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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mercredi 20 novembre 1996

.1541

[Traduction]

Le président: Bonjour. La séance est ouverte.

Le Sous-comité sur le développement durable humain tient aujourd'hui une réunion particulièrement importante. En effet, nous nous penchons sur le problème du travail des enfants, et nous entendrons les témoignages de jeunes qui ont à peu près le même âge que ces enfants qui travaillent et sont exploités dans d'autres régions du monde.

Avant de commencer, je vous signale que les attachés de recherche m'ont informé que les caméras ne sont pas permises. Cette réunion est diffusée sur le canal parlementaire CPAC, si bien que vous aurez l'occasion de la voir plus tard. Par contre, si ceux et celles qui ont des appareils photo veulent circuler et photographier certaines des personnes qui se trouvent ici - je vois qu'aucun des membres n'est photographié - ils peuvent le faire. Merci beaucoup.

La sénatrice Pearson m'a rappelé qu'aujourd'hui est un jour important à plusieurs égards, particulièrement en ce qui a trait au travail des enfants. C'est l'anniversaire de l'adoption, en 1979, de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant. C'est également la Journée nationale de l'enfant. De plus, c'est le 20 novembre 1959 que l'Assemblée générale de l'ONU adoptait la Déclaration des droits de l'enfant. Notre réunion de cet après-midi est donc des plus pertinentes.

Je dois présenter des excuses à tous, y compris aux membres du sous-comité. Il semble que nous devrons voter dans quelques minutes. La cloche se fera entendre pendant une demi-heure avant le début du vote; je vais donc procéder immédiatement aux présentations, après quoi nous pourrons commencer à entendre les témoignages. La cloche n'a pas encore sonné, nous avons peut-être la chance de commencer à entendre certains des exposés. Les témoins sont-ils d'accord?

Les personnes qui témoigneront devant nous aujourd'hui sont Laura Hannant, d'Ottawa, membre de Free the Children; Kyle Connolly, membre lui aussi de Free the Children; Caitlin Smith et Jemima Day Cowan de Kids for Human Rights and Justice, et Émilie Bernier, de Jeunesse Canada Monde. Bienvenue.

J'aimerais que nous entendions d'abord Laura Hannant et Kyle Connolly, représentants de Free the Children, puis nous procéderons de gauche à droite. Ce que nous allons faire, c'est accorder à chacun de vous une dizaine de minutes pour nous présenter votre exposé, si c'est possible, et vous pourrez vous entendre sur la façon de partager ce temps. Je n'ai pas d'objection à ce que vous preniez un peu plus de temps si vous le désirez, pourvu que mes collègues soient d'accord - et je suis sûr qu'ils le sont. Lorsque nous aurons entendu tous les témoignages, il y aura une période de questions.

Sur ce, j'invite Laura Hannant ou Kyle Connolly à prendre la parole. Mademoiselle Hannant, qui veut commencer? Le microphone s'ouvre lorsque la lumière rouge s'allume, alors tout ce que vous direz à partir de maintenant sera entendu. Ne parlez pas trop vite, parce que ce que vous dites en français doit être traduit en anglais, et vice versa.

.1545

M. Kyle Connolly (membre de la section d'Ottawa, Free the Children): Je crois que je vais y aller d'abord.

Je m'appelle Kyle Connolly, et je suis membre de l'organisme Free the Children. Depuis plus d'un an déjà, Free the Children s'intéresse activement à la question du travail des enfants. Nous n'avons jamais cru qu'il s'agissait d'un problème simple. Nous n'avons jamais dit que des solutions simples régleraient le problème du travail des enfants.

Avant d'entreprendre son voyage en Asie, en novembre 1995 - il y a un an - Craig Kielburger s'est adressé à 2 000 délégués de la Fédération du travail de l'Ontario. Il leur a dit que lorsque nous, de Free the Children, parlons du travail des enfants:

Et lorsque Craig a parlé de solutions - je cite à nouveau un extrait de son discours de l'année dernière - il a dit:

Est-ce une solution facile? Je ne le crois pas. C'est plutôt une approche à plusieurs volets. Le mois dernier, en Saskatchewan, j'ai prononcé un discours devant les 800 participants à un congrès. Je suis jeune, il est vrai, mais je sais aussi que le travail des enfants est un problème complexe - et c'est ce que j'ai dit à ces 800 délégués.

Ce mois-ci, l'Organisation internationale du travail a publié un rapport où on apprend que:

En mai 1995, Carol Bellamy, directeur général de l'UNICEF au siège social des Nations unies à New York, a fait parvenir à tous les bureaux de l'UNICEF du monde une note les informant de la nouvelle politique d'achat de l'UNICEF. Elle y décrivait que conformément aux principes exprimés dans la Convention relative aux droits de l'enfant, l'UNICEF:

.1550

Nous, les jeunes du monde, avons pris position. Nous clamons notre opinion sur toute la planète. Free the Children a été invitée à Hong Kong, au Zimbabwe, au Maroc, en Afrique du Sud, en Irlande, au Brésil, en Argentine et en Allemagne où on lui a demandé d'aider à rassembler les enfants du monde afin de lutter pour les droits des enfants. La semaine prochaine, Laura s'envolera vers la Suède où elle s'adressera à des groupes d'enfants dans les écoles.

Les enfants ont des droits. Ils ont le droit de fréquenter l'école, le droit d'être protégés contre les abus et l'exploitation, le droit de s'exprimer et de se faire entendre. Tous les enfants ont ces droits, peu importe le pays où ils vivent, peu importe qu'ils soient riches ou pauvres.

Ce n'est que lorsque tous les gouvernements de la Terre s'opposeront au travail des enfants que la situation changera. Tout est affaire de volonté politique. Vous êtes les politiques. Nous vous demandons à vous, représentants du gouvernement canadien, d'adopter une position ferme contre le travail des enfants. Je crois que chacun de nous doit se sentir personnellement responsable de l'état du monde dans lequel nous vivons, et passer de la parole aux actes. Si nous unissons nos efforts, nous ferons véritablement une différence. S'il vous plaît, embrassez notre cause.

Merci beaucoup.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Connolly.

Mademoiselle Hannant, voulez-vous ajouter quelque chose?

Mme Laura Hannant (membre de la section d'Ottawa, Free the Children): Bonjour et merci de nous offrir cette occasion de nous adresser à vous. Je m'appelle Laura Hannant, j'ai 11 ans, et je suis en sixième année à l'école Vincent Massey. Je suis aussi membre de Free the Children.

[Français]

Bon après-midi. Merci de nous donner l'occasion de vous parler aujourd'hui. Je m'appelle Laura Hannant, j'ai 11 ans, je suis en sixième années à l'École Vincent Massey et je suis membre de Free the Children, à Ottawa.

[Traduction]

Je voudrais tout d'abord vous annoncer une nouvelle particulièrement agréable. Reebok International s'est rendu compte que dans une région du Pakistan, presque 20 p. 100 de ceux qui fabriquent les ballons de soccer sont des enfants. Reebok, l'un des plus grands manufacturiers au monde d'équipement de sport, a décidé de faire sa part pour remédier à cette situation. Hier, la société a annoncé que tous ses ballons de soccer porteront une étiquette avec la mention «Nous garantissons que cet article n'a pas été fabriqué par des enfants». À cette occasion, Reebok a également annoncé qu'elle offrirait son soutien aux programmes d'éducation et de formation professionnelle des enfants qui fabriquaient des ballons. Reebok, déjà l'une des plus grandes entreprises du monde dans le domaine de l'équipement de sport, devient ainsi un leader mondial pour l'élimination du travail des enfants. Grâce à l'information qu'ils trouveront sur ces nouvelles étiquettes, que Reebok a elle-même pris l'initiative d'apposer, les consommateurs seront à même de décider s'ils doivent ou non acheter le produit.

C'est ce genre d'exemple et de leadership que nous attendons du gouvernement du Canada, mais je voudrais également vous parler de Rugmark, un système d'étiquetage international identifiant les tapis qui ne sont pas fabriqués par des enfants. Je vous montre ici le premier tapis portant la marque «Rugmark» vendu au Canada. Je ne sais pas si vous voyez bien, mais ceci est le sceau indiquant que ce tapis n'est pas le fruit de la souffrance ni de l'exploitation d'enfants.

Il y a deux semaines, lors du lancement de Rugmark au Canada, Kerry Kennedy Cuomo, la fille de Robert Kennedy, a déclaré que Rugmark permet aux gens d'acheter des tapis magnifiques et de marcher sur ces tapis sans piétiner les rêves des enfants. C'est l'objectif de Rugmark: s'assurer que ces tapis ne sont pas fabriqués par des enfants de moins de 14 ans, parce que la triste réalité est que ces enfants sont traités comme de véritables esclaves, battus, mal nourris et forcés de travailler douze heures et plus par jour. Pour empêcher cela, Reebok a ouvert une école primaire dans l'Uttar Pradesh, en plein coeur de la région de l'Inde où sont fabriqués les tapis. Rugmark est déjà répandu en Europe et aux États-Unis, et reçoit l'appui de l'UNICEF. Le Canada a tardé à rendre Rugmark disponible.

Libérer les enfants ne signifie pas seulement les sortir des ateliers de misère. Nous venons en aide à un centre de réadaptation en Inde pour aider ces enfants à retrouver une vie normale. Nous participons également à un projet pour établir, dans des régions rurales de l'Inde, quatre écoles pour les travailleurs libérés de cet esclavage. Outre qu'ils y recevront une formation, les enfants seront nourris et on leur remettra du riz ou des céréales pour leurs familles. Nous espérons, grâce à ce genre de projet, aider les familles à rompre le cercle vicieux de la pauvreté et donner à leurs enfants une chance de s'en sortir.

Merci.

Le président: Merci beaucoup, mademoiselle Hannant.

Passons maintenant aux représentants de Kids for Human Rights and Justice, Jemima Day Cowan et Caitlin Smith. Qui sera la première à témoigner?

Mme Jemima Day Cowan (membre fondateur, Kids for Human Rights and Justice): Ce sera moi.

.1555

Le président: Excusez-moi, mademoiselle Cowan, mais avant que vous ne commenciez à témoigner, je vous mentionne que cette cloche annonce qu'il nous reste une demi-heure, alors nous pouvons vous écouter jusqu'à 16h15 environ. Nous pouvons sans doute entendre une grande partie de votre témoignage. Nous reviendrons ensuite et vous poserons des questions. Nous aurons le temps de réfléchir à ces questions, si bien qu'elles seront plus difficiles.

Mme Day Cowan: D'accord.

Pour l'instant, notre organisme est actif dans la région de Kitchener-Waterloo auprès d'élèves de septième, huitième et neuvième années. KHRJ essaie de sensibiliser ces jeunes aux questions des droits humains dans les pays en développement, plus particulièrement aux questions relatives aux droits des enfants et aux droits des femmes. Nous collaborons avec nombre d'ONG au Canada et à l'étranger, dont World Accord, la Fondation INSAN, le SAP Pakistan (Programme d'action sociale pakistanais) et le PADP (Programme d'aide au développement des Philippines).

On vous a parlé du travail des enfants - et les jeunes qui en ont parlé ont fait de l'excellent travail - mais nous voudrions vous parler un peu du militantisme des jeunes, comment notre mouvement a commencé, et comment on peut susciter le militantisme chez les enfants. J'aimerais commencer mon témoignage par une anecdote.

C'est l'histoire d'une jeune fille nommée Shahida. Elle avait 15 ans et travaillait comme domestique. Son père lui avait trouvé cet emploi et avait dit à Shahida qu'il recevrait directement son salaire. Il lui recommanda d'être prudente et l'avertit de ne pas accuser qui que ce soit de mauvaise conduite.

Après deux mois, l'un des employeurs de Shahida voulut avoir des relations sexuelles avec elle. Comme elle refusait, il la battit avec une ceinture et la viola. Pendant un mois, cette scène se répéta à de multiples reprises. Comme son père lui dit de ne pas accuser son employeur et refusa de lui venir en aide, Shahida s'enfuit. La police l'arrêta et la ramena à la maison où son père la battit et la renvoya chez son employeur où, pendant deux mois, elle fut battue et violée. Elle devint malade et ne put travailler. Elle souffrait de tuberculose, mais sa famille refusa de l'aider. Sa mère ne voulait rien faire car elle craignait de salir l'honneur de sa famille. Shahida est morte peu de temps après avoir raconté son histoire.

Que ressentez-vous en entendant ce récit? Moi, j'en suis malade, mais je veux aussi réagir, changer cette situation. Or, comment changer cette situation et d'autres situations semblables quand on est un enfant? Voilà ce dont je veux parler - comment susciter le militantisme chez les jeunes.

Ce récit et beaucoup d'autres sur le travail des enfants m'ont profondément touchée. Lorsque j'entends des histoires de ce genre, mon coeur s'ouvre à ces enfants - ces enfants avec qui je partage l'avenir.

C'est là la première étape de la création du militantisme chez les jeunes - l'intériorisation de la vie que mènent les autres. La volonté de changer les choses doit venir du coeur, et nous ne pouvons susciter cette motivation chez les autres qu'en faisant état de nos sentiments.

Mme Caitlin Smith (membre fondateur, Kids for Human Rights and Justice): Le deuxième élément du militantisme des jeunes est le soutien de leurs parents, de leurs pairs et de la collectivité. Avoir le soutien de nos pairs signifie qu'un groupe de personnes de la collectivité éprouvent des sentiments semblables aux nôtres. C'est voir nos idées acceptées et pouvoir exprimer nos opinions en toute liberté.

Pouvoir compter sur le soutien des parents et de la collectivité est aussi très important. Shahida ne pouvait compter ni sur ses parents, ni sur sa collectivité. Nous avons tous besoin d'un réseau d'entraide. Ce soutien peut provenir d'organismes, les jeunes peuvent le trouver à l'école où les enseignants et leurs amis les encouragent et les guident; ils peuvent travailler en collaboration avec les ONG, telle World Accord, qui offrent des ressources et des contacts, ou à d'autres organismes dans le monde: au Pakistan, la Fondation INSAN vient en aide aux enfants qui travaillent, à leurs parents, à leurs employeurs et à la collectivité; le PADP, qui oeuvre auprès des jeunes aux Philippines ou la Fondation CORDI, en Inde, qui offre des refuges aux femmes.

L'histoire que je vais vous raconter montre comment CORDI a appuyé la démarche de Jandevah et de ses deux enfants. Jandevah vivait à Madras, en Inde, avec son fils de 12 ans et sa fille de 13 ans. Les enfants allaient à l'école, mais leur père décida qu'ils devaient travailler. Jandevah ne voulait pas que les enfants travaillent, alors son mari la battit à de nombreuses reprises et menaça de la tuer si les enfants continuaient à fréquenter l'école.

La violence était depuis longtemps un problème dans cette famille, et l'insistance du père à faire travailler les enfants fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Jandevah se disait qu'ils seraient tous mieux morts que vifs si les enfants devaient aller travailler. Ils avaient décidé de mourir écrasés par un train. En chemin vers la voie ferrée, le fils de Jandevah aperçut une affiche qui changea leur vie: elle annonçait le refuge CORDI pour les femmes. Ils s'y rendirent en dernier ressort.

.1600

Les enfants sont maintenant de retour à l'école, et ils voudraient tous deux travailler à mettre fin à la violence envers les femmes. Ce récit illustre le troisième élément du militantisme chez les jeunes: l'éducation, la connaissance, la prise de conscience. Si ces enfants n'avaient pas connu CORDI, ils auraient eu une vie fort différente de celle qu'ils mènent aujourd'hui.

Mme Day Cowan: Motivation personnelle, soutien des pairs, de la collectivité et de la famille - on trouve facilement ces éléments à l'école. C'est le milieu où nous recevons l'appui de nos amis et de nos professeurs. Si les droits des enfants faisaient partie du programme d'études, le fait d'entendre les histoires d'autres enfants et d'échanger des lettres et des récits avec les enfants de pays en développement nous motiverait. Le volet éducatif couvrirait l'enseignement des droits des enfants et des complexités entourant le travail des enfants. Caitlin et moi avons eu la chance de recevoir ce genre de formation, ce qui n'est pas le cas de nombreux Canadiens.

Permettez-moi de m'arrêter à ce point. L'une des meilleures façons de joindre les enfants, c'est de passer par l'école: nous y passons tant d'heures chaque jour que c'est presque notre deuxième chez-nous. Un seul exposé ne changera pas grand-chose dans la vie des gens. L'intégration de ces sujets dans le programme d'enseignement au moyen de jeux de rôles, de discussions, de projections de vidéos et de jeux permet aux enfants d'apprendre tout en s'amusant - ce qui est, après tout, la façon dont les jeunes apprennent.

Le programme d'enseignement actuel est surtout axé sur le Canada. C'est fort bien, mais les problèmes ne connaissent pas les frontières. Pourquoi certains cours sont-ils centrés sur le Canada? Nous ne pouvons pas vivre isolés. Tous les enfants s'avancent vers le même avenir, et nos décisions ont des répercussions sur tout le monde.

Nous élaborons des cours qui pourront être intégrés au programme et que les enseignants pourront utiliser en classe.

Le travail des enfants ne peut pas être traité indépendamment de l'histoire, de la géographie ni des sciences, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Les échanges de lettres et la projection de vidéos ajoutent une note personnelle et ont un impact sur les jeunes qui voient des enfants comme eux dans des situations fort différentes de celles qu'ils connaissent. Si nous partageons ce programme avec d'autres pays, tous les enfants du monde apprendront leurs droits. Et de cette façon, les enfants du Canada et ceux d'autres pays apprendront aussi à connaître d'autres cultures.

[Français]

Les consommateurs devraient exercer des pressions sur les compagnies internationales, les gouvernements et les grandes organisations pour qu'ils trouvent des solutions aux problèmes et traitent mieux les travailleurs. Cela est plus important que les profits. Les consommateurs ont une voix très forte dans notre société. Nous pouvons aussi former des groupes pour promouvoir la sensibilisation publique. Une bonne connaissance du problème est nécessaire parce qu'autrement, on peut l'aggraver.

[Traduction]

Mme Smith: Il n'y a pas de solution simple, car le travail des enfants a des incidences sur un grand nombre d'autres questions. Les droits de la femme, les questions environnementales, le choix entre le commerce et le développement, les marchés financiers, la consommation et les bénéfices des grandes sociétés, voilà autant d'éléments de ce problème. Nombreux sont les Canadiens qui ne savent même pas en quoi consiste le travail des enfants. C'est là que le militantisme des jeunes intervient. La prise de conscience sera rapide si les enfants organisent des ateliers et des conférences. Mais, comme nous l'avons dit plus tôt, un seul exposé ne changera pas grand-chose dans la vie des gens.

Les discussions, les propositions et un réexamen de notre moralité et de nos valeurs sont des moyens essentiels pour éveiller la conscience. Il faut expliquer la situation dans toute sa complexité. Si on traite le travail des enfants comme s'il s'agissait d'un problème draconien, on obtiendra des réponses tout aussi draconiennes, ce qui risque de causer plus de tort que de bien aux enfants qui travaillent.

L'imposition de sanctions commerciales peut, de prime abord, sembler une bonne façon de s'assurer que les consommateurs canadiens n'encouragent pas le travail juvénile, mais en réalité, ces sanctions risquent simplement de repousser ce problème dans l'ombre. Et si les enfants sont simplement laissés à eux-mêmes, ils se retrouveront probablement dans des situations encore pires où toute réglementation est impossible: fabrication de briques ou prostitution.

Mme Day Cowan: Des approches qui ne traitent que la surface du problème font souvent plus de tort que de bien à ceux-là mêmes à qui on tente de venir en aide. Si seuls les deux premiers éléments du militantisme entrent en jeu, vous obtiendrez ce que nous appelons l'approche «sauvons les pauvres enfants». Une loi américaine, la loi Harkin, illustre bien le tort que peut causer cette ignorance. L'objectif de cette loi était fort louable, mais la seule menace de l'application de la loi a provoqué le congédiement de milliers d'enfants qui travaillaient dans des fabriques de vêtements. Une étude a suivi le cheminement de douze enfants qui avaient perdu leur emploi à l'usine de vêtements. Tous ont accepté des emplois dangereux et moins bien rémunérés, et certains d'entre eux qui fréquentaient l'école après le travail ont dû abandonner leurs études complètement.

Les jeunes Canadiens ne s'intéressent pas beaucoup à des questions comme le travail des enfants parce qu'ils n'en savent à peu près rien. Mais cette ignorance est tout aussi flagrante dans les pays du tiers monde où elle a des répercussions encore plus grandes sur la jeunesse et sur son avenir.

.1605

Mme Smith: Dans les pays en développement, l'école ne satisfait pas aux besoins des enfants parce qu'elle ne leur donne pas les diverses connaissances dont ils ont besoin pour se trouver un emploi et subvenir aux besoins de leur famille.

Il est aussi très important d'améliorer les écoles dans les pays en développement. Les écoles sont presque toutes surpeuplées, chaque enseignant a près de 150 élèves et le matériel fait cruellement défaut. Comment les professeurs peuvent-ils enseigner dans ces conditions? Les enfants sont souvent battus pour la moindre faute, et ils n'ont pas le sentiment de faire quoi que ce soit d'utile. Alors la plus légère pression exercée par leur famille ou par la collectivité les incite à abandonner l'école pour trouver du travail.

Souvent, on remet aux enfants une partie de leur salaire qu'ils peuvent utiliser pour acheter des choses qu'ils voient à la télévision. La consommation encourage le travail des enfants. Au cours d'une discussion récente, Mohammed Tahseen, de la Fondation INSAN, laissait entendre que près de 80 p. 100 des enfants pakistanais qui travaillent le font pour s'offrir des produits dont ils apprennent l'existence par les médias. Au Pakistan et ailleurs, des ONG s'efforcent d'éduquer ces enfants, souvent après leur travail.

L'éducation est également le meilleur point de départ auprès des adultes. Il y a entre autres, dans les pays en développement, un grand nombre de travailleurs terriblement maltraités qui ne connaissent pas leurs droits ou qui ont peur de les faire valoir. Par exemple, les travailleurs qui tentent de former un syndicat sont congédiés sur-le-champ, et ceux qui persévèrent sont souvent battus ou même tués.

Le Canada peut protéger ces travailleurs, leur apprendre leurs droits et leur montrer comment former un syndicat. Si les adultes reçoivent un salaire équitable, leurs familles sortiront de la pauvreté et leurs enfants n'auront pas à travailler.

Mme Day Cowan: Pour agir, il faut connaître et comprendre, et nous devons stimuler les imaginations, éveiller les consciences. Chacun de nos gestes doit avoir pour objectif à long terme le bien-être mondial. Inutile de réaliser des bénéfices si nous n'avons pas d'avenir pour les dépenser. Nous ne pouvons pas continuer indéfiniment sur cette lancée, car nos ressources seront épuisées avant que les adultes d'aujourd'hui n'aient pris leur retraite.

La meilleure solution serait d'éliminer la dette mondiale et la pauvreté. À mesure que la classe moyenne grandissante s'enrichirait parce que les familles n'auraient plus de dettes à payer, le travail des enfants deviendrait inutile, et les enfants pourraient aller à l'école. Les écoles s'amélioreraient aussi parce que les gouvernements auraient plus d'argent à consacrer à l'éducation. Si cela se produisait, ce serait la meilleure solution à long terme au problème du travail des enfants.

Mme Smith: L'éducation est la clé qui nous permettra de comprendre un grand nombre de problèmes mondiaux et notre avenir. C'est faire preuve de courage que d'élaborer un programme d'études pour communiquer une connaissance qui, par la suite, suscitera le militantisme chez les jeunes. Nos échanges avec les jeunes et avec des organismes dans les pays en développement nous ont montré que nous pouvons nous entraider et collaborer à l'élaboration de ce programme d'études.

Repensons un instant à nos deux récits: l'un s'est terminé de façon tragique parce que Shahida n'avait personne vers qui se tourner. Le deuxième a connu un dénouement beaucoup plus heureux grâce à l'intervention de la Fondation CORDI.

Je le répète, les trois éléments du militantisme chez les jeunes sont la motivation intérieure, un réseau d'entraide et la connaissance. Le potentiel de motivation et d'entraide existe, il n'y manque que la connaissance.

Mme Day Cowan: Imaginez que vous étudiez le problème du travail des enfants à travers un télescope. Vous voyez tous les aspects du problème - le travail, une forme d'esclavage, la prostitution ou les fabriques de tapis - de façon très détaillée, mais vous n'avez pas de vision d'ensemble, les autres aspects du problème étant cachés par le télescope.

Maintenant, débarrassez-vous du télescope et remplacez-le par une loupe. Une loupe permet de concentrer le regard sur une situation, mais ne cache rien de ce qui l'entoure. Il est donc plus facile de comprendre les causes complexes du problème du travail des enfants et les méthodes qui le font perdurer.

En le regardant ainsi, vous verrez que ce problème est intimement lié à nombre d'autres problèmes touchant les droits humains et l'environnement, dont la violence envers les femmes et les enfants et la pollution.

Notre organisme étudie à la loupe tous les droits humains, et cherche des solutions à long terme plutôt que des solutions improvisées et à court terme.

Rappelez-vous: si vous donnez un poisson à quelqu'un, il mangera aujourd'hui, mais si vous lui enseignez à pêcher, il mangera tous les jours. Pour enseigner à quelqu'un à pêcher, il faut de la motivation, du soutien, et une connaissance de la pêche: les trois éléments du militantisme chez les jeunes. C'est dans cette philosophie que le courage puise sa force.

.1610

Nous ne nous intéressons donc pas uniquement au travail des enfants. Nous avons aussi une assez bonne compréhension des problèmes qui l'entourent.

Le président: Merci beaucoup, mesdemoiselles Cowan et Smith.

Maintenant, mademoiselle Bernier.

Mme Émilie Bernier (représentante, Jeunesse Canada Monde): Êtes-vous certains d'avoir le temps? Vous pouvez allez voter et je témoignerai plus tard. Je n'ai pas d'objection.

Le président: Non. Vous disposez d'environ dix minutes.

Mme Bernier: Notre exposé dure au moins dix minutes.

Le président: Dans ce cas-là, je pense qu'il serait préférable de le reporter à plus tard.

Le comité s'ajourne temporairement.

.1612

.1650

Le président: Nous voici de retour pour le dernier exposé.

[Français]

Madame Bernier, commencez, s'il vous plaît.

Mme Bernier: Je m'appelle Émilie Bernier et je suis ici à titre d'ancienne participante du programme Jeunesse Canada Monde et aussi à titre de voyageuse dans divers pays en voie de développement.

Ce dont je vais vous parler sera basé sur des connaissances très empiriques. Ce sont des expériences que j'ai vécues, des gens que j'ai rencontrés et aussi des données que j'ai recueillies de diverses sources d'information, dont des livres.

D'abord, je voudrais vous dire en quoi consiste le travail des enfants, le child labour, en vous lisant un extrait du livre Child Labour: A Guide to Project Design par Alec Fyfe. Ce ne sera pas très long.

[Traduction]

[Français]

Quant à savoir pourquoi les enfants travaillent, je vais vous lire un autre petit extrait, qui est aussi en anglais. Excusez ma prononciation qui est peut-être un peu défaillante.

[Traduction]

[Français]

Je me suis demandé où on pouvait trouver l'exploitation des enfants et j'ai découvert, au cours de mes lectures, que ce n'est pas seulement dans les pays en voie de développement, mais aussi dans des pays industrialisés. Même aux États-Unis, il y a une vague de travail des enfants qui commence, qui est alarmante.

Que font les enfants qui travaillent? Cela peut aller du cirage de chaussures à la prostitution, en passant par la fabrication de tapis, la mendicité et moult autres activités.

L'importance de la lutte contre le travail chez les enfants: Il me semble que les raisons sont évidentes. C'est évident qu'un enfant qui commence à travailler à cinq, sept ou douze ans va être totalement transformé et bouleversé pour toute sa vie, parce qu'il va être envoyé dans un lit adulte beaucoup trop rapidement. Il va avoir des responsabilités, des charges d'adultes et perdra son enfance à mettre des craies dans des boîtes au lieu d'aller apprendre à l'école, ce qui lui permettrait d'avoir une meilleure vie plus tard.

De plus, ces enfants-là ne seront pas aptes à travailler sur le marché du travail plus tard parce qu'à 15 ans, ils seront malades, épuisés ou même morts.

Ces enfants-là ne sont même pas conscients de l'exploitation dont ils sont les victimes parce qu'ils ne connaissent rien d'autre. Ils ont été vendus par leur famille ou simplement... Les entrepreneurs viennent voir leur famille et disent: «On vous embauche pour quelques mois, on va vous former et, après cela, vous serez aptes à pratiquer un métier.» Mais ce n'est pas cela, la réalité. La réalité est que ces gens-là ne vont jamais sur le marché du travail. Ils restent toujours pris dans ces supposés ateliers d'apprentissage.

La situation est urgente parce qu'il y a actuellement plusieurs centaines de millions d'enfants qui travaillent dans les usines, les rues, les champs, même dans des familles.

.1655

J'aimerais maintenant vous montrer quelques images que j'ai prises au cours de mes voyages en pays en voie de développement. Ce ne sera pas très long.

Les photos que j'ai ici sont celles d'enfants que je connais, que j'ai rencontrés et avec qui j'ai eu des contacts assez privilégiés.

Je vais vous expliquer chaque photo tout en vous disant quelle sorte de travail font ces enfants et de quel pays ils sont originaires.

Cette première photo a trait au travail dit marginal. Les catégories que je vous cite me viennent d'une recherche faite par un étudiant de l'Université McGill dont je pourrai vous donner le nom si vous le voulez. Il s'agit d'enfants Aymara sur le lac Titicaca, au Pérou. Ces enfants servent de cobayes aux photographes. Cette petite fille vient de l'île du Soleil sur le même lac.

Donc, il s'agit d'enfants dont vous prenez les photos. Par la suite, ils vous demandent de l'argent, et l'argent va souvent à leurs parents parce que ce sont des gens très pauvres. Ces enfants-là ramassent de bouteilles dans la rue et dans des espaces entourant une ville qui s'appelle Sucre, en Bolivie. Cette photo-ci a été prise dans les mines de Potos.

Lorsque j'étais en Amérique du Sud, en Bolivie plus précisément, j'ai visité des mines, et un de nos guides était un enfant d'environ sept ans. Il faisait partie de ceux qu'on appelle les enfants-araignées. Cet enfant se faufilait dans toutes les petites cavernes pour voir si la route était sécuritaire pour nous. Il était envoyé pour sonder les escaliers bringuebalants pour voir si les passages étaient sécuritaires.

Cette petite fille a une histoire assez particulière. En Amérique du Sud, je travaillais dans un foyer pour personnes âgées et on donnait de la nourriture aux pauvres de la rue après le repas des personnes âgées. Cette petite fille, qui avait cinq ans, s'appelle Roberta. Elle venait tous les jours avec son père aveugle. Je la voyais aussi dans la ville en me promenant durant la journée. Elle ne faisait que quêter avec son père aveugle en le tenant par le bras. C'est évident que cette petite fille n'ira jamais à l'école et qu'elle vivra dans des conditions misérables toute sa vie.

Je passe au travail dit domestique. C'est un travail que les enfants font souvent pour venir en aide à leurs parents, sans vraiment être conscients du travail qu'ils font, sans savoir s'ils sont exploités ou non. En fait, ce qui fait le paradoxe du travail chez l'enfant, c'est toute cette subtilité culturelle. Les enfants des familles indiennes ont toujours porté l'eau avec leur famille. Ils ne vont pas à l'école parce qu'il faut qu'ils travaillent aux champs. Il est important de tenir compte de tout cela dans chaque intervention qui est faite dans ce domaine-là.

Celle-ci représente ma petite voisine. Je vivais dans un village qui s'appelle Newasa, en Inde, dans le Maharashtra. Cette petite fille n'allait pas à l'école parce qu'il fallait qu'elle s'occupe de son petit frère de deux ans pendant toute la journée parce que sa mère avait quatre ou cinq autres enfants et travaillait à l'extérieur de la maison en plus.

Donc, cette petite fille va se retrouver un peu comme cela. Un jour elle sera vendue pour aller travailler et elle sera mariée à un homme qui va sûrement l'exploiter, qui va la faire travailler du matin au soir, de 5 heures à 23 heures, sans aucun respect pour ses droits.

Voici encore la même petite fille. Les deux enfants qui sont devant elle fréquentaient l'école du village, où j'ai enseigné. Ce ne sont pas ses frère et soeur, mais des cousins éloignés.

.1700

Voici un groupe d'enfants. Dans les bras de plusieurs petites filles, il y a des enfants, comme la petite fille qui est dans le coin là-bas. Ce sont des enfants qui viennent d'un village très défavorisé, où les parents travaillent environ 12 heures par jour à la construction du village. C'est un village où il n'y a pas encore d'eau courante, ni de conditions sanitaires déjà établies. Donc, l'accent n'est pas mis sur les enfants, mais bien sur la construction du village.

Sur cette diapositive, vous avez un cas particulier. C'est ce qu'on pourrait appeler une activité non ménagère et non rémunérée. Beaucoup de ces cas sont liés à l'agriculture, comme dans le cas de cette petite fille du sud de l'Inde, de la région du Maharashtra, dont les parents sont des travailleurs nomades de l'industrie de la canne à sucre.

Ces gens-là voyagent de région en région afin de couper la canne à sucre quand la période est venue. Cette petite fille-là, en plus de travailler dans les champs pendant cinq à huit heures par jour, mendie dans le village de Newasa, où j'habitais. Il n'est pas question pour elle d'aller à l'école. Elle ne parle même pas la langue nationale. Elle parle un dialecte propre aux travailleurs de la canne à sucre.

Sur cette autre diapositive, vous la retrouvez avec sa famille. Là-bas, les familles sont très nombreuses. Si les enfants travaillent, ce n'est pas parce que leurs parents ne les aiment pas. C'est ce qui rend la chose tellement délicate.

On trouve aussi des enfants qui travaillent dans les marchés publics. Ici c'est le marché public de Newasa.

Il y a aussi les enfants qui travaillent pour l'entreprise familiale. La jeune fille que vous voyez sur cette diapositive a l'air d'avoir à peu près 20 ans ou un peu plus, mais elle n'a qu'environ 15 ans. Elle non plus n'ira jamais à l'école et n'aura aucune chance de sortir de son carcan culturel.

Il n'y a pas seulement des emplois non rémunérés et de l'abus par les industries. Il y a aussi des emplois rémunérés qu'occupent des jeunes femmes ou des jeunes hommes. C'est sur le site de construction d'une bibliothèque où on travaillait. On faisait un projet de bénévolat là-bas. Cette jeune femme avait environ 16 ans et elle avait déjà une petite fille de trois ans qui devait venir sur le site de construction pour se faire allaiter trois fois par jour. Elle était amenée par la cousine ou la soeur de la jeune mère.

Sur le site, il y avait aussi un petit garçon d'à peu près 13 ans qui travaillait avec nous à transporter des briques, à longueur de journée, sans jamais fréquenter l'école.

Pour contrer tous ces problèmes relatifs au travail chez les enfants, il n'y a pas vraiment de solution à court terme, mais il y a déjà des projets qui sont en marche en Inde, en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique, un petit peu partout, des projets qui sont très expérimentaux, qui sont encore à l'état embryonnaire mais qui déjà donnent des résultats.

Sur cette diapositive, vous voyez une école pour des jeunes filles de la rue, des jeunes filles dont les parents n'ont pas les moyens de les envoyer à l'école payante. L'école a été fondée par un homme qu'on voit ici, dans le coin droit. Ces jeunes filles-là sont nourries, vêtues et éduquées dans un système scolaire gratuit. Il y a aussi beaucoup de projets expérimentaux comme des cours de couture pour des jeunes filles sans emploi ou pauvres et des cours d'électricité pour des jeunes garçons de la rue.

.1705

De tels projets sont toujours à favoriser. Il faut toujours être bien conscient du respect de la culture et aller au-delà du simple fait que l'enfant travaille. Il faut être conscient que l'argent que cet enfant gagne en travaillant nourrit souvent la famille, la soeur. Cela qui dépasse la simple question de l'enfant au travail.

Ici, nous avons des enfants orphelins d'Amérique du Sud. C'est un autre exemple de projet qui conduit à l'abolition du travail chez l'enfant. Ces enfants seront élevés à l'orphelinat jusqu'à 16 ans; ensuite, ils seront surveillés. Ils seront envoyés dans les villes où ils auront de meilleures conditions de travail et un logement fourni. On réintégrera les enfants à la société, si je peux m'exprimer ainsi, au lieu de les laisser traîner dans la rue à la merci de tous les exploitants, comme au Brésil, par exemple, où les enfants de la rue, en plus d'être exploités par les vendeurs de drogue, etc., sont souvent assassinés parce qu'ils sont considérés comme des témoins gênants pour plusieurs des gros trafiquants brésiliens.

Il y a des solutions comme les orphelinats, les écoles, les cours de formation et aussi le renforcement de l'inspection sur les sites de travail, que ce soit dans les usines de textile ou dans les fabriques de tapis, dans toutes les industries à petite ou grande échelle. À mon avis, une des plus importantes solutions pour lutter contre le travail des enfants, c'est la sensibilisation.

J'ai demandé à Mme la greffière de faire circuler un livre de photographies d'enfants qui travaillent dans des pays en voie de développement. Si vous voulez y jeter un coup d'oeil, c'est extrêmement intéressant. C'est le genre de livre que les gens devraient voir afin d'être sensibilités au travail chez l'enfant.

Il n'existe pas de façon d'enrayer le drame du travail chez les enfants à très court terme. Cette lutte passe par l'éducation de ces enfants, par le renforcement de l'inspection sur les lieux de travail, par l'implication des syndicats dans la lutte contre le travail des enfants et surtout par une sensibilisation à l'échelle mondiale, c'est-à-dire dans les pays occidentaux et dans les pays dits en voie de développement.

Quand chaque personne saura que le petit sachet d'encens qu'elle achète au magasin chic d'importations exotiques du coin de la rue pour offrir un cadeau ou pour satisfaire les odorats raffinés a été fait par un enfant accroupi dans une petite pièce à peine éclairée, dans des conditions sanitaires pitoyables, dans la poussière, pour la modique somme de quatre roupies par 1 000 bâtonnets d'encens - quatre roupies c'est 0,25$, et 1 000 bâtonnets d'encens représentent au moins trois heures de travail sans arrêt - , ce sera la première étape vers l'abolition du travail des enfants.

Il est certain que conscience et action ne sont pas nécessairement synonymes. Il est certain que ce n'est pas parce que vous êtes au courant que le sachet d'encens que vous achetez est le fruit du travail de l'enfant et le fruit de l'exploitation du travail chez l'enfant que le problème sera réglé, mais au moins, votre conscience vous amènera à y réfléchir et peut-être à poser des gestes concrets.

.1710

Il n'y a pas de solution facile, mais il faut tout mettre en oeuvre pour redonner à ces enfants leur enfance. Merci.

Le président: Merci, madame Bernier. C'était très valable. Nous avons cinq minutes.

Madame Debien.

Mme Debien (Laval-Est): Je voudrais d'abord remercier les gens d'avoir accepté de participer aux travaux de notre comité. Mme Day Cowan et Mme Smith ont dit qu'il fallait remplir un certain nombre de conditions pour devenir un militant des droits des enfants, entre autres que ce désir d'action et d'engagement devait venir du coeur. Vous n'avez pas à douter de l'émotion que les membres du comité et les députés ressentent face aux préoccupations que vous venez de soulever.

Vous avez dit qu'il fallait le soutien des parents et parlé de l'importance d'un réseau. Vous avez aussi dit qu'il y avait un travail d'information, de sensibilisation à faire dans les écoles. Mme Bernier a parlé d'une sensibilisation au niveau mondial. Vous avez aujourd'hui sensibilisé les députés à vos préoccupations. Je vous incite fortement à continuer à le faire.

Kyle a porté un jugement assez sévère sur la position du Canada. Je pense que Laura ou lui a dit que le Canada n'avait pas de position ferme et que certains porte-parole auraient même dit que le travail était un mal nécessaire. Si c'est la position du Canada, je m'en dissocie totalement. Vous avez émis cette opinion, je n'ai pas à vous demander de la confronter et je ne veux pas non plus que vous me donniez des sources.

Compte tenu de tout ce que vous nous avez dit, de vos préoccupations et surtout de la solution à long terme dont vous avez parlé, soit l'élimination de la pauvreté, je voudrais savoir ce que vous attendez entre-temps du gouvernement canadien. On ne peut pas parler d'élimination de la pauvreté tout de suite, malgré les efforts du gouvernement canadien et du Québec en ce sens-là. Êtes-vous capables de me donner des exemples concrets de ce que le gouvernement canadien devrait faire demain matin ou la semaine prochaine et qui aiderait le travail des députés? Ce seront des solutions partielles, bien sûr, mais qui aideront à régler éventuellement le problème de façon plus large.

[Traduction]

Le président: Le bureau du whip vient tout juste de nous aviser qu'il nous faut retourner pour voter.

Monsieur Connolly, vous aurez beaucoup de temps pour réfléchir à cette question. Si vous n'avez rien compris parce que le micro ne fonctionnait pas, peut-être d'autres ont-ils entendu et peuvent vous expliquer. À notre retour, nous vous donnerons la chance de répondre à la question. C'est comme si on était à l'émission Jeopardy, n'est-ce pas?

Nous serons de retour dès que nous aurons voté. La sénatrice Pearson voudra peut-être poser quelques questions informelles en notre absence. Elle ne peut pas participer au vote avec nous.

.1713

.1747

Le président: Je déclare à nouveau la séance ouverte et je tiens à m'excuser pour le retard que nous accumulons cet après-midi. Nous avons dû voter sur plusieurs projets de loi, et nous venons tout juste d'en finir avec le dernier, du moins je l'espère, de sorte que nous ne serons plus interrompus.

Nous avons eu beaucoup de temps pour penser aux questions que nous voulons vous poser, et nous vous remercions de votre patience. Certains nous ont accusés d'abuser d'enfants de 11 ans en vous faisant attendre si longtemps, mais je m'excuse vraiment pour ce retard.

M. Telegdi (Waterloo): Un rappel au Règlement, monsieur le président.

Compte tenu du caractère délicat de la question à l'étude, si nous continuons d'entendre le témoignage de ces jeunes, peut-être pourriez-vous commander quelques sandwiches, sinon on va nous accuser d'affamer nos témoins. Ils étaient là avant 15h30, et je pense qu'ils seront probablement avec nous encore une heure.

Le président: Je ne connais pas très bien le Règlement de la Chambre concernant les commandes de nourriture; peut-être le greffier pourrait-il éclairer ma lanterne. Nous allons voir ce que nous pouvons faire.

J'ai remarqué qu'il y avait des plateaux de sandwiches à l'extérieur pour les pages. J'ai essayé d'en prendre un, mais on m'en a empêché. Il y a ici un page qui a le droit de saisir un plateau de sandwiches. Je laisse donc cette question en suspens.

Lorsque nous sommes partis, je crois que Mme Debien posait une question à M. Connolly au sujet de son rapport. Monsieur Connolly, avez-vous eu la chance de...?

M. Connolly: Nous avons échangé quelques mots, et nous ne sommes vraiment pas prêts à répondre à cette question pour l'instant. Nous vous fournirons probablement une réponse un peu plus tard, une fois que l'organisation en aura discuté un peu.

.1750

Le président: Mademoiselle Smith.

Mme Smith: Nous avons quelques suggestions à vous faire.

Le président: Certainement.

Mme Day Cowan: Nous nous sommes dits que l'on pourrait peut-être affecter certains crédits à l'information des femmes, parce que lorsque les femmes sont informées, la vie est beaucoup plus facile pour l'ensemble de la collectivité, et cela permet aux enfants de se sortir de la pauvreté; en outre, on pourrait établir certaines récompenses, peut-être un petit allégement fiscal pour les entreprises qui peuvent prouver qu'elles versent à leurs employés un salaire équitable, suffisant pour faire vivre leur famille.

Le président: Merci.

Mademoiselle Smith, voulez-vous ajouter quelque chose?

Mme Smith: Non.

Le président: Mademoiselle Bernier.

[Français]

Mme Bernier: Cela passe par des investissements monétaires dans les pays en voie de développement au niveau de l'éducation des femmes et à celui des écoles. À mon avis, il faut aller chercher une certaine partie de cet argent chez les gens qui exploitent les enfants, qui sont considérés comme tels ou dont on a prouvé qu'ils étaient des exploitants d'enfants. On parlait tout à l'heure de la compagnie Reebok qui engageait des enfants. L'argent qu'elle a fait aux dépens de ces enfants a profité à la compagnie.

Pourquoi ne pas imposer une amende à cette compagnie, bien qu'elle ait fait des pas vers le progrès et qu'elle ait admis sa faute? Il y a de l'argent à faire de ce côté-là pour bâtir des projets comme ceux qui sont conseillés dans le livre que je vous ai montré tout à l'heure, des projets d'éducation des enfants, etc. Même ici, au Canada ou au Québec, il faut faire de la conscientisation dans les écoles, donner plus d'appui aux programmes comme Jeunesse Canada Monde qui sensibilisent les jeunes et les poussent à poser des actions comme celle que je pose ici en venant vous parler. En investissant dans des projets de développement, on investit contre la pauvreté dans le Tiers monde et aussi contre les abus faits par le Nord vis-à-vis du Sud.

Le président: Merci.

Madame Gaffney.

[Traduction]

Mme Gaffney (Nepean): Merci beaucoup, monsieur le président.

Je veux moi aussi vous remercier de comparaître devant notre comité. Il faut parfois du courage pour se présenter devant des gens qui vont vous poser des questions, plus particulièrement des députés. Je tiens également à vous remercier d'avoir endossé cette cause et de militer en faveur du bien-être des enfants dans le monde.

Vous serez peut-être étonnés d'apprendre que je suis moi-même un défenseur des droits de la personne depuis que j'ai probablement votre âge, Laura et Kyle. Je m'intéresse beaucoup à l'amélioration du sort des gens dans le monde. Comme Émilie, j'ai visité des pays, plus particulièrement lors d'expéditions relatives aux droits de la personne au Salvador et au Guatemala.

De fait, j'étais à la frontière du Mexique et du Guatemala en présence de l'ambassadrice canadienne lorsque les autochtones ont finalement été libérés des camps de réfugiés. Toute une expérience en soi!

J'ai visité certains pays d'Afrique, j'ai été témoin de la pauvreté dans le monde, et encore une fois, j'ai participé à une expédition liée aux droits de la personne au Sri Lanka.

Je vous le dis pour que vous sachiez que tous les députés ne sont pas insensibles à cette cause. Manifestement, ce n'est pas le cas du premier ministre non plus, sinon il n'aurait pas créé notre comité; il en va de même du ministre des Affaires étrangères. C'est la raison pour laquelle nous sommes ici, pour entendre des gens comme vous.

Prenez la sénatrice Landon Pearson qui est ici; le premier ministre l'a nommée pour être sa principale personne-ressource et sa conseillère en matière de droits de la personne.

La sénatrice Pearson (Ontario): Ce n'est pas vraiment le premier ministre qui m'a nommée, mais le ministre des Affaires étrangères.

Mme Gaffney: Oh, le ministre des Affaires étrangères - je m'excuse.

La sénatrice Pearson a vécu partout dans le monde, et elle est bien connue pour son militantisme pour la protection des droits des enfants.

Je rentre tout juste ce matin des Nations unies où j'ai assisté à de nombreuses séances d'information et parlé à beaucoup de gens. Je tiens à vous dire ce que j'y ai entendu.

.1755

Je pense, Kyle, que vous avez été passablement dur avec nous lorsque vous avez dit que le Canada se traîne les pieds pour étudier ce problème. Comme nos propos sont consignés, je tiens à vous dire, comme à tous les autres qui vont lire le compte rendu de notre réunion, que le Canada ne se traîne pas les pieds. Le Canada est certes à l'avant-plan à cet égard.

Nous avons rencontré le représentant du Canada pour les droits de l'homme aux Nations unies. De fait, j'étais assise derrière lui hier lors d'une séance d'un comité où il présentait la position du Canada sur les droits de la personne à l'Assemblée générale. Si vous aviez pu entendre son discours... Peut-être devriez-vous vous en procurer le texte. Je ne vais pas entrer dans tous les détails, mais il a représenté le Canada d'une manière telle que j'étais très fière d'être là, très fière d'être assise derrière lui.

Nous avons également rencontré le... j'oublie tous leurs titres. J'aurais bien dû apporter avec moi les notes que j'ai prises lorsque j'étais à New York. Nous avons rencontré le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, M. Lasso, ou quelque chose du genre. Connaissez-vous son nom?

Une voix: Jose Ayala Lasso.

Mme Gaffney: Merci beaucoup. C'est un homme très réfléchi. Lors de notre voyage àNew York, nous avons eu la chance de lui poser des questions. Après notre départ, nous avons appris des gens de la mission du Canada que les questions que nous avons posées l'ont beaucoup impressionné, de même que l'intérêt et les préoccupations que notre comité et nous-mêmes, à titre de députés, avons fait valoir à l'égard des droits des enfants dans le monde. J'ai trouvé cela très encourageant d'entendre le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme dire cela au sujet de députés canadiens.

Vous parlez des questions relatives aux femmes. Nous avons également rencontré l'ambassadrice qui s'occupe de la problématique hommes-femmes aux Nations unies. Je crois qu'elle s'appelle Mme Green. Elle s'occupe beaucoup de cette problématique à l'échelle de la planète. Jemima, je pense que c'est vous qui avez mentionné que si on informe les femmes, on réduira la pauvreté et que par l'entremise des femmes, on éduquera aussi les enfants. C'est exactement ce qui se passe dans les pays d'Afrique aujourd'hui, et il ne fait aucun doute que le Canada participe à cette démarche.

Bref, monsieur le président, la dernière personne que nous avons rencontrée hier soir étaitM. Stephen Lewis, qui est président de l'UNICEF. Il nous a dit ce que fait l'UNICEF. Où l'UNICEF prend-il son argent? Il recueille son argent partout dans le monde grâce à des dons, notamment. Mais pour administrer les programmes au nom du Canada, c'est avec l'ACDI qu'il collabore. Ce que l'UNICEF fait, entre autres, c'est de dire aux enfants qui sont rémunérés pour travailler que le Canada va leur donner un montant équivalant à leur salaire s'ils retournent à l'école. Les enfants peuvent ensuite donner cet argent à leurs parents ou l'utiliser à d'autres fins. Voilà une approche bien précise que nous, Canadiens, pouvons adopter.

Le Canada représente un bien petit pays sur la scène mondiale. Il y a des millions et des millions d'enfants et de femmes qui ont besoin de notre aide et je pense que notre contribution est très faible à cet égard. Nous devons faire tellement plus.

Je n'ai pas de question à poser, mais je voulais dire à ces jeunes que le Canada est présent sur la scène mondiale. Le Canada jouit d'une excellente réputation aux Nations unies. Des gens sont venus nous voir pour nous dire: «Dieu merci, le Canada était en Haïti!» Il y a des enfants en Haïti, des femmes aussi. Le peu qu'on puisse faire dans ce pays... C'est nous qui sommes allés en Haïti et avons accepté d'y prolonger notre mandat.

Regardez les souffrances des femmes et des enfants en Bosnie. Le Canada a été le premier pays du monde à s'assurer que l'on peut venir en aide à ces gens-là. Le Canada a joué le rôle de chef de file au Zaïre et au Rwanda. Nous savons à quel point les enfants ont souffert dans cette région précise de l'Afrique.

Je dis cela parce que je veux vanter un peu les mérites du Canada. En même temps, j'apprécie vos suggestions et j'apprécie ce que vous faites. Nous devons faire plus. Merci beaucoup.

Le président: Merci, madame Gaffney. Je suppose que votre commentaire n'appelle pas nécessairement d'observations de la part des témoins, à moins que quelqu'un veuille ajouter quelque chose.

Je cède la parole à M. Telegdi. Vous vouliez poser une question?

M. Telegdi: D'abord, j'aimerais moi aussi souhaiter la bienvenue aux témoins à notre séance d'aujourd'hui et les remercier de la discussion et de la réflexion qu'ils vont susciter dans notre pays.

.1800

Permettez-moi d'ajouter ceci. Je suis arrivé au Canada à l'âge de 10 ans. J'étais un réfugié. À cet âge-là, je travaillais dans une ferme collective l'été. À 9 ans, je faisais la même chose, et à 8 ans, encore la même chose. Cela se passait en Hongrie, à l'époque du paradis socialiste derrière le rideau de fer.

Je discute avec ma fille qui a 10 ans et demi. Parfois, mes propos ne l'intéressent pas du tout, mais je les lui tiens tout de même parce que trop souvent, au Canada, nous n'apprécions pas le rôle que nous jouons à l'échelle internationale et nous ne reconnaissons pas à quel point nous sommes très chanceux de vivre ici.

J'étais en Bosnie-Herzégovine lors des élections au mois de septembre, et j'étais également au Mexique pour les élections qui ont eu lieu en 1994; je peux vous dire que les Américains venaient tous me voir pour obtenir cette petite épinglette canadienne arborant le drapeau du Canada de manière à pouvoir s'identifier comme Canadiens, parce que les Canadiens sont tellement mieux vus qu'eux à l'étranger.

Il ne fait aucun doute que les questions que vous avez soulevées sont très importantes, qu'elles doivent être discutées et appuyées par la population canadienne.

L'ACDI est l'un des organismes qui nous aide à combattre la pauvreté, mais nombre de mes électeurs me demandent pourquoi dépenser de l'argent à l'étranger alors que nous avons des problèmes dans nos propres collectivités.

Comme je vous le disais, nous avons publié un rapport sur la prévention du crime et la sécurité dans les collectivités. Dans ma collectivité de Kitchener-Waterloo, dans la région de Waterloo, beaucoup d'enfants s'amènent à l'école le ventre vide ou recourent à la banque alimentaire de l'Ambulance Saint-Jean; les gens s'adressent en grand nombre aux banques alimentaires. Dans le rapport, on dit que le criminel de demain est souvent l'enfant vulnérable d'aujourd'hui, et ce, ici même au Canada.

Donc, je pense qu'il est important que nous reconnaissions qu'il y a ici des besoins, mais qu'ensuite, nous reconnaissions également les obligations qui nous incombent à l'étranger. Dans les collectivités en particulier, on peut voir directement quels sont les besoins, on voit également les besoins qu'il y a à l'étranger, tout en faisant comprendre aux gens que nous sommes très chanceux. Comme vous le savez, on parle beaucoup de réductions d'impôt, on dit qu'on ne rejoint pas les gens, qu'on n'aide pas les membres les moins fortunés de notre collectivité.

Votre travail peut être très éducatif tant au pays qu'à l'étranger.

Quand j'avais 8, 9 et 10 ans et que je travaillais dans cette ferme - et je parlais à Beryl qui m'a dit qu'elle faisait la même chose à l'Île-du-Prince-Édouard - notre besoin le plus important à l'époque était de nous assurer que la famille avait suffisamment d'argent pour manger et se loger. C'étaient là les besoins les plus essentiels pour nous.

Pour régler le problème du travail des enfants, il faut vraiment s'attaquer à la pauvreté, comme cela a été reconnu et mentionné. Il faut adopter cette démarche à l'étranger et chez nous, et il faut que la population canadienne comprenne les enjeux et les besoins.

Permettez-moi de vous demander ce que vous pensez de ce double objectif et de cette idée de soulever la question au Canada et à l'étranger.

Le président: Qui veut répondre à cette question?

Mademoiselle Cowan.

Mme Day Cowan: Il ne faut pas oublier que même si les pays du tiers monde ont des choses à apprendre de nous, nous avons aussi des choses à apprendre d'eux, comme la façon dont ils gardent leurs communautés unies, partagent leur nourriture, s'ils en ont assez, avec ceux qui ont faim. Les gens s'entraident là-bas. Il y a là des leçons qui peuvent s'appliquer au Canada. Il nous faut reconnaître que leur culture recèle de très bonnes choses.

.1805

Vous avez parlé du travail à la ferme. Plus particulièrement dans le secteur agricole, beaucoup de familles ont besoin que tous leurs membres travaillent pendant dix heures par jour simplement pour s'assurer qu'il y a suffisamment de nourriture sur la table aux repas.

Ce que nous pourrions peut-être faire là-bas, dans les collectivités mêmes, c'est d'instruire les enfants pendant deux heures seulement par jour peut-être, de manière que les enfants puissent aller à l'école tout en travaillant dix heures par jour à la ferme. Ils pourraient quand même s'instruire et avoir la possibilité de se sortir de la pauvreté tout en faisant en sorte qu'il y ait de la nourriture pour eux sur la table.

Le président: Merci.

Mademoiselle Smith.

Mme Smith: J'aimerais ajouter quelque chose.

Beaucoup de gens participent effectivement à des missions humanitaires dans les pays du tiers monde et ne se rendent pas compte qu'ils ne vont pas là-bas seulement pour aider les gens, ils vont là également pour apprendre. Ils ne vont pas seulement là-bas pour enseigner quelque chose, ils ont eux-mêmes des choses à apprendre de ces gens-là.

Le président: Merci beaucoup.

Monsieur Graham.

M. Graham (Rosedale): Merci, monsieur le président.

Je tiens moi aussi à souhaiter la bienvenue à nos témoins et à les remercier grandement d'être là.

Ce qui m'a particulièrement frappé des témoignages que nous avons entendus cet après-midi, c'est en partie ce qui distingue les positions prises par les deux groupes.

D'après ce que j'ai compris du témoignage des représentants de Free the Children, leur mouvement adopte une position beaucoup plus dure, si je puis m'exprimer ainsi, en ce sens qu'il croit nécessaire de procéder à un boycottage - il a pris une décision bien précise concernant certaines mesures à prendre.

J'ai perçu dans le témoignage de Kids for Human Rights and Justice une approche plus subtile, où l'on a dit qu'il faut être prudent et voir si les mesures que l'on adopte servent véritablement les intérêts des enfants. Si nous agissons de façon trop précipitée - la preuve en a été faite - un boycott effectué à un mauvais moment peut se répercuter sur les enfants et non sur les personnes qui les exploitent. Il se pourrait que ce soient les enfants qui en paient le prix.

Une telle mesure n'est pas tolérable pour notre propre bien-être politique. Nous pensons bien agir, mais si, en réalité, les personnes qui subiront les conséquences de cette mesure sont celles précisément que nous prétendons aider, eh bien, nous n'agissons pas dans le bon sens.

Monsieur le président, je pense que c'est la grande question que devra débattre le comité, à savoir décider quand il est approprié ou non de procéder à un boycott.

Je vous rappelle, mesdames et messieurs les membres du comité, que notre comité a déjà étudié cette question. Nous avons examiné des cas comme celui du Nigéria, par exemple, et de la Birmanie, et nous nous sommes dits qu'un boycott total était peut-être approprié dans telles circonstances et non dans d'autres, parce qu'il s'agirait là d'une mesure contre-productive.

Voilà les grandes questions que nous devrons débattre, et je suis reconnaissant aux témoins de venir nous les exposer de façon aussi raffinée, intelligente et utile. Je l'apprécie beaucoup.

Je voudrais également vous faire une suggestion. Dans votre témoignage, vous avez parlé du rôle des femmes et de la famille dans la détermination de solutions adéquates à ce problème. C'est là également une question que débat le comité depuis le début de cette législature.

M. English et moi-même avons été élus pour la première fois au Parlement aux élections de 1993. Nous faisions partie du Comité des affaires étrangères et nous avons examiné la politique étrangère du Canada dans son ensemble. Entre autres choses, nous avons dû examiner notre politique d'assistance publique ainsi que les secteurs auxquels nous devions affecter nos crédits à l'aide étrangère.

Nous avons pressé le gouvernement du Canada de consacrer 25 p. 100 de notre budget d'assistance publique à des questions comme la pauvreté, la participation des citoyens à la conduite des affaires publiques, l'aide aux femmes qui travaillent dans le domaine de l'agriculture et à celles qui ont besoin d'en arriver à une plus grande autonomie.

En outre, lorsque nous avons pressenti les institutions financières internationales, comme la Banque mondiale, là encore, nous avons produit un rapport que nous serions heureux de vous remettre, dans lequel nous incitions la Banque mondiale à faire en sorte que dans ses programmes, elle octroie 25 p. 100 de tous les crédits d'assistance publique à la résolution du genre de problèmes dont nous parlons ici aujourd'hui pour vraiment offrir aux enfants la possibilité de s'instruire. C'est ainsi que ces pays vont se sortir du bourbier.

Nous cherchons tous des façons de trouver le bon équilibre entre les lois visant à prévenir les abus et l'aide à l'éducation pour aider aux véritables bonnes causes et leur apporter le soutien nécessaire. Nous vous remercions d'être venus ici pour nous faire part de vos perceptions.

J'aimerais revenir à une chose que vous avez dite, mesdemoiselles Smith et Cowan, au sujet de l'idée des échanges à caractère éducatif, parce que je suis d'accord avec vous. Nous apprenons des choses en allant à l'étranger et les autres apprennent des choses en venant ici. Nous faisons de nombreux échanges de ce genre avec les parlementaires. C'est une expérience très enrichissante pour nous. Je me demandais si vous pourriez nous donner un petit peu plus de détails sur la façon dont vous voyez ces échanges.

L'un des problèmes que nous éprouvons à cet égard, c'est que ça coûte très cher. Il est parfois difficile de persuader les gens d'investir dans ce genre d'activité, pourtant c'est très important pour nous. Nous vivons dans un monde de plus en plus intégré et les jeunes peuvent faciliter cette intégration de façon positive.

Si vous avez des idées, ou si vous trouvez des projets à cet égard, pour nous aider à comprendre comment nous pourrions faciliter ce processus, nous l'apprécierions beaucoup. C'est ça que je voulais vous demander. Avez-vous en fait un projet que vous pourriez soumettre à la population canadienne à titre de suggestion sur la manière de procéder?

.1810

Mme Day Cowan: Nous échangeons de l'information par courrier électronique. Nous faisons parvenir des vidéos par la poste. Grâce à ces deux moyens, on peut vraiment apprendre ce qu'est la vie des autres. C'est comme aller leur rendre visite, mais ça coûte beaucoup moins cher.

Mme Smith: Les vidéos sont très efficaces parce qu'on peut voir de quoi les gens ont l'air. Il est facile d'établir un rapport avec quelqu'un quand vous pouvez vraiment voir la personne vous parler, non pas juste lire ses écrits sur un écran.

Mme Day Cowan: De même, nous avons un vidéo où l'on voit des enfants au travail, ces enfants nous montrent les endroits où ils travaillent, ils nous disent comment ça se passe, comment ils font leur travail, en nous offrant un «tour du propriétaire». C'est très intéressant et ça nous apprend beaucoup de choses.

M. Graham: Merci beaucoup. C'est très intéressant.

Mon fils ne cesse de me rappeler que je suis totalement illettré parce que je ne sais pas comment utiliser un ordinateur ou le courrier électronique. Vous venez tout juste de le prouver. C'est exactement ce que nous devrions faire, cela saute aux yeux.

Êtes-vous branchés aussi sur le courrier électronique, monsieur Connolly et mademoiselle Hannant? Est-ce que vous utilisez un ordinateur pour cela?

M. Connolly: Je n'ai pas le courrier électronique, mais je l'utilise à l'école.

M. Graham: Vous pouvez y avoir accès à votre école, n'est-ce pas?

M. Connolly: Oui.

M. Graham: C'est merveilleux. C'est ce que je disais.

Le président: Avez-vous également accès au courrier électronique?

Mme Hannant: Oui, je communique avec Craig de cette façon. Il peut examiner mes discours et nous pouvons discuter de différentes choses avec le courrier électronique et Internet.

M. Graham: Eh bien, je tiens à vous dire, en tant que député, que vous êtes beaucoup mieux informés que moi à cet égard, et que vous avez une longueur d'avance sur moi. La technologie me dépasse.

[Français]

J'espère que Mme Émilie Bernier fait la même chose.

Mme Bernier: Pas vraiment, non.

M. Graham: C'est dommage. Je suis content d'avoir au moins une alliée.

Mme Bernier: C'est parce que je suis d'une autre génération.

M. Graham: Très bien.

Mme Bernier: Mais ça viendra, ça viendra.

[Traduction]

Le président: Madame la sénatrice Pearson.

La sénatrice Pearson: Merci, monsieur le président.

Je suis membre honoraire du comité, mais je tiens à joindre ma voix à celles des autres pour exprimer mon appréciation à l'égard de tous les exposés que nous avons entendus. À mon avis, ils étaient excellents. Vous contribuez réellement à projeter un nouvel éclairage sur ce problème que nous-mêmes avons examiné selon des points de vue différents.

[Français]

J'ai beaucoup apprécié, Émilie, ce que vous avez dit au sujet du paradoxe du travail des enfants, parce que pour moi, c'est une idée qui doit entrer dans vos délibérations. Au fond, le travail en tant que tel n'est pas une mauvaise chose, et on a besoin d'apprendre à apprécier ce que représente le travail. Pour nous, le défi n'est pas de demander aux enfants de détester le travail, mais de leur donner une entrée appropriée et visible dans le monde du travail. Il est très important de ne pas entourer de trop d'émotion l'idée du travail comme quelque chose qui est mauvais.

[Traduction]

Vous l'avez probablement déjà entendu, mais je tiens à ce que ce commentaire soit consigné au compte rendu. Les deux points que vous avez soulevés, le paradoxe du travail... et ensuite les diapositives que vous nous avez montrées pour indiquer qu'une grande partie du travail que font les enfants dans ces pays est liée à leur vie de famille, et que c'est là leur contribution. Personne ne veut amener les enfants à croire que, d'une certaine manière, ce qu'ils font pour aider, dans la mesure où ils n'en paient pas le prix de leur vie, est une mauvaise chose, parce que c'est une façon pour eux de se valoriser.

Vous avez soulevé ce problème dans vos diapositives et votre exposé. Merci.

Merci à vous tous.

[Français]

Mme Bernier: Merci. J'ajouterai que ce qui est important dans toute considération, dans tout projet d'action, c'est le respect de l'enfant et de la famille. Il n'est pas impossible d'arriver à un équilibre entre le travail et l'école. Il n'est pas impossible que le travail ne soit pas nuisible pour l'enfant. J'ai vu des enfants qui travaillaient, qui n'étaient pas malheureux de leur condition et qui parvenaient à aller à l'école quand même.

J'avais deux soeurs d'accueil là-bas. À la maison, elles faisaient le ménage et la cuisine, et elles travaillaient dans la vie courante comme beaucoup d'enfants le font au Canada, au Québec et dans les pays industrialisés.

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Il faut savoir déceler la limite entre l'abus et le travail qui peut être enrichissant pour l'enfant.

[Traduction]

Le président: D'autres observations?

Mademoiselle Cowan, suivie de Mlle Hannant.

Mme Day Cowan: Oui, plus précisément en ce qui concerne les filles, parce qu'on peut les faire travailler à l'entretien de la maison pendant 14 heures; elles doivent s'occuper de leurs jeunes frères, cuisiner, coudre, s'occuper du jardin, travail qui passe souvent inaperçu. C'est du travail, mais c'est souvent un travail nécessaire, parce que si les parents travaillent tous les deux à l'extérieur, il faut que quelqu'un s'occupe des jeunes enfants. Il faut que quelqu'un nettoie la maison. Peut-être pourraient-elles passer quelques heures à l'école tous les jours et réussir quand même à faire ce travail, surtout si leurs jeunes frères et soeurs pouvaient aller à l'école aussi, si on pouvait leur offrir un service de garderie quelconque. C'est ce que je voulais ajouter.

Le président: Mademoiselle Hannant.

Mme Hannant: Je pense que nous nous occupons davantage du travail qui constitue une forme d'exploitation des enfants. Dilip était forcé de travailler en Inde, il s'en est sorti, mais il a été témoin de l'assassinat de deux de ses compagnons de travail à la même usine de tapis. Ils ont été battus à mort, mis dans des sacs de jute, et jetés à l'eau. Personne n'a été accusé et rien n'est arrivé. C'est ce genre de comportement, ce genre de traitement qui fait effectivement du mal aux enfants, qui les tue et les effraie. C'est à cela que nous essayons de mettre un terme.

Il existe un centre de réadaptation en Inde pour aider les enfants. On leur apprend un métier, ils vont à l'école, ils retournent à la maison avec du riz et des céréales, et ont en poche de l'argent pour leur famille. Ça, c'est le genre de mesures que nous appuyons.

Le président: Merci, mademoiselle Hannant.

Mademoiselle Smith.

Mme Smith: En ce qui concerne le point qu'Émilie a soulevé au sujet du fait que le travail des enfants fait partie de la culture dans plusieurs de ces pays, je dois dire qu'à maints endroits, c'est acceptable parce que c'est ce qui doit se passer selon leur culture. Je pense qu'il est très délicat d'essayer de contourner cette question alors qu'on retirerait ces enfants du marché du travail pour leur donner des conditions plus acceptables, tout en acceptant ce qu'ils ont et les croyances du pays.

Le président: Merci, mademoiselle Smith.

Monsieur Telegdi, vous vouliez poser une question.

M. Telegdi: D'abord, je tiens à informer les témoins que le ministère de la Justice examine actuellement le projet de loi C-27 qui porte sur le tourisme sexuel par lequel des gens se rendent dans des pays du tiers monde ou d'autres pays dans le but d'avoir des relations sexuelles avec des enfants. C'est là un sujet qui fait actuellement l'objet d'un débat.

Je me suis souvent posé des questions au sujet d'une chose à laquelle vous n'avez peut-être pas pensé. Souvent, je regarde des émissions sur des enfants qui vont à l'école disons au Japon, où le système scolaire est terriblement concurrentiel. Ces enfants vont à l'école toute la journée, ils ont des tuteurs privés après l'école, et ils vont à l'école les fins de semaine. Dans certains cas, s'ils ne réussissent pas bien à l'école, les enfants se suicident. Est-ce là quelque chose dont vous avez déjà parlé?

[Français]

Mme Bernier: Dans des pays comme le Japon ou l'Inde, où il y a plus de 900 millions d'habitants, si quelqu'un veut arriver à quelque chose, il doit être extrêmement ambitieux. J'ai rencontré des jeunes de mon âge là-bas qui ont fait le programme avec moi. Ces jeunes avaient tous une ambition dévorante. Ils étudiaient 12 heures par jour en plus d'aller à l'école. Ces gens n'ont pas le temps de travailler, mais ils vont réussir éventuellement à s'intégrer à la société en tant que fonctionnaires et travailleurs très compétents.

La chance n'est pas donnée aux enfants des villages d'être stimulés à ce point-là et de voir leur ambition éveillée.

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Donc, ces enfants-là vont toujours rester dans une classe un peu inférieure du fait que dans les villes, les enfants sont beaucoup plus stimulés à apprendre, à se dépasser et à dépasser les autres aussi. Tout est basé sur la compétition dans des pays comme l'Inde et le Japon, et c'est très délicat.

Vous parliez de suicide chez les jeunes tout à l'heure. J'en suis très consciente, mais c'est une autre question qu'il faut traiter. Il faut être conscient de ce problème-là, mais c'est comme une autre branche. Vous avez le travail des enfants d'un côté et vous avez l'extrême compétition, qui a des conséquences très graves dans des pays comme le Japon. Disons qu'il faut être conscient de ces deux facettes-là, mais pas nécessairement les confondre.

[Traduction]

Le président: Si vous n'avez plus d'autres questions, j'aimerais en poser une qui m'a en fait été proposée par M. Schmitz.

Le réseau YTV présente des émissions pour les enfants. Je dois admettre que je ne regarde pas cette chaîne régulièrement, peut-être devrais-je. Est-ce qu'on aborde des questions comme celles-là dans les émissions du réseau YTV ou dans les autres réseaux semblables?

M. Graham: Ils travaillent trop fort.

Le président: C'est juste. Vous m'avez dit que vous n'avez pas de téléviseur.

Monsieur Connolly.

M. Connolly: Je regardais toujours les émissions de ce réseau. Il y a les nouvelles YTV, qui portent sur des questions touchant les enfants ici au Canada et ailleurs. Parfois, dans des émissions spéciales, on aborde des questions d'intérêt international pour les enfants et pour les adultes. Alors, oui, on y traite beaucoup de questions touchant les enfants.

Le président: Merci beaucoup. Cela m'éclaire.

Oui, mademoiselle Cowan.

Mme Day Cowan: Je n'ai pas de téléviseur, donc je ne peux pas vous parler de mon expérience. Je n'en ai jamais eu, mais d'après les gens avec qui j'ai parlé, il semble que la télévision a une très grande influence sur la vie des gens. Les enfants mémorisent les paroles de chansons commerciales avant leurs tables de calcul. Peut-être devrions-nous faire plus d'éducation par le biais des médias publics, mais...

Le président: Êtes-vous en train de demander un téléviseur?

Mme Day Cowan: Il faut s'assurer de ne pas bâcler les explications de crainte que les gens perdent intérêt. Il y a une distinction très subtile à établir entre une émission suffisamment courte pour intéresser les téléspectateurs et une émission trop courte, qui ne fournit pas les bonnes explications.

Mme Smith: Les comédies de situations et les feuilletons décrivent mal la réalité. Je pense que si on l'on doit utiliser la télévision comme source d'information, on ne peut pas le faire dans le cadre d'une comédie de situation. Ce n'est tout simplement pas la réalité. Essayer de mélanger la réalité avec quelque chose qui est complètement faux, ça ne marche généralement pas.

Le président: Merci beaucoup.

Je tiens à vous remercier tous de votre participation aujourd'hui. Je pense que votre contribution à notre travail a été des plus remarquables. Je ne sais pas si vous êtes les témoins les plus jeunes qui aient jamais comparu devant un comité parlementaire, mais de mémoire récente, je peux affirmer que j'en n'ai jamais vu d'aussi jeunes. Vous avez apporté un regard neuf, commeMme Gaffney nous l'a rappelé.

Votre témoignage est consigné. On garde un compte rendu permanent des témoignages qui nous sera utile au moment où nous rédigerons notre rapport et conseillerons le gouvernement quant à la politique à adopter. Nos débats sont également télévisés, et nous espérons, bien que vous n'ayez pas de téléviseur, mademoiselle Cowan, que vous serez capable d'aller chez quelqu'un et de vous regarder à la télévision.

Merci beaucoup.

M. Graham: Il faut préciser cependant que nos séances ne sont pas diffusées aux heures de grande écoute.

Le président: Vérifiez dans l'horaire TV, un jour ou l'autre, notre séance va être télévisée.

Nous tenions beaucoup à entendre l'opinion de personnes du même âge que les travailleurs juvéniles dont nous discutons. Merci beaucoup. Votre témoignage a été très utile.

La séance est levée.

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