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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 28 novembre 1995

.1109

[Traduction]

Le président: Je déclare la séance ouverte.

Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui les représentants du Conseil des arts du Canada. Je crois savoir que l'année dernière, les gens du Conseil des arts n'ont pas été en mesure, pour une raison ou pour une autre, de comparaître devant le comité; on peut donc dire que c'est un double plaisir de les accueillir aujourd'hui.

Je suis particulièrement heureux de leur comparution aujourd'hui parce que cela leur donne l'occasion de jouer plus d'un rôle. L'un de ces rôles est bien sûr de nous dire ce qui se passe au Conseil des arts, de nous donner des explications sur certaines questions soulevées dans son rapport annuel. Nous comptons bien entendre ces explications, naturellement. Mais étant donné la place unique que le Conseil occupe dans la société canadienne, je crois que nous ferions preuve de courte vue, au comité, si nous ne demandions pas à ses représentants comment ils entendent aborder le dossier de l'unité nationale ou y contribuer.

.1110

Nous venons tout juste d'entreprendre une étude de l'unité nationale et je suis certain que les témoins auront des commentaires à formuler à ce sujet. En fait, je viens de jeter un coup d'oeil sur les notes pour l'allocution de Donna Scott et je remarque qu'elle compte aborder la question de l'unité nationale. Je l'en félicite.

Ce serait gaspiller une excellente occasion que de ne pas profiter de la comparution du Conseil des arts, qui est censé nous entretenir de son travail et de son rapport annuel, pour profiter de ses réflexions sur l'unité nationale.

Nous accueillons donc Roch Carrier, directeur du Conseil des arts du Canada; Donna Scott, qui en est la présidente; et David Hendrick, secrétaire-trésorier.

Comme à notre habitude, madame Scott, nous entendrons votre allocution, après quoi nous passerons à la période des questions.

Mme Donna Scott (présidente, Conseil des arts du Canada): Nous sommes très heureux d'être devant vous aujourd'hui et d'avoir l'occasion de discuter de questions que nous avons tous à coeur.

Je me joins à Roch Carrier et à David Hendrick, notre secrétaire-trésorier, pour adresser au comité permanent nos meilleurs voeux de succès dans son travail d'une importance vitale et pour l'assurer de notre entière coopération.

Notre présence ici aujourd'hui revêt un caractère unique. Nous sommes ici non seulement pour justifier la façon dont nous utilisons les deniers publics, mais également en raison du mandat que s'est vu confier le comité d'étudier l'unité et l'identité canadiennes. De fait, vous nous avez demandé de vous dire comment les Canadiens peuvent mieux communiquer entre eux, comment ces diverses communautés et régions peuvent mieux se comprendre et célébrer ensemble leurs valeurs et aspirations communes et leur fierté de faire partie du même pays.

Qu'ont donc encore à célébrer les Canadiens, peut-on se demander, quand notre sport national est dominé par les équipes américaines et que la Coupe Grey - moins un club de Montréal - a été remportée par une équipe de Baltimore? Eh bien, les Olympiques approchent et nous aurons peut-être l'occasion d'oublier nos problèmes de région et de langue en acclamant une Canadienne ou un Canadien décoré d'une médaille d'or.

Mais la question demeure: que reste-t-il donc aux Canadiens à célébrer? La réponse du Conseil est simple et a le double avantage de justifier également l'argent des contribuables que dépense le Conseil; tout cela est d'ailleurs expliqué en long et en large dans notre rapport annuel.

Notre réponse est celle-ci: les Canadiens célèbrent aussi, d'une façon beaucoup plus régulière et soutenue, les étoiles et héros du monde des arts et c'est très bien ainsi. Nous sommes fiers de nos créateurs, écrivains, artistes, interprètes, chanteurs, danseurs, artisans, de nos galeries d'art, musées, théâtres, centres d'artistes, orchestres symphoniques, troupes de ballet et formations artistiques, de toutes tailles et de toutes les régions du pays. Nous célébrons nos étoiles culturelles, locales et nationales. Les films ou émissions de télévision qui réussissent. Les succès de librairie, de langue anglaise ou de langue française, qui parviennent à devancer des livres américains, britanniques ou français en tête des listes. Les émissions de radio, telles que celle de Gzowski et de Marie-France Bazzo à Radio-Canada, qui mettent en valeur nos réalisations culturelles. Les canaux artistiques comme Bravo!, qui présentent nos talents.

Oui, les Québécois célèbrent avec nous et avec les publics d'autres pays l'excellence d'organismes tels que leur propre Orchestre symphonique de Montréal et le Royal Winnipeg Ballet.

Dieu sait à quel point nous avons besoin de quelque chose à célébrer, quelque chose qui soit vraiment canadien et qui nous survivra. Je suis convaincu à ce sujet que nos enfants vont célébrer les films de Denis Arcand, les livres de Carol Shields, l'art de Evelyn Hart, les poèmes de E.J. Pratt, la Canadian Opera Company, le Théâtre du Nouveau-Monde, les merveilleux récits de W.O. Mitchell - dont on fait actuellement une série télévisée - les chansons de Leonard Cohen, Antonine Maillet, Michel Tremblay et Bruno Gerussi.

.1115

Je voudrais également toucher un mot de James Ehnes, un jeune homme de Brandon qui compte parmi les meilleurs violonistes virtuoses de la génération montante dans le monde. Il a été appuyé par le Conseil des arts du Canada et il joue maintenant partout dans le monde, sur le violon Stradivarius de la banque d'instruments de musique du Conseil des arts.

Pendant près de 40 ans, le Conseil des arts du Canada a fait fonction d'instrument national pour édifier - de peine et de misère, souvent sans être reconnu et parfois presque dans l'anonymat - cette superbe structure culturelle qui marque et définit le Canada et qui nous donne à tous tant de fierté et de joie.

Nous faisons l'objet de beaucoup d'envie aux États-Unis et ailleurs, mais nous pouvons être profondément et dangereusement mal compris et mésestimés ici même, dans notre propre pays. Il est si facile, par exemple, pour les consommateurs, les publics et même les gouvernements, d'oublier que le Conseil des arts du Canada a donné le coup d'envoi et a continué à soutenir chacun des artistes et organismes que j'ai mentionnés jusqu'ici et qu'il a aidé non seulement les organismes artistiques nationaux dont nous entendons tous parler, comme le festival Shaw et celui de Stratford, mais qu'il a veillé à ce que les autres survivent aussi, les compagnies de théâtre, de musique et de danse moins connues dans des endroits comme Lethbridge et Rimouski.

Ces entreprises artistiques font la fierté et la joie de ces collectivités et offrent un tremplin aux musiciens, chanteurs, danseurs, décorateurs et compositeurs qui en sont à leurs débuts.

Pendant un demi-siècle, les Canadiens nous ont appuyés dans notre détermination de promouvoir le développement des arts et des industries culturelles de toutes les provinces, où que se trouvent leurs sources ou leur inspiration. L'énorme disparité des possibilités pour la créativité dans les diverses régions et provinces a dépassé les moyens des gouvernements provinciaux, tout comme l'a fait le besoin d'ériger des remparts culturels contre le flux abondant des produits culturels des États-Unis.

L'égalisation des chances et la défense de la culture sont des priorités nationales et la grande majorité des Canadiens désirent qu'elles le demeurent.

Il faut bien reconnaître qu'une des caractéristiques du Canada, y compris du Québec, est notre dédain commun pour l'homogénéité, le nationalisme chauvin, politique ou culturel, tout nationalisme exclusif, fermé aux autres. Non, nous nous réjouissons de notre riche diversité et on nous définit de plus en plus par cette diversité.

Le Québec et le reste du Canada forment des sociétés enrichies par plusieurs vagues d'immigrants et il est inévitable que parmi la génération actuelle de talents que le Conseil soutient se remarquent leurs voix riches et leurs qualités inusitées. Roch en parlera plus en détails dans quelques instants.

L'enjeu positif auquel fait face notre pays est de continuer à soutenir et à célébrer les talents artistiques, où qu'ils se manifestent au Canada, les expressions qui reflètent ce que le Canada est, et ensuite de bâtir des ponts de compréhension culturelle entre les deux grands groupes linguistiques, avec nos premiers peuples et parmi la population caractérisée par sa diversité ethnique et régionale qu'est le Canada.

Par ses tournées de musique et de danse, par ses programmes d'aide à la traduction, par ses jurys qui représentent les diverses régions et langues et qui déterminent en toute autonomie qui recevra nos subventions et nos prix, le Conseil des arts du Canada aide les Canadiens à mieux se comprendre et se connaître. Surtout, à un moment où tant de symboles nationaux perdent de leur force et où nous semblons aux prises avec des problèmes de nationalité, nous encourageons la création d'expressions culturelles communes, durables, que nous pouvons tous célébrer.

.1120

L'abondance des années soixante-dix et quatre-vingt n'est plus qu'un lointain souvenir. C'est la raison pour laquelle la première décision qu'a prise notre nouveau conseil d'administration il y a un an a été d'élaborer sans tarder un plan stratégique. Dans ce plan, nous nous sommes engagés à réduire nos dépenses d'administration de près de la moitié, et nous sommes en voie d'atteindre cet objectif, ce qui, pour le moment du moins, nous permet de protéger nos budgets des subventions.

Nous avons également établi des priorités très nettes, dont l'une est de regrouper et de renforcer nos programmes de diffusion et de distribution des arts dans toutes les régions du Canada et d'accorder une aide aux diffuseurs et promoteurs des arts qui cherchent à rendre les arts plus accessibles aux Canadiens. Nous sommes en effet fermement résolus à bâtir des ponts nouveaux, bien conçus et à plusieurs voies pour faciliter la compréhension culturelle entre les nombreuses communautés du Canada.

Je vais maintenant demander à mon collègue, Roch Carrier, de vous expliquer de façon plus détaillée comment le Conseil aidera les Canadiens à mieux communiquer entre eux.

Merci.

M. Roch Carrier (directeur, Conseil des arts du Canada): Monsieur le président et membres du comité permanent,

[Français]

je me joins à Donna pour souhaiter au comité nos meilleurs voeux dans son important travail. Nous sommes honorés d'avoir l'occasion de parler de nos activités, qui se reflètent dans notre rapport annuel.

Lorsque je suis arrivé au Conseil, il y a 18 mois, le gouvernement fédéral était en plein examen de programmes, et de profonds changements étaient attendus. Comme artiste, j'ai toujours voulu, comme mes collègues, que le Conseil des arts du Canada change et réponde davantage à nos besoins.

Voici que j'occupe moi-même, aujourd'hui, le fauteuil peu confortable de directeur de cet organisme. J'ai la responsabilité de mettre en oeuvre d'importants changements administratifs et d'importantes réductions budgétaires. Ces changements en profondeur découlent certainement de la nouvelle situation économique, mais surtout de la vision du Conseil exprimée dans notre plan stratégique.

[Traduction]

Le conseil d'administration et la direction du Conseil ont décidé que nous devions nous doter d'un plan stratégique pour pouvoir faire face non seulement à la situation budgétaire, mais ce qui est encore plus important, pour nous préparer à l'avenir - c'est-à-dire que nous devions avoir une vision claire du rôle du Conseil, que nous mettrions en pratique avec efficience, efficacité et transparence.

En établissant ce plan stratégique, le Conseil a examiné de près tous ses programmes et activités en vue de consolider son rôle de véhicule national essentiel de l'aide à la croissance et au développement des arts au Canada. Nous avons décidé de concentrer notre aide sur les organismes artistiques et les artistes eux-mêmes, et sur trois éléments du continuum artistique: la création, la production et la diffusion. Nos subventions seront adaptées à ces priorités.

Dans son Plan, le Conseil a tout fait ce qu'il pouvait pour ne pas toucher à son budget des subventions. Le budget de février 1995 du gouvernement a réduit les crédits parlementaires du Conseil de 2,5 p. 100 et laissait entrevoir d'autres réductions au cours des deux années à venir.

Le Conseil donne suite à cette réduction en diminuant son budget administratif de sept millions de dollars, près de 50 p. 100 sur trois ans, et son personnel de 30 p. 100 immédiatement. S'il n'y a pas d'autre modification majeure et soudaine de nos crédits parlementaires, aucune autre réduction importante de notre budget des subventions ne sera nécessaire pour que nous atteignions nos objectifs.

.1125

Nous avons amorcé notre processus de planification il y a un an en consultant les artistes de tout le pays lors d'une tournée de 17 villes. Quelques artistes n'étaient pas très heureux de la possibilité de réductions budgétaires et ils nous ont dit, à moi et à la présidente, que notre rôle était de retourner à Ottawa et d'essayer d'obtenir plus de fonds pour les arts.

Certaines de ces rencontres n'ont pas été faciles, mais nous en avons rapporté des idées et des observations très utiles. Avant tout, les artistes de petites et grandes collectivités de toutes les régions du pays, y compris du Québec, nous ont dit et redit que le Conseil des arts du Canada était d'une importance vitale pour eux et devait poursuivre son travail.

Pourquoi cela? Uniquement pour les subventions? En théorie, les subventions pourraient venir de n'importe lequel des paliers de gouvernement, et toutes les provinces, les territoires et bon nombre de villes ont maintenant des programmes d'aide aux arts. Nous croyons que le Conseil représente plus qu'une simple source d'aide monétaire, si importante soit-elle. Et bon nombre d'organismes d'aide aux arts moins importants suivent l'exemple du Conseil des arts du Canada pour ce qui est des questions de plus grande envergure.

Bien des artistes travaillent activement dans leurs communautés et puisent leur inspiration dans leur environnement, mais ils veulent aussi que ce qu'ils font soit connu au-delà de leur province et de leur territoire, et forment des réseaux nationaux et internationaux. Seul le Conseil est en mesure de les aider à élargir ainsi leurs horizons.

Par ailleurs, en investissant au cours des années dans les meilleurs organismes artistiques - les compagnies de théâtre et de danse, les coopératives cinématographiques, les éditeurs, les galeries d'art à but non lucratif et les centres d'artistes - le Conseil a soutenu le processus essentiel qui permet de présenter les oeuvres des artistes à un public plus étendu. Nous avons accru la réputation du Canada à l'étranger en encourageant les activités internationales dans les domaines de la littérature et des arts visuels et en subventionnant des tournées.

[Français]

Mais il y a encore plus important. En respectant et en soutenant l'écologie culturelle du Canada à tous les niveaux, à partir de la base, le Conseil aide les Canadiens et Canadiennes à mieux comprendre leur pays et contribue à jeter des ponts et à créer des liens culturels solides. Comment le fait-il? Tout d'abord, quand les artistes sollicitent l'aide du Conseil, ils le font dans le contexte national et rivalisent ainsi avec des artistes de tout le pays, dans le cadre d'un vigoureux processus d'examen par leurs pairs, qui équilibrent les chances et qui cherchent à reconnaître et à récompenser l'excellence et la qualité là où elles se trouvent.

Le système de jurys nationaux du Conseil réunit des artistes et des professionnels de différentes régions, de différents territoires. Ces artistes ont pour mission de reconnaître l'excellence parmi leurs pairs.

[Traduction]

Les programmes du Conseil tiennent compte du Canada tel qu'il est: un vaste pays régionalisé, dont la population est peu élevée, qui a deux principales langues, des communautés de nombreuses origines culturelles et, par conséquent, un marché restreint pour les oeuvres culturelles. Il faut comprendre que lorsqu'un livre est publié à Toronto, par exemple, une partie du pays n'a pas accès à ce livre et inversement dans le cas d'un livre publié au Québec.

Le Conseil soutient des compagnies de théâtre, des formations musicales, des galeries d'art à but non lucratif et des éditeurs de toutes les provinces, souvent les piliers de leurs communautés. Par ailleurs, nous aidons des organismes artistiques canadiens de renommée internationale qui, même s'ils réussissent très bien à vendre des billets et à lever des fonds, ont encore besoin d'une aide publique pour survivre.

.1130

Enfin, le Conseil aide ces personnes et ces groupes à faire connaître leur travail à un public étendu en soutenant les tournées, la diffusion et la traduction de livres. Il permet ainsi à toutes sortes de publics d'une extrémité à l'autre du pays d'apprécier et de connaître les artistes des autres régions, de partager les diverses formes d'expression de leur pays. Le Conseil est le seul organisme à avoir aidé, de façon soutenue et avec succès, ces réalisations pleines de promesses.

J'aimerais vous donner une idée de l'ampleur de ce travail. Je prends l'exemple de ce que nous faisons pour aider les deux groupes linguistiques à mieux connaître leurs auteurs respectifs. En vingt-trois ans, notre programme d'aide à la traduction a soutenu la traduction de 1 455 livres de toutes catégories, roman, poésie, théâtre, littérature de jeunesse et essais. De ce nombre, 708 ont été traduits du français à l'anglais et 723 de l'anglais au français. Vingt-quatre titres ont été traduits d'autres langues en anglais ou en français.

Ce qu'il importe de retenir de ces chiffres, c'est que les Canadiens français lisent au moins autant de traductions du Canada anglais que les Canadiens anglais lisent de traductions du Canada français. C'est ce qu'a rendu possible ce programme du Conseil.

L'Office des tournées du Conseil joue un rôle similaire mais sur une plus grande échelle. Créé en 1973, il avait pour objet de permettre à autant de Canadiens que possible de bénéficier du travail des artistes et des compagnies artistiques du Canada. Au cours des années soixante-dix, par exemple, il a permis à Maureen Forrester de tourner dans les provinces de l'Atlantique. Les tournées annuelles des trois grandes compagnies de ballet (le Ballet national, les Grands Ballets canadiens et le Royal Winnipeg Ballet) permettent à des collectivités de tout le Canada de voir des spectacles de ballet. Pendant notre ronde de consultations, on nous a dit à quel point ces tournées ont été appréciées à l'extérieur de Toronto, Montréal et Winnipeg.

La famille Rankin, de Nouvelle-Écosse, a reçu une subvention au début de sa carrière pour une tournée dans l'Ouest canadien. Je pourrais aussi mentionner Rita MacNeil.

Sans la modeste contribution du Conseil aux dépenses que représentent les tournées de ces artistes et de bien d'autres dans notre vaste pays, bon nombre de collectivités n'y auraient jamais eu accès. En 1993-1994, les 130 tournées que l'Office des tournées a subventionnées ont permis à près de 700 000 personnes d'assister à des spectacles de musique, de théâtre et de danse.

[Français]

C'est parce que le Conseil croit en l'importance de permettre aux Canadiens de toutes les régions de connaître le travail de leurs artistes qu'il a décidé, dans son plan stratégique, de faire de la diffusion des arts une priorité et d'accroître les ressources destinées aux activités dans les arts du spectacle, les arts visuels et médiatiques, et la création littéraire. Voilà pour le passé.

Mais il faut aussi penser à l'avenir. On a beaucoup discuté, ces derniers mois, des défis auxquels font face les Canadiens pour se tailler une place sur l'autoroute de l'information mondiale. Dans la plupart des rapports, on parle du besoin désespéré d'avoir un contenu canadien, un contenu qui nous ressemble, un contenu qui nous décrive, qui nous présente. De fait, le Conseil examine la question du contenu artistique depuis un certain nombre d'années. Dès 1983, le Conseil a fait preuve d'une rare perspicacité en créant le programme d'aide aux nouveaux médias à l'intention des artistes qui utilisent ces nouvelles technologies.

.1135

Le Conseil est actuellement le seul organisme national à subventionner les oeuvres artistiques qui utilisent les nouvelles technologies.

[Traduction]

En 1983, il a fait preuve d'une rare perspicacité en créant le programme d'aide aux nouveaux médias à l'intention des artistes qui utilisent les nouvelles technologies. Le Conseil est actuellement le seul organisme national à subventionner les oeuvres artistiques qui utilisent les nouvelles technologies.

[Français]

Quand nous parlons des oeuvres artistiques qui utilisent les nouveaux médias, nous parlons d'une pratique qui intègre les ordinateurs, les télécommunications et les technologies audiovisuelles. Toutes les disciplines ont été touchées ou le seront profondément à l'avenir. À mesure que les nouvelles technologies se propageront, nous verrons de plus en plus difficilement les distinctions entre ces disciplines.

[Traduction]

De récents projets subventionnés par le Conseil comprennent: un réseau en ligne d'artistes, un projet d'édition-programmation sur l'Internet, diverses créations multimédias, l'élaboration de logiciels et de systèmes, un «café» littéraire en ligne provenant de Victoria, un festival du film virtuel, des installations et d'autres oeuvres d'art électroniques. Ces projets et certains autres poussent les artistes à explorer, apprécier et évaluer leurs rapports avec les nouvelles technologies. Mais surtout, ils réduisent les vastes distances qui séparent les créateurs de leurs nouveaux publics, au Canada et à l'étranger, et ils les aident à partager leurs créations.

En raison de sa géographie, le Canada est depuis longtemps passé maître des télécommunications et de l'innovation technologique. Nos artistes sont aussi à la fine pointe de l'utilisation novatrice de ces technologies, tant sur le plan de la création que sur celui de la diffusion. Nous ne devons donc pas nous reposer sur nos lauriers culturels traditionnels. Nous devons continuer à faire oeuvre de pionnier et à développer les talents artistiques qui utilisent les nouveaux médias pour l'autoroute de l'information et pour les systèmes de communications interactifs de 500 canaux de demain. Les possibilités sont fascinantes.

Les nouvelles technologies, d'autre part, offrent d'excellentes occasions de partenariats avec le secteur privé. Un des buts de notre plan stratégique est de conclure des partenariats avec des groupes et particuliers pour accroître le soutien aux arts. Le Conseil est un excellent mécanisme par lequel les donateurs privés peuvent exprimer leur appréciation des arts. Le Conseil des arts du Canada peut leur donner une dimension nationale.

Enfin, dans son plan stratégique, le Conseil s'engage à élargir les publics des arts et à faire mieux connaître les arts au public et aux jeunes. Nous avons l'intention de défendre la cause des arts et la place de l'artiste dans la société, ainsi que la valeur de l'investissement public dans les arts. J'ai lu avec plaisir le mot «célébrer» dans le mandat du comité permanent. Je crois comme Donna que le Canada a beaucoup à célébrer dans les arts.

Après près de quarante ans de découverte et de promotion de l'excellence et de la qualité, où qu'on les trouve au Canada, nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli. La première génération des artistes qui ont reçu une aide du Conseil, souvent au début de leur carrière, au cours des 20 premières années d'existence du Conseil, comprend des noms aussi prestigieux de la littérature canadienne que Margaret Atwood, Marie-Claire Blais, Yves Thériault, Anne Hébert, Alain Grandbois et Hugh MacLennan; les grandes ballerines Karen Kain et Veronica Tennant; Teresa Stratas et Louis Quilico, qui ont chanté au Metropolitan Opera; le chef d'orchestre Mario Bernardi; la guitariste classique Liona Boyd; les artistes du théâtre John Hirsch, Jean-Louis Roux, Kate Reid et William Hutt; et les artistes visuels Alfred Pellan, Toni Onley et Jack Shadbolt.

.1140

J'ajoute que lorsque mes enfants grandissaient, il n'y avait pas de livres canadiens pour enfants; 25 ans plus tard, le Canada est l'un des grands exportateurs de livres d'enfants. Nous avons créé des marchés, nous avons favorisé l'épanouissement d'une génération d'illustrateurs et d'écrivains pour les enfants. C'est une grande réalisation.

[Français]

Actuellement, la deuxième génération à recevoir reconnaissance et soutien comprend l'écrivain d'Edmonton Greg Hollingshead, qui a récemment obtenu le prix du gouverneur général; Edward Poitras de Regina, le premier artiste autochtone à exposer à la Biennale de Venise; la compositrice Alexina Louie, de Vancouver; la danseuse Zab Maboungon; une nouvelle génération d'écrivains qui commencent à être connus internationalement, tels que Nino Ricci, Rohinton Mistry, Tomson Highway, Guillermo Verdecchia, le cinéaste Atom Egoyan, le cinéaste-écrivain Herménégilde Chiasson dans les Maritimes et l'artiste visuelle de Montréal Angela Grauerholz, qui était présente à Dokumenta en Allemagne.

Ces dernières années, certains artistes du Québec ont eu une influence pionnière au Canada et à l'étranger dans des formes d'art diverses, y compris le théâtre et la danse, comme Gilles Maheu, le fondateur de Carbone 14, La La La Human Steps d'Édouard Lock, Robert Lepage, René-Daniel Dubois, Marie Chouinard et le Nouvel Ensemble Moderne. Vous entendrez beaucoup parler de ces artistes et de bien d'autres à l'avenir.

Finalement, et ce sera ma conclusion, pour ce qui est de la troisième génération, je ne sais pas encore de qui elle sera composée. En feront partie, bien entendu, d'exceptionnels adeptes des formes d'art traditionnel et de plus en plus de jeunes hommes et de jeunes femmes qui naviguent sur l'Internet, qui créent de nouvelles formes d'expression dans des médias que nous avons de la difficulté à comprendre aujourd'hui et qui sont capables de partager ces expériences canadiennes avec le monde entier. Merci de votre attention.

[Traduction]

Le président: Merci. Nous avons grandement apprécié votre présentation. Nous allons maintenant passer à la première ronde de questions.

Monsieur Hanrahan, vous avez l'honneur d'être le premier à intervenir.

M. Hanrahan (Edmonton - Strathcona): Merci beaucoup, madame et monsieur, de vos excellentes présentations. Encore une fois, nous avons reçu énormément de documentation et il nous a fallu assimiler tout cela très rapidement; je vous prie donc de m'excuser si certaines de mes questions peuvent vous sembler assez élémentaires. C'est que nous n'avons pas vraiment eu le temps d'approfondir tout cela.

J'ai quelques points à aborder. Premièrement, je vous renvoie à la figure 2, «Aide du Conseil des arts du Canada par province», qui figure dans le document intitulé «Exposé du Conseil des arts du Canada devant le Comité permanent du patrimoine canadien: Documentation connexe».

Maintenant, pendant votre exposé, monsieur Carrier, vous avez dit que les artistes étaient choisis pour recevoir des subventions du Conseil des arts en fonction de critères d'excellence, d'aptitude, etc. Tient-on compte de la répartition par région ou par province?

M. Carrier: La question des régions donne lieu à une discussion qui dure depuis que le Conseil a commencé son travail. C'est toujours présent, c'est toujours une préoccupation. Nous devons être justes. Le centre du pays ne doit pas l'emporter trop nettement.

.1145

Pour remédier à ce problème, le Conseil des arts du Canada s'efforce traditionnellement de constituer des jurys qui représentent, dans toute la mesure du possible, le pays, les régions, les sexes, les disciplines et les diverses orientations à l'intérieur de chaque discipline. Nous essayons de réunir des jurys équitables parce que l'autre, qui est chargé de passer à travers la pile de demandes, s'efforce de trouver la perle rare. Donc, le premier critère est l'excellence, mais le Conseil des arts du Canada s'efforce de tenir compte du problème des régions en ayant les jurys les plus justes possible.

M. Hanrahan: Je suppose que ma question suivante est celle-ci. Si votre critère d'excellence prédomine, et je serais d'accord avec cela, alors qu'est-ce que les régions, le sexe et le choix des jurys ont à voir avec l'art et l'excellence? Autrement dit, disons qu'il y a un brillant artiste en Nouvelle-Écosse. Vous avez déjà donné 10 p. 100 de votre budget à la Nouvelle-Écosse, mais seulement 1 p. 100 à la Colombie-Britannique. L'excellence continuerait-elle d'être le facteur prédominant, ou bien faudrait-il alors pondérer pour tenir compte des régions? Je sais que c'est une question difficile. J'ignore si on peut vraiment y répondre.

M. Carrier: C'est une question difficile, je le reconnais, mais je dois répéter une fois de plus que si nous avons un jury juste et bien équilibré, alors l'excellence l'emportera, quelle que soit la situation.

M. Hanrahan: Ma question suivante porte sur le coût. J'ai jeté un bref coup d'oeil sur votre budget, mais c'est trop de données à assimiler. Pourriez-vous me donner une estimation approximative des dépenses du Conseil des arts du Canada? Combien va à l'administration et combien aux artistes?

M. Carrier: Je vais répondre à cette question, mais je demanderai ensuite à Dave de m'aider.

Quand Donna et moi-même avons été nommés, nous avons tout de suite voulu savoir combien coûtait notre administration. Nous avons donc fait des recherches et nous avons constaté que c'était environ 20 p. 100. Dave vous donnera le chiffre précis. Nous avons trouvé que c'était beaucoup pour administrer notre organisation. Nous en avons discuté et y avons réfléchi et, après avoir élaboré le plan stratégique, nous en sommes venus à la conclusion que nous devrions ramener le coût de l'administration de 21 p. 100 à 11 p. 100, à peu près. C'est ce que nous nous efforçons de faire.

Dave pourrait être plus précis que moi.

M. Hanrahan: Je crois en effet avoir lu dans ce document que c'est passé de 21 p. 100 à 11 p. 100.

Une voix: C'est de 22 p. 100 à 12 p. 100.

M. Hanrahan: Bon, de 22 à 12. Cette réduction est causée essentiellement par la réduction de l'octroi du gouvernement, si je ne me trompe. Ai-je raison de supposer que l'administration absorbe intégralement le coup de cette réduction de sept millions de dollars, tandis que les subventions accordées aux artistes demeurent essentiellement constantes?

M. Carrier: Oui.

M. Hanrahan: Excellent.

J'ai une troisième question. Je me la suis posée tout au long de votre exposé, qui était par ailleurs excellent. Je m'interroge sur l'évaluation concrète des programmes, du point de vue avantages-coûts. Encore une fois, quand on assiste à une pièce de théâtre ou qu'on regarde une oeuvre d'art, c'est très difficile de dire si l'on en a pour 20$ ou 100$ ou quoi que ce soit.

Faites-vous une quelconque évaluation financière des projets que vous financez? Si vous envoyez un groupe en tournée pour présenter un programme d'un bout à l'autre du pays et que les revenus de cette tournée indiquent que très peu de gens se sont déplacés pour voir l'oeuvre, cherchez-vous alors à comprendre pourquoi et vous demandez-vous comment vous pouvez faire en sorte que les Canadiens apprécient davantage ce que votre jury avait trouvé valable?

.1150

M. Carrier: Pour vous donner la meilleure réponse possible, je vais demander à Anne Valois de répondre. C'est elle qui est chargée des tournées au Conseil.

Mme Anne Valois (Tournées et diffusion, Conseil des arts du Canada): Je m'appelle Anne Valois et je suis responsable des tournées et des initiatives stratégiques au Conseil des arts.

Ces dernières années, le Conseil a décidé d'examiner toutes ses activités en matière de tournées en cherchant précisément à connaître les chiffres d'assistance et à peser les mérites des tournées. Lorsqu'une demande nous est formulée de nouveau les années suivantes, nous avons ainsi la possibilité de consulter ces statistiques. Cela nous permet aussi d'élaborer de nouvelles initiatives dans le but de créer éventuellement des possibilités d'assistances plus nombreuses dans le cadre de la conception de nos programmes. Donc, pour répondre à votre question, je dirais que oui, nous évaluons effectivement l'effet de l'investissement.

Le président: Votre temps est écoulé, monsieur Hanrahan, mais vous aurez de nouveau la parole plus tard.

Avant de passer à M. Ianno, j'aurais moi-même une question. Comme vous le savez, nous nous préoccupons ces temps-ci de l'unité nationale, et je suppose que l'on peut en dire autant de tous les Canadiens. Le Conseil des arts du Canada se préoccupe-t-il de cette question?

Dans le cadre de votre travail, avez-vous fait des efforts visant à singulariser des projets ou des oeuvres qui, à votre avis, sont susceptibles de contribuer à l'unité nationale, ou bien faites-vous simplement l'hypothèse que l'ensemble de vos activités et la totalité de l'aide que vous accordez contribuent à l'unité nationale d'une façon ou d'une autre? Autrement dit, cela donne aux Canadiens l'occasion de s'exprimer, de faire connaître leur vécu.

Comment répondriez-vous à cette question?

Mme Scott: Non, nous ne pensons pas à l'unité nationale dans le cadre de nos activités courantes qui consistent à accorder des subventions à des artistes et organisations artistiques. Nous estimons toutefois...c'est un élément clé dont Anne vient de parler et qui figure dans notre plan stratégique. Nous croyons que les Canadiens peuvent célébrer la vie culturelle de leur pays. La culture est un peu comme les parcs et les huards, nous y tenons tous. Compte tenu de cela, nous avons décidé d'accroître notre financement et d'accorder une attention particulière seulement à l'égard des activités culturelles que l'on peut présenter à une audience canadienne plus large.

Ainsi, l'un de nos nouveaux objectifs, que nous visons constamment dans toutes nos réorganisations de programmes, nos réaménagements d'effectifs, etc., est de voir à ce que toutes ces excellentes choses que nous avons évoquées dans nos allocutions soient mieux connues par un plus grand nombre de Canadiens.

Je pense que cela répond à votre question. Nous croyons que la solution est d'obtenir que cette célébration de l'excellence culturelle, le plaisir, la joie, la fierté que nous pouvons tirer de notre vie culturelle, que tout cela soit partagé par l'ensemble de la nation. Et nous sommes déterminés à faire en sorte que toutes les régions du Canada puissent bénéficier davantage des trésors culturels que nous recelons, car ces trésors ne sont pas destinés seulement à la population des grands centres urbains.

M. Carrier: Monsieur le président, je voudrais ajouter quelque chose. Pendant la tournée de consultation, des artistes de toutes les provinces et de tous les coins du pays nous ont dit qu'il était important d'avoir une institution nationale comme le Conseil des arts pour maintenir des normes nationales et pour aider les artistes à rivaliser l'un avec l'autre et avec les meilleurs.

On nous a dit également à quel point il est important que la population puisse prendre connaissance des oeuvres des artistes. Notre recommandation et notre décision stratégique de consacrer davantage de ressources à la diffusion des oeuvres est dans la droite ligne de ce que nous avons appris pendant cette tournée.

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Sur un plan plus personnel, je voudrais mentionner un avantage qui est une sorte d'effet secondaire du Conseil des arts. Nous parlions tout à l'heure des jurys. Les membres de ces jurys viennent de toutes les régions du pays, du Québec, du Nouveau-Brunswick et d'ailleurs, et ils passent quelques jours ensemble. Ils discutent des demandes et des oeuvres d'art, des liens d'amitié se créent entre eux, ce qui contribue à faire en sorte que les Canadiens connaissent mieux leur pays.

Nous avons par exemple des programmes permettant aux écrivains de lire des extraits de leurs oeuvres un peu partout au Canada. Ils sont payés pour cela; je crois que les honoraires sont de 200$. C'est une formidable expérience pour tous les écrivains qui le font et aussi pour les membres du public qui ont l'occasion d'entendre une voix du Québec, de la Nouvelle-Écosse, etc. C'est une retombée intéressante.

Il y a quelques jours à peine, peu après le référendum, nous avons remis les prix littéraires du gouverneur général. Nous avons vu à cette occasion des écrivains venus de tous les coins du pays qui avaient l'occasion de lier connaissance et de discuter.

C'est un aspect peut-être secondaire, mais très important. Je ne parle pas de...[Inaudible - Éditeur]. Nous devrions mentionner nos activités de tournée.

Ainsi, en un sens, je crois que nous faisons du très bon travail pour ce qui est de montrer le Canada aux Canadiens et nous ne pouvons que souhaiter faire encore mieux à cet égard.

Le président: Il n'y a aucun doute qu'il faut faire mieux. Le résultat du référendum était trop serré.

Monsieur Ianno.

M. Ianno (Trinity - Spadina): Merci, monsieur le président.

Je vous remercie de vos présentations. Premièrement, je tiens à vous féliciter pour l'aspect novateur de vos activités, grâce auquel vous nous faites entrer dans l'ère moderne. Je songe à l'Internet, etc. Tout cela est très positif.

Je m'interroge plutôt au sujet de votre esprit d'entreprise. Commençons par les chiffres. Je vous ai entendu dire que le coût d'administration... L'année dernière, les crédits qui vous ont été accordés par le gouvernement ont baissé d'environ 2,5 millions de dollars. Est-ce bien exact?

Mme Valois: Oui.

M. Ianno: Vous avez laissé entendre qu'en trois ans, les dépenses administratives passeraient de 22 millions à 12 millions de dollars. Le budget de l'année dernière donne-t-il une idée de ce que pourrait être la réduction des crédits parlementaires l'année prochaine?

Mme Scott: La réponse est à la fois oui et non, mais peut-être...

M. Ianno: Je suppose que les compressions de 10 millions sur trois ans entrent en jeu.

Mme Scott: Nous l'ignorons pour l'instant, mais si vous le permettez, je voudrais préciser un point. Même sans la réduction des crédits qui nous sont accordés, nous avons estimé que 22 p. 100 pour les dépenses administratives, c'était beaucoup trop élevé.

M. Ianno: Quand vous en êtes-vous rendu compte?

Mme Scott: Dans le cadre du travail d'élaboration du plan stratégique que les cadres supérieurs et le Conseil ont fait ensemble.

M. Ianno: Quand était-ce?

Mme Scott: À partir de juillet 1994, et tout cela a culminé avec l'annonce de mars 1995.

M. Ianno: C'est donc la question de la poule et de l'oeuf, lequel est venu en premier?

Mme Scott: Je dirais que nous...

M. Ianno: C'est bon, vous avez répondu à ma question.

J'ai remarqué dans votre annonce, ou plutôt le discours que vous avez prononcé à l'occasion de la cérémonie de remise des prix littéraires du gouverneur général, que vous avez également évoqué le régime fiscal, disant que le gouvernement devrait vous permettre d'aller chercher des fonds, et cela nous renvoie encore une fois au système de crédits d'impôt ou à un système quelconque qui conviendrait à vos besoins. Je crois comprendre que grâce au compte de dotation et tout le reste, vous disposez déjà d'une possibilité de ce genre, n'est-ce pas?

Mme Scott: Nous avons un comité des investissements qui gère les fonds qui ont servi à lancer le Conseil des arts du Canada.

M. Ianno: C'est le fonds initial.

Mme Scott: Oui.

M. Ianno: Et les diverses dotations qui sont énumérées dans ce document, le compte Killam et les autres?

Mme Scott: Oui, c'étaient les successions de Izaak Walton Killam et de Sir James Dunn que le gouvernement de l'époque a utilisées pour financer et établir le Conseil des arts.

M. Ianno: Vous voulez dire...c'était en 1957?

Mme Scott: C'est bien cela.

M. Ianno: Bon. Et qu'en est-il de Petro-Canada et des autres fonds qui vous sont accordés?

Mme Scott: C'est une question intéressante. Je me ferais un plaisir de vous en parler plus longuement si nous en avions le temps. Nous administrons les prix de beaucoup de compagnies: Petro-Canada, Bell Canada, etc. Nous avons aussi le prix de la famille Chalmers, etc.

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Ainsi, ce dont Roch parlait dans son allocution, c'est que le Conseil des arts du Canada est fort bien placé pour administrer les prix décernés aux artistes, à cause de son expertise dans l'établissement de jurys et du fait qu'il est un organisme indépendant, etc.

M. Ianno: Il voit à ce que les prix soient accordés à ceux qui en ont besoin, afin que nous puissions continuer à lui accorder des crédits?

Mme Scott: Ces prix sont en effet accordés par des jurys, en fonction de l'excellence.

M. Ianno: Je suppose que dans le cas du Conseil des arts...vous avez précisé avec fierté que vous avez aidé beaucoup d'artistes au début de leur carrière.

Je voudrais faire une analogie. J'espère que le gouvernement cessera de donner de l'argent aux entreprises qui sont couronnées de succès. De même, j'ai hâte de voir le Conseil des arts du Canada consacrer son énergie et son argent à promouvoir particulièrement ceux qui en sont à leurs débuts, jusqu'à ce qu'ils puissent subvenir à leurs propres besoins, grâce à votre aide et grâce à leur propre initiative et à leur excellent travail, au lieu de se contenter de donner des prix à des gens qui n'en ont pas nécessairement besoin.

Mme Scott: Eh bien, il serait peut-être préférable que Roch réponde à cela, mais nous avons bien sûr des programmes au Conseil qui sont conçus pour aider les jeunes artistes dont le talent ne fait qu'émerger. En fait, nous avons toute une section qui s'appelle Explorations et une autre qui s'appelle Service des bourses.

M. Ianno: Quel est le montant total pour les deux?

Mme Scott: David, pourriez-vous...?

M. David Hendrick (secrétaire-trésorier, Conseil des arts du Canada): Le montant est de 16 millions de dollars.

M. Ianno: Donnez-vous chaque année 16 millions à ce chapitre?

M. Hendrick: Pardon, c'est plutôt 13 millions par année.

M. Ianno: Je sais que mon temps est limité, mais j'ai deux autres questions à vous poser.

J'ai remarqué certaines de vos activités qui me semblent bonnes, notamment les prix littéraires de la Banque de Montréal, etc. Quels sont vos efforts de partenariat avec le secteur privé, en vue de recruter des parrains pour divers projets? Je sais que vous le faites déjà, mais essayez-vous d'en faire plus sur ce plan?

Mme Scott: Eh bien, je peux vous dire que dans le cadre de notre réorganisation, nous ciblons effectivement tous les prix. Nous voulons préciser leur mandat, leur raison d'être et leur mode de financement et nous déployons beaucoup d'efforts pour trouver d'autres partenaires.

M. Ianno: Quel est le montant que vous accordez pour les prix? Pas le montant initial...je veux dire les 13 millions de dollars pour l'excellence.

M. Hendrick: Je ne sais pas exactement quel est le total pour les prix. Je devrai vérifier.

M. Ianno: Est-ce un million, ou plutôt 10 millions?

M. Hendrick: C'est plusieurs millions de dollars.

M. Ianno: Il faut espérer que vous trouverez des compagnies qui prendront le relais et vous permettront d'utiliser votre argent à d'autres fins.

Mme Scott: C'est en effet l'une de nos missions à l'heure actuelle. Vous avez mis le doigt sur quelque chose de très important.

M. Ianno: Comment travaillez-vous avec la SRC afin que l'argent du gouvernement soit utilisé pour que les oeuvres valables de beaucoup d'artistes que vous aidez soient montrées d'un bout à l'autre du pays, pour que ces tournées ne soient pas de l'argent dépensé inutilement, pour que ce soit avantageux à bien des égards?

Mme Scott: Je connais en tout cas un programme en Nouvelle-Écosse qui se fait en collaboration avec la radio du réseau CBC. C'est très important pour les groupes musicaux.

M. Ianno: Quand vous dites «quelqu'un en Nouvelle-Écosse», cela fait-il partie du Conseil des arts ou est-ce simplement privé...

Mme Scott: Cette personne est aidée par le Conseil des arts.

M. Ianno: Mais que faites-vous au Conseil des arts pour encourager cela et pour faire usage de votre force administrative en vue d'intervenir activement pour résoudre certains de ces problèmes?

M. Carrier: Je pense que l'incidence du travail du Conseil des arts transparaît tout à fait dans les émissions de la SRC, car beaucoup d'artistes qui se produisent à Radio-Canada ont été à un moment ou à un autre...

M. Ianno: Je comprends cela.

M. Carrier: Maintenant, vous savez probablement que la SRC subit des compressions très sévères.

M. Ianno: Ce qui offre de belles possibilités au Conseil des arts.

M. Carrier: Ils font aujourd'hui ce que nous avons fait l'année dernière et nous avons presque terminé ce travail. Je crois que le Conseil des arts, le Centre national des arts et les autres grandes organisations nationales sont tout à fait conscientes que nous devons travailler ensemble. Vous verrez que ces organisations vont prendre l'initiative de conjuguer leurs ressources...

M. Ianno: Mais avez-vous déjà un plan stratégique en place?

M. Carrier: Vous nous devancez. C'est un processus très long. Nous vous avons expliqué ce que nous avons fait. Nous avons réduit les coûts...

M. Ianno: Je comprends cela.

M. Carrier: ...et nous avons dû congédier des gens. Nous sommes actuellement en train de réexaminer nos programmes. Quand tout sera prêt, je crois que tout ira très vite. Mais pour répondre à votre question, non, nous n'avons pas aujourd'hui de plan précis.

Le président: Votre temps est écoulé, monsieur Ianno. Soyez très bref.

M. Ianno: Pour ce qui est du contenu artistique des magazines auxquels beaucoup d'artistes contribuent, sur quel critère vous fondez-vous pour répartir vos fonds pour la création, la production et la diffusion, comme il est précisé dans votre mandat? Comment procédez-vous?

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M. Carrier: Nous avons fait une étude de nos politiques et des critères pour ce qui est du financement des magazines. Ce n'est pas encore terminé, mais il fallait examiner tout cela.

C'est très riche. Il y a peut-être des dédoublements et nous étudions le dossier.

M. Ianno: Quand une décision sera-t-elle prise?

M. Carrier: Très bientôt, dans quelques mois. Je pense qu'à la fin de janvier, nous devrions en être tout près.

Le président: Nous devrons nous arrêter là. Merci.

Monsieur Peric, vous avez cinq minutes.

M. Peric (Cambridge): Merci, monsieur le président.

Madame Scott, à la page 3, au deuxième paragraphe, vous dites:

Je suis quelque peu insulté. Vous mentionnez les groupes parlant les deux langues officielles et les premiers peuples... Qui donc est considéré comme «ethnique»?

Mme Scott: Ce passage fait essentiellement référence...

M. Peric: Non anglophone, non francophone, non ...

Mme Scott: ... aux nouveaux Canadiens.

M. Peric: Pourquoi ne pas alors utiliser cette expression, «nouveaux Canadiens»?

Mme Scott: J'ignore pourquoi je ne l'ai pas fait, en vérité. Il y a parfois des termes que l'on utilise...

M. Peric: Qui sont mauvais.

Mme Scott: Nous avons aussi deux secrétariats au Conseil des arts. L'un pour les Premières nations et l'autre pour ce que nous considérons comme la population ethnique.

M. Peric: Je suis Canadien par choix. Je ne suis ni Français ni Anglais ni Autochtone, je suis Canadien. Veuillez ne pas me considérer comme un ethnique.

Mme Scott: Je vois. Merci.

M. Peric: J'ai quelques questions à poser.

M. Carrier: Puis-je intervenir là-dessus? Je crois que vous devriez consulter le plan stratégique. À la page 17, vous trouverez ce que le Conseil entend faire au sujet de ce que nous appelons les «communautés de cultures diverses».

M. Peric: Dans ce cas, utilisez cette expression, «communautés de cultures diverses». Si vous voulez être l'organisation qui réunira tous les Canadiens et qui fera la promotion du canadianisme, n'allez pas créer cette troisième catégorie artificielle de Canadiens. Je suis Canadien par choix.

M. Carrier: Oui. Je dois vous dire que nous recevons deux messages très différents et parallèles de ces communautés. Parfois c'est oui, il nous faut un petit quelque chose de spécial pour avoir accès, une porte spéciale, un coup de pouce, pour prendre place parmi l'ensemble des Canadiens. En même temps, d'autres disent non, nous ne voulons pas être placés dans un ghetto.

Nous avons vraiment essayé d'éviter ces deux extrêmes dans le plan.

M. Peric: J'espère que vous réussirez.

Pouvez-vous m'expliquer la composition du jury et combien cela coûte? Combien de demandes recevez-vous par année? Dépensez-vous votre budget et à quelle date?

Mme Scott: Je crois, Roch, que vous-même et David devriez répondre à ces questions.

M. Carrier: Peut-être David peut-il nous donner le coût moyen, parce que chaque jury est...

M. Peric: Comment votre jury est-il composé?

M. Carrier: Ça dépend beaucoup de la discipline, du programme en cause. Il y a beaucoup de diversité. Le principe, c'est que nous essayons d'être justes.

Parfois, il y a trois personnes et parfois cinq. Parfois, ces personnes viennent de régions très éloignées les unes des autres. Parfois ce sont d'autres régions. C'est pourquoi il est difficile d'évaluer le coût.

M. Peric: À quelle fréquence se réunissent-ils?

M. Carrier: Ça dépend encore une fois du programme. Nous avions auparavant une centaine de programmes différents. Pour chacun d'eux il fallait réunir le jury au moins une fois, parfois deux et parfois trois fois. Nous avons réduit le nombre de programmes de 100 à 48. Ainsi, les programmes sont un peu plus ouverts et nous économiserons sur le coût des jurys et les dépenses d'administration.

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M. Peric: Mais je me rappelle avoir examiné votre formulaire de demande; on disait que le jury se réunit deux fois par année. Est-ce le cas?

M. Carrier: Parfois. Cela dépend de la discipline et du programme.

M. Hendrick: On a posé deux questions. La première portait sur le coût des jurys. Pour l'ensemble du Conseil des arts, les jurys coûtent un peu plus de deux millions de dollars.

La deuxième question était de savoir si nous dépensons cela dans le courant de l'année. Oui, notre année financière est la même que celle du gouvernement, c'est-à-dire du 1er avril au 31 mars. Ces dépenses de deux millions de dollars sont réparties sur cette année financière.

Le président: Nous pourrions peut-être poursuivre dans cette veine dans quelques minutes.

M. Hanrahan, suivi de Mme Gaffney.

M. Hanrahan: Merci, monsieur le président. C'est frustrant d'être pressé par le temps, mais on ne peut pas échapper à cette réalité.

Je voudrais revenir à cette question du jury. Essentiellement, il y a la communauté artistique ici, le public canadien là, et le jury entre les deux, qui se trouve à exercer son jugement pour filtrer les subventions émanant du Conseil des arts.

Voici ma question. Je ne veux pas une longue réponse, car le temps presse et j'aurai ensuite une deuxième question qui me semble tout aussi importante.

À votre avis, qu'arriverait-il si nous n'avions pas de Conseil des arts ou de jury? Si nous laissions simplement nos artistes se lancer en disant «Voici ce que je fais», et si nous laissions le public décider de ce qu'il aime ou n'aime pas, etc.? Le Conseil des arts est-il essentiel? Ce système de jury est-il essentiel?

M. Carrier: Si nous n'avions pas de comité pour organiser les choses de la vie urbaine, par exemple, ce serait le chaos. Je voudrais me frayer un passage et vous aussi.

Je pense que nous tenons le Conseil des arts pour acquis. Aux États-Unis, on est en train d'étrangler le National Endowment for the Arts et bien des gens en sont tout à fait désolés. Au Mexique, ils sont très fiers de leur culture et très nationalistes sur le plan culturel. Ils nous interrogent sur le fonctionnement du jury, car ils voudraient en faire autant. C'est un excellent système.

Nous avons tendance à tenir cet organisme pour acquis. Il a appuyé beaucoup de talents. Si on considère que le talent dans tous les domaines est un véritable atout pour un pays, il faut faire quelque chose. Le Conseil des arts du Canada est une organisation qui est tout aussi nécessaire que le réseau universitaire ou scolaire. Nous devons l'appuyer, nous devons aider l'épanouissement du talent.

M. Hanrahan: Nous pourrions probablement en discuter tout l'après-midi, mais je vais passer rapidement à autre chose.

Je voudrais revenir au mandat original de notre comité. Notre objectif est de trouver des moyens concrets qui permettent aux Canadiens de toutes les régions et de tous les groupes linguistiques et culturels de mieux communiquer entre eux, de mieux se comprendre et de célébrer ensemble leurs valeurs et aspirations communes, et leur fierté de faire partie du même pays. C'est à des groupes comme le vôtre que nous demandons de nous faire des suggestions quant à la façon d'y parvenir.

Pourriez-vous nous donner ne serait-ce que trois suggestions concrètes en vue d'atteindre les objectifs qui nous ont été fixés?

M. Carrier: La première suggestion, c'est de nous donner davantage de ressources pour les tournées, pour la diffusion.

M. Hanrahan: Mais si l'on est réaliste, on sait que ça n'arrivera pas.

M. Carrier: Je sais que ce n'est pas réaliste, mais il y a un besoin et ce serait appuyé par les Canadiens. Il faut montrer aux Canadiens que les Canadiens sont intéressants. Il faut interpréter le Canada à l'intention des Canadiens. Songeons aux films que nous voyons; 97 p. 100 d'entre eux sont américains. Environ 57 p. 100 des livres que nous lisons sont étrangers. C'est bien, j'aime la littérature étrangère, mais je crois que dans tout autre pays, on s'inquiéterait de ces chiffres qui nous semblent fort intéressants. Il faut donc faire davantage de diffusion.

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M. Hanrahan: Comme nous avons consacré énormément de temps ce matin à passer en revue le Conseil des arts du Canada, ses activités, son budget, etc., y a-t-il un mécanisme qui vous permettrait de nous remettre sous forme écrite un document renfermant vos suggestions sur la question qui nous occupe?

M. Carrier: Oui.

M. Hanrahan: Je pense que cela nous serait utile.

M. Carrier: Nous nous ferons un plaisir de faire ce travail.

M. Hanrahan: J'aimerais beaucoup savoir ce que vous avez à dire, parce que vous semblez jouer un rôle très important, bien que je ne sois pas certain que ce soit un rôle essentiel. Quoi qu'il en soit, dans le cadre du système actuel, compte tenu de notre mandat, qui est d'unir les Canadiens, cela semble essentiellement votre raison d'être. J'aimerais donc beaucoup voir sur papier comment vous pouvez nous aider dans notre tâche.

Merci.

Le président: Madame Gaffney.

Mme Gaffney (Nepean): Le seul inconvénient d'intervenir au cinquième rang, c'est que plusieurs de mes questions ont déjà été posées.

Vous avez dit, madame Scott, que le Conseil des arts est parfois mal compris et je suis entièrement d'accord avec cela. C'est peut-être parce que personne ne sait exactement ce que fait le Conseil.

Il y a quelques mois, j'étais l'une des 60 personnes invitées à une table ronde au Centre national des arts et je sais qu'il y avait là quelqu'un du Conseil des arts. Coopers & Lybrand vient tout juste de publier le rapport.

Je sais que vous avez sillonné le pays et consulté des groupes d'artistes, mais les gens mêmes que vous financez ont critiqué ce que vous faites à cette occasion, disant que vous agissiez unilatéralement.

Ayant participé à cette discussion au Centre national des arts et sachant que les musées d'Ottawa sont un exemple, de même que les Archives et le Centre national des arts...il ne semble pas y avoir le moindre lien entre ces organismes. Vous agissez tous indépendamment les uns des autres. Je voudrais que vous me disiez pourquoi la communauté artistique ne souscrivait pas à la façon dont vous meniez cette étude. Par ailleurs, envisagez-vous que le Conseil des arts ait des liens plus étroits avec les autres musées nationaux, les archives, enfin tous les organismes qui se trouvent ici, dans la région de la capitale nationale?

Mme Scott: Premièrement, oui, je prévois que cela se fera davantage. Il y a très peu de structures formelles en ce sens. Je crois que le directeur siège au conseil du Centre national des arts, mais à ma connaissance, il n'y a aucune autre structure officielle pour faire en sorte que votre suggestion se réalise. Je peux vous dire que nous sommes entièrement d'accord avec vous et que Roch et moi-même avons pris l'initiative de rencontrer nos collègues des autres importantes organisations culturelles nationales; nous avons des entretiens avec eux et nous avons commencé à travailler ensemble. En fait, Roch et moi nous sommes fixés comme objectif, au cours de la tournée que nous avons faite d'un bout à l'autre du Canada l'année dernière, de rencontrer les représentants de toutes les organisations provinciales et, le cas échéant, municipales qui s'occupent des arts, car nous sommes convaincus qu'il nous faut absolument travailler ensemble.

Toutefois, je crois que dans votre première question, vous avez soulevé un point qui est l'une de nos principales préoccupations depuis le plan stratégique. Dans ce document, nous avons dit que le Conseil des arts joue un rôle de défenseur des arts et à cet égard, nous croyons que le Conseil a fait du très bon travail dans ses contacts avec la communauté artistique, mais qu'il a échoué pour ce qui est de communiquer au grand public ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons et ce que tout cela signifie.

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En outre, nous croyons que nous devrions assumer la responsabilité d'être les porte-parole de la communauté artistique au Canada. Tout cela a résulté en un programme de défense des arts très bien ciblé et orchestré et nous prévoyons de corriger ces lacunes que nous avons décelées dans le passé.

La réponse est donc oui, nous y travaillons, quoique ce soit uniquement une initiative de notre part. Il n'y a rien de structuré pour que Roch siège au conseil de la SRC ou que moi-même je fasse partie du conseil du Musée des Beaux-arts. Il n'y a rien de tel. Nous le faisons de notre propre initiative. Nous connaissons la plupart des gens. Nous avons fait un effort pour les connaître. Nous sommes partisans de ce que vous proposez.

Oui, nous croyons que le Conseil des arts du Canada a un immense travail à accomplir pour faire en sorte que les Canadiens soient conscients de la valeur du Conseil des arts et de son importance dans leur vie quotidienne et, bien sûr, dans la vie de leurs enfants.

M. Carrier: Vous avez mentionné les Archives nationales. Nous avons un programme très intéressant avec eux, nommément la lecture des oeuvres après la remise des prix du gouverneur général. C'est une soirée de lecture très intéressante et très courue à Ottawa.

Je siège en effet au conseil du Centre national des arts. Nous discutons de projets possibles, mais le Conseil des arts appuie déjà certaines activités du Centre national des arts. Je reconnais toutefois que nous devons travailler de façon plus structurée.

Mme Gaffney: Me reste-t-il encore du temps?

Le président: Seulement parce que vous êtes gentille.

Mme Gaffney: Merci.

Je veux revenir sur un point que vous avez abordé tout à l'heure au sujet de l'unité canadienne. Nous essayons de travailler de façon, disons, apolitique, du point de vue de notre comité. Pourtant, quand je songe à la récente campagne référendaire au Québec...je ne me rappelle plus du nom de cette artiste qui a présenté la partie française de la grande mise en scène orchestrée par M. Parizeau au moment du dévoilement de la question. Cette femme a bénéficié grandement de l'aide financière du Conseil des arts, et pourtant elle était là, sur la scène, pour défendre le camp du «oui».

Comment n'avons-nous pas su lui montrer l'importance de la fédération? Elle était dans l'autre camp, même si elle avait bénéficié grandement des fonds du Conseil des arts du Canada. Je suis certaine que vous savez de qui je parle. Je ne me rappelle plus son nom.

M. Carrier: Je ne peux pas parler au nom de cette personne.

Mme Gaffney: Comment pourrions-nous mettre fin à ce genre de choses?

M. Carrier: Tout ce que je peux faire, c'est vous parler de moi-même et de ce que le Conseil des arts a fait pour moi; il m'a aidé à découvrir le Canada. Il m'a aidé à visiter le Canada, à rencontrer des Canadiens et grâce à cette expérience, je crois avoir une vision unique de mon pays, une vision que je m'efforce de faire partager par les gens autour de moi. Il n'en demeure pas moins que je ne peux pas répondre au nom de cette personne.

M. Hanrahan: Je m'adresse à l'ensemble des témoins. Selon vous, faudrait-il arrêter cela? Devrait-on donner des subventions aux gens qui souhaitent briser le pays?

M. Carrier: Je vous le répète, la tâche du Conseil des arts est d'appuyer le talent au Canada, peu importe dans quelle région. Nous devons appuyer l'excellence, c'est probablement la meilleure contribution que nous puissions faire en tant que Canadiens.

M. Hanrahan: Je ne saisis pas trop bien ce que vous dites. Êtes-vous en train de dire que si quelqu'un préconise l'éclatement du pays, ce n'est pas un critère dont vous tiendriez compte dans l'évaluation d'une demande de subvention?

M. Carrier: Si nous faisions ce que vous proposez, alors l'excellence ne serait pas notre principal critère. Si nous accordions des subventions sur la base de l'appui politique, peut-être alors que je ne pourrais pas obtenir de subvention sous prétexte que je suis créditiste. Si je donnais notre appui en me fondant sur les valeurs morales, encore une fois ce serait très difficile. Et le problème serait le même si nous accordions nos subventions en fonction de dispositions légales. Ce que le Conseil des arts fait depuis des années, c'est d'appuyer l'excellence, sans distinction.

Le président: Merci. Je crois que M. Ianno a une autre question, après quoi j'aurai moi-même une question, et ensuite nous pourrons peut-être vous laisser aller déjeuner.

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M. Ianno: Merci. Je suppose que ce qui me préoccupe...j'en reviens au fonds de dotation. Y a-t-il 127 millions de dollars dans le fonds de dotation, ou bien fais-je erreur? C'est à la page 49.

Mme Scott: Il y a plusieurs comptes, et nous pourrions vous expliquer la façon dont ils sont administrés, mais...

M. Ianno: Mais le total? Pouvez-vous me dire quel est le total?

M. Hendrick: Je vous dirai d'abord que la dotation était au départ de 50 millions de dollars; à la fin de septembre dernier, elle valait 160 millions.

M. Ianno: J'ai remarqué que le rendement cette année a été d'environ 4 p. 100 pour le compte de dotation, tandis que le Killam était de 7,7 p. 100; l'année précédente, il était de 15 p. 100 pour la dotation et de 12,5 p. 100 pour le Killam. Je suppose que les frais d'administration du portefeuille d'investissement ont été de 536 000$ en 1994 et de 516 000$ en 1995. Avez-vous congédié les gestionnaires des portefeuilles? Quel sort leur réservez-vous?

M. Hendrick: Nous n'avons pas congédié les gestionnaires de portefeuille. Il y a quatre gestionnaires de portefeuille différents qui s'occupent d'investir...

M. Ianno: Il me semble que c'est moins que les obligations d'épargne du Canada, n'est-ce pas?

M. Hendrick: Oui, et leur travail est de faire les meilleurs investissements possibles au nom du Conseil. Leur rendement est examiné par un comité. En fait, nous nous réunissons justement cette semaine pour passer en revue le rendement du dernier trimestre. Nous examinons le rendement chaque trimestre.

Nous leur demandons de faire deux choses distinctes. Premièrement, d'investir dans des titres, obligations, argent comptant et autres placements; mais on leur demande aussi de fournir de l'argent à même leur rendement pour défrayer le fonctionnement de l'organisation.

M. Ianno: Excusez-moi, je n'ai pas compris la dernière partie.

M. Hendrick: On leur demande de fournir au Conseil 7,5 millions de dollars pour le fonctionnement; ils investissent donc pour faire croître le fonds, mais aussi pour financer le fonctionnement du Conseil.

M. Ianno: Très bien, mais cela ne change rien au fait que le rendement a été de 4 p. 100 l'année dernière.

M. Hendrick: Cela ne change rien au rendement. Tout ce que j'essaie de vous expliquer, c'est qu'ils ont une double responsabilité. D'abord, d'investir dans des titres pour assurer la croissance du fonds, et ensuite de faire des investissements destinés à générer des fonds pour financer les opérations.

M. Ianno: Ils ont donc fait beaucoup mieux au chapitre des investissements destinés au financement?

M. Hendrick: C'est mélangé. Leur combinaison d'actif dépend des besoins de revenu de l'organisation et ils doivent en tenir compte quand on leur demande de l'argent. Les chiffres de rendement que vous avez sous les yeux reflètent également ce qui s'est passé dans l'ensemble du marché au cours des deux dernières années financières.

M. Ianno: Je croyais que le marché était en hausse.

M. Hendrick: L'année dernière?

M. Ianno: Oui.

M. Hendrick: Nous devons examiner cela avec eux, et nous l'avons fait.

M. Ianno: Étant donné que le Canada est déficitaire, la raison pour laquelle on vous coupe vos fonds, c'est que vous semblez avoir beaucoup d'argent disponible et vous avez donc une marge d'erreur, et je me demande simplement quel genre de message on se trouve à transmettre à beaucoup d'autres organisations qui subissent des compressions et qui ne disposent pas d'un fonds de dotation. Je voulais simplement vous le signaler en vue de votre réunion de la semaine prochaine.

Merci, monsieur le président.

Le président: J'ai une question découlant de notre préoccupation à tous de renforcer l'unité nationale au Canada. Comme vous le savez, il y a une perception selon laquelle l'un des obstacles qui nous empêche de mieux nous comprendre, l'un des obstacles à l'unité nationale, c'est la façon dont nous enseignons l'histoire.

Au Québec, on enseigne l'histoire du Canada d'une certaine façon, tandis que dans les neuf autres provinces, l'histoire est enseignée, exprimée et écrite de façon tout à fait différente. Cet écart constitue, tout au moins dans l'esprit de certains, une difficulté supplémentaire pour ce qui est de réaliser l'unité nationale, parce que nous grandissons vraiment dans deux solitudes. Je crois savoir que votre mandat vous habilite à donner une aide financière aux historiens professionnels. Envisageriez-vous d'aider davantage les historiens professionnels qui voudraient s'attaquer à ce dossier particulier, afin que nous ayons une meilleure compréhension de notre passé et de notre histoire?

Je suis certain que vous connaissez le problème que j'évoque, monsieur Carrier.

M. Carrier: Je crois comprendre fort bien ce que vous dites, car on m'a enseigné cette histoire, mais j'ai pris bien soin de lire plus que ce qu'on m'a enseigné. J'ai maintenant un autre point de vue et je ne recommanderais pas que le Conseil adopte l'orientation que vous proposez.

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Le président: Pourquoi?

M. Carrier: Je le répète une fois de plus, notre principe, c'est l'excellence. Quelqu'un qui a un projet dans le domaine de l'histoire peut demander de l'aide au titre de l'un de nos programmes d'aide aux écrivains, et le projet serait jugé selon ses mérites par des pairs. Nous avons une petite portion de notre budget qui est consacrée à ce que nous appelons les ouvrages d'essais.

Le président: Autrement dit, si un historien professionnel proposait une oeuvre d'excellente qualité, vous en jugeriez en fonction du mérite et d'après...

M. Carrier: Absolument.

Le président: Très bien. Mais j'ai encore une question. Vous ne vivez pas dans l'abstrait. Vous savez de quoi notre pays est fait, vous savez quelles sont les tensions, vous connaissez quelque peu notre histoire et nos problèmes d'unité nationale. Êtes-vous en train de nous dire que le Conseil des arts du Canada refuserait de s'attaquer à ce problème sous prétexte d'un quelconque idéal de pureté, que vous refuseriez d'aller chercher un historien professionnel dont les titres sont irréprochables, en vue de favoriser l'éclosion d'une oeuvre susceptible de favoriser la compréhension mutuelle au Canada? Êtes-vous donc tellement purs et tellement neutres et tellement objectifs et tellement apolitiques que vous refuseriez tout simplement de vous compromettre le moindrement dans ce dossier?

M. Carrier: Il n'est pas question de pureté ou d'être neutre et je crois que nous avons prouvé que notre équipe ne craint pas de prendre les bonnes décisions; en fait, nous ne craignons pas de prendre des décisions, quelles qu'elles soient. Mais je sais que ce qui a fait du Conseil des arts une grande organisation, c'est qu'il a toujours respecté cette situation d'indépendance. Le Conseil est devenu une grande organisation parce qu'il s'en est tenu au principe d'aider les meilleurs talents disponibles et les meilleurs projets, choisis en fonction d'une évaluation objective par un jury.

Le président: Oh, je ne propose nullement que vous changiez vos critères; ce n'est pas du tout ce que je veux dire. Mais il y a bien des façons de faire l'histoire. Il y a l'histoire «Le Québec contre le reste du Canada», qui semble tellement incendiaire dans notre pays.

Disons par exemple que quelqu'un vous propose un livre sur le féminisme ou sur la façon dont les femmes ont été traitées au Canada au XIXe siècle. Peut-être que vous n'y verriez pas un bourbier politique dans lequel vous risqueriez de vous enliser; vous voudriez peut-être, surtout si c'est une oeuvre valable, en profiter pour faire connaître aux Canadiens quel a été le sort des femmes au XIXe siècle.

M. Carrier: Si le projet est bon, ou même s'il n'est pas bon, il sera soumis à un jury et c'est le jury qui fera une recommandation en se fondant sur les mérites de l'ouvrage. Il suffit donc de passer le mot et d'encourager les écrivains à aiguiser leurs crayons et à écrire des manuels d'histoire, après quoi ils peuvent s'adresser au Conseil et leur projet sera jugé selon son excellence ou ses mérites relatifs.

Le président: Bon.

J'ai grandement apprécié votre témoignage et je tiens à vous remercier d'être venus. J'espère que vous n'aurez pas à attendre encore plus d'un an avant de revenir nous voir.

Chers collègues, je vous demande de ne pas partir tout de suite, car nous avons quelques petits points à régler qui, je l'espère, ne nous retiendront que quelques instants.

Je donne donc congé à nos témoins. Je vous suis très reconnaissant de votre participation. Merci.

M. Carrier: Je vous en prie.

Mme Scott: Merci.

Le président: Collègues, nous allons faire une courte pause.

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Le président: [Problème technique - Éditeur]...Il m'a semblé qu'il n'était pas nécessaire de faire traduire toute communication qui nous parvenait, mais je tiens à assurer à tous les membres du comité que s'il y a une lettre en français et que vous vouliez l'obtenir en version anglaise, elle sera traduite, ou l'inverse, le cas échéant. Si quelqu'un veut obtenir la traduction d'un mémoire ou d'une lettre qui nous a été envoyé en anglais seulement, ce sera fait, mais cela ne se fera pas automatiquement, seulement sur demande.

Est-ce équitable? A-t-on des observations?

M. Loney (Edmonton-Nord): Monsieur le président, y aurait-il moyen d'obtenir les mémoires des témoins avant de les rencontrer, afin de pouvoir les étudier?

Le président: Vous ne parlez pas seulement du projet d'unité nationale, mais de l'ensemble des présentations.

M. Loney: Je parle de l'ensemble des présentations. Par exemple, je suis arrivé dix minutes en retard ce matin. J'ai été retenu. Je n'ai pu faire autrement. J'avais dix minutes de retard. Si je n'ai pas l'occasion de jeter un coup d'oeil sur le document, je ne peux pas préparer de questions valables. Et pour les sujets que je ne connais pas, je dois étudier le texte en entier afin de pouvoir formuler une question. J'ai toujours l'impression d'être perdu. Si les témoins pouvaient nous faire parvenir leur présentation avant la réunion, nous aurions la possibilité de les étudier.

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Le président: Sauf erreur, notre personnel demande toujours le texte des mémoires dans les deux langues officielles et demande qu'on les ait en mains quelques jours à l'avance, mais les choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait.

M. Hanrahan: J'ai deux points à soulever. Premièrement, revenons un instant aux lettres, mais je comprends ce que vous voulez dire, John, et nous y reviendrons aussi tout à l'heure.

Au sujet des lettres, je suis d'accord avec le président pour dire qu'il n'est pas nécessaire de faire tout traduire. J'aime bien l'idée d'un résumé, mais j'aime également qu'il soit le plus concis possible. Si le comité prend connaissance d'une idée qui nous frappe, si nous nous exclamons «Ça, c'est une bonne idée!», alors faisons traduire le document.

Le président: Cela me semble dans l'esprit de ce que je proposais.

M. Hanrahan: D'accord.

Maintenant, pour ce qui est de l'intervention de John, je trouve très frustrant que l'on nous remette ces documents à notre arrivée dans la salle. Je sais que tout n'est pas parfait en ce bas monde, mais je trouve qu'il faut exercer un certain contrôle sur nos témoins si nous voulons vraiment comprendre ce qu'ils disent. C'est presque leur faire injure que de ne pas disposer de ces documents à l'avance, car nous ne faisons qu'effleurer le sujet, nous efforçant d'écouter, parfois en français, parfois en anglais, et d'inventer des questions au fur et à mesure. Nous avons certainement le pouvoir d'exiger que toute présentation nous soit remise quatre ou cinq jours à l'avance.

Le président: En effet. Nous avons ce pouvoir, mais il arrive parfois que l'on ne se plie tout simplement pas à notre demande. Que faire?

M. Hanrahan: Eh bien, dans ce cas, nous ne les entendons pas.

Le président: Cela présente aussi des difficultés.

Tony.

M. Ianno: Tout comme Hugh, je trouve qu'il y a des situations où il est très difficile pour eux de se préparer, surtout dans le cas des simples citoyens qui ont d'autres chats à fouetter. C'est de la gestion de crise et de l'improvisation de dernière minute. Vous pouvez le comprendre.

Mais quand il s'agit du Conseil des arts du Canada, s'ils nous remettent ceci et qu'on ne l'a pas à l'avance - ensuite, je suis désolé, le témoin est parti, au revoir, à la semaine prochaine ou dans deux semaines, nous leur demanderons de revenir plus tard - mais il n'y a aucune excuse pour ne pas avoir reçu cela...

Le président: Le jour même.

M. Ianno: La seule raison pour laquelle je n'ai rien dit, c'est que j'ai pensé que nous l'avions peut-être reçu à nos bureaux. Je n'allais pas être le seul à dire que je ne m'étais pas préparé.

Le président: Espérons que nous pourrons faire du meilleur travail...

Mme Gaffney: Je trouve que Danielle devrait faire part de nos sentiments au Conseil des arts, lui dire que nous sommes très déçus.

Le président: D'accord.

Je vous remercie de votre intervention, monsieur Loney.

J'ai un dernier point qui concerne des questions d'argent, alors asseyez-vous bien droit et écoutez attentivement.

Comme vous le savez, nous n'avons aucun budget pour tout ce projet d'unité nationale. Avant que vous ne grimpiez aux rideaux ou sautiez au plafond, je précise que je ne propose aucun budget supplémentaire pour le moment. Toutefois, ce projet est vraiment axé sur les idées. Plus les idées seront bonnes, plus le projet sera couronné de succès. Mais pour obtenir de bonnes idées, encore faut-il transmettre le message. Vous n'ignorez pas que nous n'avons pas 10 millions, ni même un million de dollars pour acheter des annonces dans les journaux pour faire savoir à tous les Canadiens ce que nous faisons. Jusqu'à maintenant, nous avons compté presque exclusivement sur les médias.

Nous avons envoyé des lettres à plusieurs centaines d'organisations la semaine dernière. En fait, c'est même plus, c'est plus de 2 000. Nous avons donc passé en revue des banques de données pour déterminer à l'avance quel genre d'organisations seraient à notre avis susceptibles de nous soumettre des idées.

Toutefois, je voudrais aller plus loin. Il existe ce que l'on appelle le Canadian Newswire Service. C'est un service de dépêche qui alimente les journaux, les magazines et tous les médias d'information au Canada. Il nous en coûterait environ 2 000$ pour diffuser notre message par l'entremise de ce système. Nous avons actuellement un petit budget. Nous avons commencé avec10 000$ et je pense qu'il nous reste environ 8 000$.

La greffière du comité: Nous n'avons que 4 200$. Il suffit de demander un budget supplémentaire.

Une voix: Qu'avez-vous fait des 6 000$?

La greffière: Nous sommes arrivés avec 4 400$.

Le président: Pardon!

La greffière: Il y avait tout juste plus de 4 000$ quand vous êtes devenu président.

Le président: Oh, c'était donc avant l'arrivée de Harvard.

La greffière: Uniquement pour le café et...

Le président: Depuis mon arrivée, nous n'avons pas dépensé un sou, que je sache.

Quoi qu'il en soit, je crois vraiment que nous devrions dépenser quelque 2 000$ pour diffuser le message aux Canadiens. Si nous ne le faisons pas, il sera peut-être très difficile de trouver les idées qu'il nous faut. J'espère seulement que ce sera suffisant.

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M. Ianno: Avant de le faire, pourrions-nous mettre au point une stratégie? Je veux dire, allons-nous voyager ou non?

Le président: Personnellement, je n'y ai pas réfléchi.

M. Ianno: Je pense que cela en vaudrait la peine. Encore une fois, ce n'est pas que j'y ai bien réfléchi, mais il me semble qu'il vaudrait la peine de nous déplacer d'un bout à l'autre du pays. Si nous le faisions...

Le président: Je suis d'accord avec vous.

M. Ianno: ...cela pourrait faire partie du budget global. Il ne s'agit pas de refuser les 2 000$. Si nous allons dans l'Est, c'est-à-dire à Terre-Neuve, nous pouvons le faire savoir aux gens de là-bas et commencer à donner des mini-conférences de presse ou à publier des communiqués. En fait, nous utiliserions cet argent à bon escient au fur et à mesure, au lieu de dédoubler nos efforts.

Le président: Je voudrais seulement dire à ce sujet, Tony, qu'à mon avis, il faudrait documenter solidement notre demande. Il faudrait s'adresser au Bureau de régie interne et convaincre ses membres que cet argent... Pour voyager, il nous faudrait des dizaines de milliers de dollars. Il faudrait leur prouver que le jeu en vaut la chandelle. Tant que nous n'aurons pas des idées concrètes venues d'un peu partout au Canada... Avant de s'adresser au Bureau de régie interne pour lui demander de nous confier des sommes pareilles, il faudrait pouvoir prouver que les Canadiens veulent vraiment participer.

M. Ianno: Je vais présenter les choses sous un autre angle. Si l'on songe aux conséquences de ce que nous avons vécu et de ce qui s'annonce peut-être, quelques dizaines de milliers de dollars, que ce soit 20 000 ou 30 000, c'est encore de l'argent bien placé si l'on peut trouver une solution quelconque par l'entremise de notre comité, même si cela ne fait qu'ajouter deux ou trois solutions possibles qui sont susceptibles de réduire l'acuité de la menace.

Mme Guarnieri (Mississauga-Est): Je suis entièrement d'accord avec ce que vous dites, mais avant d'en arriver là, nous devons avoir une idée plus ou moins précise du résultat anticipé.

M. Ianno: Je le sais, et nous devons justement nous y attaquer.

Mme Guarnieri: Nous ne voulons pas nous lancer dans une tournée qui nous amènerait d'un bout à l'autre du pays sans avoir une idée assez précise de ce que nous voulons réaliser.

M. Ianno: Je croyais que nous tentions essentiellement de réaliser ce qui est énoncé dans notre mandat, si l'on peut utiliser ce terme. Est-ce que je me trompe?

Mme Guarnieri: Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas foncer à l'aveuglette vers l'inconnu. Si nous sommes à l'unisson au comité, nous devrions tous avoir une bonne idée de ce que nous aimerions réaliser au bout du compte.

Le président: Voici ce que j'en dis, Tony. Si nous dépensons quelque 2 000$ pour diffuser notre message par l'entremise d'un vaste réseau médiatique, peut-être que d'ici le mois de février, nous aurons une meilleure idée de la situation. Noël approche.

M. Ianno: Je n'ai aucune objection. Ce que je veux dire, c'est que je préférerais prendre certains éléments de ce que dit Albina et de ce que vous, vous dites. Peut-être pourrions-nous consacrer une séance à la stratégie, c'est-à-dire ce que nous voulons accomplir, où nous voulons en venir et comment nous voulons nous y prendre. Ensuite, on pourra prendre une décision quant aux2 000$. Au lieu de dire oui aujourd'hui, nous pourrions le faire mardi ou jeudi de la semaine prochaine, après avoir décidé plus clairement de ce que nous entendons faire.

Le président: Madame Gaffney.

Mme Gaffney: Je pense que nous pouvons nous acquitter de ce rôle à titre de députés dans nos circonscriptions respectives. Quand on y songe, les seuls députés qui ne vont pas répandre ce message d'unité dans leur circonscription, ce sont les députés du Bloc québécois. Tous les autres vont s'empresser de le faire. Nous allons répandre la bonne parole. Je l'ai déjà fait dans Nepean, John. J'ai pris votre communiqué, les critères, les lignes directrices, et j'ai ajouté mon petit article dans un journal de Nepean. J'ai demandé aux citoyens de bien vouloir nous faire part de leurs idées. En fait, je voudrais bien avoir dit aux gens de vous en faire part à vous, mais j'ai malheureusement demandé de m'en faire part à moi. Mais rassurez-vous, je vais vous transmettre tout cela.

Mais une fois que nous, députés qui appuyons l'unité nationale - et je crois que c'est le cas de la majorité d'entre nous à la Chambre des communes - une fois que nous faisons passer le message... Peut-être devrions-nous aller seulement au Québec. Je ne sais pas. Je pense que nous sommes des ombudsmans. C'est notre rôle.

Mme Guarnieri: Je n'ai pas d'objection, John, à ce que le comité dépense 2 000$ s'il estime que cela nous rapprochera de notre objectif.

Le président: Je trouve seulement que nous devrions transmettre le message le plus rapidement possible.

Mme Guarnieri: Mais le comité a déjà annoncé que nous étudiions la question et nous devrions diffuser ce message de la meilleure façon possible. Je n'ai aucune objection.

Le président: Hugh, vous avez quelque chose à ajouter?

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M. Hanrahan: Oui. Je répugnerais énormément à accepter quelque voyage que ce soit. Je suis d'accord avec votre proposition de dépenser 2 000$. Nous voulons transmettre le message au plus grand nombre de gens possible.

Tony, la dernière fois que nous nous sommes penchés sur la SRC, vous vous rappellerez que nous avons à quelques reprises entendu des témoins qui comparaissaient par le truchement de la télévision. Au lieu de nous lancer à grands frais dans un voyage qui nous amènerait, les huit ou neuf que nous sommes, aux quatre coins du pays, je trouve que nous devrions envisager des méthodes de rechange, plus responsables financièrement, pour faire parvenir les témoins jusqu'à nous.

Le président: Bon. Dans l'intervalle, pouvons-nous nous mettre d'accord au moins sur les2 000$? Ensuite, nous prendrons très au sérieux la suggestion de M. Ianno. Peut-être que le comité pourrait se réunir, je ne sais pas très bien quand, pour mettre la dernière main à notre stratégie. Est-on d'accord?

Des voix: D'accord.

Le président: D'accord, ce sera fait. Merci beaucoup.

La séance est levée.

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