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AGRI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le jeudi 5 juin 2003




¹ 1515
V         Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.))
V         M. Stan Eby (vice-président, Association canadienne des éleveurs)
V         M. Dennis Laycraft (vice-président exécutif, Association canadienne des éleveurs)

¹ 1520
V         M. Ben Thorlakson (directeur, Association canadienne des éleveurs)

¹ 1525

¹ 1530
V         Le président
V         M. Garry Breitkreuz (Yorkton—Melville, Alliance canadienne)

¹ 1535
V         M. Dennis Laycraft
V         M. Garry Breitkreuz
V         Le président
V         M. Odina Desrochers (Lotbinière—L'Érable, BQ)
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.)

¹ 1540
V         M. Ben Thorlakson
V         Le président
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC)
V         Le président
V         M. Rick Borotsik

¹ 1545
V         M. Ben Thorlakson
V         Le président
V         M. Stan Eby
V         Le président
V         M. Dick Proctor (Palliser, NPD)
V         M. Dennis Laycraft

¹ 1550
V         Le président
V         Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.)
V         M. Stan Eby
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne)
V         M. Dennis Laycraft

¹ 1555
V         Le président
V         M. Rick Borotsik
V         M. Dennis Laycraft
V         M. Ben Thorlakson
V         M. Rick Borotsik
V         M. Ben Thorlakson
V         M. Rick Borotsik
V         M. Ben Thorlakson
V         M. Rick Borotsik
V         M. Ben Thorlakson
V         Le président
V         M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.)
V         M. Rick Laliberte (Rivière Churchill, Lib.)
V         M. Dennis Laycraft

º 1600
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         M. Ben Thorlakson
V         Le président
V         M. Garry Breitkreuz
V         M. Dennis Laycraft

º 1605
V         Le président
V         M. Rick Laliberte
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         M. Rick Laliberte
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         M. Rick Borotsik

º 1610
V         M. Dennis Laycraft
V         M. Rick Borotsik
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         M. Stan Eby
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         Mme Rose-Marie Ur

º 1615
V         M. Dennis Laycraft
V         Mme Rose-Marie Ur
V         M. Stan Eby
V         M. Ben Thorlakson
V         M. Stan Eby
V         M. Brad Wildeman (président, Comité du commerce extérieur, Association canadienne des éleveurs)
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         M. Dennis Laycraft
V         M. Dick Proctor
V         M. Brad Wildeman

º 1620
V         Le président
V         M. Rick Borotsik
V         M. Dennis Laycraft
V         M. Rick Borotsik
V         M. Dennis Laycraft
V         M. Arno Doerksen (directeur général, Alberta Beef Producers)
V         Le président
V         M. Garry Breitkreuz

º 1625
V         M. Dennis Laycraft
V         Le président
V         M. Dick Proctor
V         M. Brad Wildeman
V         Le président
V         M. Garry Breitkreuz
V         M. Brad Wildeman
V         Le président
V         M. Stan Eby

º 1630
V         Le président










CANADA

Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire


NUMÉRO 036 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 5 juin 2003

[Enregistrement électronique]

¹  +(1515)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Paul Steckle (Huron—Bruce, Lib.)): Mesdames et messieurs, la séance est ouverte. Les circonstances de cette réunion sont plutôt particulières. Nous l'avons organisée en toute hâte et, à ce propos, nous souhaitons remercier les membres du comité d'avoir fait les aménagements nécessaires à leur horaire pour être ici puisque cette question est fort pressante. L'Association canadienne des éleveurs et ses représentants veulent nous rencontre cet après-midi pour nous renseigner sur leur situation et ce qu'ils attendent de nous.

    Je souhaite donc la bienvenue à M. Thorlakson, M. Eby, M. Laycraft et M. Wildeman. Je crois savoir que d'autres collègues se joindront à vous. Ils sont retenus par des entrevues à la radio et à la télévision, peut-être même à l'heure où on se parle, et ils se joindront à nous plus tard.

    On nous a demandé de présenter ceux du groupe qui s'intéressent à la question, surtout en ce qui a trait aux personnes réunies autour de cette table. La présidence accordera la permission à un député de cette table de les présenter.

    Étant donné les circonstances particulières de la réunion d'aujourd'hui, nous tenons à vous remercier une fois de plus. Commençons donc dès maintenant la séance pour que nous échanges soient les plus fructueux possible.

    Monsieur Eby.

+-

    M. Stan Eby (vice-président, Association canadienne des éleveurs): Merci, monsieur le président.

    Je m'appelle Stan Eby. Je suis vice-président de l'Association canadienne des éleveurs et je tiens à vous remercier de l'occasion que vous nous offrez de vous rencontrer en ce temps de crise pour notre industrie.

    Je vais maintenant vous présenter les gens qui m'accompagnent. Ben Thorlakson exploite un parc d'engraissement en Alberta et assume la présidence de la Canada Beef Export Federation. Dennis Laycraft est le vice-président exécutif de l'Association des éleveurs et c'est lui qui entamera l'exposé. Enfin, Brad Wildeman exploite un parc d'engraissement en Saskatchewan et préside notre comité sur le commerce extérieur.

    Certaines personnes assises dans la salle nous accompagnent également, notamment les représentants de la Canadian Angus Association; nous leur souhaitons la bienvenue. Certains autres membres sont peut-être aussi présents. Arno Doerksen, président des Alberta Beef Producers, se joindra à nous plus tard et j'aimerais qu'il s'assoit à cette table à titre de témoin afin qu'il réponde à vos questions.

    Je cède maintenant la parole à Dennis qui fera notre exposé.

+-

    M. Dennis Laycraft (vice-président exécutif, Association canadienne des éleveurs): Merci Stan. Le président de notre association, qui sillonne le pays au sujet de cette question, m'a chargé de vous transmettre ses salutations. Il est retenu chez lui puisqu'il doit se charger d'une affaire urgente dont il n'avait pu s'occuper étant retenu ailleurs depuis deux semaines.

    Nous sommes extrêmement reconnaissants, monsieur le président, de l'occasion que vous nous offrez de discuter de la crise sans précédent à laquelle notre industrie fait face. Nous avons cru bon d'abord de vous brosser un tableau général de notre industrie.

    Nous représentons 92 000 éleveurs de bovins de boucherie, soit 22 p. 100 du revenu agricole canadien ou 1 $ sur 5 $ découlant de l'agriculture canadienne. Nous comptons pour environ 7,6 milliards de dollars de recettes monétaires agricoles annuelles.

    Au cours des 15 dernières années, nous sommes devenus le plus important exportateur agricole vers les États-Unis et le troisième exportateur de boeufs et de bovins de boucherie dans le monde. Nous exportons pour tout près de 4 milliards de dollars par année, soit de 60 à 70 p. 100 de notre production.

    Depuis le 20 mai dernier, ces activités sont suspendues, du moins temporairement. Chaque jour, la fermeture de la frontière se traduit par des pertes d'exportation à hauteur de 11 millions de dollars. De plus, des marchandises en route vers la frontière sont rejetées puis renvoyées ou entreposées temporairement. Depuis le 20 mai dernier, les pertes totales d'exportation se chiffrent à plus de 236 millions de dollars.

    Afin de comprendre l'industrie de la viande, il faut savoir que c'est la quatrième en importance dans le domaine de la transformation au Canada et que ses expéditions représentent 13 milliards de dollars. C'est une industrie de taille; le plus important secteur manufacturier des Prairies canadiennes. Elle emploie près de 44 000 travailleurs. C'est le plus important fabricant de produits alimentaires au Canada. Ce sont des données d'ensemble pour l'industrie de la viande, mais pas seulement pour l'industrie de l'élevage bovin, mais celle-ci en représente une grande partie.

    Il est difficile de savoir combien de personnes sont employées à la production, mais une étude intéressante sur les répercussions économiques de notre industrie auprès des collectivités environnantes d'un parc d'engraissement de 22 000 têtes de bétail vous permettra peut-être d'en comprendre l'étendue. L'étude réalisée par Serecon Management précise que ce parc peut rapporter entre 3,2 et 3,6 millions de dollars à la collectivité environnante. De plus, il crée entre 23 et 28 années-personnes d'emploi, principalement au sein de la collectivité environnante, soit généralement le Canada rural. Les parcs d'engraissement de petite taille contribuent également de façon significative à l'économie locale. Leurs répercussions économiques provinciales et nationales en dehors des ventes brutes représentent de 4,1 à 4,6 millions de dollars.

    De par le pays, on constate qu'avec une capacité de 3,5 millions de têtes de bovins engraissés, cela donne environ 4 000 emplois années-personnes, principalement au Canada rural. Les exploitations de naissage, les bovins de race et la semi-finition gonflent considérablement ce total.

    Nous croyons que la situation est grave puisque des répercussions sur l'économie canadienne sont inévitables et que ce sont les régions rurales et les Prairies qui en souffriront le plus.

    Laissez-moi vous décrire la crise. Depuis la découverte du cas confirmé d'ESB le 20 mai dernier, nous avons insisté sur le fait que les interdictions d'exportation, principalement vers les États-Unis, nous mèneraient au bord de la crise en trois semaines si rien n'était fait.

    Au début, nous avions une certaine marge de manoeuvre puisque nos activités de commercialisation étaient à jour. Les conditions de notre marché étaient relativement bonnes avant la crise, nous permettant de vendre le bovin dès qu'il était prêt et, en conséquence, nous pouvions nous permettre de garder une partie de notre élevage dans nos parcs d'engraissement plus longtemps. Évidemment, chaque semaine, le nombre de bovins prêts à la vente augmente.

    Nous en sommes à la troisième semaine de la crise et l'heure est critique pour les exploitants de parcs d'engraissement. L'approvisionnement de bovins finis ne correspond plus à la réalité du marché, celui-ci étant presque paralysé et les ventes étant si faibles qu'il est difficile d'estimer son prix relatif. En vérité, l'ensemble du marché est figé depuis le début de la crise. Le secteur des parcs d'engraissement entre dans une crise de liquidités sans précédent, dont l'origine n'est pas attribuable au marché et dont l'apparition était tout à fait imprévisible. Une aide d'urgence s'impose pour atténuer les effets de la crise et relancer le marché.

¹  +-(1520)  

    Pour mieux comprendre le marché, il faut savoir que nous croyons que l'approvisionnement en bovins engraissés qui devraient être commercialisés représentera environ 260 000 têtes en juin et 270 000 en juillet, pour ensuite redescendre à environ 205 000. À l'heure actuelle, nos usines tournent à 40 p. 100 de leur capacité, ou environ 30 000 têtes par semaine, ce qui signifie que nous devrons transformer 130 000 têtes de bétail en juin tandis que nous aurons 260 000 bovins prêts à entrer sur le marché. Avec le temps, le problème ne fait que s'exacerber. Nos usines de transformation de viande devront tourner à plein régime pour venir à bout du bétail actuellement dans le système qui devra être commercialisé au cours des prochains 60.

    Une stratégie d'intervention d'urgence devra corriger les incertitudes d'établissement des prix qui ont paralysé le marché canadien afin de mettre les produits en circulation le plus rapidement possible pour éviter les contraintes de capacité. Si l'interdiction d'exportation se prolonge au-delà de la semaine prochaine, le secteur des parcs d'engraissement sera exposé à des dommages graves, potentiellement irréparables, qui, à leur tour, mettront les industries de la transformation et de naissage au bord de la crise dans moins de 180. Si la frontière ne rouvre pas rapidement, les pertes actuelles de centaines de millions de dollars se transformeront en milliards et le secteur de l'engraissement s'effondrera.

    Nous ne sommes pas alarmistes de nature et n'avons pas demandé d'aide l'année dernière suite à la sécheresse de 2001-2002 qui s'est soldée par des pertes records du secteur de l'engraissement. L'actif des exploitants de ces parcs a fondu pendant cette période et l'industrie s'est fragilisée. Juste au moment où l'industrie se relevait de ces pertes, elle a été mise sur le flanc par la découverte de cet animal atteint de l'ESB.

    Si nos ventes à l'exportation ne reprennent pas bientôt et si une aide d'urgence n'est pas accordée pour atténuer les effets de la crise de liquidité, notre industrie entrera dans un désastre sans précédent. Une réaction rapide coûtera peut-être des millions, mais l'inaction coûtera des milliards.

    Les dispositions de l'accord de l'OMC reconnaissent clairement le besoin d'aide d'urgence lors d'une catastrophe pareille. Dans le cadre d'un exercice de simulation de maladies auquel le Canada a participé, on a démontré qu'une réaction rapide était nécessaire lorsqu'une catastrophe comme celle-ci survenait. Nous espérons que vous prendrez la juste mesure de la calamité que nous vivons et que vous adopterez un train de mesures d'urgence d'ici quelques jours.

    Je demanderais maintenant à Ben Thorlakson, exploitant d'un parc d'engraissement, de vous entretenir de la crise de liquidité à laquelle le secteur qu'il représente fait face. Monsieur Thorlakson.

+-

    M. Ben Thorlakson (directeur, Association canadienne des éleveurs): Merci. Je suis ravi d'être parmi vous aujourd'hui.

    Pour ajouter aux observations de Dennis, je vais vous exposer quelques détails sur l'étendue de la crise que vit notre industrie. Le cas apparemment isolé d'ESB dans le nord de l'Alberta est évidemment à l'origine du problème. Ce n'est pas de la faute de son propriétaire. Ce n'est la faute de personne. C'est tout simplement arrivé.

    Le 19 mai dernier, notre boeuf pouvait se vendre sur tous les marchés du monde. En 2002, nos ventes de boeuf à l'échelle internationale représentaient 4 milliards de dollars. Comme Dennis l'a souligné, cela représente 11 millions de dollars pour chaque jour de l'année. C'est plus de 60 p. 100 de la production de 2002. Ces exportations se sont arrêtées net le 20 mai dernier. Quelle différence une seule journée a pu avoir.

    Notre marché le plus important est évidemment celui des États-Unis qui a absorbé 50 p. 100 de notre production l'année dernière. Aujourd'hui, c'est le secteur de l'engraissement qui subit les pertes. Les exploitants des parcs d'engraissement achètent leurs bovins partout au Canada, les engraissent pendant 120 à 180 jours et les revendent aux usines de transformation par la suite. Sans eux, les bovins d'engraissement sont vendus aux États-Unis puisque nous avons un marché nord-américain harmonisé. Si les usines de transformation n'ont pas accès aux bovins d'engraissement, 10 000 emplois seront perdus en Alberta dans cette industrie, et cela entraînera une réaction en chaîne.

    Quel a été l'effet de cette crise sur nous concrètement? En termes simples, le prix des bovins d'abattage le 16 mai dernier, lorsque la vie était relativement belle, s'établissait à 1,06 $ la livre. Un bouvillon d'abattage de 1 300 livres valait donc 1 378 $.

    Aujourd'hui, chaque livre de ce bouvillon ne vaut plus que 0,75 $ et, depuis que je me suis assis ici, selon ce qu'on vient de me dire il y a quelques minutes, il a encore reculé de 0,04 $. Ce bouvillon ne vaut plus que 975 $—soit 1 300 fois 0,75 $—et une perte nette de 403 $ par tête. C'est une diminution de la valeur de cet animal de 29 p. 100 depuis le 16 mai. Son prix a reculé d'environ 0,15 $ ces quatre derniers jours. Cette perte est plus importante que l'exigence de couverture ou les prescriptions relatives aux capitaux propres imposées par les banques pour financer notre bétail et la provende.

    Ce qui rend la situation encore plus pénible, c'est que ce coût survient au terme de la pire année de l'industrie de l'engraissement de l'Ouest canadien. Les effets de la sécheresse dans l'Ouest canadien en 2001 et 2002 ont été dévastateurs. J'engraisse du bovin depuis 33 ans. Je n'ai jamais subi de pertes plus importantes qu'en 2002, que ce soit en revenu total ou par tête. En discutant avec d'autres exploitants de parcs d'engraissement, j'ai appris que l'année a été aussi difficile pour eux.

    Afin que vous compreniez mieux l'érosion de nos capitaux propres, je vous dirai que j'ai contracté un prêt agricole auprès de la Banque royale du Canada dans une institution du sud de l'Alberta et j'ai demandé si on pouvait me fournir des statistiques sur la valeur globale des pertes accusées par l'ensemble des clients du sud de l'Alberta. La Banque royale du Canada est un des principaux bailleurs de fonds de la région; elle détient plus du tiers de ce qu'elle appelle le portefeuille des parcs d'engraissement. Elle a fait état d'une réduction dramatique du fonds de roulement de ses clients au cours de l'année 2002. La perte nette moyenne de ceux-ci se chiffrait à 90 $ par tête de bétail de la capacité d'engraissement. Pour une exploitation des 10 000 têtes de bétail, cela représente une réduction de la capacité d'emprunt de l'ordre de 2,7 millions de dollars selon une marge de 75 p. 100. Cela se traduit par une diminution d'inventaire d'environ 3,6 millions de dollars par producteur ou un tiers de la capacité de son parc d'engraissement, et je me ferai un plaisir de vous offrir ces documents à la suite de cet exposé si vous le souhaitez.

    À titre informatif, nous vous avons demandé ces mêmes renseignements à la Banque de Nouvelle-Écosse en espérant qu'elle nous les offrirait sous la même forme pour que les profanes que nous sommes les comprennent.

¹  +-(1525)  

    Le secteur de l'élevage n'a pas demandé d'aide d'urgence l'année dernière. Généralement, nous croyons que les risques et les avantages que présente le marché nous fournissent les signaux dont nous avons besoin. Cependant, l'apparition d'un seul cas d'ESB a compromis vraiment la situation de tout notre secteur.

    Je ne pense pas qu'on puisse décrire autrement ce qui nous arrive qu'en parlant de catastrophe ou de désastre naturel. Nous n'avons pas d'autre choix que de demander une aide temporaire.

    Le gouvernement du Canada est en train d'adopter un nouveau programme d'aide en cas de catastrophe semblable au CSRN. Malheureusement, la crise dans le secteur de l'élevage survient au moment même où nous nous trouvons entre deux programmes. Les hauts fonctionnaires d'Agriculture Canada et nous sommes certainement d'accord sur un point: l'ancien CSRN est complètement inutile pour le secteur des parcs d'engraissement. Je ne pense même pas qu'il permette aux bénéficiaires de s'offrir un bon repas et un café. Mais nous travaillons sans relâche avec les fonctionnaires d'Agriculture Canada sur ce nouveau programme. Nous nous sommes entretenus avec eux toute la matinée pour examiner ensemble tous les aspects du programme pour voir si en réalité il permettait vraiment de tenir compte de nos préoccupations.

    Si vous le voulez, j'aurais certaines choses à ajouter à ce sujet, mais je n'en parlerai pas pour l'instant.

    Sans doute que la première chose qui nous saute aux yeux, c'est que les limites sont trop basses. La provision pour perte totale est de 975 000 $. L'année dernière, si je me souviens bien—alors que j'aimerais bien l'oublier—mes pertes personnelles ont été d'environ 3 millions de dollars.

    Cette année, l'élément de passif possible est encore plus important. Je suis inquiet pour moi-même bien sûr, mais je suis très inquiet au sujet d'un groupe de jeunes exploitants de parcs d'engraissement qui ont risqué tout leur avoir pour acheter des installations et agrandir leurs fermes afin de pouvoir se donner la masse critique nécessaire pour assurer leur compétitivité. Ils sont gravement menacés. En fait, ils sont fichus à moins que nous ayons un programme approprié et opportun. Ce programme doit être significatif, il doit arriver à temps, et maintenant il est important qu'il soit compréhensible—sur lequel on peut compter.

    J'ai examiné à fond le nouveau programme du CSRN, et je m'en suis remis à mon vérificateur et lui ai dit de s'adresser à Agriculture Canada. Au bout de six heures, ils avaient éclairci certaines des dispositions, et grâce aux interprètes j'ai réussi à obtenir quelques petits éclaircissements sur le programme.

    Je pense que nous avons besoin d'un programme qui fasse en sorte que ces gens qui sont au bord du désespoir puissent se dire qu'ils ne doivent pas abandonner. Nous sommes préoccupés par les limites et nous sommes préoccupés par le concept de marge négative. Dans les entreprises que nous exploitons, nous avons besoin d'une certaine adaptation à ces considérations techniques pour que le programme soit efficace pour nous.

    Je reconnais pleinement l'apport des gens d'Agriculture Canada avec qui nous avons travaillé ce matin. Ils font tout ce qu'ils peuvent pour présenter un programme qui sera efficace, puisqu'il ne sert à rien d'offrir un programme qui semble bon mais qui ne donne de résultats pour personne. Je crois qu'on n'a jamais conçu de programme pour faire face à une catastrophe provoquée par l'apparition d'une maladie animale étrangère, et je le comprends, mais admettons-le et passons à autre chose.

    J'ai suffisamment parlé. Merci beaucoup de m'avoir patiemment écouté.

¹  +-(1530)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Nous allons maintenant passer aux questions. Nous allons procéder comme à l'habitude mais chaque intervenant ne peut poser qu'une courte question, à laquelle nous espérons recevoir une réponse concise. Nous avons beaucoup de gens à entendre aujourd'hui, et nous allons siéger aussi longtemps que nous le pourrons pour les entendre. Si vous devez partir, c'est d'accord, mais essayons de traiter de la question aussi en profondeur que possible.

    Je déteste limiter le temps de parole, mais je suis obligé de le faire aujourd'hui. Posez des questions concises.

    Garry, c'est à vous.

+-

    M. Garry Breitkreuz (Yorkton—Melville, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président; j'ai une question.

    Je pense que la crise ne nous a pas encore frappés pleinement nous ici à Ottawa, ni le gouvernement. Je suis de la Saskatchewan, et j'ai donc une très bonne idée de ce qui se passe; je vis dans une ferme. Nous devons nous faire entendre par ceux qui sont responsables des programmes, le ministre, et je présume que c'est ce que vous tâchez de faire. Vous devez continuer.

    Que faudra-t-il pour que l'on ouvre la frontière? À votre avis, que devrions-nous faire maintenant? Si je ne peux poser qu'une question, ce sera celle-ci : que voudriez-vous que le ministre fasse maintenant pour ouvrir la frontière? N'est-ce pas ce qu'il faut pour ramener la situation à la normale? Est-ce que je pose la question qu'il faut poser?

¹  +-(1535)  

+-

    M. Dennis Laycraft: Vous avez parfaitement raison. Évidemment, il y a quelques problèmes qui se posent immédiatement pour ce qui est des liquidités, et il n'y aura pas de fin heureuse à cette crise à moins que l'on rouvre la frontière dans un délai raisonnable. Ce qu'on nous dit clairement, c'est qu'il faut conclure l'enquête ou l'essentiel de l'enquête aussi rapidement que possible.

    Franchement, nous croyons que le ministre a communiqué très régulièrement avec les hauts fonctionnaires du département de l'Agriculture des États-Unis. Je tiens aussi à féliciter tout le monde des divers partis ici présents parce que tous les partis ont collaboré pour veiller à ce que nous nous en sortions sans trop de mal, et c'est très apprécié.

    Des discussions se poursuivent à un très haut niveau entre l'ACIA et le département de l'Agriculture des États-Unis. Nous savons que des hauts fonctionnaires sont attendus, et une équipe d'experts internationaux est arrivée hier soir, je crois, pour participer au processus de validation. Mais rien n'accélérera autant les choses que si l'on finit de s'occuper des animaux qui doivent subir des tests. Que cela nous plaise ou non, la seule façon d'effectuer un test, c'est d'abattre ces animaux et de produire des résultats concluants afin que nous puissions convaincre aussi rapidement que possible les hauts fonctionnaires du département de l'Agriculture des États-Unis d'ouvrir la frontière. Je pense qu'ils essaient de faire tout ce qu'ils peuvent maintenant pour y arriver.

+-

    M. Garry Breitkreuz: A-t-on la moindre assurance que ce serait le cas? Si l'on effectue ces tests, est-ce que cela permettra d'ouvrir la frontière?

+-

    Le président: Il a répondu.

    Monsieur Desrochers.

[Français]

+-

    M. Odina Desrochers (Lotbinière—L'Érable, BQ): Merci, monsieur le président.

    Chers amis de l'Association canadienne des éleveurs, vous avez dit plus tôt que deux programmes existaient, mais qu'il n'était pas clair lequel pouvait vous aider.

    Vous nous avez fait part également de chiffres assez alarmants sur votre situation actuelle. On ne sait pas si l'enquête va se terminer bientôt. Certains jours, il semble que oui et certains autres jours, il semble que non.

    Ma question est la suivante. Lorsque vous avez parlé au ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, lui avez-vous demandé de mettre sur pied un fonds spécial, qui pourrait être intégré par après dans le programme existant et qui serait ensuite rajusté, en attendant que toute cette situation soit réglée? Compte tenu du fait que vous vivez actuellement une crise, le gouvernement canadien vous a-t-il offert un fonds spécial pour pallier le manque de liquidités et empêcher que certains de vos membres soient acculés à la faillite?

[Traduction]

+-

    M. Dennis Laycraft: Merci.

    Nous n'avons pas examiné les détails de ce fonds particulier. Nous avons bel et bien parlé au ministre au sujet du fait que nous commencions à ressentir cette crise pour ce qui est des liquidités et que nous souhaiterions que diverses choses se produisent, et M. Thorlakson avait commencé à en parler. Essentiellement, nous devons pouvoir leur répondre dans un très bref délai, et nous préférerions, pour être bien honnêtes, être en mesure de le faire avant la fin de la semaine pour leur faire part avec certitude des détails de ce type de programme. En même temps, il nous faut quelque chose de clair qu'ils puissent présenter à leurs prêteurs, qu'ils puissent négocier et dire que dans une crise comme celle-là, tel montant serait approprié.

    Diverses options ont fait l'objet de discussions. Nous espérons avoir des réponses à ces questions demain. D'après les premières indications, il est probablement plus facile d'essayer de trouver l'argent dans le cadre existant, mais pour l'instant le gouvernement est mieux placé que nous pour répondre.

+-

    Le président: Monsieur Eyking, une question.

+-

    M. Mark Eyking (Sydney—Victoria, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Dans notre ferme, nous élevons aussi des bovins. Nous produisons aussi des légumes, et nous vendons beaucoup de produits aux États-Unis, surtout des légumes.

    À long terme, devrions-nous viser une meilleure entente avec les États-Unis pour ce qui est des produits agricoles? Notre marché est tellement intégré au leur. Nous savons comment le Pacte de l'automobile a vu le jour, par exemple. Devrions-nous mettre en place quelque chose à l'échelle nord-américaine qui nous permettrait à nous, les agriculteurs, de faire face à cela mieux que nous le faisons? Je sais que les gouvernements semblent toujours devoir être dans le coup, mais devrions-nous essayer de voir les choses autrement? Devrions-nous avoir une structure différente?

    Je sais que c'est un coup d'épée dans l'eau, mais à long terme, à moins que nous ayons de meilleures relations avec les deux industries de part et d'autre de la frontière avec nos systèmes, que le bétail aille et vienne, ce sera...

    La question s'est posée avec les pommes de terre il y a quelques années; nous espérions qu'on rouvre la frontière dans un mois environ, mais il a fallu attendre huit mois. Nous avons perdu toute la production de pommes de terre. Ce sont des denrées périssables, et le délai est crucial.

¹  +-(1540)  

+-

    M. Ben Thorlakson: C'est tout à fait juste. Nos secteurs de production d'animaux d'élevage du Canada et des États-Unis sont harmonisés dans une grande mesure. Nous avons déployé beaucoup d'efforts au cours des 12 dernières années pour faciliter le mouvement à longueur d'année des bovins d'engraissement des États-Unis vers le Canada. Nous n'avons pas encore terminé, et je pense que si c'était le cas, nous aurions établi un vrai bon fonds commercial sur lequel nous pourrions maintenant compter.

    L'autre question a aussi trait à la réduction de notre vulnérabilité à l'égard du marché américain et je pense que nous devons continuer de chercher des débouchés dans d'autres pays. Le Mexique est un excellent marché pour nous maintenant; il vient au second rang après les États-Unis, et en ce moment même, il est à notre porte et souhaite que le boeuf canadien réapparaisse dans les supermarchés et les services alimentaires mexicains. En fait, l'un des plus grands clients du secteur des services alimentaires boude maintenant un certain produit de marque des États-Unis pour protester contre le fait qu'on est en train de les escroquer, et ils attendent avec grande impatience qu'on ouvre à nouveau les portes aux producteurs canadiens.

    Je pense donc qu'il y a diverses choses que nous pouvons faire, notamment renforcer notre marché national pour réduire notre dépendance à l'égard des États-Unis, mais nous devons aussi nous rappeler que si nous nous montrons intraitables, ils peuvent trouver moyen de l'être aussi envers nous.

+-

    Le président: Monsieur Laycraft, pouvez-vous répondre très rapidement parce que j'aimerais vraiment qu'on fournisse une réponse concise si c'est possible.

+-

    M. Dennis Laycraft: La question est très importante. Je communique très régulièrement avec ce que j'appelle les producteurs de bétail rationnels et sensés aux États-Unis; vous entendrez certainement d'autres commentaires, des commentaires extrêmes. Ils croient réellement à l'intérêt qu'il y a à adopter une approche nord-américaine face à diverses questions, et nous avons procédé à des simulations tripartites au sujet de maladies animales étrangères. Nous collaborons dans le cadre de réunions pour essayer de faire en sorte que nos pays travaillent à l'unisson pour que l'Amérique du Nord demeure exempte de maladies comme la fièvre aphteuse et l'ESB, et puis il y a toute la question de la biosécurité.

    Les producteurs de bétail des trois pays souhaitent ardemment travailler ensemble pour renforcer cette approche et s'assurer que nous érigeons autour de l'Amérique du Nord le bon périmètre plutôt que des périmètres à l'intérieur de l'Amérique du Nord.

+-

    Le président: Monsieur Breitkreuz.

+-

    M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC): Eh bien, je suis le seul à avoir des cheveux.

    Des voix: Oh, oh!

+-

    Le président: Je suis navré. Monsieur Borotsik.

+-

    M. Rick Borotsik: Messieurs, vous vous êtes entretenus avec des hauts fonctionnaires, évidemment, et je sais qu'ils réagissent assez bien à cette crise, mais ils ne réagissent pas très bien pour ce qui est des programmes ou de l'indemnisation.

    Tout d'abord, permettez-moi de dire que je crois sincèrement que ce qu'a fait le gouvernement en matière d'indemnisation est inacceptable. C'est tout à fait inacceptable. Vous nous avez dit aujourd'hui que vous avez besoin d'une aide rapide pour vos problèmes de liquidités, ce qui veut dire que vos rentrées d'argent se sont taries et qu'il y a des exploitants de parcs d'engraissement qui sont maintenant en grande difficulté. Venir leur dire qu'il faut un programme qui puisse être intégré au cadre stratégique agricole avec des fonds qui se trouvent déjà dans ce cadre, c'est inacceptable.

    Qu'est-ce que vous demandez? Une entente négociable en banque, c'est une chose. Voulez-vous des prêts sans intérêt? Voulez-vous une indemnisation pour compenser l'écart entre la valeur du produit au 16 mai et sa valeur le 5 juin? Présentez-nous des débuts de réponses. Vous ne pouvez pas vous contenter de venir ici et dire qu'ils essaient de l'intégrer au cadre stratégique, parce que ce n'est pas le cas.

    Cela dit, l'argent n'est pas non plus dans le cadre stratégique, il faudra donc qu'il y ait une autre caisse de financement. Que le gouvernement se remue et propose concrètement quelque chose en guise d'indemnisation. Dites-moi ce que vous attendez. Ça me choque.

¹  +-(1545)  

+-

    M. Ben Thorlakson: D'accord, voici ce qu'il en est. Nous sommes revenus à nos demandes initiales parce que nous pensions que ce serait très rapide. La perte est très vite calculée, ce sont les chiffres que j'ai produits initialement—mais cela change très rapidement. Nous avons envisagé de prendre le bétail commercialisé depuis le 20 mai et avons essayé de pallier une partie de cette différence pour que les gens puissent avoir suffisamment confiance pour continuer.

    Nous avons des problèmes aujourd'hui. Hier, il y avait un producteur en Alberta qui manquait de provende, mais ne pouvait pas en acheter parce qu'il avait perdu toute sa marge. La banque ne voulait pas lui prêter d'argent. Il ne pouvait pas vendre son bétail, c'est tout. Alors que faire? On a du bétail qu'on ne peut pas nourrir, on n'a pas d'argent, on ne peut pas vendre son bétail. Voilà ce qui se passe en Alberta aujourd'hui.

    Nous avons donc présenté cette première demande aux gouvernements. Ils nous ont dit, nous n'y pouvons rien. Nous sommes revenus à la charge et avons demandé ce qu'ils pouvaient faire. Ils ont dit qu'ils pouvaient travailler à l'intérieur de ce programme. Nous voulions examiner ce programme d'aide en cas de désastre, et c'est ce que nous sommes en train de faire maintenant, d'examiner le programme d'aide en cas de désastre et d'essayer d'y apporter les adaptations appropriées afin qu'il puisse fonctionner. Hausser les limites, supprimer les plafonds, supprimer les marges négatives et rajuster la formule pour les marges parce que cela ne convient pas du tout pour les parcs d'engraissement.

    La seule difficulté, Rick, et vous avez bien mis le doigt dessus, c'est que je suis préoccupé par le délai. Mais s'il n'y a pas d'autre solution que celle-ci, eh bien, un tien vaut mieux que deux tu l'auras.

+-

    Le président: Merci, monsieur Thorlakson.

    Monsieur Eby.

+-

    M. Stan Eby: Simplement pour rajouter à ce qu'a dit Ben. Il y a quelques minutes à peine que nous avons eu cet entretien avec les gens du ministère, c'est donc tout frais. Ils comprennent bien l'urgence de la situation. Nous sommes satisfaits de ce que nous venons de constater. Cela peut-il fonctionner? Ils essaient de le faire fonctionner.

+-

    Le président: Merci, monsieur Eby.

    Monsieur Proctor.

+-

    M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Je veux revenir à ce que disait Rick.

    Tout le monde est très satisfait de la transparence dont le gouvernement a fait preuve dans ce dossier en tenant des séances d'information quotidiennes. Peut-être que quelque chose m'échappe, mais j'attends aussi de la transparence de votre part. J'aimerais savoir, et je pense que c'est ce que Rick demandait dans sa question, qu'est-ce que vous demandez précisément afin que nous puissions évaluer ce que vous demandez par rapport à ce que le gouvernement finira par proposer? Nous sommes tous logés à la même enseigne et nous voulons tous que les choses s'arrangent pour le mieux, mais nous avons besoin que votre organisation nous fournisse l'information voulue.

+-

    M. Dennis Laycraft: À ce stade, je crois qu'il faut se demander si des garanties d'emploi sont suffisantes. Non. Seront-elles utiles? Oui, mais elles ne constituent pas une solution. Si les programmes du CSA sont mis en oeuvre, on ne pourrait pas attendre que les ententes fédérales-provinciales soient signées par au moins cinq parties. Il faut agir sans cela. On peut tout à fait travailler dans ce contexte.

    Il faudra aussi mettre en place un programme d'avance de fonds compréhensible qui injectera ces sommes immédiatement dans l'industrie de façon prévisible et concrète. Lorsque je dis immédiatement, je veux dire au cours des cinq à dix prochains jours, ce qui est relativement immédiat en termes gouvernementaux.

    À combien évalue-t-on les pertes et les coûts potentiels pour le moment? Nos estimations actuelles les chiffrent à environ 25 millions de dollars par semaine, et nous croyons que le marché n'a pas encore atteint son plus bas niveau.

    Plus vite nous verrons des encouragements à la commercialisation et à la mise en circulation de nos produits, plus vite nous stabiliserons le marché, moins coûteuse sera la solution. Si la crise s'éternise et que le secteur de l'engraissement s'effondre, une réaction en chaîne s'ensuivra, et elle touchera chaque maillon de la chaîne de production de bovins de boucherie.

¹  +-(1550)  

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Proctor.

    Madame Ur.

+-

    Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.): Je comprends la gravité de la crise et j'apprécie vos présences répétées à ce comité au cours des dernières semaines.

    Quels documents avez-vous présentés au ministère faisant état de vos demandes d'indemnisation immédiates? Vous parlez d'une urgence, vous nous dites ce qu'il vous faut et ce qui vous satisfera en attendant les données nécessaires. Rien ne progressera avant la levée de l'embargo. C'est comme l'oeuf et la poule, commence-t-on par l'ouverture des frontières ou l'indemnisation? Quoi qu'il en soit, il faut agir rapidement.

    Qu'avez-vous dit aux personnes intéressées lorsque vous avez présenté vos doléances? Avez-vous inclus des critères pour les personnes dont les troupeaux ont été abattus et pour les exploitants de parcs d'engraissement, car ce sont deux catégories différentes?

+-

    M. Stan Eby: Tout à fait. Notre avenir dépend de l'annonce imminente de programmes efficaces. On travaille actuellement à son efficacité. Nous vous avons déjà dit que les chiffres changent d'heure en heure. Un train de mesures concret pour les producteurs doit restaurer leur confiance afin de redresser l'industrie. C'est notre objectif.

    En ce qui a trait aux chiffres—vous me corrigerez Dennis—je n'ai pas participé aux discussions de ce matin, mais nous avons beaucoup insisté sur les montants que nous accorderons à ces programmes. Est-ce équitable?

+-

    M. Dennis Laycraft: Effectivement. Il est évident qu'il faut pouvoir évaluer les pertes afin de les faire correspondre à une avance de fonds qui serait possible en vertu du CSA ou de tout autre programme. En toute honnêteté, nous ne sommes pas ici pour vous dire d'où les sommes devraient venir. Nous sommes plutôt ici pour souligner le besoin d'évaluer ces pertes et pour atténuer la crise de liquidité, ce qui se traduit nécessairement par des paiements anticipés.

+-

    Le président: Madame Skelton.

+-

    Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président. Merci messieurs.

    Je suis heureuse que vous soyez ici et je m'inquiète sérieusement pour votre industrie. Je suis originaire de l'Ouest canadien, et je sais à quel point elle fait partie de l'étoffe-même de nos collectivités puisqu'elle se retrouve dans la nourriture pour animaux comme dans toutes sortes de produits à valeur ajoutée. Je suis préoccupée par le fait que vous n'ayez pas encore entendu parler de mesures ou d'annonces concrètes.

    J'aimerais vous poser une question. Des tests sur les animaux de la deuxième piste d'enquête ont maintenant été amorcés. Combien d'autres pistes y aura-t-il? Je me préoccupe du fait que l'Agence canadienne d'inspection des aliments ne vous en dise pas plus long ou ne vous donne pas davantage de séances d'information.

    L'industrie des cervidés a patienté cinq ans avant que l'Agence canadienne d'inspection des aliments ne lui propose des mesures concrètes, et cela a causé toutes sortes de difficultés. J'aimerais savoir si l'Agence canadienne d'inspection des aliments est franche avec vous.

+-

    M. Dennis Laycraft: L'Agence canadienne d'inspection des aliments tient des séances d'information quotidiennes et le responsable de l'enquête me téléphone personnellement. Nous trouvons que l'Agence a sensiblement renforcé ses efforts de communication avec nous afin de nous tenir au courant de la situation.

    Nous ne croyons pas qu'il y aura plus de deux pistes d'enquête; nous en sommes confiants. Ces enquêtes donnent plus souvent lieu à des retraçages. Chaque enquête prend un cours différent. Celles qui nous occupent progressent à un rythme encourageant et, à ce propos, il faut en remercier le gouvernement du Canada. Les représentants de l'ACIA nous disaient aujourd'hui que le gouvernement du Canada leur a promis toutes les ressources nécessaires pour compléter l'enquête et, à notre avis, ils ont redoublé d'efforts.

¹  +-(1555)  

+-

    Le président: Merci.

    Monsieur Borotsik.

+-

    M. Rick Borotsik: Nous avons parlé de marchés et de valeur. À l'heure actuelle, du boeuf américain est importé par les marchés de l'Est canadien. Je sais que vous l'avez indiqué au ministère.

    Les enquêtes de retraçage ont montré, on le sait, que des taureaux ont été vendus au marché américain, mais on ne sait pas où ils ont abouti. À votre avis, cela pourrait-il servir de motif à un embargo sur le boeuf américain afin de contrebalancer les effets du boeuf sur pied en attente dans les provinces de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba?

+-

    M. Dennis Laycraft: Je crois que nous pouvons réagir tous deux à cette question. Pour ma part, je dirais non, mais Ben pourra réagir autrement.

+-

    M. Ben Thorlakson: Je ne crois pas qu'on ouvre des frontières en en fermant d'autres.

+-

    M. Rick Borotsik: Ben, croyez-moi, je suis du groupe des libre-échangistes. Je suis conscient de ce que vous dites.

+-

    M. Ben Thorlakson: Je parle autant de tactique que de stratégie. Quoi qu'il en soit, vous vouliez des réponses brèves, n'est-ce pas?

+-

    M. Rick Borotsik: Eh bien, j'aimerais une réponse plus étoffée à ce sujet. Ce n'est pas que je sois en désaccord avec vous, mais je sais que l'idée a été lancée dans le marché, pas nécessairement par votre industrie, mais quelqu'un du marché l'a soulevé. Pouvez-vous me dire ce qu'en pense votre association?

+-

    M. Ben Thorlakson: Je crois qu'il faut encourager la bonne volonté. La décision qui sera prise par les autorités américaines se fondra sur des preuves scientifiques. Au-delà de cela, il faudra répondre à un certain élément discrétionnaire.

+-

    M. Rick Borotsik: Où s'approvisionnent-ils; comment compensent-ils l'absence d'offres de boeufs canadiens? Qui les approvisionne?

+-

    M. Ben Thorlakson: Les Américains consomment davantage de leur propre viande à prix plus élevé.

+-

    Le président: Monsieur Duplain, souhaitez-vous poser une question?

[Français]

+-

    M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.): Rick, voulez-vous poser une question? Allez-y.

[Traduction]

+-

    M. Rick Laliberte (Rivière Churchill, Lib.): Mises à part les séances d'information quotidiennes, les producteurs reçoivent-ils des renseignements du gouvernement et de l'ACIA?

    Je viens du nord de la Saskatchewan. Nous avons des hebdomadaires, mais certaines collectivités n'ont pas accès à des quotidiens. Peut-on envisager entrer en liaison avec elles? Une ligne de communication a-t-elle déjà été créée et, sinon, ne devrait-on pas envisager d'en mettre une en place en pareille circonstance?

    La situation n'est pas ordinaire. Elle n'affecte pas qu'une seule région. Dans le nord-est de la Saskatchewan, les grands éleveurs exploitent leurs activités aux limites de la forêt, et ce, jusqu'en Alberta. La région tout entière est desservie par un farta de liens de communication hétéroclites. Certaines localités reçoivent la télévision régionale, tandis que d'autres reçoivent la télévision locale, mais les communications sont très disparates dans la région. Comment peut-on pallier cette difficulté?

+-

    M. Dennis Laycraft: Je vais vous dire comment les choses se passent. Nous commençons par une séance d'information quotidienne destinée directement à notre organisation, puis il y a un vaste appel conférence réunissant tous les secteurs, ce qui aide certainement les associations à transmettre de l'information à leurs membres. Après quoi nous tenons tous les jours une réunion du conseil pour essayer d'informer les provinces sur ce qui se passe. L'Agence publie une mise à jour quotidienne sur son site Web, comme nous le faisons aussi, puis à 13 h—ou 15 h, je pense, heure d'Ottawa—il y a une séance d'information quotidienne pour les médias.

    Il n'est jamais facile de savoir comment transmettre le message à tout le monde, mais je pense qu'on déploie là des efforts considérables. Je ne peux vraiment pas dire que nous ayons quoi que ce soit à reprocher à l'agence à ce sujet. Elle a déployé de grands efforts, et selon des observateurs d'autres pays, ce processus est certainement l'un des plus transparents qui existent.

    Pour ce qui est des suggestions, surtout quand on pense aux zones rurales plus éloignées, nous souhaiterions qu'on soutienne non seulement nos efforts pour obtenir de l'information, mais aussi ceux de l'Agence, et je suis sûr que ce sentiment est partagé.

º  +-(1600)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Laycraft.

    J'aimerais maintenant signaler aux membres du comité qui sont toujours avec nous que demain matin à 10 h il y aura un autre appel conférence. On vous le rappellera à vos bureaux.

    La parole est maintenant à M. Proctor.

+-

    M. Dick Proctor: Merci, monsieur le président.

    Je suis assez choqué par la réponse que vous ont faite les hauts fonctionnaires du ministère de l'Agriculture qui, selon M. Thorlakson, ont répondu «C'est pas possible» au sujet d'un autre programme, que l'argent devait venir des fonds du cadre stratégique actuel. Il me semble tellement évident que la situation est à ce point unique que j'ai du mal à comprendre pourquoi on ne la traiterait pas comme telle.

    Quelles raisons les hauts fonctionnaires vous ont-ils données pour expliquer pourquoi cette aide, quelle que soit l'aide à venir, devait provenir de ressources déjà allouées au ministère de l'Agriculture?

+-

    M. Ben Thorlakson: Il semblerait qu'il faut que ce soit la faute des éleveurs de bétail canadiens parce que nous avons choisi un vraiment mauvais moment pour avoir ce cas unique d'ESB. Si seulement nous avions su planifier et découvrir ce cas après la mise en place du nouveau cadre stratégique, cela nous aurait simplifié la vie.

    Je crois savoir que des négociations et des discussions se poursuivent toujours avec les provinces qui n'ont pas encore signé.

    Pour ce qui est de nos suggestions relativement à certaines des questions que pose le programme, nous estimons que sa réussite dépendra de sa simplicité et de la façon dont les fonds seront acheminés. Il devrait être entièrement vérifiable et ne permettre aucune manipulation. Nous savons tous que pour qu'un programme soit une réussite, il ne faut pas qu'après coup il devienne un embarras pour le secteur public.

    Nous avons contribué à la conception de ce programme, mais on s'est trompé de cible. Je pense que c'était parce qu'il y avait d'autres questions liées à l'adoption du cadre stratégique qui dépassaient mes connaissances et mon expérience.

+-

    Le président: Monsieur Breitkreuz.

+-

    M. Garry Breitkreuz: Il serait utile que ceux d'entre vous qui ont beaucoup d'expérience dans ce domaine nous disent s'il y a déjà eu un précédent. Est-ce que quelque chose du genre s'est déjà produit dans un autre secteur, comme pour la tremblante du mouton au Québec? Est-ce que ce n'était pas semblable? Est-ce qu'il y a déjà eu de cas d'ESB au Canada auparavant? Si oui, qu'est-ce qui est arrivé alors? Pourquoi a-t-on fermé la frontière cette fois-ci? Je ne me souviens pas d'une situation pareille.

    Pouvez-vous établir pour nous quelques comparaisons avec un autre secteur agricole où cela aurait pu se produire, où l'on a eu une crise et où on a fermé la frontière. Qu'est-ce qui s'était produit et a-t-on versé des indemnités?

    Comprenez-vous bien ce que je vous demande?

+-

    M. Dennis Laycraft: Oui, parfaitement. En fait, une des questions qui s'est posée, c'est justement la question du précédent.

    En 1993, un animal avait été atteint d'ESB, et il avait été importé du Royaume-Uni. Ça n'a causé qu'une situation que très temporaire, et quand je dis temporaire, c'est que dans certains cas il a fallu quelques heures, une journée ou une journée et demie pour mettre en place de nouvelles procédures de délivrance de permis. En somme donc rien de même vaguement semblable à ce que nous traversons maintenant. Bien franchement, comme nous l'avons déjà dit, c'est un fait sans précédent dans l'histoire agricole canadienne, d'après ce que nous en savons.

    Là où il y a des précédents, c'est à d'autres endroits dans le monde où des situations aussi graves se sont produites. Or, le gouvernement du Canada et notre secteur nous sommes rendus là-bas pour voir ce qui s'était passé et ce qu'on aurait dû faire. Ce qui en est ressorti clairement entre autres, c'était que parce qu'on n'avait pas su tenir compte de ces problèmes financiers particuliers, les répercussions financières ont été beaucoup plus grandes que s'il y avait eu en place un programme qui aurait pu en tenir compte rapidement. Il est donc absolument crucial d'agir rapidement.

    De très bonnes mesures ont été prises, et nous attendons quelqu'un qui a participé à ce processus et qui je l'espère sera bientôt ici. Sinon, nous pourrions vous faire parvenir les recommandations qui en sont ressorties.

    C'est sans doute le meilleur précédent, parce que je n'arrive pas à penser à un autre problème de cette ampleur, avec la paralysie totale d'un marché comme celle que nous subissons depuis 16 ou 17 jours.

º  +-(1605)  

+-

    Le président: Merci.

    Monsieur Laliberte, avez-vous une question maintenant?

+-

    M. Rick Laliberte: J'allais enchaîner sur la même question.

    Vous dites que si cet incident s'était produit à un autre moment ou que si nous avions été prêts... que devrions-nous faire maintenant? Mis à part le fait d'envisager de verser des indemnités à même les fonds existants, devrait-on créer un fonds spécial à cette fin? Est-ce ce que vous demandez? Vous avez commencé quelques interventions en disant de hausser les limites, de rajuster les marges, mais c'est tourner autour du pot. De quoi avez-vous besoin?

+-

    M. Dennis Laycraft: Actuellement, au Canada, nous sommes entre deux programmes, et c'est là une des difficultés. Le programme d'aide en cas de désastre qui existait avant a plus ou moins expiré à la fin mars et le gouvernement fédéral essaie de conclure des ententes avec les provinces relativement au nouveau cadre stratégique pour inclure une composante d'aide en cas de désastre.

    Il est bien clair que ce dont nous avons besoin, c'est une composante d'aide en cas de désastre dans le programme de sécurité du revenu qui nous permette l'octroi d'une aide financière opportune au besoin. L'expérience a montré très clairement partout dans le monde que quand ce type de maladie apparaît de cette façon, il faut réagir rapidement pour tenir compte des divers problèmes de liquidités de l'industrie. Peu importe le nom qu'on lui donne, c'est vraiment une question de savoir comment on établit—dans l'espoir de ne jamais avoir à s'en servir—un programme qui puisse apporter rapidement l'aide nécessaire et qu'elle soit acceptable par le secteur bancaire.

    Pour l'instant, cette aide n'est pas immédiatement disponible, et c'est toujours un problème pour le gouvernement. Pour ce qui est des prévisions que l'on peut faire sur le plan financier, ces choses doivent aller au-delà de ce que j'appellerais le cadre normal de tout programme de sécurité du revenu.

+-

    Le président: Nous allons passer de l'autre côté. Nous reviendrons à vous, monsieur Laliberte, sauf si c'est pour enchaîner et si c'est très court.

+-

    M. Rick Laliberte: Oui, c'est pour enchaîner.

    Je me demande seulement comment on pourrait interpréter cela aussi, parce que ça peut être compris dans les deux sens. Si nous annonçons un nouveau projet, cela veut dire que nous n'étions pas prêts pour cela. Si nous disons que nous pouvons nous en tenir aux programmes existants, nous faisons comprendre à la communauté internationale que nous pouvons gérer ces choses. Peut-être qu'il y a un message à en tirer.

+-

    M. Dennis Laycraft: La question est peut-être plus vaste que celle qui préoccupe particulièrement notre secteur de l'élevage. Je peux comprendre ce que vous dites, mais par ailleurs, pour l'instant la crise évolue rapidement. Il vaudrait peut-être mieux revenir sur cette question quand on fera le bilan. Ce dont nous avons besoin, c'est qu'on agisse rapidement.

+-

    Le président: Monsieur Borotsik, vous avez la parole.

+-

    M. Rick Borotsik: Si j'ai bien compris, ce sont les exploitants de parcs d'engraissement qui ont été ciblés parce qu'ils se retrouvent à la fin du processus. Ils se retrouvent avec des vaches engraissées dont ils doivent se débarrasser. Sinon, ça leur coûte 2,50 $ par jour en nourriture, qu'ils n'ont d'ailleurs pas. Nous avons pris connaissance de la problématique, l'avons étudiée et maintenant nous examinons les propositions relatives à un programme d'indemnisation quelconque.

    Vos propos ne m'enthousiasment pas vraiment parce qu'il n'y a rien qui engage le ministère ou le ministre.

    Dennis, vous avez dit que si on ne réglait pas la question des parcs d'engraissement immédiatement, tout le système en pâtirait. Les naisseurs en souffriront parce qu'il leur sera impossible de vendre leurs veaux aux exploitants de parcs d'engraissement. Le problème va remonter la chaîne, si ce n'est pas déjà fait.

    Lors de vos discussions avec le ministère, traitez-vous uniquement de l'indemnisation des exploitants de parcs d'engraissement ou prenez-vous en compte les autres intervenants également? Remontez-vous jusqu'à l'éleveur qui ne peut pas vendre ses bêtes à l'exploitant du parc d'engraissement?

º  +-(1610)  

+-

    M. Dennis Laycraft: Les discussions ne se limitent pas au secteur de l'engraissement, quoiqu'il s'agisse du secteur le plus touché dans l'immédiat. En général, les naisseurs vendent leur production en automne, exception faite des vaches de réforme qui sont vendues à cette époque de l'année, mais qui peuvent attendre quelque temps.

+-

    M. Rick Borotsik: Il y a également beaucoup de naisseurs qui sont incapables de vendre leurs veaux et qui sont dans une mauvaise passe. Vont-ils pouvoir profiter du programme d'indemnisation?

+-

    M. Dennis Laycraft: Oui. Dans le cadre du programme en général, nous pensons qu'ils doivent être pris en compte, mais pour ce qui est des avances de fonds, il nous faut réagir immédiatement sur deux fronts : régler la crise de liquidités et relancer le marché. Une fois que le marché aura été rétabli, alors les naisseurs pourront vendre leurs produits. Mais sans marché, il est impossible de vendre.

+-

    Le président: Merci, monsieur Borotsik.

    Bienvenue, monsieur Doerksen.

    Monsieur Eby, avez-vous quelque chose à ajouter?

+-

    M. Stan Eby: Oui, j'aimerais ajouter un élément de réponse à la question posée par Rick. La semaine dernière, on a organisé une table ronde ici, à Ottawa, regroupant tous les secteurs de l'industrie. Le secteur de l'équarrissage a grandement besoin d'aide, car il a beaucoup de problèmes.

    D'après ces représentants des différents secteurs, il serait judicieux de venir en aide au secteur le plus touché car ainsi, ce coup de pouce se fera sentir en aval et en amont. Les représentants du secteur du conditionnement nous ont dit qu'il fallait mettre en place les conditions qui permettraient aux éleveurs de réintroduire leurs produits dans la chaîne; si les équarrisseurs ne nous paient pas, nous ont-ils dit, la différence se répercutera sur le prix du bétail. Si l'exploitant du parc d'engraissement gagne de l'argent, il nous rachètera certainement le bétail mis en attente à un prix raisonnable; ensuite, ce sera le tour du naisseur et tout le monde sera gagnant. Le marché a toujours fonctionné ainsi.

+-

    Le président: Merci, monsieur Eby.

    Monsieur Proctor.

+-

    M. Dick Proctor: Merci.

    Nous avons appris hier qu'un certain nombre de taureaux du même troupeau que la vache malade s'étaient retrouvés aux États-Unis. Pensez-vous que cela va compliquer les choses ou, au contraire, que la période de dépistage en sera écourtée? Qu'en pensent les éleveurs?

+-

    M. Dennis Laycraft: C'est la réaction du USDA qui nous permettra d'en savoir davantage. À mon avis, ce n'est pas un facteur très important. Dans les dernières années, il y a eu des millions de têtes de bétail qui se sont déplacées entre nos deux pays. Jusqu'à présent, les responsables américains ont rassuré leur industrie et ça, c'est positif. Je pense, comme bien d'autres, qu'ils seront satisfaits.

    Je serai bien plus rassuré une fois que l'enquête et le dépistage seront terminés et que l'on pourra confirmer ce que tout le monde pense déjà. Le gros de l'enquête devrait être terminé d'ici la fin de la semaine, c'est ce que tout le monde espère.

+-

    Le président: Monsieur Proctor.

+-

    M. Dick Proctor: Toujours dans la même veine. Si tout se déroule comme prévu et qu'aucune maladie n'est dépistée d'ici la fin de la semaine, je suppose que vous espérez que la frontière soit rouverte sur-le-champ, mais est-ce que c'est envisageable? Une fois le dépistage terminé, est-ce que vous pensez que le USDA donnera le feu vert?

+-

    M. Dennis Laycraft: D'après les informations qui proviennent des États-Unis, une fois que l'enquête sera terminée, il risque d'y avoir un accès progressif au marché. Les premiers à être réintégrés seront les animaux qui ne posent qu'un risque minimal, voire aucun risque, à savoir le bétail jeune. Voilà à quoi on s'attend.

+-

    Le président: Merci, monsieur Laycraft.

    Madame Ur.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Pensez-vous qu'une fois que les résultats des tests effectués sur les cinq taureaux qui ont été identifiés aux États-Unis auront été rendus publics, cela mettra fin aux tentatives de dépistage de cas d'ESB? Pensez-vous que ce sera le facteur qui nous permettra de passer au programme d'indemnisation?

º  +-(1615)  

+-

    M. Dennis Laycraft: D'après ce qu'on a pu comprendre, on a déjà obtenu les résultats des premiers tests; les autres résultats devraient arriver incessamment. Dès qu'on aura reçu les résultats des deuxièmes tests, l'enquête aboutira. Seul le USDA est en mesure de répondre de façon définitive, mais nous sommes confiants que les mesures satisferont les États-Unis ainsi que la communauté internationale qui a envoyé des représentants pour étudier la situation de plus près. D'ici lundi, je pense que les observateurs internationaux nous confirmeront que c'est bien le cas.

+-

    Mme Rose-Marie Ur: Les banques sont-elles des alliées dans cette situation? Traitez-vous actuellement avec le secteur bancaire?

+-

    M. Stan Eby: Nous avons discuté brièvement avec l'Association des banquiers canadiens, qui appuie ses clients.

    Pour ce qui est de la suite des événements, Ben, vous vous êtes entretenu avec certaines d'entre elles. Qu'en pensez-vous?

+-

    M. Ben Thorlakson: On nous a envoyé une lettre de soutien. Je pense que les banques comprennent la situation et n'agiront pas précipitamment, mais il faut se rappeler qu'elles ont leurs propres intérêts à protéger. La mise en oeuvre d'un programme rassurerait les différentes parties. Ainsi, tous les intervenants, y compris les banquiers, sauraient où ils en sont.

+-

    M. Stan Eby: Quelles sont vos observations là-dessus, monsieur Wildeman?

+-

    M. Brad Wildeman (président, Comité du commerce extérieur, Association canadienne des éleveurs): Nous travaillons étroitement avec l'Association et la tenons au courant de tout nouveau développement. Je pense qu'il est vrai qu'elle essaie d'être patiente, mais il faut que ce comité comprenne que pour bien des petits éleveurs, notamment ceux auxquels Ben a fait référence, souvent des jeunes qui essaient de percer dans ce secteur, c'est l'époque de l'année où se termine le cycle. Les éleveurs achètent les veaux en automne, ils utilisent leur propre récolte pour les nourrir et c'est maintenant que l'argent rentre. Comme je l'ai déjà dit, les exploitations ont atteint la pleine capacité et, tôt ou tard, les banques ne disposeront plus de marge. Au bout d'un moment, leur patience s'essoufflera.

    Je pense que Ben a dit qu'il y a déjà certains cas désespérés en Alberta. Il y a un exploitant de la Saskatchewan qui m'a appelé pour me dire la même chose : ma réserve d'ensilage est épuisée, je n'ai plus d'orge, j'ai atteint la pleine capacité, c'est la fin. À moins que la banque ne lui accorde un nouveau crédit, ce qui est peu probable, c'est la faillite qui attend ces gens.

    L'aspect temps est crucial. Il faut que les prêteurs prennent des engagements qui permettraient aux exploitants de se tirer d'affaire.

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    Le président: Monsieur Proctor.

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    M. Dick Proctor: Je vous demande d'être patients, j'ai une question qui m'a été posée par un de mes commettants.

    L'unique cas d'ESB a engendré l'abattage de combien de bêtes jusqu'à présent?

    Une voix: Environ 1 700.

    M. Dick Proctor: Comment cela fonctionne-t-il? On abat les animaux et on effectue des tests sur leur cervelle. Que sont devenus la viande et les carcasses de ces 1 700 animaux dont les résultats sont négatifs?

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    M. Dennis Laycraft: D'après ce que j'ai pu comprendre, les animaux du troupeau indice, dont faisait partie l'animal malade, ont été envoyés à Lethbridge pour être incinérés. Les autres animaux testés ont été envoyés à Moose Jaw; là-bas, l'usine peut accueillir des volumes importants. Aussitôt que les animaux auront été testés et que les résultats seront négatifs, on procédera à l'équarrissage de certaines parties de ces animaux et le reste sera enfoui dans un site sécurisé.

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    M. Dick Proctor: Donc, même si tous les tests sont négatifs, mis à part l'équarrissage, cette viande ne se retrouve pas dans la chaîne alimentaire.

    Mon commettant voudrait savoir comment on explique cette façon de procéder. Quand les analyses démontrent qu'un animal est en santé, il faut le traiter d'une façon ou d'une autre avant de le vendre, alors pourquoi l'animal dont les résultats sont négatifs ne pourrait-il pas être vendu sur le marché?

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    M. Brad Wildeman: C'est notamment en raison du mode d'euthanasie non normalisé qui est utilisé. On utilise un barbiturique sous forme d'injection mortelle, ce qui veut dire que la viande ne serait pas approuvée. De toute façon, dans tous les cas d'enquête de l'ACIA ou de dépopulation, je crois comprendre que la viande n'est jamais réintroduite dans la chaîne alimentaire.

º  +-(1620)  

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    Le président: Monsieur Borotsik.

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    M. Rick Borotsik: Dennis, vous avez prononcé un mot qui m'a fait frissonner, le mot « précédent ». Vous avez dit que ce mot a été utilisé lors de votre discussion avec les responsables du ministère. On peut l'interpréter de deux façons différentes. Entend-on par là que si un programme d'indemnisation est mis en place, cela créerait un précédent pour l'avenir, ou plutôt qu'on ne peut pas comparer la situation actuelle à quoi que ce soit puisqu'il n'existe pas de précédent?

    Très franchement, la situation actuelle est un cas unique; nous n'avons jamais rien connu de semblable. Le mot précédent est un terme bureaucratique qui me fait tressaillir parce qu'il peut être utilisé pour justifier une réponse négative; on pourrait dire qu'un programme créerait un précédent dangereux.

    C'est de la foutaise, très franchement. Maintenant, dites-moi ce que le ministère entendait par précédent.

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    M. Dennis Laycraft: C'est le premier sens qu'il donnait au mot, à savoir l'avenir.

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    M. Rick Borotsik: Voilà qui me fait très peur.

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    M. Dennis Laycraft: J'ai mentionné plus tôt le nom d'une personne qui a participé aux enquêtes menées dans différents pays à travers le monde dans des conditions semblables à celles que nous connaissons aujourd'hui. Cette personne, c'est M. Doerksen, qui est ici présent, et qui pourrait vous expliquer les recommandations qui ont été faites pour gérer la crise financière dans le cadre de mesures d'urgence qui ont été mises en place pour lutter contre les épisoties.

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    M. Arno Doerksen (directeur général, Alberta Beef Producers): Merci, monsieur le président.

    J'ai pris part à bon nombre d'exercices de simulation et j'ai également été en Grande-Bretagne l'an dernier pour étudier l'efficacité des mesures prises. Tout d'abord, je voudrais dire que le message qui a été livré au public était réussi. Il est très évident que c'est là un des aspects que la Grande-Bretagne n'a pas su gérer de façon efficace. Deuxièmement, notre gouvernement a su assurer la transparence de ce message.

    Pour que le processus soit complet, il faut inclure d'autres activités, à savoir l'indemnisation et la confiance chez les éleveurs. C'est à ce niveau-là qu'il n'y a pas de précédent et que nous faisons donc face à une épisotie dont l'envergure est inégalée.

    Nous ne demandons pas d'aide à long terme; nous voulons nous attaquer à cette épisotie catastrophique. L'un des points que l'on a souligné dans notre analyse de la situation et lors de la mise en place de mesures qui nous permettraient de faire face à une telle crise, qu'on espérait évitable, c'est que si nos frontières étaient fermées en raison d'une épisotie, il faudrait que le gouvernement fédéral appuie les éleveurs, surtout parce que nous croulerions sous l'avalanche de nos propres produits. Nul autre pays n'exporte autant que nous; nous sommes à la croisée des chemins.

    En Grande-Bretagne, tout s'est écroulé quand les éleveurs ont perdu confiance. D'après moi, nous sommes à un carrefour.

+-

    Le président: Merci, monsieur Doerksen.

    Monsieur Breitkreuz.

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    M. Garry Breitkreuz: La crise de la vache folle aura des répercussions sur le secteur des céréales. Je viens d'une région où ce sont les naisseurs, en grande partie, qui font vivre les producteurs de céréales—mon frère, par exemple. Les ramifications sont importantes.

    Dans ma ville natale de Yorkton, il y a une petite usine de conditionnement qui s'appelle Harvest Meats; elle fait partie de la chaîne Fletcher. Il leur est impossible d'exporter des produits du porc aux États-Unis, et je ne comprends pas pourquoi. Tous les produits dérivés de boeuf ont été éliminés, et pourtant les produits du porc sont arrêtés à la frontière.

    Les ramifications sont plus importantes qu'on pourrait le penser. J'ai presque envie de vous demander quelles autres questions on devrait poser. J'ai l'impression d'avoir fait le tour de la question. Que doit-on faire pour remettre ce secteur sur pied? À ma connaissance, il n'existe aucun précédent. La frontière est vraiment hermétique.

    Les États-Unis ne semblent pas bouger, ne semblent même pas s'intéresser à l'interdiction des protéines animales. Allons-nous mettre en place des mesures pour que cette situation ne se répète plus jamais? Je ne sais pas si c'est le moment de discuter de ces questions, je voulais tout simplement les soulever. Y a-t-il des questions qu'on aurait oubliées de poser?

º  +-(1625)  

+-

    M. Dennis Laycraft: Je vais vous parler un peu des autres sujets qui sont abordés dans le cadre des discussions de la table ronde. Divers groupes de travail ont été mis sur pied et chacun étudie des procédures déterminées, par exemple, l'identification et la recherche des origines des animaux. Chaque groupe produira, d'ici 30 jours, un rapport qui sera renvoyé à la table ronde.

    Bien évidemment, il faut avant tout résorber la crise financière pour éviter l'effondrement d'un secteur de notre industrie. Comme les aspects financiers devront sans doute être traités par le Cabinet, on peut se demander si c'est faisable. Je ne sais pas s'il est possible de passer outre.

+-

    Le président: On va passer à M. Proctor.

+-

    M. Dick Proctor: Merci.

    Vous avez dit tout à l'heure, monsieur Laycraft, que les sept à 10 prochains jours étaient cruciaux. C'est la deuxième fois que le comité de l'agriculture et de l'agroalimentaire se rencontre aujourd'hui. Je ne voudrais pas vous prendre au dépourvu, mais il y avait des rumeurs qui circulaient ce matin, émanant de sources fiables, voulant que les détails d'un programme d'indemnisation soient dévoilés cet après-midi à 15 heures, c'est-à-dire ici. De toute évidence, ces informations étaient erronées.

    Pensez-vous que tous les détails du programme pourront être mis au point d'ici sept à 10 jours, période qui selon vous, est cruciale? Êtes-vous optimiste?

+-

    M. Brad Wildeman: Ce qui est critique, c'est qu'il y ait une déclaration, et je ne pense pas que cela prendra deux semaines. Le secteur nous a indiqué que ce serait la période de deux semaines suivant la déclaration qui serait clé. Parce que l'industrie bouge très rapidement, il serait possible d'attendre, d'évaluer la situation, puis de mettre en place un programme d'indemnisation adéquat.

    Cette époque est révolue. Les éleveurs ont un surplus de bêtes qu'ils ne peuvent vendre. On ne peut abattre un nombre suffisant de bêtes. Et le produit s'accumule.

    Les éleveurs ne savent plus quoi faire. Devraient-ils vendre, ou patienter? L'incertitude règne, Arno y a d'ailleurs fait référence. Et l'incertitude mène à de mauvaises décisions.

    On entend parler de dispositions du CSA—tous les membres ne seront sans doute pas d'accord avec moi et mon groupe—, mais les éleveurs de boeuf, et plus particulièrement les exploitants de parcs d'engraissement, ne comprennent pas l'ancien CSRN ni le nouveau parce que nous n'avons jamais été concernés.

    Les éleveurs veulent savoir si ils ont droit à une aide immédiate. Il faut que le programme soit facile à comprendre et malléable. Autrement, ce sera la crise et les répercussions se feront sentir pendant bien longtemps dans notre industrie.

    Il faut mettre en place un programme simple, facile à comprendre et qui répondra rapidement aux besoins. Ensuite, il faut relancer l'industrie et abattre ce bétail, ou sinon le problème prendra encore plus d'ampleur.

+-

    Le président: Monsieur Breitkreuz, vous avez droit à la dernière question. Qu'elle soit courte parce que nous devons lever la séance.

+-

    M. Garry Breitkreuz: Les exploitants de parcs d'engraissement n'ont pas d'autres solutions. Ils n'ont pas d'autres types d'assurances, n'est-ce pas? Leur seul recours, c'est de se présenter devant ce comité? Je veux m'assurer d'avoir bien compris.

+-

    M. Brad Wildeman: Ça fait déjà quelques années que nous discutons de cette question avec les gouvernements provinciaux et fédéral. Je me souviens d'ailleurs d'avoir écrit des lettres et fait des exposés sur le besoin de mettre en place une assurance contre les catastrophes naturelles pour faire face à ce genre de situation, voilà déjà huit ou dix ans.

    Nous n'avons pas besoin de financement pour un filet de sécurité. Nous l'avons toujours refusé. Par contre, nous avons besoin d'aide pour faire croître notre industrie. Si vous voulez vraiment nous aider, il faut créer un fonds qui servirait en cas de catastrophe naturelle car, tôt ou tard, nous en aurons besoin.

    Aujourd'hui, nous sommes ici pour vous dire que nous en avons besoin, que nous vous avions prévenus et qu'il faut trouver une solution au problème.

+-

    Le président: Monsieur Eby, vos remarques de clôture.

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    M. Stan Eby: Merci encore de votre indulgence. Il faut que le ministre s'engage publiquement à soutenir notre industrie, et ce, immédiatement afin de la relancer. On vous demande de transmettre ce message, si possible. Nous sommes en train de mettre au point les détails, comme nous l'avons déjà signifié, mais une déclaration de soutien rapide est essentielle.

º  -(1630)  

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    Le président: Merci, membres du comité.

    Il est important que vous compreniez que ce comité prend très au sérieux cette question. Il y a de nombreux agriculteurs parmi nous. Pas nécessairement dans le domaine du boeuf, mais nous comprenons les coûts qui vous sont infligés et les raisons pour lesquelles vous dites qu'il faut trouver une solution rapide à ce problème.

    Je transmettrai le message au ministre en personne. Je lui ai déjà parlé aujourd'hui. Je sais qu'il y travaille déjà, et j'espère qu'on pourra livrer un message à votre communauté d'ici demain soir. Je ne m'engage pas, mais vous donne ma parole que je ferai l'impossible pour faire bouger les choses d'ici là.

    Merci encore, MM. Doerksen, Thorlakson, Eby, Laycraft, Wildeman ainsi que toutes les personnes qui vont ont accompagnés aujourd'hui. Nous ressentons les mêmes frustrations, bien évidemment. Nous avons la responsabilité de faire avancer les choses, et nous l'assumons. Merci beaucoup.

    La séance est levée.