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NRGO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON NATURAL RESOURCES AND GOVERNMENT OPERATIONS

COMITÉ PERMANENT DES RESSOURCES NATURELLES ET DES OPÉRATIONS GOUVERNEMENTALES

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 29 février 2000

• 1111

[Traduction]

Le président (M. Joseph Volpe (Eglinton—Lawrence, Lib.)): Je déclare cette séance ouverte, et conformément au paragraphe 108(2) du Règlement nous reprenons l'examen de la gestion des forêts au Canada dans la perspective du commerce international.

Nous accueillons aujourd'hui les représentants de l'Association forestière canadienne: Susan Gesner, présidente du conseil; Fred Pollett, expert-conseil; et David Lemkay, directeur général.

Si je ne m'abuse, il n'y a pas si longtemps nous avons été brusquement interrompus dans cette même salle parce que des questions d'importance requéraient notre présence à la Chambre des communes. Non... ce n'était pas vous. Quoi qu'il en soit, je crois qu'il y avait une rose et deux épines. Les personnages se ressemblent, mais ce n'est pas le même film.

Nous sommes heureux de vous accueillir aujourd'hui, et je me dois de vous avertir, tout comme j'avais averti cet autre groupe. L'imprévisibilité à la Chambre est telle actuellement qu'il est possible que nous soyons interrompus. En fait nous étions censés voter à 10 h 40, et nous attendons toujours. Je crois que le chef de l'opposition officielle n'a pas terminé son discours en réponse au budget, et nous ne savons pas ce qui se passera après. Je vous dis tout cela parce que, bien que nous soyons impatients de vous entendre, si nous sommes appelés à la Chambre il faudra interrompre notre réunion.

Je crois que vous avez déjà comparu devant ce comité, n'est-ce pas? Non? Mais vous connaissez la procédure. Vous aurez environ 10 minutes pour faire votre exposé, non pas parce que nous voulons limiter ce que vous avez à nous dire mais parce que vous poser des questions est beaucoup plus susceptible de nous faire profiter de votre savoir. Je vous prierais donc de respecter ces 10 minutes, et ensuite nous passerons aux questions.

Madame, je ne sais si vous souhaitez commencer, mais dans l'affirmative le micro est à vous.

Mme Susan Gesner (présidente du conseil, Association forestière canadienne): Merci.

Bonjour. L'Association forestière canadienne vous remercie infiniment de l'avoir invitée à comparaître devant vous.

Je ferai mon exposé en anglais. L'Association forestière canadienne traverse en ce moment une période de changements radicaux au niveau de son organisation, et j'y reviendrai tout à l'heure. Tous les membres de notre conseil d'administration sont des bénévoles. Il nous manque pour le moment le soutien d'un directeur administratif pour faire tourner la boutique. Il m'a été impossible de me faire accompagner d'un de mes administrateurs bilingues. Notre conseil est composé de représentants de toutes les régions du pays. Je représente moi-même, en tant que présidente, l'Ontario, il ne m'a donc pas été difficile de venir.

Si vous me le permettez et si cela vous convient, j'aimerais pouvoir envoyer à votre comité un texte de notre exposé dans les deux langues officielles d'ici une semaine à 10 jours.

Le président: Absolument aucun problème, madame Gesner. Il vous suffit de l'envoyer à notre greffière, et notre greffière veillera à ce que chacun des membres du comité le reçoive au plus vite.

Mme Susan Gesner: Merci beaucoup. Je vais faire de mon mieux pour ne pas dépasser les 10 minutes.

Pour commencer, j'aimerais vous expliquer ce qu'est l'Association forestière canadienne et la raison pour laquelle nous estimons qu'elle a un rôle à jouer dans le cadre de vos discussions.

L'Association forestière canadienne a été fondée en 1900. Elle a été fondée par un groupe de citoyens importants militant pour une utilisation intelligente et la conservation des ressources naturelles. C'était l'Association forestière canadienne, mais il suffit de lire son historique, ce que je ne ferai certainement pas aujourd'hui, pour constater qu'elle ne s'intéressait pas qu'aux forêts. Elle s'intéressait à la faune, à la terre, à l'eau et à toutes sortes d'autres choses.

• 1115

Je vous ai dit que notre association avait été fondée en 1900. Cela veut dire que cette année, en l'an 2000, nous célébrons notre 100e anniversaire, et nous n'en sommes pas peu fiers. Nous jouons un rôle important depuis 100 ans.

En 1906, nous avons organisé le premier congrès forestier canadien. Pour votre information, il a été présidé pendant les trois jours qu'il a duré par Sir Wilfrid Laurier, avec également la participation du chef de l'opposition de l'époque, M. Borden. Ces deux messieurs étaient d'ardents défenseurs de la notion de conservation, et les deux partis de l'époque étaient d'accord sur la nécessité de gérer et de conserver intelligemment les ressources naturelles. Que le gouvernement de l'époque s'intéresse tant à ces questions offre la preuve du caractère visionnaire de ses dirigeants.

Deux choses inquiétaient tout particulièrement le groupe de citoyens dont j'ai parlé tout à l'heure. Premièrement, l'incendie systématique des forêts pour faire place aux activités agricoles, et, deuxièmement, l'exploitation peut-être exagérée des ressources par certains.

Ce qui est également plus intéressant, c'est qu'assis autour de cette table lors de cette première grande réunion en 1906 se trouvaient d'autres personnes représentant les négociants et les fabricants de produits forestiers que les questions de récolte concernaient au premier chef, des personnes comme la famille Gillies, les McLaughlin, les Booth. C'était les pionniers de la conservation et de la gestion intelligente des ressources, et c'était bien longtemps avant que n'existe un mouvement environnemental actif et militant.

Je crois pouvoir affirmer que les activités de ce groupe particulier ont solidifié le rôle du gouvernement fédéral dans la foresterie au sein de cette organisation non gouvernementale. C'est aussi lui qui est à l'origine des études sur la foresterie qui ont été faites par les collèges et les universités canadiens.

De plus, je crois que les initiatives lancées par cette organisation et cette réunion en 1906 nous ont menés à la série de congrès forestiers nationaux. Le dernier en date de ces congrès, comme vous le savez peut-être, s'est tenu ici à Ottawa en 1998, et le 1er mai l'Accord canadien sur les forêts a été signé et la Stratégie nationale sur les forêts a fait l'objet d'un examen.

Ce qu'il importe peut-être le plus de noter, c'est que l'Association forestière canadienne est depuis au centre et au coeur de toutes les activités relatives à la Stratégie nationale sur les forêts et aux questions relatives aux forêts.

Je précise que notre organisation joue un rôle d'éducateur auprès du public, qu'elle sensibilise et informe. Notre rôle et notre désir est d'informer le public canadien, toutes sortes de publics et toutes sortes de secteurs, sur les forêts et sur toutes les questions relatives aux forêts.

Permettez-moi de vous citer quelques exemples de nos programmes actuels. Je suppose que si vous avez des enfants, vous devez tous être au courant des activités de la Semaine de l'arbre et des forêts qui est célébrée dans tout le pays, et ce, depuis le début des années 20. Elle propose un thème différent chaque année. Des documents sont envoyés à toutes les écoles du pays ainsi qu'aux groupes de jeunes et aux groupes intéressés, et le thème de l'année est étudié en classe.

Nous sommes aussi les organisateurs de la Capitale forestière du Canada. Chaque année, par l'intermédiaire de l'Association forestière canadienne, une communauté liée à l'industrie forestière et aux activités forestières est choisie et célébrée comme capitale forestière du Canada.

Une de nos initiatives les plus passionnantes peut-être est la Conférence millénaire nationale sur les forêts—et j'ai des dépliants à votre disposition, si cela vous intéresse. C'est une conférence qui sera organisée par l'Association forestière canadienne et un certain nombre d'autres partenaires dans tout le pays et qui se penchera sur les questions de durabilité des forêts et certainement sur certaines des questions que vous examinez, je crois, dans le cadre de votre examen.

Nous avons organisé un certain nombre d'autres conférences au cours des années, particulièrement des conférences mettant l'accent sur l'éducation, l'éducation du public, l'information et la sensibilisation. Une conférence ÉDUFOR a aussi été organisée à Thunder Bay au début des années 90 à l'intention des enseignants qui souhaitaient donner une plus grande place à l'éducation sur les questions forestières dans leur programme. EnviroFor est une conférence qui a été organisée dans un certain nombre de provinces dans le but de réunir des secteurs variés, et non pas uniquement la communauté éducative, mais toutes les communautés intéressées, pour discuter de questions forestières.

• 1120

En bref, je crois que notre organisation s'est fixé pour but de réunir toutes sortes de gens pour qu'ils discutent des questions entourant les forêts, la gestion des forêts et leur conservation et trouvent des réponses et des moyens d'action communs. Nous ne sommes pas là pour défendre les intérêts de l'industrie ou du gouvernement, mais plutôt pour informer le public et veiller à ce que le public comprenne tous les problèmes de la forêt, et tout particulièrement les problèmes de gestion durable de la forêt. Notre rôle le plus important, je crois, est d'instaurer le dialogue avec le public et au sein du public.

Je vous ai dit que nous sommes devenus une organisation publique en 1900. Les adhésions étaient individuelles. À la fin des années 50, nous sommes passés des adhésions individuelles à une fédération d'organisations provinciales parce que les questions forestières devenaient de plus en plus régionalisées et localisées. Aujourd'hui, nous nous éloignons de ce concept de fédération d'organisations provinciales pour nous transformer en une organisation nationale centrale qui s'intéressera en priorité aux questions à la fois nationales et internationales.

Nous avons pratiquement bouclé la boucle. Nous avons commencé comme une organisation nationale sur ces questions. Nous nous sommes transformés en fédération d'organisations provinciales. Nous revenons à ce que nous étions autrefois, et c'est sur le plan national que désormais nous examinerons toutes ces questions.

Nous sommes actuellement dirigés par un conseil d'administration composé de bénévoles comme moi-même. Nous avons la chance de pouvoir bénéficier du soutien de M. Fred Pollett, qui nous a largement aidés dans l'établissement de nos orientations stratégiques. Le travail de M. Pollett est à la base de cette réorganisation. Nous avons étudié toute une série de possibilités pour accroître et entretenir le dialogue, et il nous a aidés le long du chemin.

Lors de la conférence de mai, «Durabilité des forêts—Par delà l'an 2000», nous lancerons cette nouvelle organisation et nous commencerons à nous attaquer à certaines de ces questions plus particulières. Je crois qu'en tant qu'organisation nous sommes idéalement positionnés pour devenir au Canada le porte-parole de toute une variété d'organisations qui examinent les questions qui font l'objet de vos délibérations.

Merci beaucoup.

Le président: Avant de donner la parole à mes collègues, je dois dire que vous connaissez beaucoup mieux que moi ce domaine. En vous écoutant, je ne cessais de me demander: mais quelles organisations représente-t-elle? Vous avez terminé en disant qu'il y avait aujourd'hui toute une variété d'organisations. Pourriez- vous m'indiquer rapidement de quelles organisations il s'agit?

Mme Susan Gesner: Je n'ai peut-être pas été claire.

Le président: Non, vous avez été très claire—ce domaine est nouveau pour moi.

Mme Susan Gesner: Je ne me suis peut-être pas suffisamment bien expliquée.

L'Association forestière canadienne ne représente pas nécessairement des organisations; nous représentons des intérêts. Pour faire simple, disons que nous aimerions parler au nom de la forêt, donner une voix à la forêt. En conséquence, s'il y a des questions de gestion forestière ou d'éducation forestière dans nos écoles qui vous intéressent, nous pouvons être le groupe susceptible de vous aider à répondre à certaines de ces questions.

Comme je l'ai dit tout à l'heure, au départ nous étions une fédération d'organisations provinciales. Dans chaque province il y avait, dans les années 50, des associations forestières provinciales régionales: l'Association forestière de l'Alberta, l'Association forestière de l'Ontario, l'Association forestière de la Nouvelle-Écosse et l'Association forestière canadienne du Nouveau-Brunswick. C'était des organisations très fortes et très puissantes qui s'intéressaient aux questions particulières à leur province.

Actuellement, certaines de ces associations forestières se portent fort bien alors que d'autres ne se portent pas aussi bien. En tant qu'organisation nationale, nous avons décidé de faire un pas en arrière et de centraliser nos efforts pour dialoguer avec et au nom des secteurs privés qui ont des intérêts forestiers, et non pas forcément une variété d'organisations.

Est-ce que c'est un peu plus clair?

• 1125

Le président: Merci.

Monsieur Duncan.

M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Réf.): Merci beaucoup.

Votre site Internet indique que vous êtes un organisme de charité enregistré ne dépendant ni d'un gouvernement ni d'une industrie. Je suis de la Colombie-Britannique, et nous subissons actuellement une campagne menée dans la presse et à la télévision par Greenpeace et le Sierra Club. C'est une campagne d'au moins un million de dollars. Nous sommes tout particulièrement bombardés à la télévision. Ils ciblent la côte centrale de la Colombie- Britannique. C'est une campagne très politisée. Ils visent directement le nouveau premier ministre.

Greenpeace n'a pas le statut fédéral d'organisme de charité, mais le Sierra Club, lui, oui. Que pensez-vous de ce genre de campagne?

Mme Susan Gesner: Ma seule réponse, ce sont les prémisses de mon organisation. Je crois que nous sommes différents de groupes comme Greenpeace et le Sierra Club. Nous ne défendons pas une position ou un message sur les forêts. Nous ne disons pas que la certification est une bonne chose ou qu'il faut mettre un terme aux coupes à blanc.

Nous avons un rôle d'informateurs sur toutes ces questions, et par conséquent, effectivement, nous fournissons des informations sur les questions posées par le Sierra Club et Greenpeace à toutes sortes de publics, leur donnant la possibilité de prendre leurs propres décisions sur ces questions. En tant qu'organisation, nous ne sommes pas prêts à nous prononcer directement; nous sommes là seulement pour informer.

Le président: Monsieur Pollett.

M. Fred Pollett (expert-conseil, Association forestière canadienne): Comme vous le savez, Greenpeace est un groupe d'intérêts qui a son propre programme, que personne n'ignore, je crois.

L'AFC s'efforce de communiquer les meilleurs renseignements possible à des gens comme vous, au public, afin que vous puissiez tirer vos propres conclusions. En même temps, nous organisons des tribunes pour que les intéressés dont les positions divergent trouvent des solutions.

Dans le contexte de l'Accord canadien sur les forêts, qui a été signé par des organisations de la Colombie-Britannique et de tout le pays—des organisations environnementales—l'AFC essaie de trouver un terrain d'entente et un moyen de faire progresser un dialogue profitable à tous. Certains diront que notre but est le compromis, mais sur la base des meilleurs renseignements disponibles. Le problème quand on se bat contre un message, c'est de savoir qui est le messager.

L'AFC sous sa nouvelle formule représentera la population canadienne. En d'autres termes, c'est l'adhésion du public que nous recherchons. Nous croyons à la nécessité d'un magazine national, analogue à Canadian Geographic, sur les forêts du Canada. Nous croyons à la nécessité d'une fenêtre sur le monde par le biais de l'Internet. Veillons à ce que la population soit le mieux informée possible par nos scientifiques, mais que cette information émane, comme dans notre cas, d'une organisation qui ne défend pas directement les intérêts d'un gouvernement, d'une industrie ou des intérêts spéciaux.

Le président: Monsieur Duncan.

M. John Duncan: Selon votre site Internet, vous avez pour rôle, entre autres, de conseiller le gouvernement fédéral sur les questions de politique forestière. À l'évidence, un des problèmes de la politique forestière est que ces groupes—Greenpeace, Sierra Club et d'autres—font passer un message qui n'est pas vraiment contesté ni à la télévision ni dans la presse simplement parce que financièrement ils semblent avoir les reins beaucoup plus solides. Conseillez-vous au gouvernement de consacrer beaucoup de ressources à la contestation de ces messages, ici et outre-mer?

• 1130

M. Fred Pollett: Bien entendu, en tant que contribuable, je n'aime pas le gaspillage.

M. John Duncan: Ce n'est pas ainsi que je l'entendais.

M. Fred Pollett: Je sais ce que vous voulez dire. En d'autres termes, utiliser plus particulièrement ces ressources pour...

M. John Duncan: Cibler l'utilisation de ces ressources serait peut-être une meilleure expression.

M. Fred Pollett: Je crois que si nous voulons communiquer les meilleures informations... Vous avez certains des meilleurs scientifiques au Service canadien des forêts. Vous avez un centre d'excellence au conseil tripartite qui étudie la gestion durable des forêts. Vous avez le Programme de forêts modèles qui étudie de nouvelles méthodes de gestion. Il ne manque pas de voix pour se faire entendre. L'information ne manque pas. Je crois que ce qu'il faut maintenant, ce sont des ressources supplémentaires pour s'assurer que les détenteurs de ces informations aient la possibilité de les diffuser pour éduquer la population.

Au niveau des outils, il y a déjà le groupe international qui dépend du CCMF. Je suis certain qu'il fait passer d'excellents messages, une excellente information. Je crois également à la nécessité de voix extérieures à ce groupe pour parler des questions forestières.

Disons que vous êtes un parlementaire allemand et que vous voulez des renseignements sur la forêt canadienne et que vous trouvez une organisation indépendante qui essaie de maintenir son indépendance et d'offrir les meilleures informations qui soient. Si cette personne vient au Canada et que nous pouvons l'aider, nous serons heureux de le faire. C'est ce message que nous voulons communiquer. Chose certaine, il faut des ressources, oui.

M. John Duncan: Est-ce que l'AFC analyse le budget fédéral après qu'il est déposé, chaque année, et indique si elle est satisfaite ou déçue, ou quelque chose de ce genre? Procédez-vous à une telle étude?

Mme Susan Gesner: Nous n'avons rien fait de tel par le passé.

M. John Duncan: Est-ce une chose que vous comptez faire? On a beaucoup parlé de l'augmentation des crédits qui permettraient de régler ce problème. Je pense que le budget sera déposé aujourd'hui; il vous est donc loisible de le faire. Envisagez-vous de faire cela?

M. Fred Pollett: Sauf tout le respect que je dois à la présidente, l'AFC a étudié le budget par le passé afin de voir quels effets il aurait sur la foresterie, et elle a publié ses observations dans des périodiques qui montraient à... Par exemple, il y avait cette série appelée Forestry on the Hill, où nous examinions les problèmes en procédant à ce genre d'analyse, et le reste.

Nous avons étudié le budget lui-même par le passé, mais cette étude servait plus ou moins à des fins internes et nous permettait de voir comment nous pourrions en tirer parti ou en faire profiter notre organisation. Mais ce n'était pas dans le but de faire connaître notre analyse sur notre site Web ou quelque chose de ce genre, non.

M. John Duncan: Merci.

Le président: Monsieur St. Denis.

M. Brent St. Denis (Algoma—Manitoulin, Lib.): Merci, monsieur le président.

Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation. Je suis heureux de voir que votre organisation évite d'épouser une orientation ou un point de vue politique particulier, si l'on veut. Je songe ici aux questions que vous a posées M. Duncan sur les activités de Greenpeace et de son partenaire, le Sierra Club, sur la côte est ou en Colombie-Britannique.

Il me semble que l'un des dénominateurs communs qui permettraient de résoudre certains des problèmes que mentionne M. Duncan—et il s'agit en effet d'un problème qui nous concerne tous—et c'est la question de la certification. Je constate que l'une de vos principales missions a trait au développement durable de la forêt et à l'éducation dans ce domaine. Avez-vous pris part, d'une manière ou d'une autre, à des travaux relatifs à la certification forestière? J'ai d'autres questions à poser à ce sujet, mais, avant d'aller plus loin, j'aimerais savoir si vous avez pris part à cela.

• 1135

Mme Susan Gesner: Aux discussions concernant la certification forestière?

M. Brent St. Denis: Oui. Les pratiques d'aménagement forestier.

Mme Susan Gesner: Nous n'avons pas pris une part importante à ces discussions. Mais nous sommes au courant. Nous avons participé à diverses tables rondes. Nous n'avons pas de politique ou de position particulière en matière de certification.

M. Brent St. Denis: Pour ce qui est des représentants du Sierra Club qui se disent favorables à la certification, j'imagine que, de leur point de vue, ce serait une façon de satisfaire le consommateur qui exige certains genres de pratiques d'aménagement forestier. Ils ont fait à mon avis une observation intéressante lorsqu'ils ont dit qu'ils ne croyaient pas à l'intégration des divers systèmes de certification, et que ceux-ci devraient demeurer distincts: celui de l'ISO, du CSA, du FSC, et des autres qui peuvent exister.

Pour moi, il serait logique d'avoir un seul système de certification intégré afin d'éviter toute confusion. À mon avis, ce serait jouer le jeu des ONG que d'en avoir plusieurs et d'encourager ainsi la confusion, si je puis dire, par opposition à en avoir un seul avec lequel tout le monde serait d'accord. Je rêve peut-être, mais si nous finissions par en avoir un seul qui nous guiderait tous, ce serait bon pour toutes les forêts du monde.

Pensez-vous qu'il vaut mieux avoir une série de systèmes de certification distincts, ou s'il faut viser plutôt l'adoption d'un seul système intégré? Il me semble que si le développement durable est un objectif de votre organisation, vous devez avoir une opinion là-dessus.

M. Fred Pollett: Vous avez raison.

Ce que l'AFC ferait ici, ce serait définir le problème qui nécessiterait le consensus des divers intervenants, et nous verrions de là comment mettre au point une approche cohérente quelconque. Autrement dit, il n'est pas dit que nous préconiserions une seule approche. Mais nous y verrions un problème commun, étant donné qu'avec la certification, comme vous le dites, nous sommes maintenant en présence d'une question panaméricaine... Nous envisageons divers...

L'AFC s'interrogerait sur l'incidence de la certification et de ses processus. Elle ne peut remplacer une gestion durable des forêts, même si, à lire les documents en question, on penserait que la certification est une solution. La certification n'est qu'un instrument. Il ne faut pas la confondre avec autre chose. Il y a beaucoup de bonnes choses... mais il nous faudra quand même aller de l'avant.

Donc l'AFC pourrait y voir un problème pour ce qui est de la façon dont nous pouvons le mieux gérer les forêts du Canada et du monde entier, et dire que cette prolifération la préoccupe. Il se peut que nous nous interrogions sur la question de savoir quelle est la meilleure façon de maîtriser ce problème à l'avenir. C'est ce que nous ferions, et nous ne dirions pas qu'il faut avoir un seul système ou deux.

L'ISO a un avantage au niveau global, alors que le FSC présente un autre avantage dans d'autres domaines. Ce que nous essayons de dire, c'est que nous sommes au courant de problèmes comme ceux que posent le peuplement vieux, la coupe à blanc, et le reste. Nous ne les évitons pas, mais nous tâchons de trouver des solutions à ces problèmes sans dire que nous privilégions l'écologie ou l'industrie.

Mme Susan Gesner: J'aimerais seulement ajouter une petite chose.

J'ai parlé de la conférence intitulée «Durabilité des forêts—Par delà l'an 2000». Comme l'a dit M. Pollett, notre action consiste à nous saisir de ces problèmes et à susciter un dialogue autour d'eux. L'AFC peut servir de tribune à ce genre d'échanges. Par exemple, la conférence que nous contribuons à parrainer cette année nous permettra de discuter de ce genre de choses. Voyez le programme: vous allez voir que des discussions sur la certification sont prévues.

M. Brent St. Denis: Avez-vous d'autres dépliants comme celui- là?

Mme Susan Gesner: Oui, j'en ai.

M. Brent St. Denis: Merci.

[Français]

Le président: Monsieur Canuel.

M. René Canuel (Matapédia—Matane, BQ): Moi aussi, je suis fier que vous soyez ici. Vous vous êtes présentés en disant: «Nous sommes la voix de la forêt.» Au Québec, que je sache, votre voix n'est pas tellement forte.

• 1140

Mon collègue de Vancouver semblait dire qu'il n'y avait pas de problèmes forestiers dans sa région. Bien que je sois allé dans l'Ouest, je vous parlerai plus particulièrement du Québec, où il y a des problèmes. Le but d'une compagnie, et vous le savez mieux que moi, est de faire des profits. Elle se fout bien de l'aménagement et, lorsqu'elle fait de l'aménagement ou du reboisement, c'est parce la loi l'y oblige. Il n'y a pas beaucoup de compagnies qui, si elles ne recevaient pas de subventions ou si elles n'étaient pas aidées, feraient du reboisement. Vous le savez mieux que moi.

On ne dénonce pas beaucoup cette situation. Il y a une voix au Québec qui s'est fait entendre, et c'est celle de Richard Desjardins. Il a tourné un petit film dont tout le monde a parlé et dont on parle encore. Comme vous semblez ne pas prendre position sur A ou B, vous allez peut-être me dire qu'il va trop loin. C'est peut-être le cas. Richard Desjardins nous a toutefois sensibilisés à des erreurs incroyables que nous faisions en forêt. Chez nous, dans mon comté de Matapédia—Matane, il y a des fermes forestières. On peut dire que les fermes forestières sont, grosso modo, des endroits où l'on cultive la forêt, comme on peut cultiver un jardin, et où l'on trouve l'essentiel, c'est-à-dire la chasse, la pêche, des attraits touristiques et des érablières. Les gens qui exploitent un certain territoire sont capables de vivre décemment. Je vous invite à venir voir ces fermes dans la Mitis ou à Nicolas Rioux. Elles sont de toute beauté. Je ne comprends pas que votre association forestière ne fasse pas pression pour qu'il y ait des fermes forestières partout.

Lorsque le ministre était venu comparaître, son sous-ministre nous avait dit que l'enveloppe budgétaire consacrée aux fermes forestières et aux fermes modèles était déjà engagée pour les deux années à venir et qu'il ne savait pas si ce programme se poursuivrait. Si vous jugez que mon analyse est correcte, je crois que vous devriez défendre ce dossier et faire une propagande incroyable pour que le plus de gens possible puissent vivre de la forêt, pour que cette forêt puisse devenir un véritable jardin et pour que, dans 20, 30 ou 50 ans, nos forêts, au lieu d'être diminuées, puissent produire beaucoup plus et, surtout, s'accroître à long terme.

J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.

Le président: Merci, monsieur Canuel.

[Traduction]

Laissons maintenant l'interprète terminer pour que vous puissiez saisir tout le sens de la question...

Madame Gesner.

Mme Susan Gesner: Oui. Vous avez commencé par dire que notre voix ne se fait pas tellement entendre au Québec. J'ai dit plus tôt que notre association se composait autrefois de diverses associations forestières provinciales du Canada. L'Association forestière du Québec n'est plus un partenaire, étant donné qu'elle n'existe plus. Cependant, il y a diverses associations forestières régionales très organisées et très fortes au Québec, et l'une de ces associations régionales a un siège à notre conseil d'administration. Notre conseil entend donc une voix du Québec.

• 1145

Vous avez fort bien parlé de la capacité qu'ont les propriétaires québécois de petits boisés d'établir des terres sylvicoles, d'encourager la biodiversité de ces secteurs particuliers et d'y trouver un gagne-pain. Cela se fait, à mon avis, beaucoup plus souvent au Québec que dans certaines autres provinces. Mais vous avez dit ensuite que notre organisation pourrait peut-être exercer des pressions afin que l'on fasse mieux connaître ce concept des terres sylvicoles, et peut-être encourager un mouvement en ce sens. Vous avez dit que nous devrions exercer des pressions et parler de ce genre de choses.

Ce dernier élément est justement le rôle de notre organisation.

Nous pouvons relever dans vos propos une recommandation qui s'adresserait à notre organisation et qui nous amènerait à trouver des moyens de parler de ces choses-là. Nous avons trouvé des moyens de parler de la durabilité et de la certification à cette conférence. De toute évidence, il s'offre à nous d'autres possibilités de discuter de sylviculture et de biodiversité, et de fournir des tribunes et des véhicules pour en parler, étant donné que c'est notre rôle: parler de ces choses, fournir des informations et permettre aux gens de discuter de choses importantes. Nous pouvons faire cela.

J'ajouterai deux choses. En ce qui concerne votre circonscription, Matapédia, avant que je me joigne à l'Association forestière canadienne, je crois que c'était en 1991 ou 1992, la vallée de la Matapédia était la capitale de la foresterie au Canada. Nous sommes donc parfaitement au courant de la richesse des ressources que vous avez là-bas.

Le président: Il vient de marquer un point.

Mme Susan Gesner: Deuxièmement, et c'est peut-être très important, particulièrement en ce qui a trait à votre question, l'Association forestière canadienne collabore avec une organisation américaine appelée la Temperate Forest Foundation, dont le siège social est à Portland, en Oregon. La Temporate Forest Foundation invite les enseignants à participer plus activement à ce qui se fait dans le milieu forestier. L'an dernier, la Temporate Forest Foundation, en partenariat avec l'Association canadienne de l'industrie du bois et avec le soutien de notre propre organisation, a recruté des enseignants des États-Unis et du Canada et les a envoyés à Edmundston, au Nouveau-Brunswick. Ces enseignants ont pu rencontrer des responsables des usines, des gestionnaires forestiers, des responsables gouvernementaux et industriels, et en ont appris davantage sur ce qui se fait en milieu forestier, et particulièrement comment gérer la forêt et toutes les ressources qui s'y trouvent.

L'expérience sera répétée l'été prochain. Nous allons collaborer à l'identification des enseignants qui participeront à ces activités. Du Québec, l'an dernier, nous avions Josette Bérubé, du Témiscamingue, qui a participé au programme. Elle enseigne en ce moment à son école secondaire ce qu'elle a appris grâce à ce programme, et elle se sert des informations de l'Association forestière canadienne.

Nous sommes donc en mesure d'étudier une question comme celle-là, de réunir des gens influents, comme les enseignants, les députés fédéraux, et des étudiants, et de leur fournir des moyens d'apprendre et de dialoguer.

Le président: Merci.

Monsieur Bélair.

M. Réginald Bélair (Timmins—Baie-James, Lib.): Merci, monsieur le président.

Je vous remercie également pour votre témoignage.

Étant donné les répercussions et les ramifications internationales qu'a la gestion forestière, étant donné également que la surproduction de nos industries forestières est de plus en plus préoccupante au Canada, et même à l'échelle internationale, et étant donné que l'on pourrait manquer de fibre d'ici 15 ou 20 ans, que pensez-vous de la situation? Avez-vous participé à des commissions où l'on aurait redéfini ou élargi la notion de développement durable? Avez-vous participé à des discussions à ce sujet?

• 1150

Mme Susan Gesner: J'en reviens à notre rôle, et je dirai que notre organisation n'a pas pour rôle de prendre position ou d'avoir une opinion sur les questions que vous mentionnez.

M. Réginald Bélair: Vous n'avez pas d'opinion.

Mme Susan Gesner: Non. Nous allons fournir aux gens une tribune où ils pourront exprimer ces opinions. Encore là, c'est dit très clairement ici. Je prendrai un moment, si vous le voulez bien, pour parler des questions qui seraient soulevées ici. Il y a des programmes qui concernent la société et la conservation, où nous nous penchons sur des questions comme les politiques et les pratiques de gestion durable. On examine les motivations scientifiques du développement durable et de la foresterie durable. C'est dit en toutes lettres ici.

M. Réginald Bélair: Je pose ma question en partie parce que dans votre allocution liminaire vous avez mentionné fréquemment le développement durable, et, chose certaine, la gestion forestière s'inscrit dans le développement durable. J'ai fait état dans ma question des préoccupations relatives à un avenir assez proche, et je veux donc savoir ce que fait votre organisation pour encourager le développement durable au Canada afin d'améliorer notre image à l'échelle internationale, étant donné ce qu'ont fait les Greenpeace et Sierra Club du monde, le Parti vert en Allemagne et d'autres.

M. Fred Pollett: Par exemple, l'une des choses que nous aimerions faire—je le mentionne seulement à titre d'exemple—c'est créer, en nous servant de l'Internet, ce que nous appelons... Il y a des ressources colossales que nous n'exploitons pas. Par exemple, je pourrais vous parler des scientifiques qui font un travail formidable dans les régions boréales; ainsi, les gens peuvent maintenant travailler dans des régions où ils ne pouvaient pas travailler auparavant parce que les sols auraient été trop perturbés, alors que maintenant ils le peuvent grâce aux techniques d'exploitation prudentes qu'on a mises au point au Québec et dans le nord de l'Ontario. Il y a plusieurs bonnes idées que nous pouvons faire connaître ici.

Toutefois, je pense que la question générale de la gestion durable évolue selon la connaissance que nous en avons. Et nous nous efforçons de communiquer cette connaissance aux gens.

M. Réginald Bélair: C'est ce que j'ai dit.

M. Fred Pollett: Oui. C'est notre but, communiquer cette connaissance aux gens.

Maintenant, M. Duncan a mentionné les ressources qui interviennent... Dans le budget d'hier, on a dit que le Canada allait lier 1 000 musées à Internet afin de créer un musée virtuel. Toutes les écoles sont maintenant reliées par le Rescol. Il existe aussi le Réseau des Autochtones.

M. Réginald Bélair: Est-ce une initiative gouvernementale?

M. Fred Pollett: Les bibliothèques sont reliées. Il y a de bons fonctionnaires qui mettent ces réseaux en place.

Ce que je dis, c'est qu'il existe des tas de mécanismes qui servent à communiquer ces informations. Ce que nous aimerions faire, c'est nous en servir pour créer ce que nous appelons une grande tournée de la forêt canadienne, de telle sorte que, peu importe où vous vous trouveriez dans le monde, vous pourriez visiter le Canada, vous pourriez faire le tour du Canada, vous pourriez parler à des scientifiques, vous pourriez parler aux parlementaires, ou vous pourriez parler avec d'autres gens des informations les plus pointues qui existent. Ce que nous voulons faire, en nous servant de la technologie moderne, c'est communiquer ces informations aux gens de telle sorte qu'ils disposent des informations les plus pointues sur les pratiques d'aménagement forestier durable.

Pour ce qui est du rétrécissement des forêts, comme vous le savez, cela varie beaucoup d'une région à l'autre du pays, et tout dépend à qui vous parlez, des informations dont vous disposez, et le reste. Il est difficile de répondre à cette question dans le contexte de la durabilité. Voilà pourquoi nous voulons fournir une tribune aux experts. Nous allons publier les résultats de leurs discussions.

Le président: Merci beaucoup.

Monsieur Godin.

[Français]

M. Yvon Godin (Acadie—Bathurst, NPD): Je vous remercie d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. J'avais pensé vous poser certaines questions, mais je ne le ferai pas parce que, selon ce que j'ai pu comprendre depuis le début de cette séance, l'Association forestière canadienne joue principalement un rôle de médiateur. Vous nous avez dit que vous étiez les représentants de la forêt. Plus je vous entends nous en parler, plus je comprends que vous êtes davantage les représentants de tous les intervenants dans le domaine de la forêt, qu'il s'agisse de Greenpeace, du gouvernement ou de tout autre intervenant. Vous assumez un rôle de médiateur, qui consiste à rassembler autour d'une même table tous les intervenants afin qu'on trouve ensemble des solutions aux problèmes de la forêt.

• 1155

Lorsqu'on vous demande aujourd'hui votre opinion sur tel ou tel sujet, vous nous répondez, avec raison, que vous n'êtes pas en mesure de le faire parce que votre rôle consiste plutôt à rassembler les intervenants du milieu afin qu'ils puissent trouver des solutions. Voilà ce que j'ai pu comprendre de votre présentation.

Lorsque les membres du comités vous disent qu'ils aimeraient connaître votre position sur telle ou telle question, vous dites que vous ne pouvez répondre parce que cela ne correspond pas au rôle de l'Association forestière canadienne, qui agit davantage à titre d'expert-conseil ici, au Canada. Vous convoquez à une même table tous les groupes qui ne sont pas d'accord et les amenez à trouver des solutions. Ai-je bien compris?

[Traduction]

Mme Susan Gesner: Ce que j'essaie de dire, c'est que notre organisation a pour rôle de réunir les informations de toutes les organisations et d'encourager le dialogue.

M. Yvon Godin: Vous ne prenez donc pas position; vous ne faites que faciliter le dialogue. Vous réunissez les gens, et vous leur permettez de trouver une solution.

Le président: Monsieur Pollett.

M. Fred Pollett: Oui, c'est cela.

Cependant, si vous regardez les résultats des initiatives passées pour ce qui est des congrès où l'on a discuté de gestion des forêts et produit des stratégies d'exploitation forestière, ce que nous avons fait, c'est repousser sans cesse les limites du débat. Donc, oui, vous avez parfaitement raison, c'est notre but. Et ce n'est pas chose facile, comme vous le savez, de jouer un rôle comme celui-là, étant donné que nous n'avons pas le pouvoir de dire tout de suite: «Nous voulons votre soutien parce que nous nous efforçons d'informer les Canadiens et les citoyens du monde entier au sujet des forêts canadiennes.»

Le président: Je vous remercie.

Monsieur Keddy.

M. Gerald Keddy (South Shore, PC): Merci, monsieur le président.

Je remercie nos témoins.

Ayant écouté toutes les réponse que vous avez données, je crois comprendre que votre rôle se limite beaucoup plus à un processus de facilitation et d'éducation, mais j'ai quelques questions directes à vous poser.

Je pense que vous avez répondu dans une certaine mesure à la question concernant votre position sur la durabilité par rapport à la certification, qui est la question que Brent vous a posée, en fait. Je me demandais pour ma part en quoi consiste votre expérience de la foresterie.

M. Fred Pollett: Pour ce qui est de ma formation, je suis écologiste spécialiste des terres humides, mais j'ai géré des recherches en foresterie pendant plusieurs années, et j'étais autrefois directeur général de la recherche scientifique au Service canadien des forêts. Je dispose donc d'une formation scientifique étendue de ce côté. J'ai joué un rôle essentiel dans tout le processus d'articulation des critères et des indicateurs qui ont abouti au processus de certification, ainsi que dans la mise en oeuvre de forêts modèles dans tout le Canada.

Mme Susan Gesner: Comme M. Pollett, je ne viens pas directement du secteur forestier. J'ai un baccalauréat en biologie de la faune, et j'ai passé 17 ans au ministère des Ressources naturelles. J'ai également enseigné au secondaire, et mes études de deuxième cycle portaient sur l'articulation et la programmation de la politique éducative relativement à la gestion des ressources naturelles.

J'ai travaillé à titre de conseillère en foresterie pour le compte du ministère ontarien des Ressources naturelles. Au cours des cinq dernières années, j'ai collaboré à ce ministère à l'élaboration de la Loi sur la durabilité des forêts de la Couronne, et je suis en ce moment conseillère indépendante en éducation forestière.

M. Dave Lemkay (directeur général, Association forestière canadienne): Je n'ai pas de formation en foresterie, mais il y a 20 ans que je suis dans ce secteur, et je m'y suis intéressé parce que je suis fortement attaché au patrimoine forestier du Canada. Ma mère était de la famille Rochester d'Ottawa. Parmi les délégués à la conférence qu'a mentionnée M. Pollett, il y avait mon aïeul.

• 1200

M. Gerald Keddy: Je ne voulais pas insinuer qu'il faut avoir une formation en foresterie. Je tenais seulement beaucoup à savoir si c'était le cas pour vous.

Le président: Nous savons que vous n'avez aucune formation dans ce domaine, Gerald. Autrement, vous auriez supplanté le président, et cela n'aurait pas été une bonne chose.

M. Dave Lemkay: Si vous le permettez, monsieur le président, au sujet des principales activités de l'association, il a été dit à maintes reprises que nous réunissons et diffusons des informations. Le but de tout cela, bien sûr, c'est d'avoir des informations solides et de disposer de tous les faits connus, de telle sorte que les décideurs aux divers paliers de gouvernement et dans la société puissent recevoir ces informations.

L'une de nos grandes initiatives est la création d'une trousse de l'enseignant. Cela n'est pas nécessairement lié à la prise de décisions, mais, comme vous le savez, certains tenants d'aspects particuliers de la foresterie ou de l'écologie sont certainement présents au niveau scolaire. Nous croyons qu'il est important de communiquer aux écoles des informations solides, neutres et objectives.

Nous gérons en ce moment la distribution d'une trousse de l'enseignant dans tout le Canada. Nous y travaillons en ce moment d'arrache-pied afin qu'elle soit prête pour la Semaine de l'arbre et de la forêt qui aura lieu en mai. Il s'agit essentiellement d'un regroupement d'activités clé en main dont les enseignants peuvent se servir aux niveaux primaire et secondaire pour faire vivre à leurs étudiants une série d'activités concrètes, de telle sorte que les étudiants pourront juger par eux-mêmes. Ainsi, s'ils sont bombardés d'informations qui leur viennent peut-être de campagnes disposant de moyens considérables, ils seront en mesure de juger par eux-mêmes.

M. Gerald Keddy: Je veux m'attarder à quelques éléments. Chose certaine, l'aspect éducatif est un élément important de ma question.

Je viens moi aussi de l'industrie forestière, et j'ai parlé à maintes reprises dans des salles de classe et dans des écoles. Je pense qu'une partie du problème tient au fait qu'il existe au Canada un fossé entre le secteur urbain et le secteur rural, fossé dont nous sommes tous parfaitement conscients, et il existe un vrai malentendu au sujet de la viabilité à long terme des forêts. J'ai vu, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'industrie, que les gens s'inquiètent quand on commence à couper des arbres.

Pour ceux d'entre nous qui coupent des arbres depuis des générations, depuis quelques centaines d'années, il est difficile de convaincre les gens que vous pouvez en fait... Pour eux, une centaine d'acres coupées à blanc, et non pas 10 000 ou 100 000 acres, c'est une coupe à blanc sauvage.

Il y a une foule de choses que les forestiers et les gens de l'industrie peuvent faire pour améliorer leurs rapports avec le grand public, mais il est difficile de le convaincre que vous pouvez couper ces forêts. Ce que j'ai fait personnellement—et je tiens à le dire—c'est amener des gens dans des zones coupées à blanc depuis 20 ans. Vous savez, une zone d'où les souches ont disparu. Il n'y a pas eu de reboisement; on ne pratique que la régénération en Nouvelle-Écosse. Je dis aux gens: écoutez, voici une zone qui a été coupée à blanc. Voici la diversité qui existe. Voici ce qui revient. Les peupliers vont mourir, d'autres espèces vont mourir, et vous allez retrouver la forêt acadienne originale. Dans d'autres régions, vous allez vous retrouver avec des espèces dont vous ne voulez pas—des érables, des épinettes blanches, etc.

Mais comment y arriver? Comment arriver à faire suffisamment sortir d'enfants de leur salle de classe et à les convaincre en leur montrant des exemples pratiques? Parce que je ne pense pas qu'on puisse y arriver en montrant des images ou en lisant des livres.

Mme Susan Gesner: Permettez-moi de répondre tout particulièrement à propos de la Nouvelle-Écosse. C'est ma province; je connais donc bien le problème.

M. Gerald Keddy: Très bien. Vous me semblez déjà plus sympathique.

M. Fred Pollett: Le grand-père de cette dame est l'inventeur du kérosène.

C'était votre grand-père?

Mme Susan Gesner: Mon arrière-grand-père.

En Nouvelle-Écosse en particulier, l'Association forestière canadienne travaille sur... Notre programme de protection de la faune vise les entrepreneurs, les petites scieries, les forêts privées, le nouveau groupe de techniciens de la forêt qui vient de se constituer en Nouvelle-Écosse, tous les exploitants forestiers susceptibles de modifier le paysage par leurs activités.

L'Association forestière de la Nouvelle-Écosse organise un atelier de formation à l'intention de ces exploitants sur les avantages d'une exploitation judicieusement et soigneusement planifiée de la forêt. Parmi les participants à cet atelier en Nouvelle-Écosse, on compte aujourd'hui Bowater Mersey, Stora Enso, Kimberly-Clark, le groupe des nouveaux techniciens, le ministère des Ressources naturelles de la Nouvelle-Écosse, Nova Forest Alliance et les enseignants du Cap-Breton, de Middle Sackville, de Bedford, de HRM et de toute la province.

• 1205

Ce programme réunit tous ces secteurs—non pas des organisations, mais des représentants de ces secteurs—pour leur faire saisir les impacts, bons ou mauvais, de l'exploitation forestière. Après avoir participé à cet atelier, ces techniciens de la forêt peuvent aider les forestiers et les autres exploitants, les enseignants peuvent transmettre ce qu'ils ont appris à leurs élèves, etc.

Au niveau national, le programme de protection de la faune de la Nouvelle-Écosse destiné aux forestiers (Logging for Wildlife) est le reflet des nouvelles directives et de la nouvelle réglementation forestières énoncées par la province. Il existe un programme analogue au Nouveau-Brunswick. C'est le pendant de celui de la Nouvelle-Écosse; il est piloté par l'Association forestière canadienne du Nouveau-Brunswick, en partenariat avec un collège communautaire, et il porte sur les mêmes questions.

C'est la même chose en Ontario. Le programme de l'Ontario est piloté par l'Association forestière de l'Ontario. Ce sont les mêmes acteurs, et le même résultat. Et je pourrais continuer, car ce programme se retrouve dans un certain nombre d'autres provinces.

L'Association forestière canadienne réunit tous ces gens pour discuter de ces questions. Comme M. Duncan nous l'a rappelé, la partie de notre site Internet sur le développement durable indique que nous avons pour objectif de «promouvoir la compréhension, la coopération et l'exploitation durable et intelligente des forêts canadiennes et de leurs ressources». C'est notre prémisse de base. Nous offrons les tribunes permettant ce genre de discussions sur la gestion durable des forêts.

Le président: Merci beaucoup.

Juste avant de lever la séance, j'aimerais donner à M. Duncan la possibilité de poser une toute petite dernière question.

M. John Duncan: C'est une petite question, mais elle est en trois parties. Je promets d'être très bref si vous promettez d'être brefs aussi.

Premièrement, si vous organisez une conférence et qu'elle aboutit à une résolution, endossez-vous cette résolution? Oui, non ou peut-être?

M. Fred Pollett: Oui et non.

Mme Susan Gesner: C'est reparti.

M. Fred Pollett: Je vous enverrai une réponse, d'accord?

M. John Duncan: Deuxièmement, votre site Internet semble absolument passionnant. Cependant, ce n'est même pas mentionné sur votre site actuel. Quand prévoyez-vous de le faire?

M. Fred Pollett: Comme Susan vous l'a indiqué, nous venons tout juste de redevenir publics. Nous sommes en train de lancer une campagne d'appel de fonds. Il faut que nous trouvions des fonds, et ces fonds serviront à financer cette initiative en particulier. Nous espérons que si nous nous rencontrons de nouveau l'année prochaine, nous pourrons vous dire que nous sommes très avancés et en très bonne voie. La technologie existe, les connaissances existent; dont, si nous pouvons trouver les moyens nécessaires, les résultats seront là.

M. John Duncan: WC Squared organise déjà des randonnées forestières virtuelles. Nous avons du retard à rattraper.

M. Fred Pollett: Je sais.

M. John Duncan: Troisièmement, quelle est votre définition de «objectif» dans ce domaine? Est-il objectif de dire que nous devrions maintenir les superficies forestières qui existent aujourd'hui, ou devrions-nous augmenter ces superficies à l'échelle de la planète? Je vous engage à y réfléchir.

Le président: C'est une question pour la forme.

M. John Duncan: Dans un sens elle est pour la forme, mais...

Le président: Elle est néanmoins honnête.

M. John Duncan: Merci beaucoup.

Le président: Merci d'être venus témoigner. Vous avez peut- être remarqué que les parlementaires sont plus à l'aise pour traiter d'intérêts spécifiques et directionnels, mais nous avons trouvé votre témoignage et vos réponses fort instructifs. Merci d'être venus, d'où que vous soyez venus. Je suis heureux que pour la première fois en deux semaines notre réunion n'ait pas été interrompue.

M. John Duncan: Étant de l'opposition, j'aurais pu vous dire que nous ne serions pas interrompus. Vous ne me l'avez pas demandé.

Le président: Il ne s'agissait pas de l'opposition.

La séance est levée.