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Monsieur le Président, c'est avec plaisir et conviction que je reprends la parole sur le projet de loi .
L'environnement et le travail sont encore traités dans des accords parallèles. Ces accords parallèles cherchent toujours à atteindre le minimum fixé par le pays avec qui on fait affaire au lieu de faire la promotion de l'environnement et des droits et lois du travail dans les pays concernés. Dans chaque accord de libre-échange, il y a également toujours une partie touchant l'investissement. On est d'accord pour qu'il y ait un minimum de protection de l'investissement à l'étranger et pour que ce soit bien encadré. Toutefois, une limite doit être imposée quant aux pouvoirs qu'on donne, comme le fait, à titre d'exemple, le chapitre 11 dans l'ALENA.
Nous sommes à l'ère de l'innovation. Il nous faut être innovateur non seulement en sciences, en sciences sociales et en commerce, mais également dans la façon de faire des accords de libre-échange. On parle précisément ici d'accords bilatéraux. Il faut donc faire preuve d'innovation et faire la promotion du droit environnemental, du droit des travailleurs et, dans certains pays, des droits de la personne.
Cette innovation pourrait commencer aujourd'hui, dans le cas de l'accord de libre-échange entre le Canada et la république du Pérou, si on disait simplement au gouvernement de retourner faire ses devoirs. Il faut que le gouvernement recommence ses devoirs et innove sur le plan des accords de libre-échange bilatéraux, comme c'est le cas ici.
J'ouvre une parenthèse. On sait que le Bloc québécois suggère fortement de faire des accords multilatéraux. En effet, il faut préciser que dans ce type d'accord, il y a les mêmes règles pour tous. Même l'OMC devra aussi faire la promotion de la protection des droits de la personne, des droits du travail et des droits environnementaux. Je referme la parenthèse.
On parle de libéralisation du commerce. Un auteur états-unien disait qu'une augmentation de 1 p. 100 de l'indice de liberté de commerce participerait possiblement et même sûrement à l'augmentation des échanges commerciaux. C'est pour cette raison qu'on assiste à la course effrénée de tous les pays aux accords avec d'autres pays pour libéraliser le commerce. Toutefois, il ne faut jamais perdre de vue que liberté doit aussi rimer avec responsabilité. Lorsqu'on fait un accord avec un autre pays, on doit être responsable des gestes qu'on pose ainsi que des décisions et des ententes qu'on fait. Elles peuvent créer une multitude d'inconvénients pour des gens qui sont souvent dans des pays émergents et qui veulent améliorer leur situation.
On voit cette responsabilité encore, entre autres, dans le secteur minier. Présentement, les compagnies minières du Canada qui vont à l'étranger créent des dommages, des déplacements de population, des dommages environnementaux. Elles ne sont responsables qu'en vertu des lois environnementales qui existent dans les autres pays. Cet accord ne fait pas la promotion de droits environnementaux suffisamment dynamiques pour s'assurer de la responsabilité de nos compagnies minières. Cette responsabilité est, à toute fin pratique, volontaire. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'un nombre important de compagnies minières de partout au monde s'incorporent au Canada qui ne les rend pas responsables de leurs gestes à l'étranger.
Elles peuvent donc épargner des sommes d'argent importantes. Par contre, elles créent aussi des catastrophes pour lesquelles elles devraient être responsables. D'ailleurs, si le temps me le permet, je reviendrai sur le sujet des mines.
Contrairement à des discours que l'on a souvent eu l'occasion d'entendre, je voudrais revenir sur des témoignages entendus lors d'une rencontre du Comité permanent du commerce international. Ces témoignages ont été entendus bien après la signature de l'accord et bien après que les partis se soient prononcés sur l'orientation qu'ils prendront par rapport à ce projet de loi.
J'ai des notes au sujet de plusieurs témoins, mais pas tous car je pourrais y passer la journée entière. Il y a quand même des choses qui ont été dites en comité et que, malheureusement, la majorité des députés libéraux et des députés conservateurs n'ont pu entendre. Ce serait peut-être une bonne chose de leur dire que c'est l'occasion rêvée pour que cet accord devienne un modèle d'accord que le Canada pourrait signer à l'avenir. Nous sommes contre cet accord et nous espérons être appuyés par la majorité des députés de cette Chambre, pour faire en sorte d'innover. Bien que nous préférerions des accords multilatéraux, lorsque l'on fait des accords bilatéraux, il faut les faire de la meilleure façon possible.
À titre d'exemple, je citerai un témoin que nous avons reçu en comité le 7 mai. Nous avons reçu le président de la Fédération canadienne de l'agriculture, la plus grande association agricole du Canada puisqu'elle compte près de 200 000 producteurs. Au Québec, il y a une expression consacrée qui a d'ailleurs été utilisée par le témoin au début de son témoignage. Il a dit: « Cette entente, ce n'est pas le Pérou. » Par contre, elle est conclue avec le Pérou. Cela veut dire que ce n'est pas une entente parfaite, ce n'est pas une panacée à l'ensemble des problèmes commerciaux ou des irritants commerciaux qui existent à l'heure actuelle.
Le président disait que ce n'est évidemment pas parfait, voire même loin de l'être. Mais pour lui et ses producteurs, il faudrait quand même le mettre de l'avant le plus rapidement possible. Il critiquait aussi les négociateurs. Personnellement, je ferais une nuance. Il y a des négociateurs qui négocient. Bien souvent, les négociateurs négocient ce que le gouvernement leur demande de bien vouloir négocier. Les négociateurs mettent l'emphase sur des éléments choisis par le gouvernement. Les négociateurs négocient aussi en oubliant certains éléments, parce que le gouvernement leur demande de les oublier. Le gouvernement demande aux négociateurs de signer, coûte que coûte, pratiquement n'importe quelle condition favorable ou non aux populations, aux entrepreneurs et aux commerçants. Il critiquait les négociateurs parce que, selon lui, si on compare cet accord avec celui qui a été signé avec les États-Unis, il y avait une réduction beaucoup plus rapide aux États-Unis qu'au Canada. Les quotas étaient aussi beaucoup plus grands et il n'y avait pas de clause de la nation la plus favorisée. Il mentionnait que des secteurs étaient plus gagnants — les céréales, le blé, l'orge et les pois. Bien sûr, il y avait aussi des perdants. On n'a jamais eu, de la part du gouvernement ou des négociateurs, une étude d'impacts. Selon eux, plusieurs peuvent gagner et d'autres peuvent perdre. Toutefois, on ne nous a jamais donné une étude d'impacts et les prévisions de ces impacts, pas seulement pour les affaires des gens qui exportent ou pour le bénéfice de certains qui importent, mais pour l'ensemble des travailleurs et des travailleuses du Québec et du Canada.
Des études d'impact nous permettraient de savoir ce qui arrivera dans telle industrie ou dans tel secteur de l'industrie, et de savoir quels seront les gains et quelles seront les pertes. Il faudrait aussi se demander ce qu'on priorise et pourquoi, Nous n'avons donc jamais eu d'études d'impact pour les accords de libre-échange. Il ne s'agit pas de demander qu'on lise dans une boule de cristal. D'ailleurs, il est évident que beaucoup n'ont pas de boule de cristal. Je me souviens d'un gouvernement qui, il y a seulement quelques semaines ou quelques mois, à partir d'un déficit zéro a créé un déficit de 50 milliards de dollars. C'est évident qu'on n'a pas réellement besoin d'une telle boule de cristal.
Il y a différents autres produits, mais je ne les nommerai pas.
Évidemment, le président de la Fédération canadienne de l'agriculture était conscient des faiblesses par rapport aux lois du travail et à l'environnement. Il prétend toujours que, pour ces agriculteurs, bien qu'ils n'aient pas le même traitement que ceux des États-Unis et que l'avancement ne soit pas rapide, on devrait le signer. Là non plus, on n'a pas fait d'étude d'impact sur les producteurs et les agriculteurs, ni sur la population pour qui on doit favoriser une certaine amélioration de la qualité de vie. À titre d'exemple, pour démontrer la différence, d'ici cinq ans le tarif des États-Unis sera éliminé sur certains produits, dont le porc. Par contre, au Canada cela prendra 17 ans. Il y a donc un écart assez important de ce côté.
Le président de la fédération nous disait aussi qu'elle était d'accord pour fonctionner de façon multilatérale. Cela dit, il répétait toujours que les négociateurs devaient s'ajuster mais que surtout, par ricochet, le gouvernement devait s'ajuster.
Nous avons reçu d'autres témoins, dont la Commission canadienne du blé. Il est évident que le secteur du blé est parmi les plus grands gagnants.
J'ai parlé du porc. Je veux démontrer l'importance relative de cette entente pour le porc canadien à l'échelle internationale, par exemple. M. Jacques Pomerleau, directeur général, nous disait:
Sachant que nous n'obtiendrions jamais un traitement similaire à celui des Américains, nos négociateurs ont fait preuve de beaucoup d'imagination pour nous permettre d'obtenir quand même un certain avantage. Ils ont accepté une période plus longue pour l'élimination des tarifs douaniers, 17 ans au lieu de 10, mais ils ont par contre réussi à nous obtenir un contingent libre de tarif qui permettra à nos entreprises de mieux se positionner dès le départ, ce que les Américains n'ont pas obtenu. [...] Il nous faut admettre que ce contingent de 325 tonnes, qui passera progressivement à 504 tonnes au bout de 10 ans, est relativement petit pour une industrie qui exporte plus d'un million de tonnes par année.
Il y a donc de petites aberrations comme cela, il faut le souligner. Il y a évidemment des personnes qui y sont vraiment favorables, comme par exemple la Chambre de commerce du Canada. En fin de compte, la seule raison est que l'on ne doit pas être dépassés par les autres pays qui peuvent signer un accord de libre-échange, avec le Pérou entre autres. C'est la même chose pour d'autres accords. Étant donné que la Colombie et les États-Unis préparaient un accord qui n'a pas été entériné par le Congrès, le Canada s'est engagé dans une course effrénée. Il fallait absolument qu'il signe un accord et qu'il le mette en oeuvre avant les États-Unis. C'était capital pour lui, même si cela devait se faire au détriment de la Colombie ou des droits de la personne. Mondialement, il s'agissait donc d'une course effrénée. Les entreprises de tous les pays essaient de se mondialiser et nous essayons aussi. Chaque pays de cette planète aura bientôt des accords de libre-échange bilatéraux avec les 199 autres pays. Évidemment, il se créera des écarts et des différences. Pourquoi ne pas mettre nos énergies principalement sur les accords multilatéraux? Selon moi, ce serait la façon la plus sensée d'opérer.
Je vous parlais tout à l'heure des droits environnementaux. L'Association canadienne du droit de l'environnement témoignait lors des travaux d'un comité, le 26 mai dernier. Mme McClenaghan, la directrice exécutive et conseillère juridique de cette association, déplorait que les investisseurs aient accès aux États. Elle disait que c'était un problème majeur. Principalement quand on parle d'investisseurs, on doit bien sûr se rapporter à l'entente sur les investissements qui calque le modèle du chapitre 11 de l'ALENA où les investisseurs ont accès à l'État, ce qui pourrait être problématique. On sait que les investisseurs peuvent poursuivre les pays pour différentes raisons, sous le grand titre de l'expropriation qui compte deux éléments. Il y a l'expropriation directe, soit la vraie définition de l'expropriation, et l'expropriation indirecte qui, peu importe ce qui se passe, est reliée à la perte de bénéfices anticipés par une entreprise.
À titre d'exemple d'accord de libre-échange, Mme McClenaghan citait l'entente entre l'Australie et les États-Unis dans laquelle aucun investisseur n'avait accès à l'État. Il s'agissait aussi d'un modèle de protection sociale et environnementale. Sur les plans du droit du travail et de la sécurité et de la santé au travail, les entreprises canadiennes exploitent dans un autre pays où le respect des droits est très faible.
Je me dois très rapidement de revenir sur le sujet des mines. À propos des mines et de la responsabilité des entreprises, nous avons la motion M-283, déposée par le député libéral de , et le projet de loi du député de . Le Bloc québécois est d'accord avec ces deux projets — la motion et le projet de loi — car ils tendent à vouloir responsabiliser les entreprises minières dans des pays comme le Pérou et la Colombie. Si les libéraux sont conséquents avec leur projet de loi et leur motion, ils devront aussi, pour cette raison, voter contre la . Je fais donc appel aux députés libéraux, dont ceux du Québec, et à l'ensemble des députés pour voter contre cette loi de mise en oeuvre.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole ce matin pour exprimer mon opposition au projet de loi .
Une des choses qu'on m'a rappelée ce matin est que, durant la première partie des années 1980, nous avons négocié un accord de libre-échange avec les États-Unis. Je me rappelle qu'un certain député conservateur avait comparé le libre-échange à un éléphant qui partageait notre lit; si jamais l'éléphant se retournait, nous serions en difficulté.
Le débat s'est poursuivi et, en fin de compte, l'accord de libre-échange a été signé. L'éléphant s'est alors retourné et, de 1988 à 1990, 524 000 emplois dans le secteur manufacturier ont disparu au Canada. Nous avons ensuite conclu l'ALENA, un progrès selon certains, dont on ressent encore les répercussions.
Dans le cadre de l'accord qui est proposé aujourd'hui, je vois que, pour changer, nous serions un partenaire en quelque sorte dominant. Or, avec ce statut vient une responsabilité. En tant que pays, nous aurions pu montrer au Pérou l'exemple en matière d'environnement et de respect des droits de la personne. Nous savons que nombre des pays latino-américains ont d'énormes lacunes au chapitre du respect des droits de la personne. Leur bilan à cet égard est désastreux.
Le projet porte mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la République du Pérou, de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et la République du Pérou et de l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la République du Pérou. En ce qui concerne la coopération dans le domaine du travail, nous avons eu l'occasion de rehausser les normes du travail dans ce pays en définissant celles qui auraient dû figurer dans l'accord.
Aucun député ne contestera la nécessité du commerce. Nous comprenons tous que le Canada est un pays commerçant. Depuis des générations, le Canada joue un rôle de premier plan en matière de droits de la personne dans le monde entier, ce qui lui vaut estime et respect. Nous sommes cependant en train de manquer une occasion. Nous avions également une occasion de faire avancer ces normes dans les négociations sur l'accord de libre-échange avec la Colombie. Comme nous le savons, la Colombie affiche le pire bilan de la planète en matière de droits de la personne. Certains diront probablement avec sincérité qu'en commerçant et en concluant des accords avec la Colombie, le Pérou et d'autres pays, nous parviendrons à améliorer leur situation dans le domaine des droits de la personne. Personnellement, je crois que nous aurions dû insister sur la question des droits de la personne avant même d'entreprendre les négociations.
Les députés se rappelleront peut-être de ce rapport qui a été préparé sur la responsabilité sociale des entreprises. En fait, je crois que le député de en a parlé dans son intervention. Eh bien, la Chambre n'a jamais été saisie du rapport en question. Il a été renvoyé au gouvernement il y a eu un an en novembre dernier. Ce rapport parlait de certaines situations impliquant, en particulier, des entreprises canadiennes faisant des affaires en Amérique du Sud et dans d'autres pays.
Dans nos collectivités, on se demande pourquoi ce rapport n'a jamais été déposé à la Chambre. Pourquoi ce document n'a-t-il jamais été présenté? Les ONG, la société civile et d'autres intervenants de l'ensemble du Canada ont collaboré à son élaboration. Je pense qu'il est maintenant clair que le gouvernement ne voulait simplement pas que le rapport sur la responsabilité sociale des entreprises soit déposé parce qu'il aurait eu une incidence directe sur ces deux accords.
De temps en temps, des invités d'autres pays nous visitent dans nos bureaux. La semaine dernière, une jeune Colombienne, Yessika Morales, nous a justement rendu visite. Son père a été abattu par les paramilitaires en 2001. Elle est venue nous faire part de ses inquiétudes à l'égard de cet accord commercial avec la Colombie.
Ils ont très peur dans cette partie du monde. Je ne voudrais pas laisser entendre que les compagnies canadiennes sont complices, mais c'est ce qui se produit en Amérique du Sud lorsqu'une société étrangère se comporte comme le roi Henry lorsqu'il a dit « Quelqu'un finira-t-il par me débarrasser de ce moine? » et que Thomas Becket est mort. De la même façon, si l'exécutif d'une société minière ou autre entreprise devait laisser entendre qu'un dirigeant syndical cause des problèmes, ce dernier disparaîtrait bien rapidement.
La Colombie en est un bon exemple. Depuis 1986, 2 690 syndicalistes sont morts. Certains demanderont comment je peux faire un tel lien puisque, pendant la même période, environ 17 000 personnes sont mortes. Amnistie Internationale, Human Rights Watch et d'autres organismes ont documenté ces cas.
Grâce à cette position prédominante dont j'ai parlé, nous avions la chance de prendre notre place à titre de chef de file international en matière de droits de la personne, de maintenir cette position et de venir en aide à des pays comme le Pérou, mais nous ne l'avons pas fait.
Encore une fois, dans la présente entente, les droits des travailleurs et les préoccupations d'ordre environnemental font seulement l'objet d'accords parallèles. J'ai un passé syndical et j'ai déjà participé à des négociations entre Bell Canada et son syndicat, dont je faisais partie. Au cours des négociations tenues en 1988 et à nouveau en 1990, nous avons présenté notre liste de propositions à l'employeur et ce dernier a présenté la sienne. Fait intéressant, nos propositions étaient considérées comme des exigences, alors que les leurs étaient considérées comme des propositions, mais c'est autre chose. À un certain moment au cours des négociations, nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne pouvions pas en arriver à une entente. Nous devions cependant obtenir quelque chose. L'employeur a alors rédigé une lettre d'intention.
C'était mieux que rien. Toutefois, lorsque la convention collective a été signée, nous avons repris le travail et estimant que les droits des travailleurs étaient lésés, nous avons communiqué avec le syndicat afin de déposer un grief. Les chefs syndicaux ont dit qu'ils étaient désolés, mais que c'était impossible parce que la lettre d'intention n'avait pas un caractère contraignant.
Ces accords parallèles sont exactement comme cette lettre d'intention. C'est une manière de ne pas dire que nous n'avons aucun moyen ferme et durable de protéger l'environnement au Pérou, ou de protéger les droits des travailleurs, ou même la vie des travailleurs, dans bien des cas. C'est très troublant d'étudier ce type d'entente.
Je concède un certain mérite au gouvernement parce que l'accord est meilleur que ceux qui ont été signés avec l'administration Bush. Nous constaterions probablement que certains d'entre eux ont été très malmenés au Congrès des États-Unis, mais celui-ci est un peu mieux. Pourtant, il ne fait pas ce qu'il faut pour protéger les travailleurs de ce pays. Si nous dévalorisons ou diminuons les droits d'une nation, ce sont les droits de toutes les nations du monde qui s'en trouvent dévalorisés ou diminués.
Dans l'étude de cet accord, il ne faut pas oublier qui bénéficiera d'un accord de libre-échange de cette nature. Je donne l'exemple d'une société, la Banque de Nouvelle-Écosse, qui augmentera ses investissements au Pérou. Je suis sûr que des investissements seront faits dans les deux sens, et c'est avantageux pour les pays en cause.
Je signale que, au départ, le Pérou n'est pas un partenaire commercial important. Nos échanges de marchandises, dans les deux sens, n'ont représenté que 2,8 milliards de dollars en 2008, et les importations du Canada s'élevaient à plus de 2 milliards. En outre, la moitié de cette somme était le fait de sociétés canadiennes d'exploitation aurifère installées au Pérou.
Je reviens un instant sur la question de la responsabilité sociale des entreprises. Cela fait ressortir l'importance d'établir un cadre des responsabilités des entreprises canadiennes qui vont s'installer dans un pays comme le Pérou, que nous ayons ou non un accord commercial avec ce pays.
Les négociations en vue de cet accord commercial ont commencé il y a longtemps, en 2002, sous le gouvernement libéral de M. Chrétien. Tout d'abord, ce gouvernement a discuté avec le Pérou, la Colombie, l'Équateur et la Bolivie. En 2007, notre ministre du Commerce a amorcé des pourparlers officiels avec le Pérou, et le gouvernement a signé l'accord en mai 2008.
Il y a de par le monde des gens qui critiquent les accords commerciaux et autres initiatives commerciales. Mary Tharin, du COHA, le conseil des affaires hémisphériques, parlant de l'accord de libre-échange conclu entre les États-Unis et le Pérou a suggéré que l'accord a fourni au président du Pérou une excuse pour commencer à abolir les droits dans le domaine du travail et la réglementation environnementale en vigueur au Pérou.
À mon avis, la bonne nouvelle est que, depuis que le président a pris cette orientation, sa cote a baissé ou est devenue quasiment négative. Néanmoins, il n'est pas question d'un pays démocratique comme le Canada lorsque nous discutons de l'incidence que cela aurait sur lui et de la façon dont cela pourrait l'inciter à ne pas poursuivre l'abolition de ces droits.
Comme je l'ai dit, en 2007, il y a eu un important débat aux États-Unis. Le gouvernement a fait des compromis et a conclu un accord de libre-échange avec le Pérou, lequel visait à réduire substantiellement les droits de douane sur les importations et les exportations. En théorie, l'objectif était de mettre un terme au protectionnisme dans les deux pays.
Le gouvernement nous dit que le Canada ne peut pas se doter d'une stratégie d'achat au Canada en cette période de difficultés économiques, parce que ce serait une mesure protectionniste. Comme l'a dit plus tôt le député de Winnipeg-Centre, en 1927, les États-Unis ont adopté une mesure protectionniste, si on veut l'appeler ainsi, mais c'était une politique d'achat aux États-Unis en vertu de laquelle les administrations municipales et les États, lorsqu'ils dépensaient l'argent des contribuables pour passer des marchés, devaient — Dieu nous en préserve — acheter des produits américains, ce qui, à mon avis, est précisément ce que nous devrions faire au Canada.
Aux États-Unis, l'approbation de cet accord de libre-échange a été retardée par le Sénat et par la Chambre des représentants à cause de certaines préoccupations émanant principalement des démocrates du Congrès à l'égard des normes péruviennes en matière d'environnement et de travail. Il a fallu un bon moment pour résoudre la question.
En dépit des conditions de l'accord de libre-échange qui interdisent d'abaisser les normes du travail, certains décrets récents du président Garcia ont précarisé la situation des fonctionnaires du pays. En mai, la Confédération des employés de l'État en est arrivée, en désespoir de cause, à organiser une grève.
Le grand problème, c'est que ces accords visent des échange à tout prix. Il faudrait réfléchir un moment à cet aspect de la question. J'ai effectivement dit, dans mes observations liminaires, que le commerce est important et que nous en reconnaissons tous la nécessité, mais en tant que pays, le Canada a toujours adopté des positions fondées sur des principes, il a toujours défendu les droits de la personne et les valeurs nécessaires pour maintenir un pays sain.
Demain, un groupe de syndicats et des militants syndicaux tiendront une manifestation à l'extérieur de cette enceinte. L'anniversaire du jour J, le 6 juin, approche à grands pas et nous rappelle comment les anciens combattants ont lutté contre l'Allemagne nazie pour défendre les libertés des Canadiens, notamment le droit de manifester à l'extérieur de cette enceinte.
Le Canada s'emploie toujours vigoureusement à assurer la protection des droits des citoyens à l'étranger comme sur son propre territoire et il fait de l'excellent travail à cet égard. Cependant, lorsqu'il est question d'accords avec des pays dont le bilan est douteux au chapitre des droits de la personne et de l'environnement et que, en tant que partenaire dominant dans ces négociations commerciales, nous n'améliorons pas la situation en matière d'environnement, de réglementation environnementale et de droits du travail, nous manquons à notre devoir.
Je suis vraiment inquiet de voir que dans les deux accords en question, notamment avec le Pérou et plus particulièrement avec la Colombie, le gouvernement du Canada a failli à la tâche. Dans le cas de l'accord Canada-Colombie, j'ai vraiment honte du fait que nous ayons même accepté de négocier avec un gouvernement qui est à ce point mêlé au narcotrafic.
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Monsieur le Président, c'est avec intérêt mais aussi avec une grande préoccupation que je participe aujourd'hui à ce débat sur le projet de loi .
Lorsqu'on analyse le débat autour de cet accord de libre-échange avec le Pérou, on s'aperçoit que peu de choses sont spécifiques au cas particulier de ce pays d'Amérique latine. Autrement dit, cet accord s'intègre à la politique commerciale que le gouvernement fédéral poursuit depuis quelques années dans les Amériques. En ce sens, certaines critiques que je vais développer aujourd'hui dans ce discours seront parfois similaires aux critiques que je pourrais formuler sur l'accord avec la Colombie que nous avons vu récemment.
Dans les deux cas, le gouvernement conservateur a présenté au Parlement des ententes déjà conclues et négociées avant même que le Parlement n'ait eu la possibilité de l'étudier et de présenter des recommandations ou encore des amendements. C'est une honte. Moi-même, j'ai participé à une mission en Colombie en compagnie du député de . Nous avons rencontré des syndicats, des groupes communautaires, des groupes populaires, des dirigeants d'entreprises, etc., qui nous ont fait beaucoup de remarques et de commentaires importants. Si le gouvernement avait vraiment pris le temps d'analyser cet accord et le rapport produit par le Comité permanent du commerce international, je ne suis pas sûr que cet accord serait aujourd'hui devant cette Chambre.
Le 28 janvier 2008 le gouvernement fédéral annonçait la conclusion d'un accord de libre-échange avec le Pérou, plaçant les parlementaires encore une fois devant le fait accompli. En tant que représentants du peuple, des gens du Québec et de l'ensemble du Canada, nous ne pouvons pas accepter cette marque de mépris, cette négligence envers la démocratie qu'exerce le Parti conservateur lorsqu'il nous présente ce type d'accord déjà signé sans aucun débat de fond.
Ce mépris envers les institutions n'est sûrement pas la meilleure façon, selon moi, de servir la démocratie. Je déplore le fait que les libéraux cautionnent cette démarche des conservateurs. Ils veulent prendre la tête du gouvernement lors des prochaines élections, alors ils devraient savoir qu'on ne peut pas accepter ce type de situation.
Cela dit, si le Bloc québécois s'oppose fermement à ce projet de loi de mise en oeuvre, c'est parce que celui-ci ne répond pas à un certain nombre de critères et objectifs qui doivent, selon lui, être atteints avant de conclure des accords de libre-échange, particulièrement avec des pays en développement.
En tant que parlementaires et au nom de la solidarité internationale, nous avons la responsabilité de dénoncer des accords bilatéraux de libre-échange allant à l'encontre des droits des travailleurs, de l'environnement et même de la capacité de certains États à maintenir leur souveraineté. Nous l'avons fait dans le cas du projet de loi de mise en oeuvre de l'accord de libre-échange avec la Colombie, comme je le disais, et nous le faisons encore aujourd'hui.
Il n'y a pas si longtemps, je lisais un grand auteur américain, Joseph Stiglitz, qui indiquait le problème des accords bilatéraux: souvent, des pays un peu plus puissants en exploitent d'autres. Cette situation peut être moins présente dans le cas d'accords multilatéraux.
C'est là le danger de ces accords. Souvent, cela se retourne contre nous. Si, lors des négociations, le Canada ne respecte pas les droits des travailleurs de l'extérieur, des pays en développement, il se trouve bien souvent à exploiter les gens dans des conditions très difficiles. Les compagnies ne respectent pas toujours l'environnement. Elles s'expatrient dans ces pays et nous coupent des emplois parce qu'il leur est plus facile d'exercer leurs activités économiques en ne respectant pas certaines conditions sociales, certaines conditions de travail et l'environnement.
Le Bloc québécois a toujours maintenu le principe voulant que le commerce entre les peuples peut contribuer à l'enrichissement socio-économique. Mais pour que tel soit le cas, les accords commerciaux doivent également contenir des mesures qui assurent le développement durable, le respect de l'environnement et l'épanouissement des populations concernées. Cela est particulièrement vrai lorsque ces accords bilatéraux concernent un pays développé avec un pays en voie de développement, comme celui avec le Pérou.
Or, il y a dans l'accord de libre-échange avec le Pérou une clause de protection des investissements, calquée sur le chapitre 11 de l'ALENA, qui permettra aux entreprises de poursuivre les gouvernements. La présence d'un chapitre sur la protection des investissements pourrait constituer un frein au développement social et économique du Pérou. Ainsi, toute loi qui empêche un investisseur de jouir pleinement de son investissement risque d'entraîner une poursuite et une compensation. On donne finalement le gros bout du bâton à l'investisseur étranger qui déterminera les politiques sociales, économiques, culturelles et environnementales du pays qui reçoit l'investisseur étranger. Ce n'est pas normal.
Pensons à une loi sur l'environnement qui empêcherait un pollueur de jouir de son investissement polluant comme dans le cas du secteur minier. La loi ne serait pas invalidée parce qu'une disposition environnementale permettrait de la maintenir, mais elle pourrait être considérée comme nécessitant une compensation. De plus, l'accord fait grimper le montant de la compensation à verser. En effet, la compensation en cas d'expropriation équivaut non seulement à la valeur de l'investissement, c'est-à-dire au montant initial qui a effectivement été investi, mais aussi au total des revenus que l'entrepreneur espérait tirer de son investissement.
Autrement dit, dans ce chapitre 11, la compensation s'étend également à la notion de perte de profit. C'est honteux. Ce type d'accords n'a plus de limite. Ce gouvernement semble vouloir favoriser l'implantation de ces accords au détriment d'accords multilatéraux. On ouvre ainsi la porte à des poursuites dont les montants seraient tellement élevés qu'ils auraient pour effet de dissuader les législateurs d'adopter quelque loi que ce soit si elle a pour effet de déplaire aux entreprises multinationales présentes sur leur territoire.
Étant donné la situation de vulnérabilité plus grande de l'économie péruvienne, c'est d'abord celle-ci qui risque de subir les conséquences de la présence d'une clause de protection des investissements. Au Canada, un pays développé, l'effet sera moindre, d'autant plus qu'il n'y a pas vraiment d'investissements péruviens ici. Au Pérou, c'est évidemment très différent. Par exemple, toute loi environnementale adoptée par le parlement péruvien pourra être contestée par une multinationale canadienne pouvant légitimement argumenter qu'elle l'empêche de jouir de son bien.
Quand on sait que les investissements canadiens au Pérou se retrouvent majoritairement dans le secteur minier, un grand pollueur, il y a lieu de s'inquiéter. En effet, le potentiel minier du Pérou est important et plus de 80 compagnies minières canadiennes y sont présentes. Le Canada est le premier investisseur sur le plan minier au Pérou. Étant donné la feuille de route peu reluisante des compagnies minières et le manque total de volonté du gouvernement canadien à réglementer leurs agissements, leur donner une protection des investissements supplémentaire sous la forme d'un nouveau chapitre 11 n'est certainement pas la meilleure chose à faire pour améliorer les conditions sociales, environnementales et économiques des travailleurs au Pérou. Dans , je ne vois pas non plus l'impact de cet investissement sur l'économie de notre territoire ni de l'ensemble du Québec.
En somme, nous craignons que les mesures de protection des investissements accordent une protection disproportionnée aux investisseurs canadiens par opposition aux populations locales et de l'environnement. Évidemment, le Pérou peut adopter des lois et des règlements régissant les activités des sociétés minières.
Le danger réside toutefois dans le fait que l'État péruvien n'ait pas les ressources ni l'infrastructure nécessaires pour assurer une surveillance appropriée sur son territoire quant aux activités de ces sociétés.
Le Bloc québécois s'oppose à cet accord. Il ne s'oppose pas à la protection des investissements de nos entreprises à l'étranger, mais cela ne doit pas se faire au détriment des droits et des besoins des populations locales. Puisque l'intérêt premier du Canada touche les investissements dans le secteur minier, le Bloc québécois estime qu'il faut mettre sur pied une véritable politique de responsabilisation des compagnies minières canadiennes. Je ne parle pas d'une politique déguisée, comme une motion que les libéraux nous ont présentée en Chambre, il n'y a pas si longtemps. Ils nous ont fait un discours sur toute la question de la responsabilité sociale des entreprises à l'étranger et ils votent en faveur de tels accords avec le Pérou ou la Colombie. Il faut une vraie politique de responsabilité sociale, adoptée ici, en Chambre, une politique agressive qui fasse en sorte que lorsqu'on signe ces accords bilatéraux — avec lesquels nous sommes plutôt en désaccord, étant davantage favorables aux accords multilatéraux —, au moins le chapitre 11 ne s'applique pas.
Dès 2007, et ceci en accord avec le Rapport du groupe consultatif sur les Tables rondes nationales, le Bloc québécois a demandé au gouvernement fédéral l'adoption de normes obligatoires et de mesures de reddition de comptes en ce qui a trait aux activités des sociétés minières à l'étranger. Cela fait longtemps que le dossier perdure. Ces mesures devraient être accompagnées de dispositions punitives pour les sociétés fautives, en retirant, par exemple, à ces entreprises le droit aux avantages fiscaux, garanties de prêts et autres formes d'aide du gouvernement fédéral. Non seulement ces compagnies exploitent, souvent dans des situations très particulières, mais elles sont soutenues également par nos gouvernement au niveau financier. Malheureusement, en mars dernier, le gouvernement conservateur a rejeté la grande majorité de ces recommandations que nous avions faites. Le gouvernement conservateur a décidé que les normes en matière de responsabilité sociale seront volontaires au lieu d'être obligatoires.
Les libéraux, eux, appuient l'accord de libre-échange, malgré tous les discours qu'ils font en Chambre où ils disent qu'ils sont pour le respect de l'environnement et de la responsabilité sociale des entreprises à l'étranger.
Sans cette politique de responsabilisation, les compagnies minières pourront étendre leurs activités sans qu'elles ne soient soumises à aucune règle ni conséquence lorsqu'elles polluent ou menacent les droits de la personne.
J'aimerais également parler du règlement des différends que l'on retrouve dans cet accord. Ce mécanisme prévoit qu'une compagnie qui estime qu'un gouvernement contrevient aux dispositions concernant les investissements peut exercer un recours directement contre cet État devant un tribunal arbitral. De nombreuses questions sont posées quant au mécanisme de règlement des différends prévu à ce chapitre. Les tribunaux arbitraux qui entendent ces litiges sont formés pour l'audition d'un litige précis. Les délibérations de ces arbitres et leurs décisions sont secrètes, à moins que les deux parties en litige n'en décident autrement. C'est tout un mécanisme.
Bien que l'accord de libre-échange avec le Pérou comporte certaines avancées en matière de transparence — il faut le dire, nous en avons cité certaines —, le Bloc québécois estime quand même que le règlement des différends devrait se faire sur une base multilatérale et centralisée, plutôt que pièce par pièce, entre les différents États signataires d'accords bilatéraux.
On ne peut accepter que des entreprises multinationales aient non seulement des privilèges par rapport à l'ensemble de la société qui les accueille, mais aussi la possibilité de poursuivre, devant des tribunaux spéciaux, les États nationaux.
Notre opposition à cet accord de libre-échange ne se résume pas uniquement à la question de la protection des investissements. Nous croyons que la stratégie du gouvernement fédéral de conclure des ententes commerciales à la pièce ne permet pas d'établir un cadre commercial équitable et qui soit profitable pour tous.
On ne peut s'enrichir en exploitant des gens, car, comme je l'ai mentionné précédemment, cela se retourne contre nous à chaque occasion.
Nous exerçons une pression au sujet des salaires dans d'autres régions. Comme nous maintenons des gens dans la pauvreté et dans des situations de travail déplorables, c'est une pression qui s'exerce sur l'ensemble des travailleurs de la planète. En ce sens, si l'on exploite maintenant des gens, ces compagnies reviendront ici, sous une autre forme, pour exercer leurs activités et feront des pressions pour détériorer les conditions de travail de nos travailleurs.
Le gouvernement fédéral négocie actuellement d'autres accords de libre-échange avec une vingtaine de pays, en plus d'avoir signé des accords avec les quatre pays de l'Association européenne de libre-échange. C'est un accord que nous avons appuyé. Nous ne sommes pas contre toute forme d'accord. Celui-là était avantageux sur le plan économique et respectait les droits des travailleurs et les droits relatifs à l'environnement. Cet accord a des retombées intéressantes pour les Québécois et des retombées importantes pour l'ensemble des Canadiens. Ainsi, nous avons appuyé cet accord. Nous ne sommes pas contre toute forme d'accord.
Or, aucune étude nous permettant d'évaluer si ces accords étaient bénéfiques n'a été réalisée. Peu importe si ce sont de bons accords ou non, les libéraux et les conservateurs sont prêts à multiplier ces accords bilatéraux, même si nous ne pouvons toujours évaluer s'ils sont bénéfiques.
L'année dernière, je siégeais au Comité permanent du commerce international. Nous avons reçu des spécialistes du gouvernement à qui nous avons posé des questions pour savoir quelles étaient les retombées pour le Québec et le Canada, à savoir si cette entente était équitable et favorisait les travailleurs ou si elle faisait en sorte que nous perdions des emplois. Nous sommes souvent incapables de le dire et nous signons des accords de libre-échange avec des pays sans savoir les conséquences économiques, sociales et politiques de ces accords. C'est inconcevable.
Comme je l'ai déjà mentionné, j'étais avec mon collègue de Sherbrooke lors des débats relatifs à l'entente avec la Colombie. Le gouvernement a investi des sommes d'argent pour envoyer une délégation parlementaire, rencontrer les gens de ce pays et voir ce qui se passe dans ce pays au niveau de cet accord. L'accord a été signé avant que le gouvernement ne prenne connaissance du rapport du comité. C'est incongru. Peu importe si l'accord est bon ou non, les libéraux le signent.
Dans un rapport présenté par le Comité permanent du commerce international, le gouvernement conservateur envisageait même un accord de libre-échange avec la Chine. Imaginez, un accord bilatéral avec la Chine. Quelles retombées économiques cela pourrait-il avoir ici?
Dans mon comté, les secteurs manufacturier, du meuble et du textile ont connu cet impact. On discutait de l'éventualité de faire un nouvel accord bilatéral. Ce gouvernement ne semble pas avoir d'orientation précise en terme de commerce international, avec des objectifs de rentabilité économique et de respect de la personne, des normes environnementales et des travailleurs de la planète, non seulement ceux du Québec ou du Canada.
Ces accords affaiblissent la voie multilatérale. Les accords bilatéraux avec les pays en développement doivent être évités car ils mènent souvent à des accords qui avantagent les pays plus riches par rapport aux pays moins riches. Ce n'est pas moi qui l'ai dit, mais bien M. Stiglitz, un ancien conseiller du gouvernement Clinton qui a écrit de nombreux livres et qui dénonce ces types d'accords bilatéraux. C'est la situation que l'on vit avec cet accord et avec celui avec la Colombie.
Puisqu'il ne me reste qu'une minute, j'aimerais donc conclure.
Je ne crois pas que ces ententes auront un grand impact économique au Québec, surtout celle avec le Pérou ou encore celle avec la Colombie. On devrait mettre beaucoup plus d'efforts pour se faire respecter et se tenir debout dans certaines situations que nous vivons avec notre grand partenaire américain.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet de ce projet de loi.
Il est d'une importance capitale, non seulement pour les travailleurs canadiens et la société canadienne, mais aussi pour les travailleurs et la société du Pérou.
Le gouvernement — de même que son partenaire dans la nouvelle coalition, le Parti libéral — aime bien parler d'accords fondés sur des règles. Les modalités semblent plutôt magnanimes puisqu'il y aura des règles. La première chose qui vient à l'esprit, c'est que les règles seront équitables. En effet, la plupart d'entre nous, en grandissant, ont joué à des jeux dont les règles étaient axées sur l'équité, la justice et l'inclusion de ceux qui étaient désavantagés au départ, mais qui voulaient jouer quand même. Nous avons donc établi des règles pour cela.
Voici donc un accord fondé sur des règles, mais il y a une question fondamentale que nous devons nous poser: qui a établi ces règles et pour qui ont-elles été établies? Dans le cas de cet accord, les règles sont établies, mais elles visent clairement à permettre à une partie de dominer l'autre. N'avons-nous donc rien appris du chapitre 11 de l'ALENA? Nous avons peut-être tiré la leçon suivante: ceux qui sont dans une position pour exploiter les autres peuvent les exploiter encore plus.
Cet accord est bâti en suivant le modèle de protection des investisseurs du chapitre 11, qui, nous le savons tous maintenant, ne fonctionne pas vraiment. Si ce modèle et les règles ne fonctionnent pas pour les Canadiens et pour les partenaires commerciaux qui signent ces accords, alors pourquoi continuons-nous à axer nos accords là-dessus? Pourquoi ne pas modifier radicalement nos accords et les purger de tout ce qui ne fonctionne pas?
Mes collègues aiment bien parler de commerce équitable, même dans le cas d'autres accords plus récents fondés sur le modèle du chapitre 11. Il serait pourtant bien plus équitable d'éliminer ce genre de dispositions et de tenir compte de tous les aspects des accords commerciaux, dont les travailleurs, l'environnement, la société civile et les collectivités en général, qui sont complètement écartés de cet accord.
On peut bien se demander qui établit les règles. Dans le cas qui nous occupe, le gouvernement de notre pays a négocié l'accord avec le gouvernement du Pérou. Ce gouvernement avait-il la capacité de le faire? En effet. A-t-il l'autorité morale de le faire? J'estime pour ma part que le gouvernement du Pérou n'a pas cette autorité. Selon les sondages les plus récents, le taux d'approbation du président Garcia est de l'ordre de 19 p. 100. Ce n'est qu'un sondage, mais cela donne une idée de ce que pense la population. Or, parmi cette population, seulement un Péruvien sur cinq appuie l'orientation du gouvernement.
Si le gouvernement du Pérou s'apprête à établir des règles pour le mouvement ouvrier, pour les travailleurs et la société en général, et que quatre personnes sur cinq, soit 80 p. 100 de la population, ne sont pas d'accord avec lui, peut-on croire qu'il établira des règles équitables pour l'ensemble des citoyens du pays? Il suffit de faire le calcul, me semble-t-il, pour conclure que tel ne sera pas le cas.
Nous avons donc devant nous un accord fondé sur des règles qui est établi par un groupe, le gouvernement péruvien en l'occurrence, qui n'a pas l'autorité morale pour le faire. Par conséquent, comment savons-nous si ce que nous dit le gouvernement péruvien représente vraiment les revendications des Péruviens? J'estime que nous avons des doutes à cet égard, de sérieux doutes.
Il suffit pour nous de constater quelles sont les actions du gouvernement péruvien pour nous interroger sur ce qu'il nous propose. À l'intérieur du pays, il fait exactement le contraire de ce qu'il nous dit qu'il fera.
Comme mes collègues l'ont signalé plus tôt, il faut voir comment le gouvernement du Pérou traite ses syndicats, surtout ceux du secteur public. Pour l'essentiel, il retire le droit à la négociation collective; cependant, l'une des règles établie pour cet accord fondé sur des règles, c'est celle de la protection de la négociation collective.
Or, le gouvernement Garcia nous dit qu'il protégera ce type de droit, mais sans le faire dans le cadre de l'accord. Je vous expliquerai plus tard pourquoi il importe de protéger de tels droits dans le cadre de l'accord, mais notons au passage que, par ses actions, ce gouvernement retire aux travailleurs le droit à la négociation collective et d'autres droits.
Le gouvernement du Pérou dit une chose, et certains diront que les mots ne lui coûtent pas cher, mais lorsque vient le temps d'agir, il prend des mesures ignobles pour priver les travailleurs de leurs droits, les empêcher de participer à des négociations collectives; il adopte des méthodes préjudiciables pour ces travailleurs qu'il est censé représenter. Voilà un gouvernement qui est censé protéger ses travailleurs, comme nous devons protéger les nôtres. Mais là encore, c'est un débat que nous pourrons tenir dans le cadre d'un autre projet de loi, un autre jour, afin d'établir si le gouvernement actuel et le précédent ont réussi à protéger les travailleurs dans les ententes commerciales internationales qu'ils ont conclues. On pourrait certainement affirmer que cela ne s'est pas produit non plus dans notre pays.
Aussi, lorsque nous nous penchons sur la situation actuelle des travailleurs péruviens, sur le fait que seulement 9 p. 100 d'entre eux sont réellement protégés par un syndicat et que le salaire minimum couvre une partie de la population, certains pourraient être tentés de dire que cela ne semble pas si mal et que la situation semble s'améliorer. Je crois que, selon les statistiques, il atteint maintenant 176 $ par mois. Je sais bien que c'est une somme dérisoire selon nos critères, mais la situation est bien différente là-bas. Là encore, en poussant un peu plus loin et en se demandant à quoi correspond le salaire minimum et qui en tire profit, on se rend compte qu'il ne profite qu'à une infime partie de la population puisque la grande majorité des gens travaillent dans une économie parallèle.
Ici, on parlerait plutôt de marché clandestin ou de marché gris, c'est-à-dire un marché qui permet aux travailleur de bonifier un revenu déjà établi. Ces gens ont un emploi, mais il travaillent aussi en dehors de leurs heures de travail régulières. J'oserais dire que le marché gris sert généralement à éviter de payer des impôts.
Toutefois, la majorité des Péruviens oeuvrent dans l'économie parallèle où le salaire moyen est de 20 à 30 $ par mois, ce qui ne correspond même pas à 15 p. 100 des 176 $ du dérisoire salaire minimum.
Nous savons tous que le salaire minimum est vraiment fixé au minimum. Cependant, il y a des gens qui vivent avec moins que le minimum. La grande majorité de la population vit avec moins que le minimum. L'accord conclu par le gouvernement du Canada et le gouvernement du Pérou, doit, d'une manière ou d'une autre aider les gens qui n'ont pas le minimum, mais nous constatons que le gouvernement n'adopte même pas de loi en ce sens même si cela est clairement dit dans l'accord.
Lorsque l'on regarde l'accord et le texte des dispositions, on constate que ce sont les gestes que posera le gouvernement qui nous diront si cet accord donnera des résultats ou restera une coquille vide.
Dans le cas du gouvernement Garcia, il est clair que cet accord sonne creux et renvoie même un écho assourdissant. Ce gouvernement ne protège ni les travailleurs ni la société civile au Pérou. De larges segments de la population autochtone du Pérou ne veulent pas de l'accord parce qu'il n'est pas bon pour les Péruviens.
Je dirais qu'à certains égards, il n'est pas nécessairement bon pour les Canadiens non plus parce que les dispositions sur le chapitre 11 sont encore dans l'accord. Nous ne nous sommes pas débarrassés des dispositions sur les droits des investisseurs. J'appellerais d'ailleurs plutôt cela un privilège que des droits parce que les organisations syndicales et les travailleurs canadiens ne sont pas mis sur un pied d'égalité. Si nous ne pouvons pas tous les mettre sur le même pied et les traiter également, alors nous ne pouvons pas avoir un commerce équitable. Nous aurons donc toujours le libre-échange pour certains et le commerce obligatoire pour d'autres, ceux qui sont soumis aux règles et ceux qui les rédigent. Nous n'aurons jamais d'accords justes pour tous ceux qui y participent.
Donc, lorsque nous examinons l'accord, ce que beaucoup ont fait, et sa mise en oeuvre, pas le débat sur l'accord, mais bien sa mise en oeuvre, nous devons nous demander s'il est dans l'intérêt de tous.
Mon collègue de a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui obligerait les sociétés minières qui vont mener des activités en Amérique du Sud, dans des pays comme le Pérou, à adopter des comportements justes et équitables semblables à ce qu'elles font au Canada.
À mon bureau de circonscription, j'ai reçu littéralement des milliers de cartes signées par des jeunes et par leurs parents et grands-parents, et même, dans certains cas, par leurs arrière-grands-parents. Ces cartes expriment l'opinion que, tant que le gouvernement ne pourra s'assurer que les travailleurs du Pérou et d'autres pays de cet hémisphère sont traités justement et de la même façon qu'ils seraient traités au Canada par les mêmes sociétés, nous ne devrions pas signer ces accords. En signant ces cartes, ils disent qu'ils n'approuvent pas cet accord. Ils considèrent qu'il ne s'agit pas d'un bon modèle pour les travailleurs péruviens de la société péruvienne.
Je reçois un énorme appui que je n'ai même pas demandé en tant que député, un appui qui a été suscité par de simples citoyens de ma circonscription. Par ailleurs, il existe un projet de loi d'initiative parlementaire qui traite de la même question et qui a littéralement l'appui de dizaines de milliers de nos compatriotes d'un bout à l'autre du pays. Cela en dit long sur ce que les gens en pensent. Les Canadiens sont foncièrement convaincus que ce n'est pas une bonne entente, et nous devrions l'être aussi.
En tant que parlementaires, nous devrions savoir que ce n'est pas une bonne entente. Nous devrions savoir qu'il faut établir des normes en matière de travail et d'environnement. Pourquoi serions-nous différents des États-Unis, qui ont déjà signé une entente, bien qu'elle ait des failles? Les États-Unis ont signé une entente prévoyant des normes en matière de travail et d'environnement. Ces normes sont définies dans le corps du texte de la convention collective. J'appelle cela une convention collective puisque c'est le fruit de négociations entre les deux pays.
Normalement, lors de négociations collectives, quand quelque chose est considéré comme essentiel pour les deux parties, c'est inscrit dans le corps du texte, parce que c'est ainsi qu'on établit clairement que c'est quelque chose d'important. Ce n'est pas inscrit dans une simple annexe ou dans un document à part. Ce n'est pas ajouté à la fin. Cela ne fait pas l'objet d'un renvoi à un tableau. C'est inscrit en toutes lettres dans le corps du texte, parce que cela montre l'importance qu'on y accorde.
Or, qu'est-ce qu'on trouve dans le corps du texte de cette entente? On y lit le texte d'usage concernant les obligations mutuelles des deux gouvernements ainsi que, bien sûr, les droits des investisseurs, qui forment le coeur de l'accord. Cela ne se trouve pas dans une annexe ou un tableau. Ce n'est pas agrafé à la dernière page de l'accord. Pourtant, en ce qui a trait à ces éléments fondamentaux que sont la main-d'oeuvre et les droits des travailleurs, c'est un document agrafé à la dernière page.
Jetons un coup d'oeil à l'environnement, là où nous vivons. Nous avons tous entendu des histoires d'horreur concernant la dégradation environnementale partout dans le monde et le Pérou n'échappe pas à cette réalité. Le Pérou est en fait dans la même situation que d'autres pays où, dans bien des cas, la dégradation environnementale nuit aux populations et se produit contre leur volonté. Pourquoi n'inscririons-nous pas une disposition environnementale dans cet accord? Nous en avons agrafé une à la dernière page du projet de loi.
Quand on demande pourquoi une telle disposition ne figure pas dans l'accord, on nous répond qu'il faut faire confiance au gouvernement parce qu'il a coeur l'intérêt de la population. Toutefois, ce ne sont que des paroles. Le gouvernement péruvien demande de lui faire confiance, mais il n'applique pas les principes qu'il prêche puisque les peuples autochtones sont chassés de leurs terres. Le gouvernement Garcia a proposé une réforme constitutionnelle pour créer une nouvelle structure électorale permettant de déloger certains habitants; mais il n'a pas eu gain de cause lors d'une contestation constitutionnelle.
Tant mieux pour ceux qui ont contesté cette tentative en vertu de la Constitution péruvienne et qui ont dit que le président du pays ne pouvait agir de la sorte. Malheureusement pour eux, les tribunaux constitutionnels ont maintenu le projet de réforme et ils ont dit que le gouvernement devrait inscrire la modification dans la constitution et mettre en place tous les éléments et, enfin, qu'il faudrait que les deux tiers des électeurs votent en faveur de l'expulsion des citoyens qui accepteraient d'abandonner leurs terres.
S'il n'en était que du président Garcia, il délogerait les autochtones en faveur des sociétés minières. En fait, on a rapporté que le président Garcia aurait dit à une société minière de ne pas s'inquiéter, qu'il allait s'occuper du dossier et qu'elle aurait gain de cause dans sa revendication territoriale et pourrait ouvrir une mine. Le président a oublié de consulter les gens qui vivent sur ces terres et qui en sont les propriétaires. À ce jour, les autochtones ont rejeté le projet. La mine n'a pas été créée et c'est tant mieux pour les autochtones qui vivent sur ces terres et qui y pratiquent l'agriculture.
Le NPD estime que dans le secteur agricole, le Canada n'a pas obtenu les mêmes conditions que les Américains. Si on examinait certaines des dispositions susceptibles d'être favorables à l'industrie agricole canadienne, on constaterait certainement des problèmes en ce qui concerne les grains et les légumineuses à grains comestibles.
Nous n'avons pas eu droit au même accès que les Américains en ce qui concerne le secteur de la viande rouge. Pourquoi devrions-nous signer un accord moins bon que ce qu'ont obtenu les Américains? Le gouvernement dit vouloir l'ouverture des marchés, ce que nous sommes incapables d'obtenir. Malgré cela, le gouvernement se dit prêt à signer un accord qui ne lui accorde pas ce qu'il souhaite.
Selon un vieux dicton, un tien vaut mieux que deux tu l'auras. À cela je répondrai qu'un mauvais tien est probablement pire que deux tu l'auras. Si au moins on reprenait tout au début, on aurait une chance de bâtir quelque chose de sensé et bénéfique à toutes les parties, ce qui ne semble pas être le cas de ce projet de loi.
Nous n'avons pas obtenu l'ouverture des marchés. Le gouvernement péruvien dit vouloir faire certaines choses, mais devient plus restrictif dans le cas des travailleurs. Il convient d'un processus de règlement des différends prévoyant le versement d'une amende, mais il ferme les yeux. C'est le classique petit coup de coude et clin d'oeil de connivence. C'est devenu une entente entre les sociétés minières et ceux qui bénéficieront directement de cet accord. C'est devenu un semblant d'accord.
Le gouvernement prétend qu'il a obtenu cet accord, qu'il inclura des dispositions sur les normes du travail et de l'environnement, mais que nous ne devrions pas nous inquiéter car nous n'aurons pas à passer de la parole aux actes. Il pourra ensuite dire à ses amis et aux organisations internationales du travail que ces dispositions sont partie intégrante de l'accord, ce qui n'est pas le cas. Il s'agit simplement d'un ajout.
Les Américains ont agi différemment, sinon l'accord aurait été retardé au Congrès des États-Unis. Ils ont donc intégré les dispositions relatives au travail et à l'environnement dans l'accord pour faire en sorte qu'il soit approuvé par la Chambre des représentants. Cet accord est tout de même bancal du fait que les dispositions relatives aux mêmes sanctions continuent de s'appliquer, mais que personne n'est certain de la façon dont ces sanctions seront respectées et appliquées. Elles n'ont aucun mordant.
Voilà le problème. La partie de l'accord relative aux investisseurs prévoit un conseil d'arbitrage qui peut être saisi de poursuites. Par contre, en ce qui concerne les parties relatives au travail et à l'environnement, seules des amendes sont prévues. Je le répète. Il s'agit d'un accord bancal qui penche d'un côté et pas de l'autre.
Il faut se demander si cet accord représente notre avenir. Continuerons-nous ainsi dans cette voie en ouvrant constamment de nouveaux marchés et en concluant de nouveaux accords de libre-échange qui ne sont ni équitables ni équilibrés? On dirait que oui. Il semble que nous n'avons rien appris des accords précédents. Nous avons peut-être appris à satisfaire ceux d'entre nous qui affirment qu'il s'agit là d'accords malavisés, mais nous n'avons jamais appris à changer de direction ni à élaborer des accords commerciaux équitables.
Si nous ne le faisons pas, pourquoi devrions-nous signer des accords bancals? Voilà une question fondamentale que tous les députés devraient se poser. Nous savons pertinemment que les accords sont bancals. J'ai en effet entendu de nombreux députés dire que cet accord ne correspond pas à ce que nous voulons ou attendons. Alors pourquoi vouloir le signer? Pourquoi ne pas reculer et repartir à zéro? Pourquoi ne pas écouter ces parties intéressées qui ont dit que l'accord était bancal en suggérant comment l'améliorer? Il ne s'agit pas de s'opposer simplement pour le plaisir. Il s'agit de dire que l'accord est bancal et de proposer des correctifs.
La population péruvienne dit la même chose. L'accord a des lacunes, et nous avons des propositions à faire aux gouvernements pour les corriger. Ces propositions amélioreront le projet de loi et rendront l'accord équitable pour les deux pays, ce qui leur permettra de faire affaire ensemble.
Il ne faudrait pas croire que les gens qui s'opposent aux accords de libre-échange, et plus particulièrement à ceux qui contiennent des dispositions du chapitre 11, s'opposent au commerce. Ce n'est pas vrai. Nous comprenons tous qu'il y a des échanges commerciaux qui se produisent sur cette planète. C'est une chose que nous faisons depuis des siècles, et que nous ferons toujours. Toutefois, nous ne devrions pas signer des accords boiteux qui n'avantageront ni les Canadiens ni leurs partenaires commerciaux. Nous ne devrions jamais exploiter les personnes qui se trouvent dans des situations précaires. Nous devrions faire preuve d'impartialité et d'équité.
Selon moi, c'est seulement quand les deux partenaires seront traités équitablement que nous pourrons avoir des accords commerciaux que nous pourrons tous appuyer. Nous devrions tenter d'atteindre cet objectif afin de faire preuve de justice et d'équité envers toutes les parties et tous les pays du monde.