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Annexe I


Le développement des drogues nouvelles

La première phase du développement d'une drogue nouvelle dure d'un à trois ans et commence dans les laboratoires des compagnies pharmaceutiques, des universités et des instituts de recherche. Les nouveaux agents sont purifiés à partir de sources biologiques ou synthétisés chimiquement; leurs propriétés sont caractérisées et leur potentiel pharmacodynamique est évalué au moyen de l'expérimentation animale et d'expériences in vitro. Si un agent semble avoir un faible degré de toxicité et un effet bénéfique potentiel contre une maladie humaine, il est prêt pour les essais cliniques.

À ce stade, la compagnie pharmaceutique élabore un plan d'essai clinique, appelé protocole, décrivant la démarche scientifique qui sera suivie pour les essais du médicament sur les humains. Ce protocole doit être conforme aux normes éthiques nationales et internationales qui ont été établies pour les expériences sur des sujets humains. Si la compagnie pharmaceutique a l'intention de faire appel au Réseau canadien pour les essais cliniques VIH (RCE) en vue de mettre à l'essai un médicament destiné aux séropositifs ou aux sidéens, le RCE l'aide à rédiger le protocole clinique. C'est à ce moment qu'il l'encourage à envisager l'accès pour des raisons humanitaires à son médicament et qu'il tente d'obtenir de la compagnie qu'elle indique par écrit à quelle phase de l'essai elle s'engage à envisager cet accès. Le protocole soumis à la Direction des médicaments doit indiquer qu'il s'agit d'une drogue nouvelle de recherche (DNR). Une fois la drogue approuvée, les essais cliniques peuvent commencer.

Les essais cliniques durent généralement de deux à dix ans et comportent habituellement trois phases, quoique certaines sont parfois combinées ou, suivant les résultats, reportées à la phase suivante. La phase I sert à démontrer l'innocuité fondamentale et la tolérance en fonction de la posologie, et la phase II tente d'établir l'efficacité thérapeutique. Les essais de la phase III ne sont entrepris que si l'on est convaincu de l'efficacité et de la quasi-innocuité du médicament. C'est à ce stade que des centaines, parfois des milliers de patients reçoivent le médicament pour que l'on puisse vérifier s'il est efficace chez tout le monde et s'il crée des problèmes à long terme. Habituellement, au début de la phase III ou pendant celle-ci, on sait si le médicament a un effet bénéfique sans être nocif. C'est à ce moment qu'on peut envisager la distribution humanitaire, mais il n'est pas rare qu'on la retarde jusqu'à ce qu'il y ait eu un nombre suffisant d'inscriptions aux essais cliniques de la phase III.

Une fois les essais cliniques terminés, les données de la recherche sont organisées et soumises à la Direction des médicaments qui entreprend alors le processus d'examen de la présentation de drogues nouvelles de recherche (DNR). La présentation est d'abord vérifiée pour s'assurer que toutes les données requises s'y trouvent. Deux examens parallèles sont ensuite effectués : l'un porte sur les données chimiques et les données de fabrication et l'autre sur les données des essais cliniques. Ces deux examens durent en moyenne 17 mois. La Direction des médicaments décide alors de délivrer soit un avis de conformité, c'est-à-dire d'autoriser la mise en marché, soit un avis de non-conformité ou de défaut si la présentation est imparfaite. Le fabricant a la possibilité de soumettre les données manquantes. Le cas échéant, la Direction des médicaments étudie de nouveau la présentation, puis délivre un avis de conformité ou retire la présentation. Le fabricant pourra faire une nouvelle demande mais devra reprendre la démarche depuis le début après avoir terminé la recherche supplémentaire qui s'impose.

La tâche de la Direction des médicaments ne se termine pas avec la délivrance de l'avis de conformité (autorisant la vente); elle doit ensuite surveiller les médicaments mis en vente. Comme un grand nombre de personnes peuvent maintenant se procurer le médicament dans le commerce, ses effets indésirables peuvent se manifester davantage. La compagnie pharmaceutique est tenue de déclarer les effets secondaires du médicament et la Direction des médicaments a le pouvoir de retirer l'autorisation de vente.

Il faut noter que la Direction a une politique particulière pour les examens prioritaires; elle peut accélérer le processus si le médicament est destiné à traiter des états pathologiques présentant un danger immédiat pour la vie et d'autres maladies graves, et qu'aucun médicament comparable n'est vendu au Canada. Chaque année, l'étude de cinq médicaments environ est ainsi accélérée. Le 3TC, par exemple, a été examiné rapidement : la présentation de DNR est arrivée le 18 juillet 1995 et l'avis de conformité a été délivré le 11 décembre. Cette étude accélérée n'a donc pris que cinq mois au lieu des 17 habituels. Les médicaments dont l'examen est accéléré sont étudiés aussi minutieusement que les autres. La différence, c'est que la présentation a priorité et passe avant les autres.

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