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INST Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY, SCIENCE AND TECHNOLOGY

COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE, DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mercredi 31 octobre 2001

• 1525

[Traduction]

La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): Je déclare la séance ouverte.

Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le comité reprend l'étude des répercussions sur l'économie canadienne des attentats terroristes du 11 septembre 2001.

Pour rappeler la situation, la tâche du comité consiste à prévoir les nombreuses conséquences évidentes et moins évidentes des événements du 11 septembre, et à conseiller le gouvernement et les organismes de réglementation sur la façon d'y réagir de façon efficace.

Le comité a invité des intervenants de l'industrie afin qu'ils nous expliquent leur situation particulière, qu'ils définissent les nouveaux problèmes auxquels ils sont confrontés, qu'ils décrivent leurs solutions immédiates et à long terme et qu'ils précisent les mesures que, selon eux, les gouvernements devraient prendre.

Hier, l'honorable Brian Tobin a ouvert une audience spéciale à laquelle ont participé des représentants du secteur de l'automobile, des manufacturiers et exportateurs du Canada, de la Chambre de Commerce, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, ainsi que des secteurs de l'acier et de l'industrie minière.

Cet après-midi, nous poursuivons nos audiences spéciales avec des représentants de l'industrie du tourisme qui seront suivis par des porte-parole des secteurs de l'aluminium et de la construction.

Jusqu'à présent, ces audiences ont été très utiles et éclairantes. Il ne fait aucun doute que nous aurons des défis à relever dans les jours et les mois qui viennent. Mais peut-être est-ce face à l'adversité que nous nous surpassons.

Je tiens à remercier les témoins d'avoir bien voulu comparaître devant le comité. Je vous rappelle que vos exposés doivent être brefs, afin que nous puissions avoir le temps de dialoguer.

Nous sommes heureux d'accueillir, de l'Association de l'industrie touristique du Canada, M. Gerry Macies, directeur; de l'Association des hôtels du Canada, M. Anthony Pollard, président; de l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires, Mme Joyce Reynolds, première vice-présidente, Affaires gouvernementales, et de l'Association des agents de voyage du Canada, M. Randall Williams, président-directeur général.

Si je comprends bien, M. Pollard va commencer.

M. Anthony Pollard (président, Association des hôtels du Canada): Merci, madame la présidente.

Je remercie les membres du comité de leur invitation.

L'Association des hôtels, à titre d'information, est une fédération regroupant des associations des hôtels provinciales et territoriales, des chaînes d'hôtel et des fournisseurs. En 2000, le chiffre d'affaires de notre industrie a été de 10,6 milliards de dollars et la valeur ajoutée, c'est-à-dire la contribution de notre industrie à l'économie, a représenté 9,6 milliards de dollars. Nous employons au Canada environ 237 000 personnes dont les salaires s'élèvent à 4,5 milliards de dollars.

Une des choses que j'aime faire remarquer aux gouvernements, c'est le montant des impôts générés grâce à nous, sans nul doute la raison pour laquelle on nous aime tant. Au niveau fédéral, ce montant est de 1,8 milliard de dollars, au niveau provincial, d'environ 1,4 milliard de dollars et au niveau municipal, d'environ 639 millions de dollars. Comme votre présidente me l'a dit à plusieurs reprises, on nous appelle souvent l'industrie de la bonne nouvelle. J'aime le signaler aux gens pour une raison très simple: nous créons des emplois et nous produisons des revenus. Nous sommes très bien vus.

On m'a demandé de comparaître devant le comité, et je suis heureux d'être ici. J'aurais aimé apporter des nouvelles plus réjouissantes, mais finalement, notre perspective est encore assez positive.

Dès le départ, j'aimerais dire très clairement qu'avant le 11 septembre, notre bilan était excellent et nos assises très solides. Notre industrie était en très bonne posture, merci beaucoup. J'aimerais également dire, pour mémoire, que nous ne demandons absolument pas au gouvernement de nous aider.

Passons maintenant aux moins bonnes nouvelles. Du 11 au 26 septembre, notre industrie a perdu 249 millions de dollars au Canada. d'ici le 31 janvier 2002, nous estimons que nous allons perdre encore 542 millions de dollars, soit un total de 791 millions de dollars d'ici la fin janvier.

Oui, ces pertes sont énormes. Certains secteurs ont été plus touchés que d'autres. Les hôtels urbains qui accueillent les congrès, les hôtels d'aéroport et les hôtels de villégiature ont été les plus sévèrement touchés. Windsor est probablement un des endroits les plus durement atteints au pays. C'est une véritable catastrophe. Par contre, dans d'autres régions, les effets ont été relativement mineurs.

• 1530

Alors, que faisons-nous?

Immédiatement après les attaques terroristes, nous avons communiqué avec le Premier ministre et les membres de son Cabinet, avec d'autres organes et ministères du gouvernement et avec bon nombre d'entre vous, individuellement. Nous avons dit clairement et avec vigueur que la sécurité et la sûreté étaient notre principale préoccupation.

Il faut être très réaliste. Tant que les gens ne se sentiront pas en sécurité, ils ne voyageront pas. Un point, c'est tout. Fin de la discussion. Actuellement, nous constatons une légère reprise, mais nous avons estimé qu'il fallait faire passer le message et que les dirigeants de ce pays devaient montrer qu'ils voyageaient encore.

Vous-mêmes, en tant que députés, vous jouez un rôle important à cet égard. Lorsque vous retournez dans vos circonscriptions et que vous rencontrez vos commettants, je suis sûr que l'on vous demande au moins une fois «Comment ça se passe quand on voyage? Comment ça se passe à l'aéroport? Dites-moi exactement ce qu'il en est.»

Je vous vois hocher la tête. Oui, c'est bien vrai, n'est-ce pas? Vous répondez que ce n'est pas si mal, qu'en fait, ça va même un peu plus vite, car il y a moins de monde.

Quoi qu'il en soit, nous avons transmis ce message au premier ministre le 21 septembre et nous avons reçu une réponse le 16 octobre. Il a pris acte de la situation et a dit qu'il était important de restaurer un sentiment de sécurité et de sûreté personnelle chez les Canadiens, afin que les activités quotidiennes reprennent normalement autant que possible.

Nous nous réjouissons de l'annonce, le 11 octobre, du déblocage d'une somme de 250 millions de dollars, devenue 275 millions de dollars par la suite, pour des améliorations aux frontières et aux aéroports ainsi que pour la GRC et le SCRS. Je pense que nous pouvons tous être fiers de voir le gouvernement assumer un leadership plus agissant vis-à-vis le SCRS. Je ne sais pas ce qui s'est passé à la réunion OP aujourd'hui, mais je suis sûr qu'on en a discuté. Je pense que tous les Canadiens peuvent en être fiers.

D'autre part, nous avons demandé au gouvernement—et ceci est très important—de mettre en oeuvre une nouvelle initiative d'envergure pour stimuler les voyages. Nous avons demandé au gouvernement 25 millions de dollars. Il ne s'agit pas d'une aide pour notre industrie. Nous lui avons demandé de mettre sur pied un plan de commercialisation pour stimuler les voyages au Canada par le biais de la Commission canadienne du tourisme.

Hier, j'étais à Tremblant—c'était très agréable—pour parler à mes collègues de l'Association des hôteliers du Québec. J'ai allumé la télévision et j'ai vu M. Tobin qui comparaissait devant votre comité.

J'ai immédiatement envoyé une note au ministre pour lui dire que nous étions heureux de cette annonce d'une nouvelle campagne de commercialisation de 20 millions de dollars pour promouvoir le Canada. Nous avons précisé qu'à la mi-septembre, nous lui avions déjà demandé de prendre cette initiative et nous avons indiqué qu'avant le 11 septembre, notre bilan était bon, comme je viens de le dire. Mais j'ai ajouté que nous avions subi d'importantes pertes. Tout cela est dans la lettre.

Comme je le disais dans la note que je lui ai adressée en septembre, nous voulons aider le gouvernement à nous aider. Collectivement, le gouvernement et l'industrie peuvent et doivent agir de concert. Nous avons demandé précisément cette campagne de commercialisation. Dans ma lettre d'hier, j'ai dit au ministre que, maintenant qu'il avait décidé d'aller de l'avant, cette initiative contribuerait largement à stimuler les voyages.

Je dois dire que nous travaillons en étroite collaboration avec Jim Watson, le chef de la Commission canadienne du tourisme, à un programme particulièrement innovateur et efficace. Lundi, j'ai participé à une téléconférence de 15 heures à 18 heures dans ma chambre d'hôtel—ce n'est pas très drôle—au cours de laquelle nous avons passé en revue les détails de cette campagne, la façon dont elle va se dérouler, pourquoi elle devrait réussir et quels médias nous allons utiliser. Donc nous sommes très enthousiastes.

J'ai terminé ma lettre en disant «Monsieur le ministre, nous vous remercions sincèrement de votre soutien à l'industrie hôtelière.»

Mais nous n'avons pas négligé non plus l'aspect stratégique à long terme. Vendredi dernier, avec mes collègues de l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires, ainsi que deux autres groupes, nous nous sommes réunis à Montréal avec le ministre des Finances. Au cours de cette réunion, nous avons demandé un certain nombre de choses, en particulier une exemption de l'assurance-emploi de 3 000 $, tout comme pour le Régime de pensions du Canada, c qui représenterait une économie d'environ 94 $ par hôtel et par employé.

J'ai également répondu de façon très claire à une question du ministre des Finances en disant que si l'une de ces initiatives— nous avons parlé d'un certain nombre de choses, non seulement à cette réunion, mais à d'autres occasions—devait mener le pays vers une nouvelle position déficitaire, nous retirerions notre demande.

• 1535

Finalement, j'aimerais parler d'un sujet qui nous tient particulièrement à coeur et qui s'inscrit dans une stratégie à long terme. Il s'agit de la question des frontières et de ce que l'on appelle le périmètre nord-américain.

Premièrement, je tiens à dire que la libre circulation des visiteurs au Canada est essentielle. Après les Canadiens, ce sont nos clients ou nos invités les plus importants. Nous le savons tous. Nous soutenons pleinement les efforts du gouvernement fédéral pour améliorer la sécurité aux frontières, tout en tenant compte de la nécessité de procéder avec efficacité auprès des voyageurs.

Voici certaines des choses à envisager.

Nous devons innover à la frontière. Nous devons améliorer et partager la technologie utilisée à la frontière. Nous devrions fusionner et élargir le INSPASS, c'est-à-dire le système américain, et le CANPASS, notre système. Il s'agit d'une carte d'identité qui ressemble à une carte de crédit et qui accélère le passage des voyageurs qui traversent régulièrement la frontière. Ce système fait appel à une technologie commune et à la mise en commun des bases de données, d'une façon qui n'enfreint pas les lois de chaque pays concerné sur la protection des renseignements personnels.

Je tiens à être très clair. Aucune de ces initiatives ne compromettrait la souveraineté du Canada, qui ne doit évidemment pas l'être.

Nous devrions partager davantage de renseignements sur l'identité des passagers et sur les avions se rendant dans chaque pays. Nous devrions déplacer le dédouanement du trafic commercial dans des endroits éloignés, dotés d'un personnel appartenant aux deux pays, afin que les camions ne s'arrêtent plus à la frontière. Nous devrions aussi envisager des politiques qui facilitent le transport ferroviaire des marchandises puisque les trains ne bloquent pas les postes frontaliers. Nous devons très sérieusement réfléchir à une politique sur le périmètre.

Si les pays d'Europe peuvent employer des normes communes sans craindre de compromettre leur identité, nous pouvons sans doute faire encore mieux en Amérique du Nord. Regardons les choses en face. Il ne s'agit que de frontières entre trois pays. Il ne faut pas oublier que ce périmètre n'implique pas une action unilatérale. Le Canada et les États-Unis doivent avoir confiance l'un dans l'autre—il s'agit de la sécurité et de la sûreté aux frontières et aux aéroports.

Mesdames et messieurs, j'ai dit au début que nos assises étaient solides avant le 11 septembre et qu'effectivement, nous avions subi quelques pertes très importantes. Nous survivrons, surtout si nous, le secteur privé, travaillons en étroite collaboration avec vous, nos députés, et avec tous les paliers de gouvernement.

C'est pourquoi je pense pouvoir dire que nous sommes encore l'industrie de la bonne nouvelle.

Merci beaucoup de votre invitation.

La présidente: Merci, monsieur Pollard.

Nous allons voir maintenant si M. Macies a quelques observations à faire.

M. Gerry Macies (directeur, Association de l'industrie touristique du Canada): Je voudrais préciser d'abord que je siège à titre de bénévole au conseil d'administration de l'AITC et que ma famille et moi possédons et exploitons l'Hôtel Best Western Macies ici à Ottawa.

Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité de l'industrie, des sciences et de la technologie, j'aimerais vous remercier de cette occasion qui m'est donnée de présenter le point de vue de l'Association de l'industrie touristique du Canada, au moment où vous examinez les effets économiques sur le Canada des attaques terroristes du 11 septembre.

L'AITC est un important groupe national du secteur privé qui intervient en faveur de politiques et de programmes visant à renforcer la viabilité et la durabilité de l'industrie touristique du Canada. Nous faisons surtout pression pour que l'on élimine les obstacles législatifs et réglementaires à la croissance et à l'épanouissement de l'industrie touristique canadienne.

L'industrie touristique est un secteur économique important au Canada. En 2000, les dépenses touristiques ont augmenté de presque 8 p. 100 par rapport à 1999, soit un peu plus de 54 milliards de dollars. Cette industrie comprend 159 000 entreprises qui emploient plus de 540 000 personnes directement. Pour le gouvernement, cela représente 16,7 milliards d'impôts sur les revenus produits.

À titre d'information, l'industrie touristique est définie comme toute industrie du secteur du tourisme qui dessert directement les visiteurs et qui cesserait d'exister, ou dont le niveau d'activité serait considérablement réduit, sans le tourisme, par exemple, les hôtels, dont Tony Pollard vient de vous parler.

Les effets économiques à court terme des événements du 11 septembre sur l'industrie touristique ont été très perceptibles. En 2001, on prévoyait des revenus de 57 milliards de dollars dans l'industrie du tourisme au Canada. Ce chiffre a depuis été ramené à 55,5 milliards de dollars. Par conséquent, les pertes pour notre industrie, cette année, seront d'environ 1,5 milliard de dollars.

Mais lorsqu'on regarde ces chiffres, il est important de souligner que les divers secteurs de l'industrie touristique ne réagissent pas de la même façon aux chocs extérieurs. De même, la géographie joue un rôle à cet égard. Par exemple, les villes frontalières qui dépendent du tourisme, comme Niagara Falls, ont souffert plus que d'autres. Les destinations favorites des visiteurs internationaux, ont également été relativement plus touchées.

• 1540

La gravité des incidences initiales et des contrecoups sociaux et économiques diminue avec le temps, mais la crainte de nouvelles attaques terroristes aux États-Unis persistera encore pendant un certain temps. Et les avertissements du gouvernement américain au sujet d'attaques imminentes exacerbent la situation.

L'AITC estime que la restauration de la confiance des entreprises et des consommateurs est le défi à court et à long terme que doit relever l'industrie du tourisme après les événements du 11 septembre. Les enjeux économiques, les problèmes touchant la sécurité et la sûreté, et l'incertitude entourant l'actualité internationale ont autant d'impact sur les déplacements des particuliers que sur ceux des gens d'affaires. Cela a un effet direct sur nos entreprises touristiques.

À la Conférence nationale sur le tourisme, qui a eu lieu récemment à Vancouver, le conseil d'administration de l'AITC a adopté un plan prioritaire pour répondre aux nouveaux défis et priorités de l'industrie. Il s'agit d'un plan à deux volets: d'abord encourager les gens à voyager de nouveau en demandant des fonds supplémentaires pour des initiatives de commercialisation sous l'égide de la Commission canadienne du tourisme. Ensuite, restaurer la confiance des consommateurs et des entreprises en appuyant les initiatives du gouvernement fédéral visant à améliorer la sécurité aux frontières canadiennes, tout en tenant compte de la nécessité de procéder avec efficacité auprès des voyageurs. Pour cela, il faut encourager le gouvernement fédéral à continuer d'appliquer les principes d'une bonne gestion budgétaire et favoriser une plus grande coopération entre les différents paliers de gouvernement et entre les organismes gouvernementaux qui ont des intérêts dans l'industrie touristique.

Outre ces priorités, l'AITC continue d'appuyer d'autres initiatives susceptibles d'être utiles à l'industrie touristique du Canada, notamment l'intégration d'une exemption annuelle de base au programme d'assurance-emploi et le renouvellement du réseau routier national du Canada.

Je tiens à dire que l'AITC se réjouit qu'hier, le ministre de l'Industrie ait annoncé devant votre comité qu'il allouait 20 millions de dollars à une campagne de commercialisation qui devrait encourager les Canadiens à voyager au Canada et attirer les Américains des États frontaliers. En investissant dans cette campagne de commercialisation en faveur de l'industrie touristique, le gouvernement a pris une mesure importante pour atténuer les effets des attaques du 11 septembre.

En conclusion, notre industrie a été lourdement touchée par les attaques terroristes du 11 septembre. L'AITC ne demande pas à être secourue, ni à recevoir une aide directe pour les entreprises qu'elle représente, mais plutôt des mesures qui stimuleront la confiance du consommateur et des entreprises. La restauration de la confiance du consommateur et des entreprises est essentielle à la relance de nos entreprises touristiques.

L'AITC encourage le gouvernement fédéral à adopter des politiques et des priorités qui restaureront la confiance des consommateurs et aideront nos entreprises à survivre à ces temps difficiles. Il faut que les gens voyagent à nouveau. L'AITC est prête à aider votre comité et le gouvernement fédéral dans ces efforts.

Nous aimerions remercier le comité de nous avoir donné aujourd'hui l'occasion de lui faire part de notre point de vue. Nous attendons avec impatience votre rapport sur cette très importante étude. Merci.

La présidente: Merci, monsieur Macies.

Je vais maintenant donner la parole à Mme Reynolds, de l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires.

Mme Joyce Reynolds (première vice-présidente, Affaires gouvernementales, Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires): Merci, madame la présidente.

L'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires est l'association du tourisme d'accueil la plus importante du Canada, avec 15 900 membres, représentant plus de 47 000 établissements de services alimentaires. Comme il a déjà été dit, nous savons que le secteur hôtelier a été un des plus touchés par les incidences économiques des attaques terroristes aux États- Unis. Même avant le 11 septembre, des signes de ralentissement de l'économie étaient perceptibles, et ce n'était qu'une question de temps avant que notre industrie commence à en sentir les effets.

La question est donc de savoir quelle sera l'ampleur de la crise. Je vais d'abord commencer par vous donner une idée de la taille et de l'importance de l'industrie des services alimentaires au Canada, avant de passer à nos projections.

L'industrie des services alimentaires représente un chiffre d'affaires de 40 milliards de dollars par an, soit un peu plus de 4 p. 100 du produit intérieur brut du pays. Et avec 963 000 employés, nous employons un peu plus de 6 p. 100 de la main-d'oeuvre canadienne. Nous sommes également une des plus importantes sources d'emplois de débutants pour les étudiants et les jeunes. Ces emplois se retrouvent dans 64 000 établissements de services alimentaires, dont les deux tiers sont des entreprises indépendantes.

En 2000 et pendant les six premiers mois de 2001, l'industrie a connu une forte croissance. En fait, les ventes avaient dépassé nos attentes. Elles ont augmenté de 6,5 p. 100 au cours du premier trimestre de 2000 et n'ont fait que s'améliorer par la suite. Nos derniers chiffres indiquaient une croissance de 7,5 p. 100 pour le deuxième trimestre de 2001.

Pour la première fois en une décennie, l'augmentation des ventes dans les restaurants à service complet a dépassé celle des restaurants à service limité. Mais certains signes laissaient déjà penser que les beaux jours seraient bientôt terminés.

Les ventes dans les services alimentaires ont tendance à être en décalage par rapport à l'économie, de sorte qu'une baisse au quatrième trimestre de 2000 aurait normalement eu un effet sur les ventes dans les services alimentaires au troisième trimestre de 2001.

Compte tenu de la situation économique, l'ACRSA prévoyait déjà une baisse des ventes. Puis est arrivé le 11 septembre. Tout d'un coup, les voyages aériens ont cessé; les voyages d'affaires et touristiques ont été interrompus, et les consommateurs sont restés chez eux. Ils n'ont acheté que l'essentiel et ont remis à plus tard le luxe, comme sortir dans les grands restaurants. Cela semblait tellement dérisoire face à cette tragédie humaine inimaginable. Nous avons tous entendu parler de gens qui ont annulé des vacances prévues depuis longtemps, parfois par crainte de voyager, mais aussi pour rester proche de la famille et dans d'autres cas, parce que ces voyages divertissants semblaient déplacés.

• 1545

Cette situation a ceci d'inhabituel que les répercussions économiques ont été extrêmement dramatiques, mais localisées. Les effets se sont fait sentir non seulement sur certaines régions, mais également sur certaines villes et certains quartiers. Des restaurants et des hôtels qui dépendent des voyageurs d'affaires et des touristes ont vu leurs ventes chuter au cours du dernier mois et demi. Par contre, les ventes de certains restaurateurs à service rapide ont augmenté, lorsque les consommateurs se sont arrêtés pour un service à l'auto avant de rentrer à la maison regarder les dernières nouvelles à la télévision. Tout cela a contribué à compliquer les prévisions.

Compte tenu des indicateurs économiques clés, comme le revenu personnel disponible, le produit intérieur brut et la confiance du consommateur, nous avons révisé nos prévisions. Je pense que nous vous avons distribué ces chiffres.

Les ventes devraient considérablement ralentir pour aboutir à un taux de croissance de 1,7 p. 100 au troisième trimestre et diminuer encore au quatrième trimestre pour tomber à une croissance de 0,7 p. 100 par rapport à l'an dernier. Ces sombres perspectives se poursuivent en 2002, avec une croissance de -2,8 p. 100 au premier trimestre et de -1,5 p. 100 au deuxième trimestre. Puis les ventes reprennent au troisième trimestre. Au cours de cette période de prévisions d'un an et demi, on s'attend à ce que les recettes soient de 4 milliards de dollars inférieures à nos prévisions d'avant le 11 septembre.

Vous pouvez voir sur le tableau qui vous a été distribué que nous prévoyons un ralentissement des ventes en 2002 qui pourrait aller d'un déclin de 0,7 p. 100 à une hausse de 1,3 p. 100. Le point médian est de 0,3 p. 100, c'est-à-dire une position stationnaire en 2002. Nous avions prévu au départ une croissance de 3,8 p. 100.

Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.): Nous n'avons pas ce tableau.

La présidente: Le greffier va le faire distribuer.

Mme Paddy Torsney: Il serait bon que Mme Reynolds passe les chiffres en revue pendant que nous les regardons tous.

La présidente: Dès que le tableau sera distribué, madame Torsney.

Mme Joyce Reynolds: J'y reviendrai. En attendant, je vais continuer.

[Français]

M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ): Je fais rappel au Règlement, madame la présidente.

Je ne veux pas embarrasser les témoins outre mesure avec ce genre de considérations plus techniques qu'autre chose, mais ça fait déjà deux documents qu'on nous distribue en anglais seulement. Est-ce une pratique normale de ce comité que de permettre la distribution des documents dans une seule des deux langues officielles aux membres du comité?

[Traduction]

La présidente: Monsieur Bergeron, on peut déposer les documents dans l'une ou l'autre langue officielle. Ils n'auraient pas dû être distribués s'ils n'étaient que dans une seule langue. Je ne le savais pas, je suis désolée. Cela n'aurait pas dû se produire.

Mme Joyce Reynolds: Le document que j'ai déposé est rédigé dans les deux langues officielles. Il y a une version anglaise et une version française.

La présidente: Je n'ai vu que la version anglaise. Y a-t-il également un document en français?

Avez-vous une version française du tableau?

[Français]

M. Stéphane Bergeron: Apparemment, il y a des copies en français.

[Traduction]

Désolée.

Mme Joyce Reynolds: Je vais continuer. Je peux revenir aux chiffres, si vous voulez.

La présidente: Tout le monde a maintenant le tableau. Veuillez continuer, madame Reynolds.

Mme Joyce Reynolds: Je ne vais pas faire une ventilation régionale et sectorielle des chiffres de prévision.

En résumé, la croissance sera nulle en 2002. Nous avons travaillé sur des fourchettes plutôt que sur des cibles précises. Le point médian est environ 0,3 p. 100 pour l'industrie en général.

Comme cela a déjà été dit, les endroits les plus touchés ont été les villes frontalières, dont l'économie locale dépend des voyages quotidiens des visiteurs américains, les centres des grandes agglomérations qui attirent les voyageurs d'affaires et ceux qui viennent assister aux congrès, les aéroports et des lieux touristiques comme Banff et Whistler.

• 1550

Il ne fait guère de doute que la situation économique s'aggrave. Chaque jour, on entend parler de licenciement, de la chute de la confiance des consommateurs, de la baisse des marchés boursiers et de la récession inévitable aux États-Unis. Pour la plupart des exploitants, ce sera la principale préoccupation au cours des prochains mois, à moins d'une autre tragédie, bien entendu, qui ébranlerait encore l'économie et la confiance du consommateur déjà fragile.

Comment réagit l'industrie? Malheureusement, elle ne réagit pas comme elle le ferait normalement. Les exploitants essaient de trouver des moyens de réduire leurs effectifs, car cela fait partie des quelques coûts qui ne sont pas fixes dans la restauration.

Les services alimentaires représentent une industrie très concurrentielle. Le restaurant moyen survit sur des marges très étroites. Les marges de profit moyennes avant impôt ont chuté de 9,6 p. 100 en 1990 à 6,6 p. 100 en 2000. Au cours de cette période, le nombre moyen de travailleurs est passé de 14 à 12, soit une réduction nette de 114 000 employés.

Vous nous avez demandé de vous dire quelles mesures le gouvernement devrait prendre, face à la menace d'actes terroristes et à l'affaiblissement de l'économie. La réponse est sans nul doute de réduire le fardeau des charges sociales toujours plus lourd des entreprises à forte intensité de main-d'oeuvre comme les restaurants. La réduction du nombre d'employés par restaurant depuis 10 ans est attribuable en grande partie au fait que le gouvernement dépend de plus en plus de la taxe sur la masse salariale, établie sans égard aux bénéfices. Le fardeau des charges sociales fédérales pour le restaurant moyen a augmenté de 50 p. 100 depuis 1989. Selon une étude récente du Conference Board du Canada, les charges sociales représentent 40 p. 100 du fardeau fiscal du restaurateur moyen, par rapport à 29 p. 100 du fardeau fiscal d'une société moyenne.

Nous savons ce qui est arrivé lorsque les charges sociales ont considérablement augmenté lors de la dernière récession. Les études de Développement des ressources humaines attribuent 200 000 pertes d'emplois à l'augmentation des coûts d'assurance-chômage de 2,25 à 3 $ en 1991. Les charges fiscales fédérales vont encore augmenter de 40c., et il semble qu'il n'y aura pas de réduction des primes d'assurance-emploi. Il s'agira de l'augmentation la plus importante des charges sociales depuis la dernière récession. C'est particulièrement frustrant lorsqu'on sait qu'il existe une réserve de 40 milliards de dollars dans le fonds de l'assurance-emploi qui a été ostensiblement accumulée pour ce genre de situation.

L'ACRSA a proposé, comme Tony l'a mentionné, une exemption annuelle de base de 3 000 $ dans le cadre du programme d'assurance- emploi. Grâce à cette mesure, cette taxe sur la masse salariale serait plus progressive, permettrait de limiter l'augmentation des charges sociales et de conserver des emplois, en particulier les emplois de débutants. Cette proposition a été approuvée par le Comité permanent des ressources humaines. Elle a été favorablement reçue par le Comité des finances. Elle a été appuyée par des députés de tous les partis. Elle aide les groupes les plus pénalisés par cette forme d'imposition régressive sur les travailleurs à faible revenu, ainsi que les entreprises à forte intensité de main-d'oeuvre.

Nous savons que l'incertitude économique et les énormes pressions extérieures auxquelles vous faites face actuellement limitent votre marge de manoeuvre et vos options. Nous comprenons également que la discipline budgétaire reste extrêmement importante. Mais compte tenu de l'augmentation des primes du RPC de 40c. par 100 $ de masse salariale en janvier, le gouvernement devrait absolument réduire les primes d'assurance-emploi. Ce type de réduction de prime est évidemment très important. Nous croyons qu'une EAB est tout à fait logique, non seulement en ces temps d'incertitude économique, mais à long terme.

Merci.

La présidente: Merci, madame Reynolds.

Nous allons passer maintenant à M. Randall Williams, de l'Association des agents de voyages du Canada.

M. Randall M. Williams (président-directeur général, Association canadienne des agents de voyages): Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, l'Association canadienne des agents de voyages aimerait remercier le comité de prendre cette initiative pour tenter d'évaluer les répercussions sur l'économie canadienne des attentats terroristes du 11 septembre.

L'ACAV, qui représente une industrie directement et sévèrement touchée par ces événements horribles, aimerait vous expliquer aujourd'hui la portée des répercussions subies par ceux qui se sont trouvés en première ligne pendant ces journées fatales. Nous aimerions également proposer quelques mesures temporaires pour alléger ces effets.

L'ACAV représente plus de 5 000 agences au pays, qui emploient environ 30 000 personnes. Nous savons que le gouvernement a déjà fait quelques annonces qui montrent qu'il est conscient que des mesures exceptionnelles doivent être prises. Mais nous restons préoccupés par le fait que les répercussions particulières que subissent les agences de voyage ne sont pas bien comprises. Nous espérons que votre comité pourra nous aider à cet égard.

• 1555

Le chiffre d'affaires des agences de voyage, au cours du mois de septembre, a chuté de 40 à 60 p. 100. Pour le dernier trimestre de 2001, nous prévoyons une baisse de 20 à 30 p. 100, en étant optimistes.

Au cours de la semaine qui a suivi le 11 septembre, lorsque les voyages aériens commerciaux ont été suspendus en Amérique du Nord, les agences de voyage ont travaillé plus que jamais. Dans des circonstances extrêmement stressantes, le personnel a aidé les passagers déplacés à rentrer chez eux, ils ont annulé des réservations, ils ont remboursé des billets et ils ont répondu aux questions—tout cela sans vendre quoi que ce soit.

Cette semaine-là, l'ACAV estime que les agences ont perdu environ 20 millions de dollars de revenu, près de 16 millions de dollars de commissions, 3 millions de dollars de frais de service, et qu'elles ont dû payer environ 1 million de dollars en heures supplémentaires.

À la lumière de ces pertes, attribuables directement à l'état d'urgence, l'ACAV demande que le gouvernement crée un fonds de 20 millions de dollars qui servirait à indemniser les agences en fonction de leur chiffre d'affaires pendant la même période d'une semaine l'an dernier.

Il ne s'agit pas d'une aide ni d'une opération de sauvetage. Il s'agit d'une indemnisation pour tout ce que nous avons dû faire pour permettre à nos clients, qui ont dû débarquer de certains vols dans des endroits inconnus de rentrer chez eux. Nos entreprises continuent de souffrir, mais nous limitons notre demande aux conséquences immédiates et directes que nous avons subies lors de cette crise.

Le gouvernement a reconnu que les compagnies aériennes avaient perdu 160 millions de dollars pendant cette période d'une semaine et les a indemnisées en conséquence. Les agences de voyage ont été également en première ligne et méritent un traitement de même nature.

La grande majorité des Canadiens qui sont restés cloués au sol pendant cette période étaient nos clients et non ceux des lignes aériennes. Ils se sont adressés à nous pour les aider à rentrer chez eux et non à elles. Nous sommes liés aux compagnies aériennes comme aucune autre industrie. Si une compagnie aérienne fait faillite et que vous avez acheté votre billet à un agent de voyage, où irez-vous pour obtenir un remboursement? Vous vous adresserez à l'agent de voyage. C'est là notre lien avec elles.

Dans la même veine, l'ACAV propose également que le gouvernement mette sur pied un programme de prêt à court terme— comme il l'a fait pour Canada 3000—pour permettre aux agences de voyage de régler leur problème de trésorerie à court terme. Nous venons d'apprendre que d'ici le 21 janvier, les agences de voyages américaines pourront obtenir des prêts jusqu'à concurrence de 1,5 million de dollars, à un taux d'intérêt maximum de 4 p. 100, pour une période allant jusqu'à 30 ans.

Madame la présidente, nous devons rester concurrentiels. Si l'on ne nous aide pas, les agences canadiennes deviendront la cible de prises de contrôle de la part d'intérêts américains.

Je vais maintenant passer à la situation de la main-d'oeuvre pendant les six prochains mois. L'ACAV estime que le gouvernement dispose d'un certain nombre de moyens pour aider les agences de voyage à garder leurs employés ou atténuer les effets sur ceux qui pourraient être licenciés. Nous parlons ici de 6 à 8 000 employés.

Il faudrait adapter les règlements sur l'assurance-emploi. Premièrement, en permettant à deux employés de partager un poste et de toucher un salaire complété par l'assurance-emploi—un programme qui existe déjà, mais dont l'approbation doit être accélérée. Il doit également être étendu aux grandes sociétés qui ont été touchées car, pour le moment, il ne concerne que les petites entreprises. Deuxièmement, en ne pénalisant pas les employés qui travailleront moins d'heures au cours des prochains mois parce que nous essayons de les maintenir à l'effectif; si nous devions les licencier, il faudrait que leur période d'admissibilité aux prestations commence au 15 septembre et avant et non pendant la période où leurs heures de travail ont été réduites. Troisièmement, en éliminant la période d'attente pour les employés qui doivent être licenciés.

Pour ce qui est de l'avenir plus lointain, nous félicitons le gouvernement de l'investissement de 250 millions—275 millions maintenant—récemment annoncé pour améliorer l'équipement et la dotation des aéroports. Nous avions déjà demandé cette mesure en septembre et nous sommes heureux de voir que le gouvernement nous a entendus.

Mais au-delà de la stricte question de la sécurité, il y a celle, beaucoup plus importante, de la volonté des Canadiens de voyager. Sans une impulsion concrète, il est possible que l'effet d'entraînement psychologique du 11 septembre se prolonge pendant toute une période économique déjà difficile.

• 1600

À cet égard, l'ACAV se réjouit que le ministre de l'Industrie ait décidé d'accorder financement ponctuel de 20 millions de dollars à la Commission canadienne du tourisme afin de compléter son budget publicitaire. Cela devrait contribuer à redonner aux consommateurs canadiens l'envie de voyager—au Canada.

Malheureusement, cela n'aura guère d'effet sur notre industrie, dont l'objectif est essentiellement d'attirer les Américains ici. Cette aide ne concerne pas le secteur des agences de voyage.

Pour encourager les gens à voyager à nouveau, il faudrait également instaurer une déduction fiscale allant jusqu'à 1 000 $ pour les dépenses de voyage personnelles engagées au cours de l'année civile 2002. Aux États-Unis, un projet de loi a été déposé en ce sens. Ces déductions ne s'appliqueraient qu'aux voyages à l'intérieur de l'Amérique du Nord et à des dépenses comme les billets d'avion, de train ou d'autobus, les croisières, les hôtels et les motels, etc.

Tout comme les Canadiens ont été choqués par les horribles événements du mois dernier, ils devraient maintenant être encouragés par leur gouvernement à réaffirmer leur droit à se déplacer.

Pour résumer, madame la présidente, l'ACAV reconnaît que le gouvernement doit, en général, garder le cap dans le domaine des finances et continuer de poursuivre ses objectifs fondamentaux. Mais nous aimerions que les mesures que nous venons de proposer soient intégrées à un programme de sécurité national, un programme que le gouvernement a déjà commencé à dévoiler en termes législatifs et financiers.

Comme d'autres parties du programme, nos recommandations sont le résultat de circonstances malheureuses, mais nous croyons qu'elles sont nécessaires, ne serait-ce que pendant une période limitée. Je vous remercie de votre attention et je répondrai bien volontiers à vos questions.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Williams. Nous allons maintenant passer aux questions en commençant par M. Bergeron.

[Français]

M. Stéphane Bergeron: Merci, madame la présidente.

À n'en pas douter, les événements du 11 septembre dernier auront eu un impact déterminant sur l'industrie touristique au Canada. À ce stade-ci, il est difficile d'évaluer cet impact. Il y a fort à parier qu'il va y avoir une réorganisation de l'industrie dans la mesure où il risque d'y avoir moins de voyages intercontinentaux et beaucoup plus de voyages intérieurs. Donc, à plus ou moins brève échéance, peut-être l'industrie canadienne aura-t-elle à se féliciter du revirement de la situation, mais dans l'intervalle, c'est bien évident qu'il y a des ajustements qui sont nécessaires.

Je suis un peu surpris de voir l'éventail des points de vue que vous nous avez présentés cet après-midi dans la mesure où, quand on parle de l'industrie touristique, on a l'impression que c'est une industrie où tous les intervenants sont reliés les uns aux autres.

On a eu, comme je le disais, un éventail assez diversifié de propositions ou de demandes, depuis M. Macies, qui ne demandait rien de particulier au gouvernement, jusqu'à M. Williams, qui nous présentait une liste assez exhaustive de demandes ou de mesures qui devraient être adoptées, ne fût-ce qu'à titre temporaire.

Si on doit tenter de présenter un point de vue global de la situation de l'industrie touristique au Canada, comment peut-on expliquer, ou comment peut-on conceptualiser ou rationaliser ces différences que vous nous avez exprimées cet après-midi, de telle sorte que dans un éventuel rapport qui ne pourra pas être aussi exhaustif que toutes les présentations que vous nous avez faites, on puisse justifier telle ou telle intervention, alors que certains intervenants nous auront dit qu'ils ne veulent rien et que d'autres nous auront dit qu'ils veulent telle ou telle chose?

[Traduction]

La présidente: Monsieur Williams

M. Randall Williams: Merci d'avoir posé cette question. Merci beaucoup.

Je vais essayer de vous répondre. L'industrie touristique, dont je fais partie depuis 34 ans environ, est connue pour être très diversifiée et complexe. Comme vous le dites, elle doit être intégrée, mais elle est parfois de nature très sectorielle.

Vous avez entendu des points de vue différents, mais vous avez également entendu, je pense, les félicitations de tous au sujet des 20 millions de dollars que le gouvernement accorde à la Commission canadienne du tourisme. Nous étions tous en faveur de cette mesure et avons félicité le gouvernement. Ce sera utile. De même, nous nous réjouissons tous du déblocage de nouveaux fonds pour la sécurité, et avions appuyé cette mesure dans des présentations antérieures. Nous sommes donc unanimes au moins sur ces deux points.

• 1605

Nous sommes tous d'accord également, comme vous l'avez entendu, pour dire que le secteur est très gravement touché. Mais certains d'entre nous avons une perspective différente de ce qui s'est produit la semaine du 11 septembre. L'AITC et l'Association des hôtels du Canada, tout comme notre industrie, ne demandent pas des solutions à la récession, ni une aide parce que notre industrie n'est pas solide. Dans bien des cas, nous nous en sortirons. Mais l'ACAV demande à recevoir la même chose que ce que les compagnies aériennes ont reçu.

D'ailleurs, les compagnies aériennes constituent également un secteur. Le gouvernement reconnaît déjà, en accordant 160 millions de dollars aux compagnies aériennes, qu'il a privilégié un secteur de l'industrie du tourisme et du voyage qui avait besoin d'aide. Ce que nous voulons souligner, c'est qu'avec l'industrie aérienne, nous sommes liés comme des frères siamois. Nous plaçons trois passagers sur quatre sur leurs avions. Nous devons respecter la réglementation des lignes aériennes. Aucun de mes collègues ici ne fait cela.

Nous avons des plaques dans nos bureaux pour émettre leurs billets. Personne d'autre ne peut dire la même chose. Comme je l'ai déjà dit, nous sommes également responsables, lorsqu'une compagnie aérienne fait faillite. Les clients se rendent à l'agence de voyages pour se faire rembourser. Si une compagnie aérienne fait faillite, les clients ne vont pas dans les hôtels ni dans les restaurants pour se faire rembourser.

Nous avons donc certains intérêts communs avec d'autres secteurs, mais pour d'autres, nous sommes différents. J'espère que cette explication vous satisfait.

La présidente: Monsieur Bergeron, très brièvement.

[Français]

M. Stéphane Bergeron: Donc, si je comprends bien, ce que vous proposez, à toutes fins utiles, c'est qu'il n'y ait pas une mesure globale pour l'industrie touristique avec un grand i, mais peut-être des mesures sectorielles pour les différentes composantes de l'industrie touristique.

[Traduction]

La présidente: M. Williams et M. Pollard ont la parole.

M. Randall Williams: Je ne pense pas avoir dit cela. Je pense avoir dit que, dans l'ensemble, nous convenons tous qu'il faut une promotion accrue et une sécurité accrue. C'est ce qui va aider notre industrie.

Mais en plus de ces initiatives, le gouvernement a accordé une indemnisation de 160 millions de dollars aux compagnies aériennes pour cette période d'une semaine. Nous disons que les agences de voyage sont étroitement liées à cette question d'indemnisation. Les autres industries ne le sont pas. Nous sommes liés simplement par la façon dont l'industrie est structurée.

La présidente: Monsieur Pollard, voulez-vous répondre.

[Français]

M. Anthony Pollard: M. Williams a bien répondu aux questions. Merci.

[Traduction]

La présidente: Madame Reynolds, avez-vous quelque chose à ajouter?

Mme Joyce Reynolds: Je voulais simplement dire que l'ACAV ne fait pas partie de la coalition, mais que l'AITC, l'Association des hôtels du Canada, l'ACRSA et le Conseil canadien du commerce de détail sont tous d'accord pour demander un allégement des charges sociales et plus précisément, une exemption annuelle de base. Il y a donc là une certaine entente également.

M. Randall Williams: Nous serions prêts à appuyer cette mesure également.

La présidente: Merci.

Nous allons passer à M. Bagnell. Je rappelle aux membres du comité que nous avons d'autres témoins. Donc, si vos questions et les réponses pouvaient être aussi brèves que possible, cela nous arrangerait.

Monsieur Bagnell.

M. Larry Bagnell (Yukon, Lib.): Merci.

Merci à tous de votre présence. À titre d'ancien directeur du bureau de Tourisme Canada au Yukon, je suis ravi que vous soyez ici. J'étais présent lorsque M. Tobin a fait cette annonce. Vous ne m'avez probablement pas vu à la télévision, mais j'étais là. J'étais ravi de voir que ces 20 millions de dollars vous étaient accordés.

Madame Reynolds, je pense que vous avez mis le doigt sur l'essentiel lorsque vous avez dit que le problème tient au fait que les gens estiment qu'il est frivole de faire un voyage divertissant quand l'heure est grave, comme maintenant. Mais comme vous avez parlé deux fois des charges sociales et de l'assurance-emploi, je voudrais vous dire que le Comité des ressources humaines a récemment approuvé à l'unanimité de nouvelles modifications à un rapport que le ministre examine actuellement. Je ne l'ai pas vu moi-même, mais j'espère que vous pourrez l'examiner, car je pense qu'il prévoit d'autres déductions et d'autres mesures qui conduiraient à une augmentation et non à une diminution des charges sociales. Je vous recommanderais donc de faire une présentation à ce sujet.

Je n'ai pas besoin de réponse. Je voulais simplement vous informer.

• 1610

Monsieur Williams, je crois comprendre qu'avant le 11 septembre, les agents de voyage avaient un différend très grave, impliquant beaucoup d'argent, avec Air Canada, qui assure 65 p. 100 des voyages aériens au Canada. Est-ce exact?

M. Randall Williams: Oui.

M. Larry Bagnell: Puisque nous parlons aujourd'hui des frontières, ma dernière question qui s'adresse à tous—et la réponse peut être très courte—est la suivante: Êtes-vous au courant de problèmes à la frontière, réels ou perçus. Vos clients vous disent-ils qu'il y a des problèmes et qu'ils ne veulent pas traverser la frontière parce que c'est la pagaille?

Je veux savoir si ce problème est réel ou perçu, car cela influera sur la solution que nous adopterons. Nous aurons à régler soit le problème de la frontière, soit celui de la façon dont les gens perçoivent la chose.

M. Anthony Pollard: Pour répondre à votre question, je dirais que c'est les deux.

N'oubliez pas que le problème, c'est que les Américains ne veulent pas voyager. Ils ne se sentent pas en sécurité. Ils préfèrent rester chez eux.

Pour bon nombre des hôtels urbains, des grands centres, le nombre des visiteurs en provenance des États-Unis a diminué d'environ 65 p. 100 depuis le 11 septembre. C'est énorme. C'est la crise la plus importante que nous ayons connue. Il s'agit surtout de gens d'affaires qui viennent ici par avion, plutôt qu'en voiture, ce qui implique évidemment de traverser la frontière terrestre. Mais on constate une baisse, là aussi.

Mais il y a également le problème de la perception des gens. Je pense que bon nombre des problèmes aux frontières ont diminué ces dernières semaines tout simplement du fait que, comme je l'ai dit au début, lorsque vous allez à l'aéroport, bien souvent, les files d'attente ne sont pas très longues, car il n'y a presque personne.

Il y a donc un problème perçu et réel.

M. Larry Bagnell: Je ne sais pas si quelqu'un d'autre veut répondre.

La présidente: Monsieur Williams

M. Randall Williams: Je suis de l'avis de Tony. Attendez que les choses reviennent à la normale, ou ce qui était la normale. S'il y avait plus de voyageurs, je crois que nous aurions plus de problèmes aux postes frontaliers, aux postes terrestres et aux aéroports.

La présidente: Nous, les députés, pourrions vous suggérer d'essayer de quitter Ottawa à 17 ou 18 heures un jeudi après-midi, vous verriez de longues files d'attente. À la sécurité, les files d'attente sont très longues maintenant.

Cela dit, je passe la parole à M. Rajotte. S'il vous plaît.

M. James Rajotte (Edmonton-Sud-Ouest, Alliance canadienne): Merci, madame la présidente.

Je tiens à remercier tous les témoins de leurs présentations aujourd'hui. En fait, juste après l'attaque, j'ai été immobilisé à Vancouver. Je sais donc très bien comment certaines des industries, en particulier les hôtels et les restaurants, ont fait face à une hausse soudaine de la demande. Je tiens à vous féliciter, ainsi que vos membres, pour ce que vous avez fait après les attaques.

Nous sommes sur la voie d'une récession économique, évidemment exacerbée par le 11 septembre, mais comment déterminer le pourcentage attribuable à l'attaque elle-même? Si une attaque de ce genre se produit au moment d'une récession, comment déterminez-vous ce qui est simplement dû à la récession économique en général par rapport à l'attaque en particulier?

La présidente: Monsieur Pollard.

M. Anthony Pollard: Nous vérifions les taux, nous vérifions les taux d'occupation dans tout le pays, sur une base quotidienne, hebdomadaire, mensuelle et annuelle. Nous savions qu'avant le début de septembre, les voyages d'affaires avaient diminué d'environ deux points de pourcentage et que les voyages d'agrément stagnaient. Ensuite, nous comparons avec les chiffres de l'an dernier, à la même date, et nous pouvons voir clairement ce que cela indique, pour cette période.

J'aimerais également ajouter, pour votre information, qu'en ce qui concerne les prévisions, l'an prochain, dans l'industrie hôtelière, on prévoit une croissance zéro au Canada.

Laissez-moi vous expliquer. Vous vous demandez probablement comment la croissance peut être nulle, d'une année à l'autre, après ce qui s'est passé? C'est très simple. Nous n'allons pas connaître un autre septembre...touchons du bois. Par conséquent, nos prévisions pour l'année qui vient nous placent plus ou moins au même point qu'en ce moment. Nos amis de l'Association des restaurateurs vous ont dit la même chose.

Si l'on compare 2002 et 2000, nous allons perdre environ 10 points de pourcentage, mais notre association tient des statistiques sur tout cela, tout comme les autres entreprises, évidemment.

La présidente: Monsieur Macies, aviez-vous quelque chose à ajouter?

• 1615

M. Gerry Macies: Plus précisément, pour ce qui nous concerne, et notre hôtel est petit par rapport à certains autres au Canada— 123 chambres—nous avons eu 10 annulations de groupes, en rapport direct avec la menace de terrorisme et parce que les clients avaient peur de voyager. Neuf venaient du Japon et un de Suisse. Ils ont dit qu'ils annulaient les excursions en autocar par peur des attaques terroristes. Nous avons eu également quatre annulations de réunions, une des États-Unis et trois du Canada, tout cela lié aux attaques. Nous leur avons demandé pourquoi ils annulaient et ils ont répondu que c'était à cause des attaques.

Si vous vous adressez à des hôtels et à des membres de l'association de Tony, ils pourront vous donner les chiffres et l'information sur les raisons des annulations. Ce n'est pas à cause de la récession économique, c'est à cause du 11 septembre.

La présidente: Monsieur Williams, voulez-vous ajouter quelque chose?

M. Randall Williams: En ce qui concerne les ventes de voyages au détail, nous attribuons la moitié de la baisse de 20 à 30 p. 100 que nous prévoyons pour le dernier trimestre à la récession. L'autre moitié nous l'attribuons au terrorisme, à la guerre, à la peur d'une autre attaque terroriste et ainsi de suite.

C'est ce que nous prévoyons. Nous disons qu'environ la moitié de la baisse de 30 p. 100 est attribuable à la conjoncture de récession. L'autre moitié est due aux attaques terroristes.

La présidente: Monsieur Rajotte, très brièvement, s'il vous plaît.

M. James Rajotte: J'aurais une question rapide que je vais poser, je crois, à Mme Reynolds.

Vous avez parlé des charges sociales, qui sont un lourd fardeau pour vos membres, et de l'augmentation de ces charges. Vous avez ensuite recommandé, je crois, une exemption annuelle de base de 3 000 $. Avez-vous également fait des recommandations au sujet de l'augmentation des primes au titre du Régime de pensions du Canada?

Mme Joyce Reynolds: Nous avons ciblé l'assurance-emploi, bien que nous ayons également essayé de faire restaurer la protection contre l'inflation sur l'exemption annuelle de base au titre du Régime de pensions du Canada, car nous l'avons perdue lorsque le RPC a été restructuré. Donc de ce point de vue, oui.

Mais nous demandons une réduction de la prime dans le cadre du régime d'assurance-emploi, du fait que la réserve s'élève maintenant à près de 40 milliards de dollars.

M. James Rajotte: Merci.

La présidente: Merci, monsieur Rajotte.

Monsieur St. Denis, s'il vous plaît, rapidement.

M. Brent St. Denis (Algoma—Manitoulin, Lib.): Merci, madame la présidente.

Merci de votre présence.

Je tiens à dire que ma circonscription, dans le nord de l'Ontario, ressemble beaucoup à d'autres circonscriptions rurales du pays qui dépendent largement du tourisme—et de la foresterie. Donc ma région et bien d'autres sont doublement touchées par l'annonce faite il y a quelques heures.

La saison de la navigation de plaisance, des gîtes d'été et de camping était déjà presque terminée le 11 septembre dans les régions rurales. Normalement, après, c'est la saison de la motoneige ou de l'autoneige, ce qui ne serait pas le cas à Toronto, Hamilton ou Burlington... Avez-vous des autoneiges à Burlington?

Une voix: Non. Les amateurs vont dans votre circonscription.

M. Brent St. Denis: Ils viennent en effet dans ma circonscription.

Tout cela est vrai de l'ensemble du pays.

Il s'agit de centaines de dollars de chiffre d'affaires. Je me demande si vous avez une idée de l'incidence, le cas échéant, sur les exploitants de gîtes et d'hôtels qui dépendent du tourisme de la motoneige.

Tony.

M. Anthony Pollard: Monsieur St. Denis, lorsque le ministre Tobin était ici hier, il a parlé de la campagne innovatrice qui va être lancée, de ces 20 millions de dollars qui vont être débloqués.

J'ai examiné cette campagne et son objectif. Trois des quatre annonces publicitaires, à la télévision et dans les journaux—et je suis sûr que si Jim Watson était ici, il serait furieux contre moi de prendre ainsi les devants, mais Jim est probablement à une inauguration quelque part. Ce n'est pas gentil, n'est-ce pas?

Bref, la campagne cible les activités extérieures. Ce sera une grande campagne, et la motoneige en fera évidemment partie. Trois des quatre volets de la campagne visent clairement la nature et les activités hivernales. Je pense que vous allez certainement en profiter.

D'autre part, dans l'industrie touristique, nous devons faire très attention, lorsque nous faisons la promotion du Canada auprès des Américains, de ne pas avoir l'air de profiter de leur malheur. Alors, on montre quelqu'un qui marche le soir dans la rue, mais sans dire quoi que ce soit. Si vous voyez ce que je veux dire. Nous avons le même ennemi.

• 1620

Mais nous nous attendons—je dis cela pour votre information—à voir des Américains, en particulier ceux qui vivent dans un rayon de 800 kilomètres, venir au Canada alors qu'ils avaient prévu des vacances de ski à Val-d'Isère ou ailleurs. Mais nous devons faire attention à la façon dont nous présentons notre campagne, car ce sont nos voisins. Par conséquent, à Algoma, vous pourriez avoir certaines retombées que vous n'auriez pas eues normalement.

M. Brent St. Denis: Est-ce j'ai le temps pour une autre courte question?

La présidente: Soyez bref.

M. Brent St. Denis: Merci beaucoup, monsieur Pollard.

Monsieur Williams, il en est de même pour les agents de voyage. J'ai recours à une petite agence indépendante dans ma circonscription pour mes déplacements à titre de député. Après les malheureux événements du 11 septembre, le propriétaire est venu me voir. Je ne vais pas donner de nom, mais je pense qu'il a réussi à s'entendre avec DRHC sur un mécanisme de partage d'emploi. Je pense que l'on a fait certains progrès dans ce domaine. Je me demande si vous pouvez nous donner des précisions. Vous avez fait une bonne présentation, mais je me demande si vous pouvez faire quelques observations à ce sujet.

M. Randall Williams: Eh bien, monsieur St. Denis, vous êtes certainement un voyageur très intelligent si vous utilisez un agent de voyage.

Dans ma présentation, j'ai dit qu'il existait un programme de partage d'emploi offert par l'assurance-emploi. Ce que nous demandons, et j'espère que le comité nous aidera, c'est d'accélérer le processus d'approbation. Ce processus est très long. Or nos entreprises sont touchées maintenant. Les employés ont peur; ils se demandent quelle va être leur situation financière. Nous demandons que l'on accélère le processus d'approbation, que l'on affecte plus de gens à l'examen de ces demandes. D'autre part, ce programme vise les petites entreprises. La demande de la personne dont vous parlez a probablement été approuvée plus rapidement parce qu'il s'agissait d'une petite agence.

M. Brent St. Denis: Je pense qu'il a été le premier au Canada. Il a été le tout premier.

M. Randall Williams: Bon, c'est de toute évidence une petite entreprise. Mais certains groupes d'agences qui ont 50 ou 100 employés ont plus de difficulté à faire traiter leurs demandes, du fait que le programme est axé sur les petites entreprises. C'est l'autre aspect sur lequel nous voulions que le comité, s'il le peut, exerce une certaine influence—afin d'accélérer le processus et de l'élargir aux agences de voyages plus importantes.

M. Brent St. Denis: Merci.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur St. Denis.

Monsieur Strahl, puis madame Torsney.

Monsieur Strahl, s'il vous plaît.

M. Chuck Strahl (Fraser Valley, PC/RD): Merci, madame la présidente. Merci à vous tous d'être ici. Il est bon d'entendre les gens nous dire comment tout cela affecte les industries du Canada.

Votre association a-t-elle présenté une demande officielle au gouvernement?

M. Randall Williams: Oui.

M. Chuck Strahl: À quel ministère, Industrie?

M. Randall Williams: Oui. Nous avons rencontré le ministre Collenette le 27 septembre et lui avons remis des mémoires. Nous avons également communiqué avec le ministre Tobin, la ministre Stewart et le ministre Martin.

M. Chuck Strahl: Vous êtes donc passés par les voies officielles, en plus de celle-ci.

Je reviens à l'idée du périmètre de sécurité dont on entend parler régulièrement...à votre avis, est-ce le genre de chose qui va rassurer les Américains et les Canadiens en matière de sécurité? Tout cela est en grande partie de nature psychologique. Les gens vont-ils être rassurés et auront-ils davantage envie de voyager en Amérique du Nord ou est-ce trop espérer?

M. Randall Williams: Quelles que soient les mesures prises, il faudra du temps pour produire des résultats et susciter la confiance, car pour le moment les gens ont encore peur. Le gouvernement, même s'il met en oeuvre de nouvelles mesures de sécurité, devra en faire la promotion, pour que les Canadiens sachent ce qu'ils peuvent mettre dans leurs bagages à main, ce que seront les nouvelles règles et comment cela va les toucher.

• 1625

Le gouvernement doit réfléchir à la façon dont il va communiquer aux Canadiens les implications des nouvelles mesures de sécurité et leur dire ce à quoi ils doivent penser avant de partir. Nous appuyons fortement l'idée d'un périmètre autour des trois pays, car nous convenons, avec l'Association des hôtels, que ce serait utile pour ramener la confiance dans notre sécurité sur ce continent.

Un témoin: Si vous le permettez, tout ce qui peut contribuer à la libre circulation des biens, des services et des voyageurs en Amérique du Nord serait utile.

Les gens entendent dire qu'il existe peut-être des cellules terroristes au Canada, qui fournissent de l'information aux États- Unis. L'idée d'éliminer tout cela et de faire de l'Amérique du Nord un endroit tranquille, où l'on peut vivre et voyager librement, leur permettrait de se sentir plus à l'aise dans leur propre pays et de voyager au Canada et aux États-Unis.

M. Chuck Strahl: Je vois que tout le monde est d'accord. Ma dernière question est la suivante: Avez-vous constaté une reprise ou une différence entre les voyageurs d'affaires et les touristes? Les premiers sont peut-être plus avertis. Je ne sais pas vraiment, mais y a-t-il une différence?

M. Anthony Pollard: Depuis deux semaines, on constate une reprise des voyages d'affaires. Mais normalement, en juillet et en août, les gens voyagent moins pour affaires car, comme vous vous en doutez, tout le monde est en vacances. Les gens que vous voulez rencontrer sont en vacances. La première semaine de septembre est toujours difficile, car c'est la rentrée des classes. Et puis là, il y a eu le 11 septembre.

Ce que nous constatons, c'est qu'en effet, les voyages d'affaires reprennent, en particulier depuis deux ou trois semaines. Mais ce qui est difficile à déterminer, c'est si vous, par exemple, en tant que député, vous vous dites que vous étiez censé rencontrer quelqu'un ou un groupe et que vous ne l'avez pas fait. Ce n'est peut-être pas une bonne idée d'utiliser un député comme exemple car vos déplacements sont plus réguliers. Mais c'est peut-être un homme d'affaires de Vancouver, qui était censé rencontrer quelqu'un l'été dernier, qui ne l'a pas fait parce que cette personne était en vacances, qui ne s'est pas déplacé en septembre, et qui doit donc le faire maintenant». Ou s'agit-il d'un voyage complètement nouveau? C'est impossible à quantifier.

Novembre est le début d'une nouvelle saison de voyages d'affaires. À cette saison, quelque 65 à 70 p. 100 des voyages sont des voyages d'affaires et non d'agrément. Nous entrons dans une période typique de voyages d'affaires. Mais il reste des inconnues. À moins de demander à tous ceux et celles qui arrivent dans nos 350 000 chambres ce qu'ils font là, ce qui est probablement illégal de toute façon...

M. Chuck Strahl: Vous pourriez avoir beaucoup de problèmes...

La présidente: N'insistez pas.

M. Chuck Strahl: Oui, vous avez raison.

M. Anthony Pollard: Nous nous écartons un peu du sujet.

M. Chuck Strahl: Oui, mais je pense qu'il est possible d'avoir une idée là-dessus, car il y a des gens qui réservent pour des congrès.

M. Anthony Pollard: C'est une possibilité, mais c'est assez difficile de savoir.

M. Chuck Strahl: Mais les affaires semblent avoir repris.

M. Anthony Pollard: Les affaires reprennent un peu.

La présidente: Monsieur Strahl, nous devons poursuivre. Merci.

Madame Torsney, très brièvement. Nous avons d'autres témoins.

Mme Paddy Torsney: Merci.

Je pense que le 11 septembre présente en fait d'énormes possibilités pour vous tous, puisque les gens ne veulent pas voyager au-delà des frontières. Ils veulent profiter de petits plaisirs dans les restaurants de quartier ou venir voir Ottawa et descendre dans vos hôtels, par exemple.

Je devais aller à un mariage à New York l'été dernier et j'ai consulté le site quikbook.com. Maintenant, je suis inondée de toutes sortes de publicités et d'annonces de prix incroyables. Pourtant ce week-end, certains de mes commettants, dont les revenus sont de faibles à moyens, vont venir à Ottawa. Or le prix des hôtels est très élevé dans cette ville.

Qu'est-ce que vous faites pour remplir les sièges, comme disent les compagnies aériennes? Qu'est-ce que vous faites pour que les gens viennent dans les hôtels et dans les restaurants? Comment vous y prenez-vous? Je ne parle pas simplement de la nouvelle campagne publicitaire. Je pense que vous avez beaucoup de possibilités.

M. Gerry Macies: En fait de possibilités incroyables, oui, je pense qu'il est intéressant de pouvoir convaincre quelques-uns de ceux qui vont passer l'hiver dans le Sud de rester au Canada et de voir leur pays cette année. Mais la population du Canada n'est pas suffisante pour soutenir l'industrie touristique. Nous dépendons des dizaines de millions d'Américains qui viennent ici chaque année. S'ils n'ont pas envie de voyager, nous ne pourrons pas survivre uniquement avec la population canadienne. Mais je pense que c'est une bonne occasion de les intéresser de nouveau au Canada.

Quant aux hôtels, il n'y a qu'à regarder les journaux, ils proposent tous des prix spéciaux, par exemple, en partenariat avec Air Canada pour la troisième nuit gratuite. Toutes les chaînes hôtelières lancent des campagnes de promotion. Chacun pense à la saison d'hiver et à la baisse des voyages d'affaires et propose des prix spéciaux.

Mme Paddy Torsney: Combien coûte un week-end à votre hôtel?

• 1630

M. Gerry Macies: Combien? Quatre-vingt-cinq dollars.

Mme Paddy Torsney: C'est encore un peu cher pour certaines familles, mais est-ce qu'il est possible d'inciter ces gens, ceux qui ne voyageraient pas normalement, à se déplacer et à soutenir leur industrie par patriotisme. Je pense que tout le monde le souhaite, mais c'est aussi une question de prix.

M. Gerry Macies: Je pense que les nouveaux fonds pour la CCT... En Ontario, nous avons le partenariat pour la commercialisation du tourisme, une collaboration entre des entreprises, des destinations et autres. Il va y avoir des initiatives originales pour la saison d'hiver, naturellement, pour ce qui est des nouvelles possibilités—pour ces week-ends dont vous parlez.

La présidente: Monsieur Pollard, voulez-vous ajouter quelque chose?

M. Anthony Pollard: Randy est un ancien hôtelier. Nous étions en train de dire que les hôtels au Canada sont de loin la meilleure affaire dans le monde. Les Américains qui viennent ici pour deux jours bénéficient en fait du troisième gratuitement. Vous pouvez rester dans un hôtel quatre ou cinq étoiles au Canada pour moins de 200 $. Essayez de le faire à Londres, à Paris, à Rome ou à Tokyo. C'est impossible.

Mme Paddy Torsney: Mais vous ne comprenez pas ce que je veux dire. Depuis le 11 septembre, j'ai eu 15 messages de quikbook.com annonçant toutes sortes de prix spéciaux, comme les hôtels W à New York pour 99 ou 150 $. Ce sont normalement des chambres à 350 $. Ça m'intéresse. Ça me donne envie d'y réfléchir; je devrais peut-être y aller, si j'ai un peu d'argent à dépenser. C'est peut-être une occasion. C'est peut-être le moment d'amener mes enfants à Ottawa parce qu'ils sont en cinquième année. Mais si je n'entends pas parler de ces prix spéciaux ou si j'en entends parler seulement par hasard, vous n'allez pas me convaincre de changer mes plans et de venir ici parce que c'est le bon moment.

M. Anthony Pollard: Les hôtels canadiens font la même chose pour les Américains. Ce que les Américains font pour vous attirer aux États-Unis, les hôtels canadiens le font aussi pour leurs groupes cibles.

La présidente: Madame Reynolds, voulez-vous répondre?

Mme Joyce Reynolds: J'allais dire que l'on voit déjà des changements de comportement importants. Dans notre secteur, ce sont les restaurants coûteux qui ont des difficultés et la restauration rapide qui en bénéficie. Notre problème tient à nos marges trop étroites. On ne peut pas commencer à servir des repas à perte. C'est le problème.

La présidente: Merci, madame Torsney.

Je vais passer à notre deuxième groupe de témoins, mais je voulais d'abord poser une dernière question. Lors de la dernière grande récession, j'ai lu un article—je ne me rappelle plus dans quel magazine, peut-être Business Week—dans lequel on disait que dans les périodes de récession, les gens dépensent plus d'argent pour les divertissements à court terme, les restaurants, les visites d'une journée, ce genre d'activités. Je sais que vous avez perdu des réservations de groupes ou de congrès. Madame Reynolds, avez-vous vu une augmentation de l'activité en ce qui concerne les restaurants bon marché ou les petits établissements ou les chaînes? Cette augmentation est-elle due au fait que les gens sont plus économes, mais veulent malgré tout sortir, se distraire? Est-ce le cas?

Mme Joyce Reynolds: Les restaurants à service limité, les restaurants à service rapide reprennent dans certains cas. Cet effet d'entraînement vers le bas est assez courant. Une des différences entre cette récession et celle qui a commencé au début de la dernière décennie est que, selon moi, nous sommes dans une meilleure situation. Les taux d'intérêt sont plus bas. Il y a beaucoup d'aspects positifs. Nous ne sommes pas touchés par la TPS comme nous l'avons été au début de la dernière décennie. Il y a donc une différence. C'est pourquoi nous pensons, comme de nombreux économistes l'ont dit, que ce sera une récession de courte durée et qu'elle ne sera pas aussi profonde que la dernière.

La présidente: Merci. Je tiens à vous remercier tous d'être venus aujourd'hui. Comme M. Pollard l'a fait justement remarquer, je viens de la région de Windsor où tout cela a eu un effet extrêmement dévastateur sur l'économie locale, comme sur bien d'autres activités frontalières. Mais je pense que les répercussions se font sentir dans les deux pays, et nous devons encourager les gens à voyager et à continuer de tenir des réunions d'affaires et des congrès, car je pense que c'est bon pour nos économies. Nous vous remercions de votre franchise et nous espérons que les 20 millions de dollars annoncés hier vous aideront à revitaliser l'industrie et à changer peut-être ces prévisions de croissance nulle pour l'année prochaine.

M. Anthony Pollard: Nous l'espérons. Merci.

La présidente: Nous allons nous interrompre quelques minutes avant d'accueillir de nouveaux témoins.

• 1635




• 1638

La présidente: Je demande aux membres de bien vouloir rependre leur place.

Nous sommes très heureux d'accueillir l'Association de l'aluminium du Canada en la personne de son président M. Chris Van Houtte; et le président et le directeur des communications de l'Association canadienne de la construction, MM. Michael Atkinson et Jeff Morrison.

Je suggère que chaque groupe fasse une déclaration préliminaire. On pourrait commencer par M. Van Houtte de l'Association de l'aluminium, à moins que vous ayez fait un autre arrangement.

La parole est à M. Van Houtte.

M. Christian Van Houtte (président, Association de l'aluminium du Canada): Merci, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité de nous donner l'occasion d'exposer aujourd'hui le point de vue de l'Association de l'aluminium du Canada sur la situation économique à laquelle nous faisons face à la suite des tragiques événements du 11 septembre.

[Français]

Je m'appelle Christian Van Houtte et je suis le président de l'Association de l'Aluminium du Canada, une organisation sans but lucratif qui regroupe les trois principaux producteurs d'aluminium au Canada: la compagnie Alcan, Alcoa et Aluminerie Alouette.

• 1640

L'association est active dans plusieurs secteurs d'activité et elle se préoccupe aussi des problèmes de nature économique qui la confrontent.

L'industrie canadienne de l'aluminium célèbre cette année son centenaire. C'est le 22 octobre 1901, il y a 100 ans, que fut coulé le premier lingot d'aluminium à Shawinigan. Depuis cette époque, l'industrie a progressé de façon exponentielle.

La production totale d'aluminium, pour l'année 2001, atteindra 2,5 millions de tonnes métriques, ce qui place le Canada au troisième rang des producteurs mondiaux d'aluminium de première fusion.

La brochure que vous allez trouver dans la pochette qui vous a été remise décrit en détail l'industrie de l'aluminium au Canada et ses nombreuses contributions au développement économique et social du Québec, parce que 10 des 11 alumineries y sont situées, mais aussi, bien sûr, de la Colombie-Britannique.

[Traduction]

Comme pour plusieurs autres industries à travers le monde, l'industrie canadienne de l'aluminium a subi plusieurs pressions économiques. Avant même le 11 septembre 2001, notre industrie avait commencé à ressentir, par la chute du prix de l'aluminium et la baisse de la demande, les effets de l'affaiblissement mondial de l'économie. Les événements tragiques survenus le 11 septembre n'ont fait qu'ajouter à l'incertitude. En dépit du fait qu'il est encore trop tôt pour analyser avec précision les conséquences du 11 septembre, il ne fait aucun doute que cet événement ne peut que nuire à une économie déjà affaiblie.

Pour vous donner un exemple de la fragilité de l'économie et de l'impact de ces événements, je voudrais vous citer quelques chiffres. Le prix moyen de l'aluminium à la bourse des métaux de Londres est considérablement plus bas qu'il y a un an à peine, et beaucoup plus bas qu'il était en 1995. Hier, ce métal se vendait 1 262 $ la tonne, qui est le prix le plus bas depuis 1992. En 1995, il se vendait 1 800 $. En gros, nous en sommes au point où les producteurs canadiens d'aluminium primaire atteignent tout juste le seuil de rentabilité.

Alors que nous avons connu une période de croissance constante jusqu'à la deuxième moitié de l'année 2000, les niveaux de production se sont, depuis, mis à baisser—une tendance qui se maintient toujours. Cette tendance défavorable se fait aussi sentir au niveau des chiffres sur 12 mois en ce qui concerne les expéditions des usines américaines.

Nous nous attendons à ce que les conditions du marché demeurent préoccupantes, et nous allons avoir à faire face à beaucoup de problèmes au cours des prochains mois ou des prochaines années. Chacune des compagnies membres de l'Association de l'aluminium a mis en place plusieurs programmes de réduction des coûts. Alcan, par exemple,

[Français]

le plus important producteur canadien d'aluminium, a annoncé récemment des mesures visant à réduire ses coûts de 200 millions de dollars de façon à permettre à l'entreprise de se maintenir dans une position profitable. Ces 200 millions de dollars auront un impact sur les profits de l'entreprise.

Alcoa, la plus importante compagnie d'aluminium au monde, a également établi un programme de restructuration dans l'ensemble de ses opérations à travers le monde de façon à réduire ses coûts.

Des partenaires internationaux d'Aluminerie Alouette, au Québec, ont également, chacun dans leur pays, mis en oeuvre des mesures visant à réduire les coûts et à minimiser les impacts de cette récession.

• 1645

Il est donc à prévoir que dans les prochains mois, il y aura, quelque part dans le monde, des mises à pied pour ces entreprises.

Ce ne sont là que des mesures initiales que les entreprises ont prises au cours des dernières semaines pour réagir de façon rapide. L'industrie poursuit également des améliorations dans ses procédés, dans ses processus, de façon à être plus compétitive au niveau de l'efficacité énergétique et au niveau de l'ensemble de l'utilisation de nos ressources. C'est un exercice que nous entreprenons et qui se poursuivra au cours des prochains mois et des prochaines années.

Nous croyons aussi que nous pourrons rapidement travailler à promouvoir les mérites de l'aluminium dans le développement de l'industrie. Par exemple, nous croyons que l'aluminium pourrait être utilisé dans les transports.

Dans la perspective des mesures qui pourraient être appliquées pour l'industrie de l'aluminium, il y a, bien sûr, le problème des frontières.

[Traduction]

En raison de la grande intégration du marché nord-américain, il est impératif pour nos membres que la frontière canado- américaine soit ouverte et sûre. Le Canada exporte 80 p. 100 de sa production, en grande partie aux États-Unis. En 1999, la valeur totale des exportations d'aluminium a été de 4,2 milliards de dollars. L'impact négatif des événements du 11 septembre a été ressenti immédiatement, ce qui démontre clairement la vulnérabilité de nos compagnies aux problèmes frontaliers. Bien que la situation aux frontières redevienne graduellement normale, nous sommes d'avis que l'administration de la frontière canado-américaine doit être prioritaire pour les deux gouvernements. Le commerce transfrontalier est important, et nous croyons que les politiques futures devraient chercher à assurer la libre circulation des personnes et des biens.

Dans ce contexte, nous pensons que les appels en faveur de la mise en place d'un périmètre nord-américain harmonisé et sécurisé sont appropriés. Les intérêts de tous les Canadiens seront mieux servis par cette approche, vu que le libre accès au marché américain revêt une importance critique pour l'industrie canadienne de l'aluminium.

Nous pensons également qu'il est important que le gouvernement canadien réduise le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises au Canada, dans le prolongement de ce qui a été fait au cours des dernières années. Une telle approche peut s'inscrire dans une stratégie à long terme dont le but est de retenir au Canada les compétences et les capitaux. Nous partageons l'opinion d'autres membres des milieux économiques canadiens voulant que les initiatives fiscales du gouvernement doivent s'inscrire dans le cadre de politiques financières prudentes.

Dans le document que nous vous avons remis, nous parlons également de l'ALENA. Plusieurs problèmes que pose l'Accord de libre-échange nord-américain concernant les personnes et les capitaux demandent à être réglés.

En outre, le Protocole de Kyoto a de graves conséquences pour nous. Nous sommes d'avis que le gouvernement canadien devrait se montrer très prudent avant de ratifier ce protocole, étant donné que le gouvernement américain n'a pas l'intention de suivre la même voie. Compte tenu de la forte intégration de notre économie et de nos relations avec les États-Unis, cela pourrait avoir une incidence très négative sur l'industrie canadienne.

Bien que nous soyons d'accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, bien que nous soyons en faveur de l'engagement volontaire des entreprises, et bien que nous soyons en faveur d'une action gouvernementale dans le sens de ces réductions, nous pensons qu'en Amérique du Nord tout au moins, la ligne de conduite doit être harmonisée avec celle des États-Unis. Par conséquent, nous sommes d'avis que le gouvernement doit faire preuve d'extrême prudence avant de ratifier formellement le Protocole de Kyoto.

Une autre chose qui est importante pour nous, c'est que l'appareil de l'État semble fonctionner comme si de rien n'était. Tandis que l'industrie s'efforce de préserver les emplois, de garder ses usines ouvertes et ainsi de suite, on dirait que la bureaucratie continue de s'en tenir à la routine. Cela ajoute bien sûr aux difficultés d'une industrie qui s'efforce de garder la tête hors de l'eau en ces moments difficiles.

• 1650

Au fond, nous allons tous subir les conséquences de cette situation. Nous croyons toutefois que l'industrie est suffisamment forte pour surmonter cette série de malchances. Les économistes en chef qui travaillent dans nos diverses compagnies prédisent—mais ils ne peuvent pas en être certains, bien sûr—que d'ici la fin de l'année prochaine, tout devrait avoir repris son cours normal, et c'est ce sur quoi nous tablons. Dans l'intervalle, nous nous efforçons de rationaliser nos activités, d'être plus efficaces et plus prudents dans la conduite de nos affaires.

En conclusion, j'aimerais souligner que si ces quelques politiques gouvernementales étaient mises en oeuvre de la manière décrite dans le document que vous avez devant vous, elles aideraient certainement l'industrie de l'aluminium ainsi que les autres secteurs de l'économie à surmonter la situation.

C'est ce que nous avions à vous dire. Comme vous pouvez le constater nous ne demandons aucune aide financière. Nous considérons que le moment serait mal choisi. Nous croyons pouvoir régler le problème nous-mêmes et nous espérons pouvoir collaborer avec le gouvernement et les autres secteurs de l'économie, pour que les choses puissent rapidement reprendre leur cours normal.

Je vous remercie de votre attention, madame la présidente.

La présidente: Merci, monsieur Van Houtte.

C'est maintenant au tour de l'Association canadienne de la construction. Monsieur Michael Atkinson, s'il vous plaît.

M. Michael Atkinson (président, Association canadienne de la construction): Merci, madame la présidente.

L'Association canadienne de la construction se félicite d'avoir la possibilité d'exprimer son point de vue à propos des répercussions des événements tragiques survenus le 11 septembre. Pour que ma voix ennuyeuse ne vous fatigue pas trop, je passerai le relais à M. Morrison qui fait équipe avec moi.

L'Association canadienne de la construction est le porte- parole national du secteur de la construction non résidentielle au Canada et, à ce titre, elle représente quelque 20 000 entreprises de construction implantées dans l'ensemble du pays. L'industrie de la construction, y compris le secteur de la construction résidentielle, est le plus important employeur au Canada. Quelques 900 000 Canadiens, selon les propres statistiques du gouvernement fédéral, contribuent environ 139 milliards de dollars à l'économie de notre pays.

Si nous faisons ces déclarations au début de notre exposé, c'est bien sûr pour vous rappeler l'importance de l'industrie de la construction pour le bien-être économique du Canada. De fait, notre industrie est un excellent baromètre ou révélateur de l'ensemble de l'économie du Canada—en fait, comme va la construction, ainsi va l'économie du Canada.

[Français]

Madame la présidente, même avant le 11 septembre, l'industrie canadienne de la construction commençait déjà à percevoir les signes d'un ralentissement économique. Après que l'industrie ait connu deux ou trois années de croissance importante, tout indiquait que la demande de la construction avait effectivement commencé à se stabiliser et même à baisser. Selon les prévisions de l'industrie, le PIB de la construction devait baisser de 1,4 p. 100 en 2001 comparativement au taux de l'an 2000 et demeurer relativement stationnaire en 2002 et 2003. C'était avant le 11 septembre. Cette chute du PIB s'explique en partie par une baisse marquée des investissements en capital du gouvernement qui est partiellement attribuable à l'abolition graduelle du Programme national des infrastructures du Canada.

Notre consultant économique, qui est Informetrica Ltd., estime que les événements du 11 septembre pourraient avoir des répercussions de portée générale sur notre industrie, ce qui entraînerait une nouvelle baisse de 0,3 p. 100 du PIB de la construction cette année, en 2001, qui serait suivie d'une baisse de 0,8 p. 100 en 2002 et 2003 respectivement. C'est directement lié aux événements du 11 septembre.

[Traduction]

Nous avons, en gros, deux types de préoccupations dont nous aimerions vous faire part. Il est maintenant quelque peu ironique de se rappeler qu'à peine trois ou quatre jours avant le 11 septembre, des dirigeants de notre association, dont je faisais partie, s'étaient rendus à Washington, DC pour rencontrer leurs homologues américains. Un des principaux sujets à l'ordre du jour de cette rencontre était l'exploration des moyens qui nous permettraient de travailler ensemble à l'ouverture de nos frontières pour parvenir non seulement à la libre circulation du matériel de construction, mais également de la main-d'oeuvre, notamment les personnels non couverts par l'ALENA.

• 1655

L'industrie de la construction, aux États-Unis comme au Canada, souffre, à cause de la florissante activité économique des toutes dernières années, d'une pénurie de personnel qualifié dans certains domaines et dans certaines régions, et l'on a pu constater une volonté commune de la part de nos confrères américains et mexicains de régler ce problème collectivement dans le cadre de l'ALENA, de manière à ce que si l'on traversait une période de ralentissement, par exemple, dans un certain secteur, au Canada, et que l'on avait besoin de travailleurs aux États-Unis, nous puissions délocaliser des travailleurs canadiens et tirer parti de cette activité économique, et vice-versa. C'est une chose qui se produit, par exemple, dans le secteur industriel. Il arrive que des usines soient fermées en Alberta à une époque de l'année où il y en a qui restent ouvertes dans certaines régions du sud-ouest américain. Les mêmes équipes de travailleurs et les mêmes types de compétences sont requis aux différents endroits, et cela a été perçu comme une situation gagnant-gagnant pour tous les intéressés.

Il est ironique que nous ayons parlé de cela trois ou quatre jours avant le 11 septembre. L'atmosphère à Washington était certainement très favorable à ce genre de discussion, notamment du fait qu'elle se rattachait à l'initiative en faveur de la reconnaissance des travailleurs sans papiers aux États-Unis. Les deux choses entraient dans le même contexte.

Bien sûr, tout cela est maintenant paralysé à la suite des événements du 11 septembre. Nous espérons que c'est simplement remis à plus tard.

L'ACC s'est fait entendre et s'est débattue pour faire comprendre à ses partenaires au sein de l'ALENA, aux associations homologues aux États-Unis et au Mexique que, collectivement, à titre d'associations professionnelles de l'industrie, nous devions continuer de veiller assidûment à ce que nos trois gouvernements n'entravent pas malencontreusement le commerce entre nos pays.

Nous devons nous assurer que les formalités à la frontière que nous partageons avec les États-Unis demeure propices au commerce et que le renforcement des mesures de sécurité aux frontières ne viennent pas restreindre ni gêner indûment la libre circulation des biens et services. C'est une préoccupation que nous partageons avec beaucoup d'associations, du fait notamment de la situation du Canada. Notre économie est largement dépendante de nos exportations et de notre situation géographique favorable par rapport à l'un des plus grands marchés de consommation du monde. C'est là quelque chose dont nous devons être conscients. Nous nous rendons compte que c'est un point dont nos trois partenaires de l'ALENA doivent se préoccuper, que ce n'est pas une chose dont l'un ou l'autre des gouvernements doit se préoccuper ni non plus, d'ailleurs, la prérogative d'une industrie nationale particulière.

Notre deuxième motif d'inquiétude—et nous avons déjà commencé à en faire l'expérience—vient du fait que les événements du 11 septembre ont déjà poussé certaines administrations au Canada à continuer de faire fi de la détérioration importante de nos infrastructures matérielles essentielles. Nous en avons été témoins à au moins une ou deux reprises au niveau provincial. Souvent la première chose qui est sacrifiée quand les gouvernements font face à une période d'austérité ou de difficultés financières, ce sont les investissements de capitaux dans les routes, les autoroutes, les stations d'épuration des eaux usées et les réseaux de distribution d'eau. Il existe de nombreuses explications à ce phénomène, probablement parce que ces investissements risquent de ne pas rapporter avant 20 ou 25 ans, et c'est très loin.

Nous craignons que les événements du 11 septembre incitent certaines administrations au Canada à se désintéresser d'un problème très inquiétant et menaçant, notre déficit en matière d'infrastructures. Il s'agit d'un déficit qui risque d'avoir des conséquences négatives majeures sur la qualité de la vie au Canada, entre autres, à l'avenir. Nous sommes certes préoccupés par la circulation transfrontières et les autres mesures de sécurité, mais aussi par l'état de certaines de nos infrastructures essentielles, et nous craignons que l'on ne considère pas les événements du 11 septembre comme une opportunité pour mettre en place au Canada des stratégies de longue durée et prudentes pour ne pas risquer de ne pas nous faire surprendre «les culottes baissées» quand un pont s'écroule et pour assurer la sécurité de la population eu égard à l'eau potable, etc. Nous devrions avoir des plans pour assurer que nous ne tombons pas dans ces genres de traquenards. En bout de chaîne, l'état de notre infrastructure définira la qualité de vie des Canadiens dans le futur.

• 1700

Contrairement à ses deux partenaires au sein de l'ALENA, le Canada n'a pas, par exemple, de stratégie relative au réseau routier national. Nous avons été quelque peu embarrassés à Washington, où nous représentions l'industrie canadienne de la construction, d'entendre parler de ce que faisaient les États-Unis et le Mexique, où on a établi des plans à long terme pour l'amélioration et l'entretien des réseaux routiers nationaux. Nous n'avons pas de plan au Canada.

[Français]

M. Jeff Morrison (directeur de la communication, Association canadienne de la construction): Madame la présidente, les coûts de la remise en état et de l'entretien de nos infrastructures routières et de notre matériel de base ne cessent de croître, à un point tel que ce déficit en matière d'infrastructure menace la qualité de vie de la population canadienne, comme M. Atkinson l'a dit, tout comme l'ont d'ailleurs fait le déficit financier du pays et, maintenant, notre dette publique. De fait, cette menace qui plane à l'intérieur même de nos propres frontières est de tout aussi mauvais augure qu'une menace venant de l'extérieur de nos frontières.

Le gouvernement fédéral se doit de mettre en place une politique d'investissement à long terme. C'est le point sur lequel on veut mettre le plus l'accent. On doit faire des investissements à long terme en matière d'infrastructure, laquelle est à la fois essentielle et obligatoire. Une telle politique peut facilement s'inscrire dans un programme de sécurité. Je pense que le gouvernement s'intéresse beaucoup à cette sorte d'investissements, puisque les aéroports, les ports, les installations militaires, les postes frontaliers, les ponts internationaux, les réseaux routiers et les structures connexes sont tous partie intégrante d'un plan stratégique prudent en matière d'infrastructure pour le Canada.

[Traduction]

M. Michael Atkinson: En conclusion, madame la présidente, notre association et nos membres sont d'avis que nous devons tout mettre en oeuvre pour prendre les mesures qui s'imposent afin de protéger nos concitoyens ainsi que nos libertés fondamentales, sans toutefois qu'elles soient prises aux dépens de notre économie, de notre niveau de vie et de notre qualité de vie. En réagissant ainsi, on ne ferait que permettre aux tactiques de terreur de triompher.

Je me ferais maintenant un plaisir d'entendre vos questions ou commentaires. Je vous remercie de votre attention.

La présidente: Merci, monsieur Atkinson.

Nous allons maintenant repasser aux questions. Je donne la parole à M. Rajotte.

M. James Rajotte: Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que les témoins pour leur exposé.

Je voudrais revenir à ce que vous avez dit au sujet de ce que vous appelez notre déficit en matière d'infrastructure. Possédez- vous des chiffres ou une estimation de ce que cela coûtera? Vous avez parlé des autoroutes, des ports, des systèmes de traitement et de distribution de l'eau.

M. Michael Atkinson: En ce qui a trait au réseau routier national, l'Association des transports du Canada, qui regroupe des fonctionnaires des administrations provinciales et fédérales, ainsi que des gens bien informés sur la question des routes, estime que le coût se situe actuellement autour de 17 à 18 milliards de dollars. Elle propose un programme sur dix ans.

M. Alcock a contribué il n'y a pas très longtemps à un rapport du Comité des transports où était formulé un excellent plan pour régler le problème de la remise en état de notre réseau routier national. Malheureusement, ce rapport traîne dans les tiroirs. Il y a donc un plan, et les sommes nécessaires ainsi que les priorités ont été identifiées. On s'est entendu avec les gouvernements sur ce qui constitue un programme routier national. Tout est là. Il n'est pas nécessaire d'entreprendre d'autres études.

En ce qui a trait aux infrastructures municipales, la Fédération canadienne des municipalités a estimé les coûts à environ 45 milliards de dollars. Il ne fait aucun doute que le programme Travaux d'infrastructure Canada est un pas dans la bonne direction. Nous nous en félicitons. Malheureusement, nous avons tendance à faire les choses au jour le jour. Nous n'avons pas de stratégie à long terme. Nous ne savons pas pour l'instant, nos gouvernements non plus, d'ailleurs, ce que nous investirons dans notre infrastructure dans six mois. Nous qui appartenons à la plus importante industrie du Canada, le plus gros employeur, et qui avons les gouvernements comme principaux clients, nous demandons comment nous sommes censés élaborer une planification commerciale, alors que les gouvernements ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils feront dans six mois? Nous avons besoin de plans.

M. James Rajotte: En ce qui concerne les ports, à combien estimez-vous que cela monterait?

M. Michael Atkinson: Je ne suis pas sûr. Je n'ai pas vu de chiffres fermes. Je pense qu'en fonction des circonstances, un grand nombre de ces ports ont été privatisés ou commercialisés. C'était probablement un pas dans la bonne direction, car lorsque des installations portuaires sont gérées comme des installations privées, on se préoccupe d'attirer les clients, etc. et mieux vaut que ce ne soit pas des installations de troisième ou quatrième catégorie. Autrement vous n'attirerez personne.

M. James Rajotte: Dans le premier exposé que nous avons entendu, le vôtre, monsieur Van Houtte, vous avez parlé d'un périmètre nord-américain harmonisé et sécurisé.

À ce propos, monsieur Atkinson, votre groupe voit-il les choses de la même façon?

• 1705

M. Michael Atkinson: Nous sommes certainement en faveur de tout ce qui est susceptible de consolider nos échanges commerciaux avec les États-Unis et le Mexique et d'assurer une meilleure circulation des biens, des personnes, etc. aux frontières. Notre industrie sait—on n'a pas besoin de le lui dire—qu'elle est une des meilleures du monde. Nous pouvons soutenir la concurrence avec n'importe qui. Nous n'avons pas peur de la concurrence. En fait, pour parler franchement, plus nous pourrons avoir accès aux marchés du Sud, plus cela renforcera aussi bien notre industrie que l'économie canadienne.

M. Christian Van Houtte: Oui, je suis d'accord. Je suis sûr que l'on peut accélérer les procédures à la frontière, par exemple en ce qui concerne les marchandises qui passent la frontière tous les jours en grandes quantités et qui ne présentent pas beaucoup de risques. Beaucoup de choses pourraient être faites pour accélérer le processus tout en assurant une certaine sécurité à la frontière.

Nous sommes tout à fait d'accord avec ce qui a été dit juste avant notre exposé par les représentants de l'industrie du tourisme. Accélérer le processus aux deux frontières ne signifie pas que le Canada perdra son autonomie. Nous partageons un continent avec le Mexique et les États-Unis. Nous avons des échanges commerciaux qui s'élèvent à 1 milliard de dollars par jour. Nous avons besoin d'un système adapté au volume des affaires que nous traitons. Il ne s'agit pas d'une petite entreprise. C'est beaucoup, beaucoup d'argent, d'énormes quantités de marchandises, un grand nombre de gens qui se déplacent sur une base quotidienne. ALCOA produit 45 p. 100 de l'aluminium canadien. C'est une entreprise américaine. Les Canadiens font des aller-retour aux États-Unis et les Américains viennent au Canada. La société Alcan est implantée dans toutes les régions du monde. Il faut donc, en gros, que nous élaborions un plan et un système en fonction de l'importance de l'industrie.

M. Jeff Morrison: Je pense qu'il est également important, au vu de la mise en place de blocs commerciaux à travers le monde, par exemple l'Union européenne, que l'Amérique du Nord fasse son propre ménage. Ne nous y trompons pas, foncièrement nous sommes en concurrence avec les autres blocs commerciaux du monde entier.

Je sais que lorsque nous avons rencontré nos homologues au Mexique, c'est une des choses qui a été soulignée, à savoir qu'il est important que l'Amérique du Nord se situe, si vous voulez, par rapport aux problèmes commerciaux et aux problèmes économiques internationaux.

La présidente: Merci.

Merci, monsieur Rajotte.

Je donne la parole à M. Bagnell.

M. Larry Bagnell: Monsieur Van Houtte, je ne connais pas très bien l'industrie de l'aluminium mais vu qu'il s'agit d'un gros consommateur d'énergie, y aurait-il moyen de tirer parti des bas prix de l'énergie provoqués par les événements du 11 septembre pour en stocker?

M. Christian Van Houtte: Non. Vu la quantité d'énergie que nous achetons sur une base annuelle, toutes les compagnies signent des contrats à long terme. Au Canada, par exemple, il y a foncièrement deux types de règles. Alcan produit elle-même 95 p. 100 de l'énergie qu'elle utilise au Québec et en Colombie- Britannique. ALCOA, qui a récemment fait l'acquisition de Reynolds Metals and Alumax, est liée par une relation contractuelle avec Hydro-Québec—c'est un contrat de 24 ans. Le prix est établi à partir d'une formule très complexe, calculé sur le prix du métal et ainsi de suite. En Amérique du Nord et dans le monde, nous faisons partie de ceux qui ont à payer le moins pour l'énergie.

M. Larry Bagnell: Dans l'industrie de la construction, qui est liée au domaine de l'infrastructure, je présume que vous contribuez et participez au programme d'infrastructure de 5 millions de dollars du CNRC.

Un témoin: Oui.

M. Larry Bagnell: Parfait. Il a été suggéré—dans le cadre d'échanges de vues, rien d'officiel—qu'une solution pour réduire la production d'énergie, serait de rendre obligatoire que toutes les maisons soient conformes à la norme R-2000 ou à quelque chose de semblable. Avez-vous des commentaires à faire à ce propos?

M. Michael Atkinson: M. Morrison voudra peut-être compléter ce que je vais dire mais, premièrement, en ce qui concerne notre industrie, nous considérons que les divers domaines liés à l'écologie ouvrent, pour parler franchement, des débouchés majeurs. Certaines de nos entreprises se spécialisent en fait dans la remise en état des terres, dans la décontamination des sols ou s'intéressent aux nouveaux matériaux de construction. Nous sommes très impliqués dans les programmes d'économies d'énergie et nous essayons d'encourager les propriétaires et les concepteurs à privilégier des matériaux haut de gamme, dont les prix sont parfois plus élevés, mais qui permettent de réaliser des économies d'énergie sur le long terme et ainsi de récupérer les coûts initiaux pendant la durée du cycle de vie de l'immeuble. Le gouvernement fédéral a lui-même un programme dans ce domaine. Nous sommes très actifs dans ce secteur.

• 1710

Pour répondre à votre question, il ne fait aucun doute que la durabilité est une nouvelle initiative d'importance majeure dans le domaine de la construction domiciliaire, et même dans celui de la construction non domiciliaire. On constate qu'un plus grand nombre de propriétaires, particulièrement du secteur privé, s'intéressent aux coûts du cycle de vie de leurs immeubles, plutôt qu'aux coûts initiaux, car ils se rendent compte que les véritables coûts sont répercutés sur le cycle de vie de 20 ou 30 ans de ces bâtiments. Il ne fait donc aucun doute que ces problèmes sont très importants. Nous nous intéressons énormément à ces domaines, car nous les considérons comme de nouveaux créneaux en pleine expansion pour notre industrie.

M. Jeff Morrison: Je voudrais ajouter, si vous le permettez, que M. Van Houtte et moi-même nous sommes rencontrés, il y a environ un mois ou deux, à une réunion où l'on a parlé d'un programme gouvernemental offert à travers l'office de l'efficacité énergétique. Il s'agit du Programme d'économie d'énergie dans l'industrie canadienne, le PEEIC. Foncièrement le but du programme est d'amener l'industrie à réduire volontairement sa consommation d'énergie et d'aboutir de ce fait à une baisse des émissions de gaz à effet de serre.

Actuellement, un assez grand nombre de secteurs de l'industrie sont impliqués. L'ACC a décidé à son récent conseil d'administration, il y a une quinzaine de jours, de participer et de faire de la réduction de la consommation d'énergie un élément très important de nos pratiques commerciales routinières.

Quand on entend dire que grâce au PEEIC, des petites entreprises de 25 personnes ou moins réduisent leurs frais de 100 000 à 150 000 $ par an grâce aux économies d'énergie, cela éveille tout naturellement l'intérêt de nos membres non seulement d'un point de vue financier, mais également, bien sûr, du point de vue écologique.

La présidente: Merci, monsieur Bagnell.

[Français]

Monsieur Bergeron, s'il vous plaît.

M. Stéphane Bergeron: Merci, madame la présidente. J'aimerais poser un certain nombre de questions relativement courtes, d'abord à MM. Atkinson et Morrison.

Au Québec, on a une expression qui dit: quand la construction va, tout va. Les chiffres de votre industrie indiquaient déjà pour 2001, 2002 et 2003 des prévisions de croissance relativement modestes. Depuis déjà deux jours, les intervenants qui se succèdent devant le comité nous indiquent, nous répètent, nous signalent que les premiers signes de ralentissement étaient perceptibles avant le 11 septembre dernier et que le 11 septembre dernier n'a fait que précipiter une situation qui était déjà prévisible.

Maintenant, dans votre présentation, je n'ai pas révisé vos révisions des prévisions en fonction de ce qui s'est passé le 11 septembre dernier. Conséquemment, s'il n'y avait pas mise en oeuvre des programmes d'infrastructure, de construction, etc., quelles seraient vos nouvelles prévisions de croissance ou de décroissance pour les prochaines années, à la lumière des événements du 11 septembre dernier?

Un témoin: Comme on le mentionne dans nos commentaires, la réduction supplémentaire du PIB de la construction en 2001 sera de 0,3 p. 100. Pour les années 2002 et 2003, la réduction sera de 0,8 p. 100 pour chaque année. Pour 2001, avant le 11 septembre, nous prévoyions une réduction du PIB de 1,4 p. 100. En plus, on a maintenant cette réduction additionnelle de 0,3 p. 100. Donc, pour 2001, on prévoit une réduction importante. On a dit que pour 2002 et 2003, il y aurait une stabilité, mais selon les nouvelles prévisions, qui tiennent compte des effets du 11 septembre, on va peut-être avoir une croissance zéro.

M. Stéphane Bergeron: Il y a quelques instants, les entreprises de l'industrie du tourisme nous parlaient d'une réduction de la taxe sur la masse salariale. Hier, les gens de l'industrie minière et les gens de l'industrie de l'acier nous proposaient plutôt une abolition ou une réduction, à tout le moins, de la taxe sur le capital. Si vous aviez à privilégier l'une ou l'autre de ces deux options, vers laquelle nous inciteriez-vous à aller prioritairement?

M. Christian Van Houtte: Dans notre cas, la main-d'oeuvre représente entre 12 et 15 p. 100 des coûts de production. Donc, la taxe sur la main-d'oeuvre est importante. On paie pour près d'un milliard de dollars de salaires par année au Canada.

• 1715

Néanmoins, c'est la taxe sur le capital qui est la plus difficile pour nous. Vous savez que la construction de la plus petite usine d'aluminium coûte maintenant entre 1,2 et 1,5 milliard de dollars. Alcan vient de mettre en opération une usine à Alma, au Saguenay, qui a coûté 3 milliards de dollars US. Ça commence à faire beaucoup d'argent. Donc, la taxe sur le capital a un impact tout à fait important là-dessus.

Dans la foulée de ce que M. Atkinson disait plus tôt, les programmes d'infrastructures, les programmes qui vont aider à faciliter le déplacement des gens et des biens seront aussi très appréciés par notre secteur.

[Traduction]

Un témoin: J'aimerais seulement dire que si nous pouvions faire quelque chose aux deux niveaux ce serait magnifique. L'impôt sur le capital est une fiscalité insidieuse pour tout le monde. On croit—mais c'est un mythe—que dans la construction, on trouve surtout de grandes compagnies, mais entre 95 et 98 p. 100 sont en fait des petites entreprises, quelle que soit la façon dont on les définisse. La grande majorité d'entre elles emploient moins de 20 personnes. Un grand nombre d'entre elles ne disposent pas des ressources de la plupart des entreprises pour envisager de recourir aux nouvelles technologies et à l'innovation.

Une des choses que nous avons recommandées au comité de M. Bevilacqua en pensant que cela pourrait véritablement aider notre industrie, c'était de mettre en place un meilleur incitatif que ce qui existe déjà dans le cadre de la Loi de l'impôt sur le revenu, à savoir une déduction pour les petites entreprises. Le seuil de 200 000 $ qui s'applique aux sociétés privées sous contrôle canadien n'a pas été changé depuis 1982, ou quelque chose comme ça.

Cet incitatif avait été introduit dans la Loi de l'impôt sur le revenu pour permettre aux petites entreprises de conserver une plus grande partie de leur capital, de réinvestir dans leur personnel, dans les technologies de l'information, etc. Il s'agit en fait d'un report d'impôt. Ce n'est pas une perte fiscale pour le gouvernement, mais vu que le seuil est actuellement tellement bas et qu'il n'a pas été indexé ni modifié, cet incitatif ne joue pas le rôle prévu quand il a été mis en place.

La nouvelle donne exige que les petites entreprises se montrent plus innovatrices et investissent plus dans leur personnel et dans la technologie. Il y a déjà un dispositif en place, mais nous l'avons oublié. Nous croyons fermement que les petites entreprises peuvent très bien relever le défi. Nous appuyons cette initiative plus que l'idée d'un incitatif fiscal spécifique orienté sur l'innovation et la technologie, car nous croyons que le petit entrepreneur est mieux placé pour savoir comment investir son capital pour stimuler la créativité et la productivité de son personnel et de son entreprise. Avec tout le respect que je vous dois, il est mieux placé que les politiciens.

On est trop souvent tenté de manipuler la Loi de l'impôt sur le revenu pour pousser les gens à faire ce que nous jugeons— collectivement, en tant que Canadiens—être la meilleure chose à faire, qu'il s'agisse de l'informatique ou des technologies Internet. Nous essayons ensuite de les récompenser à travers la Loi de l'impôt sur le revenu au lieu de dire aux petits entrepreneurs de ce pays: «Nous allons vous permettre de garder une plus grande partie de votre capital et l'exempter d'impôt; investissez là où vous jugez que c'est le mieux, pour améliorer votre entreprise, la rendre plus concurrentielle et pour former vos employés de manière à ce qu'ils soient plus productifs, etc.». En ce qui nous concerne, c'est une formule gagnant-gagnant.

Pour ce qui est des charges sociales, les témoins qui nous ont précédés vous en ont probablement beaucoup parlé. Il se trouve que je sais où certains d'entre eux se situent lorsqu'ils comparaissent devant le Comité des finances. Mais si nous souhaitons réellement permettre aux petites entreprises, notamment, de continuer à faire des bénéfices et à prospérer, la meilleure façon de procéder est de leur laisser leur argent, pour qu'elles l'utilisent et l'investissent dans leur personnel et dans leurs immobilisations de la façon qu'elles jugent la plus appropriée.

La présidente: Je vous remercie, et merci à vous, monsieur Bergeron.

[Français]

Monsieur Drouin, s'il vous plaît.

M. Claude Drouin (Beauce, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente.

J'aimerais avoir quelques précisions et en profiter pour remercier nos invités et féliciter M. Van Houtte pour le centième anniversaire de l'industrie de l'aluminium. Je pense que cela mérite d'être souligné.

Monsieur Van Houtte, vous avez parlé de quelques changements auxquels vous vous attendiez au niveau de la bureaucratie. J'aurais aimé que vous soyez plus explicite. Qu'attendez-vous du gouvernement au niveau des changements dont vous parliez dans votre présentation?

M. Christian Van Houtte: Je pense que c'est plutôt une question d'état d'esprit. Le ralentissement économique, on le voyait venir. Les événements du 11 septembre sont venus ajouter à cette situation et font en sorte que toutes les industries, que ce soit dans le domaine hôtelier, dans celui de la construction ou dans d'autres domaines, doivent réagir rapidement.

• 1720

Or, l'immense fonction publique, tant fédérale que provinciale, continue on a business-as-usual basis. C'est impossible à tourner. Alors qu'on essaie par toutes sortes de moyens de sauver des emplois et d'être moins technocrates à bien des égards, les gouvernements, quels qu'ils soient, continuent à nous inonder de projets de règlement, de projets de loi, de modifications à toutes sortes de choses.

D'abord, il n'y a aucune entreprise au Canada qui est structurée comme un gouvernement. D'autre part, quand il faut réagir à tout ça en plus de réagir à une situation économique difficile, où les objectifs ne sont pas tout à fait définis ou sont mal définis, ça devient impossible à gérer. On ne sait plus si on doit se concentrer sur la préparation de règlements ou de projets de loi, ou si on doit se concentrer sur les changements climatiques ou sur l'efficacité énergétique, ou sauver nos entreprises. On s'y perd complètement.

Ce n'est pas particulier au gouvernement fédéral, mais la machine étant ce qu'elle est, les fonctionnaires vont dans une direction et avant que ça tourne, on a le temps de revenir en période de prospérité. Du moins, je l'espère.

Je ne connais pas la solution. Il ne faut pas arrêter toute la machine fédérale pendant ce temps, mais j'ai l'impression que s'il y avait un ralentissement de la pression dans certains secteurs, cela pourrait permettre aux gens de faire autre chose.

M. Claude Drouin: Avez-vous un exemple des pressions que le gouvernement exerce sur vous?

M. Christian Van Houtte: Par exemple, Santé Canada, avec Environnement Canada, étudie présentement, en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, les 23 000 substances qui devront être analysées d'ici cinq ou six ans. Sur les 23 000, il y en a probablement 20 000 qui ne sont pas utilisées par qui que ce soit ou presque, mais il en reste quand même plusieurs milliers à analyser.

C'est sûr que Santé Canada et Environnement Canada ont établi un plan de travail pour pouvoir atteindre leurs objectifs, mais ça représente un volume de travail considérable, parce que chaque entreprise qui utilise une ou plusieurs de ces substances ou qui en émet doit se présenter devant Environnement Canada ou Santé Canada, fournir des détails sur la contamination et la toxicité de ces substances, etc.

Je sais que c'est à l'intérieur d'un programme, mais est-ce bien le temps, aujourd'hui, de faire cela? Ne serait-il pas possible de retarder cela de quelques années? Je pense que ça ne changerait pas grand-chose à notre santé et à notre environnement.

Il y a des procédures comme celles-là qui nous apparaissent un peu tatillonnes avec les années, surtout avec la pression que nous vivons actuellement.

M. Claude Drouin: Monsieur Van Houtte, il y a souvent des règlements qui sont modifiés à la demande des gens concernés dans la population. Ce n'est pas par plaisir que le gouvernement et les députés de la Chambre des communes travaillent à des modifications avec l'opposition. C'est parce qu'il y a des besoins ou des demandes en ce sens-là.

J'aimerais maintenant m'adresser à MM. Morrison et Atkinson. Vous avez mentionné, monsieur Morrison, que c'était partiellement attribuable à l'abolition graduelle du programme d'infrastructures, alors qu'on vient d'annoncer un nouveau programme d'infrastructures. J'écoutais M. Atkinson. Il faut se rappeler le contexte de 1993, alors qu'il y avait 42 milliards de dollars de déficit. On avait des problèmes partout. Le taux de chômage était à 11 p. 100. Des mesures ont dû être prises, et je pense que le gouvernement a pris ses responsabilités. On a éliminé le déficit. On diminue la dette, ce qui est important. Les petites et moyennes entreprises axaient beaucoup leurs demandes sur l'importance de diminuer la dette et elles nous demandent encore de le faire.

C'est donc un point important. Dans un même temps, on baisse les impôts de 100 milliards de dollars. Il y a aussi ce programme d'infrastructures de 2 milliards de dollars qui sera combiné avec ce que font le municipal et le provincial et qui va répondre à des besoins criants des municipalités et de la collectivité. Et à cela s'ajoutent 600 millions de dollars pour les infrastructures routières, ce qui est une première depuis très longtemps au niveau du gouvernement canadien pour aider le développement du réseau routier. Dans ce programme de 2 milliards de dollars, il y a un élément nouveau: on permet la construction de logements sociaux.

• 1725

Donc, ce sont des mesures importantes qui ont été prises. C'était mon commentaire. Merci, madame la présidente.

[Traduction]

M. Michael Atkinson: Nous ne nous inscrivons certainement pas en faux contre cela. Ce sont toutes de très bonnes mesures. Nous aimerions cependant qu'elles aient es suites et s'inscrivent dans le long terme.

Il arrive que l'on nous accuse dans l'industrie de la construction d'être intéressés à cet égard: «Bien sûr que vous voulez construire et voir plus d'investissements dans les infrastructures, car cela signifie plus d'emplois pour les gens de votre industrie». Pour parler franchement, si tel était vraiment le cas, nous serions venus vous dire: «Ne faites rien. Laissez les ponts s'écrouler; laissez les stations d'épuration des eaux devenir inutilisables; laissez les routes se délabrer et le nombre de victimes de la route augmenter, etc.; laissez tous les routiers partir dans le Sud et ne plus circuler sur nos routes.» Et vous savez quoi? Quand on en sera là et qu'on s'apercevra qu'il faut faire quelque chose, la facture de notre industrie sera exponentielle. Par conséquent, si étions vraiment intéressés, nous vous demanderions de ne rien faire car à terme, il faudra que vous vous adressiez à nous de toute façon.

Je n'ai jamais entendu quelqu'un au Canada dire: «Nous n'avons pas besoin d'infrastructures. Laissez les ponts s'écrouler; laissez les stations d'épuration des eaux rouiller; laissez nos systèmes de distribution d'eau aller à la dérive.» La question n'est donc pas de savoir si l'on doit investir ou non. La question est de savoir combien on investit et comment nous allons procéder.

Je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir pris l'initiative dans le domaine des infrastructures municipales. Pendant longtemps, nous avons vu les provinces et le gouvernement fédéral se renvoyer la balle en disant: «Non, les routes ne relèvent pas de notre compétence; c'est à vous de le faire. Non, c'est nous. Non, c'est vous.» Je félicite le gouvernement d'avoir dit: «Quelle importance? Faisons preuve de leadership et faisons quelque chose en faveur de nos infrastructures municipales. Rassemblons nos trois niveaux de gouvernement et faisons quelque chose.»

Il faut élaborer un plan. Nous ne voulons pas dire par là qu'il faut nécessairement consacrer des quantités d'argent à une seule chose. Mais il faut un plan. Nous avons besoin de savoir que ces priorités seront prises en compte. Et où cela se situe dans le contexte du plan. Peut-être prendra-t-on un peu de retard du fait de problèmes financiers ou économiques. Peut-être ne pourra-t-on pas faire ceci ou cela la quatrième année comme on aurait aimé, mais cela figure toujours dans le plan.

Nous sommes le seul pays du G-8 qui n'ait pas de plan routier national—le seul. Il est assez décourageant pour nous de voir ce qui se passe aux États-Unis ou au Mexique et de constater que, oui, ces deux pays sont effectivement signataires de l'ALENA, mais ils n'en restent pas moins des concurrents à certains égards. On voit ce qu'ils investissent et ce qu'ils entreprennent dans le domaine de leurs infrastructures matérielles, et cela nous effraye un peu. En fait, j'ignore ce que nous pourrions dire à une conférence des réseaux routiers nord-américains. Nous n'aurions rien à contribuer dans un tel groupe, car même si nous ne sommes pas complètement inactifs, nous fonctionnons véritablement au jour le jour.

La présidente: Merci, monsieur Atkinson.

Nous avons quand même mis de côté 600 millions de dollars pour commencer, soit 150 millions de dollars par an pendant quatre ans, en faveur de l'infrastructure routière. Je reconnais toutefois...

M. Michael Atkinson: Un bon début.

La présidente: ...que ce n'est qu'un début. Nous avons besoin de plus d'argent.

Monsieur Strahl.

M. Chuck Strahl: Merci. Monsieur Atkinson, vous êtes un très bon orateur. Vous pourriez vous lancer, vous aussi, dans la politique.

Je voudrais faire quelques remarques. La première est que le gouvernement n'est pas totalement sûr de vouloir aller de l'avant, enfin, disons qu'il pèse le pour et le contre du programme d'aide à l'innovation. Je ne sais pas dans quelle mesure vous connaissez ce programme. Pensez-vous que le programme d'aide à l'innovation concerne des priorités? Selon vous est-ce quelque chose que le gouvernement devrait pousser? Ou est-ce, du point de vue de votre industrie, la priorité des priorités, si vous classez les choses par ordre d'importance—les ports, les routes, les points d'accès, l'accès Internet à bande large? Qu'est-ce qui selon vous va le mieux faire avancer les choses?

M. Michael Atkinson: Premièrement, ce serait de définir une stratégie en matière d'infrastructure qui s'efforce d'intégrer ce qui est le plus efficace et le plus productif pour desservir et soutenir les industries qui en dépendent. Nous aimons dire—et c'est vrai—que nous construisons l'autoroute électronique. C'est un fait. Nous installons les câbles, etc. Il est malheureux que nous n'ayons pas pu faire quoi que ce soit en faveur de la chaussée des autoroutes existantes, mais quoi qu'il en soit... Je pense que dans cette perspective, cela fait partie de la mise en place d'une stratégie. Qu'est-ce qui est le plus important? Devrait-on investir plus dans nos installations portuaires?

M. Chuck Strahl: À votre avis?

M. Michael Atkinson: Je ne prétends pas avoir toutes les réponses dans ce domaine. Mais j'aimerais qu'un comité réunisse tous les experts en la matière avec les fonctionnaires des divers paliers de gouvernement. Qu'on les réunisse et qu'on leur donne une certaine autorité. Qu'on leur permette de fixer des priorités et de dire voici ce qui, selon nous devrait être la priorité des priorités pour nous, en tant que pays.

• 1730

Je ne prétends pas avoir la réponse. Je ne pense pas qu'aucun gouvernement prétende la connaître. Je crois que cela s'inscrit dans le contexte d'une stratégie.

M. Chuck Strahl: Je n'en disconviens pas. Je suis parfois préoccupé de voir certains ministres promouvoir des programmes particuliers pour des raisons qui leur appartiennent, certaines qui sont bonnes et certaines qui ne le sont pas. Je ne m'en prends pas à un ministre en particulier, et cela n'a rien à voir avec le fait qu'ils comparaissent souvent devant nous ou qu'ils soient venus témoigner récemment.

M. Michael Atkinson: Oui, mais justement, c'est une des raisons pour lesquelles ce ne serait pas une mauvaise idée, quand on parle de ces choses-là, de les mettre entre les mains d'une autorité, d'un groupe autonome, qui fonctionnerait sans lien de dépendance peut-être.

M. Chuck Strahl: Quelque chose comme notre R et D...

M. Michael Atkinson: Il y a la société des ponts fédéraux qui a été établie pour s'occuper des ponts internationaux et des grands ponts, et ils ont fait appel à des experts...

Si l'on craint, pour parler franchement, que les investissements dans les infrastructures soient parfois perçus comme étant politisés—voilà j'ai lâché le mot—ce qui aboutit parfois à une réflexion à court terme sur les infrastructures, un moyen de contourner le problème serait d'avoir une autorité indépendante, composée d'experts, de représentants des divers paliers de gouvernement, qui s'occuperaient du dossier d'une façon permanente.

M. Chuck Strahl: Vous touchez peut-être à quelque chose d'intéressant. Je n'y avais pas pensé. Je sais que c'est le genre de chose à laquelle je suis tout à fait favorable—par exemple, pour les approvisionnements militaires—exactement pour cette raison, car les choses tendent à se politiser. Tous les gouvernements y sont exposés à cause des pressions, de la pression budgétaire. Dans certains cas, ce sont des pressions sur lesquelles ils n'ont pas de contrôle. Mais le problème, comme vous le dites, c'est souvent que les gens subissent des pressions et qu'ils prennent des décisions, parfois pour des raisons valables, mais souvent en fonction de l'importance de l'opposition qui se manifeste dehors...

M. Michael Atkinson: Puis-je ajouter quelque chose?

La présidente: Monsieur Strahl, c'est votre dernière question.

M. Michael Atkinson: Pour répondre simplement à cela, je rappellerais que dans le comité composé de représentants de tous les partis dont j'ai parlé tout à l'heure—quand j'ai parlé du rapport du Comité des transports... M. Alcock a en fait recommandé la création d'une commission de la voirie.

M. Chuck Strahl: Une dernière chose—je pense que c'est vous, monsieur Atkinson, qui avez mentionné que l'on pourrait peut-être s'inspirer un peu plus de ce qui s'est passé en Europe, de la libre circulation des biens et des services...

Je pense que la question de la sécurité permanente est capitale pour toutes sortes de raisons, particulièrement du fait que les Américains sont actuellement totalement obsédés par la chose et qu'ils ne sont pas disposés à se faire raconter des bêtises par n'importe qui. Je pense donc que nous devons trouver un moyen de préserver notre souveraineté, tout en ayant un système de sécurité permanent.

Mais n'êtes-vous pas préoccupé par le fait qu'en Europe, on trouve un groupe d'acteurs dont aucun n'est vraiment un caïd ou la terreur du quartier, et que si l'on adopte le même système ici, on se retrouvera avec une seule personne qui mène le bal et tous les autres qui dansent la gigue? Est-ce quelque chose qui vous préoccupe dans vos industries?

M. Michael Atkinson: Vous m'avez mal compris.

Je voulais dire que lorsque nous rencontrons les organismes qui sont nos homologues au Mexique et aux États-Unis, nos partenaires au sein de l'ALENA, les Mexicains en particulier, insistent sur le fait que nous devons avoir une position nord- américaine en ce qui concerne le commerce, en ce qui concerne la stratégie économique, à cause de la balkanisation des organismes commerciaux dans d'autres régions, comme l'Union européenne, par exemple.

Que les choses soient claires à ce sujet. L'Union européenne est devenue un groupe beaucoup plus concurrentiel vis-à-vis l'Amérique du Nord. Nous allons nous retrouver seuls, et si les trois partenaires de l'ALENA se contentent de dire: «Nous n'avons pas à nous préoccuper de ce qu'ils font aux États-Unis ou au Mexique ou au Canada; nous allons nous contenter de faire les choses à notre façon...»

Ce que j'essaie de souligner, c'est que nous devons plus nous préoccuper d'avoir une stratégie nord-américaine dans des domaines comme l'innovation, des domaines comme la productivité, comme l'infrastructure matérielle essentielle, car les principaux accords commerciaux qui sont conclus à travers le monde... Je ne suggère d'aucune manière que ce soit que nous devrions copier ce que fait l'UE. Nous devons nous montrer plus préoccupés par des modèles d'organisation comme l'UE, car cela nous force, croyez-moi, à formuler une position plus nord-américaine. Il n'est pas possible d'avoir une position canadienne, une position américaine et une position mexicaine.

M. Chuck Strahl: Je vous remercie.

La présidente: Merci, monsieur Strahl.

La parole est à M. St. Denis.

M. Brent St. Denis: Merci, madame la présidente.

Merci d'être venus témoigner. Je serai bref, vu l'heure.

J'aimerais quand même préfacer mes remarques en disant qu'on trouve ma circonscription, dans le nord de l'Ontario, probablement le plus long tronçon de la route transcanadienne que dans n'importe quelle autre circonscription du pays, c'est-à-dire quelque chose comme neuf heures et demi de voiture dans un sens. M. Morrison le sait bien—

M. Jeff Morrison: Je connais très bien la région effectivement.

M. Brent St. Denis: ...vu qu'il est du coin.

Certaines des statistiques mentionnées par Jeff en réponse à une question de M. Bergeron m'ont paru très intéressantes. Étant donné que les projets de construction s'inscrivent généralement dans la durée—s'ils concernent quoi que ce soit d'autre que la construction d'une grange, on dispose d'un assez long délai de préparation et de mise en oeuvre—vos prévisions reposent-elles sur des preuves anecdotiques voulant que les projets soient annulés pendant qu'ils sont en cours ou à leur début? Ou serait-ce que les projets encore au stade de la planification ne sont pas lancés? Je me demande simplement, quand l'économie rebondira—nous croyons tous que ce sera le cas dans le proche avenir—si certains projets vont rester inachevés. Je me demande simplement s'il est possible de donner une vision plus optimiste de l'univers de la construction pour l'année prochaine.

• 1735

M. Jeff Morrison: Il y a deux très courtes réponses. D'abord, nous faisons appel aux services de la société de prévisions économiques Informetrica pour nos prévisions. Elle possède des modèles informatisés très pointus qui examinent les risques d'annulation des projets en cours de réalisation, par exemple. Toutefois, je dois dire que pour les projet de plus grande envergure—par exemple, un projet concernant les sables pétrolifères en Alberta, un projet d'exploitation pétrolière au Canada-Atlantique—il est évident qu'une telle possibilité se concrétise est minime.

Cela dit, toutefois, une des choses que nous soulignons constamment aux médias et aux gens qui sont concernés par ce qui se passe dans l'industrie de la construction, c'est ce que nous appelons le facteur de décalage. Vous l'avez mentionné: lorsque la décision est prise aujourd'hui, par exemple, par le PDG d'une grande entreprise de construire un immeuble à bureaux, il va sans dire que le premier coup de pelle ne sera pas donné le lendemain. Il faut engager une procédure administrative, concevoir le bâtiment, ce qui peut demander de 12 à 18 mois, par exemple.

Par conséquent, quand on examine la conjoncture économique actuelle dans son ensemble—et comme l'a fait remarquer M. Bergeron, quand la construction va, au Québec, tout va, ce qui est également vrai au Canada—vous pouvez vous projeter en fait 12 ou 18 mois dans l'avenir quand il s'agit de savoir comment se portera l'industrie de la construction à cause de l'effet décalé.

Prenons l'exemple d'Ottawa. Lorsque Nortel ou JDS Uniphase, confrontés à de graves retournements à cause de la conjoncture aujourd'hui, décident de ne pas entreprendre la construction de nouveaux immeubles à bureaux, la conséquence s'en fera ressentir dans l'industrie de la construction dans 12 à 18 mois.

Par conséquent, les prévisions que nous faisons maintenant—particulièrement pour 2002 ou 2003—d'une stagnation, voire d'une croissance zéro, à cause du 11 septembre, reflètent en fait les conséquences des réalités d'aujourd'hui sur les activités en 2002-2003.

M. Brent St. Denis: C'est très utile. Je vous remercie.

La présidente: Merci, monsieur St. Denis.

Maintenant une courte question de M. Bergeron.

[Français]

M. Stéphane Bergeron: Merci de votre indulgence, madame la présidente.

J'aurais voulu faire avec M. Van Houtte l'exercice qu'on a fait avec les gens de l'industrie de la construction, quant à l'impact du 11 septembre 2001 sur les prévisions de croissance de l'industrie de l'aluminium et sur ses projets de développement.

À la page 3 de votre document, vous parliez d'une plus grande utilisation de l'aluminium pour la réduction du poids des voitures. À cet égard, on sait qu'il y a quelque chose dans l'air à l'usine de GM, à Boisbriand.

Donc, est-ce que cela a un impact sur les projets de développement et sur la croissance de l'industrie de l'aluminium?

M. Christian Van Houtte: Je vais vous donner une réponse en trois volets.

Le ralentissement économique s'était déjà fait sentir avant les événements du 11 septembre. On a vu une réduction des ventes d'automobiles. Par exemple, on sait que le transport représente en gros 25 p. 100 de notre industrie, et on a vu une baisse de la construction et de la vente d'automobiles.

C'est la même chose dans la construction. La construction résidentielle et commerciale avait commencé à diminuer. On utilise de l'aluminium dans les portes, les fenêtres, les structures, etc. On avait vu une réduction là.

Après les événements du 11 septembre, les choses se sont évidemment accélérées. Il y a eu une panique généralisée. Cette panique qu'il y a eu dans différents pays du monde, notamment aux États-Unis, est apparue en même temps qu'une crise énergétique qui a été vécue, il y a quelque mois, au États-Unis. Les États-Unis ont déjà fermé près de 50 p. 100 de leur capacité de production d'aluminium. Aux États-Unis, on a arrêté la production d'un million et demi de tonnes sur 3,2 millions de tonnes.

Les États-Unis avaient déjà réduit leur production, et d'autres pays du monde l'avaient augmentée. On a déjà révisé à deux reprises nos prévisions pour l'année 2001, et on prévoit une croissance zéro pour cette année. On avait prévu une croissance de 3,8 p. 100 et on prévoit maintenant qu'on va finir l'année à zéro.

• 1740

Le premier semestre de 2002 sera encore très difficile pour les raisons qu'on vient d'expliquer. Si la construction repart, les effets vont se faire sentir à plus long terme. Il y a des produits de consommation dont les effets se font sentir à plus court terme: les automobiles, etc.

Au niveau des investissements globaux dans l'industrie, c'est le meilleur temps pour construire, alors que les prix de l'aluminium sont bas. On devrait pouvoir investir et entrer en opération quand les prix sont élevés et non pas l'inverse. On a toujours vu l'aluminium comme étant un cycle. On a actuellement des prix extrêmement bas, et ce serait sûrement souhaitable de construire. Toutefois, les compagnies d'énergie ne possèdent pas de réserves suffisantes pour nous fournir ce dont nous avons besoin. Depuis des années, on essaie de négocier avec Hydro-Québec, entre autres, l'agrandissement de certaines usines, mais sans grand succès jusqu'à maintenant.

L'utilisation de l'aluminium dans les transports est effectivement une solution. C'est une solution à la fois au niveau de la production et au niveau environnemental. M. Atkinson parlait plus tôt du cycle de vie. Pour nous, c'est extrêmement important. On sait que la production d'un lingot d'aluminium exige beaucoup d'énergie, mais que plus on le recycle et plus on le réutilise, plus on diminue son contenu net en carbone. À chaque fois, on économise des quantités importantes d'énergie.

On parlait d'innovation tout à l'heure. On croit fermement à l'innovation dans les procédés, dans les nouvelles technologies et dans les nouveaux produits. Le gouvernement du Canada a annoncé, en novembre dernier, la mise sur pied d'un centre des technologies de l'aluminium qui serait situé à Chicoutimi, au Québec. Il s'agit d'un investissement de 45 millions de dollars qui permettra au Conseil national de recherches du Canada et à ce centre des technologies de l'aluminium de développer de nouvelles applications et de nouveaux produits afin d'augmenter l'utilisation de l'aluminium.

[Traduction]

La présidente: Je vous remercie. Merci, monsieur Bergeron.

Je voudrais remercier tous les témoins d'être venus ce matin. Nous avons eu une discussion très intéressante. Nous partageons vos préoccupations sur les façons d'assurer que l'économie canadienne progresse, et nous prendrons vos déclarations en considération lors de nos délibérations. Nous nous ferons un plaisir de vous rencontrer à nouveau dans le proche avenir.

Des voix: Merci.

La présidente: Je vous remercie.

La séance est levée.

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