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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 18 juin 1996

.1231

[Traduction]

Le président: J'aimerais que nous reprenions la séance.

Chers collègues, je vous présente M. Walter McLean, président du Comité sur les droits de la personne de l'Association des Nations Unies au Canada, ainsi que M. Globensky, coordonnateur en chef de «Declaration Project».

M. McLean, nous avons sérieusement empiété sur le temps qui vous était alloué, mais vous me disiez lors de la pause être pleinement conscient de l'importance de la question dont nous débattions. J'apprécie votre patience et je pense que les membres du comité seront d'accord avec moi. Peut-être pourrions-nous prolonger cette réunion de 15 minutes, jusqu'à 13 heures. Nous apprécions que vous vous soyez rendu à notre invitation. Merci beaucoup.

Peut-être pourriez-vous raccourcir votre présentation. Nous avons reçu votre mémoire que vous pourriez commenter, monsieur Globensky, après quoi nous aurions assez de temps pour des questions.

L'hon. Walter McLean (président, Comité sur les droits de la personne, Association des Nations Unies au Canada): Merci beaucoup, monsieur le président. J'ai passé 12 de mes 15 années de députation comme membre de ce comité, si bien que je m'y sens comme chez moi, même si je n'ai jamais été jusqu'ici appelé à comparaître devant lui.

Je tiens également à dire que nous avons suivi avec grand intérêt la situation au Nigéria. J'ai été le premier coordonnateur du Nigéria pour le CUSO. J'y ai résidé de 1962 à 1967 et, depuis, je suis de près les événements qui s'y déroulent. J'y suis retourné à plusieurs reprises après la guerre.

Plus récemment, quand je représentais l'Afrique du Sud et les affaires du Commonwealth, j'y suis retourné tous les ans, jusqu'en 1993. J'y suis aussi retourné en décembre pour les funérailles de l'ancien gouverneur, le Dr Azikiwe. Juste avant votre dernière réunion, j'ai consulté M. Broadbent et d'autres, après avoir rencontré des groupes internationaux de défense des droits de la personne. Voilà pourquoi j'ai suivi vos activités d'aujourd'hui avec un intérêt certain.

Si je vous dis tout cela, c'est qu'avant les dernières élections, j'étais président du sous-comité des droits de la personne de la Chambre. J'ai entrepris une étude sur les relations du Canada avec l'Afrique du Sud. Nous nous sommes notamment intéressés à la question des sanctions. Si je me souviens bien, Mme Stewart était alors membre de ce comité. Nous avons convenu que les sanctions sont assez brutales, mais il se trouve que dans le cas de l'Afrique du Sud, elles ont contraint les politiques à prendre certaines décisions, parce que nous avons contraint le gouvernement à se rendre compte... Je fais allusion aux instruments dont on dispose dans le domaine des droits de la personne.

Je garde un oeil sur l'horloge pour ne pas me faire prendre par le temps.

Le président: En tant qu'ancien ministre, vous devez être rodé à cette technique. Mais nous n'attirerons pas l'attention de tout le monde là-dessus.

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Des voix: Ah, ah!

M. McLean: Deuxièmement, permettez-moi de dire que, depuis mon retour du Nigeria, la dernière fois, et depuis les événements de Saro-Wiwa, je travaille sur le dossier de ce pays, en collaboration avec une coalition de 12 groupes, comprenant des syndicats, Amnesty, Greenpeace, des Églises et d'autres.

Nous avons tenu une série de réunions et j'ai le regret de vous dire que, malgré toute la sagesse politique affichée par les membres du comité et du sous-comité, la réponse du gouvernement à un certain nombre de propositions qui visaient à conférer une plus grande visibilité à ces questions au Canada, a été plutôt décevante. Nous avons formulé et regroupé plusieurs propositions, et nous en avons débattu.

Mais je vais passer à mes actuelles responsabilités et je remercie le comité de m'accorder ce temps de parole. Je vous signale tout de suite que nous aimerions obtenir réponse à notre proposition, qui a été traduite.

[Français]

Nous avons le document d'aujourd'hui dans les deux langues officielles.

[Traduction]

D'une certaine manière, cette phrase conclut le processus de consultation ouvert sur la façon dont le Canada pourrait marquer le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Nous venons tout juste, trois heures durant, de constater ce qui se passe dans une société où la moindre trace de ce que nous considérerions comme étant un droit de la personne a disparu, où il n'y a plus rien vers quoi se tourner et où toute notion de société, tout ce à quoi nous pourrions nous raccrocher - et j'en ai fait l'expérience au Nigéria, a complètement disparu.

En ma qualité de président du Comité de l'Association des Nations Unies, je tenais à établir si les Canadiens sont suffisamment intéressés à la chose.

Je vais vous résumer ce que nous avons décrit dans le document que vous avez sous les yeux.

Nous rappelons tout d'abord aux députés que la Déclaration universelle des droits de l'homme, signée le 10 décembre 1948, avait pour objet de rassembler tous les principes universels qu'on retrouve dans diverses religions et traditions culturelles; c'est d'ailleurs sur cette base que reposent plusieurs autres pactes. Elle obéit à la norme internationale. Comme les députés peuvent s'en rendre compte, nous avons consacré quelques paragraphes à rappeler la diversité des activités et des mesures qui en ont découlé.

À partir du bas de la première page, nous rappelons que John Peter Humphreys, juriste de l'Université McGill, a été le premier directeur du Centre de l'ONU pour les droits de l'homme et qu'il a joué un rôle important dans la rédaction de la Déclaration universelle. Les Canadiens sont donc à la base de la résolution de l'ONU et ils ont aussi joué un rôle déterminant dans la promotion du Haut commissaire et du Comité de l'ONU pour les droits de l'homme.

Quand l'Association canadienne pour les Nations Unies m'a demandé de présider son Comité sur les droits de la personne, je me suis engagé à organiser des consultations nationales auprès des Canadiens pour leur demander comment nous pourrions souligner cette étape importante, cet anniversaire.

À titre d'ancien ministre fédéral chargé de la promotion des droits de l'homme au Canada, je n'avais pas besoin qu'on me rappelle l'importance de la participation des provinces à ce processus, je n'avais pas besoin non plus qu'on me rappelle que nous avons ici affaire à une responsabilité commune et que, sans une consultation appropriée avec les provinces, notre démarche n'aboutirait à rien.

J'ai donc commencé par rencontrer les dirigeants politiques et la plupart des ministres responsables, ou les hauts fonctionnaires les représentant quand, à deux ou trois occasions, je n'ai pu voir les premiers.

Deuxièmement, dans les dix provinces de même qu'ici, à Ottawa, nous avons rencontré les responsables des organismes statutaires, des commissions des droits de la personne et les ombudsmans.

Troisièmement, nous avons rencontré le secteur non gouvernemental, le secteur sans but lucratif, les intervenants dans les questions des droits de la personne. Cela a été en partie rendu possible grâce à une modeste subvention de Patrimoine Canada et de quelques fondations et organismes du secteur privé qui nous ont ainsi permis d'entreprendre une tournée de consultation de cinq semaines, dans 15 villes et 10 provinces, en compagnie de 30 ministres.

Nous avons rencontré plus de 250 organisations. Dans le même temps, nous avons entretenu une correspondance avec les organismes et les intervenants plus «effacés» afin de recueillir leurs points de vue.

Nous présenterons un rapport final, ainsi que toutes réactions, idées et suggestions dont vous nous ferez part aujourd'hui, au ministre du Patrimoine canadien et au ministre des Affaires étrangères. Mais le principal ministre c'est celui du Patrimoine canadien, comme le sait M. Dupuy, même si celui des Affaires étrangères a aussi une responsabilité en la matière, d'où mon intention de commencer par porter cette question à votre attention pour ensuite solliciter vos réactions, pour le rapport final, et vous demander votre appui.

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Qu'avons-nous constaté? Tout d'abord, un intérêt marqué, obéissant à beaucoup plus qu'une simple courtoisie. Nous avons constaté que les gouvernements provinciaux sont disposés à discuter de cette question à l'échelon du Cabinet et à du Conseil privé. Plusieurs premiers ministres estiment qu'ils pourraient reprendre ce genre d'idée dans leur discours du Trône.

Deuxièmement, nous avons constaté que, pour les organismes statutaires, les bureaux d'ombudsmans, les commissions ou les conseils des droits de la personne pourraient très bien souligner cet anniversaire. Nous avons également constaté que cette question a, dans bien des cas, favorisé le rassemblement des organismes non gouvernementaux que nous avions consultés. Ceux-ci ont estimé que, plutôt que de mener une action fractionnée, l'un représentant un certain type de droits de la personne et l'autre un autre type, cet anniversaire pourrait être placé au centre de l'action et de la perception canadienne, notamment en matière de citoyenneté.

Plusieurs nous ont dit que ce serait là l'occasion idéale de permettre aux gens de venir rendre compte de leur propre expérience. À l'instar de Humphreys, qui a joué un rôle d'avant plan à l'échelle internationale, nombreux sont ceux et celles qui ont animé leur collectivité, leur province ou le pays tout entier dans ces questions.

J'ai repéré, en page 4, un paragraphe ou deux que nous avons consacré à la jeunesse. Pendant nos déplacements à travers le pays, beaucoup de gens nous ont dit être inquiets du fait que la jeunesse d'aujourd'hui est presque entièrement déconnectée des questions relatives aux droits de la personne ainsi que des valeurs qu'y s'y rattachent. À maintes reprises, nos interlocuteurs ont porté l'accent sur les programmes, surtout sur des programmes intéressant la jeunesse.

Nous avons aussi découvert que les gens sont très préoccupés par le fait que les droits de la personne ne s'inscrivent plus dans le courant de pensée générale. Voici ce que j'entends par là. Comme je l'ai dit il y a un instant, nous nous heurtons à des attitudes du genre: «Je suis handicapé et j'appartiens au groupe des handicapés mentaux ou des handicapés physiques». À l'intérieur d'un même secteur, les groupes ne collaborent pas forcément entre eux. Quel n'a pas été notre étonnement, lors des tables rondes que nous avons tenues dans toutes les capitales au pays, de constater que les gens se présentaient en déclinant d'abord leur statut: «Je suis réfugié, je suis un enfant de..., je suis de tel sexe, j'ai tel âge...», etc. Ces gens-là estiment que la politique actuelle de restructuration et de dégraissage consiste en fait à diviser pour mieux régner. On constate ici, que la plupart des groupes nous intéressant estiment être extrêmement fragiles.

Ils croient que, d'une certaine façon, ils sont délaissés par ceux-là mêmes qui ont défendu leur cause dans le passé. Ils luttent et, plutôt que d'éclater sous la pression, ils se sont dit: «Supposons que l'on retienne l'année 1998 et que l'on commence le 10 décembre 1997, que l'on déclare la journée des droits de l'homme. Pendant toute l'année précédant cette journée, nous nous fêterions les uns les autres, nous mettrions à l'index la discrimination raciale, nous songerions aux femmes, à la fête du travail et à la fête de la justice, et nous penserions aux réfugiés. Ils se sont dits «ce sera un mouvement populaire, animé à l'échelon provincial». On y retrouvera le sentiment de citoyenneté et le sens des valeurs communes qui anime les Canadiens.

Je vais à présent passer à une proposition ou deux illustrant nos réflexions sur ce qui pourrait se produire.

Nombre de personnes nous ont mis en garde de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. À cause des mutations structurelles et des réductions de nature financière, nous perdons de vue le sens les valeurs et les droits de la personne pour lesquels nous avons combattu. Les groupes ont éclaté, ils ne sont pas unis... bien des gens estimant que cela est facultatif. Ce sont des groupes d'intérêt spécial, ils n'ont rien de normaux. Notre défi ou la possibilité que nous devons exploiter cette année consiste à faire passer cette question à l'avant plan.

En page 5 de notre document, nous énonçons les deux conditions fondamentales à respecter pour cela. D'abord, cette entreprise doit venir de la population. Deuxièmement, nous devons pouvoir compter sur une structure nationale quelconque qui nous permettra de mettre certains services en commun et de disposer d'une structure de communication.

Bien que les intervenants canadiens soient suffisamment intéressés pour que le gouvernement du Canada envisage de lancer un programme national de promotion de l'événement, le temps commence à presser. L'un des problèmes tient au fait que 1998 paraît être encore loin, mais nous savons tous que, s'agissant de planification, il n'y a pas de temps à perdre, surtout lorsqu'on sait qu'on devra se débrouiller avec les ressources humaines dont on dispose et avec très peu voire aucune nouvelle ressource financière. Certains organismes comme l'Association des Nations Unies peuvent conclure des alliances stratégiques, mais ce projet, quand on en fait le tour, est beaucoup trop ambitieux pour n'importe quel groupe ou organisme non gouvernemental.

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Nous avons donc formulé plusieurs recommandations que je vous invite à examiner et que nous avons regroupées ici. Nous pourrons ensuite, monsieur le président, recueillir vos commentaires ou suggestions à ce propos, et je serais heureux de vous en dire plus sur le contexte de notre projet.

Nous sommes en train de nous parler de ces recommandations avec des ministres, des hauts fonctionnaires et des ONG. Il s'agit d'un processus ouvert. Voilà où nous en sommes actuellement et ce processus est tout à fait opportun, surtout en ce qui a trait aux recommandations de caractère plus général, c'est-à-dire celles concernant le côté international et à propos desquelles le comité voudra peut-être formuler quelques remarques.

Les quatre ou cinq premières recommandations sont les principes généraux sur lesquels nous nous appuyons. Le premier est celui de l'établissement d'un instrument national, une commission quelconque, ayant le pouvoir, si possible, d'encourager les initiatives provinciales après en avoir promu la mise en oeuvre. Il faudra en outre disposer de fonds suffisants pour qu'une activité puisse avoir lieu dans toutes les régions du pays.

Des personnes ou des groupes différents s'occuperont de cette action dans des provinces ou des régions différentes. L'aide financière accordée par le gouvernement central pourrait correspondre aux sommes fournies par les autres intervenants, et cela nécessiterait la conclusion de partenariats.

Suivent plusieurs recommandations qui concernent plus particulièrement le ministère du Patrimoine, et qui portent sur le mécanisme d'instauration d'un programme national. À la page 6, nous recommandons que l'on se dote des moyens voulus pour faire connaître et commémorer les contributions de Canadiens qui ont été les chefs de file dans la défense des droits de la personne. C'est l'occasion rêvée de faire connaître toutes ces expériences personnelles, à commencer par celles de John Humphreys.

Pour m'être entretenu avec les responsables de l'école de droit de McGill, avec le milieu universitaire et avec d'autres, j'ai constaté que les gens sont prêts à entreprendre ce projet. Nous aurons la possibilité, au cours de cette année, de commémorer l'action de certains Canadiens, d'une façon ou d'une autre.

À partir du bas de la page 6, dans la version française, nous énonçons les recommandations concernant plus particulièrement le côté international de cette activité:

Je dois également revenir sur une recommandation qui mérite d'être soulignée, et qui se trouve en haut de la page 6:

Monsieur le président, je vais maintenant contrer le dernier argument qu'on pourrait m'opposer pour réfuter l'importance de l'événement.

À la fin des célébrations du 50e anniversaire des Nations Unies, l'année dernière, les membres du comité du 50e dont je faisais partie ont rencontré le secrétaire général, Boutros Boutros-Ghali, lors de son passage à Ottawa. Nous avons notamment parlé de l'avenir de l'ONU.

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Après lui avoir annoncé qu'on m'avait invité à assumer la présidence de ce comité, je lui ai demandé quel genre d'appui nous pourrions espérer du 38e étage, du secrétaire général. Il m'a répondu: «Je regrette, monsieur McLean, très peu, pour ne pas dire aucun». Il a précisé que ce n'était pas par manque d'intérêt, mais que, pour l'heure, les nations membres sont dépourvues de volonté politique allant en ce sens et que les contributions financières nécessaires au maintien de la structure de l'ONU font défaut.

Et cela nous ramène à la question de la crise financière. Pendant les séances d'information à l'édifice Pearson, qui se sont déroulées avant les rencontres de Genève, les fonctionnaires responsables de la Commission des droits de la personne pour les Affaires étrangères n'ont eu de cesse de nous répéter que la réunion du 30 juin à Genève marquerait l'extinction des feux. Le budget de la Commission des droits de l'homme est tellement fragile que la survie de cet instrument, pour lequel le Canada et le Haut commissaire aux droits de la personne se sont pourtant battus, est à présent menacée.

Au Canada, le parti au pouvoir et celui de l'opposition ont assumé et continuent d'assumer un rôle de premier plan dans ce combat. Je crois qu'il est possible d'inviter certains états membres de l'ONU, qui sont sur la même longueur d'onde que nous, à assumer un leadership international novateur à cet égard. Je crois d'ailleurs savoir que M. Axworthy a amorcé le processus, à Genève. J'ai l'impression que nous pouvons bâtir sur ces prémisses.

M. Globensky, pouvez-vous me dire ce que j'ai sauté? Nous passerons ensuite aux questions.

M. Peter Globensky (coordonnateur en chef, «Declaration Project», Association des Nations Unies au Canada): Compte tenu du temps qui vous était imparti, monsieur le président, je ne pense pas que vous avez sauté grand chose. Je passerai donc pour prendre éventuellement la parole au moment des questions.

Le président: Merci, monsieur Globensky.

Monsieur McLean, je tiens à vous remercier, à titre personnel, de votre allusion au rôle qu'a joué le professeur Humphreys dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Je crois que peu de Canadiennes et de Canadiens sont au courant du rôle absolument essentiel qu'il a joué et que la délégation canadienne aussi a joué lors de conférence de San Francisco. J'estime qu'il est très important de nous rappeler ce fait et de ne pas oublier l'homme extraordinaire qu'il a été, le grand intellectuel et le grand enseignant, non plus que sa contribution à la cause des droits de l'homme à l'échelle internationale.

Passons aux questions ou aux remarques.

M. Dupuy (Laval-Ouest): J'ai de nombreuses raisons de me porter volontaire. D'abord, je pense que nous devrions appuyer ces recommandations. Le Canada est un chef de file, il l'a toujours été et il doit continuer de l'être. C'est un anniversaire important. Comme nous l'avons clairement constaté dans la première partie de la matinée, si l'on néglige la défense des droits de la personne, le monde entier en souffrira, et même le Canada.

Je pense qu'il s'agit d'une très bonne initiative. Elle est articulée et elle est bien présentée. Mais ma seule question, et j'aimerais que nos témoins y répondent, c'est l'argent. Il est essentiellement question, ici, de ressources et d'utilisation des ressources. Dans quelle mesure les discussions avec les gens des Affaires extérieures et ceux de Patrimoine Canada peuvent-elles donner à espérer une redistribution des fonds?

M. McLean: Merci, monsieur Dupuy, pour cette question très utile.

Jusqu'à présent, tout indique que nous recevrons beaucoup moins d'argent que de coups de main. Patrimoine Canada m'a accordé une petite subvention pour amorcer l'étude de faisabilité. Si ces gens-là ne prenaient pas ce projet au sérieux, je ne pense pas qu'ils nous auraient demandé de sillonner le pays et de rencontrer tous ceux que nous avons rencontrés, aux échelons politiques et autres. Ils nous ont versé une subvention pour que nous puissions conclure des contrats, sur papier et avec des personnes.

Deuxièmement, quand je me suis rendu au Centre des affaires étrangères international et que j'ai demandé si je pouvais avoir l'aide de quelqu'un, parce qu'il nous fallait une personne connaissant le terrain... M. Globensky s'est occupé des programmes internationaux du centre, mais avant il était au Secrétariat d'État. Il connaît les deux secteurs. C'est lui qu'on nous a détaché pour cette période.

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Voilà des exemples qui démontrent le genre d'appui que nous accordent les organisations gouvernementales et paragouvernementales. Nous avions bien précisé que nous ne pouvons compter sur aucun budget additionnel. Si nous devons marquer cet anniversaire, ce sera largement grâce à des fonds existants. Il en va de même dans le secteur non gouvernemental. L'une des raisons pour lesquelles nous avons voulu vous rencontrer tout de suite, tout au début du processus, c'est que nous voulions vous indiquer que si nous parvenons à réaliser l'accord général autour du projet, plus vite le gouvernement se penchera sur la question des structures et du financement et mieux cela sera.

Le président: Merci.

Monsieur LeBlanc.

M. LeBlanc (Cap-Breton - Highlands - Canso): J'allais vous suggérer - et je partage le point de vue de M. Dupuy - que dans le cadre de son travail, notre comité pourrait faire office de tremplin pour certaines initiatives que vous nous avez exposées. Nous pourrions sans doute vous apporter un certain appui en demandant à notre sous-comité des droits de la personne de s'approprier votre initiative et d'en faire un de ses projets.

M. McLean: Il serait très utile, comme nous nous en sommes rendu compte, d'aller à la rencontre des groupes des droits de la personne et de s'entretenir avec eux. M. Globensky et moi-même avons trouvé que cela était très enrichissant. Nous avons constaté que l'effort en valait la chandelle. Je trouve très encourageant qu'on parvienne à rassembler ce secteur autour de ce thème et il serait très utile de demander aux gens de nous faire part de leur expérience. Cela ne coûte pas cher. Ce serait très encourageant pour les groupes, surtout pour les intervenants qui estiment être très fragilisés par toutes ces questions: va-t-on tout couper, partout? se demandent-ils. Les groupes ont de moins en moins de ressources et l'on exige de plus en plus d'eux. Nous vivons à une époque très difficile sur le plan politique et sur le plan des structures.

Le président: Vous-même, ainsi que M. Dupuy, avez replacé tout cela dans le contexte des audiences de ce matin. Mais pour moi, l'une des choses les plus pénibles que je vous ai entendu dire ce matin tient au fait que vous n'entrevoyez pas un grand avenir pour le Haut commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies. Nous l'avons accueilli au Parlement. Je crois que c'était à l'automne dernier. Mme Beaumier et moi-même l'avons rencontré. C'était extraordinaire. Il a un bureau d'environ trois personnes. Il sillonne le monde entier. Je crois que nous avons établi à 0,0001 p. 100 la part de budget que l'ONU consacre au dossier des droits de l'homme, alors que ce devrait être un des piliers de cette organisation.

D'après ce que je retiens de vos propos, à New York, les gens semblent avoir l'impression que les gouvernements membres ne financeront pas plus cette opération qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent. Cela dit, pensez-vous que ce comité pourrait faire avancer cette cause, de façon pratique, peut-être en demandant à M. English d'inviter le Haut commissaire à comparaître devant notre sous- comité des droits de la personne?

M. McLean: Je pense que tout appui, moral et au bout du compte, espérons-le, financier ou matériel, sera le bienvenu.

À Genève, les groupes non gouvernementaux ont critiqué l'action du Haut commissaire. Puis, l'autre jour, des représentants du comité sur les droits de la personne du Conseil canadien des Églises, je pense, ont fait remarquer que le commissaire aux droits de l'homme passe le plus clair de son temps à quêter de l'argent pour permettre à son bureau de continuer à fonctionner.

À présent, le Canada, qui a participé à la déclaration, qui a, comme vous le disiez justement, pris part à la rédaction de la charte, qui a défendu les droits de l'homme... c'est là, la question qui nous a le plus préoccupés au cours des huit années que j'ai passées au sein de notre délégation à New York. Je sais qu'il y a de nombreux pays aujourd'hui pour qui les droits de la personne représentent une menace à leur forme de gouvernement unique ou à leur administration militaire... Le gouvernement du Nigéria n'est pas près enclin à défendre les droits de la personne. Il est important de stimuler la volonté politique nationale quand vient le temps de voter en bloc à l'ONU, quand vient le temps de partager les ressources, et quand vient le temps de traiter avec notre voisin, les États-Unis, qui assument l'essentiel du budget de fonctionnement de l'ONU. Voilà pourquoi nous avons recommandé que le ministre nomme une personne qui pourrait articuler tout cela sur la scène internationale et clamer que, comme les Canadiens prennent la chose au sérieux, nous pourrions peut-être inciter d'autres gouvernements à se ranger à nos côtés, des gouvernements avec qui nous sommes sur la même longueur d'onde et qui pourraient apporter leur appui à cette question, faire preuve de solidarité et avec qui nous pourrions mettre à profit toute une année pour répéter l'événement?

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Le président: Merci, monsieur McLean. Je ne vois pas d'autres observations ni questions.

Voulez-vous ajouter quelque chose, monsieur Globensky?

M. Globensky: Je voulais simplement dire en passant, monsieur le président, qu'à Thunder Bay un organisme s'intéressant à l'enseignement professionnel à l'échelle internationale, nous a fait une suggestion plutôt novatrice. Il nous a invités à lancer une campagne de financement d'un cent par personne. Au Canada, cela rapporterait environ 300 000$, soit près du quart du budget total d'exploitation du Centre sur les droits de l'homme, à Genève et à New York, ce qui ne ferait qu'illustrer la situation critique dans laquelle se trouve le Centre. Simplement pour vous dire...

Le président: Si nous pouvions amener les généraux nigériens à s'engager à recueillir un cent par personne, auprès des 100 millions d'habitants que compte le Nigéria, considérant les revenus du pétrole...

M. Globensky: Ou quatorze minutes des profits qu'il réalise grâce au pétrole.

Le président: Merci à vous deux de vous être rendus à notre invitation.

Je rappelle aux membres du comité qu'à 15 h 30 nous accueillons six ambassadeurs, notamment ceux des États-unis, de la Chine et de la Russie. Nous tiendrons deux séances d'une heure chacune. Nous allons nous arrêter jusqu'à 15 h 30.

Je vous rappelle que cette séance est diffusée ce soir à 22 h 30 sur les ondes de CPAC, et si vous êtes encore en train de nous regarder, vous devez être très sérieusement insomniaques parce qu'il est maintenant pour vous 2 h 30.

Merci beaucoup. Nous reprendrons à 15 heures.

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