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FINA Rapport du Comité

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CHAPITRE TROIS : LES JEUNES EMPLOYÉS OU EMPLOYÉS POTENTIELS

A. Statistiques

1. Jeunes sans emploi

Depuis au moins janvier 1976, première année pour laquelle on dispose de données accessibles au public, le taux de chômage chez les jeunes au Canada a été supérieur à celui enregistré chez les 25 ans et plus. Selon Statistique Canada, de janvier 1976 à décembre 2013, le taux de chômage chez les jeunes était en moyenne 2,1 fois plus élevé que celui des 25 ans et plus. En 2013, il était 2,3 plus élevé.

La figure 3 présente le taux de chômage au Canada pour différents groupes d’âge. On constate que ce taux, qui est particulièrement élevé chez les jeunes de 15 à 19 ans, diminue avec l’âge.

Figure 3 – Taux de chômage au Canada, par groupe d’âge, 1976–2013

Figure 3 – Taux de chômage au Canada,
          par groupe d’âge, 1976–2013

Source :     Statistique Canada, Tableau 282-0002, « Enquête sur la population active, estimations selon le sexe et le groupe d'âge détaillé, annuel », CANSIM (base de données), consulté le 13 janvier 2014.

Pour les jeunes, il peut être très difficile de trouver un emploi en période de ralentissement économique. Certains employeurs cessent d’embaucher du personnel et mettent à pied les jeunes avant les travailleurs d’expérience lorsqu’ils réduisent leurs effectifs. Selon Statistique Canada, en 2009, 2,8 % des jeunes qui occupaient un emploi au cours d’un mois donné l’avaient perdu le mois suivant. Chez les 25 ans et plus, cette proportion était de 1,4 %. Toujours d’après Statistique Canada, en 2013, la durée moyenne de chômage pour les jeunes de 15 à 24 ans était de 11,9 semaines, comparativement à 24,8 semaines pour les 25 ans et plus.

Comme l’indiquent les tableaux plus bas, le taux de chômage chez les jeunes varie en fonction du groupe démographique, de la province et du pays. Par exemple, certains groupes de jeunes – comme parmi les Canadiens autochtones, les immigrants, les minorités visibles et les personnes handicapées – ont souvent relativement plus de difficultés sur le marché du travail. Comme le montre le tableau 3, pour 2011 et 2012, le taux de chômage chez les jeunes appartenant à ces quatre groupes était plus élevé que celui observé chez les jeunes en général.

Tableau 3 – Taux de chômage chez les jeunes au Canada, par groupe démographique, 2011 et 2012 (%)

Caractéristique

15 à 19 ans – 2011

20 à 24 ans – 2011

Identité autochtone

25,9

22,6

Identité non autochtone

19,5

14,4

Immigrant

24,9

16,9

Non-immigrant

19,3

14,4

Minorité visible

26,7

17,7

Pas une minorité visible

18,6

14,1

Caractéristique

15 à 24 ans – 2012

Avec incapacité

25,9

Sans incapacité

15,3

Nota :         Les données relatives aux personnes avec ou sans incapacité ne sont pas agrégées par tranches de cinq ans (15 à 19 ans et 20 à 24 ans).

Sources :    Pour l’identité autochtone et le statut d’immigrant : Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages de 2011 : tableaux de données, situation d’activité pour l’identité autochtone, le statut d'immigrant et les minorités visibles; pour l’incapacité : Statistique Canada, Enquête canadienne sur l’incapacité, 2012.

Conformément aux tableaux 4 et 5, les variations du taux de chômage chez les jeunes entre le premier semestre de 2008 et celui de 2013 différaient selon les provinces et les groupes d’âge (15 à 19 ans et 20 à 24 ans). Durant cette période, c’est en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau‑Brunswick que le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 19 ans a le plus augmenté, en pourcentage, alors qu’il a diminué à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard.

Tableau 4 – Taux de chômage et variations par province pour les personnes de 15 à 19 ans, 1er semestre de 2008 et 1er semestre de 2013

Province

Taux (%)

Variation
(%)

1er semestre de 2008

1er semestre de 2013

Terre-Neuve-et-Labrador

22,5

20,9

-6,9

Île-du-Prince-Édouard

20,4

19,4

-5,0

Nouvelle-Écosse

17,2

27,4

59,4

Nouveau-Brunswick

16,3

23,5

43,6

Québec

16,9

20,5

21,3

Ontario

18,3

23,1

26,1

Manitoba

14,1

14,7

4,2

Saskatchewan

11,3

11,6

2,9

Alberta

11,0

13,4

21,4

Colombie-Britannique

11,1

18,5

66,6

Total

15,7

20,1

27,8

Note :         Pour calculer la variation, la différence entre les taux obtenus en 2008 et en 2013 est divisée par le taux pour 2008.

Source :     Statistique Canada, Tableau 282-0001, Enquête sur la population active, estimations selon le sexe et le groupe d'âge détaillé, non désaisonnalisées, CANSIM (base de données), consulté le 15 janvier 2014.

Chez les jeunes de 20 à 24 ans, pour le premier semestre de 2008 et celui de 2013, le taux de chômage, en pourcentage, a augmenté le plus en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et en Alberta, diminuant à Terre-Neuve-et-Labrador et au Québec.

Tableau 5 – Taux de chômage et variations par province pour les personnes de 20 à 24 ans, 1er semestre de 2008 et 1er semestre de 2013

Province

Taux (%)

Variation (%)

1er semestre
de 2008

1er semestre
de 2013

Terre-Neuve-et-Labrador

19,5

16,0

-17,8

Île-du-Prince-Édouard

15,4

19,5

26,9

Nouvelle-Écosse

12,5

16,2

29,4

Nouveau-Brunswick

16,7

17,6

5,9

Québec

10,4

9,8

-6,2

Ontario

11,0

13,1

18,8

Manitoba

6,2

7,8

25,2

Saskatchewan

4,8

7,3

51,7

Alberta

5,2

7,2

37,6

Colombie-Britannique

6,2

10,2

63,4

Total

9,4

11,1

18,0

Nota :         Pour calculer la variation, la différence entre les taux obtenus en 2008 et en 2013 est divisée par le taux pour 2008.

Source :     Statistique Canada, Tableau 282-0001, Enquête sur la population active, estimations selon le sexe et le groupe d'âge détaillé, non désaisonnalisées, CANSIM (base de données), consulté le 15 janvier 2014.

Enfin, plusieurs pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont traversé une période de récession économique de 2007 à 2012. Selon l’OCDE, durant cette période, le produit intérieur brut (PIB) réel a diminué de façon importante dans les pays suivants : de 20,1 % en Grèce; de 6,9 % en Italie; de 5,4 % au Portugal; de 4,7 % en Espagne et de 3 % au Royaume‑Uni. D’autres pays ont connu, durant cette période, un taux de croissance économique inférieur au taux moyen de 3 % affiché par les pays de l’OCDE. Par exemple, le taux de croissance était seulement de 0,5 % en France et de 2,1 % en Belgique. Malgré tout, un certain nombre de pays ont enregistré un taux de croissance supérieur à cette moyenne : 3,8 % en Allemagne; 4,0 % aux États-Unis; 5,4 % au Canada; 6,1 % en Suisse et 12,8 % en Australie.

Les diminutions du PIB réel ont des répercussions sur le marché du travail et peuvent entraîner une hausse relative des taux de chômage, tous les autres facteurs demeurant les mêmes. Le tableau 6 présente, pour différents groupes d’âge, les taux de chômage en 2007 et 2012, l’année la plus récente pour laquelle on dispose de données pour la plupart des pays de l’OCDE.

Tableau 6 – Taux de chômage et variation pour différents pays de l’OCDE, par groupe d’âge, 2007 et 2012

Pays

Groupe d’âge

Taux (%)

Variation
(%)

2007

2012

Espagne

15 à 19 ans

28,7

72,6

+153,0

20 à 24 ans

15,1

49,1

+225,2

25 à 64 ans

7,1

22,8

+221,1

Grèce

15 à 19 ans

26,4

65,7

+148,9

20 à 24 ans

22,3

53,6

+140,4

25 à 64 ans

7,2

22,4

+211,1

Portugal

15 à 19 ans

24,1

56,5

+134,4

20 à 24 ans

14,8

34,0

+129,7

25 à 64 ans

7,6

14,5

+ 90,8

Italie

15 à 19 ans

31,5

56,3

+ 78,7

20 à 24 ans

17,9

31,7

+ 77,1

25 à 64 ans

5,0

9,0

+ 80,0

Suède

15 à 19 ans

29,9

36,5

+ 22,1

20 à 24 ans

13,6

18,8

+ 38,2

25 à 64 ans

4,3

5,8

+ 34,9

France

15 à 19 ans

25,9

32,7

+ 26,3

20 à 24 ans

17,2

21,8

+ 26,7

25 à 64 ans

6,7

8,4

+ 25,4

Royaume-Uni

15 à 19 ans

20,7

29,3

+41,5

20 à 24 ans

10,7

17,2

+60,7

25 à 64 ans

3,7

5,8

+56,8

États-Unis

15 à 19 ans

15,7

24,0

+52,9

20 à 24 ans

8,2

13,3

+62,2

25 à 64 ans

3,6

6,8

+88,9

Canada

15 à 19 ans

14,8

20,1

+35,8

20 à 24 ans

8,7

11,0

+26,4

25 à 64 ans

5,1

6,1

+19,6

Australie

15 à 19 ans

13,8

16,7

+21,0

20 à 24 ans

6,3

8,6

+36,5

25 à 64 ans

3,3

3,9

+18,2

Norvège

15 à 19 ans

10,5

10,9

+ 53,8

20 à 24 ans

5,2

7,3

+40,4

25 à 64 ans

1,8

2,4

+33,3

Allemagne

15 à 19 ans

12,8

9,2

-28,1

20 à 24 ans

11,2

7,8

-30,4

25 à 64 ans

8,3

5,2

-37,3

Moyenne pour l’OCDE

15 à 19 ans

15,2

19,8

+30,3

20 à 24 ans

10,6

14,9

+40,6

25 à 64 ans

4,8

7,0

+45,8

Nota :         Pour calculer la variation, la différence entre les taux obtenus en 2007 et en 2012 est divisée par le taux pour 2007.

Source :     Organisation de coopération et de développement économiques, OECD.StatExtracts (base de données), Enquête sur la population active, par sexe et groupe d’âge, indicateurs, consulté le 4 juin 2014.

Comme le montre le tableau 6, en pourcentage, la hausse du taux de chômage pour les pays de l’OCDE – qui était en moyenne de 30,3 % chez les jeunes de 15 à 19 ans et de 40,6 % chez les jeunes de 20 à 24 ans – était inférieure à la hausse de 45,8 % observée chez les personnes de 25 à 64 ans. Le Canada, le Portugal, la France et l’Australie ont affiché les plus grandes variations du taux de chômage chez les jeunes.

Selon le tableau 6, en 2012, le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 19 ans au Canada, qui avait atteint 20,1 %, était légèrement supérieur au taux moyen des pays de l’OCDE, qui était de 19,8 %. Toutefois, pour la même année, le taux de chômage chez les jeunes de 20 à 24 ans au Canada était légèrement inférieur au taux moyen affiché par les pays de l’OCDE, soit 11,0 % et 14,9 % respectivement. Par ailleurs, en 2012, le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 19 ans était beaucoup plus faible au Canada que dans plusieurs pays du sud de l’Europe, comme l’Espagne, la Grèce, le Portugal et l’Italie, où ce taux dépassait les 50 %.

L’Allemagne, qui dispose d’un système d’apprentissage très développé, est l’un des rares pays à avoir affiché une baisse du taux de chômage chez les jeunes et le reste de la population de 2007 à 2012. Selon l’Organisation internationale du travail, en 2010, l’Allemagne comptait 39 apprentis pour 1 000 employés, comparativement à 30 pour le Canada et 14 pour les États-Unis.

2. Jeunes employés

D’après les données de Statistique Canada, près de 2,5 millions de Canadiens âgés de 15 à 24 ans travaillaient en 2013. Entre 2012 et 2013, l’emploi dans ce groupe a progressé de 22 000 ou 0,9 %, tandis que la progression de l’emploi des personnes âgées de 25 ans et plus était de 1,3 % ou d’environ 200 000 emplois. Les données de Statistique Canada révèlent que de ces 22 000 emplois, 2 700 – ou 12 % – étaient à temps plein, c’est-à-dire 30 heures et plus de travail par semaine. En 2013, 52 % des jeunes travaillaient à temps plein, tandis que ce taux était de 86 % chez les 25 ans et plus.

Selon Statistique Canada, en 2013, 75,5 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans qui n’étaient pas aux études durant les mois de janvier à avril et de septembre à décembre travaillaient, comparativement à 66,9 % pour les étudiants inscrits à temps partiel et à 36,2 % parmi les étudiants inscrits à temps plein.

Les données de Statistique Canada indiquent que les gains les plus intéressants au chapitre de l’emploi à temps plein des jeunes de 2012 à 2013 ont été enregistrés dans le secteur des services aux entreprises, relatifs aux bâtiments et autres services de soutien (gain de 13 200 emplois ou croissance de 20,7 %) et dans celui des services professionnels, scientifiques et techniques (gain de 11 700 emplois ou croissance de 17,1 %). Par contre, durant cette période, des baisses importantes sont survenues dans les soins de santé et l’assistance sociale (perte de 10 300 emplois ou 9,5 %) et dans la fabrication (perte de 10 000 emplois ou 8,2 %).

Par ailleurs, les données de Statistique Canada montrent que du côté de l’emploi à temps partiel chez les jeunes, des gains ont été réalisés, de 2012 à 2013, dans des secteurs plus souvent occupés par des jeunes ou des étudiants, comme l’hébergement et les services de restauration (gain de 10 000 emplois ou croissance de 3,3 %) et le commerce de détail (gain de 8 900 emplois ou croissance de 2,2 %). L’emploi à temps partiel dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques a aussi progressé durant cette période (gain de 7 900 emplois ou 48,2 %).

B. Aides fédérales

Pour élargir les perspectives d’emploi des jeunes, le gouvernement fédéral offre tout un éventail de programmes d’emploi spécialement adaptés. Il verse aussi des fonds aux provinces et aux territoires pour les aider à mener à bien leurs propres initiatives de formation et d’emploi, dont certaines profitent aux jeunes.

1. Programmes d’emplois

En tant qu’employeur, le gouvernement fédéral embauche des étudiants par l’entremise des trois principaux programmes suivants : le Programme fédéral d'expérience de travail étudiant, qui permet à des étudiants d’obtenir un emploi temporaire; le Programme des adjoints de recherche, qui offre des emplois à temps partiel à des étudiants de niveau postsecondaire qui doivent acquérir de l’expérience, et le Programme de stages d'enseignement coopératif et d'internat, qui propose des stages rémunérés de quatre mois à temps plein à des étudiants de niveau postsecondaire inscrits à un programme coopératif.

Le principal programme fédéral d’emploi pour la jeunesse est la Stratégie emploi jeunesse, à laquelle participent 11 ministères et organismes fédéraux. Cette stratégie comporte trois grands volets :

  • Connexion compétences, qui fournit du financement à des organismes pour qu’ils offrent des activités favorisant l’employabilité des jeunes, comme la formation ou le mentorat;
  • Objectif carrière, qui offre du financement à des employeurs et des organismes qui mettent en œuvre des activités permettant aux jeunes de faire des choix de carrière éclairés;
  • Expérience emploi été, dont la principale composante est le programme Emplois d’été Canada, lequel permet de fournir une aide financière à des employeurs du secteur public et à des entreprises du secteur privé comptant 50 employés ou moins, pour encourager l’embauche de jeunes.

Le tableau 7 présente les dépenses réelles en 2011–2012 et en 2012–2013 ainsi que les dépenses projetées en 2013–2014 pour chacun des trois volets de la Stratégie emploi jeunesse.

Tableau 7 – Dépenses réelles et projetées, Stratégie emploi jeunesse, 2010-2011 à 2013-2014, en millions de dollars

Programme

Dépenses réelles

Dépenses projetées 2013-2014

2010-2011

2011-2012

2012-2013

Connexion compétences

      186,2

      140,9

      130,7

      143,3

Objectif carrière

      85,4

      39,5

      37,6

      59,3

Expérience emploi été

      126,3

      132,9

      131,8

      133,1

Total

      397,9

      313,3

      300,1

      335,7

Sources :    2013-2014 : Ressources humaines et Développement des compétences Canada, Rapport sur les plans et les priorités 2013-2014, Tableaux supplémentaires du Rapport sur les priorités 2013-2014, Renseignements sur les programmes de paiements de transferts, Initiatives horizontales, Stratégie emploi jeunesse; 2010-2011 à 2012-2013 : Ressources humaines et Développement des compétences Canada, Rapport ministériel sur le rendement, Tableaux de renseignements supplémentaires, Renseignements sur les programmes de paiements de transferts, Initiatives horizontales, Stratégie emploi jeunesse, 2010-2011, 2011-2012 et 2012-2013.

Le gouvernement fédéral appuie également la participation des jeunes Canadiens autochtones au marché du travail par l’entremise de la Stratégie d'emploi pour les jeunes Inuits et des Premières Nations, qui englobe deux grandes initiatives :

2. Ententes avec les provinces et les territoires

Par l’entremise des Ententes sur le développement du marché du travail (EDMT), le gouvernement fédéral offre aux provinces et aux territoires des fonds – qui peuvent profiter aux jeunes – pour les aider à mettre en place les initiatives de formation axée sur les compétences et l’emploi offertes dans le cadre du programme d’assurance-emploi. De même, conformément aux Ententes sur le marché du travail (EMT), les provinces et territoires reçoivent des fonds fédéraux pour aider les personnes sans emploi qui ne sont pas admissibles aux programmes de formation dispensés dans le cadre du régime d’assurance-emploi et aux personnes ayant un emploi, mais pas de diplôme d’études secondaires ou d’attestation professionnelle reconnue ou encore dont le niveau d’alphabétisation et de compétences essentielles est faible. Les provinces reçoivent également des fonds par l’entremise des Ententes sur le marché du travail visant les personnes handicapées (EMTPH) pour les aider à offrir des programmes conçus spécialement pour améliorer l’emploi des personnes handicapées.

Les EMT ont pris fin le 31 mars 2014. Dans son budget de 2013, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il amorcerait des négociations avec les provinces et les territoires afin de mettre en place la Subvention canadienne pour l’emploi dans le cadre du renouvellement des EMT, qu’il renégocierait les EDMT et mettrait en place de nouvelles EMTPH. La Subvention canadienne pour l’emploi devrait être lancée en 2014.

C. Points de vue des témoins sur les obstacles auxquels font face les jeunes sans emploi

Les témoins ont exposé certains des obstacles auxquels font face les jeunes sans emploi, y compris les effets de la dernière récession, la concurrence pour les emplois, les perspectives d’emploi des jeunes dans certains secteurs, les compétences utiles, la mobilité des travailleurs et les programmes fédéraux. Ils ont également souligné les répercussions sociales du chômage.

1. Effets des récessions

Le Congrès du travail du Canada a expliqué au Comité les effets persistants de la récession de 2008‑2009 sur le chômage et la participation des jeunes au marché du travail, signalant qu’en janvier 2014, 540 000 jeunes de 15 à 29 ans étaient sans emploi, soit 100 000 jeunes de plus qu’en octobre 2008. Il a précisé que d’octobre 2008 à janvier 2014, plus de 350 000 jeunes de 15 à 29 ans ont quitté le marché du travail pour retourner à l’école ou acquérir des compétences, pour travailler sans salaire, ou encore parce qu’ils étaient découragés. Selon le Conference Board du Canada, il s’est perdu 200 000 emplois sur le marché du travail des jeunes pendant cette récession, et les taux d’emploi et de participation des jeunes n’ont augmenté ni en 2012 ni en 2013.

Statistique Canada a expliqué que, peu importe les conditions économiques, les jeunes de 15 à 24 ans risquent davantage d’être sans emploi que les personnes de 35 à 54 ans. Selon l’organisme, le taux de chômage le plus élevé observé en 2009 chez les jeunes de 15 à 24 ans, soit 15,2 %, était légèrement inférieur aux sommets enregistrés pendant les deux récessions précédentes du début des années 1980 et 1990. En 2013, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans était de 2,5 points de pourcentage supérieur au taux de 2007, qui était de 11,6 %, et celui des jeunes de 25 à 34 ans dépassait de 1,1 point de pourcentage les 5,7 % de 2007. Statistique Canada a laissé entendre que les taux relativement plus élevés chez les jeunes de 15 à 34 ans montrent que cette tranche de la population est davantage exposée aux mises à pied que les travailleurs plus âgés.

En comparant les données pour 2012, le Congrès du travail du Canada a fait observer que le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans était 2,4 fois plus élevé que celui des travailleurs de 25 à 54 ans en 2012, soit le plus grand écart relevé depuis que des données comparables ont été publiées pour la première fois en 1976.

2. Concurrence pour les emplois

Le Centre canadien de politiques alternatives a indiqué que, dans le contexte canadien de faible croissance économique, les employeurs ont un vaste de choix de candidats pour pourvoir les postes au premier échelon, notamment parmi les nouveaux arrivants, les travailleurs plus âgés et les jeunes. Selon le Conference Board du Canada, la hausse du nombre de travailleurs expérimentés occupant des postes à temps partiel a pour effet de réduire les débouchés pour les jeunes. Par ailleurs, la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a fait remarquer que la concurrence pour les emplois favorise de façon disproportionnée les travailleurs âgés qui ont plus d’expérience. Cependant, Tammy Schirle a soutenu qu’aucune donnée probante n’établit de lien entre la situation des jeunes sur le marché du travail et le nombre de travailleurs actifs plus âgés.

La Banque Royale du Canada a communiqué les résultats d’un sondage réalisé en août 2013 selon lequel 73 % des diplômés interrogés ont indiqué que le manque d’expérience était un obstacle à l’obtention de leur premier emploi; 77 % ont indiqué que le manque de contacts professionnels leur était aussi préjudiciable. Elle a précisé que près de la moitié des nouveaux diplômés ayant trouvé un emploi ont indiqué que de posséder de l’expérience professionnelle les avait aidés à amorcer leur carrière.

Les témoins ont également mentionné la concurrence entre les travailleurs étrangers et canadiens. Le Centre canadien de politiques alternatives a signalé que le nombre de travailleurs étrangers temporaires participant au projet pilote relatif aux professions exigeant un faible niveau de formation régulière a plus que doublé, passant de 13 000 en 2007 à 30 000 en 2014. Il a ajouté que 65 000 jeunes étrangers participent au programme d’expérience internationale. D’après Restaurants Canada, dans certaines régions, les entreprises du secteur n’ont d’autre choix que d’embaucher des travailleurs étrangers temporaires, lesquels représentent moins de 2 % du 1,1 million de travailleurs de l’industrie.

3. Perspectives d’emploi dans certains secteurs

Les témoins ont commenté le changement qui s’est opéré au cours d’une génération en ce qui concerne le nombre de jeunes travailleurs dans les différents secteurs. Unifor a signalé que depuis 1976, l’emploi des jeunes a progressé dans sept secteurs, les gains les plus importants ayant été réalisés dans le commerce de gros et de détail et l’hôtellerie. Selon Unifor, la moitié de tous les jeunes travailleurs sont employés dans l’un ou l’autre de ces secteurs, comparativement à un travailleur sur quatre il y a une génération. Enfin, le représentant d’Unifor a expliqué que le secteur du détail demeure le premier secteur d’emploi en importance pour les jeunes. Par le passé, les emplois dans ce secteur étaient très bien payés et on y faisait carrière.

Unifor a aussi parlé du secteur manufacturier du Canada. Selon lui, les jeunes sont plus touchés par le déclin de ce secteur que les travailleurs plus âgés, car, ayant le moins d’années de service, ils sont les premiers à être mis en pied.

En ce qui concerne les premiers emplois des jeunes, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a expliqué que les petites entreprises jouent un rôle central en donnant aux jeunes leur première expérience sur le marché du travail. Elle a présenté les résultats d’un sondage réalisé auprès des membres de l’organisation à l’automne 2013, dans lequel plus de la moitié des répondants ont indiqué avoir embauché un jeune au cours des trois dernières années.

4. Compétences utiles

Lors de sa comparution devant le Comité, le Dauphin Friendship Centre a présenté les résultats d’enquêtes réalisées en 2009 auprès de jeunes de 15 à 30 ans et d’employeurs dans le but d’obtenir de l’information sur les facteurs qui empêchent les jeunes de participer pleinement à l’économie. Selon lui, ces enquêtes ont fait ressortir un certain nombre d’obstacles auxquels font face les jeunes qui tentent d’entrer sur le marché du travail, par exemple le manque d’études, des antécédents familiaux de chômage, le manque d’accès à des services de garde, une expérience d’emploi trop limitée et l’absence de soutiens familiaux et communautaires. Pour leur part, les employeurs ont dit avoir des difficultés à trouver des employés qualifiés et ont déclaré que les jeunes ne possèdent pas les compétences générales recherchées en milieu de travail, comme le sens du service à la clientèle, la communication orale et les compétences interpersonnelles et organisationnelles.

Dans son mémoire au Comité, la Confédération des syndicats nationaux a signalé que les jeunes qui ne sont ni à l’école ni sur le marché du travail risquent de voir leurs compétences « non reconnues ». Elle a également mentionné dans son mémoire que les employeurs boudent les candidats dont l’historique de travail ou d’études manque de continuité.

5. Mobilité des travailleurs

Le Congrès du travail du Canada a indiqué que la mobilité des travailleurs est une question très importante, soutenant qu’une mobilité réduite chez les jeunes limite les perspectives d’emploi. Selon lui, des raisons personnelles – comme le fait de s’éloigner de son milieu et de sa famille ou d’avoir de jeunes enfants – peuvent entraver la mobilité.

Emploi et Développement social Canada a observé que les jeunes quittent la maison pour entreprendre des études postsecondaires et que les collectivités aimeraient les revoir durant les mois d’été afin qu’ils occupent les emplois disponibles. Emploi et Développement social Canada a souligné que le programme Emplois d’été Canada ouvre la porte à 35 000 emplois pour les jeunes dans leur collectivité.

6. Programmes fédéraux

Parlant du régime d’assurance-emploi (AE), le Congrès du travail du Canada a déclaré que les critères d’admissibilité à des prestations sont trop élevés pour les jeunes travailleurs, qui ont aussi de la difficulté à accéder aux mesures d’aide à la formation. Selon lui, en 2013, seulement 18 % et 8 % des jeunes chômeurs et chômeuses, respectivement, ont pu être admissibles à l’AE. La Confédération des syndicats nationaux a avancé que les règles de l’AE ne favorisent pas les jeunes travailleurs du secteur du tourisme, qui est une industrie saisonnière.

De l’avis de Tammy Schirle, le meilleur moyen d’attirer des employés est de leur offrir un salaire élevé. Elle a signalé que le Programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET) fausse le marché du travail et empêche les jeunes de savoir dans quels secteurs il y a une pénurie de main-d'œuvre. Or, selon elle, ce genre de pénurie entraîne souvent une hausse des salaires.

Dans son mémoire au Comité, la Confédération des syndicats nationaux a affirmé que même si le gouvernement affecte 330 millions de dollars par année à la Stratégie emploi jeunesse, les programmes liés à cette stratégie ne sont pas tous dispensés de manière adéquate, et il n’y aucun encadrement pour les jeunes exclus du marché du travail. Ce mémoire a aussi fait ressortir la confusion entre le programme fédéral et un programme semblable au Québec, notant qu’il y a des dédoublements.

Selon le mémoire présenté au Comité par First Work, le programme Connexion compétences n’a pas les ressources adéquates pour appuyer la mobilité des jeunes diplômés, pour faire la promotion nationale du programme et pour servir de tribune facilitant les échanges concernant les pratiques exemplaires entres les bénéficiaires de fonds. On indique également dans le mémoire que les bénéficiaires de fonds ne sont pas dévoilés publiquement, ce qui limite la transparence et l’échange de renseignements.

Enfin, le Congrès du travail du Canada a fait valoir que la réduction du financement offert par l’entremise des EMT a entraîné une baisse des aides offertes aux jeunes pour la formation.

7. Répercussions sociales

Dans son mémoire au Comité, Clubs garçons et filles du Canada a affirmé que le haut taux de chômage des jeunes pendant l’été peut se traduire par des coûts sociaux élevés pour les personnes vivant dans des quartiers à faible revenu accusant un taux de criminalité élevé. L’organisme a mentionné, dans son mémoire, une étude réalisée aux É.‑U. dans le cadre de laquelle on a constaté une baisse du nombre d’arrestations pour des crimes violents dans les quartiers à taux de criminalité élevé où était offert un programme d’emploi d’été, comme le programme One Summer Plus, à Chicago. Selon le mémoire de Clubs garçons et filles du Canada, les programmes d’emploi d’été ciblés aident les jeunes à risque à faire preuve de jugement et prendre de bonnes décisions, et leur donnent l’occasion d’interagir régulièrement avec un mentor.

À propos des effets intergénérationnels du chômage des jeunes, le Congrès du travail du Canada a indiqué que les parents de jeunes chômeurs ne peuvent pas prendre leur retraite puisqu’ils doivent appuyer financièrement leurs enfants. De plus, Wayne Lewchuk – un professeur de l’Université McMaster ayant comparu devant le Comité à titre personnel – a avancé que les jeunes qui quittent leur collectivité pour un emploi ne seront pas nécessairement en mesure de bien prendre soin de leurs parents âgés.

D. Points de vue des témoins sur les solutions aux problèmes des jeunes sans emploi

Les témoins ont proposé un certain nombre de solutions pour les jeunes chômeurs, par exemple des mesures fédérales liées à l’emploi, à la mobilité des travailleurs et à l’amélioration des compétences, et visant aussi la collaboration et les partenariats ainsi que des modifications au régime d’assurance-emploi.

1. Mesures fédérales liées à l’emploi

Le Syndicat canadien de la fonction publique et Clubs garçons et filles du Canada, dans son mémoire déposé devant le Comité, ont proposé que l’on augmente le financement alloué à la Stratégie emploi jeunesse pour aider les jeunes à intégrer le marché du travail. Dans son mémoire au Comité, First Work n’a pas demandé d’augmentation du financement annuel pour la Stratégie emploi jeunesse, mais il a proposé qu’un plus gros pourcentage du budget actuel soit affecté au programme Connexion compétences et que le montant additionnel serve à faciliter la mobilité des jeunes, l’échange de renseignements aux niveaux régional et national parmi les bénéficiaires de fonds et l’établissement de rapports publics.

Dans son mémoire déposé devant le Comité, la Confédération des syndicats nationaux a demandé au gouvernement fédéral de donner au Québec un droit de retrait avec pleine compensation pour la Stratégie emploi jeunesse. Si ce n’est pas possible, la Stratégie devrait mieux cibler les jeunes exclus du marché du travail.

Divers changements au PTET et au Programme d’expérience internationale pour les jeunes étrangers ont été proposés. Le Centre canadien de politiques alternatives a affirmé que tous les employeurs présentant une demande dans le cadre de ces deux programmes devraient être tenus d’afficher l’emploi pendant quelques semaines sur le tableau national des offres d’emplois administré par le gouvernement fédéral. Le FAT-CIO a demandé que le PTET soit lié à la formation de Canadiens, en obligeant les employeurs qui font appel à ce programme à montrer qu’ils ont l’intention de former des Canadiens pour pourvoir les postes.

Le Syndicat canadien de la fonction publique a parlé du programme de garantie pour la jeunesse de la Commission européenne, qui offre aux jeunes un emploi, un apprentissage, un stage ou une formation continue dans les quatre mois suivant l’obtention de leur diplôme, et il a demandé au gouvernement fédéral de mettre en place un programme semblable.

Pour ce qui est des postes pour les jeunes travailleurs dans la fonction publique fédérale ou découlant de marchés publics, le Syndicat canadien de la fonction publique a demandé au gouvernement d’offrir aux jeunes de meilleures perspectives d’emploi au sein de la fonction publique, tandis que le Centre canadien de politiques alternatives a proposé que le cinquième des emplois créés par les contrats d’infrastructures financés par le gouvernement fédéral soit réservé aux jeunes. Dans son mémoire au Comité, Unifor a proposé que les projets d’infrastructures publiques prévoient un seuil d’emploi pour les jeunes travailleurs, seuil qui serait établi en consultation avec les représentants du gouvernement, des syndicats et des collectivités. Dans son mémoire déposé devant le Comité, la Confédération des syndicats nationaux a proposé la mise en place d’une politique de stimulation financière afin de créer de l’emploi pour les jeunes et une politique industrielle pour relancer le secteur manufacturier, tout en respectant la compétence des provinces.

Le Centre canadien de politiques alternatives a argumenté en faveur d’une hausse du financement accordé aux programmes d’emplois d’été afin d’aider les jeunes à obtenir des emplois essentiels à l’échelle locale, comme le soutien aux aînés. Dans son mémoire au Comité, l’Association de l’industrie touristique du Canada a préconisé la mise sur pied d’une campagne de promotion destinée au marché américain, la modernisation du traitement des visas des visiteurs et l’adoption d’une politique de transport aérien qui ne ferait pas porter le fardeau des coûts de fonctionnement et de sécurité au public.

Pour terminer, Tammy Schirle a préconisé que l’on améliore les services de garde pour faciliter la participation des jeunes femmes au marché du travail.

2. Mobilité des travailleurs

Plusieurs témoins ont fait des suggestions pour réduire les freins à la mobilité des jeunes travailleurs. Par exemple, le Centre canadien de politiques alternatives a proposé que l’on offre une subvention salariale de deux mois aux employeurs qui embauchent des travailleurs âgés de moins de 30 ans dans les régions qui affichent une faible croissance ou des taux de chômage élevés. Signalant l’exode des jeunes dans certaines régions du Québec, la Fédération étudiante universitaire du Québec a proposé la création d’un crédit d’impôt pour aider les jeunes à retourner en région.

La Progressive Contractors Association of Canada a préconisé la création d’une subvention ponctuelle à la mobilité accessible par l’entremise du programme d’AE. Une telle subvention permettrait à une personne au chômage d’utiliser ses prestations d’AE pour s’installer dans une autre région du pays et l’aiderait à absorber les coûts liés à la recherche d’emploi, à la formation et au déménagement. Le Conference Board du Canada a proposé une subvention à la mobilité pour aider à payer les dépenses liées aux déplacements, à la recherche d’emploi et à l’hébergement. Enfin, le Centre canadien de politiques alternatives a demandé une « compensation des coûts » pour les jeunes âgés de moins de 30 ans qui sont prêts à déménager dans les régions où il y a pénurie de main-d'œuvre, tandis que le Congrès du travail du Canada a préconisé l’adoption d’une stratégie nationale de garde d’enfants pour favoriser la mobilité des jeunes travailleurs qui ont une famille.

3. Amélioration des compétences

Dans son témoignage, le Dauphin Friendship Centre a présenté le manque de compétences de base comme un obstacle à l’emploi des jeunes et il a mentionné un programme mené en partenariat avec Service Canada, des ministères provinciaux et des organismes pour jeunes. Ce programme, qui vise à préparer les jeunes à l’emploi dans leur collectivité, offre des séances de groupe ainsi que des services d’enseignement et des conseils personnalisés. Il a proposé une approche axée sur la collaboration à laquelle participent le gouvernement fédéral, les provinces et les administrations locales afin d’offrir aux jeunes chômeurs une formation sur les compétences essentielles et d’aider à leur alphabétisation.

Selon Habitat pour l’humanité, un partenariat public-privé aiderait à harmoniser les programmes de formation avec les besoins du marché. L’organisme a mentionné, à titre d’exemple, son partenariat avec le Regina Trades and Skills Centre, qui offre une formation à court terme sur divers emplois. Il a encouragé le gouvernement fédéral à financer directement des programmes qui donnent d’aussi bons résultats.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a fait remarquer que lorsqu’on a demandé aux membres en 2013 ce qui les motiverait à embaucher et à former un employé, la réduction des coûts liés à l’embauche était la réponse la plus courante. Elle a réclamé la création d’un crédit à la formation pour les petites entreprises, qui réduiraient ainsi les cotisations à l’AE pendant la période de formation d’un nouvel employé. Restaurants Canada a fait une proposition semblable pour l’embauche d’employés de moins de 25 ans.

Dans son mémoire déposé devant le Comité, la Confédération des syndicats nationaux a déclaré que la formation offerte aux chômeurs devrait tenir compte des emplois disponibles sur le marché du travail. Toutefois, les jeunes devraient avoir le choix d’améliorer leurs compétences ou d’en acquérir de nouvelles qui seraient reconnues par un large éventail d’entreprises. Elle précise également dans son mémoire que les programmes d’apprentissage et de formation doivent permettre aux jeunes de se qualifier auprès de diverses entreprises.

Au sujet de l’efficacité du programme Connexion compétences, First Work a suggéré dans son mémoire au Comité la création d’une « commission de réduction de la bureaucratie » qui s’attaquerait au fardeau administratif imposé aux titulaires des subventions et de contribution, aux retards causés par le processus décisionnel et au problème relié aux exigences annuelles des « demandes de propositions » pour les projets qui s’étendent sur plusieurs années.

4. Collaboration et partenariats

Le Dauphin Friendship Centre a informé le Comité que pour régler le problème du chômage chez les jeunes, les gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi que les administrations municipales doivent travailler en collaboration et appuyer les programmes socialement novateurs comme ceux offerts par le Dauphin Friendship Centre. La Confédération des syndicats nationaux a déclaré que toutes les parties, soit les employeurs, les syndicats et les gouvernements, doivent collaborer et travailler en partenariat pour créer des emplois pour les jeunes, alors que le Syndicat canadien de la fonction publique a préconisé une gestion prévisionnelle de la main-d’œuvre à l’échelle nationale en collaboration avec l’industrie, les syndicats, les établissements d’enseignement et les institutions de recherche.

Dans son mémoire déposé devant le Comité, Clubs garçons et filles du Canada a invité le gouvernement fédéral à nouer des partenariats avec des organismes d’aide à la jeunesse dans le but d’explorer des programmes d’emploi prometteurs qui combinent emploi, mentorat et programmes d’acquisition des compétences sociales et cognitives, mentionnant à titre d’exemple le programme One Summer Plus mis en place à Chicago. L’organisme a également appuyé les pratiques fondées sur la recherche qui contribuent à mieux répondre aux besoins en matière de formation et d’emploi au Canada.

Unifor a parlé d’un modèle allemand de collaboration entre les syndicats, le gouvernement et les employeurs, proposant que l’on resserre la collaboration au Canada, notamment par l’entremise des conseils sectoriels. Le Syndicat canadien de la fonction publique a invité le gouvernement fédéral à financer les organisations qui appuient la planification collaborative à long terme, comme les conseils sectoriels et le Conseil canadien sur l’apprentissage.

5. Programme d’assurance-emploi

Dans son témoignage, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a demandé que des changements soient apportés au régime d’AE et à d’autres programmes fédéraux liés à l’emploi pour donner à plus de jeunes la possibilité d’y accéder et d’y participer, et pour bâtir un pont entre les jeunes et les employeurs qui recherchent des travailleurs. Elle a aussi préconisé l’accroissement du financement accordé pour la formation en cours d’emploi rémunérée.

Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, les cotisations de l’employeur à l’AE que les propriétaires de petites entreprises sont tenus de payer sont un facteur de dissuasion. Elle a réclamé que les taux d’AE soient abaissés lorsque le compte d’AE est équilibré.

Pour terminer, dans son mémoire déposé devant le Comité, la Confédération des syndicats nationaux a proposé que les changements récents au régime d’AE qui touchent les jeunes travailleurs soient abolis.

E. Points de vue des témoins sur les difficultés auxquelles se butent les jeunes employés

Les témoins ont fait état de certaines difficultés auxquelles font face les jeunes employés, parlant en particulier de leurs compétences, de leur statut d’employés à temps plein ou partiel, temporaires ou permanents, des différences régionales en matière d’emploi, des salaires ainsi que des conditions de travail.

1. Compétences des jeunes employés

Dans un document public présenté au Comité, Statistique Canada a signalé que la proportion de diplômés universitaires de 25 à 34 ans est passée de 18 % en 1991 à 33 % en 2011, mais que la proportion d’emplois nécessitant un tel diplôme n’a pas nécessairement crû au même rythme, ce qui peut entraîner une « disparité des compétences » et la « surqualification » des diplômés dans les postes qu’ils occupent. Selon l’organisme, dans un marché du travail léthargique, un nombre croissant de diplômés peuvent devoir se disputer un nombre limité de postes spécialisés, empêchant peut-être les jeunes d’acquérir l’expérience professionnelle dont ils ont besoin pour obtenir, plus tard, de meilleurs emplois.

Pour illustrer la surqualification des jeunes employés, Statistique Canada a fait ressortir, dans son document public présenté au Comité, que la proportion de postes exigeant des études de niveau collégial ou moindre qui sont occupés par des diplômés universitaires de 25 à 34 ans n’a presque pas changé depuis 1991. Ce document a également révélé qu’en 2011, 33 % des jeunes travailleurs de 25 à 34 ans ayant un diplôme universitaire en sciences humaines occupaient des emplois exigeant des études de niveau secondaire ou moindre, et que ce pourcentage variait de 10 à 15 % chez les détenteurs d’un diplôme universitaire en éducation, en santé, en architecture et en génie. Par ailleurs, selon ce même document, en 2011, la majorité des jeunes de 25 à 34 ans qui étaient surqualifiés pour le poste qu’ils occupaient avaient étudié dans l’un des trois domaines suivants : commerce, gestion et administration publique; sciences sociales, sciences du comportement et droit; et sciences humaines. Ce document a montré que sur le plan régional, les jeunes travailleurs du Québec étaient moins susceptibles d’être surqualifiés que ceux de l’Ontario.

La Chambre de commerce du Canada a signalé que même si le Canada affiche les taux de diplomation postsecondaire les plus élevés des pays de l’OCDE, il y a beaucoup de jeunes au chômage ou en situation de sous-emploi.

Au sujet des facteurs qui peuvent contribuer au phénomène de la surqualification, Emploi et Développement social Canada a mentionné qu’il existe un certain degré de sous-emploi après une récession; il faut souvent du temps aux jeunes pour trouver un emploi qui correspond à leur niveau de scolarisation. Emploi et Développement social Canada a expliqué que les jeunes peuvent, pour des raisons financières, choisir un emploi qui n’a rien à voir avec leurs compétences s’il leur permet de gagner un salaire plus élevé. Restaurants Canada a expliqué que les étudiants travaillent dans le secteur des services alimentaires pour payer leurs études et a soutenu que ces postes leur permettent d’acquérir des compétences essentielles. Selon l’organisme, ces emplois sont une étape importante du cheminement professionnel.

Mitacs a déclaré que la transition vers des emplois « de haute qualité » est un plus gros défi pour la présente génération que pour les précédentes. Le Centre canadien de politiques alternatives a fait valoir que la transition vers un emploi correspondant à leur niveau de scolarisation peut s’avérer difficile pour les jeunes qui sont sans emploi pendant une longue période, car les employeurs peuvent leur préférer un nouveau diplômé possédant des compétences plus récentes.

Enfin, Mitacs a mentionné qu’en sous-utilisant le talent des jeunes et en ne mettant pas à profit leur formation, la société ne saisit pas l’occasion d’être plus productive et novatrice.

2. Emplois à temps plein, à temps partiel et temporaires

Statistique Canada a informé le Comité qu’au cours des trois dernières décennies, le pourcentage de jeunes occupant un emploi à temps plein a diminué chez les hommes de moins de 34 ans et les femmes de 15 à 24 ans. Plus précisément, de 1976 à 2013, chez les hommes et les femmes de moins de 25 ans n’étudiant pas à temps plein, le taux d’emploi à temps plein a baissé de 16 et 9 points de pourcentage respectivement. L’organisme a ajouté que depuis le début des années 2000, les provinces productrices de pétrole, soient l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador, ont connu une hausse de 2 points de pourcentage du taux d’emploi à temps plein des jeunes hommes de 25 à 34 ans, tandis que les autres provinces ont enregistré une baisse de 4 points de pourcentage.

En ce qui a trait au travail à temps partiel, Unifor a expliqué dans son mémoire qu’il y a une génération, 21 % des jeunes travailleurs occupaient un emploi à temps partiel et que ce taux est maintenant de 48 %. Son mémoire a aussi indiqué que la proportion de jeunes qui occupent « involontairement » un emploi à temps partiel a augmenté par rapport à la génération précédente. En outre, le pourcentage de personnes occupant involontairement un emploi à temps partiel a connu une croissance nettement supérieure au pourcentage de personnes qui occupent ces emplois de plein gré.

Le Congrès du travail du Canada a laissé entendre que le tiers des jeunes travailleurs sont employés à temps partiel et beaucoup occupent un emploi peu rémunéré, temporaire ou autrement précaire. Selon lui, ces emplois sont surtout dans la vente au détail et les services. Il a indiqué qu’en 2013, le taux de sous-emploi chez les jeunes travailleurs de 15 à 24 ans était de 27,7 %.

Pour terminer, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a indiqué que les jeunes Canadiens ont de la difficulté à trouver des emplois bien rémunérés. Elle a donné l’exemple des enseignants nouvellement diplômés qui doivent travailler à temps partiel jusqu’à cinq ans avant d’obtenir un emploi à temps plein et a mentionné que le manque de logements dans le Nord peut limiter les perspectives de ces jeunes professionnels.

3. Salaires

Statistique Canada a informé le Comité que si l’on tient compte de l’inflation, les salaires horaires moyens des hommes de moins de 34 ans ont diminué entre 1981 et 2000, mais ont augmenté de 2000 à 2013.

En examinant différents groupes d’âge dans les provinces productrices de pétrole et les autres et en tenant compte de l’inflation, Statistique Canada a constaté que les hommes âgés de 25 à 34 ans travaillant dans les provinces productrices de pétrole avaient, en 2013, des salaires horaires de 10 % supérieurs à ceux de leurs homologues en 1981. Par contre, les hommes de ce groupe dans les autres provinces avaient, en 2013, des salaires horaires équivalant à ceux de leurs homologues en 1981.

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a parlé du revenu moyen des jeunes, signalant que le Canada est le pays de l’OCDE qui a le plus fort pourcentage de diplômés universitaires gagnant moins que le revenu national médian. Dans son mémoire, Unifor a expliqué que la moitié des jeunes travaillent dans les secteurs du détail et de l’hôtellerie, où le salaire horaire est inférieur à 12 $, soit le plus bas de toute l’économie canadienne, et de 20 % inférieur au taux horaire pratiqué dans d’autres secteurs.

Comparant le marché du travail pour les jeunes de la nouvelle génération à celui des jeunes des générations précédentes, Wayne Lewchuk a fait remarquer qu’il y a beaucoup d’emplois pour les jeunes d’aujourd'hui, mais, qu’en moyenne, ces emplois ont des salaires de départ moins élevés et offrent moins de perspectives à long terme que les emplois qu’occupaient les jeunes des générations précédentes. Parlant des perspectives des jeunes dans les secteurs où les salaires sont élevés, comme l’administration publique, Unifor a laissé entendre que ces secteurs connaissent un déclin au Canada. Dans son mémoire déposé devant le Comité, Unifor a signalé qu’aujourd’hui, plus de jeunes se retrouvent dans des emplois peu payants qu’il y a une génération.

Le Congrès du travail du Canada a parlé de l’effet des emplois temporaires sur les salaires, faisant remarquer que le sous-emploi persistant conduit à une sorte de « stigmatisation » qui empêche les jeunes d’obtenir les taux de rémunération qu’ils atteindraient si leurs emplois étaient plus permanents. Il a attiré l’attention des membres du Comité sur une étude du Fonds monétaire international  selon laquelle, par rapport aux jeunes qui occupent un emploi permanent, les jeunes chômeurs qui réintègrent le marché du travail peuvent subir une « pénalité » salariale allant jusqu’à 20 %.

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a indiqué que les emplois temporaires qui créent une « stigmatisation » du point de vue des salaires peuvent avoir des répercussions sur l’économie en poussant les jeunes à reporter des achats importants, comme celui d’une maison. L’Institut C.D. Howe a toutefois précisé qu’on ne dispose pas de données suffisantes pour conclure à une dynamique de stigmatisation; il a néanmoins reconnu que la croissance des revenus chez les jeunes pourrait être compromise si ces jeunes devaient perdre leur emploi dans les années suivant leur arrivée sur le marché du travail. Wayne Lewchuk a fait ressortir l’augmentation des contrats de courte durée et des agences de placement temporaire, laissant entendre que cela ouvrait la porte à des emplois précaires, qui ne bénéficient pas des avantages et de la sécurité des emplois à temps plein.

S’exprimant au sujet des jeunes qui enchaînent les emplois temporaires et les périodes de chômage, l’Alliance canadienne des associations étudiantes a fait remarquer que ces personnes sont « cachées » dans les statistiques sur le marché de la main-d’œuvre, puisqu’elles figurent dans les données concernant les personnes ayant des emplois sûrs et bien payés.

Tammy Schirle a laissé entendre que la dépréciation des compétences due aux entrées et sorties du marché du travail, que ce soit pour s’occuper des enfants ou d’autres raisons, a des répercussions à long terme sur la rémunération des femmes.

Enfin, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et la Chambre de commerce du Canada ont déclaré que les salaires dans le secteur public pouvaient être supérieurs à ceux du secteur privé dans certaines villes, une situation qui complique l’embauche et la rétention de personnel pour les petites entreprises.

4. Conditions de travail

Dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, la Confédération des syndicats nationaux a mentionné que peu de progrès ont été réalisés en matière de conciliation travail-famille, ce qui affecte les jeunes familles et les femmes. Dans son mémoire, elle a aussi fait remarquer que les employeurs peuvent accorder des conditions de travail différentes aux employés à temps plein de celles qu’ils consentent aux travailleurs à temps partiel, même s’ils sont dans le même groupe professionnel; qui plus est, ils peuvent rémunérer des employés embauchés après une date donnée à un taux différent de celui appliqué à ceux recrutés avant cette date.

F. Points de vue des témoins sur les solutions applicables aux jeunes employés

Les témoins ayant comparu devant le Comité ont proposé un certain nombre de mesures qui, selon eux, pourraient aider les jeunes travailleurs à améliorer leur situation d’emploi actuelle et future. Par exemple, ils ont fait des suggestions concernant les dispositions et les stratégies institutionnelles, la proposition de Subvention canadienne pour l’emploi, les subventions salariales, le revenu de retraite des jeunes, les modifications à la législation et l’information sur le marché du travail.

1. Nouvelles dispositions et stratégies institutionnelles

Lorsqu’il s’est adressé au Comité, Wayne Lewchuk a déclaré qu’il fallait créer de nouvelles dispositions institutionnelles tenant compte de la nature changeante du marché du travail, notamment de la diminution des emplois permanents. Il a mis l’accent sur le système de « flexicurité » inventé au Danemark, qui permet aux employeurs d’avoir accès à une main-d’œuvre flexible et offre aussi de généreux programmes de soutien du revenu et de recyclage à ceux qui changent d’emploi. La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a demandé que le gouvernement fédéral mette en place une stratégie nationale de création d’emplois destinée à combattre le chômage et le sous-emploi des jeunes. Selon elle, cette stratégie devrait être élaborée en partenariat avec les employeurs et les organisations syndicales et bannir les stages non rémunérés. La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants et l’University of Toronto Students Union ont plaidé en faveur de l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre le chômage, le sous-emploi et les stages non rémunérés.

Dans mémoire qu’il a soumis au Comité, Unifor a demandé la création d’un conseil des normes du travail national et multipartite pour les secteurs du détail et de l’hôtellerie, afin d’instituer des normes pour les heures de travail, les heures supplémentaires, les horaires de travail et la formation professionnelle payée par les employeurs pour des compétences transférables.

Le Congrès du travail du Canada a prôné une stratégie d’emploi qui irait de pair avec une stratégie de formation, dans le but de proposer aux travailleurs des cheminements de carrière qui déboucheraient sur de « bons » emplois permanents « correctement » payés et assortis d’un régime de pension.

2. Proposition de Subvention canadienne pour l’emploi

L’Association canadienne des collèges communautaires a fait des suggestions particulières concernant la proposition de Subvention canadienne pour l’emploi. Par exemple, elle a mentionné que la mesure pourrait prévoir des fonds réservés aux jeunes, qui serviraient à financer la mise à niveau des compétences essentielles afin de garantir une productivité adéquate au travail. Par ailleurs, elle était d’avis que les étudiants qui suivent pareille formation devraient obtenir des crédits reconnus partout au Canada.

3. Subventions salariales

Dans le mémoire qu’il a déposé devant le Comité, Unifor a fait remarquer que l’on compte actuellement 77 programmes de subventions salariales au Canada, dont 14 ciblent les diplômés ou les jeunes travailleurs. Dans ce mémoire, Unifor a toutefois précisé qu’aucun de ces programmes n’est expressément conçu pour encourager la création d’emplois permanents ou à long terme, et a demandé que les programmes de subventions salariales soient renforcés en incitant davantage les entreprises à embaucher de jeunes travailleurs pour occuper des postes permanents et stables. Enfin, Unifor s’est dit favorable, dans son mémoire, à des évaluations régulières – effectuées par le gouvernement fédéral en coordination avec les agences provinciales et territoriales – des résultats produits par de tels programmes, afin de s’assurer que les « objectifs du marché de l’emploi » soient atteints.

4. Revenu de retraite des jeunes travailleurs

Certains témoins ont fait état devant le Comité du manque de planification de la retraite de la part des jeunes travailleurs. Dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, la Confédération des syndicats nationaux a demandé que le gouvernement fédéral exige de tous les employeurs qu’ils offrent des régimes de pension contributifs. Le Congrès du travail du Canada a préconisé que l’on se dote d’un Régime de pensions du Canada et d’un système de Sécurité de la vieillesse qui soient solides, de manière à ce que les jeunes travailleurs aient un revenu assuré lorsqu’ils prendront leur retraite.

5. Modifications à la législation

Alors qu’elles s’exprimaient devant le Comité au sujet des obstacles à l’intégration des jeunes au marché du travail, la Merit Contractors Association et la Progressive Contractors Association of Canada ont insisté sur la collaboration et la tenue de consultations entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dans le but de réduire les entraves à la mobilité de la main-d’œuvre pour les apprentis et les personnes possédant un certificat de compétence, et ils ont prôné l’harmonisation des lois et programmes qui freinent cette mobilité.

En ce qui concerne les conditions d’emploi, dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, la Confédération des syndicats nationaux a demandé des changements à la législation du travail fédérale pour que les jeunes ne subissent pas de discrimination sur la base de leur date d’embauche ou de leurs états de service.

6. Information sur le marché du travail

Plusieurs témoins ont parlé de l’information sur le marché du travail. Par exemple, l’Alliance canadienne des associations étudiantes a demandé que l’information sur le marché du travail soit bonifiée, affirmant que cela permettrait d’améliorer les politiques, la formation et l’embauche.

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a pressé le gouvernement fédéral de recueillir des données d’emploi pertinentes concernant les jeunes diplômés, alors que la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants a proposé que Statistique Canada révise les enquêtes existantes et crée de nouvelles enquêtes pour déterminer – avec exactitude et dans le respect des normes internationalement reconnues – la vraie nature du chômage des jeunes.

G. Points de vue des témoins sur les obstacles à l’emploi auxquels se butent certains groupes de jeunes

Les témoins ont décrit quelques-uns des obstacles qui se dressent devant certains groupes de jeunes, notamment parmi les Canadiens autochtones, les personnes handicapées et les francophones dans les communautés hors Québec où le français est minoritaire.

1. Chômage chez les jeunes Canadiens autochtones

Kiikenomaga Kikenjigewen Employment and Training Services a fourni au Comité des renseignements sur les Premières Nations de Matawa, en mettant l’accent sur le fait que le taux de chômage dans la réserve était de 70 à 75 %, dont 65 % chez les jeunes. L’organisme a aussi fait remarquer que la plupart des emplois dans la réserve des Premières Nations de Matawa sont des emplois d’été payés au salaire minimum.

Dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, la Joint Economic Development Initiative a noté que les jeunes Canadiens autochtones vivent souvent dans des communautés frappées par un chômage chronique. Dans le mémoire qu’elle a transmis au Comité, l’Association des collèges communautaires du Canada a souligné que 400 000 Canadiens autochtones atteindront l’âge de travailler au cours de la prochaine décennie.

La Merit Contractors Association s’est dite préoccupée du fait que les jeunes Canadiens autochtones ne possèdent pas les prérequis scolaires pour s’inscrire à des programmes d’apprentissage; ce manque de connaissances a pour effet de réduire l’efficacité des initiatives visant à accroître le nombre de jeunes travailleurs autochtones dans le secteur de la construction.

Enfin, dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, la Confédération des syndicats nationaux a affirmé que les jeunes participant au Programme Connexion compétences ne reçoivent aucun soutien.

2. Qualifications des personnes handicapées

L’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire a parlé au Comité d’un rapport fédéral de 2013 intitulé Repenser l’incapacité dans le secteur privé, qui révèle que près de la moitié de toutes les personnes handicapées sans emploi possèdent un diplôme d’études postsecondaires. À propos des jeunes handicapés, elle a indiqué qu’en 2011, le taux d’emploi chez les jeunes handicapés de 16 à 24 ans était de 45,7 %, alors qu’il était de 56 % chez les jeunes de ce même groupe d’âge ne souffrant d’aucun handicap.

En ce qui concerne les facteurs pouvant contribuer au faible taux d’emploi chez les jeunes et les diplômés handicapés, l’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire a affirmé que les personnes handicapées qui reçoivent des prestations gouvernementales peuvent préférer ne pas travailler, car elles risquent de voir leurs prestations réduites si elles touchent un revenu d’emploi. Elle a ajouté que les employeurs ne donnent pas nécessairement des emplois appropriés aux personnes handicapées, car ils les considèrent comme des employés moins productifs.

3. Emplois et jeunes francophones

La Fédération de la jeunesse canadienne-française a informé le Comité au sujet du petit nombre d’emplois unilingues francophones disponibles dans les communautés canadiennes où le français est parlé par une minorité de la population, ainsi que des difficultés qu’éprouvent les organismes communautaires francophones à recruter des travailleurs formés et qualifiés. Elle a ajouté que les localités francophones rurales subissent un exode des jeunes francophones, qui quittent leur communauté pour aller poursuivre leurs études postsecondaires en zone urbaine.

H. Points de vue des témoins concernant les solutions aux problèmes d’emplois de groupes particuliers de jeunes

Les témoins ont proposé un certain nombre de solutions qui, selon eux, pourraient améliorer les perspectives et les conditions d’emploi des jeunes Canadiens autochtones, des jeunes handicapés et des jeunes francophones qui résident dans des collectivités de langue française minoritaire.

1. Formation des jeunes Canadiens autochtones

Les témoins ont indiqué au Comité que des investissements supplémentaires dans l’éducation et le développement des compétences des Autochtones pourraient être une solution au problème de chômage qui afflige les jeunes Canadiens autochtones. L’Assemblée des Premières Nations a laissé entendre que la Stratégie pour la formation, l’emploi et les compétences des Autochtones devait être renouvelée afin de répondre à la demande grandissante d’acquisition de nouvelles compétences émanant des jeunes des Premières Nations. De plus, dans le mémoire qu’ils ont présenté au Comité, les Battlefords Agency Tribal Chiefs ont parlé de programmes permettant d’évaluer les aptitudes des candidats dans le but de leur fournir une formation et des services d’emplois adaptés. Toujours dans ce mémoire, ils ont demandé du financement à long terme pour la formation et le soutien des jeunes de 18 à 24 ans à faible revenu qui ne reçoivent aucune aide.

Dans le mémoire qu’elle a soumis au Comité, la Joint Economic Development Initiative a demandé une aide fédérale continue à l’appui des occasions de stage et de mentorat et l’application du Programme des compétences essentielles au travail; elle a également préconisé des changements au programme pour favoriser la collaboration avec les partenaires. En ce qui concerne de nouveaux programmes, elle a proposé dans son mémoire que le gouvernement fédéral consulte les partenaires autochtones, le secteur privé et les gouvernements provinciaux et qu’il collabore avec eux afin de déterminer les besoins actuels et les solutions en matière de main-d’œuvre; elle a aussi demandé que le gouvernement fédéral appuie les organismes à but non lucratif pour qu’ils soient en mesure d’offrir des solutions à leurs clients.

2. Intégration des jeunes handicapés sur le marché du travail

S’exprimant devant le Comité au sujet de la nécessité d’aider les jeunes handicapés dans leur transition du monde des études vers celui du travail, l’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire a demandé des investissements destinés tout spécialement à aider les jeunes handicapés de 18 à 30 ans dans leur passage de l’école à la vie active. Dans le mémoire qu’il a remis au Comité, l’organisme la Marche des dix sous du Canada a proposé la mise en place d’un programme communautaire de transition vers l’emploi qui permettrait d’acquérir des aptitudes à la vie et des compétences professionnelles connexes; les personnes handicapées disposeraient d’un plan de transition professionnelle pouvant être partagé avec des fournisseurs d’aide à l’emploi aux adultes. Dans le mémoire qu’elle a déposé devant le Comité, la Société Neil Squire a demandé que l’on assure le financement d’emplois rémunérés pour les personnes handicapées dès l’école secondaire, après l’école secondaire et après les études postsecondaires, de manière à leur permettre d’acquérir une expérience professionnelle.

Les témoins ont souligné le fait que les mesures de soutien aux handicapés aident ces personnes à trouver un emploi et à le garder. Dans son mémoire au Comité, la Société Neil Squire s’est prononcée en faveur de mesures de soutien à l’emploi additionnelles pour les personnes handicapées, tandis qu’Avantage Carrière a appelé les employeurs à déployer des efforts supplémentaires pour répondre aux besoins des employés ayant des limitations fonctionnelles.

Enfin, l’Association nationale des étudiant(e)s handicapé(e)s au niveau postsecondaire a demandé que le programme Connexion compétences soit renforcé pour aider les jeunes handicapés, et que les gouvernements fédéral et provinciaux ainsi que les administrations municipales favorisent l’embauche, la rétention et la promotion de personnes handicapées dans toutes les sphères de l’économie canadienne.

3. Organismes francophones et admissibilité aux programmes gouvernementaux

La Fédération de la jeunesse canadienne-française a déclaré devant le Comité que certains programmes d’emploi fédéraux restreignent la participation aux employeurs du secteur privé qui ne reçoivent pas de fonds publics, et elle a pressé le gouvernement fédéral d’étendre l’admissibilité à des employeurs comme les organismes communautaires dans les communautés francophones en situation minoritaire.