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FINA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent des finances


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 6 novembre 2002




¿ 0900
V         La présidente (Mme Sue Barnes (London-Ouest, Lib.))

¿ 0905
V         

¿ 0910
V         Mme Wendy Forsythe (présidente, Comité des communications stratégiques, Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite)
V         

¿ 0915
V         La présidente
V         M. Michael Bach (vice-président-directeur général, Association canadienne pour l'intégration communautaire)

¿ 0920
V         

¿ 0925
V         La présidente
V         M. Vince Brescia (Canadian Federation of Apartment Associations)
V         

¿ 0930
V         La présidente
V         Mme Virginia McLauglin
V         

¿ 0935
V         M. David MacKinnon (président-directeur général, Association des hôpitaux de l'Ontario)
V         

¿ 0940
V         La présidente
V         M. Barry Grills (président, Writers' Union of Canada)
V         

¿ 0945
V         

¿ 0950
V         La présidente
V         M. Charlie Penson
V         M. Michael Bach

¿ 0955
V         M. Charlie Penson
V         M. Michael Bach
V         M. Charlie Penson
V         M. Michael Bach
V         M. Charlie Penson
V         M. Michael Bach
V         M. Charlie Penson
V         M. Vince Brescia
V         M. Charlie Penson

À 1000
V         M. Vince Brescia
V         M. Charlie Penson
V         La présidente
V         M. Pierre Paquette (Joliette, BQ)
V         La présidente
V         M. David MacKinnon
V         

À 1005
V         La présidente
V         M. Barry Grills
V         La présidente
V         M. Michael Bach
V         La présidente
V         M. Bryon Wilfert
V         

À 1010
V         La présidente
V         M. David MacKinnon
V         

À 1015
V         La présidente
V         Mme Deborah Windsor (directrice générale, Writers' Union of Canada)
V         La présidente
V         M. Bryon Wilfert
V         La présidente
V         M. Vince Brescia
V         La présidente
V         M. Stephen Bigsby (directeur administratif, Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite)
V         

À 1020
V         La présidente
V         M. Tony Valeri
V         La présidente
V         Mme Wendy Forsythe
V         

À 1025
V         M. Stephen Bigsby
V         M. Tony Valeri
V         M. Stephen Bigsby
V         Mme Wendy Forsythe
V         La présidente
V         M. Tony Valeri
V         

À 1030
V         M. David MacKinnon
V         Mme Virginia McLauglin
V         La présidente
V         M. Brian Masse (Windsor-Ouest, NPD)
V         M. Vince Brescia
V         M. Brian Masse
V         M. Vince Brescia
V         M. Brian Masse
V         M. David MacKinnon
V         M. Brian Masse

À 1035
V         M. David MacKinnon
V         M. Brian Masse
V         M. David MacKinnon
V         M. Brian Masse
V         M. Barry Grills
V         La présidente
V         Mme Maria Minna (Beaches—East York, Lib.)
V         La présidente
V         Mme Maria Minna
V         La présidente
V         Mme Maria Minna
V         

À 1040
V         Mme Wendy Forsythe
V         M. Stephen Bigsby
V         Mme Maria Minna
V         M. Stephen Bigsby
V         La présidente
V         Mme Maria Minna
V         

À 1045
V         M. David MacKinnon
V         Mme Maria Minna
V         M. David MacKinnon
V         Mme Virginia McLauglin
V         Mme Maria Minna
V         La présidente
V         Mme Virginia McLauglin

À 1050
V         La présidente
V         La présidente

À 1055
V         M. W. Jack Millar (Senior Partner, Millar Wyslobicky Kreklewetz; Association de ventes directes)
V         La présidente
V         Mme Caroline Di Giovanni (directrice des Affaires publiques, Société catholique d'aide à l'enfance, Campagne contre la pauvreté des enfants.)
V         

Á 1100
V         Mme Jacquie Maund (coordonnatrice, Campagne contre la pauvreté des enfants)
V         

Á 1105
V         La présidente
V         Mme Judy Cutler (directrice des communications, Association canadienne des plus de 50 ans)
V         M. William Gleberzon (directeur général associé, Association canadienne des plus de 50 ans)

Á 1110
V         Mme Judy Cutler
V         

Á 1115
V         La présidente
V         M. Luciano Piccioni (consultant en développement des entreprises, coordonnateur du projet des friches industrielles, Ville de Hamilton)
V         

Á 1120
V         La présidente
V         M. W. Jack Millar
V         

Á 1125
V         

Á 1130
V         La présidente
V         Mme Catharine Laidlaw-Sly (présidente, Conseil national des femmes du Canada)
V         

Á 1135
V         La présidente
V         Mme Cathy Crowe
V         

Á 1140
V         M. Michael Shapcott (vice- président, National Housing and Homelessness Network)
V         

Á 1145
V         

Á 1150
V         La présidente
V         M. Charlie Penson
V         Mme Jacquie Maund
V         M. Gerald Vandezande
V         M. Charlie Penson

Á 1155
V         M. Gerald Vandezande
V         M. Charlie Penson
V         M. Gerald Vandezande
V         M. Charlie Penson
V         M. Gerald Vandezande
V         M. Charlie Penson
V         M. Gerald Vandezande
V         M. Charlie Penson
V         La présidente suppléante (Mme Maria Minna (Beaches—East York, Lib.)
V         M. Charlie Penson
V         

 1200
V         La présidente suppléante (Mme Maria Minna)
V         M. Luciano Piccioni
V         La présidente suppléante (Mme Maria Minna)
V         M. Pierre Paquette
V         La présidente suppléante (Mme Maria Minna)
V         Mme Caroline Di Giovanni
V         M. Gerald Vandezande
V         M. Pierre Paquette
V         M. Gerald Vandezande

 1205
V         M. Pierre Paquette
V         M. Michael Shapcott
V         La présidente

 1210
V         M. Tony Valeri
V         M. Luciano Piccioni
V         M. Tony Valeri
V         M. Luciano Piccioni
V         M. Tony Valeri
V         Mme Caroline Di Giovanni

 1215
V         Mme Jacquie Maund
V         M. Gerald Vandezande
V         M. Tony Valeri
V         La présidente
V         M. Tony Valeri
V         La présidente
V         M. Tony Valeri
V         La présidente
V         M. Bryon Wilfert

 1220
V         La présidente
V         M. William Gleberzon
V         

 1225
V         Mme Caroline Di Giovanni
V         La présidente
V         Mme Maria Minna
V         

 1230
V         M. Michael Shapcott
V         Mme Maria Minna
V         Mme Jacquie Maund
V         M. Gerald Vandezande
V         Mme Maria Minna

 1235
V         La présidente










CANADA

Comité permanent des finances


NUMÉRO 018 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 6 novembre 2002

[Enregistrement électronique]

¿  +(0900)  

[Traduction]

+

    La présidente (Mme Sue Barnes (London-Ouest, Lib.)): Bonjour. Bienvenue à tous. Conformément au paragraphe 83(1) du Règlement, notre Comité des finances procède aux discussions prébudgétaires.

    Ce matin, entre 9 et 10 h 30, nous allons entendre cinq groupes différents de témoins. Pour représenter l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite, nous accueillons Ian Markham, son vice-président, ainsi que Wendy Forsythe, le président de son Comité des communications, et Stephen Bigsby, son directeur administratif.

    Au nom de l’Association canadienne pour l’intégration communautaire, nous allons entendre Michael Bach, son vice-président et directeur administratif.

    Vince Brescia va représenter la Canadian Federation of Apartment Associations. Soyez le bienvenu.

    Au nom de l’Association des hôpitaux de l’Ontario, nous entendrons Virginia McLauglin, membre de son conseil d’administration et présidente du comité chargé des activités de promotion au sein de l’AHO, qui est accompagnée par David MacKinnon, président et directeur général de cette organisation. Je vous souhaite à tous deux la bienvenue.

¿  +-(0905)  

+-

     Nous accueillons aussi aujourd’hui, pour représenter la Writers’ Union of Canada, Deborah Windsor, directrice générale, et Barry Grills, son président.

    Soyez tous les bienvenus. Vous disposerez de huit minutes pour présenter votre exposé. Au bout de sept minutes, regardez-moi bien, je vous ferai un signe avec mon crayon. Si vous dépassez les huit minutes imparties, je vous laisserai peut-être aller, mais il est probable que je vous interromprai peu de temps après.

    Nous allons entendre tous les intervenants dans l’ordre où ils figurent dans l’ordre du jour, puis nous passerons à la période des questions dont le temps sera réparti également entre les députés du gouvernement et ceux de l’opposition.

    Si je vous ai bien compris, au moins l’un d’entre vous doit prendre un avion, et n’hésitez donc pas à partir dès que vous en éprouverez le besoin. Nous ne manquerons pas cependant de mettre à profit votre point de vue.

    Je donne maintenant la parole à l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite, qui dispose de huit minutes.

¿  +-(0910)  

+-

    Mme Wendy Forsythe (présidente, Comité des communications stratégiques, Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite): Merci, madame la présidente.

    Nous sommes très heureux d’avoir l’occasion de présenter le point de vue de l’ACARR, soit l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite. Nous représentons au Canada les organisateurs de régimes de retraite publics et privés ainsi que tous ceux qui leur sont associés. L’ACARR englobe plus de 400 régimes de retraite canadiens couvrant quelque cinq millions de participants à des régimes de retraite enregistrés dans notre pays. Nous avons pour mission de promouvoir la croissance et la bonne marche des régimes de revenu de retraite au Canada en nous appuyant sur les principes suivants: premièrement, la clarté des lois, des règlements et des conventions portant sur les retraites; deuxièmement, de bonnes règles de gouvernance et d’administration; enfin, une prise en compte équitable des besoins et des intérêts des différentes parties prenantes.

    L’ACARR est administrée par un conseil d’administration national comptant 12 membres qui proviennent de toutes les régions du Canada. Les orientations prises par notre organisation sont discutées et arrêtées par le comité chargé de la promotion de nos activités et des relations avec les gouvernements, qui comprend 25 représentants provenant de toutes les régions du pays. Le cas échéant, nos orientations font l’objet d’une coordination avec les conseils régionaux de l’Ontario, du Québec et de l’Alberta.

    L’ACARR a un certain nombre de priorités dans le cadre de la planification du budget fédéral de 2003-2004. Le régime de revenu à la retraite du Canada semble bien se porter comparativement à ce qui se passe dans nombre d’autres pays, mais les tendances à long terme et les événements récents nous montrent que les Canadiens ne peuvent pas se permettre de s’endormir sur leurs lauriers lorsqu’il s’agit de planifier leur retraite. Le programme en quatre points de l’ACARR est plus pertinent que jamais.

    Tout d’abord, nous devons promouvoir une plus grande autonomie financière à la retraite en assurant davantage de travailleurs et en couvrant une plus grande partie des revenus dans le cadre de notre régime volontaire de retraites enregistré et des accords de retraite des REER. La législation fiscale et les politiques sociales actuelles du gouvernement fédéral constituent de gros obstacles et nous empêchent d’atteindre cet objectif très souhaitable.

    En second lieu, nous devons promouvoir une bonne gouvernance et nous assurer que les régimes de pensions et d’épargne-retraite au Canada sont bien administrés. Une bonne gouvernance est indispensable si l’on veut remplir les promesses offertes par les régimes de retraite à un coût raisonnable. Les événements survenus par le passé nous ont enseigné qu’une bonne ou une mauvaise gouvernance pouvait se répercuter directement sur le rendement des régimes de retraite.

    Troisièmement, nous devons promouvoir un régime de réglementation des pensions et de l’épargne-retraite qui soit équilibré, uniforme, transparent et rentable. Nous continuons à affirmer que la mosaïque actuelle des réglementations fédérales et provinciales au Canada est loin de répondre à ces exigences.

    Quatrièmement, nous devons inciter les Canadiens à se familiariser avec les questions financières. Ainsi que nous l’avons indiqué dans notre document d’orientation de janvier 2000: «Dépendance ou autonomie: Quel genre de système de revenu de retraite voulons-nous au Canada?», s’ils veulent pouvoir préparer leur retraite, les Canadiens doivent comprendre comment fonctionne le régime des revenus de retraite du Canada et le rôle qu’ils jouent dans ce cadre.

    Nous avons un certain nombre de mesures concrètes à recommander en vue de renforcer le régime de revenu à la retraite du Canada. Il s’agit tout d’abord d’encourager une plus grande autonomie financière à la retraite.

    L’ACARR continue à affirmer que certaines politiques fiscales et sociales et du gouvernement fédéral canadien empêchent sérieusement le Canada de renforcer le secteur d’accumulation volontaire de fonds dans le cadre du régime national de revenu à la retraite. Le problème fondamental, c’est que le régime actuel décourage l’épargne des Canadiens dont le revenu est inférieur aux plafonds des cotisations aux REER et aux régimes de pension agréés—en l’occurrence, dont le revenu est inférieur à 75 000 $—en refusant à ceux qui gagnent plus de 75 000 $ un report d’impôt jusqu’à la retraite sur les revenus supérieurs à ce plafond. L’effet combiné de cette désincitation à l’épargne et de ces plafonds très inférieurs à ceux de certains pays concurrents comme les États-Unis ou le Royaume-Uni place les employeurs canadiens dans une situation désavantageuse face à la concurrence et alourdit le fardeau correspondant aux volets Sécurité de la vieillesse-SRG financés par l’impôt dans le cadre du régime de revenu à la retraite au Canada.

+-

     L’ACARR recommande deux mesures pour remédier à ces difficultés: premièrement, plafonner le taux d’imposition effectif—c’est-à-dire en englobant la rétrocession de la Sécurité de la vieillesse et du SRG—à 50 p. 100 du revenu total de retraite; deuxièmement, remonter progressivement le plafond des revenus sur lesquels peuvent s’appliquer les cotisations des REER et des régimes de pension agréés en le portant à 150 000 $.

    Enfin, l’association recommande que le gouvernement revoit les politiques fiscales actuelles, qui découragent les travailleurs de prendre une retraite progressive ou échelonnée. La réglementation actuelle permettrait difficilement à une entreprise de continuer à faire travailler à temps partiel un employé dont les services sont précieux tout en le faisant bénéficier de prestations de retraite. À mesure que la génération née après la guerre va atteindre l’âge de la retraite, les entreprises auront besoin de plus de souplesse. Il faudra que le gouvernement aide les employeurs à conserver les travailleurs qualifiés dont ils ont besoin et facilite la tâche des Canadiens qui souhaitent rester actifs et compléter leur revenu de retraite par un revenu supplémentaire imposable.

    Il y a ensuite la promotion de bonnes règles de gouvernance et d’administration. Les membres des régimes de retraite comprennent bien mieux qu’auparavant que la qualité de la gouvernance et de l’administration des régimes a directement des effets sur le rendement et la sécurité de leurs régimes de pension. L’ACARR collabore étroitement avec le nouveau comité créé dans le secteur pour conseiller l’ACOCRR, l’Association canadienne des organismes de contrôle des régimes de retraite, qui établit des directives détaillées concernant la conduite à suivre par les administrateurs et le personnel fiduciaire.

    L’ACARR prend part par ailleurs aux travaux du groupe d’étude de l’Association canadienne des gestionnaires de fonds de retraite et de l’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes en matière de réglementation fédérale sur les placements qui ont été adoptés par d’autres juridictions canadiennes. Ce groupe d’étude estime que les règles quantitatives qui s’appliquent actuellement aux placements autorisés doivent être remplacées par la notion de placement de père de famille. Certains domaines de la réglementation fédérale actuelle, telle que la règle d’attribution, ou l’évaluation des éléments d’actif à leur valeur comptable, doivent être revus.

    Il y a longtemps que l’ACARR part du principe que le plafond qui s’applique aux propriétés étrangères, qui est actuellement de 30 p. 100 de l’ensemble des éléments d’actif, doit être encore relevé ou, mieux encore, supprimé. Cette restriction empêche les régimes de retraite du Canada d’optimiser leur rendement tout en répartissant les risques à l’intérieur de nombreux marchés. L’ACARR et l’Association canadienne des gestionnaires de fonds de retraite ont commandé ensemble au professeur Joel Fried, de l’Université Western Ontario, un rapport faisant état des répercussions actuelles de ce problème. Ce rapport sera publié à l’automne.

    La troisième priorité est la promotion d’un régime de réglementation efficace et utile. On nous a informé que l’ACOCRR rendra public au printemps 2003 les critères de son modèle de réglementation. Ces critères doivent servir de cadre à une loi harmonisée sur les retraites devant s’appliquer à toutes les juridictions chargées des retraites au Canada. Ce modèle harmonisé de retraite rendra les régimes de retraite actuels moins onéreux et moins complexes à administrer. Et surtout, ces règles harmonisées favoriseront la mise en place de régimes de retraite plus volontaires et améliorera le taux de couverture des retraites des Canadiens.

    Trois membres de l’ACARR siègent au sein du nouveau groupe d’étude mis sur pied dans le secteur pour conseiller les responsables du Comité de travail sur la divulgation de renseignements sur les placements pour les régimes de capitalisation qui relève du forum conjoint des autorités de réglementation du marché financier. Les responsables de la réglementation comme ceux du secteur cherchent à mettre en place un ensemble de règles pratiques visant à s’assurer que les régimes de retraite à cotisations déterminées et autres régimes à accumulation de capital fassent l’objet de règles de fonctionnement efficaces et pratiques.

    La dernière priorité est celle d’une plus grande familiarisation avec les questions financières. DRHC a fait des démarches pour améliorer les communications entre les deux grands régimes de retraite publics du Canada: la sécurité de la vieillesse et les régimes de retraite du Canada et du Québec. Nous devons faire en sorte que la population canadienne comprenne mieux jusqu’à quel point les régimes de pension volontaires, qui constituent le troisième volet d’une bonne stratégie de revenu à la retraite, vient compléter les deux premiers. Récemment, la volatilité des marchés des valeurs mobilières et les quelques affaires qui ont fait les manchettes aux É.-U. en matière de régimes de retraite alimentés par des cotisations ont rendu cette question encore plus d’actualité pour les Canadiens.

    Merci.

¿  +-(0915)  

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Au nom de l’Association canadienne pour l’intégration communautaire, nous allons maintenant entendre M. Bach.

    Allez-y, vous disposez de huit minutes.

+-

    M. Michael Bach (vice-président-directeur général, Association canadienne pour l'intégration communautaire): Merci, madame la présidente.

    L’Association canadienne pour l’intégration communautaire parle d’une même voix et au nom de près d’un million de Canadiens ayant des handicaps intellectuels ainsi que de leurs familles. Nous regroupons 13 associations provinciales-territoriales et plus de 400 associations locales qui comptent 40 000 membres.

    Je suis venu aujourd’hui relever précisément un certain nombre d’engagements précis qui ont été pris dans le discours du Trône et que nous applaudissons, en demandant par ailleurs au gouvernement de les replacer dans le cadre d’une politique globale d’aide aux handicapés à l’échelle nationale.

    Nous considérons qu’il reste beaucoup à faire au gouvernement fédéral et aux provinces et que ces derniers n’en sont qu’à leurs premiers pas sur la voie de la mise en oeuvre de l’accord intergouvernemental signé il y a cinq ans—l’accord intergouvernemental «À l’unisson». Nous estimons qu’il est temps d’agir aujourd’hui.

    Laissez-moi vous rappeler quelques statistiques démographiques. Près de 16 p. 100 des Canadiens ont des handicaps. Ce chiffre augmente constamment, comme l’indiquent clairement les rapports récents de Statistique Canada sur le vieillissement de la population canadienne. Plus de 25 p. 100 des Canadiens handicapés vivent dans la pauvreté. C’est près de deux fois plus que dans l’ensemble de la population au Canada.

    Il s’agit là d’environ 2,5 millions de personnes qui, au sein des familles, sont le principal soutien d’une personne handicapée. Ce système de soutien n’est pas dispensé dans notre pays par des organismes de service rémunérés; il s’agit du travail non rémunéré des membres de la famille et d’autres intervenants importants.

    Les familles qui prennent soin d’un enfant handicapé risquent davantage d’être pauvres, de vivre de l’assistance sociale, d’être des familles monoparentales et de manquer d’argent pour se nourrir à la fin du mois que les autres familles canadiennes. Voilà le cadre général dans lequel se situent mes observations ce matin.

    Nous demandons la mise en place d’un programme national sur l’aide aux handicapés devant traduire dans les faits les engagements pris à l’unisson par les deux paliers de gouvernement. Nous estimons que dans le cadre de ce programme national il s’agit d’investir dans l’appui accordé aux personnes, aux familles et aux collectivités. On ne résoudra pas simplement le problème en se contentant de verser quelques dollars supplémentaires aux particuliers. Nous avons besoin d’une stratégie coordonnée s’adressant aux particuliers, aux familles et aux collectivités.

    Nous avons dégagé aujourd’hui dans notre mémoire un certain nombre d’engagements devant être pris dans un premier temps dans chacun de ces trois domaines: les particuliers, les familles et les collectivités. Je pense que si le gouvernement mettait délibérément en oeuvre les engagements qu’il a pris dans le discours du Trône, on pourrait commencer à mettre en place dans un premier temps la première phase d’un programme national.

    Je tiens à me référer plus particulièrement à cinq éléments du discours du Trône. On s’est engagé à accélérer la mise en place d’un accord global sur l’aptitude à l’emploi. Nous invitons le gouvernement à agir rapidement en collaboration avec les provinces afin d’accélérer la mise en oeuvre de ce projet. On en a discuté dans le cadre de l’accord visant à améliorer l’aptitude à l’emploi des personnes handicapées. Nous considérons que ce n’est là qu’un des éléments d’un accord global.

    Tant que le gouvernement fédéral et les provinces ne se seront pas engagés envers les groupes concernés par l’équité dans l’emploi dans le cadre des accords de promotion des marchés de la main-d’oeuvre, nous n’avancerons pas sur le plan de l’emploi, notamment en ce qui a trait aux personnes handicapées.

    Depuis l’adoption de la loi fédérale sur l’équité en matière d’emploi, davantage de personnes handicapées ont quitté le marché de la main-d’oeuvre qu’on en a engagées. La Loi sur l’équité en matière d’emploi ne peut pas faire tout le travail. Nous avons besoin d’adopter une démarche globale. Cela signifie que l’accord d’aide à l’employabilité des personnes handicapées et que l’entente sur le développement du marché du travail—deux instruments dont a besoin le gouvernement fédéral—doivent intervenir ici.

    Le programme d’aide à l’emploi des personnes handicapées n’a pas beaucoup aidé les handicapés intellectuels parce qu’on ne tient pas compte dans ce cadre du fait que ces personnes ont plus de chemin à parcourir pour trouver un emploi, étant donné leur exclusion à long terme, et qu’il faut éventuellement les aider toute leur vie à occuper un emploi. Si l’on procède toutefois à ce genre d’investissement, on en retirera des recettes fiscales; ces gens n’auront plus besoin de l’assistance sociale. Nous estimons que ça en vaut la peine.

    Il y a un deuxième engagement dans le discours du Trône que nous applaudissons des deux mains, c’est celui qui consiste à prendre des dispositions en faveur des familles à faible revenu ayant des enfants gravement handicapés. Cette mesure était attendue depuis longtemps et nous félicitons le gouvernement de son initiative. Nous considérons cependant qu’il est important de se pencher sur les mécanismes ou sur les instruments permettant de mettre en oeuvre cet engagement.

    Nous voyons trois possibilités: intégrer le critère du handicap à la prestation fiscale canadienne pour enfants; faire en sorte que le crédit d’impôt pour les handicaps soit remboursable, parce que nous parlons ici de familles à faible revenu et que le caractère remboursable des déductions d’impôt sur le revenu va intervenir; enfin, le versement d’une nouvelle prestation canadienne pour les personnes handicapées qui constituera une première mesure d’aide.

    Nous ne pensons pas qu’il faille utiliser la prestation fiscale canadienne pour enfants. C’est une mesure de soutien des revenus. Il s’agit ici de reconnaître que l’aide apportée aux handicapés a un coût. Nous estimons qu’il convient de faire en sorte que la PFCE reste un véritable instrument de soutien des revenus.

¿  +-(0920)  

+-

     À notre avis, on peut légitimement s’opposer au caractère remboursable du crédit d’impôt versé aux familles ayant des enfants handicapés à moins que ce crédit d’impôt soit remboursable pour tout le monde, y compris pour les handicapés adultes. Nous considérons que la chance s’offre à nous de mettre en place au Canada une prestation pour handicapés dont cette mesure constituerait la première étape, à moins que l’on dispose d’autres moyens de verser des crédits aux familles à faible revenu ayant des enfants handicapés. C’est toutefois vers quoi nous nous engageons. Nous considérons que cette option doit revenir en fait à mettre en place une prestation canadienne pour les handicapés.

    Troisièmement, on s’est engagé à reconnaître la valeur du travail non rémunéré dispensé par les membres de la famille auprès des personnes gravement malades ou mourantes. Nous considérons que c’est une étape très importante. Nous nous attendons à ce que vous procédiez par l’intermédiaire de l’assurance-emploi. C’est probablement le mécanisme qui s’impose. À notre avis, toutefois, rien ne justifie que l’on s’en tienne à l’appellation des personnes gravement malades ou mourantes. Les personnes gravement malades ou mourantes ont en fait des besoins de personnes handicapées. C’est ce dont nous parlons ici. Nous invitons instamment le gouvernement à faire profiter de cette mesure les membres de la famille qui dispensent d’importants soins non rémunérés tout en occupant par ailleurs un emploi rémunéré et qui s’occupent de bénéficiaires répondant aux critères d’admissibilité en vertu de la Loi sur l’impôt.

    Dans la pratique, il y a 900 000 personnes occupant un emploi rémunéré qui par ailleurs dispensent gratuitement des soins importants à des membres de leur famille. D’après les statistiques, on peut constater que les membres de la famille qui dispensent ce genre de soins voient leur carrière ralentir, doivent quitter leur travail et s’en remettent à l’assistance sociale parce qu’elles ne peuvent plus compter sur l’argent que leur procure leur emploi. Si nous confions aux membres de la famille le soin d’aider les personnes handicapées et de s’occuper d’une population vieillissante, il faut que nous fassions quelque chose pour les aider.

    Prenez le cas de la Suède. Une personne qui occupe un emploi rémunéré et qui a un enfant handicapé en Suède peut prendre trois mois de congé payé par an à 80 p. 100 de son salaire. Il y a aujourd’hui des Canadiens qui déménagent en Suède et qui y restent parce qu’ils ne peuvent pas envisager de pouvoir se passer d’aide à l’avenir. Nous en voyons surtout les conséquences pour les femmes, qui assument un triple fardeau. Elles se chargent des tâches domestiques, elles occupent un emploi rémunéré et elles dispensent 40, 50 ou 60 heures de soins à des personnes handicapées.

    J’insiste pour que l’on considère que le problème des personnes gravement malades et mourantes relève de l’aide aux handicapés.

    Pour la santé et la sécurité de nos collectivités, nous demandons que le gouvernement mette en place un fonds d’investissement stratégique de cinq millions de dollars pour aider nos collectivités à faire la transition et mettre en place un réseau de soutien responsable et souple répondant aux critères établis dans «À l’unisson». Les investissements effectués par le gouvernement fédéral dans le cadre du régime d’assistance publique du Canada contribuent à mettre en place un réseau de services communautaires qui nous apparaît aujourd’hui comme étant fortement exclusif. Ils assignent les gens à des foyers de soins infirmiers, à des foyers de groupes ou à des ateliers protégés. Nous avons indiqué dans notre mémoire qu’il était possible de tirer parti de votre projet de logements pour permettre aux collectivités d’acquérir des capacités propres en se dotant d’un fonds de transition communautaire.

    Nous avons aussi demandé que le réseau d’apprentissage et d’éducation investisse spécialement dans les groupes relevant de la politique d’équité en les englobant dans un réseau national de compte rendu des questions d’apprentissage.

    Enfin, nous indiquons que nous sommes résolument opposés à ce que l’on resserre les critères du crédit d’impôt pour personnes handicapées. Le gouvernement fédéral n’a pas fait grand-chose pour aider les handicapés. Il nous paraît inadmissible que le ministre des Finances resserre les critères d’admissibilité aux crédits d’impôt pour les personnes handicapées. Nous ne pensons pas que cette décision a été prise en toute connaissance de cause et nous espérons bien que l’on retirera ces amendements.

    Merci.

¿  +-(0925)  

+-

    La présidente: Je vous remercie, et merci d’avoir parlé de votre mémoire.

    Nous allons maintenant entendre M. Brescia, le représentant de la Canadian Federation of Apartment Associations.

+-

    M. Vince Brescia (Canadian Federation of Apartment Associations): Merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du comité. Nous apprécions l’occasion qui nous est donnée de vous parler aujourd’hui.

    Je siège au sein du conseil d’administration de la fédération canadienne. Notre groupe chapeaute les associations, petites et grandes, représentant les propriétaires et les gérants d’appartement ainsi que les propriétaires et gérants de logements à louer dans tout le pays. Notre secteur a un chiffre d’affaires de 30 milliards de dollars.

    Nous avons un mémoire qui, je l’espère, vous a été distribué. Nous avons éprouvé des difficultés à la photocopier et il manque la partie du bas, veuillez m’en excuser, mais la majeure partie de l’information a été reproduite. Je vais rapidement vous exposer son contenu.

    Le parc national de logements à louer—c’est l’un des premiers tableaux que vous voyez ici—diminue rapidement dans tout le pays. Ce tableau vous fait l’historique de notre industrie. Nous sommes passés de 60 000 à 70 000 unités de logement à louer produites chaque année à environ 5 000 unités par an au cours des dernières années. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous éprouvons des problèmes de logement dans tout le pays.

    La fiscalité fédérale a joué un rôle de ce point de vue, et le tableau suivant vous en donne un aperçu. On y voit les changements apportés depuis le début des années 1970 et certaines tentatives, aujourd’hui abandonnées, faites par le gouvernement pour remonter le niveau du parc de logements à louer, ce qui nous a amenés au niveau actuel de quelque 5 000 unités par an.

    Les deux pages suivants résument un certain nombre de changements apportés au cours des dernières années. Je ne vais pas vous les exposer en détail. Nous n’en avons pas le temps dans un exposé de huit minutes, mais ils sont résumés ici à votre intention.

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     Le tableau suivant compare notre production avec celle des États-Unis et vous pouvez voir qu’il y a des différences considérables entre les deux pays. Nous perdons effectivement du terrain par rapport à ce pays sur le plan de la production de logements à louer. J’ai essayé d’en exposer l’une des raisons. À la page suivante, vous pouvez constater quelques différences entre le traitement fiscal accordé par les É.-U. et celui qu’accorde le Canada à notre industrie. Ainsi, en autorisant dans ce pays les roulements de gains en capital, on améliore le rendement fiscal. L’étude Ernst & Young fait état d’un rendement de 15 p. 100 sur les investissements. L’intégration des comptes est autorisée là-bas et le régime d’amortissement est meilleur aux États-Unis, il n’y a pas de fiscalité fédérale sur les locations et il existe un certain nombre d’autres avantages. Cela se traduit effectivement au niveau du parc de logements disponibles dans ce pays. Dans l’ensemble des États-Unis, 10 p. 100 des appartements à louer sont libres alors qu’il n’y en a que moins de 2 p. 100 au Canada.

    La location des appartements est importante dans notre pays. Elle l’est pour des raisons de concurrence ainsi que pour des questions de politique sociale. Nous devons nous assurer que la population dispose de suffisamment de logements. Dans une économie en pleine évolution, c’est un type de logement important. Les logements à louer permettent aux gens qui n’ont qu’un emploi à court terme ou qui ne sont pas sûrs de leur emploi à l’avenir de se loger, et c’est là que va la préférence de bien des gens. Le problème, encore, c’est que nous n’avons pas suffisamment de logements.

    Les responsables du gouvernement et le ministre Manley nous ont demandé de présenter une analyse et de faire quelques recherches portant sur les moyens de résoudre ce problème sans nécessairement obérer le budget, et c’est ce que nous avons fait. Voici ici deux tableaux tirés d’un rapport que nous avons rédigé et remis aux responsables du ministère des Finances. On y fait état de certaines modifications fiscales et de certaines possibilités permettant d’inverser le cours des choses au sein de notre secteur. Vous les trouverez à «l’annexe E-1». Là encore, je n’ai pas le temps de les exposer en détail.

    Je passe au tableau suivant. Nous avons estimé par ailleurs quels seraient les coûts de ces modifications de même que les recettes supplémentaires pour le gouvernement fédéral, et j’imagine que c’est ce qui fait l’essentiel de notre argumentation. Étant donné le déclin prononcé dans notre secteur, le gouvernement fédéral perd en fait d’énormes possibilités de recettes. En adoptant les modifications fiscales que nous vous proposons, vous allez en fait, selon nous, gagner beaucoup d’argent et non pas en perdre. Il y a un gain net, de notre point de vue.

    Bien sûr, vous devez considérer les questions financières, mais nous vous demandons aussi de vous pencher sur la situation du logement. Nous nous efforçons de la résoudre sans qu’il vous en coûte rien et en tenant compte du fait que nous avons besoin au niveau national de bien plus de logements.

    À la fin de mon mémoire, j’ai recensé à votre intention le nom d’un certain nombre de groupes ayant rédigé des rapports pour demander au gouvernement fédéral de relancer notre industrie grâce à des mesures fiscales. La liste en est assez longue, mais elle n’est pas exhaustive. À Toronto, le groupe d’étude du maire sur la question des sans-abri, présidé par le Dr Anne Golden, a recommandé ces modifications fiscales, comme l’a fait notre propre association. La Fédération canadienne des municipalités a demandé ces changements. Il ne se passe pas un jour sans qu’un maire ou une municipalité n’approche les responsables de notre secteur pour leur demander ce que nous pourrions faire pour mettre sur le marché davantage de logements à louer. La Chambre de commerce de Toronto et la province de l’Ontario ont rédigé des rapports, de même que la municipalité de London, le groupe d’étude de la région de York sur les logements à un coût abordable, l’Association canadienne des constructeurs d’habitations, la Universal Workers Union, l’Union internationale des journaliers d’Amérique du Nord et l’Institut du développement urbain du Canada. Toutes ces institutions ont demandé ces modifications fiscales.

    Notre industrie considère qu’au bout du compte elle a fait son travail. Nous vous avons indiqué les moyens de construire bien davantage de logements sans qu’il n’en coûte un sou au Trésor public fédéral. En fait, vous pourriez y gagner de l’argent.

    Je vous remercie d’avoir pris le temps de nous écouter.

¿  +-(0930)  

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    La présidente: Merci.

    La parole est maintenant à Mme McLauglin, la représentante de l’Association des hôpitaux de l’Ontario.

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    Mme Virginia McLauglin (membre du conseil d’administration et présidente du Comité chargé des activités de promotion au sein de l’AHO, Association des hôpitaux de l’Ontario): Merci de nous avoir donné l’occasion de comparaître devant vous aujourd’hui, madame la présidente. Nous voulons vous parler de l’urgence, des possibilités qui s’offrent à nous et de la mise en place de partenariats renouvelés--des partenariats entre tous les paliers de gouvernement pour financer les services de santé ainsi qu’entre les dispensateurs de soins et les gouvernements pour répondre aux besoins des patients.

    L’AHO a été créée en 1924 à titre d’organisation indépendante à but non lucratif. Elle représente 160 administrations hospitalières publiques qui exploitent 225 établissements en Ontario. Ces hôpitaux offrent toute une gamme de services divers et complexes dans différents types de locaux: santé mentale; rééducation; soins permanents et de longue durée complexes; hôpitaux communautaires de grande taille et de taille moyenne offrant toute la gamme des services; hôpitaux dans les petites localités et en milieu rural; enfin hôpitaux spécialisés voués à l’enseignement et à la recherche de pointe.

+-

     L’AHO compte par ailleurs quelque 200 membres associés et affiliés tels que centres d’accès aux soins communautaires, qui coordonnent les services de soins à long terme et à domicile; l’Association des centres de santé de l’Ontario, qui représente les cliniques de soins de santé communautaires en Ontario; les organisations responsables de la santé des femmes, du SIDA, des services de soutien à la jeunesse et des centres pour les personnes âgées; enfin, plusieurs organisations de recherche en santé.

    Pourquoi investir en matière de santé? Le réseau canadien de la santé contribue à améliorer notre qualité de vie, notre politique de santé, l’emploi et la croissance économique. Les travailleurs de la santé qui occupent des emplois axés sur le savoir et la santé représentent un véritable moteur économique. On ne manque pas de répéter qu’ils contribuent à améliorer la compétitivité du Canada au plan international. Investir dans le secteur de la santé, c’est investir dans la santé future et dans la prospérité économique de notre pays.

    Toutefois, comme cela a été relevé dans un rapport publié récemment par le comité sénatorial, l’augmentation des coûts de la santé nous montre bien que le réseau de la santé financé par des fonds publics au Canada, tel qu’il est organisé et administré à l’heure actuelle, n’est plus financièrement solvable dans l’état actuel des crédits.

    L’accord signé par le gouvernement fédéral en septembre 2000 a été grandement apprécié dans la mesure où il a permis d’injecter une quantité non négligeable de crédits dans les soins accordés aux patients et d’allouer un montant égal de crédits par habitant.

    Comme vous pouvez le voir, les besoins de la santé dépassent largement le montant des crédits supplémentaires accordés par le gouvernement fédéral, qui ne couvre à l’heure actuelle qu’une petite partie des frais élevés représentés par les services essentiels dispensés aux patients. Le gouvernement fédéral a la chance insigne, en partant de cette initiative, de protéger les soins dispensés aux patients et d’augmenter sa part des subventions de la santé publique au Canada. Nous avons besoin d’une stabilisation.

    Nous estimons que le comité sénatorial a fait avancer, comme le fera la commission Romanow, le débat sur la réforme des soins de santé au Canada, mais tant que des mesures de réforme à long terme ne seront pas mises en place, le gouvernement fédéral aura un rôle fondamental à jouer pour s’assurer que les Canadiens continuent à avoir accès aux services de santé essentiels.

    Étant donné que la mise en place de la réforme va vraisemblablement se dérouler sur plusieurs années, nous craignons que de gros bouleversements des services existants de soins donnés aux patients et des tâches des travailleurs situés en première ligne rendent la réforme bien plus difficile. La stabilisation des soins de santé essentiels qui existent à l’heure actuelle est un élément clé de tout programme de réforme de la santé au Canada.

    Par conséquent, nous vous demandons aujourd’hui d’accorder votre appui au personnel infirmier, aux médecins, aux divers travailleurs de la santé et aux hôpitaux pour qu’ils puissent maintenir les services essentiels de soins dispensés aux patients. Nous comprenons bien que les ressources sont limitées, mais nous sommes aussi conscients que les Canadiens ont besoin de services de santé essentiels en permanence et partout où ils habitent.

    Nous demandons au gouvernement fédéral de financer les services d’urgence pour protéger les services de soins dispensés aux patients cette année en plus de procéder à un investissement à long terme dans la réforme de la santé. La stabilisation est la condition préalable à la réforme.

¿  +-(0935)  

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    M. David MacKinnon (président-directeur général, Association des hôpitaux de l'Ontario): Madame la présidente, je vais maintenant intervenir rapidement pour respecter le temps imparti: pour l’essentiel, nous ne ferons dans le reste de notre exposé que développer la plupart des arguments présentés par Virginia.

    J’attire votre attention sur un certain nombre de problèmes épineux.

    Il faut bien voir tout d’abord qu’à l’heure actuelle, le réseau des hôpitaux de l’Ontario, qui selon certains critères représente la plus grosse partie de l’infrastructure de la fonction publique canadienne, est dans la pratique insolvable. Notre fonds de roulement est déficitaire de 1 milliard de dollars, la demande a explosé et nous éprouvons de grosses difficultés financières. C’est pourquoi une stabilisation financière revêt tant d’importance pour nous en attendant la réforme.

    Après avoir récemment rendu visite à un certain nombre de conseils d’administration des hôpitaux de la province, je peux vous dire que l’on envisage d’autres réductions de services dans un réseau qui, au Canada, est d’ores et déjà le plus difficile d’accès pour la population.

+-

     Je tiens aussi à m’expliquer sur la formulation de l’une des observations faites par Virginia—«un montant égal par habitant»—que vous avez peut-être remarquée. Nous voulons absolument qu’il en soit ainsi lorsqu’on modifiera par la suite les crédits consacrés par la santé.

    À l’heure actuelle, la participation financière de l’Ontario à la fédération canadienne est d’environ 25 milliards de dollars par an et, en dehors de la péréquation de base, nous ne voyons pas comment nous pourrions procéder à d’autres transferts, quelle que soit leur forme, en faveur d’autres juridictions, compte tenu du fait que les transferts actuels sont d’un montant équivalent au taux de croissance enregistré par l’Ontario chaque année.

    Ma troisième observation en matière de réforme compte tenu des remarques déjà faites par Virginia est la suivante: nous estimons, comme vous allez le voir—et c’est une observation qui ressort implicitement de tout notre exposé—que pour assurer la survie du système actuel, il faut effectivement procéder à une réforme de fond, notamment en abordant le double problème des attentes et de la gestion des modes de vie qui sont au coeur de l’augmentation du coût de la santé dans notre pays. Je tiens particulièrement à relever et à appuyer la décision prise récemment par le ministre de la Santé de promouvoir la recherche sur l’obésité. Voilà le type de projet qu’il est important de mettre en oeuvre dans notre pays.

    En ce qui nous concerne, une réforme est absolument indispensable si nous voulons progresser. Nous avons effectivement besoin que s’établisse un consensus national autour des principales orientations que doit prendre la réforme et nous sommes raisonnablement optimistes, en ce sens que nous voyons de nombreux thèmes communs dans le rapport du comité Mazankowski en Alberta, dans le premier rapport Romanow et dans le rapport Kirby. Nous estimons qu’à l’avenir il faudra se concentrer sur ce que ces rapports ont en commun et, à partir de là, bâtir un consensus. Ce qui est encourageant, c’est que ces rapports s’accordent largement entre eux.

    Je ferai une quatrième observation très brève. L’une des grandes questions liées à la santé au Canada est mentionnée dans le tableau intitulé Réforme des soins de santé au bas de la page 6. Il s’agit du champ d'intervention de praticiens. Nous avons bien besoin de moderniser tout ce qui a trait à la gestion des ressources humaines et au réseau de la santé, notamment en trouvant des moyens de réformer les postes et les partenariats cliniques afin de pouvoir réaliser des progrès à l’avenir.

    Enfin, nous estimons avoir la preuve que nous administrons l’un des réseaux hospitaliers les plus rentables et les plus responsables en Amérique du Nord. Nous sommes ouverts à toutes les réformes proposées par les différentes commissions nationales. Nous avons mis en application nombre d’entre elles, notamment les bulletins hospitaliers, une initiative prise au Canada. Nous souhaitons en faire bien davantage encore, mais nous vous répétons que nous ne pouvons tout simplement pas assister à une autre ronde de réduction des services et nous attendre à ce que le mécanisme de réforme ou de changement soit facile à mettre en place. Il ne sera ni facile, ni automatique de toute façon mais, s’il nous faut procéder à d’autres réductions de services et déstabiliser encore notre personnel ainsi que le réseau dans les semaines et les mois à venir, la réforme en sera d’autant plus difficile à mettre en oeuvre.

    Merci.

¿  +-(0940)  

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Notre dernier intervenant, avant que nous passions aux questions, est M. Grills, qui représente la Writers’ Union of Canada.

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    M. Barry Grills (président, Writers' Union of Canada): Merci, madame la présidente.

    La Writers’ Union of Canada apprécie l’occasion qui lui est donnée de participer ici même aux consultations prébudgétaires du Comité permanent des finances.

    Comme l’indique rapidement notre mémoire, ce regroupement, fondé par des écrivains et pour les écrivains en 1973, est devenu le porte-parole national de 1 450 écrivains de livres de tout genre. Son mandat et de promouvoir et de défendre les intérêts de ses membres créateurs et la liberté des Canadiens d’écrire et d’être publiés.

    L’année écoulée a été exceptionnellement difficile pour les auteurs de livres. La tendance de la nouvelle économie a une convergence vers les entreprises en général et à encourager les monopoles, particulièrement au sein des industries de l’édition et de la vente de livres, a eu des effets désastreux sur les auteurs dont les redevances ont chuté et pour les oeuvres dont le marché s’est restreint, notamment au niveau national.

    Les envois en masse aux éditeurs par les chaînes de librairies et la crise financière que traverse General Publishing font que de nombreux écrivains, et particulièrement ceux dont les oeuvres sont publiées par General Publishing, se retrouvent dans une situation précaire et ont perdu ou risquent de perdre l’intégralité d’une année de revenus générés par leurs oeuvres. Pour bon nombre d’autres, publiés par des éditeurs dont les livres étaient distribués par les services de General Publishing, les redevances attendues seront longuement retardées, sinon complètement perdues.

+-

     En tant que créateurs, nous sommes profondément sensibles à notre devoir d’aider le Canada à conserver un rôle de leadership éloquent, équitable et compatissant dans la nouvelle société mondiale. De fait, comme nous sommes une association de créateurs, nous consacrons beaucoup de temps à la réflexion sur ce type d’enjeux. Tout cela, nous le faisons en vertu d’une vocation inhérente à notre art. Souvent, nous devons le faire, confrontés aux difficultés et aux types d’iniquités financières que ce comité s’efforce de corriger. Cependant, les iniquités fiscales et celles que créent les politiques à notre égard, alors que nous exerçons notre art, persistent.

    La Writers’ Union of Canada incite vivement le gouvernement du Canada, dans son prochain budget, à créer un plan d’étalement rétrospectif limité du revenu professionnel des créateurs dont le revenu fluctue; à créer une déduction fiscale sur les revenus tirés de droits d’auteur des créateurs, d’après le modèle en vigueur au Québec; à exonérer d’impôt les subventions de subsistance destinées aux créateurs et administrées par le Conseil des arts du Canada; à augmenter davantage le financement du Conseil des arts du Canada pour lui permettre de financer encore plus la création de nouvelles oeuvres; enfin, à élargir l’application du régime d’assurance-emploi aux créateurs travailleurs autonomes, et aux créateurs qui cumulent travail indépendant et emploi rémunéré, afin qu’ils soient admissibles à l’assurance-emploi lorsqu’ils perdent leur emploi rémunéré.

    Bon nombre des propositions qui suivent n’ont rien de nouveau, mais nous maintenons qu’elles peuvent corriger les iniquités que connaissent les écrivains et d’autres artistes. Nous soutenons avec respect qu’elles peuvent aider ce comité à réaliser les objectifs qu’il s’est fixé.

    Comme nous l’avons déjà dit, la plupart des écrivains tirent leur revenu de diverses sources, que ce soit l’enseignement, l’édition ou la conduite d’un taxi. Cependant, les redevances et les paiements anticipés sur des livres comptent pour un tiers du revenu d’un écrivain, en moyenne. Un livre, à l’instar de toute autre grande démarche créatrice, peut prendre des années à écrire et pourtant, le plus gros des revenus générés par ce livre peut arriver d’un seul coup.

    Un créateur investit des années de travail et souvent de sacrifices, vivant dans la dette et se privant. Pourtant, lorsque ce travail porte fruit, le revenu est imposé comme s’il avait été entièrement gagné pendant l’exercice en cours. Nous sommes heureux que, dans le passé, le comité ait reconnu l’injustice de cette iniquité et ait recommandé que le gouvernement instaure des mesures d’étalement rétrospectif du revenu pour les créateurs.

    Un programme ciblé d’étalement rétrospectif du revenu des créateurs travailleurs autonomes serait facile à mettre en oeuvre et à appliquer. Revenu Canada a déjà diffusé des bulletins donnant la définition des écrivains et des artistes, ce qui faciliterait la tâche de cibler et de spécifier les bénéficiaires d’un régime d’étalement rétrospectif du revenu.

    Il y a plus d’un an, le Parlement a examiné un projet de loi d’initiative parlementaire qui proposait une déduction d’impôt sur les droits d’auteur pour les écrivains et d’autres artistes. Bien que le ton de ce projet de loi a été général et qu’il comportait peu de détails, il cernait néanmoins la nature de l’iniquité que connaissent les écrivains, ainsi que les principes généraux de ce qui pourrait contribuer à la corriger.

    Nous recommandons encore une fois que le ministère des Finances instaure une déduction d’impôt sur les droits d’auteur pour les créateurs. Cette déduction est appliquée au Québec depuis plusieurs années, où non seulement elle corrige la pénalité fiscale implicite dans la Loi de l’impôt sur le revenu, mais où elle contribue aussi à encourager, plutôt qu’à pénaliser, ceux qui s’efforcent de vivre de leurs créations.

    Au Québec, les dispositions s’appliquent aux écrivains, aux artistes, aux cinéastes, aux compositeurs, à quiconque produit des oeuvres protégées par les droits d’auteur et qui génèrent un revenu. Étant donné que le droit d’auteur est clairement défini dans la Loi sur le droit d’auteur, une telle disposition est très facile à administrer.

    La déduction d’impôt sur les droits d’auteur parvient à supprimer les variations des revenus des créateurs puisque ce sont les redevances que génèrent les oeuvres protégées par les droits d’auteur qui sont à l’origine des variations en dents de scie du revenu. La déduction d’impôt sur les droit d’auteur ne nécessite presque aucun calcul et s’intègre facilement au cadre existant de la formule de déclaration de revenu. Il existe de nombreux précédents sur la formule comme la déduction pour revenu d’emploi hors du Canada ou la déduction pour les employés de certaines organisations internationales comme les Nations Unies.

    Le Canada accorde déjà depuis longtemps une attention particulière aux entreprises qui favorisent l’intérêt national: par exemple, les entreprises de recherche scientifique et de développement expérimental. Les coûts, pour le gouvernement, seraient minimes. En établissant un plafond de revenu, et uniquement sur le revenu généré par une oeuvre artistique, l’on s’assurait que seuls les écrivains et artistes à faible revenu, puissent se prévaloir de cette déduction.

    En tant que créateurs, nous sommes différents des autres contribuables. Notre créativité est la source de matières premières qu’utilise l’ensemble du secteur culturel, lequel reçoit une gamme de subventions et d’incitatifs au niveau de la production et de la diffusion. Nous souhaitons bénéficier d’un traitement équitable.

    L’une des iniquités les plus déroutantes vient de la politique relative aux subventions de subsistance des écrivains et des artistes. Il existe des subventions qui, littéralement, permettent aux artistes de vivre pendant plusieurs mois tandis qu’ils créent leur produit culturel, d’où ce titre de «subsistance». Nous estimons que ces subventions devraient être exonérées d’impôt. Les personnes qui ont autrement un emploi à temps plein sont inadmissibles à ce type de subventions. Seuls les créateurs travailleurs autonomes peuvent en faire la demande.

    Si les subventions sont versées au début de l’année, elles sont épuisées quand arrive la fin de l’exercice, ayant servi à payer le loyer et la nourriture et à combler divers besoins pendant la période visée par les subventions. Les créateurs doivent parfois emprunter de l’argent pour payer l’impôt. Dans le fond, l’imposition des subventions comme celles-là sape le principe même de subsistance qui a inspiré leur création.

¿  +-(0945)  

+-

     Ces subventions ne constituent qu’une allocation de subsistance minimale. Elles sont d’un montant maximal de 20 000 $. De plus, elles sont souvent versées à la fin de l’année civile. Lorsqu’un écrivain reçoit une subvention de subsistance en hiver, avant le début de la période qu’elle est censée viser, trop souvent, au moins un tiers de la subvention est immédiatement perdu en impôt.

    Il est temps, maintenant, que le gouvernement du Canada encourage les créateurs du pays, non seulement en assurant un flux ininterrompu de contenu créatif pour la technologie florissante de la nouvelle économie, mais aussi pour signaler aux Canadiens et au monde entier que le Canada attribue de l’importance au travail de création.

    Je vais mettre fin rapidement à mon exposé.

    Nous espérons par ailleurs que l’on augmentera le financement des créateurs par l’intermédiaire du Conseil des arts du Canada et que l’on tiendra bien compte des recommandations faites par le Comité permanent du développement des ressources humaines concernant les prestations d’emploi destinées aux écrivains, qui ont souvent un emploi à temps partiel.

    J’insisterai pour finir sur le fait que le secteur culturel est très étendu et continue à s’accroître. Il représente entre 5 et 8 p. 100 de la main-d’oeuvre canadienne.

    Merci, madame la présidente, et je vous prie de m’excuser...

¿  +-(0950)  

+-

    La présidente: Vous avez parfaitement respecté l’horaire. Ne vous inquiétez pas. Je vous remercie. Vous aurez maintenant l’occasion de développer vos points de vue et les thèmes traités dans votre exposé en réponse aux questions que vont vous poser les membres du comité.

    Chacun disposera de huit minutes. M. Penson va commencer et il sera suivi par M. Paquette.

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    M. Charlie Penson (Peace River, Alliance canadienne): Merci, madame la présidente.

    Je tiens à remercier tous les intervenants aujourd’hui de leur exposés pleins d’enseignement pour notre comité. Cela va nous aider à rédiger nos recommandations prébudgétaires à l’intention du gouvernement.

    Je n’ai pas beaucoup de temps. J’ai une ou deux questions à poser à M. Bach et à M. Brescia. Avant cela, madame Forsythe, je tiens à relever qu’en faisant allusion dans votre exposé à l’évolution démographique de la population canadienne et à son vieillissement, vous vous faites l’écho d’une préoccupation que nous avons tous. Il conviendra de se pencher de près sur les moyens d’y faire face et de régler la question du financement des retraites. Je suis d’accord avec vous sur ce point.

    De même, les problèmes soulevés par l’Association des hôpitaux de l’Ontario sont tout à fait d’actualité. Certaines provinces consacrent dès à présent près de 50 p. 100 de leur budget à la santé. Nous savons bien que la population canadienne veut que l’on puisse accéder rapidement au réseau de la santé. Nous espérons que les réformes à venir remédieront au problème. Je prends acte cependant du fait que vous nous dites qu’en attendant ces réformes, nous devons faire en sorte que le système puisse fonctionner.

    Il y a une chose que je tiens à vous demander, monsieur Bach. Vous avez évoqué de nombreuses questions dans votre exposé, mais j’en ai relevé une qui m’inquiète particulièrement; c’est celle du resserrement des critères s’appliquant au crédit d’impôt pour personnes handicapées. J’ai reçu à ce sujet de nombreux courriers des gens de ma circonscription, et je sais que c’est aussi le cas pour nombre d’entre nous. Nous avons des administrés auxquels nous avons supprimé ce crédit d’impôt pour les personnes handicapées en raison d’une application de la définition qui apparaît plus restrictive.

    Je vous comprends. Il y a deux problèmes ici. Le premier concerne l’impôt sur le revenu. Je crois savoir qu’il y a une procédure d’appel en cours. Le deuxième problème, cependant, paraît tenir à l’existence d’une formule ayant modifié les critères d’admissibilité. L’un de mes administrés est amputé d’une jambe. Il a une prothèse. Il travaille dans le secteur pétrolier, il gagne sa vie et on lui a retiré son crédit d’impôt pour personnes handicapées. Selon le nouveau critère, son médecin doit désormais attester qu’il ne peut pas marcher 50 mètres sans aide. Bien entendu, cette personne est fière d’assumer sa condition et affirme: «Bien sûr que je peux me débrouiller, mais cela ne manque pas de me gêner dans mon travail.» Il lui en coûte aussi de l’argent pour adapter son véhicule, par exemple.

    Je vous pose alors la question. Comment cela s’explique-t-il? Est-ce que cette condition figure dans la loi elle-même ou cela provient-il du fait que le gouvernement a sorti un nouveau formulaire demandant aux médecins de poser aux intéressés des questions qui partent d’une définition plus stricte de la loi elle-même?

+-

    M. Michael Bach: Cela provient de deux sources. La demande de révision des critères d’admissibilité émanant de l’Agence canadienne des douanes et du revenu s’est adressée à des gens qui étaient admissibles depuis un certain nombre d’années et au sujet desquels on a donné l’instruction d’appliquer les critères de façon stricte. Nous croyons comprendre qu’un certain nombre de gens n’ont pas présenté leur demande et qu’il y a eu certaines radiations.

    Au cours de cette opération, après l’annonce de ce renouvellement, l’agence a par ailleurs lancé un processus de consultation auprès d’organisations comme la nôtre, et des médecins ont été impliqués. L’opération s’est très bien déroulée. Nous nous sommes penchés sur les critères d’admissibilité, nous avons relevé les cas dans lesquels les directives étaient essentiellement discriminatoires et nous pensions avoir bien travaillé avec l’agence et le gouvernement du Canada afin de mettre en place un mécanisme de détermination plus équitable--le tout conformément à la réglementation établie dans le cadre de la Loi de l’impôt sur le revenu.

    Parallèlement, le comité permanent de DRHC et du statut des personnes handicapées a publié en mars 2002 son rapport Un système plus juste envers les canadiens: le crédit d’impôt pour personnes handicapées, qui a effectivement confirmé que cette consultation avait porté fruit. On y entérinait en effet les résultats de cette consultation et l’on recommandait la mise en place de certaines de ces dispositions.

    Trois mois plus tard, en août, le bureau du ministre des Finances a présenté des propositions visant à modifier la Loi de l’impôt sur le revenu de manière à faire une application encore plus restrictive des critères selon l’exemple que vous venez de fournir. Ces personnes ne peuvent plus prétendre à bénéficier des dispositions de la Loi de l’impôt sur le revenu. Très bien, mais étant donné que le gouvernement du Canada n’a pas réussi à mettre en place des dispositions dans le cadre d’un accord fédéral-provincial en vue de mettre une aide à la disposition des personnes handicapées, cela reste à ce jour la seule loi dont on peut encore se prévaloir. Donc, alors que voilà cinq ans que siègent des comités fédéraux-provinciaux-territoriaux, le tout débouchant sur «À l’unisson» et devant se traduire par un programme d’aide aux personnes handicapées, la seule disposition fédérale qui venait jusqu’alors à leur aide est supprimée, au moment même où le comité permanent et où l’ACDR nous disent qu’ils prennent des mesures et que tout va pour le mieux.

    Voilà qui fait comprendre aux Canadiens handicapés, qui sont de plus en plus nombreux, que l’accord signé par le gouvernement du Canada il y a cinq ans ne va pas guider son action.

¿  +-(0955)  

+-

    M. Charlie Penson: Monsieur Bach, j’ai soulevé cette question lors des consultations prébudgétaires qui ont lieu en mai, je pense, lorsque la ministre du Revenu, Mme Caplan, est venue témoigner devant notre comité. J’ai eu l’impression qu’elle n’était pas très favorable à votre cause. La simple pensée que l’on n’ait rien fait véritablement pour remédier à vos préoccupations m’inquiète.

    Comme vous l’avez bien rappelé, le comité de la Chambre des communes a fait de son côté des recommandations. J’imagine que vous aimeriez qu’elles soient suivies d’effet et qu’on les mette en oeuvre.

+-

    M. Michael Bach: Ces recommandations ne nous paraissent pas déraisonnables. L’exemple que vous nous avez indiqué nous montre qu’il y a des Canadiens qui veulent travailler et, lorsqu’on va jusqu’à leur enlever le bénéfice de dispositions mineures pour leur faire supporter des frais supplémentaires... Les Canadiens handicapés sortent déjà de leur poche 2,5 milliards de dollars en s'aidant eux-mêmes...

+-

    M. Charlie Penson: Monsieur Bach, je suis d’accord avec vous. La personne dont je vous parle m’a posé la question suivante: «Qu’est-ce qu’ils veulent que je fasse, que je me mette à vivre de l’assistance publique?» Parce que c’est une possibilité qui s’offre à elle.

+-

    M. Michael Bach: C’est une possibilité.

+-

    M. Charlie Penson: Ce sont des gens qui sont fiers et qui veulent travailler.

+-

    M. Michael Bach: En effet, je suis bien d’accord.

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    M. Charlie Penson: Je regrette que nous n’ayons pas davantage de temps à consacrer à cette question. Mon temps est limité.

    Monsieur Brescia, vous avez soulevé une question importante au sujet des appartements et du fait que l’on n’en construit pas suffisamment. Il y a une baisse. Vous faites en outre certaines recommandations en matière de fiscalité.

    Pour ce qui est du report des gains en capital et de la récupération de l’amortissement, je vois que vous voulez que l’on relève de 5 p. 100 la disposition s’appliquant à la déduction pour amortissement. J’en déduis que vous n’êtes pas contre le fait de payer des impôts, mais que vous souhaitez que la déduction pour amortissement soit harmonisée avec celle des autres secteurs et qu’elle soit relevée de manière à ce que vous soyez remboursé un peu plus vite lorsque vous encourez des coûts réels. C’est bien cela?

+-

    M. Vince Brescia: C’est exact. Nous ne sommes pas traités comme les autres secteurs. Quelqu’un a jugé à un moment donné que le fait de louer des logements n’était pas une véritable entreprise et nous sommes traités comme de simples détenteurs d’obligations dans le cadre de notre régime fiscal. De toute évidence, ceux qui ont établi ces règles n’ont jamais administré un bâtiment à appartements ou un immeuble de location. Quoi qu’il en soit, cela se traduit par tout un ensemble de règles aux termes desquelles nous sommes traités différemment des autres entreprises.

    Vous avez parlé de la récupération et du report des gains en capital. Voilà une mesure qui immobilise les capitaux au sein de notre industrie. Celui qui vend un bâtiment pour en acheter ou pour en construire un autre subit d’énormes conséquences fiscales que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

    Nous avons donc répertorié plusieurs modifications possibles. Nous ne vous demandons pas de mettre en oeuvre chacune d’entre elles, mais je considère que dans l’ensemble, de toute évidence, il faut... Chacune peut exercer des effets susceptibles d’alléger le fardeau qui nous est imposé.

+-

    M. Charlie Penson: Vous avancez une thèse intéressante, monsieur Brescia, en nous disant qu’en réduisant l’impôt, le gouvernement est susceptible en fait d’engranger davantage de recettes à l’avenir. C’est ce que l’on peut constater dans un certain nombre d’États comme les Pays-Bas, l’Irlande, la Géorgie ou le sud-est des États-Unis. Alors qu’à l’heure actuelle, il semble que bien des gens cherchent à éviter l’impôt qu’ils jugent trop élevé, si nous parvenions à baisser les taux d’imposition, le gouvernement pourrait être surpris de constater une forte augmentation des recettes parce que les gens vont davantage se prendre en charge et que cela va libérer des secteurs comme le vôtre.

À  +-(1000)  

+-

    M. Vince Brescia: Je suis tout à fait d’accord avec vous. On peut penser à la courbe de Laffer, du nom du célèbre économiste, et il est indéniable que nous nous sommes égarés du mauvais côté de cette courbe. Je considère qu’en abaissant les impôts qui frappent notre secteur, le gouvernement en retirera davantage de recettes. C’est notre thèse.

+-

    M. Charlie Penson: Merci.

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Monsieur Paquette.

[Français]

+-

    M. Pierre Paquette (Joliette, BQ): Madame la présidente, je veux d'abord m'excuser pour mon retard: l'avion a eu une heure de retard parce qu'il y a eu 10 centimètres de neige à Montréal. Donc, j'ai parcouru les mémoires de nos témoins rapidement.

    Je vais commencer par m'adresser à l'Association des hôpitaux de l'Ontario.

+-

     Vous recommandez très sagement au gouvernement d'investir dans le système de santé et de consolider la structure financière avant tout développement concernant la Loi canadienne sur la santé. Vous savez que les provinces, en 2001-2002, ont dépensé 68 milliards de dollars pour la santé. Nous évaluons à environ 14 p. 100 de ce montant la contribution du gouvernement fédéral.

    Récemment, il y avait une campagne publicitaire des provinces dénonçant le sous-financement du gouvernement fédéral et demandant que le gouvernement réinjecte 5 milliards de dollars dans le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux afin de permettre aux provinces d'assumer leurs responsabilités. On sait que le gouvernement fédéral a la capacité de le faire. L'année dernière, les surplus ont été de 8,9 milliards de dollars et, l'année précédente, de 17 milliards de dollars. Cette année, nous prévoyons qu'ils seront de 10 milliards de dollars.

    Je voudrais savoir si vous êtes favorables à cette demande des provinces d'une réinjection de 5 milliards de dollars dans le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, ou si vous avez d'autres chiffres à proposer. C'est ma première question.

    Ma prochaine question s'adresse à la Writers' Union of Canada. J'ai regardé rapidement votre mémoire. Vous n'avez pas fait mention du retrait ou de l'abolition de la TPS sur le livre. Je veux savoir si votre association a une position là-dessus. Comme vous le savez, au Québec, la TVQ, la taxe provinciale, n'existe pas sur les livres. Je veux savoir si votre association a une position là-dessus.

    Pour terminer, concernant le crédit d'impôt remboursable pour personnes handicapées, je dois dire que j'appuie totalement l'idée qui nous vient de l'Association canadienne pour l'intégration communautaire. Le problème qui se pose, c'est qu'on est en train de faire une bataille tout simplement pour que des gens réellement handicapés puissent avoir ce crédit d'impôt, car compte tenu de la façon dont le gouvernement fédéral applique actuellement la loi, il faut être un « légume » pour avoir droit à ce crédit d'impôt. Je me demande si le fait de mener deux batailles à la fois, c'est-à-dire demander l'élargissement du crédit d'impôt pour qu'il soit accessible aux gens qui sont handicapés et, en même temps, demander qu'il soit remboursable, ne risque pas de diluer notre message. Cela dit, je suis d'accord sur le principe et je suis prêt, moi, à le défendre.

    Je termine en vous disant que le ministre des Finances a dit hier qu'il était prêt à rencontrer personnellement toutes les associations sur cette question. Alors, je vous incite à donner suite à son ouverture d'hier.

    Ce sont mes questions, madame la présidente.

[Traduction]

+-

    La présidente: Nous allons maintenant répondre aux questions dans l’ordre où elles ont été posées.

    Monsieur MacKinnon.

+-

    M. David MacKinnon: Merci.

    Nous recommandons que le gouvernement annonce dans le budget fédéral de 2003 des crédits supplémentaires de 2 milliards de dollars en 2003 et de 3 milliards de dollars en 2004, soit un total de 5 milliards de dollars de transferts supplémentaires en espèces au titre du TCSPS calculés en fonction de la population. On pourra ajuster précisément les montants réellement versés étant donné qu’au bout du compte on a demandé aux provinces qui cotisent de consacrer une part très élevée de leurs dépenses au réseau des soins de santé. Nous considérons effectivement que le gouvernement fédéral a la possibilité, la chance et, à mon avis, le devoir, d’en faire un peu plus.

+-

     Sur la première question que vous avez soulevée, monsieur Paquette, au sujet de la part de chacun, nous avons de manière générale reconnu dans la plupart de nos exposés qu’il fallait tenir compte des points d’impôt lorsqu’on débattait de cette question. Si l’on accepte de manière générale la thèse du gouvernement fédéral à ce sujet, sa part se situe plutôt autour de 30 p. 100. Je pense qu’il faut en prendre acte. Les avis divergent à ce sujet. Au bout du compte, cependant, nous ne pensons pas que la part fédérale se situe au niveau des 50 p. 100 envisagés lorsqu’on a mis en place au départ le régime d’assurance-maladie. Malheureusement pour vous, si vous avez les cheveux gris comme moi, vous vous souvenez de cette époque.

À  +-(1005)  

+-

    La présidente: Monsieur Grills, le représentant de Writers’ Union.

+-

    M. Barry Grills: Merci.

    On ne l’a pas fait figurer dans le mémoire, parce qu’on y est presque habitué. Il ne faut pas en déduire pour autant que nous sommes favorables à l’imposition de la TPS sur les livres, parce que ce n’est pas le cas, aussi bien pour des raisons culturelles que pour des questions d’éducation. C’est un obstacle jusqu’à un certain point parce qu’on fait d’un objet culturel une marchandise d’un point de vue fiscal, j’espère que vous me comprenez bien sur ce point. Sous le simple plan de l’éducation, nous sommes favorables à la suppression de la TPS sur les livres. En dépit d’Internet, cela reste le principal outil qui permet aux gens de se cultiver et de comprendre leur culture. Je sais qu’au Québec on est particulièrement sensible à cet argument. Sur le plan des principes, nous soutenons que pour maintenir sa culture, il faut faire tout ce que l’on peut pour que les gens y soient sensibles. La meilleure façon d’y parvenir, c’est par les livres, et il est probable qu’il vaut mieux à ce compte que les livres soient exonérés de TPS.

+-

    La présidente: Monsieur Bach, vouliez-vous vous aussi répondre à cette question?

+-

    M. Michael Bach: Je tiens simplement à dire que nous serons très heureux de rencontrer à nouveau le ministre des Finances. Nous pensions avoir fait bien connaître notre point de vue ainsi que celui d’autres associations lors des audiences du comité sur DRHC et dans le cadre des consultations permanentes qui ont eu lieu avec l’Agence canadienne des douanes et du revenu du Canada. Vous avez de votre côté investi beaucoup de ressources dans cette opération, et nous reviendrons à la charge.

    Pour ce qui est des remboursements, nous nous référons précisément à l’engagement pris dans le discours du Trône envers les familles à faible revenu ayant des enfants gravement handicapés. Nous disons que pour aider vraiment les familles à faible revenu, il nous faut de toute évidence mettre en place un crédit remboursable dans notre fiscalité. Nous affirmons que c’est un excellent point de départ. Nous espérons que le gouvernement du Canada pourra mettre cette disposition en oeuvre.

[Français]

+-

    La présidente: Est-ce tout, monsieur Paquette?

    M. Pierre Paquette: Je voudrais seulement vous remercier.

    La présidente: Monsieur Wilfert, vous disposez de 10 minutes.

[Traduction]

+-

    M. Bryon Wilfert (Oak Ridges, Lib.): Merci, madame la présidente.

    Je remercie tout le monde d’être venu ce matin.

    Notre tâche est toujours très ardue car il nous faut nous assurer, avant toute chose, que nous n’encourons pas un déficit, que nous allons bien sûr éviter, tout en nous penchant sur un certain nombre d’investissements stratégiques qui nous sont proposés.

    Laissez-moi dire tout d’abord à l’Association canadienne pour l’intégration communautaire qu’il y a bien des fausses rumeurs sur la question. Il est bien évident que les modifications qui ont été proposées, et qui ne sont pas encore entrées en vigueur, ne doivent pas rendre inadmissible toute personne qui pouvait prétendre jusqu’alors à bénéficier du CIPH. En fait, le CIPH n’a jamais été conçu au profit de certaines personnes qui affirment ne pas pouvoir se procurer certains produits alimentaires près de chez elles, ce qui les oblige alors à prendre leur voiture. Le ministre, de même que son secrétaire parlementaire, l’ont bien précisé, et je le réaffirme ici. Nous avons rencontré les principales organisations. Nous n’avons pas l’intention de faire en sorte que les personnes qui bénéficient actuellement du crédit d’impôt pour personnes handicapées en soient privées. Actuellement, notre gouvernement dispense en fait dans ce secteur 3 milliards de dollars dans le cadre des programmes et 1 milliard de dollars au titre des mesures fiscales.

+-

     Les rumeurs qui circulent sont donc fausses. Je m’interroge sur le caractère judicieux de certaines questions qu’a fait parvenir l’ADRC à ses membres pour savoir s’ils pouvaient prétendre à bénéficier de cette mesure. Je réaffirme toutefois que notre intention n’est pas de radier toute personne qui à l’heure actuelle bénéficie légitimement de ce crédit.

    En ce qui concerne l’AHO, vous ne serez pas surpris d’apprendre que nous n’avons jamais financé le régime d’assurance-maladie à 50 p. 100. Nous n’avons jamais eu l’intention de le faire au cours des années 1960. Cette année, par exemple, nous versons au titre du TCSPS 35,7 milliards de dollars, dont 16,6 milliards de dollars de points d’impôt que les provinces, bien entendu, font trop semblant d’oublier.

    Je vous demande alors, monsieur MacKinnon, ce que vous pensez de la ventilation de chaque crédit versé directement aux provinces au titre du TCSPS. Chaque fois que nous leur versons un dollar de crédit, nous avons besoin qu’il soit comptabilisé et que l’on fasse preuve de transparence, ce qui n’est pas le cas. L’année dernière, la province de l’Ontario a annoncé le versement de 1,2 milliard de dollars de nouveaux crédits au titre de la santé, dont 1,1 milliard correspondait à des transferts fédéraux. Je considère qu’à partir du moment où l’on veut d’abord procéder à des dégrèvements fiscaux--ce qui est bien normal pour un gouvernement--tout en faisant volte-face en demandant alors au gouvernement fédéral de financer le secteur de la santé, ce n’est plus du jeu.

    Pour ce qui est de verser des crédits supplémentaires à titre d’urgence ou pendant la phase de transition en attendant que l’on mette en place, comme vous le demandez, un système de soins de santé définitif, et pour ce qui est de savoir quel type de réseau de santé nous avons les moyens de payer, je suis tout à fait opposé à ce que l’on verse un seul dollar supplémentaire en l’absence d’une comptabilité et d’une transparence en bonne et due forme, ce que les provinces ne semblent pas vouloir nous fournir. Les 14 sous que mentionnent leurs publicités n’ont absolument rien à voir avec la réalité et toute personne un peu censée s’en rend bien compte. Je vous ai donné les chiffres. Ils sont très parlants.

    Pour ce qui est de Writers’ Union of Canada, je suis en faveur de tout ce qui peut aider la cause des écrivains canadiens dans notre pays. J’aimerais simplement que vous nous fassiez une analyse des coûts de ces mesures. Cela faciliterait nos délibérations.

    D’autre part, je suis tout à fait en faveur des mesures que préconise la Canadian Federation of Apartment Associations. Je suis prêt à entendre vos commentaires. Mais là encore, monsieur Brescia, je vous répète ce que je vous ai déjà dit: nous avons besoin d’une aide correspondante des municipalités.

    Les frais d’aménagement sont un exemple. Certaines municipalités--que je ne nommerai pas, mais vous savez quelles sont celles que j’ai déjà fustigées--ne sont pas disposées à y renoncer. Elles veulent le beurre et l’argent du beurre. J’ai déjà fait de la politique municipale et je peux vous dire que c’est notre rêve à tous. Malheureusement, ce n’est pas très possible dans la pratique. À partir du moment ou l’on accorde des incitations fiscales, les municipalités et les provinces... Malheureusement, nous avons le triste privilège dans notre pays de vivre sous un régime fédéral où les champs de compétence, bien souvent, ne sont pas clairement délimités. Il y a bien des zones d’ombre dans la pratique. Nous avons besoin d’éclaircissement en la matière.

    J’espère que vos chiffres sont aussi exacts que vous le dites. Je pense que nous avons des initiatives à prendre en collaboration avec nos collègues des deux autres paliers de gouvernement de façon à intervenir rapidement sur ce point. Les loyers sont à un niveau ridicule.

    Je tiens à faire une dernière observation à l’intention de l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite. Pouvez-nous donner quelques précisions concernant les coûts, notamment sur les incidences d’une imposition à 50 p. 100 du total des revenus tirés des retraites? Quelles en seraient les répercussions? Au bout du compte, nous tenons à éviter de nous retrouver en déficit alors que nous sommes submergés de demandes. Comment y répondre, par conséquent?

    Je suis prêt à entendre tous les commentaires que vous voudrez bien faire.

À  +-(1010)  

+-

    La présidente: Nous allons procéder là encore dans le même ordre. Nous commencerons par l’Association des hôpitaux de l’Ontario.

    Monsieur MacKinnon.

+-

    M. David MacKinnon: Madame la présidente, j’aimerais simplement répondre sur trois ou quatre points.

    Pour ce qui est tout d’abord de l’intention qui a présidé à la création du régime d’assurance-maladie--je travaillais à l’époque au bureau ministre des Finances de l’Ontario. L’impression générale était celle d’un partenariat. C’est à son corps défendant, à l’origine, que l’Ontario a accepté de prendre part au régime d’assurance-maladie.

    Je vous renvoie expressément à certaines observations faites récemment par un ancien ministre québécois de la Santé, qui faisait état des erreurs commises comparativement aux intentions exprimées à l’origine. Selon lui, nous avons perdu de vue le fait qu’il devait s’agir au départ d’une assurance et non pas d’un droit fondamental et universel. Je pense que c’est là où nous avons fait fausse route. Je n’ai pas, toutefois, la référence précise à ce discours.

    Toutefois, je me souviens qu’à l’époque on avait le sentiment qu’il s’agirait d’un partenariat entre les provinces et le gouvernement fédéral. On ne l’avait pas fixé à 50-50, mais je pense que c’est ce qui était implicite.

+-

     Ensuite, en matière de réductions d’impôt, indépendamment de la question en jeu, tous les paliers de gouvernements canadiens, qu’il s’agisse du gouvernement fédéral ou des provinces, ont procédé à des réductions d’impôt sans tenir compte probablement de ce dont on avait besoin pour dispenser des services publics qui soient à la fine pointe dans le monde et qui renforcent au maximum notre compétitivité. Je crois que ça s’applique à tous les gouvernements et à toutes les juridictions. En fait, en résorbant les principaux déficits des gouvernements au début des années 1990, nous avons créé une série de nouveaux déficits qui figurent, et parfois ne figurent pas, dans la comptabilité d’autres institutions publiques, et c’est notre gros problème.

    Sur le troisième point, je vous rappelle que chaque fois que nous faisons état de la contribution du gouvernement fédéral à la santé, nous mentionnons les points d’impôt. Je ne crois pas qu’au bout du compte... D’ailleurs, nous ne sommes pas d’accord sur les chiffres. J’aimerais que ce soit 35 p. 100, et je crois que ça se rapproche davantage de 30, mais l’ordre de grandeur est le bon. Je pense que le ministère a intérêt à revoir ses chiffres. Il me semble que ça s’approche davantage de 30 p. 100. Là encore, par rapport au projet de départ, je pense que 30 p. 100 c’est un peu trop faible, mais je suis tout à fait d’accord avec l’argument selon lequel il faut tenir compte des points d’impôt lorsqu’on examine cette question.

    Pour finir, je ferai très rapidement deux observations. Pour ce qui est des crédits supplémentaires, l’insolvabilité ne pardonne pas. Nous éprouvons tous les jours de très grosses difficultés à faire tourner les hôpitaux en Ontario et nous n’atteignons que les trois quarts de la moyenne nationale en matière de taille et d’accessibilité pour notre population. En fait, notre gros problème est celui des urgences. Il prend de l’ampleur chaque année. Voilà des années que nous avertissons les responsables. Toutefois, c’est une situation d’urgence. C’est absolument incontournable. Il nous faut absolument administrer le système, qu’il soit stabilisé au cours des prochains mois ou lors des prochaines années, et ce sera une condition préalable à la réussite éventuelle d’un réseau national dont a parlé Virginia en matière de réforme des soins de santé. Nous sommes insolvables. Nous représentons la plus grosse part des infrastructures de la fonction publique nationale. Il nous faut résoudre le problème.

À  +-(1015)  

+-

    La présidente: Merci. Je dois donner la parole aux autres intervenants, sinon nous allons manquer de temps.

    C’est à vous, madame Windsor.

+-

    Mme Deborah Windsor (directrice générale, Writers' Union of Canada): Ma question porte sur la façon de procéder.

    Merci, monsieur Wilfert, pour vos commentaires sur la culture. C’est très important.

    Il y a des statistiques financières et des énoncés économiques que l’on pourrait mettre à votre disposition pour préciser le coût de l’application de ces mesures ainsi que les recettes que l’on pourrait en tirer.

    Ma question porte sur la façon de procéder et je ne suis pas sûre si je dois vous la poser à vous, madame la présidente, ou aux greffières. Quand et comment pouvons-nous remettre cette information?

+-

    La présidente: Si vous souhaitez nous fournir d’autres documents, plutôt que de les envoyer au député concerné, faites-nous les parvenir à la greffière du comité. Ils seront alors traduits et distribués à tous les membres du comité.

    Je vous remercie.

+-

    M. Bryon Wilfert: Puis-je vous préciser qu’il nous fallait les recevoir...

    Mme Deborah Windsor: Hier?

    M. Bryon Wilfert: ... tout de suite; sinon, nous ne pourrons pas les intégrer à nos travaux.

+-

    La présidente: Avez-vous une rapide observation à faire au sujet des locations?

+-

    M. Vince Brescia: Je vous remercie de vos commentaires et de vos questions, monsieur Wilfert.

    Vous avez tout à fait raison de dire qu’il y a un problème au niveau municipal. Nous en convenons certainement. Récemment, certaines municipalités ont d’ailleurs fait savoir publiquement dans les journaux qu’elles ne voulaient tout simplement pas qu’il y ait des logements à louer sur leur territoire. Je vous demanderai cependant que vous n’en profitiez pas pour proposer que le gouvernement fédéral ne fasse rien tant que l’autre palier de gouvernement n’aura rien fait car, chaque fois que l’on s’adresse à un niveau quelconque, la municipalité nous dit que c’est la faute de la province, la province que c’est la faute du gouvernement fédéral, alors que nous considérons que tout le monde doit faire sa part.

    On constate heureusement que les municipalités commencent à se rendre compte des répercussions de leurs mesures sur l’aménagement. Ici même, par exemple, la région de York est en voie d’harmoniser les taxes s’appliquant aux immeubles multirésidentiels dans le but de promouvoir de nouveaux projets de location et elle envisage de renoncer aux frais d’aménagement. Il y a donc des progrès, mais je vous remercie de vos observations.

+-

    La présidente: Monsieur Bigsby, avez-vous une observation à faire au sujet des retraites, et nous passerons alors au deuxième tour en commençant éventuellement par M. Valeri.

    Allez-y.

+-

    M. Stephen Bigsby (directeur administratif, Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite): Très rapidement. Il est juste de poser la question et nous insistons pour que le ministère des Finances nous fasse part de ses estimations des coûts étant donné qu’il a de toute évidence accès directement aux chiffres.

    Nous allons demander précisément quels sont les taux effectifs correspondant au plafonnement, mais nous ne l’avons pas encore fait. Nous avons le sentiment que c’est quelque chose qui tend à exercer véritablement une influence à la marge sur le comportement des gens, notamment à partir du seuil de déclenchement de la rétrocession, que vous connaissez bien, qui se situe, je crois, à 53 000 $ à l’heure actuelle.

    Je vous avoue bien franchement qu’à notre avis cette question est liée à celle à l’augmentation des plafonds de revenus des Canadiens des classes moyennes et supérieures, parce que, croyez-moi, si l’on relevait leur seuil de cotisation, ils seraient nombreux à appuyer des politiques revenant essentiellement à réduire le montant de la pension de sécurité de la vieillesse qu’ils vont toucher. Ils seraient tout à fait disposés à s’organiser autrement sur le plan financier.

+-

     J’ajouterai une dernière chose. Il est bien certain qu’une foule de groupes de pression, y compris le nôtre, vous présentent toute sorte de demandes venant grever notre fiscalité. Sur ce point--et je pose simplement la question au comité, nous en reparlerons plus en détail--j’ai des contacts de plus en plus fréquents avec les responsables de la rémunération et ceux des RH dans les grandes sociétés canadiennes qui ont plus particulièrement leur siège ou qui exercent d’importantes activités, de plus en plus nombreuses, de l’autre côté de la frontière.

    Ce seuil de 75 000 $ à partir duquel l’employeur ne peut plus verser des cotisations entraînant un report d’impôt ne touchait, lorsqu’il a été fixé à l’origine, que quelques grands dirigeants ou qu’une ou deux personnes au sein de la société. Il s’applique aujourd’hui à des dizaines et à des centaines d’employés de nombreuses sociétés implantées à Calgary, à Montréal, à Toronto ou ailleurs, dont certains sont de techniciens de pointe qui ont atteint ce plafond il y a bien longtemps. Cela devient un problème--je vous pose la question, nous n’avons pas la réponse et il y a d’autres enjeux importants qui interviennent aussi, je vous le concède--de compétitivité auquel il nous faut faire bien attention compte tenu des autres grands enjeux qui attendent notre gouvernement, car il nous faut protéger notre assiette fiscale et, en l’occurrence, nos sièges sociaux, étant donné que de plus en plus nos sociétés exercent des activités de l’autre côté de la frontière. Nous parlons ici de sociétés comme le CN ou d’autres de ce type qui exercent davantage d’activités aux États-Unis qu’au Canada.

    Je vous pose la question parce que vous avez besoin de recettes, bien évidemment, et parce que je pense que les deux choses sont liées.

À  +-(1020)  

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Monsieur Valeri, vous disposez de huit minutes.

+-

    M. Tony Valeri (Stoney Creek, Lib.): J’ai une ou deux questions à poser à l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite. En considérant votre programme en quatre points, je me demande pourquoi vous avez fixé le montant à 150 000 $. La Coalition sur le revenu de retraite est venu proposer au comité le chiffre de 19 000 $ pour remédier à l’anomalie de 103 000 $ découlant des modifications fiscales apportées. J’aimerais savoir si vous avez accordé vos violons ou s’il y a une divergence d’opinion au sujet des 150 000 $.

    Ma deuxième question vise surtout à vous faire réagir à une réflexion de Malcolm Hamilton, qui a déclaré--je ne sais plus si c’était devant notre comité, mais je le lui ai évidemment entendu dire auparavant--que le défi posé par les mécanismes de revenu à la retraite venait en partie du fait que les gouvernements, et je dirais pour ma part «que les gouvernements et les parties prenantes dans le secteur des retraites» préconisent que les gens cotisent à des régimes enregistrés d’épargne-retraite pour être autonomes à l’avenir. Il n’en reste pas moins qu’en ma qualité de député, et je suis sûr que c’est aussi le cas pour d’autres membres dans cette pièce, je dois faire face aux conséquences de la rétrocession de la Sécurité de la vieillesse et du SRG. Parfois, ces gens ont des revenus de 30 000 $ ou de 35 000 $ entraînés par la fermeture REER ou d’un autre compte qui les amène à dépasser largement ce seuil. Ils se penchent sur ces 5 000 $ et se disent qu’ils ont éventuellement perdu 1 000 $ ou 2 000 $ de ce fait et se demandent: «À quoi bon avoir épargné? Nous économisons, nous nous débrouillons comme nous le pouvons et nous sommes pénalisés au bout du compte.»

    J’aimerais que vous me disiez ce que vous pensez de la déclaration de Malcolm, qui nous dit que certains Canadiens, à certains niveaux de revenu--et je ne me rappelle pas à quel niveau--ne devraient plus envisager de cotiser au sein d’un REER étant donné que le système de retraite dont nous disposons au Canada--Pensions du Canada, Sécurité de la vieillesse, SRG--va leur donner un niveau de vie équivalent à celui des années précédant leur retraite sans qu’ils cotisent à un REER et qu’enfin ils se retrouvent en difficulté s’ils cotisent à un REER au cours des années de leur retraite. J’aimerais savoir quelle est votre réaction.

    Mon dernier commentaire se rapporte à votre troisième observation, je crois que c’est ça, où vous faites état de la mosaïque actuelle de la réglementation fédérale-provinciale au Canada. On en a beaucoup discuté au sujet de la commission des valeurs mobilières de même que sur la question des retraites. J’aimerais savoir quelle est votre réaction lorsque vous parlez aux gouvernements provinciaux. Jusqu’à quel point sont-ils motivés--je pense notamment au Québec? Quelle est la motivation du Québec face à ce genre de projet et qui doit prendre l’initiative?

    Je pense que c’est au gouvernement fédéral de le faire mais, à mon avis, il reste bien du travail à accomplir à l’industrie pour convaincre les gouvernements provinciaux qu’ils doivent s’engager davantage parce que c’est dans l’intérêt des retraités et des titulaires de pensions.

    J’aurais une ou deux questions à poser à d’autres intervenants, le cas échéant.

+-

    La présidente: Écoutons d’abord M. Bigsby ou Mme Forsythe.

+-

    Mme Wendy Forsythe: Merci, monsieur Valeri, de vos commentaires. Nous allons nous relever avec Stephen pour répondre à toutes ces questions, et je vais commencer par les observations et le point de vue de Malcolm Hamilton. Là encore, je ne sais pas s’il les a présentés directement à votre comité. Le gros problème, c’est que nous avons pratiquement--je ne sais pas si on peut le qualifier ainsi--un système à deux niveaux. Bien évidemment, lorsque j’ai entendu Malcolm intervenir à ce sujet, je crois qu’il se référait aux Canadiens dont les revenus sont faibles ou moyens.

+-

     La difficulté ici vient des taux d’imposition élevés qui s’appliquent aux travailleurs canadiens pendant toute leur carrière lorsqu’on cherche à les inciter à épargner en vue de leur retraite pendant qu’ils travaillent alors qu’ils doivent supporter un lourd fardeau financier du fait des hypothèques et de la nécessité d’élever une famille. Au bout du compte, il serait peut-être avantageux pour eux de ne pas verser des sommes supplémentaires dans leurs REER parce que le programme du gouvernement va subvenir à leurs besoins. C’est son point de vue. Je pense que c’est là un problème de sensibilisation sur lequel il nous faut insister.

    Ce dont il s’agit ici, à mon avis, c’est de faire en sorte que les règles du jeu soient équitables pour les personnes des catégories de revenu faible ou moyen en leur donnant la possibilité de cotiser pour qu’elles puissent prendre finalement leur retraite avec un revenu qui remplace leur salaire dans une bonne proportion. Ces personnes occupent un poste tout au long de leur carrière et aimeraient avoir la possibilité de faire ces économies supplémentaires déductibles d’impôt pendant qu’elles travaillent.

    Il y a deux catégories: les catégories de revenu faible ou moyen qui ont aujourd’hui la possibilité de faire ces cotisations en vertu de notre fiscalité mais qui n’ont probablement pas vraiment intérêt à le faire et, à l’autre bout de l’échelle, les gens qui ont besoin de cotiser et qui veulent le faire alors que notre fiscalité ne le permet pas.

À  +-(1025)  

+-

    M. Stephen Bigsby: Sur la question de l’uniformité, monsieur Valeri, je serai très bref.

    Vous ne le savez peut-être pas, mais les organismes de contrôle provinciaux semblent s’être alignés par l’entremise de leur association, la CAPSA. Il semble qu’ils aient concocté--ça a pris du temps--des règlements qui devraient servir de base à une harmonisation. Nous avons effectivement pris fait et cause pour l’uniformité et notre préférence va à une législation unique est simple, mais nous sommes peut-être trop ambitieux.

    Le défi qu’il leur faut relever aujourd’hui--je crois que vous avez mis le doigt sur le problème--c’est d’attirer l’attention et l’intérêt de leurs maîtres politiques dans chacune des provinces, les ministres des Finances et autres. On va le faire, apparemment, ou chercher à le faire au printemps. Les responsables de la réglementation auxquels nous avons parlé dans les différentes régions nous ont bien fait comprendre le message: il faut mobiliser les employeurs, les commanditaires du régime et les syndics de cette question pour qu’ils expliquent la situation au plan politique, parce que c’est indispensable. Ce n’est pas une question qui retient leur attention pour l’instant. Il semble cependant qu’il y ait un vaste consensus notamment, dois-je préciser, de la part de la Régie des rentes du Québec, qui a participé très activement à cette opération.

+-

    M. Tony Valeri: Sur la question des 150 000 $ comparativement à...

+-

    M. Stephen Bigsby: Les 103 000 $, nous disons que ce doit être progressif, et nous reconnaissons bien volontiers que ça ne va pas se faire du jour au lendemain. Il y a là un problème de renonciation à des rentrées fiscales ou de report d’impôt qui a de véritables incidences sur les recettes du gouvernement. Ces 150 000 $, si vous voulez, c’est ce qu’il nous faudra probablement, selon notre estimation, pour pouvoir concurrencer les É.-U. Il est tout à fait logique de parler de 103 000 $.

    M. Tony Valeri: Comme point de départ.

    M. Stephen Bigsby: Oui.

+-

    Mme Wendy Forsythe: Je pourrais peut-être réinsister sur un point en revenant sur le premier commentaire touchant les Canadiens à faible revenu, en ce sens qu’ils devraient pouvoir s’en remettre au premier volet de protection, soit celui des programmes patronnés par le gouvernement. Tout part du principe que ces programmes doivent rester solvables en permanence afin que les travailleurs actuels puissent compter sur eux lorsqu’ils prendront leur retraite.

    M. Tony Valeri: C’est entendu.

+-

    La présidente: En trente secondes.

+-

    M. Tony Valeri: Trente-trois secondes.

    J’aimerais vous faire part d’une expérience et connaître éventuellement votre réaction.

    J’assistais la semaine dernière à une réunion du caucus de la santé à Hamilton. Je pense que c’était peut-être la première fois, certainement en ce qui nous concerne, que nous réunissions des administrateurs des hôpitaux, des médecins des services communautaires, des politiciens et des membres du grand public, qui se sont répartis en plusieurs groupes de travail. J’ai été absolument abasourdi par le manque de communication entre ce que je peux appeler les différents piliers de la santé, les médecins ne sachant pas quel type de soins communautaires étaient disponibles ou ne pouvant pas obtenir efficacement et rapidement cette information. Bien évidemment, il y a aussi toutes ces histoires de listes d’attente et de délais et le fait qu’il est moins cher dans le système actuel d’envoyer quelqu’un à l’hôpital pour faire un test chirurgical plutôt que d’acheter l’équipement et la technologie pour procéder à l’endoscopie nécessaire. C’est, quoi qu’il en soit, la situation que j’ai pu constater au QE II d’Halifax.

    J’aimerais connaître votre réaction.

+-

     Dans votre tableau de la page 15, vous nous parlez des bâtiments, du gros équipement et d’autres secteurs. Vous omettez d’aborder ou de préciser la nécessité d’investir dans la technologie.

    Que dites-vous de l’importance de la technologie? Quelles peuvent en être les répercussions sur la réforme des soins de santé, la suppression de tous les dossiers de malades existants et le manque de connaissance des médecins, des spécialistes, des responsables des soins à domicile et des praticiens chargés des soins communautaires?

À  +-(1030)  

+-

    M. David MacKinnon: Nous sommes favorables à la transparence de toutes les données. Nous vous avons remis un document supplémentaire faisant état de la majorité des statistiques concernant le système. S’il y a une transparence, les gens comprennent mieux le système et l’on peut progresser.

    Je vais demander à Virginia de vous répondre très brièvement sur les autres points, notamment sur la façon de traduire les données, d’obtenir une meilleure information et de s’assurer de la collaboration des différents spécialistes.

+-

    Mme Virginia McLauglin: Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est absolument indispensable de ne pas avoir de cloisonnements au sein du système, quelle que soit la façon dont il est structuré ou administré. Il faut un système sans cloisonnements du point de vue des malades, pour que les dossiers des malades, les différents services et les différents praticiens puissent accéder à l’information dont ils ont besoin d’une façon aussi harmonieuse, efficace et utile que possible.

+-

    La présidente: Monsieur Masse, vous disposez de huit minutes.

+-

    M. Brian Masse (Windsor-Ouest, NPD): Merci, madame la présidente.

    Malheureusement, M. Bach a été obligé de nous quitter.

    Pour qu’il en soit pris acte, je tiens à faire état de mon désaccord, comme je le fais aussi à la Chambre, concernant le crédit d’impôt pour les personnes handicapées. C’est une situation tout à fait déplorable. C’est une atteinte portée à l’encontre des handicapés. Nous avons 1 million de dollars résultant des modifications apportées aux lois sur les gains en capital. Je crois qu’il faut replacer les choses dans leur cadre.

    Il y a aussi d’autres problèmes touchant, par exemple, l’assurance-emploi pour les handicapés. Il est malheureux que vous ne puissiez pas remédier à cette situation.

    Lorsque je m’occupais d’intégration communautaire à Mississauga en tant que spécialiste de l’emploi, j’employais des personnes ou je les aidais à trouver un emploi. Pendant une dizaine ou une quinzaine d’heures, les lois de l’assurance-chômage s’appliquaient à mon activité. Ces gens ne pouvaient jamais toucher l’assurance-chômage lorsqu’ils perdaient leur emploi. Il y aurait bien des choses à dire et à modifier au sujet de la fiscalité des handicapés.

    Au sein de votre groupe, M. Brescia peut intervenir. Quelles vont être selon vous les incidences, en pourcentage, en matière de logements? Quelles seront les répercussions sur l’ensemble du marché si l’on met en application les mesures que vous préconisez?

+-

    M. Vince Brescia: Merci d’avoir posé cette question.

    Il serait difficile de quantifier exactement quel serait le nombre de «mises en chantier» découlant des modifications apportées à la fiscalité. Lorsqu’on fait une étude historique, on se rend compte que les modifications de la fiscalité fédérale peuvent avoir des incidences sur l’approvisionnement.

    Par le passé, lorsque le gouvernement fédéral a cherché à rétablir les politiques fiscales antérieures dans le cadre, par exemple, des programmes IRLM, il y a eu effectivement des incidences sur l’approvisionnement. Nous savons bien qu’il y aura un effet positif net.

    Pour ce qui est de le quantifier, ce serait difficile. De toute évidence, nous savons que les mises en chantier sont si peu nombreuses--quelque 5 000 par an lors des dernières années, qu’il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il y ait une bonne reprise.

+-

    M. Brian Masse: Est-ce que les dispositions que vous avez proposées peuvent être échelonnées par ailleurs? Je sais que vous avez proposé plusieurs changements. Serait-il préférable de les mettre en oeuvre immédiatement?

+-

    M. Vince Brescia: Je crois qu’il serait préférable de faire tout ensemble. Il y a clairement un besoin. La pénurie dure depuis un certain nombre d’années. Je pense que si l’on veut vraiment faire quelque chose, il faut faire tout ensemble. On pourra alors contrôler les répercussions des mesures en les regroupant toutes. C’est ce que nous proposons.

+-

    M. Brian Masse: En s’adressant à l’Association des hôpitaux de l’Ontario, M. Valeri a abordé un point important en ce qui a trait, par exemple, à la gestion des données.

    À combien estimez-vous le coût pour l’Ontario ou même à l’échelle du pays de la mise en place d’un système normalisé de gestion des données? Est-ce qu’on l’a déjà quantifié?

    J’ai bien sûr rencontré les responsables des hôpitaux et de l’association hospitalière locale. Ils ont fait un certain travail ensemble. L’intégration est pleine et entière. Il en coûte de l’argent en raison du temps devant être consacré aux traitements et aux dotations en personnel et parce que les méthodes sont quelque peu dépassées.

    S’est-on déjà penché sur le problème?

+-

    M. David MacKinnon: Pas sous la forme que laisse entrevoir votre question, mais nous avons examiné la chose. Nous avons un service informatique en matière de santé qui représente tous les hôpitaux de l’Ontario, d’autres dispensateurs de soins de santé ainsi que le secteur privé, qui se penchent sur ces questions. Les montants en jeu sont énormes.

    Nous avons cherché avec Virginia à calculer le montant total qui correspondrait plus ou moins à ce que vous demandez. Je ne le connais pas.

    C’est de toute évidence la principale chance qui s’offre au réseau à l’avenir. En fait, si nous ne modernisons pas notre technologie, notre réseau public pourrait s’écrouler sous l’effet de la concurrence américaine dans moins de 10 ans si nous échouons. Voilà à quel point c’est important.

+-

    M. Brian Masse: C’est ce que j’entends dire au niveau local.

    Je sais que ce n’est qu’un aspect mineur de vos recommandations concernant les nouvelles technologies, mais dans l’un de nos deux hôpitaux locaux on dépense un demi-million de dollars en matériel à usage déterminé, et pourtant le gouvernement fédéral n’a adopté aucune norme s’appliquant à ce genre de matériel. Ce sont donc les fabricants qui décident de ce qui va être utilisé dans la pratique et personne ne les encadre et ne les tient responsables en cas de contamination ou d’autres problèmes.

    Faudrait-il, selon vous, que le gouvernement prenne des mesures strictes, soit pour maintenir une certaine responsabilité, soit en encourageant l’innovation, en adoptant certaines normes s’appliquant au matériel à usage déterminé?

À  +-(1035)  

+-

    M. David MacKinnon: Nous avons eu de nombreuses discussions sur la question du matériel à usage déterminé, comme vous pouvez l’imaginer, mais je ne me suis tout simplement pas tenu au courant ces six derniers mois.

    Nous avons éprouvé des difficultés à assurer la conformité à la réglementation--à s’entendre sur les normes--au sein du réseau et avec les autres juridictions. Je ne peux pas vous en dire plus, si ce n’est pour réaffirmer que nous avons bien pris conscience du problème. Il est important de se pencher sur cette question à l’avenir. Les répercussions pour les consommateurs sont importantes et notre problème d’insolvabilité n’arrange pas les choses.

+-

    M. Brian Masse: Estimez-vous que l’on pourrait exercer une certaine influence au cas où l’on aurait une stratégie ou un objectif précis à atteindre? C’est ce qu’ont laissé entendre les responsables de mon groupe local. Ainsi, une partie du matériel pourrait être utilisée et une partie pourrait rester sur place, mais le fabricant n’est pas motivé à le faire parce qu’il veut que l’on rachète constamment le même matériel.

+-

    M. David MacKinnon: Nous devrions faire bien plus de progrès que par le passé sur cette question. Je regrette de ne pas pouvoir vous donner une réponse plus précise. C’est un gros problème, les possibilités sont énormes, et il y a un gros risque si ça ne se fait pas.

+-

    M. Brian Masse: M. Barry Grills peut-il vous dire combien de personnes risqueraient d’être touchées par les diverses modifications et les recommandations s’appliquant aux prestations d’assurance-emploi? Est-ce que cela aiderait vraiment à promouvoir les carrières pour que le travail à temps partiel devienne véritablement l’apanage de la communauté des arts?

+-

    M. Barry Grills: En ce qui concerne plus précisément les écrivains, je dirais qu’entre la moitié et les trois quarts de nos membres seraient concernés. Bien entendu, ces recommandations ne s’appliqueraient pas uniquement aux écrivains. Il y a un certain nombre de gens dans le même cas qui ne sont pas des écrivains et même pas des artistes.

    Je pense que les chiffres sont significatifs. En tant qu’employés indépendants, nous recourons pour la plupart à des travaux sous contrat ou à temps partiel pour compléter les redevances qui nous sont versées. Il est important de relever--en un sens, cela répond aussi à la question de M. Wilfert--que de manière générale il y a un véritable fossé dans le secteur culturel entre les véritables créateurs et les gens qui tirent leur revenu des industries culturelles et qui paient des impôts en conséquence.

    Dans le seul secteur de la rédaction et de l’édition, il y a près de 9 000 employés qui ont un revenu moyen de 40 000 $ par an. Il y a 13 000 auteurs qui touchent en moyenne des redevances de 11 000 $ par an, ce qui est scandaleux. Les prestations d’assurance-emploi servent donc de coussin pour tous ceux qui n’ont qu’un travail à temps partiel et qui le perdent, étant donné que par nature le travail à temps partiel a tendance à être un peu plus risqué. J’ai personnellement l’impression, cependant, que cela concernerait au moins la moitié de nos membres.

+-

    La présidente: Merci, monsieur Masse.

    Je vais vous demander d’être indulgents en accordant huit autres minutes à celle qui va se charger de poser les dernières questions.

    Madame Minna, vous avez la parole.

+-

    Mme Maria Minna (Beaches—East York, Lib.): Merci, madame la présidente. Je vais partager mon temps en consacrant quatre minutes aux retraites et quatre minutes à la santé, si vous me le permettez. Vous pourriez peut-être m’aider en m’arrêtant au bout de quatre minutes.

+-

    La présidente: Y compris le temps consacré aux réponses?

+-

    Mme Maria Minna: Oui.

+-

    La présidente: Très bien.

+-

    Mme Maria Minna: En matière de retraites, tout d’abord, je suis d’accord pour dire qu’il faut qu’il y ait une augmentation. Il nous faut autoriser les gens à déclarer davantage s’ils peuvent se le permettre. Nous cherchons à prescrire leur mode d’épargne et je ne crois pas que ce soit une bonne chose.

+-

     Toutefois, en consultant les statistiques, je constate que 59 p. 100 des personnes qui font leur déclaration d’impôt n’indiquent absolument aucun montant à la rubrique des REER, et il s’agit là d’une bonne partie de notre population. Seulement 4 p. 100 des contribuables versent environ 10 000 $. La cotisation moyenne est de 5 700 $ et 10 p. 100 des personnes qui font leur déclaration d’impôt maximisent leur cotisation à leur REER lorsqu’elles en ont la possibilité. Ils étaient 11 p. 100 en 1997. En outre, seulement 45 p. 100 de ces 10 p. 100 mettent entièrement à profil la marge de cotisation disponible. En somme, il n’y a donc qu’un très petit nombre de Canadiens qui bénéficient réellement de cette mesure et qui en tirent parti au maximum.

    Par conséquent, la question que je vous pose est double. En premier lieu, étant donné que la plupart des Canadiens ne peuvent pas vraiment tirer parti d’un REER étant donné que si l’on économise 40 000 $, 50 000 $ ou 60 000 $, on pourrait aussi bien les mettre à la banque parce que cela n’aide pas vraiment en terme de...? Le RPC, la Sécurité de la vieillesse et le SRG ne permettent pas vraiment aux gens de sortir de la pauvreté. De plus en plus, ils glissent au-dessous du seuil de la pauvreté. Je connais des gens, dans certaines de nos circonscriptions, qui vont même jusqu’à vendre leur maison pour pouvoir payer leurs factures et se loger. Quelque 28,7 p. 100 de ceux qui touchent le SRG, notamment ceux qui n’ont pas de famille, vivent au-dessous du seuil de la pauvreté. Les chiffres ont en fait augmenté depuis l’année dernière. Il faut donc relever le montant du SRG.

    Faut-il revoir la structure de nos retraites--en renforçant les REER, bien sûr, mais ne faut-il pas envisager une troisième possibilité en permettant aux Canadiens de verser un certain montant de cotisation, selon leurs moyens, au-dessous de ce niveau, pour venir compléter le RPC et le SRG? Ne doit-on pas envisager autre chose?

À  +-(1040)  

+-

    Mme Wendy Forsythe: Je vous remercie de vos commentaires.

    Notre association préconise entre autres un réexamen général de l’intégralité de notre régime de revenu à la retraite. Nous avons publié une étude exhaustive que nous avons remise à jour il y a deux ans. Nous invitons fortement le gouvernement fédéral à prendre l’initiative d’une révision globale du régime pour régler justement les questions que vous venez de soulever et pour que nous puissions nous pencher sur les trois grands piliers de notre régime de revenu à la retraite.

    Nous mettons l’accent sur ce que nous considérons comme des lacunes, notamment pour ce qui est des travailleurs à haut revenu, mais vous avez tout à fait raison. Nous devons nous pencher sur les régimes publics, sur les prestations d’un programme alimenté par des fonds publics, sur ce que peuvent dispenser les employeurs et sur les économies que peuvent réaliser pour leur part les particuliers, et cela va dans le sens de votre intervention. Quoi que nous fassions, nous devons éviter d’agir en ordre dispersé et nous pencher sur l’ensemble du programme.

+-

    M. Stephen Bigsby: Les 4 p. 100 auxquels vous faites allusion, madame Minna, est-ce que cela s’applique aux seuls REER, au pourcentage de gens qui en font usage, ou encore aux pensions en général venant s’ajouter aux REER? Je pense que ce sont les REER.

+-

    Mme Maria Minna: Effectivement, ce sont les REER.

+-

    M. Stephen Bigsby: Par conséquent, lorsqu’on tient compte de l’ensemble des gens qui ont une retraite de leur entreprise et qui ne peuvent pas cotiser à un REER ou ne peuvent faire que des versements complémentaires, ce nombre est bien plus élevé, mais vos chiffres concernant les REER sont exacts.

    Mme Maria Minna: Oui.

+-

    La présidente: Si vous pouviez faire parvenir à la greffière votre étude globale, je la ferais distribuer.

    Je vous remercie.

+-

    Mme Maria Minna: J’ajoute que je suis entièrement d’accord avec vous. En fait, vous allez dans le même sens que le caucus des femmes qui, en ce moment même, se penche sur un réexamen global de notre système de retraite. C’est pourquoi je vous ai posé la question.

    Bien sûr, en matière de santé, nous avons évidemment besoin de plus d’argent. Je crois que c’est une évidence pour la plupart des gens. Pour ce qui est des crédits, l’Ontario bénéficie effectivement de transferts d’argent par habitant dans le cadre des dispositions actuelles s’appliquant aux intérêts ainsi qu’aux termes de l’accord signé en septembre 2000. Plusieurs budgets ont déjà été présentés depuis que les règles ont été modifiées, si vous vous souvenez bien. Je me réfère à une observation faite tout à l’heure au sujet des versements par habitant.

    Ma question porte cependant sur la restructuration globale du régime, en partant du principe qu’on a besoin de plus d’argent, ce qui est incontournable.

    J’ai toutefois dans ma circonscription l’hôpital général de l’est de Toronto, qui est un hôpital régional. Il a procédé, avec ses partenaires au sein de la collectivité et d’autres intervenants, à une grande étude intitulée From Silos to Solutions. Si on l’a intitulée ainsi, c’est précisément parce qu’une fois l’étude terminée, on s’est justement aperçu que tous ces services communautaires, tous ces services mi-médicaux au sein de la collectivité ainsi que l’hôpital lui-même ne se parlaient pas, ce qui valait aussi pour les médecins au sein de la collectivité. Les gens entraient et sortaient, notamment des personnes âgées qui se retrouvaient à l’hôpital. Personne ne savait qu’ils étaient hospitalisés, les services cessaient, ils ressortaient, personne ne savait qu’ils étaient sortis, ils retombaient malades et étaient à nouveau incorporés au système.

    Je vous demande donc trois choses.

+-

     Tout d’abord, comment pouvons-nous procéder à une certaine restructuration, à une remise en ordre du régime pour utiliser au mieux les crédits existants en plus d’en ajouter d’autres? Ainsi, dans l’exemple que je viens de vous donner, par exemple, lorsque les responsables ont fait leurs recommandations, le versement de crédits supplémentaires était leur troisième ou quatrième priorité et il y avait d’autres postes importants sur leur liste.

    En second lieu, comment comptabiliser les crédits au sein du régime? Doit-on pour ce faire affecter spécialement les TCSPS? Je me réfère aux IRM. Voilà 10 ans que l’hôpital régional attend un IRM. Lorsque nous avons obtenu un transfert de 1 milliard de dollars du gouvernement fédéral au titre des diagnostics, l’Ontario l’a transmis au secteur privé. Nous n’avons toujours pas d’IRM à l’hôpital. Un hôpital ne devrait pas pouvoir fonctionner sans avoir l’équipement de diagnostic approprié.

    Comment, par conséquent, faire en sorte que l’on rende compte des crédits? Comment régler ce problème aux différents paliers de gouvernement, l’un agissant d’une manière et l’autre faisant autre chose? En ce qui me concerne, il est très important de rendre des comptes au sein du régime, qu’il s’agisse des résultats ou de la façon dont est dépensé l’argent.

    Il y a aussi la question des soins de longue durée. Il y a des gens qui monopolisent les lits et il nous faut remédier à ce problème. Nous ne pouvons plus nous contenter de dire qu’il nous faut réorganiser et restructurer.

    Bon, je vais me taire. J’ai bien d’autres questions à vous poser, mais allez-y. L’enjeu est énorme et ce sont des questions qu’on ne peut pas régler en deux minutes. Je le comprends bien.

À  +-(1045)  

+-

    M. David MacKinnon: Je vais vous répondre en 30 secondes à la première et à la troisième question et, si vous me le permettez, je demanderai à Virginia de répondre à la deuxième.

    Pour ce qui est de la réorganisation, nous procédons à nombre de mesures en matière de santé... En Ontario, les hôpitaux oeuvrent en collaboration avec d’autres organisations. Nous le faisons dans notre bulletin, et 70 p. 100 des gens sont très satisfaits du transfert des soins de longue durée. Comparativement à ce qui se passait il y a trois ou quatre ans, il y plus de deux fois plus d’hôpitaux qui font circuler des dossiers informatiques.

    Nous devons en fait nous débarrasser de la tendance qu’ont les gens à pontifier en la matière et à en venir vraiment aux faits. C’est le premier point.

+-

    Mme Maria Minna: Oui. Je viens juste de faire état...

+-

    M. David MacKinnon: Je vais demander dans un instant à Virginia de vous parler des bulletins de compte rendu.

    Pour ce qui est des soins de longue durée, je suis tout à fait d’accord. Nous avons véritablement besoin de régler ce problème. Il empêche la plupart des hôpitaux de l’Ontario de fonctionner. Nous devons absolument le régler.

    J’ai été très impressionné par le rapport Kirby sur le financement des nouveaux services de soins à domicile et sur les moyens de les coordonner en faisant appel aux budgets des hôpitaux de façon à assurer une transition harmonieuse. Je m’arrêterai là.

+-

    Mme Virginia McLauglin: On me demande de répondre à la question qui se rapporte au devoir de rendre des comptes, mais je me ferai un plaisir d’aborder celle des cloisonnements.

    Comme je l’ai dit tout à l’heure en réponse à la question de Bryon Wilfert, nous sommes tout à fait convaincus de l’importance du devoir de rendre des comptes et nous y sommes éminemment favorables. Quelle forme cela doit prendre et comment les choses vont se dérouler, voilà qui dépend précisément des choses dont on veut rendre compte.

    Nous avons discuté entre autres à l’intérieur de l’Ontario et avec le gouvernement de cette province, non seulement de la responsabilité financière--essentielle, bien entendu--mais aussi des la responsabilité des résultats.

    J’en arrive maintenant au bulletin, auquel David a fait allusion. Le bulletin s’appliquant aux hôpitaux de l’Ontario, si vous vous souvenez bien, ne parle pas seulement de responsabilité financière; il examine toute une série de facteurs en s’efforçant de parvenir à une notation équilibrée. Ainsi, on peut toujours dispenser les meilleurs soins du monde mais, si l’on ne s’intéresse pas au malade, ce dernier pourra vivre une bien mauvaise expérience. Je crois qu’il faut un équilibre.

    Nous sommes tout à fait partisans que l’on rende des comptes. Nous collaborons avec les hôpitaux. Je fais d’ailleurs partie d’un conseil d’administration de l’hôpital et tous les administrateurs sont d’accord. Il s’agit de savoir quels genres de compte on va rendre dans des domaines précis.

    Au sujet des IRM auxquels vous faites allusion, vous savez que l’Association des hôpitaux de l’Ontario aimerait bien que les hôpitaux aient leur mot à dire de manière à ce que l’on puisse installer davantage d’IRM et implanter d’autres technologies. Nous sommes bien d’accord.

+-

    Mme Maria Minna: Pouvez-vous nous parler des cloisonnements?

+-

    La présidente: Vous pouvez en dire deux mots, mais nous devons entendre notre groupe de témoins dans trois minutes.

+-

    Mme Virginia McLauglin: Au sujet des cloisonnements, je dirai simplement que l’Association des hôpitaux de l’Ontario a publié il n’y a pas longtemps une étude sur la régionalisation. Il faut reconnaître, à mon avis, qu’il reste beaucoup de choses à dire sur la régionalisation. Elle présente de nombreux avantages, mais va-t-elle nous permettre de réaliser effectivement tous les objectifs que l’on se fixe... C’est une chose encore relativement nouvelle. Dans bien des cas, les médecins ne sont pas incorporés à l’administration régionale.

    Il s’agit de limiter les cloisonnements et de trouver les moyens d’y parvenir. Nous sommes bien d’accord. Les techniques de l’information sont un élément clé. Les mentalités des gens aussi. Nous devons abaisser les barrières pour que les gens puissent se parler. Nous devons dispenser les meilleurs soins possibles aux patients.

À  +-(1050)  

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Au nom des membres du comité, je vous remercie tout d’abord d’avoir rédigé ces mémoires, de nous les avoir fait parvenir pour que nous puissions les faire traduire et les distribuer et d’avoir pris le temps aujourd’hui de venir nous présenter un exposé dans les courts délais qui vous sont impartis, parce que nous devons entendre beaucoup de gens en peu de temps. Merci aussi d’avoir répondu à nos questions. Nous avons particulièrement apprécié vos efforts. Merci.

    Nous allons suspendre la séance pendant cinq minutes et nous reprendrons avec le groupe suivant.

À  +-(1045)  


À  +-(1050)  

+-

    La présidente: Bienvenue à tous.

[Français]

    Bienvenue à tous.

[Traduction]

    Conformément à l’article 83(1) du Règlement, nous reprenons nos discussions prébudgétaires avec notre deuxième groupe de témoins ce matin.

    Ce groupe comprend sept témoins. Au nom de la Campagne contre la pauvreté des enfants, nous allons entendre Caroline Di Giovanni, directrice des affaires publiques, Société catholique d’aide à l’enfance, Gerald Vandezande, porte-parole de la campagne, et Jacquie Maund, coordonnatrice; pour représenter l'Association canadienne des plus de cinquante ans, nous avons William Gleberzon, directeur général associé, et Judy Cutler, directrice des communications; Luciano Piccioni, consultant en développement des entreprises et coordonnateur du projet des friches industrielles, représente la ville de Hamilton; au nom de l’Association de ventes directes, nous allons entendre M. Millar, le partenaire principal de Millar Wyslobicky Kreklewetz...

    Pourriez-vous nous indiquer la prononciation exacte de votre entreprise?

À  +-(1055)  

+-

    M. W. Jack Millar (Senior Partner, Millar Wyslobicky Kreklewetz; Association de ventes directes): Madame la présidente, vous pouvez vous contenter de dire MWK, conseillers fiscaux.

+-

    La présidente: C’est bien plus simple, je vous remercie.

    Nous allons aussi entendre, au nom du Conseil national des femmes du Canada, Catharine Laidlaw-Sly, sa présidente; au nom du Toronto Disaster Relief Committee, Cathy Crowe; enfin, pour représenter le National Housing and Homelessness Network, Michael Shapcott, son vice-président.

    Je remercie chacun d’entre vous. Vous disposez de sept minutes pour faire votre exposé et nous passerons ensuite aux questions. Nous allons essayer de finir vers 12 h 15, et nous n’avons donc pas beaucoup de temps. Au bout de six minutes environ, je lèverai ma plume pour vous indiquer qu’il ne vous reste plus qu’une minute. Une minute, c’est plus long que vous ne pensez. Vous aurez encore le temps d’ajouter cinq ou six phrases. Je vous prie d’excuser les contraintes de temps, mais on ne peut rien y changer.

    Nous allons commencer par les responsables de la Campagne contre la pauvreté des enfants. Allez-y, madame Di Giovanni, vous disposez de sept minutes.

+-

    Mme Caroline Di Giovanni (directrice des Affaires publiques, Société catholique d'aide à l'enfance, Campagne contre la pauvreté des enfants.): Merci, madame la présidente.

    Je suis très heureuse d’être ici aujourd’hui pour représenter la Campagne contre la pauvreté des enfants. J’ai à mes côtés Gerald Vandezande et Jacquie Maund.

    Ce n’est pas la première fois que nous venons en ces lieux et nous sommes heureux d’y revenir parce que nous gardons toujours à l’esprit la résolution signée par toutes les parties en 1989 pour mettre fin à la pauvreté des enfants en l’an 2000. Notre objectif est loin d’être atteint, mais nous continuons à faire des efforts dans ce sens.

    Nous continuons à surveiller de près la situation, et les messages qui nous ont été transmis dans le discours du Trône de 2001 et, à nouveau dans le discours du Trône de septembre, ont été très bien reçus. Je cite:

    «Le gouvernement mettra en oeuvre un programme d’investissements à long terme pour que les familles pauvres puissent se libérer de la dépendance envers l’aide sociale... Il augmentera à nouveau de façon importante la prestation nationale pour enfants versée aux familles pauvres. Avec ses partenaires, il travaillera à accroître l’accès aux initiatives favorisant l’apprentissage des jeunes enfants et l’accès à des services de garde de qualité... Le gouvernement accroîtra ses investissements en matière de logement abordable pour aider ceux qui en ont le plus besoin...»

    La Campagne contre la pauvreté des enfants réunit un groupe de personnes bénévoles qui consacrent leur temps à ces questions avec toute la rigueur et la constance possibles, année après année, parce que nous savons que les messages ne sont repris dans le discours du Trône que s’ils ont été préparés à l’avance et que si l’on a beaucoup travaillé pour dégager les enjeux et les faire comprendre. Nous sommes donc heureux de voir qu’il y a certaines réponses, à un certain niveau.

+-

     Je vais commencer par nos recommandations et je passerai ensuite la parole à Jacquie, qui fera état des statistiques. Par la suite, Gerald Vandezande prendra le temps de répondre à vos questions.

    Notre premier message est bien simple. Le gouvernement a dit ce qu’il fallait dire, nous voulons maintenant qu’il fasse ce qu’il a dit. Nous vous demandons d’engager un programme sur la sécurité des revenus en améliorant les prestations pour enfants de toutes les familles à bas revenu. Il faut intégrer la prestation fiscale pour enfants à un programme unique dispensant une prestation maximale de 4 200 $ par enfant aux familles pauvres. Il convient de renforcer l’accord de développement de la petite enfance en obligeant les provinces à assumer leurs responsabilités et en éliminant la rétrocession des prestations des bénéficiaires de l’assistance sociale. C’est un point très important.

    En second lieu, nous recommandons que l’on investisse dans les services de garde et d’éducation à la petite enfance en prévoyant dans le prochain budget fédéral un crédit de 1 milliard de dollars visant à mettre en place une stratégie nationale de garderies en collaboration avec les provinces et les territoires et, en cas de blocage, en s’adressant directement aux municipalités qui veulent participer. Le rapport de John Godfrey traite d’une grande partie de ces questions et c’est un programme faisable. Lorsqu’elle prendra la parole, Jacquie Maund vous indiquera comment faire en sorte que cet investissement opère à notre profit.

    La troisième recommandation que nous tenons à présenter consiste à augmenter l’offre de logements abordables. Cela s’explique par le fait que les enfants n’habitent pas seuls, ils vivent au sein de leur famille. La pauvreté des enfants est le signe de la pauvreté des familles et le fait disposer d’un logement stable permet de garantir la santé et la sécurité des enfants. Il faut donc augmenter la disponibilité des logements abordables en faisant en sorte que 25 000 unités puissent être mises chaque année à la disposition de la population à haut risque. Il faut obliger les provinces et les territoires à prendre leurs responsabilités dans le cadre des ententes bilatérales et, lorsque les fonds provinciaux correspondants ne sont pas dégagés, il convient de s’adresser directement aux municipalités qui le souhaitent ainsi qu’aux organisations à but non lucratif.

    Je vais maintenant donner la parole à Jacquie Maund, qui va compléter mon exposé.

Á  +-(1100)  

+-

    Mme Jacquie Maund (coordonnatrice, Campagne contre la pauvreté des enfants): Nous avons présenté trois recommandations. Je vais vous exposer ici les données et les réflexions qui ont présidé à ces recommandations. Je me rends compte que le mandat de votre comité est double: étudier les moyens de garantir une plus grande prospérité économique largement partagée par tous les Canadiens et faire en sorte que le gouvernement puisse garantir la meilleure qualité de vie à tous. Nous parlons au nom des familles et des enfants du Canada qui vivent au-dessous du seuil de la pauvreté et qui sont de toute évidence ceux à qui doivent s’adresser vos politiques et vos recommandations.

    À notre avis, l’une des grandes réponses aux deux questions que vous vous posez consiste à demander au gouvernement fédéral de faire de gros investissements sociaux dans le prochain budget. Nous avons entendu dire la semaine dernière par le ministre Manley, dans son énoncé financier, que notre économie se portait très bien, la croissance économique prévue pour cette année devant être de 3,4 p. 100 et le pays ayant enregistré un solide excédent financier de 8,9 milliards de dollars l’année dernière. Avec de tels chiffres, de quoi s’inquiète-t-on? L’économie se porte bien, notre comptabilité s’améliore. Je veux cependant vous présenter quatre statistiques qui nous montrent que cette richesse n’est pas partagée par tout le monde, et c’est un sujet de préoccupation auquel nous vous demandons de remédier lorsque vous délibérerez du budget.

    Peut-on dire que le Canada jouit effectivement de la prospérité économique lorsque plus de 1 298 000 enfants grandissent dans la pauvreté dans notre pays? Pratiquement un enfant sur cinq que vous voyez dans nos collectivités, dans leurs foyers ou à l’école, grandissent au sein de familles que Statistique Canada définit comme se situant au-dessous du seuil de la pauvreté. Ce ne sont pas tous des enfants qui vivent de l’assistance sociale ou du bien-être. En fait, plus de 579 000 de ces enfants vivent dans des familles dont les parents sont employés. Par conséquent, nous parlons aussi bien des travailleurs pauvres que de ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne sont pas en mesure de travailler.

    Comment peut-on dire que le Canada jouit de la prospérité économique lorsque plus de 747 000 Canadiens, dont 305 000 ont des enfants, ont du recevoir d’urgence des produits d’épicerie au cours d’un des mois de l’année dernière? Il y a donc des enfants qui ont faim au Canada.

+-

     Hier, le Conseil canadien de développement social a publié un rapport dans lequel il relève qu’ici même, en Ontario, près de 15 000 enfants sont placés dans les services de l’aide à l’enfance. C'est une progression de quelque 5 000 enfants par rapport à il y a cinq ans. En matière de garderie, lorsqu’il s’agit de prendre soin de nos enfants alors que nous travaillons, il n’y a qu’une place de garderie pour 12 enfants et y en a donc 11 qui sont sur les listes d’attente.

    J’espère que vous connaissez la dernière statistique que je vais vous citer. La disparité des richesses au Canada a augmenté. Les 10 p. 100 de foyers les plus riches ont vu augmenter leur valeur nette de 35 p. 100 entre 1984 et 1999, alors que les 10 p. 100 de foyers les plus pauvres se sont endettés encore plus.

    Nous citons ces statistiques pour contrer l’opinion très répandue selon laquelle la croissance économique peut résoudre à elle seule le problème de la pauvreté de l’enfance et des familles dans notre pays. Je conclurai en citant une étude de l’UNICEF qui classe les différents pays de l’OCDE. Cette étude conclut que les dispositions et les politiques adoptées par les États ont effectivement réussi à faire la différence en réduisant les taux de pauvreté chez les enfants des pays européens. Nous vous renvoyons ainsi à nos recommandations en affirmant que c’est à notre avis ce que le gouvernement doit faire pour remédier au problème dans le prochain budget.

    Je vous remercie.

Á  +-(1105)  

+-

    La présidente: Merci.

    Nous allons maintenant entendre la représentante de l’Association canadienne des plus de 50 ans, Mme Cutler.

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    Mme Judy Cutler (directrice des communications, Association canadienne des plus de 50 ans): Je remercie le comité de nous avoir permis de compléter le mémoire que nous avions remis en mai. Une copie de ce mémoire figure dans notre dossier d’information d’aujourd’hui.

    Je commencerai par vous parler des soins communautaires et à domicile. Dans le réseau de la santé, des crédits annuels garantis doivent être affectés spécialement aux soins communautaires et à domicile, l’objectif était de doubler le pourcentage de fonds publics dépensés actuellement au niveau national au titre des soins à domicile, soit de les faire passer de quelque 4 p. 100 en 1997-1998 à 8 p. 100 dans les huit ans à venir, ce qui correspond à la même période que celle qui a permis de doubler le pourcentage des crédits affectés aux soins communautaires et à domicile au cours des années 1990. Vous trouverez dans notre dossier d’information le bulletin CARP sur les soins à domicile au Canada, intitulé «Home Care by Default, not by Design», dont on trouvera un résumé détaillé. Nous estimons que ces crédits doivent être mis au service de tous les bénéficiaires de soins communautaires et à domicile, en l’occurrence, de tous les patients qui ne sont pas des malades chroniques ou bénéficiant de soins intensifs.

    Au cours des années 1990, le point d’équilibre au sein du réseau de la santé est passé des soins en établissement aux soins communautaires et à domicile, comme nous le savons tous. Les familles, les voisins et les amis ont été recrutés pour dispenser des soins à domicile, avec une aide financière minime de la part des gouvernements, ce qui a permis à ces derniers d’économiser des milliards de dollars. Selon les données tirées du recensement de 1996, plus de deux millions de Canadiens ont dispensé de tels services à des degrés divers, certains à temps partiel et d’autres véritablement à plein temps. Il est inévitable que le dernier recensement va faire état d’une augmentation encore plus grande dans ce secteur. Au sein de notre association, nous entendons parler de milliers et milliers de personnes qui, dans le pays, servent d’aides-soignants officieux.

    Nous sommes très heureux qu’ils aient été mentionnés dans le discours du Trône, alors que depuis des années notre association et d’autres qui, comme nous, sont préoccupées par la question, font pression sur les gouvernements de tout le pays. Les personnes soignantes non professionnelles, appartenant ou non à la famille du malade, qui doivent quitter leur emploi rémunéré ou travailler à temps partiel doivent pouvoir bénéficier de l’assurance-emploi dans la mesure où elles dispensent des soins à domicile, et non pas seulement pendant les six dernières semaines des soins palliatifs accordés au bénéficiaire, comme le recommande le rapport Kirby. Nous sommes bien entendu en faveur du versement de prestations d’A.-E. pendant les soins palliatifs, même si nous ne savons pas vraiment comment ce délai de six semaines va être fixé. Comment savoir quand il doit commencer à courir? Quoi qu’il en soit, n’oublions pas que l’A.-E. dépend des cotisations des travailleurs, ce n’est pas l’argent du gouvernement, et que ces gens en ont besoin à ce moment-là.

    De plus, la disposition d’arrêt de travail dont peuvent bénéficier les mères aux termes du Régime de pensions du Canada pendant sept ans après avoir donné naissance à leur enfant doit être étendue aux personnes qui soignent un membre de leur famille sur le modèle des soins dispensés aux enfants. Là encore, le RPC est alimenté par les cotisations des employés et de leurs employeurs, et cet argent n’appartient pas aux gouvernements.

    Je vais demander à Bill Gleberzon de nous faire état de la situation générale au Canada.

+-

    M. William Gleberzon (directeur général associé, Association canadienne des plus de 50 ans): La question de la santé, évoquée dans notre mémoire à l’origine, a été mise à l’ordre du jour avec la publication en octobre du rapport du sénateur Kirby et en attendant la publication, dans le courant du mois, du rapport de M. Romanow. Le gouvernement fédéral et ceux des provinces et des territoires se voient désormais offrir la chance de mettre en place et d’améliorer le réseau de santé universel qui fait l’originalité du Canada.

    Selon un sondage qui vient d’être publié aujourd’hui, une grande partie des Canadiens craignent que le régime d’assurance-santé ne soit plus là dans 10 ans. Toutefois, dans leur majorité, les Canadiens l’appuient et exigent que l’on intervienne immédiatement.

    Le public ne tolérera pas, par exemple, que l’on mette le rapport Romanow sur les tablettes. Des milliers de gens y ont consacré trop de temps et d’efforts à l’échelle du pays afin de faire connaître leurs points de vue à la commission. En juin 2002, notre association a organisé un colloque national sur la Loi canadienne sur la santé en partant du point de vue des personnes âgées, et le principal message qui en est sorti, de la part des personnes âgées qui ont connu le Canada avant la Loi canadienne sur la santé, a été le suivant: «nous avons connu cette période et nous ne voulons plus la revoir».

    Les recommandations qui ont été faites à cette occasion figurent dans notre mémoire. J’ajouterai que M. Romanow s’est fait l’écho de nombre d’entre elles dans les récents discours qu’il a prononcés dans notre pays et aux États-Unis. Notre message a bien entendu été repris par d’autres intervenants devant la commission.

    La commission Kirby a recommandé que le gouvernement fédéral injecte 5 milliards de dollars supplémentaires dans le secteur de la santé afin de le consolider. Il semble que M. Romanow va lui aussi recommander des crédits supplémentaires de cette ampleur. Notre association est d’accord avec les conclusions du rapport sénatorial: des augmentations d’impôts pourront être nécessaires pour trouver les crédits supplémentaires. Notre position en la matière peut cependant se résumer comme suit: «de nouveaux impôts si nécessaire, mais pas nécessairement de nouveaux impôts». La nécessité de lever 5 milliards de dollars d’impôts nouveaux est compensée par le fait que le ministre des Finances prévoit un excédent budgétaire fédéral de 70 milliards de dollars au cours des années à venir, dont une partie pourrait être affectée et garantie chaque année au secteur de la santé de façon à alléger les augmentations d’impôts.

    De plus, notre association invite fortement les gouvernements à déterminer quelles sont les parties du réseau de la santé qui doivent être améliorées et à quel coût avant d’affecter arbitrairement des crédits à cette fin ou de refondre totalement le système. De nombreux observateurs estiment qu’il y a encore bien des économies à faire dans le réseau actuel de la santé.

    Nous faisons un certain nombre d’autres recommandations: que le gouvernement fédéral recommence à financer à 50 p. 100 le réseau de la santé; que ces crédits soient spécialement affectés à la santé et garantis chaque année en prévoyant une clause d’indexation sur l’inflation; que le gouvernement fédéral rétablisse la séparation des crédits spécialement affectés à la santé, à l’éducation et aux services sociaux--en l’occurrence, que l’on mette fin au financement en bloc au titre du transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, comme l’a recommandé le vérificateur général du gouvernement fédéral; qu’une meilleure comptabilité et une transparence des fonds publics soient établies entre le gouvernement fédéral et ceux des provinces et des territoires pour garantir au public que les fonds sont dépensés comme prévu. Il convient de fixer et d’appliquer des sanctions financières appropriées en cas de non-respect de la Loi canadienne sur la santé, qui s’impose à tous. Des réformes véritables de la fiscalité des frais médicaux doivent être mises en oeuvre par le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires, pour tenir compte du fait qu’aujourd’hui un tiers des frais médicaux sont versés directement par les particuliers selon les données fournies par l’Institut canadien d’information sur la santé.

    Comme prévu, je vais maintenant demander à Judy de conclure.

Á  +-(1110)  

+-

    Mme Judy Cutler: Nous sommes très préoccupés par le fait que les gouvernements, comme les différents secteurs du réseau de la santé, sont cloisonnés--et j’imagine que vous allez en entendre beaucoup parler par les autres intervenants--les différents ministères ou les différents secteurs se disputant les crédits au lieu de collaborer harmonieusement. De ce fait, le consommateur reçoit d’une main ce qu’il doit donner de l’autre. Ainsi, l’environnement est en concurrence avec la santé, la santé avec l’éducation, etc. Au niveau provincial, les soins à domicile sont en concurrence avec les établissements de soins de longue durée, et ces deux types de services font à leur tour concurrence aux hôpitaux.

    Nous avons besoin d’une intégration de tous les services. On réussira ainsi à améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens en allégeant en fait le fardeau qui pèse sur le réseau de la santé, parce que des critères comme l’environnement, l’éducation, la disponibilité de logements abordables, l’énergie et d’autres encore sont des facteurs déterminants de la santé. Le budget fédéral de 2003 doit s’appuyer sur cette perspective plus large.

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     Je terminerai en disant que la Corporation canadienne des retraités intéressés a dû vous faire savoir hier que ce point de vue était partagé par le Congrès des organisations nationales de personnes âgées, qui se compose de 12 organisations, y compris la nôtre. Je vous le répète, nous représentons au total deux millions de personnes âgées au pays.

    Je vous remercie.

Á  +-(1115)  

+-

    La présidente: Nous allons maintenant donner la parole à la ville de Hamilton.

    Allez-y.

+-

    M. Luciano Piccioni (consultant en développement des entreprises, coordonnateur du projet des friches industrielles, Ville de Hamilton): Merci, madame la présidente.

    Au nom du maire de la ville de Hamilton, Robert Wade, et du conseil municipal de Hamilton, je tiens à remercier votre comité de m’avoir invité ici aujourd’hui pour présenter cet exposé.

    Je vais vous parler aujourd’hui des friches industrielles. Les friches industrielles représentent un ensemble de propriétés commerciales ou industrielles abandonnées, en friche ou sous utilisées, dont l’expansion ou le réaménagement se complique du fait des risques réels ou redoutés de pollution de l’environnement.

    Pour la plupart, nous savons que les friches industrielles peuvent se présenter sous la forme d’anciennes exploitations industrielles comme les aciéries, les usines de production chimique, etc. Par contre, ce que nous ignorons pour la plupart, c’est que des établissements de nettoyage à sec, des imprimeries ou même de vieilles écoles anciennement chauffées au mazout, peuvent poser le même problème que les friches industrielles. Ce problème se pose dans toutes les grandes et petites villes du Canada.

    Il y a là un problème d’envergure nationale. Il présente non seulement de gros risques pour l’environnement, mais aussi de gros risques financiers pour les grandes et les petites villes canadiennes. On a estimé que la ville de Toronto enregistrait un manque à gagner fiscal de 50 à 100 millions de dollars par an en raison de ces friches industrielles.

    Selon les estimations, il y a actuellement aux États-Unis 650 000 friches industrielles. Au Canada, ce chiffre se situe plutôt aux alentours de 30 000 sites. Il est donc évident que pour des raisons écologiques et financières, les friches industrielles représentent un gros enjeu et posent de plus en plus de problèmes au niveau national.

    Les études effectuées aux États-Unis nous montrent que l’un des principaux obstacles qui s’oppose à la mise en valeur des friches industrielles est celui des coûts qu’entraînent au départ les études du site et les opérations de nettoyage. La plupart des établissements financiers se refusent encore à financer cette partie des projets liés aux friches industrielles en raison des risques et des responsabilités juridiques que peuvent entraîner les sites pollués. Je veux vous recommander tout simplement ici d’égaliser les règles du jeu entre les espaces verts et les friches industrielles... en l’occurrence, en procurant un financement servant de relais pour absorber les coûts de l’investissement effectué au départ.

    La ville de Hamilton vous a remis aujourd’hui un dossier d’information--la couverture est bleue--contenant une lettre du maire vous précisant les raisons pour lesquelles la ville demande aujourd’hui au gouvernement fédéral d’affecter des crédits budgétaires à la promotion du nettoyage et du réaménagement des friches industrielles. Vous trouverez aussi dans ce dossier une lettre de la Chambre de commerce de Hamilton qui appuie notre demande. On y trouve des résolutions adoptées par les Chambres de commerce de l’Ontario et du Canada, qui demandent à la fois à la province et au gouvernement fédéral des crédits devant permettre de réaménager les friches industrielles. On y trouve des informations sur le programme d’assainissement de l’environnement et de remise en valeur des sites, un programme de la ville de Hamilton qui a été primé et dont le nom en anglais, ERASE, nous montre bien que l’on a fait appel à des incitations financières pour gommer la tache que représentent les friches industrielles et pour les affecter à des usages économiques productifs.

    Enfin, vous trouverez dans ce dossier un certain nombre d’articles publiés récemment dans des revues concernant les travaux effectués par la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, qui est en train de mettre en place une stratégie nationale de réaménagement des friches industrielles au Canada. Cette stratégie va être divulguée en janvier, dans deux mois.

    Il y a des avantages économiques, environnementaux et sociaux non négligeables et de grande portée qui s’attachent au nettoyage et au réaménagement des friches industrielles. Citons la création de nouvelles entreprises et de nouvelles possibilités d’emploi; la relance des quartiers; l’amélioration de la qualité des sols, de l’eau et de l’air; enfin, la réduction de l’étalement urbain de l’engorgement du trafic et de la pollution de l’atmosphère.

    Une étude publiée récemment par l’Université George Washington nous révèle que pour chaque acre de friches industrielles réaménagées, on économise quatre acres et demi d'espace vert. C’est une incidence significative.

    La ville de Hamilton s’est rendu compte du problème posé par les friches industrielles vers la fin des années 1990 et, depuis lors, nous sommes devenus un chef de file reconnu au Canada en matière de création et de mise en oeuvre de projets financiers visant à attirer les promoteurs dans les friches industrielles. Par l’intermédiaire de notre programme ERASE, nous subventionnons généreusement les études écologiques, nous consentons des remises sur les taxes foncières aux promoteurs qui nettoient des sites pollués et nous avons par ailleurs réservé 500 000 $ à la mise en oeuvre de projets pilotes sur les friches industrielles en collaboration avec des promoteurs privés.

    Tout compris, la ville de Hamilton a engagé plus de 1,2 million de dollars sur les cinq prochaines années en vue de promouvoir les friches industrielles. Cet engagement paye déjà des dividendes. Des terrains d’une superficie de 11,3 acres ont déjà été nettoyés. Nous avons enregistré la construction et la remise à neuf de 228 000 pieds carrés de locaux, ce qui a entraîné une augmentation d’environ 400 000 $ des taxes foncières. Tout cela a été réalisé en un an seulement.

    Étant donné cependant l’ampleur du problème, la vieille zone industrielle de Hamilton comptant à elle seule au minimum plusieurs centaines de friches industrielles, et alors qu’on en a recensé plus de 4 000 dans des villes comme Montréal, les municipalités ne peuvent pas gagner cette bataille à elles seules. C’est pourquoi nous nous adressons au gouvernement fédéral et à la province.

    La province de l’Ontario a adopté une loi permettant de bloquer ou d’annuler les taxes foncières sur les sites remis en état et réaménagés. Le gouvernement provincial du Québec a alloué 90 millions de dollars sur sept ans au réaménagement des friches industrielles, et cet investissement a d’ores et déjà produit un effet de levier en attirant 1,6 milliard de dollars de crédits privés et publics.

+-

     Malheureusement, le gouvernement fédéral du Canada n’affecte pas directement des crédits aux friches industrielles alors que les autres pays du G-7 ont des programmes exhaustifs dans ce secteur.

    Aux États-Unis, le gouvernement fédéral a, depuis 1993, versé 280 millions de dollars de crédits dans le cadre des projets s’appliquant aux friches industrielles. Cela a attiré 4 milliards de dollars de fonds publics et privés ayant permis de mettre en oeuvre 19 000 projets de nettoyage, de construction et d’aménagement. En janvier dernier, le président Bush a d’ailleurs annoncé que le gouvernement fédéral des É.-U. allait engager 200 millions de dollars par an sur les cinq prochaines années, soit 1 milliard de dollars au total, dans le réaménagement des friches industrielles.

    Heureusement, le Canada commence à bouger dans ce secteur. Le rapport Sgro sur les questions urbaines souligne l’importance d’un réaménagement des friches industrielles et, en décembre de cette année, le ministre des Finances Paul Martin a demandé à la table ronde d’élaborer une stratégie nationale s’appliquant aux friches industrielles au Canada.

    Je suis heureux de vous annoncer que je suis membre de ce groupe d’étude et que nos travaux sont presque terminés. Nous avons tiré les enseignements de ce qui s’est fait à l’étranger et nous avons élaboré en conséquence une stratégie canadienne s’appliquant aux friches industrielles.

    Je peux vous dire que dans le cadre de cette stratégie nous allons recommander les mesures financières suivantes: des incitations fiscales au bénéfice des promoteurs du réaménagement des friches industrielles; des prêts et des subventions correspondant aux études environnementales et au nettoyage des sites pollués; enfin, des garanties d’hypothèque concernant les projets de friches industrielles agréés.

    Je suis venu ici aujourd’hui pour vous demander, au nom de la ville de Hamilton, d’appuyer cette stratégie. Si l’on n’affecte pas des crédits dans le prochain budget fédéral au financement de cette stratégie et du réaménagement des friches industrielles, il nous faudra attendre encore au moins un an et peut-être même davantage. L’élan que nous nous sommes donnés au pays sera coupé et le Canada restera encore plus à la traîne par rapport aux autres pays du G-7 sur la question des friches industrielles.

    Je vous ai donné toutes sortes d’exemple pratique et il y en a bien d’autres encore qui vous montrent que les crédits publics investis dans les friches industrielles exercent un effet de levier susceptible d’attirer des investissements d’un montant très supérieur du secteur privé. Il en résulte d’importants gains économiques. Il ne s’agit pas là de belles paroles ou de voeux pieux. Les résultats sont réels.

    Parallèlement, le réaménagement des friches industrielles peut donner lieu à une croissance intelligente, dont notre pays et ses zones urbaines ont bien besoin.

    Vous avez peut-être remarqué que je parle des crédits affectés par le gouvernement aux friches industrielles en terme d’investissements, et c’est exactement de ça dont il s’agit, d’un investissement stratégique dans l’avenir de nos collectivités au Canada. C’est pourquoi la ville de Hamilton est venue ici demander au gouvernement fédéral d’affecter dans le prochain budget fédéral des crédits importants aux friches industrielles. Cet investissement dans l’avenir du Canada produira de véritables retombées économiques, environnementales et sociales qui profiteront à la population canadienne.

    Au nom de la ville de Hamilton, je tiens à remercier votre comité de nous avoir donné l’occasion de faire cet exposé aujourd’hui. Merci.

Á  +-(1120)  

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Nous allons maintenant entendre les représentants de l’Association de ventes directes. Vous avez la parole.

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    M. W. Jack Millar: Merci, madame la présidente.

    Je suis le conseiller fiscal de l’Association de ventes directes et je comparais ici au nom de son président, M. Paul Thériault, qui avait un autre engagement et qui n’a pas pu venir.

    C’est la onzième ou la douzième année que l’Association de ventes directes a le privilège de comparaître devant votre comité et je me félicite de pouvoir dire qu’au cours de cette période un certain nombre de ses recommandations ont été reprises et mises en oeuvre par le gouvernement. Nous espérons que cette tendance se perpétuera.

    L’Association de ventes directes du Canada est une association nationale regroupant des entreprises qui font de la vente directe ainsi que des entrepreneurs de vente indépendants qui travaillent au sein de cette industrie. Cinquante-cinq entreprises sont actuellement membres de notre association au Canada et nous comptons plus d’un million d’entrepreneurs de vente indépendants. Environ 73 p. 100 d’entre eux sont des femmes et 66 p. 100 des entrepreneurs de vente indépendants travaillent à temps partiel dans l’industrie de la vente directe.

    Au cours de la dernière année civile, ces EVI ont vendu aux consommateurs canadiens plus de 1,6 milliard de dollars de biens et de services qui couvrent une large gamme, depuis les cosmétiques jusqu’aux services de télécommunication en passant par les articles de soins personnels, les appareils ménagers, les bougies, les produits de santé naturels, les jouets et le matériel éducatif.

    L’AVD a toujours collaboré étroitement avec tous les paliers de gouvernement. Au début des années 1990, elle a oeuvré avec le ministère des Finances à la création du mécanisme de ventes directes. Dans le cadre de la législation sur la TPS elle a participé, en collaboration avec l’Agence canadienne des douanes et du revenu, à l’élaboration d’un bulletin d’information s’adressant aux entrepreneurs de vente indépendants pour les aider à remplir leurs obligations fiscales. Elle a oeuvré de concert avec les organismes provinciaux de protection du consommateur ainsi qu’avec le Bureau de la concurrence pour garantir de bonnes pratiques commerciales dans l’industrie.

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     Nous avons fait cinq recommandations dans notre mémoire du 12 septembre. Elles sont résumées à la page 3 de ce mémoire. Nous estimons que ces recommandations aideront votre comité à mettre en oeuvre les objectifs qu’il s’est fixé, soit de garantir le meilleur niveau de prospérité économique et la meilleure qualité de vie à tous les Canadiens.

    Je vais m’en tenir à ces cinq recommandations dans mon exposé. La première concerne le maintien de la compétitivité par la réduction des impôts. Dans notre mémoire, nous faisons état des différences avec le régime fiscal des É.-U. tout en relevant que le ministre des Finances actuel déclare que la réduction des impôts est en grande partie responsable de la prospérité récente du Canada. Je relève aussi que le ministre a fait des observations à ce sujet dans son dernier énoncé économique prononcé à Halifax.

    Notre deuxième recommandation a trait à une question évoquée par l’honorable Maria Minna au sein du groupe de témoins qui nous a précédés. Il s’agit de l’épargne-retraite. Nous proposons que la cotisation maximale au sein des REER soit portée à 17 500 $ dès maintenant, et non pas en 2004. Nous estimons par ailleurs qu’il convient d’ajouter au système, comme l’a préconisé l’Institut C.D. Howe, un régime d’épargne-retraite après impôt. Nous considérons que ce serait un élément important de la protection à la retraite au Canada.

    Il faut bien voir, à mon avis, que les entrepreneurs de vente indépendants dans l’industrie de la vente directe sont des employés autonomes et qu’ils ne peuvent pas compter sur des retraites d’entreprise ou du gouvernement lorsqu’ils arrêteront de travailler.

    Notre troisième recommandation porte sur la transition en vue de l’indépendance financière. À l’heure actuelle, aux termes des différents régimes d’assistance sociale, il n’y a pas de plafonnement lors de la phase de transition. De nos jours, en matière d’assistance sociale, à partir du moment où une personne gagne 25 p. 100 de son allocation mensuelle d’A.-E., elle perd un dollar chaque fois qu’elle gagne un dollar supplémentaire. Dans l’industrie de la vente directe, cela empêche la transition vers l’indépendance financière. Nous proposons que la réduction soit mieux échelonnée et qu’à partir du moment où une personne a gagné 50 p. 100 du montant de son allocation mensuelle d’A.-E., on lui enlève 50 cents chaque fois qu’elle gagne un dollar jusqu’à ce que l’intégralité du montant soit récupéré. Nous considérons que cela aiderait les gens à faire la transition vers l’indépendance financière. Nous relevons que le régime actuel d’A.-E. cherche davantage à faire en sorte que les gens trouvent de l’emploi et non pas qu’ils lancent des entreprises.

    Notre quatrième proposition vise à prévoir un allégement de la TPS pour les suppléments diététiques et les produits de santé naturels.

    Il se produit deux choses à l’heure actuelle. Pour commencer, l’ADRC réduit sur le plan administratif les franchises sur des produits alimentaires et des boissons destinés à la consommation humaine qui, historiquement, étaient taxés à un taux zéro. Elle a fait savoir en juillet de cette année qu’aucun supplément diététique ne serait considéré comme devant être taxé à un taux zéro.

    En second lieu, Santé Canada a entrepris de se doter d’une troisième direction générale sur les produits de la santé, qui se situe entre les aliments et les drogues. On craint que les produits de santé naturels soient alors considérés comme étant des marchandises taxables aux termes de la loi sur la TPS. Nous recommandons que la Loi sur la taxe d’accise soit modifiée par le législateur afin que l’on s’assure que tous les suppléments diététiques et tous les produits de santé naturels soient taxés au taux zéro. Nous considérons que ce sera là en définitive une mesure rentable qui allégera le fardeau imposé aux régimes de santé publique du Canada en favorisant des produits plus utiles et plus efficaces.

    Notre cinquième et dernière recommandation traite du mécanisme de ventes directes aux termes de la loi sur la TPS. Selon la structure actuelle, elle ne s’étend qu’à environ 75 p. 100 de l’industrie. Nous avons recommandé qu’elle vienne s’appliquer à 100 p. 100 de l’industrie. Elle s’applique actuellement aux cas où les entrepreneurs de vente indépendants achètent et revendent des produits. Elle ne s’applique pas lorsque ceux-ci agissent en qualité d’agents de vente. Il en est résulté une confusion au sein de l’industrie. Cette modification pourrait être apportée sans qu’il n’en coûte pratiquement rien au CSIF, et cela permettrait par ailleurs d’alléger les frais administratifs, tant des hommes et des femmes à la tête de petites entreprises au sein de l’industrie, que pour l’ADRC elle-même.

Á  +-(1125)  

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     Madame la présidente, nous sommes heureux d’avoir pu venir témoigner. Nous estimons que ces recommandations vont dans le sens des objectifs que vous nous avez fixés dans votre lettre. Comme toujours, l’AVD est prête à collaborer activement avec votre comité et avec les ministères du gouvernement pour nous permettre d’atteindre ces objectifs. Au nom de l’AVD, de ses membres et de plus d’un million d’entrepreneurs de vente indépendants au Canada, je vous remercie de la chance qui nous a été offerte.

Á  +-(1130)  

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    La présidente: Merci beaucoup.

    Nous allons maintenant entendre la représentante du Conseil national des femmes du Canada. Madame Laidlaw-Sly, vous avez la parole.

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    Mme Catharine Laidlaw-Sly (présidente, Conseil national des femmes du Canada): Merci, madame la présidente.

    Je voudrais tout d’abord apporter une légère correction à notre mémoire. En haut de la page 7, à la rubrique des rabais devant être accordés aux acheteurs de voitures hybrides, le qualificatif «faibles quantités» s’est perdu entre deux versions informatiques. Il ne s’agit pas de promouvoir des véhicules émettant de très grandes quantités mais, au contraire, de très faibles quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère.

    Je vous remercie de tenir compte de cette correction.

    Nous sommes heureux d’avoir l’occasion d’exposer les grandes lignes de notre mémoire dans le cadre des consultations prébudgétaires que mène aujourd’hui votre comité. Nous n’aborderons que quelques points étant donné que le temps nous est compté.

    Nous félicitons le comité d’avoir entrepris ce processus consultatif et nous recommandons qu’il se poursuive. Nous demandons cependant que les séances d’information ou de consultation ainsi que les méthodes d’élaboration des budgets soient organisées au niveau local. Cette recommandation nous vient de certaines fédérations dispersées dans les petites localités, qui ont l’impression d’être coupées du mécanisme central.

    La politique de réduction progressive de la dette nationale doit se poursuivre, sans toutefois que le rythme des remboursements soit accéléré.

    Sur la question de l’allégement des impôts et de la réforme fiscale, le Conseil national des femmes du Canada demande instamment que toutes les mesures d’allégement des impôts et de réforme fiscale soient examinées en tenant compte de leurs effets sur les femmes en procédant à une analyse selon les sexes. Cela s’étend à l’indexation intégrale des tranches d’imposition, ce qui est indispensable pour stopper une érosion supplémentaire des revenus, de même qu’à la prestation fiscale pour enfants, qui désavantage actuellement les familles à faible revenu et celles dont un seul membre--généralement la femme--dispensent des soins à temps plein.

    J’ajouterai que l’analyse selon les sexes doit être faite comme il se doit, en recourant à des statistiques séparées pour les deux sexes. Idéalement, il faudrait qu’elle se fasse au moment de la conception des programmes et des règlements et qu’elle éclaire les travaux de tous les ministères lorsqu’ils mettent en oeuvre leurs programmes.

    Le Conseil national des femmes du Canada se préoccupe aussi du sort des personnes adultes--avant tout des femmes--qui prennent soin d’un membre de leur famille sans être rémunérées et qui sacrifient leurs possibilités de carrière pour s’occuper de personnes qui devraient autrement être prises en charge au frais du gouvernement. Nous recommandons donc instamment que des crédits d’impôt remboursables et que des crédits au sein du Régime de pensions du Canada soient mis à la disposition des personnes adultes qui prennent soin d’un membre de leur famille sans être rémunérées. Nous invitons aussi avec force le gouvernement à mettre en place des mesures tenant compte, dans la comptabilité nationale, de la valeur du travail non rémunéré au sein de l’économie. Il ne doit pas s’agir d’un chiffre global, mais il faut qu’une ventilation rende compte des différentes tâches non rémunérées et non comptabilisées qui sont effectuées. Cela va des activités de revendication non rémunérées que font les membres du conseil national au travail des mères et des ménagères en passant par celui des protecteurs de l’enfance, soit le travail de toutes ces personnes qui contribuent à affermir le tissu social de notre pays et sur lesquelles s’appuie notre système, sans qu’on leur en donne le crédit. La valeur de leur travail n’est pas reconnue.

    Le conseil national considère qu’il est essentiel de maintenir un budget équilibré en continuant à réduire la dette. Le conseil national craint que s’il n’en est pas ainsi, le gouvernement n’ait plus les ressources devant lui permettre de conserver et d’administrer des programmes sociaux précieux, tels que ceux qui ont trait aux logements, aux garderies et à l’assistance sociale.

    En matière d’infrastructure sociale au Canada, le conseil national félicite le gouvernement de continuer d’appuyer les principes de la Loi canadienne sur la santé. Il est important que l’approche axée sur le contribuable continue d’être protégée. Les plus pauvres des Canadiens ont droit à la même qualité de soins de santé que les plus riches. À nos yeux, c’est ce qui définit le Canada.

+-

     Dans le cadre du débat portant sur la nouvelle économie, les membres du conseil national relèvent que dans leur majorité les travailleurs à temps partiel restent des femmes. Cette réalité est apparue très clairement au sein d’un programme sur deux ans intitulé Pour un avenir assuré, qui traite de la situation économique des personnes arrivées à la fin de leur vie. Nous constatons ici que les entreprises comme les gouvernements réduisent leurs frais d’exploitation en engageant une quantité anormale de personnel à temps partiel ou sous contrat, qui ne bénéficient pratiquement d’aucune prestation sociale. Les personnes employées à temps partiel pendant une bonne partie de leur vie active terminent souvent leur vie dans la pauvreté parce qu’elles ne bénéficient pas d’un revenu de retraite ou d’autres prestations liées à un emploi.

    Par conséquent, le Conseil national des femmes du Canada juge indispensable que le gouvernement adopte une loi exigeant des employeurs qu’ils versent des prestations au prorata--frais médicaux, frais dentaires, retraite et vacances--à tous leurs employés à temps partiel.

    Par ailleurs, le conseil national est très préoccupé par le nombre croissant de personnes au chômage, souvent des femmes, dans le groupe d’âge des 60-65 ans. Nous estimons qu’une certaine forme d’aide financière doit être apportée pour permettre à ces personnes de faire la transition en attendant de toucher la Sécurité de la vieillesse à 65 ans.

    Les membres du conseil national sont aussi extrêmement préoccupés par le maintien du financement des centres d’excellence en santé, notamment des centres s’adressant aux femmes, et considèrent qu’il est indispensable que l’on maintienne un niveau suffisant de crédits pour pouvoir lancer de nouveaux programmes. Ce problème a été porté à notre attention l’année dernière lors de notre assemblée générale annuelle qui s’est tenue à Halifax. Le centre d’excellence de l’endroit s’est plaint du fait que l’on avait tellement comprimé ces crédits qu’il ne pouvait que maintenir en place les programmes existants; il ne pouvait plus se doter de nouveaux programmes.

    Sur la question de la nouvelle économie, nous relevons qu’une économie prospère, qui se traduit par d’importants débouchés en matière d’emploi, profite à tous les segments de la société; toutefois, le Conseil national des femmes du Canada considère que l’État a un rôle à jouer pour ce qui est de suivre les changements découlant de l’adoption de nouvelles technologies et de l’intégration accrue des marchés nationaux et mondiaux, et de prendre les mesures nécessaires pour protéger la qualité de vie des Canadiens.

    Nous voulons que l’on continue à appuyer les investissements dans les nouvelles technologies pour stimuler l’économie et accroître le niveau de vie au Canada.

    Le conseil national insiste sur le fait que toute réforme de la politique sociale et du marché de l’emploi doit faire appel à des solutions visant à respecter la dignité et les droits de la personne des citoyens bénéficiant d’assistance sociale de même que celles qui sont sur le marché de l’emploi.

    Pour s’attaquer au problème de la pauvreté, le Conseil national des femmes réinsiste plus particulièrement sur le fait qu’il convient de remédier à la pauvreté chez les enfants. Les enfants pauvres ont des parents pauvres. C’est en mettant à leur disposition des logements abordables que l’on aide surtout ces parents et leurs enfants à bénéficier d’une qualité de vie décente au Canada. Par conséquent, nous adjurons à nouveau le gouvernement fédéral à s’impliquer dans les programmes de logements sociaux.

    Je tiens à vous remercier de nous avoir donné l’occasion d’exposer nos points de vue et de répondre ensuite à vos questions. Je vous remercie.

Á  +-(1135)  

+-

    La présidente: Merci.

    Nous allons maintenant donner la parole à Cathy Crowe, du Toronto Disaster Relief Committee.

+-

    Mme Cathy Crowe (membre du comité de direction, Toronto Disaster Relief Committee): Merci, madame la présidente.

    Je suis une infirmière autorisée qui travaille dans la rue; mes patients sont sans-abri. Je vais évoquer la question des sans-abri et la nécessité d’instaurer des programmes de logements.

    Je tiens à préciser qu’il y a 14 ans, lorsque j’ai commencé ce travail, il y avait au Canada quatre infirmières qui travaillaient dans la rue alors qu’aujourd’hui il y en a près d’une centaine de Halifax à Victoria.

    Lorsque nous avons créé en 1998 le Toronto Disaster Relief Committee, nous avons déclaré que la situation des sans-abri était une catastrophe nationale. Je vais vous donner une idée de l’ampleur du problème à Toronto. Michael Shapcott vous parlera des solutions.

    Contrairement à ce qu’indique le rapport publié hier par Statistique Canada, il y a plus de 14 000 Canadiens qui sont sans abri dans notre pays. Je vais vous parler simplement de Toronto, où j’exerce ma profession d’infirmière.

    Cette nuit, 5 000 lits seront occupés dans les refuges de la ville. Il y aura plus de 50 programmes de «mise à l’abri»--dans les sous-sols des églises et des synagogues--qui vont fonctionner toutes les nuits pendant les mois d’hiver et abriter de centaines d’autres personnes. Ce soir, comme en été, il y aura entre 1 000 et 1 500 hommes et femmes qui vont dormir à l’extérieur--vraiment à l’extérieur--sur des grilles ou des poutrelles, dans des parcs ou dans des allées. En 2002, il y aura eu au total 40 000 personnes qui se seront retrouvés un jour sans abri sous l’une des formes que je viens de décrire.

+-

     On voit apparaître certains changements. Il y a tout d’abord le fait que les fourgonnettes avec lesquelles on s’efforce de nourrir les gens qui passent la nuit dehors n’ont plus rien à servir dès minuit. En second lieu, je suis sûre que vous êtes au courant du fait que les squats se multiplient à l’échelle du pays: il y en a à Halifax; un squat est apparu à Montréal il y a deux semaines; à London il y a eu un squat; il y en a plusieurs de grande taille à Toronto, le plus célèbre étant tent city; enfin, il y a bien entendu le squat de Woodwards à Vancouver.

    Qu’est-ce qui motive leur apparition? C’est le fait que dans toutes ces localités, il n’y a pas suffisamment de lits pour les sans-abri. Les listes d’attente sont longues pour occuper un logement social à un coût abordable. Ces hommes et ces femmes ne peuvent plus tolérer les conditions qui règnent dans les abris lorsqu’ils réussissent à avoir une place. De nombreuses personnes que je connais et qui s’efforcent de vivre de cette manière et de se bâtir un abri de fortune à l’extérieur sont depuis huit ou dix ans sur les listes d’attente pour obtenir un logement à un coût abordable.

    Nous sommes confrontés aujourd’hui à une micro-épidémie de tuberculose dans le réseau des abris pour hommes de Toronto. Nous avons désormais enregistré notre quinzième cas lié à l’ADN. Paradoxalement, un réfugié politique ayant quitté un pays où la tuberculose est endémique, a contracté la tuberculose dans un abri de notre pays. On a pu faire le lien avec l’ADN et nous savons par conséquent qu’il l’a contractée ici. Il y aura une enquête en janvier ou en février.

    J’évoque la tuberculose parce que Toronto sert de révélateur. Lorsqu’un problème apparaît dans notre ville en ce qui concerne les maladies ou les sans-abri, il ne tarde pas à menacer ailleurs. On verra donc bientôt apparaître dans les autres localités des cas de tuberculose comme à Toronto.

    Cette année, 8 000 enfants vont utiliser le réseau des sans-abri, qui est constitué avant tout, vous le savez bien, dans la série des motels-hôtels de Kingston Road à Scarborough. Ces enfants sont en très mauvaise santé. Comme on vous l’a mentionné, les enfants pauvres vivent dans des familles pauvres. La situation de ces familles et de ces enfants est désespérée. Ils sont isolés et leur santé va encore empirer.

    Justement, alors que j’attendais aujourd’hui dans cette salle, j’ai reçu un appel. C’est un appel très classique. C’est un homme qui mettait à ma disposition une maison mobile de 8 pieds sur 30 pieds, non pas pour mon usage personnel, mais pour que je l’installe quelque part pour y loger une famille ou un couple.

    De 110 à 120 personnes habitent tent city. Je parle de tent city parce qu’elle est devenue célèbre. À l’heure actuelle, 70 de ces personnes ont trouvé un logement. Je le signale pour apporter la preuve que les gens sont prêts à accepter un logement. Ils veulent se loger; ils ne choisissent pas d’être dans la rue.

    En guise de mémoire, je vous ai apporté aujourd’hui un film, que j’ai remis à la greffière. Il s’intitule Shelter From The Storm. C’est un documentaire de la CBC que vous connaissez peut-être. Il a été diffusé dans l’émission Witness. On y décrit la situation qui règne à Toronto, mais il s’agit aussi d’un mouvement national en faveur du logement.

    Je me félicite d’avoir entendu parler de «logement» à maintes reprises aujourd’hui. En ma qualité d’infirmière, je suis bien certaine qu’il y a un énorme courant d’opinion qui s’efforce de sauver notre régime d’assurance-santé au Canada.

    Pour ma part, je suis infirmière et non pas spécialiste de la construction, mais je dois vous parler de la question du logement. Je sais que Michael va vous présenter maintenant un certain nombre de recommandations que j’appuie pleinement.

    Je vous remercie.

Á  +-(1140)  

+-

    M. Michael Shapcott (vice- président, National Housing and Homelessness Network): Merci. Je suis Michael Shapcott. Je suis le vice-président du National Housing and Homelessness Network. Notre réseau a des partenaires dans plus d’une vingtaine de collectivités au pays, en comptant les organisations provinciales et les groupes locaux. Madame la présidente, je sais que vous avez rencontré la coalition des sans-abri de London. Cette organisation fait partie de notre réseau national.

    En août, nous avons fait parvenir un mémoire au comité qui s’intitule «Housing for all Canadians: An additional $2 billion for a comprehensive national housing strategy». En vertu de la théorie selon laquelle une documentation n’est jamais assez complète, nous y avons ajouté une petite annexe qui constitue une mise à jour et qui s’intitule «The One Percent Solution»--dans laquelle nous nous interrogeons sur les solutions possibles. Je me référerai brièvement à ces deux documents.

    Votre comité a entendu aujourd’hui Cathy Crowe et, lorsque vous vous êtes arrêté à Halifax et à Vancouver, d’autres partenaires de notre réseau, qui vous ont parlé de l’ampleur de la catastrophe des sans-abri ainsi que de la crise du logement à l’échelle nationale. Nous considérons que cette catastrophe et cette crise appellent des solutions qui doivent être elles aussi de grande ampleur.

+-

     Nous adjurons votre comité d’adopter ce que nous appelons la solution du un pour cent. Plus précisément, nous demandons respectueusement à votre comité qu’il recommande au gouvernement fédéral d’engager 2 milliards de dollars de crédits annuels en vue de renouveler le programme national de logements.

    Avant de passer aux composantes de ce que doit être pour nous un programme renouvelé de logements au niveau national, je tiens à dire qu’au cours des trois ou quatre années ayant précédé la création de notre réseau, un certain état d’esprit, certaines mesures positives sont apparues au sein du gouvernement fédéral. Nous tenons à ce que cela soit dit.

    En décembre 1999, la stratégie fédérale sur les sans-abri a été annoncée par le ministre Bradshaw. Elle impliquait le versement de 753 millions de dollars sur trois ans. L’une de ses composantes était bien entendu l’Initiative de partenariats en action communautaire, l’IPAC, pour employer un sigle comme aiment à le faire les bureaucrates. L’IPAC a donné lieu à la création de toute une série de projets ayant donné d’excellents résultats dans un certain nombre de villes.

    Je sais que Maria Minna a assisté à la mise en route d’un projet IPAC ici même à Toronto, le projet Amik, il y a environ deux semaines--il s’agit d’un projet de logements autochtones en milieu urbain--et nous tenons à dire que la stratégie fédérale sur les sans-abri représente un premier pas très important.

    Nous tenons aussi à reconnaître le rôle joué par le gouvernement fédéral dans l’accord cadre sur les logements à prix abordable, qui a été signé par le gouvernement fédéral et l’ensemble des provinces et des territoires en novembre 2001. Aux termes de cet accord, le gouvernement fédéral s’est engagé à consacrer 680 millions de dollars de crédits sur cinq ans aux nouveaux logements à prix abordable. Les provinces et les territoires ont accepté de verser le même montant d’argent et ils se chargeront d’administrer ce programme.

    Toutefois, la grande critique que nous faisons à l’encontre de ces deux programmes porte avant tout sur le fait que les crédits ne sont pas suffisants compte tenu de l’ampleur des besoins. Ainsi, dans le cadre de l’IPAC ou de la stratégie sur les sans-abri, nous avons vu des localités se faire une concurrence acharnée pour essayer d’avoir accès à des crédits limités.

    Ici même, en Ontario, Guelph et Cambridge ont dû lutter entre elles pour pouvoir bénéficier du faible montant de crédits mis à la disposition des refuges destinés aux sans-abri dans ces localités.

    Des localités comme Parry Sound n’ont même pas pu se mettre sur les rangs pour bénéficier de ces crédits parce qu’elles n’avaient pas une taille suffisante. Par conséquent, en dépit de l’intérêt de la stratégie sur les sans-abri, les crédits ne sont tout simplement pas suffisants.

    L’autre gros inconvénient, notamment en ce qui concerne l’accord-cadre sur les logements à prix abordable, c’est que l’on s’en remet aux gouvernements des provinces et des territoires pour aménager des programmes correspondants et il faut bien reconnaître, sans vouloir être méchant, que cet aménagement a été très inégal selon les régions du pays.

    En ce qui a trait aux mesures positives, on a vu le gouvernement du Québec adopter le programme, verser des crédits correspondants et y ajouter ses propres crédits à la discrétion de la province, ce qui a permis effectivement de mettre en chantier de nouveaux logements.

    Par contre, à l’autre bout du pays, le gouvernement de la Colombie-Britannique, au moment même où il signait l’accord-cadre sur les logements à prix abordable, a annulé un programme provincial devant permettre de livrer 1 700 unités de logements à prix abordable et s’est servi ensuite de l’argent fédéral pour construire 697 unités de rechange. On s’est donc retrouvé avec une perte nette en Colombie-Britannique.

    Je signale en passant que nous avons fait part de ces préoccupations au ministre fédéral du logement. Nous avons rencontré le ministre Collenette il y a deux semaines environ et nous avons soulevé la question en précisant notamment qu’à notre avis le gouvernement fédéral devait faire preuve d’initiative en la matière et devait comprendre que même si le partage des coûts avec les provinces était un objectif louable, dans la pratique il n’entraînait pas la construction des logements qui était prévue.

    Je dois reconnaître par ailleurs que l’on a parlé en termes très positifs de la question du logement dans le dernier discours du Trône en s’engageant par la même occasion à étendre l’application de la stratégie fédérale sur les sans-abri. Nous sommes très satisfaits de cette déclaration d’intention et, lorsque nous avons rencontré le ministre, nous avons trouvé très encourageant de l’entendre dire qu’il avait fermement l’intention de chercher à renouveler le mandat de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, l’organisme chargé du logement au niveau national. Là encore, nous considérons que ce sont là des signes très positifs.

    J’en viens maintenant à notre recommandation très précise, la solution du un pour cent ou celle qui préconise que l’on consacre 2 milliards de dollars par an à un programme renouvelé de logements à l’échelle nationale. Nous estimons que ce programme doit comprendre cinq volets que nous avons détaillés dans notre document.

    Il y a plusieurs manières de répartir les crédits entre ces différents volets. Nous avons proposé une chose dans notre mémoire. La Fédération canadienne des municipalités, avec laquelle nous collaborons très étroitement sur un certain nombre de projets, a proposé une répartition légèrement différente. Nous n’allons pas ergoter sur quelque 100 millions de dollars ici ou là. Nous sommes convaincus, toutefois, que ces cinq volets correspondant à une enveloppe de crédits de 2 milliards de dollars sont l’approvisionnement--nous considérons qu’il doit y avoir un nouvel approvisionnement de logements sociaux; la capacité de payer--il faut, par conséquent, que des compléments de loyer soient versés aux foyers à faible revenu habitant les logements sociaux nouveaux ou existants; une aide complémentaire apportée aux personnes ayant des besoins spéciaux; le versement de crédits supplémentaires au titre de la rénovation des logements qui ne répondent pas aux normes... De ce point de vue, votre comité doit savoir que le programme PAREL du gouvernement fédéral, le Programme d’aide à la remise en état des logements, arrive à échéance cette année, et que le gouvernement a procédé à de nombreuses consultations à ce sujet. Nous sommes résolument en faveur du renouvellement du PAREL et du doublement de crédits qui lui sont affectés.

Á  +-(1145)  

+-

     Le cinquième et dernier volet d’un nouveau programme national de logements est, à notre avis, celui des secours d’urgence. Nous considérons qu’il convient de renouveler la stratégie fédérale de décembre 1999 sur les sans-abri, qui vient là aussi à échéance cette année. Nous avons été heureux de constater que le discours du Trône fait cette promesse sans entrer dans les détails. Nous estimons qu’il convient de doubler les crédits pour que les secteurs qui en ont besoin reçoivent davantage d’argent.

    Je sais qu’au sein du groupe de témoins précédent, des représentants des promoteurs privés vous ont laissé entendre qu’en accordant des dégrèvements fiscaux ou des subventions aux promoteurs privés, on pourrait d’une manière ou d’une autre mettre en chantier des logements à un prix abordable. Notre réseau est convaincu que ce genre d’initiatives, que l’on considère le programme IRLM, le Programme des immeubles résidentiels à logements multiples des années 1980, ou le programme qui l’a précédé, le CRISP--il y a tout un tas de sigles bizarres, qui reviennent cependant au même--on s’aperçoit tout d’abord que les programmes qui s’efforcent de faire appel à la fiscalité ou à des subventions versées directement aux investisseurs privés dans des logements à louer privés, ne visent pas particulièrement ceux qui ont le plus besoin de logements, en l’occurrence les foyers à faible revenu. En second lieu, il n’y a pas de garantie à long terme. Nous estimons donc en conséquence que les crédits devraient être consacrés à la construction de nouveaux logements sociaux.

    Je me ferai un plaisir au cours de la période des questions de vous donner des précisions détaillées sur notre programme mais nous espérons bien, je vous le répète, que votre comité recommandera fortement l’affectation de 2 milliards de dollars de crédits à un nouveau programme national de logements.

    Merci.

Á  +-(1150)  

+-

    La présidente: Je remercie tous les intervenants.

    Nous irons jusqu’à 12 h 20, soit cinq minutes de plus que prévu, ce qui permettra à chacun des membres ici présents de disposer de sept minutes pour poses ses questions.

    Nous allons commencer par M. Penson.

+-

    M. Charlie Penson: Oui, merci, madame la présidente.

    Je tiens à souhaiter la bienvenue à tous les intervenants, ce matin.

    Je commencerai par Mme Maund de la Campagne contre la pauvreté des enfants. Vous avez relevé l’existence d’un problème grave. On s’interroge depuis assez longtemps pour savoir si des familles qui ne gagnent que 7 400 $ doivent commencer à payer de l’impôt fédéral sur le revenu. Si je soulève cette question, c’est parce qu’il y a différentes façons de la régler. À l’heure actuelle, un contribuable qui gagne 7 400 $ doit commencer à payer de l’impôt fédéral. Il y a de gens qui estiment qu’il convient de relever nettement cette exemption de base de même que l’exemption dont on se réclame pour chaque enfant à charge. On aurait ainsi une plus grande marge de manoeuvre en bas de l’échelle de la pauvreté. Vous avez eu bien raison, à mon avis, de dire que dans la plupart des cas la situation des enfants n’est pas isolée. Ils vivent au sein de familles qui, malheureusement, sont pauvres elles aussi et qui éprouvent par conséquent des difficultés.

    L’une des façons d’aborder le problème est de leur prendre moins d’argent et de ne les imposer qu’à partir du moment où elles atteignent une tranche de revenu supérieure, plutôt que d’administrer un programme national de prestations pour enfants aux termes duquel les contribuables envoient l’argent à Ottawa, l’administration le fait circuler, paye tout un tas de salaires en passant, et le renvoie sous forme de prestations d’impôt pour enfants.

    Je me demande par conséquent s’il ne faudrait pas à votre avis relever largement les seuils d’exemption de base.

+-

    Mme Jacquie Maund: Je sais que Gerald souhaite faire un commentaire, mais nous dirons dans un premier temps que nous sommes en faveur d’une prestation nationale pour enfants parce que c’est un programme universel mis à la disposition de tous les contribuables ayant un certain niveau de revenu. Nous préconisons donc une prestation universelle qui mette de l’argent dans les poches des familles qui en ont vraiment besoin.

    Gerald, vous vouliez ajouter quelque chose?

+-

    M. Gerald Vandezande (porte-parole, Campagne contre la pauvreté des enfants) : Lors de nos comparutions antérieures devant votre comité, nous avons insisté sur le fait que les personnes qui vivent au-dessous de ce que l’on appelle le seuil de pauvreté ne devraient pas payer d’impôt sur le revenu. De même, ces personnes qui vivent au-dessous du seuil de la pauvreté, devraient pouvoir bénéficier d’un crédit d’impôt pour enfants plus généreux.

    Troisièmement, comme Jacquie l’a déjà indiqué, il est indispensable que ces personnes bénéficient d’une prestation nationale d’impôt pour enfants sans qu’il n’y ait aucune rétrocession à la province, et qu’elles soient traitées humainement et justement. En outre, dans le cadre du budget, il faut qu’il y ait une forme d’équité face à l’impôt qui fasse que ces personnes soient traitées dans la dignité et avec respect.

+-

    M. Charlie Penson: Oui, je comprends bien votre argument mais, ce que je veux dire, c’est qu’à partir du moment où le contribuable paye de l’impôt et qu’on lui renvoie ensuite un certain montant d’argent, est-ce qu’il ne s’en perd pas quelque part une partie? Je comprends votre point de vue lorsque vous nous dites qu’une prestation nationale d’impôt pour enfants reste nécessaire, mais ne serait-il pas préférable de laisser davantage d’argent dans les poches des contribuables pour qu’ils puissent prendre ces décisions eux-mêmes en évitant le gaspillage dans l’intervalle?

Á  +-(1155)  

+-

    M. Gerald Vandezande: Il ne choisit pas de choisir, il faut les deux.

+-

    M. Charlie Penson: Je vous demande si ce ne serait pas une meilleure solution au cas où il vous faudrait choisir.

+-

    M. Gerald Vandezande: J’aimerais que l’on fasse les deux choses à la fois parce qu’en fait il est en quelque sorte immoral d’un point de vue fiscal--et j’ai une formation de comptable--de prendre l’argent d’abord et de s’efforcer ensuite de le restituer. Bien souvent, le gouvernement a la vie facile lorsqu’il prend l’argent aux contribuables et ne le restitue pas lorsqu’il le devrait.

    Je pense que tant au niveau provincial que fédéral, les gouvernements devraient faire tout leur possible pour que les personnes qui vivent au-dessous du seuil de la pauvreté ne soient aucunement imposées, sous une forme ou sous une autre, qu’elles bénéficient de prestations accrues, qu’il s’agisse de la prestation nationale pour enfants, du crédit d’impôt sur les ventes ou d’autres mesures, et que tout soit fait pour que l’on intègre les différentes mesures.

    On parle souvent des trois pieds du tabouret: il faut qu’il y ait de bonnes garderies, de bonnes prestations pour enfants et un bon foyer familial. Si on enlève un des trois pieds, le tabouret ne tient pas debout. Il faut donc adopter une politique globale qui traite la famille et ses membres avec respect. Il s’agit de les traiter équitablement et de s’assurer que les mesures...

+-

    M. Charlie Penson: Si vous pose la question, c’est parce que, lorsque le gouvernement nous impose--en l’espèce, à partir de 7 400 $--il prend un certain nombre de décisions quant aux dépenses. Je pense que c’est une question de priorité concernant la façon de dépenser.

+-

    M. Gerald Vandezande: Je pense que ce serait formidable, et...

+-

    M. Charlie Penson: Écoutez bien ce que je vais vous dire, parce que j’aimerais avoir votre réaction.

    L’un des postes de dépense est celui des subventions accordées aux entreprises dans un certain nombre de secteurs... dans celui des techniques aérospatiales, par exemple. Pratt et Whitney, Générale électrique et Bombardier reçoivent d’énormes subventions ou d’importants crédits de la part du gouvernement. La question que je vous pose, si vous deviez établir la liste des priorités de dépense du gouvernement--parce que c’est en fait la question qui nous est posée aujourd’hui, celle d’établir les priorités des Canadiens--quelle importance accorderiez-vous à ces postes de dépense?

+-

    M. Gerald Vandezande: La question à laquelle doit chercher à répondre votre comité, c’est celle de savoir comment répartir la prospérité économique et de garantir une meilleure qualité de vie à tous les membres de la population. C’est pour nous un critère important. Il faut que tout ce que fait le gouvernement soit pensé en termes d’écologie et de bien-être social et économique.

    Dans ce cadre, il nous faut donc nous demander quels sont les investissements sociaux, les investissements dans l’environnement et les investissements dans le logement qui contribuent le plus à améliorer le bien commun, à faciliter la vie de la population, notamment les personnes qui restent à la traîne dans la course aux richesses et qui se retrouvent dans la rue, comme nous l’avons entendu tout à l’heure.

    Nous tenons absolument--et c’est pourquoi nous faisons du bénévolat--à ce que tout soit fait pour supprimer la situation scandaleuse que représente la pauvreté des enfants et des familles et pour que l’on mette finalement en oeuvre la résolution de 1989, qui a été adoptée à l’unanimité et, nous l’espérons, qui sera confirmée à l’unanimité par la prochaine législature, et nous insistons pour que M. Manley mette en place ces mesures nécessaires pour supprimer la pauvreté, une fois pour toute, dans ce merveilleux pays.

+-

    M. Charlie Penson: Je vous remercie.

    J’aimerais m’adresser maintenant au représentant de la ville de Hamilton. J’ai trouvé très intéressant qu’il évoque la question des friches industrielles ou de la pollution d’un certain nombre de sites qui pourraient agrémenter nos grandes et nos petites villes. Je crains aussi que, même dans les petites villes, il y ait de gens qui possèdent de telles propriétés sur lesquelles ils exploitent une station service ou une entreprise alors que la pollution dure depuis des années.

+-

    La présidente suppléante (Mme Maria Minna (Beaches—East York, Lib.): Excusez-moi, monsieur Penson, mais vous avez en fait dépassé le temps imparti. Si vous voulez obtenir une réponse, il vous faut finir rapidement votre question.

    Est-ce quelqu’un comprend le sens de la question?

+-

    M. Charlie Penson: Je vous comprends, mais il faut une collaboration fédérale-provinciale-municipale quant au nettoyage de ces sites parce que l’on encourt certaines responsabilités qui nuisent à leur aménagement.

+-

     Les personnes qui possèdent ces propriétés ne se doutaient peut-être de rien lorsqu’elles les ont achetées. Les normes n’étaient pas les mêmes lorsque ça s’est passé il y a 30, 40 ou 50 ans.

  +-(1200)  

+-

    La présidente suppléante (Mme Maria Minna): Très rapidement, si quelqu’un veut répondre.

+-

    M. Luciano Piccioni: Le problème, que je n’ai pas pu évoquer aujourd’hui, vient en partie des responsabilités qui s’imposent au propriétaire du site, que ce soit une faute de commission, d’omission ou autre. Le problème est abordé dans la stratégie sur les friches industrielles. Dan cette stratégie, nous nous chargeons de promouvoir et de recommander un régime de responsabilité national visant à gérer les risques et les responsabilités. Un certain nombre de mécanismes ont été incorporés à cette stratégie. Il y a des limitations de responsabilité, une responsabilité qui prend fin à un moment donné et l’intervention d’une assurance, au bout d’un certain temps, consentie par un syndicat d’assureurs et payée par les responsables de l’aménagement des friches industrielles. C’est une chose que nous cherchons aussi à régler dans la stratégie.

    Les questions financières et juridiques vont de pair. C’est bien normal. Sinon, on ne peut pas réussir dans l’un ou l’autre de ces domaines. C’est une leçon que nous avons apprise.

+-

    La présidente suppléante (Mme Maria Minna): Merci, monsieur Piccioni.

    Monsieur Paquette, s'il vous plaît.

[Français]

+-

    M. Pierre Paquette: Merci. D'abord, je voudrais vous remercier pour l'ensemble de vos témoignages. On pourrait en débattre pendant des heures et des heures.

    Je vais d'abord poser une question aux gens de Campaign Against Child Poverty. Vous avez deux propositions sur les critères budgétaires 3 et 5. Étant donné que ce sont des programmes qui existent déjà au Québec, j'aurais aimé que vous clarifiiez un peu ce que vous entendez par cela. Vous proposez de créer un partenariat relatif à la garde d'enfants qui accorderait un soutien additionnel aux provinces qui auraient intégré la garde d'enfants dans un programme de la petite enfance, et de permettre la conclusion d'ententes de financement direct avec les municipalités et les provinces ayant mis en oeuvre une approche globale à cet égard.

    Vous savez qu'au Québec, il y a un réseau de garderies sans but lucratif et que les municipalités n'ont absolument rien à voir avec cela. Je voudrais voir en quoi cela pourrait affecter l'existence de ce réseau dont on est très fiers, étant donné que c'est de l'économie sociale. Ce ne sont ni l'État ni le marché privé qui l'ont pris en charge; c'est une initiative à la fois des parents et des travailleurs et travailleuses de garderie.

    Un peu dans le même esprit, quant au critère 5, vous dites que le gouvernement fédéral devrait investir à l'échelle nationale dans des programmes qui permettraient de geler et de réduire les frais de scolarité des étudiants postsecondaires partout au Canada. Or, comme vous le savez, au Québec, il y a déjà plusieurs années que les frais de scolarité sont gelés, à telle enseigne que l'endettement moyen des étudiants québécois est la moitié de celui des étudiants du reste du Canada. Selon ce que je comprends, vous invitez le gouvernement fédéral à davantage mettre l'accent sur ces programmes, entre autres, cela dans le respect des juridictions des provinces. Je voudrais que ce soit clair entre nous.

[Traduction]

+-

    La présidente suppléante (Mme Maria Minna): Vous voulez répondre?

+-

    Mme Caroline Di Giovanni: Gerald va le faire.

+-

    M. Gerald Vandezande: Merci.

    Je vous avoue que nous avons été impressionnés par le modèle québécois de garderies. Il nous apparaît que le versement de 5 $ par jour et par personne est une façon équitable de partager la prospérité et d’améliorer la qualité de vie conformément à ce que propose votre comité.

    Nous jugeons très importante la collaboration à laquelle vous faites allusion. Lors de la planification des programmes, le secteur non gouvernemental doit participer de près à l’établissement des priorités et des normes.

    Dans ce cadre, nous insistons sur le fait que si une disposition est prise, et ce devrait être le cas, dans le prochain budget fédéral, le ministère des Finances Manley doit s’assurer que l’argent affecté aux garderies soit effectivement utilisé à cette fin et qu’il y ait des normes appropriées que l’on puisse faire appliquer à l’aide de mécanismes sur lesquels on se sera entendu avant que l’argent soit dépensé.

    Nous avons eu quelques mauvaises expériences avec la province de l’Ontario, le gouvernement fédéral ayant alloué des sommes substantielles au titre du logement et des services dispensés à l’enfance, sans que l’on y donne suite.

    Nous félicitons le Québec pour son initiative. C’est un modèle pour le reste du pays. Étant donné les engagements pris dans le discours du Trône, par le premier ministre et par le Cabinet, nous considérons que cette mesure pourrait faire l'objet d’un engagement de tous les partis. On pourra voir ainsi que le Québec a donné un magnifique exemple d’équité.

[Français]

+-

    M. Pierre Paquette: Vous savez que mon parti et moi, comme les Québécois en général, sommes assez allergiques à l'idée d'une norme nationale parce que le gouvernement fédéral a souvent une vision coast to coast. On l'a vu, entre autres, dans le cas de la Loi sur les jeunes contrevenants, alors que l'approche québécoise a été complètement mise de côté.

    Il y a un domaine de compétence fédérale, qui est géré par le gouvernement fédéral et que personne parmi vous n'a abordé, ce qui m'a m'a un petit peu étonné: c'est l'assurance-emploi. On a un important programme de redistribution des revenus, d'assurance et de sécurité du revenu, et ce programme, comme vous le savez, a été détourné de ses premiers objectifs. Le gouvernement a utilisé plus de 40 milliards de dollars des fonds de l'assurance-emploi pour rembourser tout simplement la dette, en dehors de tout débat public, alors qu'actuellement, moins d'une personne sur deux parmi celles qui paient des cotisations a droit à des prestations.

    Quand les parents sont pauvres, il est normal que les enfants le soient aussi. Vous avez été plusieurs à aborder la question de la pauvreté en général et de la pauvreté des enfants. Pensez-vous que le gouvernement fédéral, comme l'a dit la vérificatrice générale, a violé l'esprit de la Loi sur l'assurance-emploi? La question s'adresse à ceux qui voudront bien y répondre.

[Traduction]

+-

    M. Gerald Vandezande: Je considère que le gouvernement a contrevenu à l’esprit de l’entente qui avait été passée, qu’il a contrevenu à l’esprit de la Charte dans ce cadre. Il n’a pas le droit de prendre de l’argent aux travailleurs pauvres pour le réaffecter à la réduction de la dette en créant ainsi un déficit social.

    Les crédits de l’assurance-chômage devraient permettre aux gens qui se retrouvent au chômage de bénéficier d’une certaine forme de sécurité sociale leur permettant d’attendre de retrouver un emploi rémunéré.

    Je considère donc--et je tiens à bien préciser cette notion--qu’il faut entendre par normes nationales une norme s’appliquant à l’échelle du Canada à tous les gouvernements que l’on mette en oeuvre et que l’on fasse appliquer de concert avec le gouvernement fédéral en s’assurant que les crédits affectés dans le budget et utilisés par les différents gouvernements provinciaux le soient judicieusement et que l’argent soit bien versé à ceux qui doivent en être les bénéficiaires et qui ont cotisé au départ.

    Je crois qu’il faut revenir sur le principe d’une réduction de la dette avec de l’argent perçu auprès des familles qui travaillent et qui en ont désespérément besoin pour faire garder leurs enfants et pour d’autres buts sociaux. Ces gens souffrent de plus en plus dans la situation actuelle. On oublie le bien commun en faveur de la réduction de la dette et, ce faisant, nous créons un déficit social et environnemental qui est une véritable plaie pour notre pays.

  +-(1205)  

[Français]

+-

    M. Pierre Paquette: Je ne sais pas si quelqu'un d'autre veut répondre à cette question. Sinon, je vais poser une question aux deux personnes qui ont parlé de logement social.

    La notion de logement abordable me semble être un peu truquée. On parle d'un financement des locataires ou des propriétaires pour donner l'impression qu'on rend certains logements privés abordables. Est-ce qu'on ne ferait pas mieux de parler carrément d'un financement public pour le logement social, c'est-à-dire les HLM mais aussi les coopératives d'habitation, plutôt que de laisser entendre que le marché privé peut répondre aux besoins d'une partie de la population qui a actuellement beaucoup de difficulté à se loger pour toutes sortes de raisons économiques et aussi de discrimination sociale?

[Traduction]

+-

    M. Michael Shapcott: Je vous remercie de cette question et je prie le député de m’excuser si je n’ai pas été suffisamment clair.

    Notre réseau estime que les crédits publics doivent être alloués au logement social et non pas à des investisseurs privés ou à des immeubles locatifs privés. Nous considérons que par le passé, lorsque les programmes fédéraux ont fait appel à des mesures fiscales ou à des subventions versées directement à des investisseurs privés pour construire des logements à louer, cela s’est traduit par un échec et que l’on n’a pas construit des logements à un prix abordable.

    Par contre nous savons que les programmes, tant au niveau national que dans un certain nombre de provinces, qui permettent de financer des logements coopératifs ou à but non lucratif de type communautaire, ainsi que des logements municipaux de toutes sortes, ont obtenu de grands succès. Il faut reconnaître, bien sûr, que le Québec est désormais la seule province à avoir encore un programme de logement social provincial, AccèsLogis, qui continue à mettre de nombreux logements à la disposition de la population.

    Notre réseau est tout à fait convaincu que le logement social est la solution. Entre 1973 et 1993, lorsque que le gouvernement fédéral intervenait au sein d’un partenariat avec les constructeurs de logements sociaux au niveau communautaire, de nombreux succès ont été obtenus dans tout le pays. Ces appartements continuent à être bien administrés aujourd’hui. Je viens juste de recevoir un projet d’évaluation par la Société canadienne d’hypothèques et de logement de l’un des volets du logement social, le programme de logements coopératifs. Je n’ai pas eu encore l’occasion de le lire entièrement, c’est encore sous forme de projet, mais il semble qu’on reconnaît une fois de plus les succès obtenus par le logement social pour répondre aux besoins de logements des catégories à faible revenu. Notre réseau est donc résolument en faveur du logement social.

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Nous allons donner la parole à M. Valeri, qui sera suivi de M. Wilfert, puis de Mme Minna. Chacun disposera de sept minutes.

  +-(1210)  

+-

    M. Tony Valeri: Merci, madame la présidente.

    J’ai une ou deux observations à faire et une ou deux questions à poser. Je ferai un commentaire au sujet des friches industrielles évoquées par M. Piccioni. Je tiens tout d’abord à le féliciter, ainsi que la ville de Hamilton et, bien évidemment, l’Union internationale des journaliers d’Amérique du Nord, pour avoir mis cette question sur le tapis--bien sûr au niveau local, mais aussi à l’échelle nationale. Je considère que c’est une question très importante. Nous voyons aujourd’hui les statistiques et nous nous rendons compte de l’importance de l’aménagement des friches industrielles et de leurs répercussions sur les espaces verts. Il me paraît très important de pouvoir conserver les espaces verts.

    Vous faites état dans vos documents d’un projet en trois points. Pourriez-vous être plus précis et indiquer à notre comité quelles doivent être les priorités. Quelles sont les démarches les plus urgentes qu’il nous faut entreprendre immédiatement pour faire avancer le projet et tirer parti d’un certain nombre des avantages qui caractérisent selon vous le réaménagement des friches industrielles?

+-

    M. Luciano Piccioni: Je répondrai à cette question en vous disant qu’à mon avis le gouvernement fédéral doit avant tout promouvoir et appuyer cette stratégie pour qu’elle soit mise en oeuvre dans les meilleurs délais.

    Dans le cadre de cette stratégie, il semble établi qu’un financement direct sous la forme de subventions et de prêts, soit en faveur des municipalités, qui se chargeraient alors d’administrer ces prêts et ces subventions, soit directement en faveur des promoteurs et des propriétaires, qui se chargeraient en fait de nettoyer les sites, serait le mode de financement le plus efficace. C’est ce que nous avons vu aux États-Unis.

    Une deuxième solution consisterait à accorder des incitations fiscales. Il ne semble pas qu’elles seraient aussi efficaces. Cela peut s’expliquer en partie par la façon dont les É.-U. ont structuré leurs dégrèvements fiscaux s’appliquant aux friches industrielles. L’administration est lourde et les retombées, sous la forme d’incitations fiscales, ne sont pas significatives. Il se peut que ce soit l’explication.

    D’un point de vue financier, il semble que la grande priorité serait d’accorder directement des crédits aux propriétaires et aux promoteurs sous la forme de prêts et de subventions, afin qu’ils puissent procéder aux études concernant les sites, vérifier s’il y a un gros problème et trouver les moyens de les dépolluer dans la pratique.

+-

    M. Tony Valeri: Est-ce que l’on pourrait penser, par exemple, à augmenter les crédits confiés par les budgets antérieurs à l’administration de la Fédération canadienne des municipalités? Est-ce que le gouvernement fédéral pourrait recourir à cette solution pour gérer les prêts et les subventions accordés aux municipalités?

+-

    M. Luciano Piccioni: C’est bien sûr une solution que le gouvernement fédéral pourrait adopter. Elle présente plusieurs avantages. Tout d’abord, il y a déjà une structure administrative en place pour gérer le programme. En second lieu, on pourrait faire jouer la concurrence. En l’occurrence, les municipalités qui ont déjà balayé devant leur porte et qui sont prêtes à mettre en oeuvre ces projets en procédant au réaménagement de leurs friches industrielles seraient les premières à bénéficier des crédits et l’on obtiendrait immédiatement des succès. Je pense que la ville de Hamilton serait tout à fait favorable à un tel projet, qui confierait l’administration de ces programmes à la FCM ou à tout autre organisme de ce type.

    À l’heure actuelle, dans le cadre du fonds vert municipal qu’administre la FCM, les seuls crédits affectés aux friches industrielles sont consacrés à en faire l’inventaire et à d’autres opérations de ce genre. C’est une bonne chose, mais ça ne suffit pas vraiment lorsqu’on a besoin d’investir dès le départ des capitaux pour que ces sites fassent l’objet d’une évaluation et soient dépollués.

+-

    M. Tony Valeri: Je vais faire une dernière intervention au sujet du témoignage de la Campagne contre la pauvreté des enfants.

    Vous alléguez que la pauvreté des enfants se résume en fait à la pauvreté des familles et que la situation est en fait celle des parents qui ne peuvent subvenir aux besoins de leur famille. J’aimerais que vous nous précisiez davantage quel est le rôle joué par la croissance économique ou celui qu’il devrait jouer et que vous nous fassiez part de votre réaction sur le sujet.

    En second lieu, les gouvernements ont adopté un certain nombre de programmes et, de toute évidence, entrepris un certain nombre de démarches, pour régler ce problème par le passé. Il est évident que nous n’avons par réussi. Notre comité a aussi pour mandat de recueillir des témoignages sur ce qui marche et sur ce qui ne marche pas. J’aimerais que vous vous arrêtiez une seconde sur le programme ou les deux programmes qui vous paraissent les plus efficaces pour réduire la pauvreté chez les enfants et que vous nous précisiez quels sont ceux que nous devrions effectivement abandonner en réaffectant les ressources qui leur sont consacrées à d’autres projets qui ont des effets plus bénéfiques.

+-

    Mme Caroline Di Giovanni: Je vous remercie de votre question. Je vais commencer, mais mes collègues vont probablement intervenir ensuite.

    Sur le premier point, à savoir quelles sont les incidences de la croissance économique, je crois que la prestation d’impôt pour enfants est un point de départ et que l’on a aussi besoin d’un appui déterminé ainsi que d’un esprit d’initiative de la part du gouvernement national pour qu’il puisse collaborer, dans le cadre de l’union sociale, à la promotion de centres de la petite enfance et de centres de soutien familial dans tout le pays, pour s’assurer de la qualité des garderies en considérant comme une véritable priorité, en collaboration avec les ministères des services communautaires et sociaux de l’ensemble du pays, la mise en place de ces services et l’affectation des crédits dans ce but.

    Dans les pays de l’OCDE que nous avons mentionnés, c’est ce type d’investissement effectué au niveau national et qui est répercuté dans tout le système, qui donne vraiment des résultats. En investissant dès le départ, en subventionnant les parents pour qu’ils puissent bien s’acquitter de leurs tâches et en assurant une bonne nutrition aux enfants au sein de foyers stables, on impose un moins lourd fardeau par la suite aux réseaux de l’enseignement et, au bout du compte, à la justice et aux services policiers, en raison de la plus grande stabilité de la société civile.

    Je vais demander à Jacquie si elle a quelque chose à ajouter.

  +-(1215)  

+-

    Mme Jacquie Maund: Pour répondre plus précisément à votre question, ce qui ne fonctionne vraiment pas, ce sont les différents volets de l’accord de développement de la petite enfance qui a été signé en septembre 2000 par le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires. Ainsi, il y a dans ce cadre de l’argent qui est censé alimenter les garderies en Ontario. Les centres de garderie ne voient rien à venir parce que le gouvernement provincial a choisi d’affecter cette partie des crédits fédéraux à d’autres programmes plutôt qu’aux garderies.

    Ainsi, uniquement à Toronto, nous avons 15 400 enfants qui sont inscrits sur les listes d’attente des garderies subventionnées et il n’y a aucune place disponible par manque de crédits. Dans un tel cas, à mon avis, le gouvernement fédéral devrait obliger les provinces à prendre leurs responsabilités et rendre compte de l’argent qui leur est affecté dans un but précis.

    Il y a aussi le cas de la rétrocession, la plupart des provinces obligeant les familles qui bénéficient de l’assistance sociale à rétrocéder une partie de la prestation nationale pour enfants, de sorte que l’on affecte moins de crédits aux enfants qui en ont le plus besoin.

+-

    M. Gerald Vandezande: Permettez-moi de faire une observation, madame la présidente.

    Je tiens tout d’abord à vous renvoyer à un excellent article paru dans le numéro du 14 octobre de Maclean’s et intitulé «You Call this Progress? It’s time to rethink how we measure ‘growth’ in our society». C’est un excellent article. D’autres études ont été effectuées par la Fondation Atkinson et par l’Institut Atlantique et je me ferai un plaisir de les communiquer au comité.

    En second lieu, dans sa mise à jour financière, le ministre des Finances John Manley a parlé de la nécessité de faire preuve de responsabilité en matière économique. Dans ce cadre, nous insistons sur la nécessité d’englober tous les secteurs. C’est très important. On peut afficher une forte augmentation du produit national brut lorsqu’on dépense, comme les É.-U. sont tentés de le faire, des billions de dollars dans l’industrie de l’armement, alors que les effets seront négatifs sur la création d’emplois pour les gens qui ont besoin de travailler. Je considère donc qu’il est important que votre comité précise bien ce qu’il entend par croissance et par prospérité économique et de quelle façon on peut optimiser la qualité de vie de notre population.

    Je pense qu’il est utile que le Canada, dans ses politiques budgétaires et sociales, tienne véritablement compte du fait que lorsqu’on construit des maisons, lorsqu’on dispense des services de sécurité sociale aux familles et aux enfants par l’intermédiaire des garderies ou d’autres mesures, on crée des emplois, des emplois utiles, bénéfiques, durables. C’est un bien meilleur investissement que celui qui est fait dans l’armement, dans des bombes nucléaires et autres engins de ce genre, qui au bout du compte ont des effets négatifs et destructeurs sur l’environnement et la société.

    Le Canada a une identité particulière, comme on l’a dit dans le discours du Trône. En dernière analyse, nous cherchons à oeuvrer pour le bien commun, ainsi que l’a déclaré le premier ministre. En effet, je suis entièrement d’accord, le bien commun étant notre volonté commune de faire en sorte que nous puissions vivre au sein de collectivités florissantes et prospères et que chacun soit traité avec respect, dans la dignité, et en ayant l’impression d’être en sécurité dans son pays, le Canada.

+-

    M. Tony Valeri: C’est fini?

+-

    La présidente: Vous avez dépassé votre temps d’une minute.

+-

    M. Tony Valeri: Bon, très bien.

+-

    La présidente: Ça va?

+-

    M. Tony Valeri: Oui.

+-

    La présidente: Monsieur Wilfert, vous disposez au total de sept minutes.

+-

    M. Bryon Wilfert: Merci, madame la présidente et merci à tout le monde d’être venu.

    En tant que parlementaires, nous sommes chargés de mettre en oeuvre les politiques publiques et de nous demander quels sont les projets et les instruments qui doivent nous permettre d’y parvenir pour le plus grand bien de la société. Nous le faisons en recourant à la fiscalité et à des investissements directs. Nous opérons en collaboration avec d’autres paliers de gouvernement, le secteur privé et les ONG. Il est évident que le gouvernement fédéral ne peut pas tout faire à lui seul. Je répète constamment que nous ne sommes pas un distributeur de billets et je vois de plus en plus de groupes venir nous demander de l’argent que nous n’avons pas.

    Je vais faire quelques observations d’ordre général et vous me répondrez comme cela vous convient.

    Sur la question de la pauvreté des enfants, je suis d’accord avec vous; il s’agit de rendre des comptes et de veiller à la transparence. Ce n’est pas le cas pour l’instant et je me demande par conséquent pourquoi nous continuons à dispenser de l’argent à des provinces qui nous disent qu’elles connaissent mieux les besoins et qui pourtant ne font pas le travail. C’est en partie de notre faute. C’est en partie parce que nous ne savons pas nous imposer. Il est toutefois scandaleux--sur les questions de la pauvreté des enfants, des sans-abri, etc.--que vous deviez vous adresser à nous parce que vous n’obtenez aucune réponse des provinces. Nous ne sommes pas les seuls dispensateurs de crédits dans ces domaines, ce qui est bien normal.

    Lorsque CARP préconise le maintien de la Loi canadienne sur la santé, elle a tout à fait raison; nous verrons ce que va donner la commission Romanow, quel type de système nous voulons et qu’est-ce que nous pouvons nous payer. J’aimerais voir s’instaurer des soins à domicile; je pense d’ailleurs que ce secteur va être fondamental. Le problème, bien entendu, c’est de savoir si nous avons les moyens de les payer et dans quelle mesure ils vont être acceptés par tous.

    Je suis intrigué par votre commentaire au sujet du conseil permanent, du secrétariat--tout ce qui est susceptible d’améliorer la transparence et la responsabilité auprès de tous les intervenants. Vous pourriez élaborer davantage; c’est une idée que j’apprécie.

    Nous n’avons jamais versé 50 p. 100 des crédits; ce n’est par vrai. Ça se situait autour de 40 ou de 41 p. 100 en 1964; je ne vais pas toutefois me braquer là-dessus mais, personnellement, je ne pense pas que la solution soit de verser davantage d’argent parce que de toute façon on n’en rend pas compte comme il se doit.

    Au sujet de la ville de Hamilton et des friches industrielles, effectivement, en tant qu’ancien président de la FCM ayant beaucoup oeuvré en faveur d’un fonds d’aménagement des espaces verts, j’ai appuyé la création d’un fonds d’aménagement des friches industrielles et, en ma qualité de membre du groupe d’étude du premier ministre sur les questions urbaines, j’aimerais bien que ce projet voie le jour, puisque, dans la pratique, personne ne pourrait mieux administrer le fonds d’aménagement des espaces verts que la FCM. En fait, cette organisation est bien plus stricte que nous ne pourrions l’être.

    J’aimerais que vous nous précisiez quelque peu quelle forme doit prendre selon vous ce financement servant de relais, parce que je vous répète que les provinces parlent beaucoup mais qu’elles agissent peu.

    Je veux que l’Association de ventes directe sache que je suis toujours en faveur d’une politique consistant à mettre davantage d’argent dans la poche du contribuable, et je considère que c’est extrêmement important. Nos impôts sur les entreprises vont être inférieurs de 5 à 15 p. 100 à ceux des É.-U.; c’est une fuite en avant. Je ne pense pas que nous puissions nous engager davantage dans cette voie. Lorsqu’on sait, par exemple, que 44 millions d’Américains n’ont aucune assurance-santé, il faut aussi se pencher sur la question sociale.

    J’aimerais avoir davantage de précisions sur le mécanisme de la TPS-TVH. En ma qualité de secrétaire parlementaire du ministre des Finances, je me ferai un plaisir de lui en parler directement.

    Je répète ce que j’ai dit au National Housing and Homelessness Network: je considère que nous faisons notre part. Vos 2 milliards de dollars m’ont bien fait rire, je dois vous l’avouer, parce que nous avons mis 680 millions de dollars sur la table et, vous avez tout à fait raison, les provinces--l’Ontario en est un bon exemple--ne veulent même pas verser leur part. Par conséquent, comment va-t-on pouvoir verser ces 2 milliards de dollars? Elles ne sont pas prêtes à mettre de leur côté 2 milliards de dollars. Je suis sûr que vous faites pression sur elles, avec quel succès, je n’en sais rien, mais c’est pour moi un véritable sujet de préoccupation.

    Quant au Conseil national des femmes, je dois lui dire que je ne suis d’accord qu’au sujet de l’OMC. Je considère que de plus en plus ces organisations internationales prennent le contrôle et s’arrogent le pouvoir des gouvernements souverains, ce qui a des conséquences énormes, et j’estime qu’un véritable débat public sur la question s’impose.

    Enfin, je tiens à dire au Toronto’s disaster relief committee qu’à mon avis une des grandes qualités du programme IPAC venait du fait que l’on travaillait à la base avec les ONG. Mais, je vous le répète, où sont les provinces--notamment l’Ontario, qui a un déficit social, à mon avis, de ce point de vue?

  +-(1220)  

+-

    La présidente: M. Gleberzon, qui sera suivi de Mme Di Giovanni.

+-

    M. William Gleberzon: Sur la question des soins à domicile abordables, nous reconnaissons que c’est une question de compétence provinciale, mais il nous faut un programme national de soins à domicile qui, à notre avis, doit être universel. M. Kirby a déclaré dans son rapport: «s’appliquant uniquement au besoin des personnes qui sont aux soins intensifs». Nous considérons qu’en excluant les personnes ayant des maladies chroniques, on oublie ce qui fait l’essentiel du programme, parce que c’est dans ce secteur où les besoins se font le plus sentir.

    Quant à savoir s’il faut plus d’argent, nous pourrions en débattre pendant bien plus de sept minutes, mais nous considérons qu’il faut rendre des comptes. C’est pourquoi nous avons recommandé la création d’un conseil indépendant. Nous avons rédigé des rapports sur les soins à domicile, et des rapports comme ceux qu’a produit CARP sont indispensables pour l’ensemble du secteur de la santé.

+-

     Le gros problème, c’est que le réseau de la santé n’est pas considéré comme un tout. On y voit--et vous l’avez entendu dire plus tôt--des cloisonnements sans que des groupes se penchent objectivement sur la question pour se demander ce qui est bon pour le pays. La Loi canadienne sur la santé a donné de bons résultats pour la majorité des Canadiens et nous ne voyons aucune raison pour qu’elle ne continue pas à le faire, à condition de bénéficier d’un bon appui et d’une bonne administration.

  +-(1225)  

+-

    Mme Caroline Di Giovanni: Je vous remercie. Lorsque vous nous dites que l’union sociale ne marche pas dans toutes les provinces et qu’il faut se demander si l’on doit continuer à distribuer des crédits devant aider les familles et les garderies de manière à améliorer la situation des enfants pauvres, je vous adjure de continuer à le faire. Nous devons absolument continuer à remédier aux insuffisances et à chercher les moyens d’administrer le système. Comme l’a dit M. Vandezande avec tant de passion, il nous faut répondre aux besoins. Nous devons en trouver les moyens.

    Si vous avez une expérience municipale... nous sommes disposés, et je crois qu’il y a de grosses municipalités dans notre pays qui sont prêtes à accepter directement les crédits fédéraux pour trouver les moyens de mettre en oeuvre ce projet sans remettre en cause le reste du système. Pensons à la prochaine génération. Considérons ces statistiques sur le nombre d’enfants qui souffrent et faisons en sort qu’ils bénéficient d’un soutien en matière de garderies, d’un soutien familial, d’une bonne nutrition et des logements nécessaires. Les municipalités, vous le savez pertinemment, peuvent très bien se charger d’administrer la chose. Elles sont en mesure d’intervenir. L’Ontario dispose d’ailleurs d’installations de garderies, mais nous devons dépasser tous les blocages qui peuvent se produire et continuer à poursuivre notre objectif.

+-

    La présidente: Je vous remercie.

    Madame Minna, vous disposez des sept dernières minutes.

+-

    Mme Maria Minna: Merci, madame la présidente.

    Je tiens tout d’abord à rectifier un malentendu avec M. Millar lorsque je suis intervenue tout à l’heure.

    Monsieur Millar, je ne proposais pas de relever pour l’instant la tranche supérieure des REER. Ce que je proposais, c’est que l’on procède à l’évaluation et à la révision globales indispensables de l’ensemble des régimes de retraite plutôt que de procéder de manière parcellaire parce que toute sorte de... je ne vais pas revenir sur ce que j’ai indiqué tout à l’heure. Je tenais simplement à corriger la chose.

    Je vais aborder la question de la pauvreté des enfants. Ce n’est pas pour moi une surprise d’apprendre qu’il y a 579 000 enfants appartenant à des familles qui n’ont pas de logement, étant donné que 6,1 millions de contribuables, soit 40 p. 100 du total des personnes ayant fait une déclaration d’impôt, vivent avec moins de 20 000 $. Il n’est donc pas étonnant en ce qui me concerne qu’il y ait tant d’enfants pauvres lorsqu’on considère notre fiscalité sur les revenus et le nombre de Canadiens qui gagnent moins de 20 000 $--6,1 millions de personnes, c’est beaucoup.

    Vous n’ignorez pas que j’ai beaucoup oeuvré pendant huit ou neuf ans maintenant, je ne sais plus exactement, et nous nous sommes déjà rencontrés à maintes reprises, tant au sujet des garderies qu’à celui de l'éducation de la petite enfance, ce qui revient au même en ce qui me concerne, ainsi que sur toute cette question des prestations pour enfants. Les choses bougent un peu en ce qui concerne les prestations pour enfants, et je considère que si on les portait au niveau que vous proposez, on remédierait à une grande partie des problèmes. Le logement, bien entendu... j’y reviendrai dans un instant.

    Nous devons toutefois aborder la question de la rétrocession des prestations d’assistance sociale ainsi que celle de l’éducation de la petite enfance, parce que vous avez bien raison, le système est dysfonctionnel. Après avoir travaillé deux ans sur la question et après avoir présenté des recommandations en tant que président du comité de la politique sociale du caucus, je m’aperçois qu’au bout du compte nous avons autorisé les provinces à choisir ce qu’elles préfèrent et, en somme, l’Ontario préfère ne pas choisir les garderies. En fait, elle pratique des compressions budgétaires. Je le vois dans ma circonscription et c’est tout simplement inacceptable. Il n’y a pas de programme global. Nous créons en fait de nouvelles infrastructures pour la petite enfance et nous abandonnons les structures qui existent déjà pour les garderies, le total se montant à... je ne sais plus.

    Ce qui m’inquiète ici en réalité sur toutes ces questions, en matière de logement et autres, c’est que l’on ne va pas pouvoir demander au gouvernement fédéral de payer à chaque coup la totalité de la facture. Ne va-t-on pas en arriver dans notre pays, du moins en Ontario, à nous dire que nous n’allons plus traiter avec les provinces, purement et simplement, sur ces questions? Quels sont alors les services que vont dispenser les provinces aux Canadiens, à leurs résidents? J’ai besoin que vous me le disiez, parce que j’entends constamment évoquer la question.

+-

     J’ai rencontré la semaine dernière d’autres groupes de la coalition au sujet de l’universalité des garderies et d’autres mesures de ce type. Ils m’ont demandé de passer par-dessus les provinces et de s’adresser directement aux municipalité en matière de logements. Nous l’avons fait pour le soutien des revenus. Les provinces exigent une rétrocession et nous voulons que cela cesse. Elles disaient déjà la même chose, par exemple, pour le transport urbain.

    À partir de quel moment doit-on dire que rien ne fonctionne? Dans notre système, où se situent les provinces? Que faire avec les provinces? Nous devons nous pencher sur la question.

  +-(1230)  

+-

    M. Michael Shapcott: Je pense que vous soulevez une question importante. Nous ne voulons certainement pas que les provinces se dégagent de leurs responsabilités. Notre réseau et nos alliés provinciaux font pression tous les jours sur les provinces, dans toute la mesure de leurs moyens. J’aimerais pouvoir dire que nous faisons des progrès, mais ce n’est pas le cas, malheureusement. Les trois provinces les plus riches--la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario--sont les plus récalcitrantes sur la question du logement. D’autres provinces, cependant--le Québec, le Manitoba et la Saskatchewan ainsi que les trois territoires--assument mieux leurs responsabilités.

    Nous ne pensons pas toutefois qu’en matière de logements le gouvernement fédéral, en ce qui le concerne... Ces 2 milliards de dollars ne reviennent en fait qu’à rétablir le montant des crédits que versait auparavant le gouvernement fédéral. Entre 1984 et 1993, le gouvernement fédéral a retiré quelque 1,4 milliard de dollars de crédits à la politique nationale du logement et, à partir de 1993, a cessé complètement de financer les nouveaux logements sociaux. Nous estimons donc qu’en demandant au gouvernement fédéral de verser 2 milliards de dollars, nous ne faisons que l’inciter à reprendre le rôle qu’il a assumé par le passé. Nous ne pensons pas pour autant que les provinces doivent en être quittes; nous estimons que le gouvernement fédéral peut recourir à des ententes précises, notamment à l’accord-cadre sur les logements à prix abordable, pour exercer une pression politique sur les provinces au niveau national.

    Lorsque nous examinons de près l’accord-cadre sur les logements à prix abordable, nous nous apercevons alors qu’il détaille les obligations précises sur lesquelles les provinces se sont engagées. Pour être franc, nous ne croyons pas que le gouvernement fédéral use de tous les leviers dont il dispose, dans le cadre de cet accord, notamment, afin d’encourager les provinces à assumer leurs obligations comme elles l’ont fait par le passé.

    Ainsi, les deux remarques suivantes s’appliquent. Premièrement, le gouvernement a effectivement un rôle important à jouer. Deuxièmement, il dispose vis-à-vis des provinces de leviers dont il peut faire usage.

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    Mme Maria Minna: La chance de travailler en partenariat avec le gouvernement fédéral doit être donnée aux provinces. Toutefois, le fédéral a le devoir de s’enquérir de l’intégrité et de la transparence des programmes avant d’effectuer les transferts aux provinces. C’est cela qui a fait défaut par le passé. Nous n’avons pas de système de vérification. Ceux d’entre nous qui travaillent sur le terrain auprès de familles ayant besoin de services de garderies n’ont pas les moyens de demander une vérification. Les responsables des coffres fédéraux sont en mesure, eux, de l’exiger.

    Jacquie.

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    Mme Jacquie Maund: Je tenais à préciser que 10 p. 100 des enfants vivent à Toronto. Caroline me disait plus tôt qu’un tiers de tous les enfants canadiens naissent en fait à Toronto. Je pense donc que nous devrions tirer parti de la possibilité d’oeuvrer en collaboration avec les municipalités qui le veulent, ne serait-ce que pour faire honte à la province récalcitrante.

    Je veux aussi citer une déclaration de l’une de nos membres du comité de direction, June Callwood, qui s’est demandée pourquoi le gouvernement fédéral ne publiait pas le nom de ces provinces récalcitrantes. Pourquoi ne pas utiliser les médias? Pourquoi ne pas leur faire honte? Ce sont mes impôts qui sont détournés des services de garderie. Le relais n’est pas pris et le gouvernement fédéral se doit de demander des comptes aux provinces.

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    M. Gerald Vandezande: J’espère que nous aurons un budget fédéral avant que le gouvernement de l’Ontario nous présente son budget en avril. Si, dans son budget, le gouvernement fédéral mettait des conditions précises en promettant de transférer des crédits affectés à des buts précis, cela inciterait les électeurs de l’Ontario à exiger des comptes de la part de leur gouvernement. Parallèlement, il faudrait absolument que le gouvernement fédéral reste ferme en s’assurant que les crédits soient bien affectés aux personnes qui en ont besoin. On agirait ainsi dans le cadre de l’union sociale. Il y a toujours moyen de faire cela.

    Lorsqu’on fait preuve de bonne volonté, il y a toujours moyen de parvenir à ses fins. Les partenaires se sont engagés, les promesses sont établies dans l’entente. Transcrivons-les dans le budget. Exigez de la province de l’Ontario qu’elle tienne ses promesses et montrez votre désir de restaurer l’intégrité de la démocratie en Ontario.

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    Mme Maria Minna: Nous sommes d’accord avec vous. Il faut s’assurer que le gouvernement provincial est responsable.

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    La présidente: Je vous remercie. Au nom de tous les membres du comité ici présents ainsi que de tous ceux qui ont reçu vos mémoires et qui se déplacent dans le pays, je vous remercie de nous avoir fait parvenir vos mémoires suffisamment tôt pour que nous puissions les faire traduire et les distribuer. Je vous remercie aussi d’être venus aujourd’hui pour répondre à nos questions et j’espère vous revoir l’année prochaine afin de prendre note de vos recommandations.

    Merci.

    La séance est levée. Nous reprendrons à 13 h 15.