans le rapport du comité. Les libéraux ont l’habitude de renommer les programmes conservateurs et d’essayer de s’en attribuer le mérite. Bien qu’il existe des différences entre les politiques de développement des libéraux et des conservateurs, l’accent mis sur les femmes et les filles dans le développement international est manifestement un héritage des conservateurs.

L’Initiative de Muskoka a été très bien accueillie par les témoins. Par exemple, Beth Woroniuk, du Fonds pour l’égalité, a décrit l’Initiative de Muskoka comme « un important pas en avant ». Julia Anderson, du Partenariat canadien pour la santé des femmes et des enfants, a déclaré au comité :

« Comme quelqu’un l’a déjà dit, le succès donne des pistes, et je pense que nous devrions examiner de près le succès de l’Initiative de Muskoka pour trouver des indices sur la façon dont nous devrions investir dans le développement international et y collaborer. Dans le cadre de l’Initiative de Muskoka, le gouvernement canadien a consenti 3,5 milliards de dollars sur cinq ans. Il s’agissait d’une initiative phare en matière d’aide au développement officielle. Elle a permis de faire avancer les choses considérablement en amenant d’autres pays donateurs à fournir du soutien et en précisant dans un cadre clair et responsable ce qui comptait comme un investissement dans cette initiative et ce qui n’en était pas un. En outre, des efforts diplomatiques ont été déployés pour s’assurer que ces deux éléments qui faisaient alors partie des objectifs du millénaire pour le développement et qui avaient largement été oubliés, à savoir la santé maternelle et la santé néonatale, obtiennent du soutien. Il s’agissait d’une initiative globale, qui incluait la nutrition et les chercheurs du secteur privé. »

Le génie de l’Initiative de Muskoka réside dans son engagement direct à répondre aux besoins des pays en développement. Les divers projets de l’Initiative de Muskoka étaient différents les uns des autres parce qu’ils cherchaient à répondre aux besoins uniques des 26 pays qu’ils desservaient. Ce qui est resté constant dans les 51 projets financés par l’Initiative de Muskoka, c’est le progrès continu et la promotion du bien-être concret des femmes et des filles.

L’un des projets Muskoka, intitulé « Soins aux mères et survie des enfants dans les régions mal desservies du Mali, du Mozambique et du Pakistan », illustre bien le concept d’« engagement direct ». Le projet a consisté à allouer près de neuf millions de dollars pour améliorer la santé et la nutrition des mères, des nouveau-nés et des enfants au niveau local. Il a aidé la région de Mopti au Mali, Cabo Delgado au Mozambique, et Gilgit-Baltistan et Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan, où le manque de nourriture et les maladies liées à la malnutrition sont prévalents.

Dans des pays comme le Burundi où le VIH et sa transmission de la mère à l’enfant sont courants, les fonds versés à l’Aide médicale internationale pour l’enfance (AIME), basée au Québec, ont permis de fournir des services essentiels aux femmes enceintes et allaitantes séropositives. Ces ressources ont permis de lutter contre la propagation d’un virus mortel et de sensibiliser à l’importance de la prévention du VIH dans les pays africains.

En Afghanistan, au Cambodge, au Cameroun, en Éthiopie, en Haïti, au Laos, au Népal et en Zambie, où l’eau potable est souvent difficile d’accès, l’initiative de Muskoka a financé l’amélioration de l’accès à l’eau potable pour près de 400 000 personnes. Parmi toutes les personnes aidées par cette entreprise, 79 % étaient des femmes et des enfants. L’accès à l’eau potable a permis d’améliorer l’hygiène et l’assainissement, et donc la santé maternelle et infantile.

L’Initiative de Muskoka était un exemple de politique d’aide au développement réactive et efficace.

Dès le début de cette étude, il est apparu clairement que les libéraux et les néo-démocrates avaient une vision trop étroite de la situation des femmes et des filles dans le monde. Ce point de vue étroit ne reflétait pas la déposition de la témoin, qui a souligné la nécessité de soutenir un large éventail de priorités touchant à la santé génésique des femmes et des jeunes filles.

Les conservateurs estiment qu’une discussion sur la santé et les droits des femmes et des filles doit avoir une portée beaucoup plus large. Elle doit reconnaître le contexte social et culturel dans lequel les femmes exercent leur autonomie et la nécessité de leur donner les moyens de vivre pleinement la voie qu’elles ont choisie, d’une manière qui reflète à la fois leurs valeurs et leur dignité inhérente. En particulier, pour encadrer cette compréhension, nous notons le témoignage de la Dre Maria Cristina Rodriguez Garcia de l’Association nationale civique des femmes. Elle a déclaré au comité ce qui suit :

« Les droits en matière de sexualité et de santé génésique mettent l’accent sur l’aspect génital de la sexualité. Cependant, la réalité nous montre que la sexualité va bien au-delà de l’utilisation des organes génitaux et comprend des aspects tels que l’affectivité, le désir de transcendance, les liens affectifs et les expériences passées de traumatismes et d’abus. En outre, tous ces comportements se produisent à différents stades de la vie, de sorte que nous ne devons pas isoler les comportements comme si le moment, la manière et la raison de ces comportements n’avaient pas d’importance. D’après mon expérience de travail avec les enfants et les adolescents pour prévenir les grossesses précoces, et en écoutant les cadres de différents pays et en développant des politiques publiques, cette focalisation sur le seul acte sexuel néglige les attentes culturelles, les pressions émotionnelles et le manque d’éducation pour reconnaître les relations saines, parmi d’autres facteurs qui entravent la capacité des individus à faire des choix qui ont un effet à long terme sur leur bien-être. »

Nous sommes d’accord avec la Dre Maria Cristina Rodriguez Garcia pour dire que le gouvernement du Canada devrait envisager une compréhension plus large de l’autonomie qui cherche à garantir que les voix de toutes les femmes sont entendues dans tous les aspects de leur vie et de leur sexualité.

L’écoute des femmes doit également inclure la reconnaissance de l’importance d’appliquer leurs propres valeurs à la prise de décision, plutôt que de leur imposer des agendas externes. Donner du pouvoir aux femmes doit signifier donner à toutes les femmes les moyens de parler de leurs priorités et de leurs préoccupations, plutôt que de chercher à élever la voix de certaines tout en réprimant celle des autres.

S’agissant d’écouter les femmes des pays en développement parler de leurs priorités et de leurs préoccupations, l’une des tendances marquantes du développement international est la « localisation ». La localisation consiste à rejeter la mentalité qui considère les étrangers comme des sauveurs potentiels et à soutenir plutôt les populations locales (en particulier les populations marginalisées) pour qu’elles racontent leurs propres histoires et définissent leurs propres priorités. Au cours de ses audiences, le comité a entendu des ONG occidentales qui ont défendu une approche de cet enjeu, mais aussi des femmes dirigeantes et des universitaires du monde en développement qui ont exprimé un point de vue différent de celui des ONG occidentales. Les femmes dirigeantes des pays en développement ont notamment souligné que les organisations occidentales bien financées ne respectaient pas systématiquement les lois locales et imposaient des priorités qui n’étaient pas en phase avec celles des femmes locales.

Les conservateurs croient en l’importance de la localisation dans le cadre du développement international. Les conservateurs croient en l’universalité des droits de l’homme et pensent que la démocratie locale et le dialogue mutuellement respectueux sont les meilleurs moyens de faire progresser les droits de l’homme. Les témoins africains ont affirmé que les droits de l’homme sont universels, mais ils ont également insisté pour que les ONG dominées par l’Occident ne cherchent pas à recadrer arbitrairement des conceptions des droits de l’homme établies de longue date sans tenir compte des voix africaines. Lorsque le gouvernement du Canada finance des organisations qui ne reflètent pas nécessairement les priorités et les valeurs des femmes locales, il ne s’engage pas dans le dialogue international mutuellement respectueux qui est vital ou ne respecte pas la démocratie locale.

Nous pensons qu’en mettant l’accent sur la localisation, il faut soutenir le développement et la participation aux processus de prise de décision des femmes dirigeantes, quelle que soit leur perspective. Nous devrions donner aux femmes locales les moyens de définir leurs propres priorités en matière de développement et les aider à le faire.

La planification familiale, c’est-à-dire la manière dont les gens peuvent choisir le nombre d’enfants, le moment de leur naissance et l’espacement des naissances, a été un sujet de discussion important au cours de cette étude. Les témoignages du comité ont révélé que les femmes des pays en développement étaient très préoccupées par la sécurité et les effets secondaires de la contraception hormonale. C’est ce qu’a reconnu la Dre Sully, de Planned Parenthood, qui, commentant le témoignage d’un autre témoin, a déclaré qu’ils avaient « abordé un aspect important concernant les effets secondaires des contraceptifs. Nous voyons des femmes déclarer que c’est l’une des raisons pour lesquelles elles n’utilisent pas de méthodes de contraception ».

Dans le rapport dissident des conservateurs sur l’équité internationale en matière de vaccins, nous avons fait une observation similaire, à savoir que l’utilisation des produits pharmaceutiques occidentaux peut souvent être faible dans les pays en développement, même lorsque ces produits sont disponibles, en raison d’un manque de confiance et d’une inquiétude concernant les effets secondaires. Ce manque de confiance est exacerbé lorsque les produits dont l’Occident fait la promotion dans les pays en développement ne correspondent pas aux normes utilisées dans les pays occidentaux eux-mêmes. Ce manque de confiance découle souvent de l’histoire et de la réalité persistante du colonialisme dans les pays en développement - le sentiment que la vie et les valeurs des populations d’Afrique et d’autres régions du monde en développement ne sont pas traitées avec le même respect que la vie et les valeurs des populations occidentales. C’est une raison de plus pour rejeter le maintien des structures et des mentalités coloniales et pour garantir un véritable engagement constructif avec les femmes des pays en développement en ce qui concerne leurs priorités.

Les conservateurs estiment que le développement international canadien devrait reconnaître l’importance d’un planning familial autonome et envisager de soutenir des stratégies de planning familial qui s’alignent sur les valeurs et les traditions locales. Le planning familial exige que les femmes puissent refuser d’avoir des relations sexuelles, quand elles le veulent et pour quelque raison que ce soit, quel que soit leur statut matrimonial, et qu’elles aient la sécurité économique nécessaire pour pouvoir choisir de vivre de manière indépendante.

Alors que nous cherchons à comprendre le contexte plus large de la promotion des droits des femmes et des filles, nous devons également reconnaître que, dans de nombreux contextes, la principale menace pour la santé et les droits génésiques est le contrôle coercitif de la population, y compris la stérilisation forcée et, en particulier, les horreurs que nous constatons dans le génocide ouïghour en cours. Le gouvernement continue de refuser de reconnaître le génocide ouïghour, et le rapport du comité principal ne mentionne guère le problème du contrôle coercitif de la population. Il est profondément inacceptable que des États mettent en œuvre un contrôle coercitif de la population.

À la recherche d’une approche dans ce domaine qui prenne en considération le large éventail de besoins, de réalités et d’expériences, et à la recherche d’une approche qui respecte les communautés, les cultures et les processus décisionnels locaux, la commission aurait dû se tourner vers l’approche adoptée par le précédent gouvernement conservateur, sous la direction du premier ministre Stephen Harper. Sous la direction des conservateurs, le Canada a été le premier pays au monde à se faire le champion de l’Initiative de Muskoka. Cette initiative a permis d’améliorer concrètement la qualité de vie des femmes et des jeunes filles dans le monde entier. Il s’agit d’une approche conçue pour faire la différence sur le terrain, plutôt que pour marquer des points politiques au niveau national. Cette approche reflétait un consensus au sein du Canada, s’alignait sur les lois et les priorités locales et permettait aux femmes et aux filles des pays en développement de s’émanciper, quelles que soient leurs convictions politiques. Tous les Canadiens peuvent être fiers de cet héritage.

Enfin, les conservateurs souhaitent souligner le témoignage de la députée ukrainienne Lesia Vasylenko. Elle a raconté des histoires horribles de violences sexuelles commises par des soldats russes sur des femmes ukrainiennes, dans le cadre de la guerre d’agression génocidaire de la Russie. Ce témoignage sur l’utilisation du viol comme arme de guerre souligne la nécessité pour le Canada de soutenir fermement l’Ukraine et de travailler avec nos alliés pour traduire en justice tous ceux qui ont commis ou commettent des crimes de guerre. Nous espérons que la commission reprendra bientôt ses travaux essentiels sur l’Ukraine, interrompus depuis trop longtemps.