:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Évidemment, les libéraux appuieront ce projet de loi puisqu'il vient mettre à jour le projet de loi qu'a fait adopter le très honorable Pierre Elliott Trudeau en 1970. La mesure apportera essentiellement un changement d'ordre administratif mineur à cette loi. Puisque le droit international a élargi les frontières océaniques des États, il nous fallait un changement d'ordre administratif ici au Canada pour élargir les frontières dont le Canada peut bénéficier.
Nous nous réjouissons de constater que le appuie si vigoureusement la loi de Pierre Elliott Trudeau, la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques, adoptée en 1970. À l'époque, cette loi apportait des changements en profondeur en matière de protection de l'Arctique et elle faisait savoir au monde que le Canada se souciait grandement des eaux arctiques.
Cette loi énonce des règles concernant le déversement de déchets dans l'Arctique. Elle vise ainsi toute activité pouvant entraîner le déversement de déchets dans l'Arctique. Il est nécessaire à cet égard d'obtenir un permis, qui peut être refusé ou modifié. Elle énonce des règles visant les zones de navigation dans l'Arctique. Elle énonce des dispositions d'observation. Elle définit également les caractéristiques des navires qui peuvent pénétrer dans cette zone. Les eaux et les glaces de cette zone sont dangereuses et les navires qui la fréquentent doivent y être adaptés.
Lorsque cette loi a été promulguée, c'est la limite des 100 milles qui s'appliquait au Canada et aux autres pays. Cependant, lorsque le Canada a adopté le droit de la mer, en 2003, la modification du droit international nous a fait bénéficier d'une limite de 200 milles nautiques. Il a donc été nécessaire de modifier la loi pour la faire concorder au droit international. Le projet de loi très succinct que nous avons devant nous opère cette modification d'ordre administratif.
Certains pourraient se demander pourquoi ce projet de loi donne lieu à des débats si longs à la Chambre et au comité. Cependant, le ministre et les fonctionnaires de divers ministères ont évoqué un certain nombre de questions et de répercussions, et les solutions à envisager. Je vais surtout m'attarder aux interventions faites au comité et aux autres aspects dont il faut tenir compte au moment où le Canada s'apprête à exercer un contrôle élargi sur une zone plus vaste qu'une province des Prairies.
Évidemment, la fonte de la calotte polaire donne une importance encore plus grande aux mesures de contrôle de la pollution et de surveillance des eaux de l'Arctique qui sont prévues. Durant de brèves périodes en 2007 et en 2008, pour la première fois de l'histoire, le passage du Nord-Ouest, que j'aime appeler le passage du Canada, a été navigable. La taille de la calotte polaire de l'Arctique a été inférieure de 39 p. 100 en 2007 à sa taille moyenne entre 1979 et 2000.
Cela entraîne davantage de commerce. Selon le rapport sur le transport maritime qui vient de paraître et qu'un autre député a mentionné, il y a eu 6 000 passages de cargos dans l'Arctique au cours de l'année. Si le passage du Nord-Ouest devait devenir un détroit international, il pourrait y avoir des survols par des avions étrangers, ce que nous ne souhaitons pas. Il y a présentement des milliers de survols de l'Arctique. Je parlerai de quelques mesures très importantes pour prévenir cela.
Une des grandes préoccupations exprimées par tous les partis, c'est qu'ils ne pensent pas que le gouvernement peut surveiller le territoire. Si nous voulons assumer le contrôle d'un territoire beaucoup plus vaste, nous devons prendre des mesures pour le faire.
Toronto est une très grande ville où on compte des milliers d'agents de police. Que se passerait-il si nous disions que nous voulons assurer les services de police dans une autre ville tout aussi grande, mais sans augmenter le nombre d'agents de police? Ce serait absurde, n'est-ce pas? Nous assumerions la responsabilité sur un territoire, mais sans surveillance et sans mesure réelle de contrôle. Ce serait ridicule et très dangereux en plus, car nous ne pourrions pas affirmer contrôler une région où nous n'assurerions pas les services de police.
Tous les partis ont souligné qu'ils ne faisaient pas confiance au gouvernement pour ce qui est d'assurer le contrôle dans l'Arctique. Le gouvernement a renforcé cette impression en comité. Lorsque tous les partis ont posé la question à plusieurs reprises, le gouvernement a confirmé qu'il n'avait pas de plan et pas de ressources additionnelles pour faire respecter ses lois. Le budget ne contenait rien pour accroître le pouvoir d'exécution. Comment le gouvernement peut-il s'occuper de la région?
Je crois que c'est l'été dernier qu'il y a eu une explosion dans l'Arctique. Le gouvernement n'était pas dans les environs. Environ deux semaines plus tard, un sous-marin a fait surface. Encore là, cela a été confirmé par nos gens dans l'Arctique. Le gouvernement a fait enquête, mais n'a pas révélé aux Canadiens ce qu'il avait découvert au sujet de la situation. Non seulement le gouvernement est absent de l'Arctique et ne dit rien aux Canadiens mais voilà maintenant qu'il ajoute un immense territoire de la taille de la Saskatchewan sans avoir les moyens d'y assurer une surveillance.
Le ministre lui-même a déclaré que le gouvernement devait exercer un contrôle réel sur les navires marchands circulant dans l'Arctique canadien et devait aussi être perçu comme assurant ce contrôle. Eh bien, le gouvernement n'est pas là en ce moment et il ne prévoit pas accroître les ressources. Croyez-moi, on a souvent posé la question au gouvernement en comité et aucun ministère n'a pu dire comment il assurerait le contrôle accru nécessaire et comment il ferait face au changement. La région visée est plus vaste que ma circonscription, qui couvre tout le Yukon, et s'étend sur environ un demi-million de kilomètres carrés.
Le ministre a proposé que le ministère de l'Environnement s'occupe d'une partie de la surveillance. Il a été ministre de l'Environnement. Lorsqu'on lui a demandé combien de navires ou d'avions le ministère avait pour la surveillance, il n'en avait aucune idée.
Dans le cadre du congrès libéral, un congrès très dynamique, que nous avons tenu au cours du week-end et qui réunissait 3 000 délégués, ceux-ci ont adopté 32 résolutions, dont une prévoyant l'augmentation de la surveillance aérienne et de la patrouille navale dans l'Arctique, parce qu'il semblerait que le gouvernement actuel ne fait pas le nécessaire.
Les députés n'auront pas oublié non plus que nous avons créé un satellite, un élément de l'arsenal dont nous avons besoin. Bien sûr, ce satellite ne suffit pas à faire tout le travail. Selon la situation, la surveillance doit prendre une multitude de formes. Une société canadienne a construit un satellite, puis elle s'apprêtait à le vendre aux États-Unis. Nous nous sommes battus sans relâche et, Dieu merci, la vente n'a pas eu lieu. Nous aurions perdu une partie de l'arsenal de surveillance limité que nous possédons.
Deux des intervenants qui m'ont précédé ont indiqué que quelqu'un au sein du comité a dit qu'il n'y avait qu'un avion de surveillance pour toute la région: un avion à hélices de la société de Havilland. Je ne me rappelle pas de cette déclaration. Je croyais qu'il avait été question de trois avions: un pour le Pacifique, un pour l'Atlantique et un pour l'Arctique.
Cela nous a bien fait rire, un professeur qui se spécialise dans les questions concernant l'Arctique et moi-même. Qu'on y pense un peu, un avion à hélices pour la surveillance du Pacifique ou de l'Atlantique, sans parler de l'Arctique, qui possède le plus long littoral au monde, c'est plutôt insignifiant.
Les gens ont l'impression que le gouvernement s'occupe de la souveraineté dans l'Arctique. En fait, si on posait la question dans les provinces, les gens nous diraient, « Oh oui, le gouvernement prend des mesures. Il fait des annonces. Il parle de mesures ». J'invite quiconque dans les provinces à me nommer une mesure que le gouvernement a prise. Quelle mesure a été mise à exécution? Laquelle? Laquelle a été mise à exécution?
Lorsqu'il a pris le pouvoir, il y a déjà pas mal longtemps, le a annoncé la construction de trois brise-glaces. Il a rompu sa promesse dans le premier discours du Trône et dans le premier budget. Nous avons exercé des pressions et, enfin, quelques années plus tard, le gouvernement a annoncé la construction d'un de ces brise-glaces dans un avenir lointain, rompant la promesse concernant les deux autres brise-glaces.
Puis il y a eu l'annonce concernant les navires d'approvisionnement à coque renforcée. La commande a été annulée. Il devait y avoir aussi des avions pour Yellowknife. La commande a été annulée.
Ce projet de loi est formidable. Nous l'appuyons, car il étendra notre autorité, mais nous avons réellement besoin de prendre des mesures de surveillance de ce pouvoir.
Je voudrais également parler d'un projet auquel je tiens beaucoup dans ce secteur et sur lequel je travaille depuis plusieurs années, c'est-à-dire la recherche et le sauvetage.
Il n'y a pas un seul avion de recherche et de sauvetage dans notre importante flotte d'aéronefs à voilure fixe au nord du 60e parallèle et toutefois, les représentants du gouvernement assistent à des conférences internationales. J'étais à la conférence d'Ilulissat où les cinq pays du Nord se sont entendus sur la façon dont nous devrions collaborer entre nous pour étendre les frontières de l'Arctique aux termes de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Nous avons parlé du fait que le Canada ferait partie d'un nouveau programme de recherche et de sauvetage dans le Nord. Nous avons eu des milliers de cas de survols d'avions et d'intrusion de bateaux. Il est bien évident que nous avons besoin de plus grandes capacités de recherche et sauvetage. Toutefois, nous ne pouvons même pas offrir ces services aux Canadiens qui vivent dans l'Arctique, au nord du 60e parallèle. C'est une faiblesse. Je le répète, il est magnifique que nous parlions du Nord, mais nous devons réellement aller de l'avant et nous occuper des gens du Nord.
J'appuie également ce projet de loi parce qu'il fait fond sur les quatre piliers de la stratégie proposée par Paul Martin pour le Nord. Les gens qui n'étaient pas ici à l'époque ne s'en souviennent peut-être pas. C'était probablement l'annonce la plus importante et la conférence de presse la plus suivie depuis mon arrivée au Parlement il y a neuf ans. Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu une conférence qui ait attiré autant de ministres venus annoncer une stratégie arctique pour le Nord. Cette conférence a eu lieu à Hull et le ministère des Affaires indiennes et du Nord n'était pas le seul à faire preuve d'enthousiasme. Tous les ministères fédéraux devaient suivre le premier ministre. L'un des quatre piliers de la stratégie de Paul Martin portait sur la souveraineté dans le Nord qui est à la base du projet actuel. Les autres portaient sur l'environnement, le développement économique et la gouvernance, et j'en parlerai dans quelques minutes.
Toutefois, je voudrais d'abord vous lire l'une des raisons invoquées dans ce projet de loi pour justifier la souveraineté et dont le gouvernement s'est servie au cours du débat et qui nous permet d'étendre notre souveraineté à cette limite de 200 milles.
J'ai donné une copie de ce document aux interprètes. Pour les nouveaux députés, je précise que les interprètes dans les cabines sont toujours heureux d'obtenir à l'avance les documents que les députés comptent citer et les discours qu'ils comptent prononcer s'ils en ont une copie écrite.
Il s'agit de l'article 234 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, que le Canada a créé et dont il a réussi à obtenir l'ajout à la convention, après maints efforts. Cet article traite des régions couvertes de glace. Il est très important que les Canadiens connaissent cette disposition particulière du droit de la mer, dans le contexte de ce projet de loi et de bien d'autres. Voici ce que ça dit:
Les États côtiers ont le droit d’adopter et de faire appliquer des lois et règlements non discriminatoires afin de prévenir, réduire et maîtriser la pollution du milieu marin par les navires dans les zones recouvertes par les glaces et comprises dans les limites de la zone économique exclusive, lorsque des conditions climatiques particulièrement rigoureuses et le fait que ces zones sont recouvertes par les glaces pendant la majeure partie de l’année font obstacle à la navigation ou la rendent exceptionnellement dangereuse, et que la pollution du milieu marin risque de porter gravement atteinte à l’équilibre écologique ou de le perturber de façon irréversible. Ces lois et règlements tiennent dûment compte de la navigation, ainsi que de la protection et de la préservation du milieu marin sur la base des données scientifiques les plus sûres dont on puisse disposer.
Cette disposition constitue un appui extraordinaire pour nous relativement au projet de loi sur les régions couvertes de glace. Elle nous donne le pouvoir de faire appliquer ces mesures fermes que Pierre Elliott Trudeau a été le premier à inscrire dans la loi.
Cependant, voici ma question, à laquelle le ministre a été incapable de répondre jusqu'à maintenant. Si le projet de loi s'appuie sur cette disposition du droit de la mer qui autorise ce genre d'intervention dans les régions couvertes de glace, qu'arrive-t-il si la région n'est plus couverte de glace?
Comme je le disais tout à l'heure, en 2007-2008, cette région était libre de glace. Pour la première fois dans l'histoire, ces eaux ont été navigables pendant un certain temps. Alors qu'est-ce qui nous confère le pouvoir de maintenir la mise en oeuvre de ces mesures draconiennes dans la région, et qu'allons-nous faire à cet égard pour la suite des choses?
Le ministre a aussi parlé de l'Année polaire internationale. Il revenait du Conseil de l'Arctique et il était apparemment très fier. Je n'ai pas compris tout ce qu'il racontait, mais je crois qu'il a dit qu'il y avait 57 projets canadiens en cours là-bas. Bien sûr, ces projets sont financés au moyen des 150 millions de dollars qu'Anne McLellan a mis de côté quand elle était vice-première ministre. On peut donc dire que le Canada a agi en chef de file. Je pense que nous devons tous beaucoup de gratitude à Anne McLellan et au ministre des Finances de l'époque, qui est maintenant notre leader à la Chambre.
Cette période est presque terminée, mais nous devons continuer d'affecter des sommes au Nord. J'espère que le gouvernement prendra au sérieux les demandes des scientifiques et des membres du Conseil de l'Arctique, qui veulent des fonds pour de la surveillance permanente, afin que nous ayons des données statistiques à jour sur l'Arctique. Nous ne pouvons pas laisser mourir tous ces projets parce que l'Année polaire internationale est terminée.
L'autre pilier de la stratégie pour le Nord de Paul Martin, et je félicite le gouvernement d'avoir poursuivi cette stratégie, est la gouvernance. Le ministre des Affaires indiennes et du Nord, je crois, a parlé de la souveraineté dans l'Arctique au Comité de la défense. Voici ce qu'il a dit:
Notre sous-ministre préside un comité de sous-ministres qui se réunit régulièrement pour s'assurer que les initiatives dont on a déjà annoncé le financement sont mises en oeuvre [...]
Plus tard, il a mentionné ce qui suit:
[...] mais nous n'avons pas encore terminé de régler la question des revendications territoriales.
C'est vrai. Le plus gros problème des Autochtones dans le Nord, ce sont les lacunes dans la mise en oeuvre des mesures découlant du règlement des revendications territoriales. J'espère que le gouvernement écoutera les déclarations de ses propres représentants. J'espère que les sous-ministres feront de cette question une priorité à leurs réunions. Une conférence doit avoir lieu dans environ deux semaines. J'espère que le gouvernement y jouera un rôle de premier plan, se renseignera sur les problèmes qui sont soulevés année après année et fera du règlement de ces questions une priorité.
C'était intéressant d'entendre le ministre parler aujourd'hui de leadership aux réunions sur l'Arctique. Je suis ravi qu'il soit allé à la réunion du Conseil de l'Arctique parce que, au fil des années, le gouvernement actuel a été un peu une source d'embarras pour le Canada à ces réunions en y envoyant des représentants subalternes. Auparavant, le ministre des Affaires étrangères y était toujours présent, mais nous avons été très négligents à cet égard ces dernières années.
Les députés peuvent-ils croire que le poste d'ambassadeur aux affaires circumpolaires a été aboli? Les députés peuvent-ils imaginer un gouvernement qui veut que les gens pensent que l'Arctique lui tient vraiment à coeur et qui, pourtant, abolit le poste d'ambassadeur aux affaires circumpolaires? Nous avons raté de nombreuses occasions d'avoir un ambassadeur de haut niveau à bien des réunions sur l'Arctique au cours des années et rien ne porte à croire que ce poste sera rétabli, même si nous allons continuer de lutter pour qu'il le soit.
Ce qui est ressorti des audiences sur ce projet de loi, c'est le fait que des déversements de pétrole pourraient se produire dans l'Arctique sans qu'on puisse faire quoi que ce soit pour corriger la situation. Quand le a présenté le projet de loi au comité, il a parlé des grandes ressources pétrolières et gazières. Il a mentionné que l'Arctique renferme 33 p. 100 du gaz et 25 p. 100 du pétrole qu'il reste dans le monde et que l'exploitation de ces ressources serait très profitable pour le Canada. Le gouvernement conservateur vient essentiellement de fermer la porte à cela.
Comment le gouvernement a-t-il rendu impossible la mise en valeur des ressources? C'est en ne faisant pas les travaux de recherche sur les déversements de pétrole dans l'Arctique, comme je l'ai réclamé souvent. Des témoins comme M. William Adams, du projet Beaufort, ont fait beaucoup de recherche sur la question et le professeur Émilien Pelletier a expliqué qu'après 56 heures, il devient pratiquement impossible de récupérer le pétrole déversé dans l'Arctique. D'après nos connaissances actuelles, c'est techniquement impossible.
Il faut que nous fassions la recherche, il faut agir et cesser d'éliminer les postes de chercheurs dans le Nord en fermant, par exemple, le centre situé au Manitoba, le centre sur l'environnement que le gouvernement fermera à Eureka, et encore en éliminant la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère et en déplaçant les centaines de chercheurs qui devraient normalement être dans le Nord.
Le fonctionnaire du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien a voulu attirer notre attention sur l'aspect scientifique et technologique de la stratégie pour le Nord en affirmant qu'il était fondamental et qu'il s'appliquait à tous les piliers parce que c'est sur les éléments scientifiques et technologiques que peuvent se fonder des décisions éclairées.
Ce haut fonctionnaire doit être horrifié par toutes les coupes dans les postes de scientifiques que je viens de mentionner. En fait, même le ministre a déclaré que les stations météorologiques, les changements climatiques et les travaux de recherche scientifiques sont tous importants. Il doit être horrifié de voir son propre gouvernement éliminer tous les scientifiques du Nord.
On a mentionné le développement économique et je tiens à affirmer clairement que j'espère qu'il y aura un important bureau de développement économique à Whitehorse. Je voulais également renforcer ce que le député de a affirmé. Nous devons entamer des discussions sur les centaines de milles carrés contestés dans la mer de Beaufort afin que nous puissions avoir notre juste part des ressources qui s'y trouvent.
Je terminerai en affirmant qu'il est important de protéger la mer septentrionale. Au cours de la réunion sur la conservation que le Parlemente a eue il y a environ deux semaines, on nous a présenté l'ouvrage Sea Sick: The Global Ocean in Crisis, qui nous montre que la vie sur terre pourrait prendre fin en raison de la détérioration des océans, en grande partie par l'acidification et la pollution, même avant que les changements climatiques aient des effets désastreux. C'est très important.
:
Madame la Présidente, nous avons dit quelques mots sur cet aspect ce matin, en discutant du projet de loi.
Ce que je n'ai pas mentionné à cette occasion c'est que lorsque l'avis du tribunal du Nord a été signifié, les peuples du Nunavut l'ont appris dans les journaux. Ils n'ont pas été consultés relativement à l'endroit où cette initiative allait être mise en oeuvre dans l'Arctique.
La députée a donc parfaitement raison. Lorsque nous faisons ces choses dans le Nord, la philosophie de notre parti a toujours été que notre ressource principale et première en matière de souveraineté, ce sont les peuples qui vont se dévouer pour protéger notre souveraineté et qui accroîtront nos ressources. Il faut faire en sorte que les peuples du Nord soient forts, et il faut écouter leurs suggestions, parce que ce sont eux qui ont constaté l'incursion à laquelle j'ai fait allusion plus tôt dans mon discours.
Je veux aussi mentionner quelque chose qui, à première vue, pourrait réjouir la députée, mais qui est en fait un peu contradictoire. Nous avons devant nous un projet de loi qui, en théorie, protège les eaux. Toutefois, en même temps, le gouvernement tente, de façon sournoise, de faire adopter des modifications à la Loi sur la protection des eaux navigables et de faire annuler l'évaluation de projets qui sont situés près des eaux et qui, de toute évidence, auraient l'effet contraire.
En ce qui a trait à la surveillance, le projet de loi du gouvernement prévoit un plus grand nombre d'inspecteurs en environnement, mais lorsque nous demandons où ceux-ci seront affectés, nous constatons qu'ils vont être à Yellowknife.
Quiconque connaît le Nord — il suffit de consulter une carte géographique — sait que cette Yellowknife n'est pas située près de la mer. Le ministre a dit que le gouvernement allait fournir un effectif plus nombreux. C'est vrai. Ces inspecteurs vont travailler dans le Nord, mais le projet de loi ne s'applique pas à l'intérieur d'une distance de 100 milles au large des côtes. Dans ce contexte, l'activité de surveillance prévue n'a aucun sens.
J'espère que le gouvernement va revoir cet aspect du projet de loi, c'est-à-dire la façon dont il va assurer la surveillance et, comme l'a députée l'a mentionné, la participation des peuples du Nord est importante, parce que ceux-ci peuvent certainement apporter une contribution utile. Ils sont sur place et ils peuvent ainsi jouer un rôle très important en nous informant des incidents qui se produisent.
Comme je l'ai dit, après 56 heures, nous avons échoué. C'est fini. C'est une énorme catastrophe pour l'écosystème de l'Arctique. Toutefois, comme la députée l'a dit, les gens qui vivent là-bas peuvent nous signaler ce qui se passe. Ils peuvent voir ce qui se produit et ils peuvent jouer un rôle primordial dans l'application de cette importante mesure législative.
:
Madame la Présidente, moi aussi j'appuie le projet de loi . L'augmentation de la portée de la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques est la bienvenue et était attendue depuis longtemps. Mais j'aimerais également parler de ce qu'il nous faut parallèlement à ces mesures, de ce qui manque et de ce envers quoi le gouvernement doit s'engager.
Nous avons besoin d'une action concertée sur plusieurs fronts. Je ne suis pas la seule à le dire. Nos voisins de l'Arctique tiennent le même discours. C'est ce que nous disent les scientifiques après deux ans de recherches polaires intensives. Ils ont défini plusieurs mesures critiques que le gouvernement doit prendre en collaboration avec d'autres pays de l'Arctique. Les pays de l'Arctique et ceux à risque doivent aussi obtenir l'appui d'autres pays ailleurs dans le monde.
Nous avons besoin d'une action concertée pour augmenter de façon exponentielle l'investissement canadien dans la recherche polaire. Alors que les scientifiques nous disent que leurs recherches ne font que commencer et qu'ils ont déjà fait des découvertes inédites sur la valeur de l'Arctique pour le monde, le financement a pris fin.
Le moment est venu pour le Canada de s'atteler à la tâche. Nous devons faire preuve de leadership dans ce dossier. Nous avons des terres en bordure de l'Arctique. Nous revendiquons le droit de profiter des ressources qui se trouvent dans cette région. Il nous incombe de prendre la parole sur la scène internationale et de dire à tous les pays, pas seulement aux pays de l'Arctique, qu'ils doivent investir autant que nous et faire davantage de recherches sur les répercussions qu'auront la fonte malheureuse des glaces dans l'Arctique ainsi que l'augmentation des activités d'extraction des ressources pétrolières, gazières et minières et le transport de marchandises dans l'Arctique.
Même les chercheurs polaires canadiens nous disent que l'écosystème de l'Arctique est sérieusement menacé. Il est très sensible et souffre déjà des effets des changements climatiques. Nous constatons déjà des changements incroyables dans l'Arctique; il y a non seulement la plateforme de glace flottante qui est en train de se briser, mais il y a aussi de nouveaux problèmes qui font leur apparition dans des domaines que nous n'avions pas prévus.
Par exemple, les scientifiques qui étudient l'Arctique découvrent des lacs d'eau douce créés par la fonte des glaciers dont l'eau descend vers les terres. Des lacs jusqu'ici inconnus sont apparus; ils renferment un biote très riche et diversifié qu'on commence à peine à étudier. Dans le cadre de grandes recherches sur le cancer, on se tourne vers les forêts tropicales pour trouver des solutions. Or, comme il est fort possible que le biote de l'Arctique soit encore plus important, c'est une raison de plus pour intensifier la recherche et pour envoyer davantage de chercheurs dans le Nord dans le but de documenter ces connaissances.
Il faut également demander conseil aux spécialistes des régions polaires pour élaborer des politiques en matière de développement du Nord et des stratégies pour la négociation autour de tables internationales. Le Canada doit absolument fonder ses décisions concernant l'avenir de l'Arctique sur des données scientifiques, ce qui jusqu'ici n'a malheureusement pas été suffisamment le cas. Il faut accroître le financement. Il ne suffit pas de simplement faire de la recherche; il faut se tourner vers les scientifiques pour leur demander quel genre de mesures s'imposent. Il faut notamment des délibérations sur les changements climatiques, l'exploitation des ressources naturelles, les ressources hydriques et la faune.
M. Warwick Vincent, chercheur canadien renommé spécialiste des régions polaires, a fait un exposé sur la Colline du Parlement il y a environ un mois et, à la surprise générale, il a donné sur l'Arctique de l'information que personne ne connaissait. Il a notamment révélé l'existence de lacs d'eau douce inconnus auparavant. On ne savait pas comment ils avaient été créés. M. Vincent réclame à grands cris l'appui des parlementaires pour continuer la recherche, afin que le Canada bénéficie de cette information et qu'il puisse continuer à travailler en tandem avec des chercheurs du monde entier.
Ce n'est pas le moment de rappeler les chercheurs canadiens, de supprimer ces programmes ou ces stations de recherche. C'est le temps de collaborer avec les scientifiques du monde entier et de faire preuve de leadership.
Le moment est également venu de défendre l'environnement arctique et les collectivités nordiques. Il faut mettre ces questions à l'avant-plan et ne pas songer uniquement aux droits des pétrolières et des sociétés canadiennes d'exploiter les ressources pétrolières, gazières et minières dans l'Arctique. Par surcroît, il faut également s'assurer que, dans l'avenir, tout développement serve vraiment l'intérêt du Canada, entre autres celui des collectivités nordiques.
Nous devons agir comme chef de file à l'échelle internationale dans les instances de l'ONU où l'on traite de changements climatiques. Les changements climatiques nous obligent justement à prendre le taureau par les cornes et accélérer nos recherches et nos négociations avec les divers pays du monde pour parer aux répercussions défavorables en veillant à l'établissement d'un régime de protection de l'Arctique. Porté au pouvoir à deux reprises, le gouvernement actuel n'a pas su faire autre chose que se traîner les pieds sur cette question.
Ne nous réjouissons surtout pas du fait que la fonte des glaces de l'Arctique nous permettrait d'extraire davantage d'hydrocarbures. Faisons tout notre possible pour ralentir le processus tant que nous ne serons pas certains de pouvoir développer les ressources en toute sécurité à l'avantage des Canadiens au lieu d'être obligés, en matière d'extraction minière, gazière et pétrolière, de réparer les erreurs d'autres pays et peut-être même les nôtres, malheureusement, parce que nous n'aurons pas été en mesure de composer avec les répercussions.
Nous devons adopter une position plus résolue au Conseil de l'Arctique, formé en 1996. Huit pays de l'Arctique ont signé la Stratégie de protection de l'environnement arctique. Le Canada fait-il preuve de leadership? Les répercussions touchent notre Arctique, celui que nous revendiquons.
Nous devons miser davantage sur les tables de concertation concernant l'Arctique et y affecter davantage de ressources. Nous devons y déléguer des ministres. Nous devons y déléguer le du Canada pour qu'il déclare que nous nous intéressons à l'Arctique et que l'Arctique est à nous.
Nous devons convaincre d'autres pays d'assumer leur responsabilité et d'agir avec nous. Nous souhaitons collaborer avec les autres.
Compte tenu de nos faibles capacités actuelles dans l'Arctique, nous ne pourrons pas à nous seuls composer avec les diverses activités qui ont cours à mesure que fondent les glaces de l'Arctique. Nous allons devoir travailler en collaboration avec d'autres pays. Nous devrons partager leurs ressources, leurs brise-glaces et leurs résultats de recherche. L'heure est à la collaboration et non à la concurrence.
Je connais bien le Conseil de l'Arctique, et je connais aussi la Stratégie de protection de l'environnement arctique. Quand j'étais sous-ministre des Ressources du gouvernement du Yukon, j'ai eu le privilège de participer à l'élaboration de cette stratégie du point de vue scientifique, au nom du gouvernement du Yukon, pour veiller à ce que les percées trouvent une application dans la loi et les politiques, de sorte que les gouvernements fédéral et du Nord aient un cadre clair et exécutoire, et à ce que tous les ordres de gouvernement soient inclus dans ces stratégies internationales. Il nous incombe d'occuper une place plus importante sur la scène internationale.
Nous devrions soulever la question de l'Arctique au forum Canada-États-Unis sur la sécurité et les changements climatiques. Elle est peut-être déjà à l'ordre du jour, mais nous ne le savons pas, car c'est un forum secret. Le gouvernement ne nous a rien dit à propos de projets de collaboration pour protéger l'Arctique et pour veiller à ce que les intérêts nord-américains soient protégés contre les autres pays afin que nous puissions continuer de progresser et de profiter des ressources de cette région.
Nous ne savons pas non plus s'il y a des discussions entre le Canada et les États-Unis à propos de la collaboration dans le domaine de la sécurité et du développement énergétique pour veiller à ce que nous soyons dotés de l'équipement et des ressources humaines nécessaires pour surveiller et protéger l'Arctique. Il vaudrait la peine que les ministres reviennent à la Chambre pour nous expliquer si l'Arctique est à l'ordre du jour de ces discussions bilatérales.
La Commission de coopération environnementale a été créée il y a assez longtemps. Elle a créé un conseil de ministres de l'Environnement dont font partie les États-Unis, le Canada et le Mexique. Pourquoi ne pas approfondir le dialogue sur la sécurité environnementale de l'Arctique par l'entremise de la commission et du conseil? Nous pourrions certainement lancer des projets en en assurant un financement conjoint.
Pourquoi ne faisons-nous pas preuve de leadership en proposant un traité sur l'Arctique? Le Canada participe pleinement au Traité sur l'Antarctique. Il me semble absurde que nous ne militions pas en faveur d'un traité semblable sur notre Arctique. J'encourage donc le gouvernement à agir, à prendre les devants et à réclamer un traité sur l'Arctique. Un tel traité serait nécessairement dans l'intérêt du Canada.
Il est d'autant plus crucial de conclure un traité sur l'Arctique compte tenu de la vulnérabilité de l'environnement dans la région et du fait que, contrairement à l'Antarctique, l'Arctique est peuplé — de Canadiens. Il est donc d'autant plus important que nous nous assurions de conclure un traité avec les pays circumpolaires de l'Arctique, traité dont les dispositions veillent avant tout aux intérêts des Canadiens et de l'environnement du Nord du Canada.
Soulevons-nous ces questions dans le contexte du droit de la mer ou lors des discussions sur la MARPOL? Veillons-nous à ce que les pétroliers qui navigueront dans l'Arctique respectent des normes plus strictes et aient des coques qui peuvent résister à la glace de l'Arctique et à ce qu'on ait les moyens de nettoyer tout pétrole déversé, à ce qu'on dispose des fonds suffisants pour réagir en cas de catastrophe, compte tenu de la difficulté du nettoyage des déversements de pétrole?
Le plus important, c'est que nous évitions tout déversement de pétrole dans l'Arctique. Il faut donc que nous prenions tout de suite des mesures pour veiller à limiter l'incidence sur l'environnement de tout développement dans l'Arctique. Si nous nous y mettons après le fait, il sera trop tard.
Il faut prendre des mesures renforcées pour protéger les intérêts des collectivités de l'Arctique. Chaque fois qu'une activité de développement a lieu dans l'Arctique, qu'il s'agisse de l'accroissement du trafic maritime ou de l'extraction de pétrole, de gaz ou de minerai, il faut que nous accordions la priorité à l'incidence sur les droits d'exploitation des collectivités du Nord et que nous veillions à la sécurité de celles-ci et à ce qu'elles puissent bénéficier directement de tout développement.
Nous devons insister pour qu'il y ait un resserrement des règles et un renforcement des moyens de les faire respecter. Comme je l'ai indiqué, nous devons prendre des mesures pour prévenir les déversements. Il sera trop tard pour agir après coup. Nous devons tirer les leçons de l'accident de l'Exxon Valdez et du déversement qui en a résulté. Mais, pour l'amour de Dieu, nous devons aussi tirer les leçons du déversement de mazout C dans le lac Wabamun. Nous ne pourrons pas remédier aux conséquences de tels déversements, car il n'y a pas moyen de prévoir toutes les conséquences.
J'ai pu constater moi-même ce problème après le déversement de mazout C dans le lac Wabamun. Les scientifiques ne savent toujours pas ce qu'il va advenir du mazout déversé. Ils ne connaissent pas les conséquences qu'aura le déversement sur le lac, à long terme. Ce sera encore plus vrai dans le cas de l'Arctique, où l'environnement est extrêmement fragile. Qu'a-t-on prévu pour pouvoir intervenir si de tels déversements se produisent? Le Canada ne dispose même pas, actuellement, des effectifs dans la marine ou la garde côtière qui lui permettraient d'intervenir. Les États-Unis sont tout aussi dépourvus. Alors, il faut rapidement nous retrousser les manches.
Chaque semaine, les scientifiques nous disent que la glace est en train de fondre plus rapidement qu'on le croyait. Avons-nous prévu des ressources suffisantes afin de nous préparer pour ce changement? Sommes-nous prêts à assurer la sécurité dans l'Arctique? Avons-nous les navires? Avons-nous des équipages bien formés? Avons-nous évalué toutes les conséquences et prévu des mesures adéquates? Comme le député de l'a indiqué, avons-nous la capacité de recherche et de sauvetage nécessaire? Certainement pas à l'heure actuelle. L'Arctique est très peu peuplé, et le Canada y dispose de moyens infimes, pour ce qui est des navires et des équipages.
Le Canada est extrêmement vulnérable dans l'Arctique, et les gens qui y vivent sont eux-mêmes les plus vulnérables. Les populations sont petites et dispersées. Elles ont des moyens minimes d'intervention en cas d'urgence. Ces moyens sont encore moins importants que ceux dont on disposait lors du naufrage de l'Exxon Valdez et du déversement dans le lac Wabamun. La capacité d'évacuation est très limitée en cas de désastre majeur.
On me dit que la capacité de la marine est extrêmement limitée. La marine canadienne n'a plus aucun brise-glace dans l'Arctique depuis les années 1950. On n'a pas les moyens, à l'heure actuelle, de pénétrer dans les eaux arctiques qui sont largement recouvertes de glace. La majorité des brises-glace de la Garde côtière canadienne arrivent à la fin de leur vie utile. Nous ne pouvons pas nous fier à l'aide des États-Unis, parce que ce pays est aussi mal équipé que le Canada.
Les analystes navals croient que le développement dans l'Arctique présente des problèmes de sécurité graves. Ils affirment que, s'il y avait un déversement dans l'Arctique, les pays disposeraient de très peu de moyens pour y faire face et que nous avons de graves problèmes de sécurité maritime. En cas d'incidents où des navires transportant dans l'Arctique des engins nucléaires ou d'autres engins explosifs s'échoueraient sur nos côtes arctiques, nous n'avons pas les moyens d'acheminer ce genre de dispositifs vers le Sud du Canada par voie ferroviaire ou aérienne. Il n'existe actuellement pas de stratégies pour ce type de situation.
Je veux terminer mon intervention en mentionnant les commentaires éclairés faits par Alanna Mitchell, auteure et journaliste renommée, qui a donné, il y a tout juste une semaine, une présentation au caucus parlementaire international voué à la conservation. Elle a publié un nouveau livre, qui s'intitule Sea Sick: The Global Ocean in Crisis. Elle a informé tous les gens qui ont été assez chanceux pour entendre sa présentation que, tandis que nous essayons de convaincre le gouvernement de s'occuper de la question des changements climatiques, nous faisons face à une crise beaucoup plus importante dans nos océans. Il semble que, si nous perdons nos terres, la vie dans les océans peut se poursuivre. Cependant, si nous perdons la vie dans les océans, nos terres cesseront d'exister. Il est donc temps que nous consacrions beaucoup plus de ressources à nos océans, surtout l'océan Arctique, qui est extrêmement fragile.
Je terminerai mon intervention aujourd'hui en citant Ed Struzik, l'auteur et le journaliste de renommée internationale, qui a rédigé de nombreux ouvrages sur l'Arctique et qui a publié récemment un livre sur les répercussions des changements climatiques sur le sort de l'Arctique. Il affirme:
Dans un avenir assez rapproché, les changements climatiques vont transformer ce monde glacial en nouvelle frontière économique. La fin de l'Arctique sera le commencement d'un nouveau chapitre dans l'histoire. L'histoire du nouvel Arctique reste à écrire.
Le gouvernement a présenté ces nouvelles dispositions et a accru la capacité du gouvernement du Canada de protéger l'environnement arctique, ce qui est tout à son honneur, mais il doit encore nous présenter sa stratégie de conformité et nous expliquer comment il prévoit appliquer cette nouvelle loi en tenant compte de ce qui va se produire dans l'Arctique.
:
Madame la Présidente, je prends aujourd'hui la parole pour appuyer le projet de loi , un projet de loi visant à protéger la souveraineté et l'environnement arctiques du Canada.
Le graal de l'Arctique, autrement dit le passage du Nord-Ouest, est la voie maritime à travers les îles du Nord du Canada, une route que les explorateurs ont cherchée pendant trois siècles.
En 1903, Roald Amundsen, l'explorateur norvégien, a attendu pendant des mois que la glace fonde suffisamment pour que son navire puisse être le premier à réussir à franchir ce passage. En 1940, la goélette de la Gendarmerie royale du Canada a commencé à cartographier les eaux glacées du graal afin de démontrer la souveraineté du Canada sur le Nord.
À l'avenir, ce seront les changements climatiques et non pas les talents de navigation qui risquent de transformer les rêves insaisissables des explorateurs en une autoroute maritime qui permettrait de réduire de 7 000 km le voyage en mer de la Chine à New York.
Avec le réchauffement planétaire, de nouveaux passages vont se former et le Canada s'ouvrira de plus en plus au trafic international. Les motifs de préoccupation seront loin de s'atténuer en ce qui concerne le contrôle et la réglementation des activités de transport maritime, la dégradation de l'environnement et la protection des habitats nordiques, sans compter l'incertitude relative au contrôle de l'Arctique et de ses ressources. Environ 25 p. 100 des réserves restantes de pétrole et de gaz gisent sous le plancher de l'océan Arctique.
Bien que l'ouverture du passage du Nord-Ouest et de l'Arctique soit attrayant, ce sera le test ultime de nos revendications relatives à la souveraineté dans l'Arctique.
La côte de l'Arctique représente environ 70 p. 100 du littoral canadien. Elle s'étend sur 165 000 km, de la baie James et de l'île de Baffin au Yukon.
Cependant, l'Arctique, une région célébrée dans notre hymne national, est littéralement en état de siège. En 1985, les États-Unis ont déployé leur brise-glace, le Polar Sea dans le passage du Nord-Ouest sans en demander la permission au Canada et sans même l'en informer. En 2007, des explorateurs russes ont eu recours à un sous-marin pour planter leur drapeau national sur le fond marin, au pôle Nord, à 4 200 mètres sous le niveau de la mer. Les politiciens de partout autour de l'Arctique ont perçu ce geste comme un plan pour étendre le territoire de la Russie presque jusqu'au pôle et pour revendiquer les abondantes ressources énergétiques et minérales du sous-sol marin.
À l'avenir, notre Arctique pourrait être vulnérable aux incursions aériennes, de surface, à la fois par terre et par mer, ou encore sous-marines. Le Canada doit être en mesure de surveiller et de reconnaître ces invasions et de faire respecter la souveraineté qu'il revendique sur son territoire.
Le pôle Nord est un site international administré par l'Autorité internationale des fonds marins. En vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, un pays côtier a le droit de contrôler l'accès à une ceinture de 12 milles marins entourant ses côtes. Un pays peut également contrôler les ressources qui se trouvent sous ses eaux côtières jusqu'à une limite de 200 milles de son littoral. Le plus important, c'est qu'un pays peut également élargir substantiellement son territoire en prouvant que les formations rocheuses sous-marines sont un prolongement de son plateau continental.
Par conséquent, des questions se posent sur le plan scientifique. Quelles données scientifiques ont été recueillies? Qu'avons-nous appris à propos de notre plateau continental? Serons-nous prêts à présenter ces données à la commission de l'ONU d'ici 2013? Quel financement sera nécessaire pour la réalisation de la recherche, au-delà des 43 projets qui étaient en branle en 2007, à l'occasion de l'Année polaire internationale?
On s'entend généralement pour dire que les îles au nord du Canada appartiennent au Canada, mais qu'en est-il des voies navigables? Le projet de loi établira-t-il à qui appartiennent, par exemple, les eaux séparant les îles Devon et Somerset, ou Banks et Melville, puisque les canaux passant entre certaines des îles du nord du Canada sont d'une largeur de moins de 50 milles nautiques?
Le projet de loi appuiera-t-il l'affirmation du Canada selon laquelle le passage du Nord-Ouest se trouve dans les limites des eaux territoriales? Les États-Unis et d'autres pays affirment que ces eaux constituent un détroit international que tout navire a le droit d'emprunter. Le fait que seulement 11 navires étrangers ont transité par ces eaux entre 1904 et 1984 permet toutefois de supposer qu'il ne s'agit pas d'une voie maritime internationale.
Si le projet de loi ne protège pas la souveraineté du passage du Nord-Ouest, que fait-on en ce sens? Une base militaire Alert à quelque 800 kilomètres du pôle Nord ne suffit pas puisque la Russie a une base de recherche qui fonctionne toute l'année à 60 kilomètres du pôle. Il ne suffit pas non plus d'affirmer que les eaux qui séparent la plupart des îles de l'Arctique canadien sont gelées la plus grande partie de l'année et qu'elles doivent être considérées comme une extension des terres.
Le fait que des Autochtones et des Inuits du Canada utilisent et occupent ces terres est probablement un meilleur argument.
La plupart des conflits relatifs à la souveraineté dans l'Arctique sont entre le Canada et les États-Unis, mais le Danemark est aussi au nombre des intéressés. Pour cette raison, le gouvernement pourrait peut-être nous mettre au courant de la situation concernant l'île Hans, qui se trouve entre l'île Ellesmere et le Groenland.
Le Canada n'a pas fait assez pour faire valoir et faire respecter sa souveraineté dans l'océan Arctique.
Comment le Canada peut-il consolider ses intérêts dans le Nord? Premièrement, le gouvernement doit définir la souveraineté, d'une part, en éléments de pouvoir, de contrôle et de perception et, d'autre part, en droits, par exemple le droit de contrôler le territoire, le droit à l'intégrité territoriale et le droit à la non-ingérence par des États étrangers.
Deuxièmement, le gouvernement doit définir la manière d'exercer notre souveraineté. Un ancien ministre de la Défense nationale a déjà dit qu'« être souverain, c’est assumer activement ses responsabilités dans une région ».
Troisièmement, le gouvernement doit prévoir comment établir notre souveraineté sur les eaux arctiques ainsi que sur le territoire jusqu'aux limites de notre zone économique exclusive.
En outre, le gouvernement doit songer à nommer un ministre influent qui serait responsable d'un programme pour l'Arctique et travaillerait en collaboration avec Environnement Canada, Affaires indiennes et du Nord Canada, la Défense nationale, Ressources naturelles Canada, Transports Canada et les dirigeants des territoires; il doit aussi songer à acquérir plusieurs brise-glaces, car la flotte du Canada ne sera pas suffisante lorsque le trafic maritime augmentera.
Selon le rapport du comité sénatorial, « ce sont les brise-glaces de la Russie qui permettent à celle-ci de revendiquer une grande partie de l’océan Arctique ».
Comme le a déclaré que les travaux scientifiques et les activités d'exploitation sont essentiels si le Canada veut défendre sa partie septentrionale, le gouvernement doit aussi envisager de créer un réseau national de stations de surveillance du pergélisol que les collectivités du Nord et les sociétés pétrolières et gazières pourraient utiliser pour dresser les plans des futurs immeubles, pipelines et routes, de créer une fondation distincte vouée à la recherche dans l'Arctique afin de soutenir les activités de recherche portant sur l'atmosphère, le développement économique, l'océanographie et la faune, de remplir une promesse de créer des chaires de recherche nordique dans des universités canadiennes et de réinvestir dans la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère.
Il y a 100 ans, le 6 avril 1909, Robert Peary et son équipe ont atteint l'extrémité septentrionale du monde. Cinq mois plus tard, lorsque le groupe s'est retrouvé sur les côtes nord du Labrador, Peary a envoyé un câble dont le contenu s'est retrouvé en manchette dans le monde entier et dans lequel il annonçait qu'il avait planté la bannière étoilée au pôle Nord.
Nous devons faire en sorte que le Canada garde sa souveraineté sur notre territoire, le passage du Nord-Ouest et les voies navigables entre nos îles arctiques. Nous devons veiller à déterminer la superficie réelle de notre territoire. Nous devons faire en sorte que notre territoire nordique, le « magnifique joyau de glace [...] pour lequel, pendant des siècles, des hommes de tous les pays [...] ont lutté [...] ont souffert et sont morts » reste canadien.
J'ai oublié de mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
:
Madame la Présidente, j'aimerais remercier la députée d' d'avoir partagé son temps de parole avec moi et de ses propos judicieux sur la souveraineté dans l'Arctique et sur l'environnement.
Il y a un vieil adage qui dit que le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions. C'est la première chose qui me vient à l'esprit en lisant le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques.
Le projet de loi a un objectif assez simple. Il modifie la définition d'« eaux arctiques » afin de faire passer la frontière au nord du 60e parallèle de latitude nord de 100 à 200 milles marins de la ligne de base de la mer territoriale. Il est évident que c'est la direction dans laquelle nous devons aller.
L'intérêt pour le Nord est maintenant devenu très grand à l'échelle internationale. Notre réalité est maintenant bien différente. La fonte constante des glaces ne fait pas qu'exposer de nouvelles réserves inexplorées de poissons et de richesses minérales. Elle a également ouvert le passage du Nord-Ouest à la navigation pendant l'été. En septembre 2008, le MV Camilla Desgagnés, qui fait partie du Nunavut Sealink & Supply (NSSI) inc., a transporté des marchandises entre Montréal et les hameaux de Cambridge Bay. Un membre de l'équipage aurait même dit qu'il n'y avait pas de glace du tout.
L'ouverture du Passage du Nord-Ouest réduirait le trajet entre l'Europe et l'Asie de 5 000 milles nautiques.
Il est presque unanimement reconnu que les nombreuses îles que compte l'Arctique au nord de la partie continentale du Canada appartiennent au Canada, mais qu'en est-il des eaux qui les séparent? Qui, le cas échéant, a compétence sur les eaux qui séparent l'île Somerset de l'île Devon, ou l'île Melville de l'île Banks?
Comme l'a souligné Donald McRae dans un document publié par le Comité canadien des ressources arctiques « Il doit être démontré que les eaux sont les eaux intérieures du Canada et que les eaux du passage du Nord-Ouest ne sont pas un détroit international. » Toutefois, les Russes ont planté leur drapeau au fond de l'océan au pôle Nord, à 4200 mètres au-dessous du niveau de la mer. Depuis 1994, les Russes ont également déployé du personnel dans une base de recherche connue sous le nom de Station Bornéo, à seulement 60 kilomètres du Pôle. Au fil des ans, le Danemark a envoyé des frégates renforcées contre la glace et a revendiqué à bon nombre de reprises la possession de l'île Hans. Quelques jours seulement avant la fin du mandat du président des États-Unis George Bush, son administration a fait valoir le pouvoir militaire des États-Unis en matière maritime en réplique à une revendication du Canada. Les États-Unis ont soutenu que le passage du Nord-Ouest servait à la navigation internationale.
La mise à jour de la loi — en modernisant le libellé pour actualiser les revendications de notre pays dans la région — n'est qu'une suite logique de nos revendications de souveraineté sur ce territoire. C'est quelque chose que les députés de ce côté-ci de la Chambre appuient. Cependant, en bout de ligne, il reste trop de questions en suspens sur le plan de l'application de la loi et des mesures tangibles associées à ce type de mise à jour.
Dans son appel à l'action, le Canada doit inclure la pénétration du Nord par la terre, la mer et l'air. Nous devons être prêts à défendre nos droits sur notre territoire devant les tribunaux internationaux en présentant des arguments solides en faveur de nos revendications territoriales. En vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, nous avons jusqu'en 2013 pour les faire valoir.
Sur mer, le Canada a besoin de super-brise-glaces capables d'aller jusqu'aux confins de notre territoire. Nous avons également besoin d'un plus grand nombre de brise-glaces de taille moyenne pour la Garde côtière canadienne, qui seraient stationnés le plus au nord possible. Combien de navires sont nécessaires pour accomplir le travail d'ici 2013? Allons-nous construire, louer ou emprunter les navires requis? Disposons-nous du personnel voulu pour doter ces nouveaux postes? Le n'a pas répondu adéquatement à ces questions.
Sur terre, le Canada doit étudier la possibilité d'installer des établissements permanents dans le Nord et de les équiper d'infrastructures aériennes et de ports sûrs pour les navires qui s'aventurent dans le Nord pour y faire de la prospection sismique et de la cartographie. Toutefois, à l'heure actuelle, personne ne sait comment et quand cela se produira.
Dans les airs, le Canada doit surveiller les mouvements des autres pays dans la région contestée et suivre l'évolution des glaces. Nous avons besoin d'une flotte d'aéronefs capable d'approvisionner le Nord, de faire des recherches scientifiques et de mener des opérations de recherche et sauvetage.
Si le Canada n'est pas en mesure d'avoir un avion militaire dans les airs dans les six heures qui suivent toute situation qui le requiert, prévoyons-nous construire d'autres aéroports dans le Nord pour que nous puissions effectivement couvrir l'ensemble de notre territoire?
Encore une fois, le gouvernement a détourné l'attention des questions de ce genre en évitant de donner des précisions.
Ce projet de loi étendra la souveraineté du Canada sur des eaux d'une superficie équivalente à celle de la Saskatchewan. C'est important. Si le Canada veut bien défendre ses revendications sur la scène internationale, il lui faudra également affecter des ressources à cette fin, élaborer et exécuter un plan exhaustif et équilibré et, surtout, arrêter de parler sans agir. Non seulement les yeux du monde sont tournés vers le Nord, mais la communauté internationale épie les actions, ou l'inaction, du gouvernement.
À l'heure actuelle, en ce qui concerne la souveraineté du Canada dans le Nord et notre capacité de protéger ce qui, à notre avis, nous appartient, nous sommes la risée du monde, tout comme l'est notre gestion de l'environnement.
Je termine en disant que, récemment, j'ai eu l'occasion de parler avec le PDG de l'administration portuaire de Churchill, un homme qui, autrefois, a lui-même été un distingué parlementaire, M. Lloyd Axworthy. Il a parlé des grandes perspectives dans le Nord et de la fragilité de l'écosystème dans cette région.
Nous disposons de peu de temps pour agir comme il se doit. Ce projet de loi, sous sa forme actuelle, n'y parvient pas encore.
En conclusion, mes collègues et moi-même appuyons la simplicité et la nécessité du projet de loi. Toutefois, nous voulons voir plus que de beaux discours et des manoeuvres politiques pour renforcer et stabiliser le Nord du Canada et en assurer la protection. J'espère que le premier ministre et le gouvernement comprendront nos intentions. J'aimerais vraiment appuyer ce projet de loi, et une fois qu'il sera au comité, nous verrons comment nous pourrons procéder. Il est question de l'avenir du pays.